• l’année dernière
Aujourd'hui, Hippolyte nous parle du concert de Renaud qu'il est allé voir à L'Olympia.

Retrouvez toutes les chroniques de Hippolyte Girardot dans « C'est encore nous ! » sur France Inter et sur https://www.franceinter.fr/emissions/la-chronique-d-hippolyte-girardot

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😹
Amusant
Transcription
00:00 On ne sait jamais vraiment si c'est humour, culture ou quelque chose d'autre.
00:04 Quand vous dites "ça n'est pas aux normes", vraiment c'est une transition toute rêvée
00:07 pour Hippolyte Gerrardot parce que ses chroniques ne sont pas homologuées, elles ne sont pas
00:09 aux normes et chaque fois c'est une découverte.
00:12 Hippolyte ?
00:13 Bon alors, c'est vrai qu'on ne comprend rien.
00:17 On entend "ouais de ouais, vous ne devez rien" et on devine, il y a un mariol, il a au moins
00:21 4 ans.
00:22 Alors on entend "ouais de ouais" et on sait que c'est 500 connards sur la ligne de départ.
00:28 Et tout va très bien, parce que déjà on reconnaît sa façon de balancer un mot, ça
00:33 ressemble à ce qu'on dit à un pote au cru de la nuit quand on lui dit "tu fous quoi,
00:36 viens avec nous, allez, fais pas le con, viens".
00:38 Et puis le public, de la fosse où j'étais jusqu'au deuxième balcon d'Olympia, rempli
00:42 jusqu'à la gueule, il s'en fout que leurs chanteurs disent des paroles sans les articuler,
00:47 sans qu'on les comprenne, puisque eux, ils les connaissent par cœur.
00:50 Par cœur, cette expression, même si elle nous fait penser à des récitations chagrines
00:55 du corbeau et du renard dans des écoles froides comme des tombes, elle ne pourrait être ici
00:59 mieux utilisée.
01:00 Car c'est leur cœur qui se souvient de ces paroles qui ont accompagné leur premier
01:04 frôlement de peau à peau dans une chambre l'après-midi, juste avant que le père revienne
01:07 du boulot, qui ont bercé au Walkman les dimanches sous l'abribus.
01:10 C'est aussi son ton blagueur qui était là pour consoler des chagrins, retrouver les
01:15 copains, s'encourager pour faire sa première manif ou de boire son premier Ricard.
01:18 Il et elle ont tous et toutes le fameux bandana rouge autour du cou, du poignet ou accroché
01:24 à la ceinture.
01:25 Ça fait 40-50 ceintures et plus même qu'ils partagent leurs erreurs et leurs réussites,
01:30 leurs nanas et leurs mecs, leurs mobs ou leurs transats avec leur chanteur au nom de Marc
01:35 de Bagnole.
01:36 Sur scène, avec ses baskets rouges, il accompagne d'une main qui tremble les voix du public
01:40 et imite d'un geste très doux un gros ventre quand il chante, depuis qu'elle est en cloque,
01:45 ses yeux cachés sous son casque de cheveux blancs.
01:47 C'est mélancolique tout ça, mais en fait, c'est pas triste.
01:51 Non, c'est pas triste.
01:52 C'est ça.
01:53 C'est le concert le plus chaud, le plus fort qu'on puisse non pas voir, mais vivre.
01:58 Et si certains concerts ressemblent aujourd'hui à de gigantesques propagandes contre les
02:02 années qu'on croit anéantir à coups de bronzage intensif, de muscu botoxé, si des
02:06 stars d'une autre époque veulent à tout prix nous prouver qu'il n'y a pas de temps
02:09 qui passe, non, que la mort n'existe pas, qu'il suffit de vouloir pour pouvoir que
02:13 même si c'est un dentier, les dents restent blanches et que même si ta bite est un mollusque,
02:18 la chimie fera quand même la rue Saint-Michel.
02:20 Si certains concerts nous font froid dans le dos à nier le réel, comme d'autres en
02:24 politique ou ailleurs, cette soirée à laquelle j'ai assisté avant-hier est un bain de jouvence,
02:28 une fontaine de vie.
02:30 Personne n'est dupe de son propre écoulement, mais tout le monde est amoureux.
02:33 Et c'est ça le vrai Viagra.
02:35 D'ailleurs, on entend sans arrêt des "merci Renaud, merci Renaud, merci, merci Renaud",
02:40 comme on le dit au cru de l'oreille à son aîné, à son aimé, après une belle journée
02:43 d'amour, même si on sait qu'elle ne reviendra pas de si tôt.
02:47 Comme les anciens bonbecs, mais que c'était bon !
02:50 * Extrait de Renaud - Les Nistrales *
03:09 *Saskia de Ville*

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