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Les manifestations pour le climat ont repris depuis vendredi 3 mars dans plusieurs grandes villes de France. Comment les modes de sensibilisation à l’urgence climatique évoluent ? C'est le sujet du Talk franceinfo. Tous les soirs à partir de 18 heures, Manon Mella et ses invités débattent avec les internautes de la chaîne Twitch de franceinfo.

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00:12:59 - Bonsoir tout le monde. Comment ça va ? Bienvenue dans le talk de France Info.
00:13:03 Est-ce que ça va bien le tchat en ce jeudi 9 mars ? Très contente de vous retrouver comme tous les jours, comme tous les soirs.
00:13:10 On est ensemble sur Twitch pendant une heure de 18 à 19 heures. Parfois ça nous arrive de déborder un petit peu.
00:13:17 Et on débat d'un seul sujet d'actualité par jour, donc du lundi au vendredi.
00:13:22 Voilà, on débat, on discute avec des invités assez bien placés pour répondre à mes questions et à vos questions, puisque vous aussi le tchat, vous participez à l'émission.
00:13:34 Donc, on lance des sondages, vous posez les questions que vous avez envie de poser aux invités. Parfois, je vous vois, vous débattez aussi entre vous.
00:13:42 Vous réagissez, simplement vous donnez votre avis. Et moi, je fais remonter tout ça.
00:13:48 Randomer 52 qui demande si le mur est sec. Alors, oui, parce que c'est toute une histoire. Donc, le mur n'est pas encore sec.
00:13:57 Donc, on n'a pas encore les nouvelles incrustations. Vous voyez bien, aujourd'hui, on a un petit mieux dans le sens où on n'a plus les rideaux blancs derrière nous.
00:14:07 Donc, on a pu remettre notre ancienne incrustation. Mais voilà, on n'a pas encore la nouvelle.
00:14:13 Il reste encore des parties du mur qui ne sont pas encore complètement sèches.
00:14:20 Voilà, le tolk reprend des couleurs. Ronan Guenouf. Tout à fait, on y arrive petit à petit.
00:14:25 Je pense que lundi, on aura la version définitive. Mais déjà, je trouve qu'on est, sans parler des incrustations, je trouve qu'on est un petit peu mieux assis sur les canapés.
00:14:35 Qu'est-ce que vous en pensez ? Est-ce que vous préférez la version au perché sur les chaises, en mode un peu institutionnel, ou sur les canapés ?
00:14:45 Je trouve qu'on est un petit peu mieux. Et puis moi, en plus, je me sens un peu plus proche des invités. Je trouve que pour discuter, c'est quand même plus agréable.
00:14:53 Bon, ce soir, on va parler engagement, jeunesse et climat. Le thème ce soir, "Marcher pour le climat, à quoi ça sert ?"
00:15:01 Alors, vous êtes déjà un certain nombre à avoir réagi, répondu à cette question dans le chat. Je vais y revenir.
00:15:08 Une journée de grève mondiale a été organisée par le mouvement Fridays for Future. C'était vendredi dernier, le 3 mars.
00:15:14 Donc, Fridays for Future, qui est le mouvement lancé par Greta Thunberg en 2018. Et sa branche française organise aussi une grève demain, vendredi 10 mars.
00:15:24 La revendication portera sur la rénovation thermique globale des bâtiments. L'objectif est de dénoncer, je cite,
00:15:31 "l'inaction gouvernementale et le système capitaliste anti-écologique face au dérèglement climatique".
00:15:37 Mais le problème, c'est que le mouvement ne draine plus autant qu'en 2019, par exemple. On va y revenir.
00:15:43 Peut-être que le mouvement a pris tout simplement une autre forme. Pour une partie de la jeunesse, en tout cas,
00:15:49 ces marches ont été une porte d'entrée dans le militantisme. Alors, qu'est-ce qui pousse ces jeunes à s'engager pour le climat ?
00:15:57 Ce soir, je voudrais qu'on s'interroge là-dessus. Voilà. Est-ce que ça vous va ? Je voudrais qu'on s'intéresse à leur parcours,
00:16:03 à leur vision du monde, à leur vision de l'avenir, à leur vision de la politique. On va aussi se demander
00:16:09 quel bilan on peut tirer du mouvement climat ces dernières années. Avec lui, beaucoup de personnes se sont mises
00:16:15 à s'intéresser à la politique climatique et ce mouvement, les médias notamment, l'ont suivi, l'ont observé, l'ont analysé.
00:16:22 Ce mouvement a même réussi à peser dans l'agenda politique parfois et pourtant. L'objectif d'augmenter la température
00:16:30 de 1,5 degré d'ici la fin du siècle est aujourd'hui, à l'heure où on se parle, carrément hors d'atteinte.
00:16:36 C'est ce qu'a dit le rapporteur du GIEC, François Gemmene. Alors, marcher pour le climat, à quoi ça sert ?
00:16:42 Que pouvons-nous attendre de ce mouvement ? Comment maintenir la pression sur la durée ? Comment se renouveler ?
00:16:48 Comment s'adapter ? Et pour parler de tout ça, on va en parler avec deux jeunes activistes.
00:16:56 Hugo Vielle, bonsoir. - Salut Manon. - Bienvenue. - Merci beaucoup. - Hugo Vielle, tu es activiste pour le climat.
00:17:01 - Depuis cinq ans maintenant. - Depuis cinq ans. Donc tu as commencé en 2019, donc vraiment le moment, l'âge d'or des marches pour le climat.
00:17:11 - J'étais à ce moment-là dans les premières grèves pour le climat, fin 2018, début 2019. Et du coup, c'est vrai qu'il y a eu une grosse évolution
00:17:19 du mouvement climat depuis toutes ces années. Mais du coup, c'est chouette qu'on ait une heure pour en parler.
00:17:23 - Voilà. Bienvenue à toi, Hugo. Pablo Fli, bienvenue. - Merci. - Ça va ? - Très bien.
00:17:30 - Pablo, tu es étudiant déjà, je pense. Toi aussi, probablement, Hugo. - Non, plus maintenant.
00:17:36 - Non, tu n'es plus étudiant. Pablo, tu es encore étudiant. - Oui, je suis un peu en pause pour mon militantisme, mais je viens d'avoir mon bac.
00:17:41 - On va y revenir, c'est intéressant. En tout cas, tu es porte-parole de Fridays for Future France.
00:17:46 Voilà. Et je prends une petite minute pour vous parler, si je l'ai perdu, ça ne va pas le faire, pour vous parler d'ALT, comme ALT sur le clavier.
00:17:58 Donc, c'est une collection qui vient d'être lancée par les éditions La Martinière Jeunesse.
00:18:04 Et il s'agit d'une collection d'essais courts, une vingtaine de pages, destinées aux 15-25 ans.
00:18:11 Il y en a quatre déjà qui sont sortis en librairie. Donc, "Avorter un droit en danger ? A-t-on encore le droit de changer d'avis ?"
00:18:20 Intéressant. "S'informer à quoi bon ?" Intéressant. Et "Climat ? Trop tard pour agir ?"
00:18:26 Ça, c'est l'essai que toi, tu as écrit, Hugo. - Oui, en effet, on m'a proposé d'écrire ce petit essai sur la question climat.
00:18:33 - Qui est là, hop là. - Qui sort demain. - Qui est vert, normalement. Mais comme le fond est vert, ça devient bleu.
00:18:39 Mais du coup, c'est un petit essai qui a pour ambition, et un peu comme toute la collection, de venir aborder un sujet de manière assez simple,
00:18:48 mais en fait pour démarrer une conversation. Et si les personnes qui nous regardent l'ont entre les mains, vous verrez que j'aborde de manière assez simple
00:18:58 la manière et la raison pour laquelle moi, je me suis engagé, et surtout les manières avec lesquelles j'ai agi.
00:19:05 Et du coup, on va en parler ce soir, mais aussi j'explique un peu les évolutions, ce qu'on a perdu, mais aussi ce qu'on a gagné.
00:19:11 Parce que malgré tout, il y a eu des victoires ces dernières années. Et donc, comment on peut avancer là-bas, là-dedans, et comment s'engager aussi à sa hauteur.
00:19:20 - Alors avant que je vous pose à tous les deux la première question, je fais un petit tour dans le chat, quand même.
00:19:25 Ronan Guenou qui dit "Je fais du vélo pour sauver la planète. J'espère que ça va suffire."
00:19:30 Kyle CM qui dit "Ce qui est certain, c'est que quand on voit le gouvernement ignorer les manifs pour les retraites, il est difficile de croire qu'ils vont s'intéresser au climat."
00:19:39 Est-ce que vous voulez réagir peut-être à ce que dit Kyle dans le chat ? C'est intéressant, non Pablo ?
00:19:46 - Ouais, bon d'abord, si seulement faire du vélo suffisait, on serait bien content. Et sur la question du fait que le gouvernement ignore complètement les mouvements pour les retraites,
00:19:55 on voit la même chose pour le climat, et c'est le fait que des mobilisations qui ont été massives soient ignorées, qui fait aussi que les modes d'action changent,
00:20:04 et qu'on cherche d'autres moyens, des fois, de se faire entendre. Et c'est la responsabilité du gouvernement d'écouter aussi pourtant ces mobilisations, pour pas nous forcer à aller trop loin.
00:20:14 - On a Arthur Ecolo qui partage son expérience là dans le chat, et qui nous dit "Ce qui me pousse à agir pour le climat" - salut d'ailleurs Arthur -
00:20:23 "Ce qui me pousse à agir pour le climat, c'est qu'à cause du réchauffement climatique, on manque d'eau, plus de forêts et de coraux, de la mer, on est mort.
00:20:30 Je vous avoue que je ne souhaite pas mourir, et pour info, je suis un jeune homme de 19 ans."
00:20:35 Morceloror des écolos sur fond vert qui rigolent. Est-ce que... Déjà, vous avez quel âge, Hugo ?
00:20:42 - Moi, je vais avoir 25 ans dans un mois. - Et Pablo ? - Moi, j'ai 18 ans depuis quelques mois.
00:20:47 - Et tout à l'heure, Hugo, tu me disais "On appartient à deux générations climat différentes". Dis-nous, nous on aurait les "vieux" de 30 ans, on aurait tendance à vous mettre un peu dans le même groupe ?
00:20:58 - Ouais, mais moi en fait je participais il y a quatre ans à l'organisation des grèves pour le climat dans le mouvement en 2019,
00:21:05 où on a vu jusqu'à 6 millions de jeunes s'exprimer dans la rue en 2019.
00:21:11 Et là, demain, on a Pablo aussi qui organise avec une nouvelle génération de personnes qui sont au lycée ou qui viennent de sortir du lycée,
00:21:19 qui organisent à leur tour ces nouvelles mobilisations.
00:21:23 Et donc, il y a une continuité aussi de ce mode d'action que je trouve intéressante,
00:21:30 et qui aussi s'inscrit dans un nouveau contexte, et auquel du coup, il est intéressant de répondre.
00:21:37 Et aussi, ça permet de se questionner sur comment on avance, dans quelle direction, comment on le fait,
00:21:44 et est-ce que du coup, il faut évoluer, et si oui, dans quelle direction ?
00:21:48 - C'est marrant parce qu'en 2019, quand Hugo organisait les grèves pour le climat, moi j'avais 14 ans,
00:21:54 et j'ai fait les grèves pour le climat, et Hugo c'était les grands dont on s'inspire un peu dans le mouvement.
00:21:59 Et donc, c'est marrant de pouvoir échanger cette forme là tout de suite.
00:22:03 - Alors, est-ce que vous pouvez nous raconter déjà comment est né votre engagement ?
00:22:12 Forcément, on se demande à quel âge ça a commencé, pourquoi, dans quel contexte ? Hugo ?
00:22:18 - Ouais, je peux commencer. Moi pour ma part, du coup, j'ai commencé mon engagement en 2018.
00:22:24 J'étais en école d'ingénieur. Là, j'ai fini mon école d'ingé il y a deux ans.
00:22:28 Et aujourd'hui, je suis chargé de campagne dans une ONG, et notamment je m'oblige contre le projet E-COP de Total en Ouganda.
00:22:36 On y reviendra certainement ensuite, mais mon engagement...
00:22:41 En fait, moi j'ai grandi à Dreux. Dreux, c'est en Neu-et-Loire, à une heure à l'ouest de Paris, dans la région centre.
00:22:47 - Est-ce qu'il y a des gens de Dreux dans le chat ?
00:22:49 - Ce serait très intéressant qu'il y ait des gens de Dreux, ou même de Neu-et-Loire, dans le chat.
00:22:54 Mais du coup, dites-le. Et en arrivant à Paris, où j'ai fait mon école d'ingénieur, je me suis un peu ouvert à beaucoup de choses.
00:23:02 Et il y avait une chose qui m'intéressait à ce moment-là, c'était pas le climat, mais c'était la géopolitique.
00:23:07 Et je me souviens que je lisais beaucoup, notamment dans les médias et les pages géopolitiques du Monde,
00:23:13 et je me souviens d'avoir lu un article qui parlait de la guerre d'Irak comme étant une des premières guerres issues et dues au changement climatique.
00:23:22 Et donc là, je me suis dit, pourquoi ? C'est étonnant qu'on parle de guerre et de changement climatique ensemble.
00:23:28 Et du coup, j'ai commencé à m'intéresser au changement climatique, et en me disant que, en fait, tout ce qui se passe de mal dans le monde aujourd'hui,
00:23:35 on parle des guerres, on parle de famine, on parle d'accès à l'éducation, d'accès à l'eau potable,
00:23:40 en fait, on a énormément de progrès à faire, parce qu'il y a plein de gens qui vivent mal aujourd'hui dans le monde.
00:23:45 Mais en fait, avec le changement climatique, ça ne sert à rien de continuer à faire comme on faisait avant,
00:23:50 puisque dans tous les cas, ça va s'empirer si on ne s'attaque pas déjà à la question du changement climatique.
00:23:55 Et donc, je me suis engagé un peu naïvement en pensant que ce serait au niveau international qu'on réglerait les choses.
00:24:01 - Oui, parce que tu as participé à plusieurs coop'. - Exactement. Et donc, je me suis engagé dans une organisation qui s'appelle Climate.
00:24:08 Et chez Climate, je participais au projet de négotiation internationale.
00:24:14 Et donc, par cet engagement, j'ai discuté avec des hauts diplomates de l'ONU, avec les délégations européennes, américaines, de plein de pays.
00:24:23 J'ai été à la COP24 en Pologne, j'ai été à la COP25 en Espagne en 2019, et à toutes les négociations entre ces deux événements,
00:24:32 pour, au final, essayer de comprendre un peu comment on pouvait faire fonctionner les choses au niveau international.
00:24:38 - Pablo, tu vas nous dire comment ton engagement est né, mais avant que j'oublie, Hugo vient de dire que ce n'était pas au niveau international qu'on pouvait régler les choses.
00:24:51 Qu'est-ce que tu penses de ça, toi ?
00:24:53 - En effet, je crois que c'est extrêmement lent de faire bouger un consortium de personnes qui ont le pouvoir.
00:25:00 Par contre, on a besoin d'exemples, de gens qui tirent un groupe de dirigeants à l'international vers le haut.
00:25:07 Donc on a besoin d'avancées et de pays qui montrent l'exemple pour montrer qu'on peut changer les choses, qu'on peut être sur une autre trajectoire.
00:25:14 On a besoin de pays qui respectent leurs engagements pour pouvoir ensuite dire aux autres "Vous aussi, soyez à la hauteur".
00:25:20 - Et je vais me permettre de te reprendre, tu as déformé un petit peu ce que j'ai dit.
00:25:23 - Ah, pardon !
00:25:24 - Je n'ai pas dit que ce n'était pas au niveau international.
00:25:26 - Que ce n'était pas que au niveau international ?
00:25:28 - En fait, le truc, c'est qu'il n'y a pas de... Et c'est ce que j'essaye d'expliquer un peu, c'est que dans le livre, il n'y a pas d'échelon où c'est plus utile qu'un autre.
00:25:36 Et c'est ça que je trouve intéressant aussi, c'est que peu importe ce qui nous intéresse, on trouvera toujours un endroit, que ce soit au niveau international, que ce soit au niveau très local dans sa ville,
00:25:46 on trouvera toujours un endroit où on est super utile.
00:25:49 Après, c'est juste à nous et chacun chez soi de trouver où est-ce qu'on a envie de se sentir utile et qu'est-ce qui nous plaît aussi.
00:25:56 - Toi Pablo, ton engagement, il est né quand alors ?
00:25:59 - Moi, je n'étais pas engagé avant la naissance de ce qu'on appelle maintenant un peu la génération climat.
00:26:06 J'étais sensible aux questions environnementales. Dans ma famille, on était globalement dans une idée d'on respecte la nature, on trie nos déchets, c'était très mignon.
00:26:17 Et puis, quand j'ai commencé à voir un peu ce qui tournait sur Internet, j'ai commencé un peu à prendre peur et j'ai été un peu paralysé en découvrant ce que c'était le réchauffement climatique.
00:26:28 - T'as regardé des documentaires ?
00:26:30 - Oui, c'est ça, des vidéos, souvent un peu dramatiques, qui en fait sont plus dramatiques que ce qu'on a besoin de montrer pour donner la réalité du changement climatique.
00:26:39 Mais c'est ça qui m'a alerté.
00:26:40 - Des vidéos faites par qui ?
00:26:42 - Je ne sais pas, ça devait être brut, ça devait être des activistes, mais on voyait des glaciers qui s'effondrent, on voyait des forêts qui brûlent.
00:26:48 Des vidéos très dramatiques qui sont assez éloignées du constat scientifique et qui touchaient vraiment aux émotions.
00:26:56 Et ça, ça m'a plutôt paralysé sur le coup, ça m'a inquiété, ça m'a fait pleurer, mais j'étais un peu tout seul là-dedans.
00:27:03 Et c'est en voyant Greta Thunberg se mobiliser, j'avais 14 ans, elle devait en avoir 15, donc je me suis vraiment retrouvé dans ce qu'elle disait.
00:27:11 Et là où je pensais que juste on était foutu, que tout le monde faisait n'importe quoi et qu'on allait droit dans le mur et que dans 10 ans c'était fini,
00:27:19 j'ai entendu une autre voix dans laquelle je me suis retrouvé et elle a dit "Ok, on peut agir, on peut ne pas aller en cours, on peut sécher les cours pour le climat
00:27:28 et ça, ça nous permet d'avoir un impact, d'influer sur ce que font les dirigeants".
00:27:31 Ça, ça m'a parlé et c'est là que j'ai fait ma première grève pour le climat, le 15 mars 2019, dans mon collège, dans une petite ville de l'Est de la France.
00:27:39 Il y avait ma sœur jumelle, un copain, on était trois. Et voilà, c'est comme ça que j'ai commencé.
00:27:44 - Et est-ce que vous auriez aimé que les choses se passent différemment ? Est-ce que vous auriez aimé avoir une autre jeunesse ?
00:27:57 Est-ce que vous auriez aimé ne pas avoir eu peur en voyant ces vidéos, ces documentaires ? Est-ce que vous auriez aimé ne pas être engagé comme vous l'êtes aujourd'hui ?
00:28:09 - La réponse est évidente, elle est oui. Mais moi, ce n'est pas la manière dont j'ai grandi, c'est plus l'avenir qui m'effraie un peu.
00:28:21 Et moi, depuis que je me suis engagé, je me dis que j'ai envie de laisser un monde meilleur à mes enfants que celui dans lequel je suis né.
00:28:27 Et en fait, ça va être compliqué au vu de la situation. Et donc moi, c'est vraiment ce truc-là qui me fait un peu flipper.
00:28:35 Je me dis que le jour où je vais avoir des enfants, si j'ai des enfants, c'est dans quel monde ils vont grandir.
00:28:40 C'est quel sera l'état des relations internationales, des ressources.
00:28:47 Quand on voit que là, pendant plus d'un mois, il n'y a pas eu de pluie dans certains endroits en France et qu'on est déjà dans une semi-état de sécheresse alors qu'on est au mois de mars à peine.
00:28:57 En fait, il y a de quoi s'inquiéter sur les ressources qu'on va avoir à nos dispositions et sur la sécurité aussi qu'on aura dans 10, 15, 30 ans.
00:29:10 Et tu disais, est-ce que vous auriez aimé, moi je le mets au présent en fait, est-ce que j'aimerais avoir une autre jeunesse ?
00:29:16 Ouais, clairement. Là, j'ai 18 ans. Normalement, c'est ce que tout le monde me dit. 18 ans, on commence nos études, on commence à sortir beaucoup plus.
00:29:25 C'est les soirées étudiantes. A 18 ans, on peut commencer à aller en boîte. On sort avec nos potes tout le temps.
00:29:31 C'est pas ton cas ?
00:29:32 C'est mon cas, mais clairement, j'aimerais pouvoir le faire plus.
00:29:34 Non, c'est clairement mon cas, mais pour l'activisme, je suis venu m'installer à Paris, ce qui n'était pas mon cas jusque-là.
00:29:40 Donc, j'ai commencé l'année sur ce modèle avec mes potes, comme d'habitude.
00:29:46 Et en fait, j'ai quand même dû m'extraire de ce quotidien de jeune classique.
00:29:51 Mais t'as arrêté tes études du coup aussi ?
00:29:53 Ouais, j'ai arrêté mes études pour me consacrer à mon activisme parce que ça avait trop peu de sens de militer et après de retourner m'asseoir sur les bandes à fac, faire des trucs hyper théoriques.
00:30:04 Ça manquait vraiment de sens pour moi, donc j'ai arrêté mes études.
00:30:07 Et les études manquaient de sens ?
00:30:09 Ouais, les études manquaient de sens parce qu'on m'apprenait des choses qui, on me disait, ça va te servir dans 5 ans quand tu seras diplômé.
00:30:18 Et en fait, je ressens vraiment l'urgence au fond de moi, au quotidien.
00:30:21 On voit que nos décisions d'aujourd'hui, elles influent le monde pour les 10, 20, 30, 50 années à venir.
00:30:29 Et en fait, les objectifs fixés par les accords de Paris, il y a des jalons à ces objectifs.
00:30:36 Et en fait, c'est d'ici 2025 qu'on doit commencer à regarder si on a répondu à nos objectifs, par exemple de réduction des gaz à effet de serre.
00:30:43 Et donc ouais, me projeter pour un métier dans 5 ans, c'était trop loin. J'avais besoin d'être dans le concret et de faire tout ce que je pouvais dès maintenant.
00:30:50 J'avais fait pareil. Moi, j'avais arrêté d'aller en cours en 2019. J'étais en quatrième année d'école d'ingé.
00:30:55 Et pendant en fait de janvier 2019 jusqu'à la fin, j'ai quasiment pu être en cours.
00:31:02 Et la dernière année, je l'ai passé de justesse, mais je l'ai passé aussi. Mais je voulais pas tout arrêter d'un coup.
00:31:07 Tu regrettes ou pas d'avoir fait cette pause ? Pas du tout.
00:31:10 Non, non, pas du tout. Parce que surtout, j'ai eu beaucoup de chance parce qu'on m'a permis de le faire aussi à l'école.
00:31:15 Mais non, au vu de la situation, c'était... Ouais, je me voyais pas faire autrement.
00:31:22 Et si on m'avait demandé soit tu vas en cours tous les jours, soit tu vas dans la rue, j'aurais dit je vais dans la rue aussi.
00:31:28 L'idée, c'est de reprendre tes études après. Tu vois ça comme une pause ?
00:31:32 Parce que j'imagine que le métier qu'on choisit de faire peut être aussi le prolongement d'un engagement militant, organiser des marches, etc.
00:31:41 Et d'ailleurs, c'est notre demande quand on fait grève pour le climat. C'est quoi le message de la grève pour le climat ?
00:31:48 C'est de dire on sèche les cours parce que nos études, elles nous préparent à des métiers qui sont dans la continuité de ce qu'on a fait jusque là.
00:31:55 Des métiers qui sont pas faits pour s'aligner avec nos objectifs de réduction d'émissions de gaz à effet de serre.
00:32:01 Et on fait grève, on sèche les cours pour dire on veut être préparé à d'autres métiers. On veut des métiers qui ont du sens.
00:32:07 Et là, par exemple, notre demande de main qu'on fait au gouvernement, c'est de développer une filière de formation pour les métiers de la rénovation thermique.
00:32:14 Parce que le secteur du logement, c'est plus de 20% de nos émissions de gaz à effet de serre.
00:32:18 C'est un secteur énorme. Il y a énormément d'avancées à faire pour se mettre en phase avec l'accord de Paris.
00:32:23 Et en fait, on sèche les cours en disant pas on veut plus étudier, on veut plus se préparer à notre avenir.
00:32:28 Mais on veut être préparé à des métiers qui ont du sens. On veut être formé typiquement à la rénovation thermique et qu'il y ait des vraies filières qui soient mises en place là-dessus.
00:32:35 Donc oui, je reprendrai peut-être mes études, j'ai envie d'un métier qui a du sens. Mais ça peut aussi être grâce à l'activisme.
00:32:40 Il y a dans le chat Yann Amat qui vous demande ce que vous pensez des mouvements type Extinction Rebellion.
00:32:47 Donc qu'est-ce que vous pensez en gros de la désobéissance civile entre guillemets ?
00:32:52 Moi j'ai participé à des actions avec XR, j'ai été nassé par la police, j'ai été dans tout, suivi toutes les actions et toujours soutenu toutes les actions d'XR ou de dernières rénovations en ce moment.
00:33:10 Pourquoi ? Parce que c'est juste avec une diversité d'actions où chacun, comme je disais tout à l'heure, chacun peut agir comme il se sent bien avec son moyen d'action.
00:33:23 Et c'est juste en faisant le maximum et avec tous les moyens d'action qu'on va arriver.
00:33:29 Et je me souviens d'une trop belle action d'Extinction Rebellion, c'était en 2019, où ils avaient occupé toute la place du Châtelet à Paris, pendant 4 jours je crois.
00:33:41 Et en fait c'était devenu un espace piéton complètement sur, je sais plus, c'était entre...
00:33:48 Ouais, il y avait plusieurs centaines de mètres carrés en plein cœur de Paris où il n'y avait plus de voitures, il n'y avait plus de motos, il y avait juste des canapes, il y avait des gens qui buvaient des verres ensemble, il y avait des gens qui se baladaient.
00:33:59 Où on avait... Ouais, Extinction Rebellion avait réquisitionné la rue et c'était un moment trop beau.
00:34:07 Donc pour toi, la désobéissance civile ça peut faire partie, c'est un mode d'action parmi d'autres. Et toi Pablo ?
00:34:13 Au-delà même de porter un jugement, en fait c'est normal d'en arriver là. Parce que quand on a fait des grèves pour le climat, quand on a essayé d'aller en tant que jeunes transmettre notre message au COP,
00:34:25 quand on a été reçu par les dirigeants et dirigeantes politiques, quand les entreprises ont dit "oui on va saisir de vos revendications" et que derrière on avance qu'à mini pas,
00:34:35 et bien en fait les gens cherchent d'autres modes d'action. Et je continue à dire que c'est extrêmement important la grève pour le climat, parce que pour des gens qui n'auraient pas encore essayé d'autres modes d'activisme...
00:34:46 C'est un bon début.
00:34:47 Voilà, c'est une bonne porte d'entrée. Et en fait des gens qui sont au collège ou au lycée, qui se demandent comment agir, ils ont besoin de se retrouver, de porter un message qui a du sens,
00:34:58 de sécher les cours pour le climat. Mais ceux qui dès 2019 ont séché les cours pour le climat, qu'ils ont porté énormément de revendications, ils ont pu s'exprimer dans les médias,
00:35:09 ils ont pu s'exprimer auprès des dirigeants, on leur a dit "oui oui vous avez raison" et derrière on n'a rien fait. Je comprends qu'ils cherchent d'autres modes d'action.
00:35:16 Et c'est la responsabilité du gouvernement, et c'est ce que je disais un petit peu tout à l'heure, justement d'écouter les mobilisations des jeunes pour le climat qui se mobilisent en masse,
00:35:23 pour ne pas arriver à des modes d'action qui deviendraient trop radicaux, parce que quand on est impuissant, quand il y a notre avenir en jeu, quand on sait qu'on va peut-être pas pouvoir avoir d'enfants
00:35:34 parce que le monde sera trop abîmé, quand on sait qu'on risque d'avoir une crise migratoire, une crise sociale énorme, et qu'on sait pas quoi faire, et qu'on hurle dans la rue et qu'il se passe rien,
00:35:46 et ben on cherche autre chose. - Mais du coup, est-ce que les personnes qui nous regardent ont déjà fait ce genre d'action ? C'est-à-dire faire la grève, ou faire des actions de désobéissance civile ?
00:35:54 - Mais tu sais quoi, on peut demander à la modératrice Tiffany, salut Tiffany, de lancer un sondage dans le chat, comme ça les gens répondent. Donc on demande quoi ? Est-ce que vous avez déjà participé à une grève ?
00:36:05 - À une manifestation massive pour le climat, à une action, pas forcément de désobéissance, mais à une action, signé une pétition ? Ouais, et puis désobéissance civile.
00:36:17 - Ben on va lancer ça en mode sondage, donc répondez pas tout de suite dans le chat, comme ça vous répondez oui ou non via le sondage qui va être lancé, ça va être intéressant.
00:36:28 - Et puis si oui, dites-nous lesquels. - Oui. Comment est-ce que votre famille perçoit votre engagement ?
00:36:36 - Moi je leur laisse pas vraiment le choix, à vrai dire. Quand j'ai commencé, ils m'ont soutenu dans mes premières grèves pour le climat, parce que j'étais en troisième,
00:36:44 donc je pouvais pas le faire sans leur accord, je pouvais pas ne pas aller en cours sans leur accord. Donc j'ai été soutenu. Et puis quand mon engagement est monté en puissance,
00:36:53 je leur ai pas vraiment laissé le choix. C'était trop important pour moi, j'arrivais pas à faire autrement, j'arrivais pas à me concentrer sur autre chose si j'avais pas mon engagement derrière,
00:37:02 si je faisais pas mon maximum pour influer sur la société dans laquelle je vais vivre. Donc j'aurais un peu imposé mes choix d'activisme.
00:37:12 Mon choix d'arrêter mes études, j'aurais complètement imposé en fait, parce que c'était trop important pour moi. Donc derrière, ils comprennent, mais ils l'auraient peut-être pas soutenu
00:37:21 si je les avais consultés, donc je leur ai pas vraiment laissé le choix.
00:37:24 - Hugo ? - Ouais, moi je me souviens, c'était... - Courageux Pablo !
00:37:28 - Une des premières choses, déjà, moi c'est quand je suis devenu végétarien, où déjà ça a créé des débats. Donc ça c'était en 2017, j'avais 17-18 ans en 2017, je sais plus.
00:37:40 Et déjà ça avait créé un peu des discussions, sur "oui mais t'es sûr" et tout, blablabla. Et après je me suis engagé, je me souviens quand j'ai dit à ma mère
00:37:48 "bon bah je vais à l'autre bout de l'Europe, je vais en Pologne pour la COP, je pars dans six jours". Elle m'a dit "ah bon, mais qu'est-ce que tu vas faire là-bas, pourquoi faire ?"
00:37:56 Et ensuite quand j'ai arrêté d'aller en cours, et ensuite quand j'ai fini mes études, on m'a dit "bon bah tu vas faire quoi maintenant ? T'es ingénieur, est-ce que tu vas aller bosser dans une boîte du CAC 40 ?
00:38:07 Ou est-ce que tu vas continuer à faire le rigolo dans la rue comme ça ?" Non, c'est pas vrai, je caricature, parce qu'en vrai j'ai toujours été ultra soutenu dans ce que je faisais.
00:38:16 Et puis aussi j'étais majeur quand j'ai commencé, donc forcément ça aide. Mais oui, non, c'est... Oui, ils me font confiance aussi sur ce que je fais aujourd'hui, j'ai cette chance-là d'être soutenu.
00:38:29 - Et justement dans l'essai que tu as écrit "Climat, trop tard pour agir", et je te pose aussi la question à toi Pablo, tu dis "l'action n'est plus une option".
00:38:39 C'est ce qu'on lit, ce qu'on entend souvent. Qu'est-ce que vous entendez par le mot "action" et quel genre de conseils vous auriez à donner à des gens qui se poseraient la question de comment on peut agir ?
00:38:52 - Je suis complètement d'accord. Hugo en parlait un petit peu tout à l'heure quand il disait "quel que soit le niveau qui vous touche, vous pouvez être super utile".
00:39:01 Et j'ai envie d'aller le jouer en disant "quel que soit le secteur dans lequel vous avez des compétences ou des appétences, vous pouvez trouver en lien avec ça un moyen de vous engager et un moyen de peser".
00:39:13 L'important c'est juste d'intégrer ce qu'on fait à une stratégie globale, de savoir pourquoi on le fait. Et toutes les compétences et tous les goûts des gens peuvent être mis au service de la cause climatique.
00:39:23 Et vraiment l'action c'est hyper vaste. Il y a énormément de modes d'action et j'en découvrirai encore plus que je n'en connais déjà.
00:39:30 Je pense dans ma vie parce qu'il y a des nouveaux modes d'action qui émergent tous les jours. Je crois que vraiment le champ est énorme et chacun peut trouver un mode d'action qui lui convient.
00:39:38 - Je pense que quand je dis l'action n'est plus une option, c'est dans le sens où peu importe ce qui va arriver, peu importe ce qu'on va faire dans notre vie, on va être impacté.
00:39:48 Et donc après l'action n'est pas une option parce qu'on va devoir agir et qu'on agisse pour ou contre, qu'on agisse dans un sens ou dans l'autre. En fait on agira dans tous les cas.
00:39:59 Et ce que j'ai envie de dire c'est un choix à faire de décider dans quelle direction on va décider d'agir.
00:40:06 Et est-ce qu'on va décider d'agir aujourd'hui d'une manière positive en s'engageant soit dans une asso soit au quotidien soit politiquement, peu importe puisque de toute manière tout ce qu'on fait est politique.
00:40:20 Ou alors est-ce qu'on décidera de pas agir maintenant mais d'agir plus tard, mais d'agir en réaction aux impacts du changement climatique.
00:40:28 Donc dans tous les cas on va devoir agir et surtout ce que je veux dire par là c'est que tout ce qu'on fait, l'action comme l'inaction, est politique et s'inscrit dans la société.
00:40:41 Et en tant que personne, en tant que citoyenne, en tant que citoyen, on a un rôle à jouer dans la société et en agissant on joue ce rôle là et après c'est à nous de décider quel rôle on a envie de jouer.
00:40:54 Est-ce que vous considérez que c'est une forme de privilège finalement de pouvoir dédier une voire plusieurs années de sa vie en plein coeur des études à un mouvement comme ça, d'y consacrer du temps ?
00:41:11 Déjà juste de faire des études c'est un privilège.
00:41:13 Et moi c'est une des choses que je me suis dit quand j'étais en école d'ingé, je me suis dit en fait moi j'ai la chance de ne pas avoir à me soucier d'avoir à manger, de ne pas avoir à me soucier d'avoir un endroit où dormir, de pouvoir faire des études supérieures, de vivre à Paris, d'avoir le soutien de mes parents.
00:41:30 À partir de là c'est un privilège énorme et surtout pour moi c'est une responsabilité. C'est de dire comment moi qui suis en capacité de faire des choses et d'agir, comment je fais pour que tout le monde en soit capable aussi.
00:41:44 Et donc d'améliorer la société entre guillemets pour aller dans ce sens là. Et oui parce que ça demande du temps, ça demande pourquoi pas du réseau, ça demande de savoir vers qui, vers quoi se tourner.
00:41:56 Et oui c'est clairement un privilège d'aujourd'hui qu'il faut réussir aussi à démocratiser au maximum. Mais on ne peut pas demander à des personnes qui galèrent de s'en préoccuper.
00:42:08 Pablo c'est le sentiment que toi tu as aussi ?
00:42:11 Oui je crois que même au niveau des différents endroits dans le monde, nous en tant qu'occidentaux, en tant que français, on a aussi un privilège là-dessus. Parce qu'il y a des pays où le régime est autoritaire et où les gens ne peuvent pas se mobiliser simplement, où ils n'ont pas de marge d'action sans prendre des risques hyper importants.
00:42:31 Et comme Hugo disait, il y a une responsabilité à s'engager parce qu'on a ce privilège. C'est le cas au sein de la société en France et c'est aussi le cas dans le monde. C'est notre responsabilité en tant qu'habitants des pays pollueurs de se mobiliser aussi face à nos actions qui sont extrêmement polluantes.
00:42:49 Parce qu'en plus c'est pas nous qui allons les subir les premiers. Et les premières souvent c'est les pays les plus affectés qui sont plus en proie aux dictatures, aux régimes autoritaires et aux conditions de vie hyper difficiles.
00:42:59 Et c'est d'ailleurs une des grandes choses qui a été mise dans l'accord de Paris qui est le concept de responsabilité partagée mais différenciée. C'est-à-dire qu'on partage tous et toutes sur Terre la responsabilité du changement climatique, mais c'est une responsabilité qui est différente en fonction des pays.
00:43:16 Et je prends l'exemple de Fridays for Future France. Pour le coup, est-ce que vous arrivez quand vous organisez comme ça des marches, des initiatives, des peu importe, est-ce que vous arrivez à aller chercher des jeunes qui viennent d'autres milieux sociaux, peut-être plus défavorisés, en tout cas pas le même milieu que le vôtre ou est-ce que c'est difficile ?
00:43:41 Honnêtement, c'est difficile.
00:43:43 Pourquoi ?
00:43:45 C'est difficile parce que pour s'engager, il faut savoir. Et on n'a pas toutes et tous le même accès à la connaissance. Et en fait, dans les milieux privilégiés, on a accès à des savoirs dans nos foyers, dans des écoles qui nous y forment, en allant à la bibliothèque, en regardant des documentaires, en ayant accès à Internet, en ayant accès à des livres.
00:44:12 Enfin voilà, on a accès à une connaissance. Et donc c'est hyper important pour réussir à aller toucher les autres milieux qui seront autant impactés que nous par le réchauffement climatique, c'est hyper important de transmettre la connaissance du problème et de faire de l'éducation populaire sur la question écologique, sur la question du réchauffement climatique et donc d'emmener, par exemple, les rapports du GIEC dans les endroits où on n'y a pas forcément accès.
00:44:39 - Mais après, je pense pas non plus que ce soit un déficit de connaissances parce qu'il n'y a pas besoin d'avoir fait des études pour se rendre compte qu'il y a un problème avec le changement climatique. Mais en effet, il y a aussi la question des priorités. Et quelles sont les priorités ? Pourquoi on a plus de 3 millions de personnes dans la rue pour les retraites et pas pour le climat ?
00:45:00 - En fait, c'est une question de priorité. Qui ça touche ? Quelle est l'urgence aussi avec laquelle ça nous touche ? Et c'est normal qu'il y ait plus de personnes qui se mobilisent contre l'inflation, contre la précarité énergétique, contre les retraites que pour le climat, parce que le climat c'est beaucoup plus loin. Et je pense qu'aujourd'hui, la question c'est plus comment on alerte les gens, puisque je pense qu'on a passé cette période-là de l'alerte justement entre 2018 et 2020.
00:45:28 - De capter, ouais, à la fois les médias, les politiques.
00:45:31 - Et la question aujourd'hui c'est comment on fait irriguer la question écologique dans l'ensemble des pans de la société en amenant des solutions. Et on a eu ce... Enfin, vous allez me dire si vous êtes d'accord là-dessus, mais pour moi, on a passé une étape et maintenant on arrive dans une nouvelle étape, mais qui est compliquée encore à saisir.
00:45:51 Et c'est pour ça qu'il y a plein de choses qui se passent dans le mouvement école aujourd'hui, qu'il y a plein de moyens d'action différents qui arrivent, parce qu'on arrive à un endroit où on ne sait pas en fait. On arrive un peu dans l'inconnu parce qu'on ne sait pas c'est quoi les solutions qu'il faut mettre en place. Enfin, on les connaît les solutions, mais plutôt comment on les met en œuvre. Et en fait, c'est toutes ces questions-là qu'on se pose aujourd'hui et c'est pour ça qu'il y a beaucoup moins de personnes pour, par exemple, la rénovation thermique des bâtiments que pour dire il y a un problème avec le climat.
00:46:17 C'est ce que j'allais dire Pablo, c'est pour ça que vous anglaise entre guillemets la grève sur le problème des passoires thermiques et sur cet aspect-là des rénovations, parce que finalement, ça concerne tout le monde, c'est très concret et c'est urgent.
00:46:33 C'est ça, je ne suis pas tout à fait d'accord avec le constat que la connaissance est là et qu'on a réussi à ce que le message infuse partout. On a réussi, je pense, à ce que le message infuse toutes les sphères politiques, économiques, même si derrière il n'y a pas d'action nécessaire.
00:46:46 Mais derrière, il y a des gens qui ne comprennent pas encore pourquoi on agit et pourquoi aussi des fois on fait des choix pour faire face au réchauffement climatique qui ne vont pas dans le sens de ce qu'on ferait spontanément pour le plaisir.
00:47:03 C'est pour ça qu'on a choisi l'angle de la rénovation thermique, parce que c'est différents combats qui se rejoignent à travers ça. C'est la question de l'énergie globalement qui est au croisement de différents combats, parce que l'énergie coûte cher, parce que l'énergie est produite de façon assez polluante pour le moment, extrêmement polluante pour le moment.
00:47:26 Et donc, on a un combat qui doit être peut-être... Enfin, on a plusieurs combats. A la fois, permettre aux gens de réduire leur consommation, par exemple à travers la rénovation thermique.
00:47:37 Ça permet à la fois d'alléger les factures et de soulager les porte-monnaies et à la fois de faire face aux problèmes climatiques.
00:47:44 Résultat du sondage lancé tout à l'heure, avez-vous déjà participé à une manif "Action pour le climat" ?
00:47:50 54% oui, 44% non. Dites-nous dans le chat les différents modes d'action, si vous faites partie des 54% de oui.
00:48:00 J'en profite pour vous poser une autre question de Yann Amat. Alors, Yann Amat qui vous demande "Comment est-ce que vous voyez le monde dans quelques années ? Est-ce que vous êtes pessimiste ?"
00:48:11 Et j'ai pris cette question parce qu'Hugo, dans ton essai, t'écris que depuis le début de ton engagement, on demande tout le temps si t'es optimiste, si la crise climatique te fait peur.
00:48:20 Et j'imagine que Pablo, c'est la même chose pour toi.
00:48:22 Du coup, qu'est-ce que je réponds alors dans ce petit livre ? Il faudra le lire. Non, je rigole.
00:48:29 Non, moi je dis toujours qu'il n'est pas question d'être optimiste ou pessimiste. La question c'est quel choix on fait maintenant.
00:48:35 Et d'ailleurs, je finis par cette citation d'Henri Bergson qui dit "L'avenir n'est pas ce qui va arriver, mais ce que nous allons faire".
00:48:42 Ça montre bien que c'est à nous aussi de prendre notre destin en main d'une certaine manière.
00:48:47 Et on peut se projeter dans le monde, on peut faire des... Enfin dans l'avenir, on peut faire des scénarios sur "En fait, si on fait ça maintenant, qu'est-ce qui va arriver ?" etc.
00:48:57 Mais en vrai, on n'en sait rien. Et c'est juste par nos interactions, par les choix qu'on fera collectivement qu'on créera l'architecture d'un nouveau monde.
00:49:07 Et moi, j'en sais rien de ce qu'il va être. Parce que je pourrais dire "moi, comment j'ai envie qu'il soit", mais il ne sera pas comme ça.
00:49:15 Et sur la question d'être optimiste ou pessimiste, finalement, moi je suis optimiste que je ferai tout ce qui est en mon pouvoir pour former le monde comme j'ai envie qu'il soit.
00:49:25 - Pablo ? - Je crois que... Pareil. J'ai l'impression, effectivement, optimiste ou pessimiste, ça dépend de plein de choses, mais moi je suis plutôt optimiste quand même.
00:49:35 - Quand on agit déjà, ça veut dire qu'on est optimiste d'une certaine manière. - C'est ça, c'est ce que j'allais dire.
00:49:38 Quand on agit, c'est qu'on croit qu'on peut changer les choses. Et je suis optimiste parce que quand je vais voir des gens qui ne sont pas engagés, que je discute avec eux, avec elles,
00:49:48 et que je leur explique comment ils et elles peuvent s'engager pour avoir un impact, ils ont envie. On a un réflexe quand même qui est humain de survie, je crois.
00:49:58 Et donc, si on arrive à ce que les gens réalisent et aient le déclic de se dire "ok, je suis dans une situation où si on ne fait rien, c'est ma survie,
00:50:11 ou celle de mes enfants ou de mes petits-enfants qui est mise en cause", je crois que ça, ça pousse à agir. Et c'est pour ça aussi que je dis aux gens,
00:50:23 "commencez l'engagement quelque part". Et c'est pour ça que je porte le narratif de la grève pour le climat et que je pense que c'est important de le dire partout.
00:50:33 En fait, on peut commencer par la grève pour le climat, c'est juste un mécanisme naturel quand on se rend compte qu'il y a un problème, de se mobiliser, de faire quelque chose.
00:50:42 Et derrière, on trouve des stratégies et on se lance.
00:50:45 On a l'atelier d'Arnaud dans le chat qui dit "ces jeunes sont très optimistes, il y a des gens qui ont compris, qui savent et qui ne veulent pas entendre parler de ces choses-là.
00:50:53 Ils ne veulent pas avoir à changer leur mode de vie". Ako Pic qui vous demande "qu'en est-il à l'échelle planétaire ?".
00:51:01 Voilà, si on admet qu'il faut que le monde entier s'y mette, comment créer un mouvement international sur un tel sujet ?
00:51:10 - Il existe déjà le mouvement international. - Il existe déjà. - C'est "Fridays for Future" en partie. - Exactement.
00:51:16 Il y a le mouvement des grèves pour le climat qui a montré que c'était, en tout cas dans la jeune génération, une préoccupation internationale.
00:51:24 Mais il y a aussi, et j'ai envie de mettre ça en lumière, toutes les organisations qui se mobilisent et qui coopèrent.
00:51:30 Et moi, c'est ce que j'ai appris en commençant en 2018, depuis que je suis engagé, qu'il y a des gens partout.
00:51:37 Je peux citer le Climate Action Network qui regroupe toutes les centaines de plus grandes organisations environnementales dans le monde
00:51:45 qui se mobilisent tous les jours pour faire évoluer les politiques publiques, que ce soit au niveau international ou au niveau national.
00:51:53 Et on a un mouvement climatique qui est très fort, qui est très... comment dire...
00:52:01 Qui en fait a une certaine puissance dans l'action. Et surtout, toutes les personnes que j'ai rencontrées qui font partie de ce mouvement sont des personnes géniales.
00:52:09 Des personnes qui se battent pour les droits humains, des personnes qui se battent pour un environnement sain pour toutes et tous,
00:52:14 des personnes qui se battent pour l'égalité, pour la justice sociale, pour la justice climatique.
00:52:21 Et en fait, on n'est pas seul. Et moi, quand je me suis engagé, c'est ce que je me suis dit.
00:52:27 Et je pense que les personnes dont parle Pablo aussi, qui commencent à découvrir ça aujourd'hui, peuvent se sentir très très seuls
00:52:34 et pas trop savoir où donner de la tête. Et justement, quand moi j'ai écrit le bouquin, je me suis dit
00:52:40 qu'est-ce que moi j'aurais aimé qu'on me dise quand j'ai commencé à m'engager ?
00:52:43 Qu'est-ce que moi j'aurais aimé avoir comme information pour ne pas me sentir seul et pour savoir comment avancer ?
00:52:49 - Tony Martin qui dit "c'est quelque chose que j'admire chez les militants, cet optimisme".
00:52:55 Est-ce que c'est ça qu'on va chercher quand on décide de s'engager ?
00:53:01 On cherche le côté collectif, l'optimisme, l'action ?
00:53:06 - Je crois que ça aide à mieux vivre une situation qui est quand même dramatique, en effet, de se réunir et de partager.
00:53:13 Clairement, une angoisse et parfois le fait d'être démuni. Ça aide.
00:53:19 Et l'entraide entre activisme, l'amitié, l'amour qui existe entre militants.
00:53:26 Et dans l'ensemble de la bulle militante, il y a des valeurs et des émotions fortes qui font que ça aide.
00:53:35 Et juste pour revenir un peu sur l'optimisme, pourquoi, par exemple, moi en France, je peux être optimiste,
00:53:41 j'y ai pensé entre temps, parce que là, on porte une revendication sur la rénovation thermique.
00:53:47 Le gouvernement sait qu'il y a un sujet sur la rénovation thermique,
00:53:51 parce que le gouvernement sait que le secteur du logement, c'est 20% de nos émissions.
00:53:54 Donc, il y a pas mal de politiques qui ont été mises en place pour favoriser la rénovation thermique,
00:53:59 mais en fait, c'est pas du tout à la hauteur et pas du tout en phase avec les accords de Paris.
00:54:04 Ce qui me rend optimiste, c'est que si les dirigeants savent qu'il faut agir sur ce secteur,
00:54:09 que nous, on sait qu'il faut agir en tant qu'activistes sur ce secteur,
00:54:12 et qu'on sait quelle trajectoire il faut prendre pour rester dans les accords de Paris.
00:54:17 - Il y a un alignement, quoi. - Il y a un alignement et on peut facilement leur mettre la pression.
00:54:22 Et par exemple, le gouvernement qui investit 3 milliards par an dans la rénovation thermique,
00:54:27 ça ne permet que 60 000 rénovations thermiques globales,
00:54:30 là où il en faudrait 1 million pour atteindre la neutralité du parc carbone d'ici 2050.
00:54:35 Mais en fait, puisqu'ils savent que ce sujet est là, si on les met face à leurs responsabilités,
00:54:39 face à leurs contradictions, en disant "vous savez qu'il faut être aligné avec les accords de Paris,
00:54:43 vous savez que pour être aligné, il faut 1 million de rénovations par an,
00:54:46 1 million de rénovations thermiques globales par an",
00:54:49 et bien en fait, on peut les faire bouger.
00:54:51 On n'est pas loin de les faire bouger et il suffit de leur montrer qu'on est des milliers
00:54:55 à avoir conscience de leurs contradictions sur la question,
00:54:57 pour les faire bouger s'ils ne veulent pas se retrouver face à leurs contradictions.
00:55:00 - Vilou dans le chat qui dit "avec des dirigeants qui préfèrent dire "nos voisins ne font pas mieux,
00:55:05 alors nous aussi", plutôt que de montrer l'exemple et ouvrir la marche, 3 petits points.
00:55:09 Quel regard vous, vous portez sur la classe politique ? Hugo ?
00:55:14 - Ouh là, vaste question.
00:55:16 Ces dernières années, j'ai eu l'occasion de beaucoup discuter avec des hommes et des femmes politiques.
00:55:27 Et en fait, il y a beaucoup de personnes différentes.
00:55:30 Il n'y a pas une classe politique dans son ensemble.
00:55:34 Il n'y a pas des caractéristiques pour toutes ces personnes-là.
00:55:37 C'est toutes des hommes et des femmes qui ont leurs opinions,
00:55:43 qui ont leurs défis, qui ont leurs ambitions aussi.
00:55:48 Et aujourd'hui, si on parle de la classe politique, plutôt comme les personnes qui sont au pouvoir,
00:55:54 si on parle d'Emmanuel Macron, si on parle de son gouvernement,
00:55:57 Macron a eu des opportunités énormes d'être un champion du climat,
00:56:05 et il n'en a saisi aucune.
00:56:07 Il est dans un moment où on lui a donné toutes les clés, absolument toutes les clés.
00:56:11 Les moments de grève pour le climat, on lui a donné les moments pour sortir beaucoup d'argent, pour investir.
00:56:17 Il a tout eu, et il n'a pas saisi ces opportunités-là.
00:56:22 Donc moi aujourd'hui, quand je l'entends faire des promesses,
00:56:25 quand on l'entend répéter, et ça c'est depuis 2017,
00:56:28 "Make our planet great again", etc.,
00:56:31 pour moi, je n'écoute même plus parce que ça ne sert à rien.
00:56:36 Mais par contre, je vois qu'on peut faire shifter, qu'on peut faire bouger des personnes, des élus,
00:56:45 notamment où en ce moment, depuis 2022, on n'a plus une majorité absolue à l'Assemblée Nationale,
00:56:52 et on arrive à faire passer certaines choses.
00:56:56 Donc là, ce qu'il faut faire maintenant au niveau politique,
00:56:59 c'est continuer à porter nos sujets jusqu'à ce qu'il y ait des personnes qui soient prêtes à les voter.
00:57:05 Donc tu n'en es pas, oui, au stade de dire "les politiques, tous pourris".
00:57:09 Toi, Pablo, ton regard sur la classe politique ?
00:57:12 Il y a un éclatage énorme entre notre génération, entre les lycéens, les étudiants et étudiantes,
00:57:17 et les politiques, et ça a presque toujours été le cas.
00:57:20 Je crois qu'on n'est pas dans les mêmes considérations.
00:57:23 C'est pas nouveau.
00:57:24 C'est pas nouveau, mais pour autant, nous, on est dans une posture où c'est viscéral, en fait,
00:57:31 cette envie de changer les choses.
00:57:34 C'est viscéral, cette envie d'avoir un avenir qui soit agréable,
00:57:39 dans lequel on puisse s'épanouir.
00:57:42 Et derrière, eux, les politiques, actuellement, sont globalement à des postes plutôt privilégiés,
00:57:51 qui font qu'ils peuvent encore se prémunir des conséquences du réchauffement climatique pour quelques années.
00:57:56 Et donc, ils se projettent pas de la même façon que nous,
00:57:59 où nous, on sait qu'on va tous et toutes être impactés, forcément.
00:58:04 Quelles que soient nos conditions, on va être impactés par le changement climatique.
00:58:07 Et comme les politiques, pour l'instant, sont assez préservés,
00:58:10 parce qu'eux, ils sont globalement plutôt privilégiés,
00:58:13 ils ressentent pas viscéralement ce besoin de changer les choses.
00:58:16 Ce qu'ils comprennent pas, c'est qu'eux aussi, et elles aussi,
00:58:19 ils vont forcément être impactés, sauf les plus vieux.
00:58:23 Et donc, il faut juste qu'ils se mettent à l'écoute de ce que disent les scientifiques,
00:58:28 et de ce que relaie notre génération,
00:58:30 qui est qu'on va dans tous les cas être impactés,
00:58:32 et qu'il faut commencer à le voir comme un problème existentiel,
00:58:35 parce que sinon, le fossé va se creuser entre les jeunes et les politiques,
00:58:38 et c'est dangereux, et c'est vicieux.
00:58:40 Tu trouves que les politiques s'appuient pas assez sur la parole scientifique ?
00:58:43 C'est quand même...
00:58:44 Ouais, clairement.
00:58:46 Toutes les évaluations de politique publique montrent qu'il y a des intentions,
00:58:53 parfois des bonnes intentions même,
00:58:55 mais qui en fait, sont pas assez planifiées au vu des objectifs du GIEC.
00:59:00 Par exemple, le GIEC, il dit pas "il faut faire ça, ça, ça".
00:59:03 Il dit "si on veut garder un monde sous 1,5 degré pour se préserver d'une partie des conséquences du réchauffement climatique,
00:59:09 il faut baisser de 55% nos émissions de gaz à effet de serre".
00:59:13 Derrière, les politiques doivent arbitrer.
00:59:15 Et en fait, là, ils se calent pas directement sur des objectifs de réduction basés sur les chiffres scientifiques.
00:59:22 Ils vont dans une direction ou dans une autre, alors qu'en fait, on a besoin de planifier nos actions.
00:59:27 Et d'ailleurs, pour donner une ressource, il y a le Haut Conseil pour le Climat,
00:59:31 qui fait des rapports sur les politiques publiques.
00:59:34 C'est un conseil qui a été mis en place par Emmanuel Macron
00:59:36 et qui a été très très critique de la politique publique menée en France
00:59:40 pour atteindre la neutralité carbone en 2050.
00:59:43 Et il y a tous les rapports grand public qui sont très très bien faits.
00:59:47 Donc s'il y en a qui ont envie d'aller voir ça, allez-y.
00:59:51 - Quel genre d'obstacles vous rencontrez en tant qu'activiste climat ?
00:59:57 - Je pense que tu fais une bonne transition,
00:59:59 parce qu'en plus du politique, j'avais envie de parler des lobbies.
01:00:04 Parce qu'on s'est rendu compte, notamment au moment du plan de relance,
01:00:12 il y a eu des centaines de milliards d'euros qui ont été injectés dans l'économie.
01:00:17 Et je me souviens, moi, ça a été une de mes périodes les plus actives, le confinement,
01:00:22 parce que je venais de finir mes études, j'avais pas encore commencé mon stage de fin d'études,
01:00:25 et j'avais que ça à faire, en fait, entre guillemets.
01:00:28 Et donc on s'est beaucoup mobilisés pour avoir un plan de relance à la hauteur,
01:00:31 et pour justement infuser des centaines de milliards d'euros dans une économie
01:00:35 qui serait complètement différente de l'ancien monde.
01:00:38 Et on a vu le poids des lobbies, que ce soit l'industrie de l'automobile,
01:00:43 que ce soit l'industrie des énergies fossiles,
01:00:45 que ce soit toutes ces méga entreprises qui ont des centaines de personnes
01:00:52 juste pour faire du lobby,
01:00:53 et bien en fait qui ralentissent énormément la mise en place des politiques publiques.
01:00:58 Et juste pour donner un exemple, on a Total,
01:01:02 Total, grande entreprise française du pétrole,
01:01:05 qui sait depuis 1971 l'impact de ses activités sur le changement climatique.
01:01:10 Depuis 1971. C'était il y a plus de 50 ans.
01:01:14 - C'est pas nouveau.
01:01:16 - C'est pas nouveau, mais par contre, ce qu'a fait Total,
01:01:19 et toutes les entreprises de l'industrie fossile,
01:01:21 c'est de faire du lobby au niveau de l'Union Européenne,
01:01:26 quand elle a été créée, au niveau des gouvernements,
01:01:29 pour ralentir. Donc on parle de la stratégie du doute,
01:01:32 c'est-à-dire "oui mais le changement climatique, ça n'existe pas vraiment".
01:01:36 Après on a dit "oui mais le changement climatique, c'est pas très grave".
01:01:41 "Oui mais le changement climatique, c'est pas vraiment de notre faute".
01:01:45 Et puis maintenant ils en sont à "bon ok, il y a un changement climatique,
01:01:48 il faut faire des choses". Mais nous, c'est nous qui allons le faire maintenant.
01:01:51 - C'est Total Energy maintenant.
01:01:53 - C'est Total Energy. Dans sa politique de "greenwashing",
01:01:56 justement de dire "nous on n'est plus juste du pétrole",
01:01:58 mais qui investit toujours 70% dans le gaz et le pétrole.
01:02:03 - Donc premier obstacle, les lobbies, Pablo, d'autres ?
01:02:06 - Je crois que...
01:02:08 - Non mais tu peux rebondir sur les lobbies, vas-y.
01:02:11 - Sur les lobbies, ça fait naître une réelle colère dans notre génération, je crois,
01:02:15 de savoir en fait que nous, on essaye de faire de notre mieux,
01:02:19 et qu'on se bat au quotidien pour un monde meilleur.
01:02:22 - Et qu'il y aura toujours plus de puissants, finalement.
01:02:24 - Non mais surtout qu'il y en a qui luttent dans le sens inverse,
01:02:26 et qui en fait ont des intérêts qui sont économiques pour très peu,
01:02:30 et qui vont dans le sens inverse.
01:02:32 Mais les jeunes ne sont pas dupes.
01:02:35 - Ils essayent de se verdir un peu.
01:02:36 - Ouais mais actuellement, on se rend bien compte que c'est du "greenwashing"
01:02:40 et que dans le fond rien ne change.
01:02:41 D'ailleurs, les jeunes diplômés ne veulent plus aller travailler chez Total Énergie,
01:02:45 et Total n'arrive plus à recruter, et c'est tant mieux.
01:02:47 - C'est vrai, un papier du monde là-dessus.
01:02:49 - Voilà, les jeunes ne sont pas dupes.
01:02:51 D'autres obstacles, oui il y en a,
01:02:54 et je crois qu'un obstacle auquel on se doit de faire face, c'est le découragement.
01:02:59 On ne doit pas céder au découragement.
01:03:01 Et en tant que militant et militante qui nous avons la verve,
01:03:04 on se doit aussi de dire aux gens, il ne faut pas se décourager.
01:03:09 Tout n'est que choix en fait.
01:03:12 Réussir à rester dans l'accord de Paris, ou non.
01:03:16 Réussir à préserver un monde vivable, ou non.
01:03:20 Rester sous 1,5 ou sous 2,7 ou sous 3,2 degrés,
01:03:23 ce sont des choix politiques, et on peut avoir un impact fort dessus.
01:03:27 Chacun et chacune d'entre nous a un impact,
01:03:29 si on se met à des milliers, on peut avoir un impact très fort.
01:03:32 Et donc on peut réellement changer les choses.
01:03:34 Et c'est en ça aussi que je me veux optimiste,
01:03:37 et qu'en fait au lieu d'un obstacle, j'essaye d'y pallier directement en disant,
01:03:40 il ne faut pas se décourager, on peut changer les choses.
01:03:43 Et on doit se mobiliser pour changer les choses.
01:03:45 Autre obstacle, j'imagine les totalitarismes dans le monde, les dictateurs.
01:03:53 À mesure que la glace fond, par exemple,
01:03:56 il y a la Russie qui inaugure de nouvelles routes vers l'Alaska.
01:04:02 Ça c'est un enjeu la démocratie.
01:04:04 Il y a des gens qui en bénéficient.
01:04:07 Le contexte politique et mondial.
01:04:08 Du changement climatique.
01:04:10 Et en effet on vit dans un monde complexe,
01:04:13 qui traite de sujets complexes, avec des intérêts très divergents.
01:04:17 Et on ne peut pas tous agir de la même manière.
01:04:20 Et moi je pense notamment de manière très très forte
01:04:23 aux personnes avec qui je travaille en ce moment sur le projet ECOPE.
01:04:28 Pour celles et ceux qui ne connaissent pas,
01:04:30 c'est le plus grand projet d'oléoduc.
01:04:33 Un oléoduc c'est un gros tuyau qui transporte du pétrole,
01:04:36 qui ferait plus de 1440 km,
01:04:39 et qui traverserait tout l'Ouganda et la Tanzanie,
01:04:41 qui sont deux pays d'Afrique de l'Est.
01:04:43 Et ça c'est un projet de Total Energy.
01:04:45 Et les personnes sur place, qui se font dégager de chez eux,
01:04:50 qui se font voler leurs terres,
01:04:52 et complètement accaparer pour faire ces projets là.
01:04:55 Où Total va en plus creuser des puits de pétrole dans des zones protégées,
01:04:59 et près de réserves d'eau potable dont 40 millions de personnes se servent.
01:05:04 Et bien en fait, en effet, on a pour ces personnes là,
01:05:08 des grandes difficultés à pouvoir s'exprimer,
01:05:10 à pouvoir s'opposer à ces projets là.
01:05:12 Et c'est aussi, on parlait de responsabilité tout à l'heure,
01:05:14 une entreprise française qui va en Afrique,
01:05:18 et là notamment en Ouganda et en Tanzanie,
01:05:20 prendre des ressources pour les ramener soit en Europe, soit en Asie.
01:05:24 Et donc là, on voit bien l'intersectionnalité de toutes les causes.
01:05:30 Là où on a un problème d'environnement,
01:05:33 mais on a un problème d'atteinte aux droits humains,
01:05:35 où Total est aujourd'hui en procès face à des ONG,
01:05:38 pour atteinte aux droits humains justement, en Ouganda et en Tanzanie.
01:05:41 Et en fait, s'attaquer à la crise climatique,
01:05:43 c'est pas juste s'attaquer à la crise climatique.
01:05:45 C'est s'attaquer à tout le système qui le permet.
01:05:48 - Au rapport qu'on a aussi avec les pays du Sud...
01:05:50 - Bien sûr.
01:05:51 - Et il y a notamment une grande avancée à la COP 27 en décembre,
01:05:56 c'est la création d'un fonds qui s'appelle le fonds des "Loss and Damage",
01:06:00 donc des pertes et dommages,
01:06:01 pour que les pays du Nord réparent les dommages causés par la crise climatique.
01:06:05 Et justement, c'est ce que je raconte, c'est qu'il y a quand même des victoires.
01:06:08 Et je raconte toute l'histoire de comment on a obtenu les "Loss and Damage".
01:06:11 Et moi, sur toutes les COP auxquelles j'ai participé,
01:06:14 on était toujours avec nos trois pancartes dans les couloirs des COP
01:06:17 pour demander un fonds.
01:06:18 Et finalement, quelques années plus tard, ça a eu lieu.
01:06:21 Donc ça avance, pas assez vite, mais ça avance.
01:06:24 - Pablo, c'est important de souligner, de montrer qu'il y a des victoires,
01:06:28 parce que sinon, j'imagine que si on dit que rien ne bouge
01:06:31 et que les politiques ne font jamais rien et que tout est nul,
01:06:35 ça voudrait aussi dire que ça ne sert à rien de se mobiliser.
01:06:38 - Complètement. On a besoin de célébrer,
01:06:39 on a besoin de montrer et de communiquer sur l'impact qu'on arrive à avoir.
01:06:44 Et ça, c'est notre responsabilité en tant que militants
01:06:47 et en tant que personnes à la tête d'organisations militantes aussi,
01:06:50 de faire notre stratégie en fonction de ça.
01:06:52 C'est une des évolutions dans le mouvement climat,
01:06:55 une évolution pour laquelle on a poussé dans le mouvement des jeunes pro-climat notamment,
01:06:59 c'est de ne pas uniquement demander aux dirigeants et dirigeantes
01:07:02 de soyez à la hauteur, respecter les accords de Paris,
01:07:04 mais de porter des revendications précises,
01:07:06 qui sont des revendications intermédiaires.
01:07:08 Et comme ça, on ne laisse pas les dirigeants et dirigeantes nous dire
01:07:10 "Oui, vous avez raison, on doit faire plus".
01:07:12 S'ils sont obligés de nous dire oui et de nous écouter
01:07:16 grâce au nombre que nous sommes,
01:07:18 ils sont derrière obligés de porter nos revendications
01:07:22 et de les mettre en œuvre.
01:07:23 Typiquement, la rénovation thermique,
01:07:25 le développement de cette filière de formation
01:07:27 pour former 400 000 professionnels à la rénovation thermique,
01:07:30 c'est un combat qui sert à obtenir potentiellement une victoire intermédiaire
01:07:35 parce que le gouvernement est proche d'un moment
01:07:37 où il va accepter cette revendication,
01:07:39 on est proche du point où on est suffisamment mobilisés pour ça.
01:07:42 On a besoin d'ailleurs d'être extrêmement nombreux et nombreuses
01:07:45 demain à faire grève pour le climat,
01:07:47 pour provoquer ce déclic et faire céder le gouvernement
01:07:49 sur ces 400 000 places de formation à la rénovation thermique.
01:07:54 C'est pour ça qu'on porte ça,
01:07:56 c'est pour montrer qu'on peut faire changer les choses
01:08:00 et si on est très nombreux et nombreuses demain,
01:08:02 on pourra obtenir une victoire là-dessus
01:08:04 et montrer à quel point c'est utile de s'engager.
01:08:06 - Je veux juste ajouter une chose,
01:08:08 c'est qu'on parle beaucoup d'étapes, de deadlines,
01:08:11 de choses comme ça.
01:08:13 Il y a quand même un marathon, l'engagement.
01:08:15 C'est-à-dire qu'il ne faut pas y aller six mois
01:08:17 et se cramer en six mois.
01:08:19 Et ça arrive beaucoup malheureusement
01:08:20 quand il y a des personnes qui commencent à s'engager,
01:08:22 qui veulent tout donner parce qu'elles sont désespérées
01:08:24 de la situation dans laquelle on est.
01:08:26 En fait, ce n'est pas comme ça qu'il faut faire.
01:08:28 Et là, en effet, c'est important d'aller se mobiliser demain
01:08:30 pour la rénovation thermique des logements.
01:08:32 Mais, en fait, si on voit un peu plus loin,
01:08:36 il faut aussi aller jusqu'à la fin de l'année
01:08:38 parce qu'à la fin de l'année, il y aura un projet de loi
01:08:40 sur la programmation énergie-climat pour la France
01:08:43 au cours de laquelle, justement, ce genre de choses pourra passer.
01:08:46 Il y aura aussi un projet de loi de finances
01:08:48 à la fin de l'année, où on pourra voter du budget
01:08:51 pour ces choses-là.
01:08:52 Donc, en fait, à chaque fois, il faut aller gagner des victoires
01:08:55 au moment où on peut les gagner aussi.
01:08:57 Et du coup, faire monter la pression en attendant.
01:08:59 - Pablo, tu as commencé à faire la transition tout à l'heure.
01:09:03 Les défis pour le mouvement climat,
01:09:07 pour qu'ils tiennent justement sur la durée,
01:09:09 comme tu le dis, Hugo.
01:09:10 C'est quoi ? On est à un moment de croisement ?
01:09:12 Un moment où on se pose la question de la stratégie,
01:09:15 des stratégies à adopter ?
01:09:17 - La stratégie...
01:09:18 Alors, je vais parler pour le mouvement que je représente,
01:09:21 qui est le mouvement des grèves pour le climat.
01:09:22 - Oui, chacun a son...
01:09:23 - Chacun a ses...
01:09:24 Enfin, tous les modes d'action sont importants.
01:09:25 Je vais parler de la stratégie nécessaire
01:09:27 pour le mouvement des grèves pour le climat,
01:09:29 le mouvement des jeunes qui se mobilisent les vendredis
01:09:31 avec Fred, S4Fture, pour le climat.
01:09:33 Quels sont les points hyper importants pour moi ?
01:09:35 C'est d'abord de pérenniser notre organisation.
01:09:40 Parce que si on a...
01:09:43 Enfin, quand on a un mouvement spontané qui grossit,
01:09:45 c'est très bien,
01:09:46 mais justement, c'est un marathon et pas un sprint,
01:09:48 et on a besoin d'avoir une masse de jeunes mobilisés
01:09:53 sur le long terme,
01:09:54 et pas que le mouvement s'effondre
01:09:55 dès qu'on passe d'une génération à une autre.
01:09:57 Et donc, on a besoin de pérenniser une structure
01:09:59 et de pérenniser la dynamique des jeunes pour le climat.
01:10:03 On a besoin de s'organiser.
01:10:05 On est face à des gens qui défendent d'autres intérêts
01:10:08 qui vont à l'encontre des nôtres.
01:10:10 On ne peut pas se permettre de faire notre activisme dans le vide.
01:10:14 Ça prend trop de temps, c'est trop fatigant,
01:10:16 et il y a trop de travail pour faire les choses dans le vide.
01:10:18 On a besoin de s'organiser, de planifier les choses.
01:10:22 Et on a besoin de se rendre accessible.
01:10:26 Et c'est pour ça que cette semaine,
01:10:28 c'était une semaine de mobilisation intense
01:10:30 sur les retraites, sur le féminisme,
01:10:31 pour les droits des étudiants et étudiantes.
01:10:33 Et pour autant, c'est important de se remobiliser demain
01:10:36 avec un narratif spécifique pour le climat,
01:10:38 parce que tous les mouvements ne sont pas accessibles de la même façon.
01:10:42 Et porter un narratif sur le climat,
01:10:44 ça permet de toucher les jeunes,
01:10:45 ça permet qu'ils se retrouvent dans le message
01:10:47 et qu'ils se mobilisent pour une autre politique.
01:10:49 Même si nos combats se rejoignent,
01:10:51 c'est important de porter un narratif accessible
01:10:53 pour faire grandir la dynamique.
01:10:54 Hugo, sur les défis pour le mouvement climat ?
01:11:00 Si on prend un peu de hauteur,
01:11:02 on voit qu'avant 2015, il y avait un objectif,
01:11:05 c'était que la communauté internationale
01:11:06 se fixe un objectif commun,
01:11:09 qui est les 1,5° et les 2°.
01:11:12 Après 2015, on s'est dit "yes, super, on a cet objectif,
01:11:16 tout le monde est d'accord, donc on va y aller".
01:11:18 Et en fait, on s'est rendu compte que non.
01:11:20 Et notamment en France, il y a eu l'affaire du siècle,
01:11:22 avec les 2,3 millions de signataires
01:11:24 qui ont attaqué l'État en justice,
01:11:26 parce que l'État ne respectait pas ses engagements.
01:11:28 Et donc, on s'est dit "comment ça se fait ?"
01:11:31 et il y a eu cette grosse mobilisation qui dit
01:11:33 "en fait, après 4 ans, personne n'est prêt
01:11:37 à respecter ses engagements".
01:11:39 Et c'est pour ça qu'il y a eu cette émergence aussi
01:11:40 d'un mouvement très fort des grèves pour le climat
01:11:42 et des jeunes, parce qu'en fait,
01:11:44 ce qu'on avait dit qu'on allait faire,
01:11:45 ce n'est pas du tout en train d'être fait.
01:11:46 Donc en fait, on ne peut plus avoir confiance
01:11:48 aux gens qui disent qu'ils vont faire des trucs
01:11:49 et qu'ils ne les font pas.
01:11:50 Et donc, il y a eu ce moment-là,
01:11:52 où tout le monde s'est dit "ok, en fait,
01:11:53 on n'atteint pas du tout les objectifs,
01:11:55 il faut aller plus vite, il faut aller plus loin,
01:11:56 et surtout, il y a un problème,
01:11:57 il faut écouter la science par rapport à ça".
01:11:59 Et donc maintenant, on est dans cette nouvelle période
01:12:03 où on se dit "ok, toute la classe politique,
01:12:06 les médias ont compris qu'il y avait un sujet,
01:12:08 et donc maintenant, qu'est-ce qu'on met en place concrètement ?"
01:12:11 Et donc, il y a des gens qui commencent à faire des petits pas.
01:12:13 Sauf que, à ces personnes-là, il faut leur dire
01:12:16 "ce ne sont pas des petits pas qu'il faut faire,
01:12:17 c'est une transformation globale de notre société,
01:12:21 et du coup, il faut commencer tout de suite,
01:12:23 parce que ça va mettre du temps à se faire".
01:12:24 Et à travers ça, le mouvement climat s'organise
01:12:27 de plein de manières différentes,
01:12:29 avec des modes d'action différents,
01:12:31 mais aussi avec des nouveaux publics.
01:12:33 C'est-à-dire que le mouvement climat d'il y a 4 ans
01:12:36 n'est plus le même mouvement climat qu'il y a aujourd'hui.
01:12:38 Il y a beaucoup de mouvements très différents
01:12:40 qui se mettent en place,
01:12:42 qui vont chercher d'autres acteurs.
01:12:44 Il y a aussi beaucoup plus de liens, par exemple,
01:12:45 avec les syndicats.
01:12:47 On peut parler de "Plus jamais ça,
01:12:48 l'alliance écologique est populaire",
01:12:50 on peut parler de l'espace "Vers Dragon"
01:12:55 qu'il y a en banlieue parisienne,
01:12:58 qui lie le côté social et climat.
01:13:00 Et en fait, il y a aussi des nouvelles alliances
01:13:02 qui sont en train de se créer,
01:13:03 puisqu'on doit aller dans le même sens
01:13:05 pour faire évoluer la société.
01:13:06 Et donc je pense que le défi auquel se confronte
01:13:10 le mouvement climat, c'est de faire travailler ensemble
01:13:14 tous ces différents mouvements-là,
01:13:15 et de créer de la bienveillance aussi,
01:13:18 pour dire "on va tous dans la même direction".
01:13:20 Et donc il faut essayer de s'accompagner les uns les autres,
01:13:22 et surtout de rendre accessible
01:13:24 à toutes les personnes qui ont envie de s'engager l'engagement.
01:13:27 Et avant qu'on se dise au revoir,
01:13:28 je voulais vous faire réagir à quelque chose.
01:13:30 Il y a un spécialiste des mouvements sociaux
01:13:32 qui s'appelle Maxime Gabory,
01:13:34 j'ai lu ça dans Le Monde,
01:13:36 il dit que les activistes ont des difficultés
01:13:39 à mobiliser massivement autour de la question climatique,
01:13:42 car le sentiment d'urgence s'est banalisé dans le grand public.
01:13:45 C'est pour ça que les marches s'essoufflent un petit peu ?
01:13:48 C'est ce que je dis par rapport à 2019 en fait.
01:13:51 En 2019, le sentiment d'urgence n'existait pas encore,
01:13:54 et justement on l'a fait exister avec les marches.
01:13:56 Et je pense que c'est pour ça aussi
01:13:58 que quand on fait une marche climat,
01:14:00 il y a moins de monde,
01:14:02 parce qu'on ne se mobilise plus pour l'urgence.
01:14:05 On a compris qu'il y avait l'urgence.
01:14:07 Donc c'est bon signe, entre guillemets ?
01:14:09 Je ne sais pas si c'est bon signe.
01:14:11 Qu'il y ait moins de gens dans la rue ?
01:14:13 Non, parce que ça dépend à quel niveau on se situe.
01:14:17 Maintenant qu'on a fait comprendre qu'il y avait l'urgence,
01:14:20 ok c'est bien, mais s'il y a l'urgence et juste on reste…
01:14:24 Tu sais, c'est un mème du chien qui est dans la maison en feu,
01:14:27 et qu'on dit "ok c'est bon, il y a l'urgence et qu'on ne bouge pas",
01:14:29 en fait ça ne sert à rien.
01:14:30 Donc maintenant c'est pour ça que les revendications doivent être plus claires.
01:14:33 Et la dernière marche climat qui avait bien marché,
01:14:35 c'était la marche climat pour une vraie loi climat,
01:14:38 qui avait eu lieu en 2021.
01:14:40 Et maintenant il faut réussir à aller gagner des batailles
01:14:43 et être peut-être plus précis,
01:14:45 et plus aussi, comment dire,
01:14:48 ramener toutes les personnes qui sont concernées sur un même sujet
01:14:51 à un même endroit pour gagner des victoires.
01:14:53 Merci Pablo, est-ce que tu souhaites ajouter quelque chose ?
01:14:56 Un tout petit truc, on a compris l'urgence, c'est très bien.
01:14:59 Maintenant il faut qu'on comprenne que ce n'est pas parce qu'on le sait
01:15:03 que c'est dans l'intérêt de tout le monde d'y faire face.
01:15:07 Et on sait qu'il y a des intérêts qui ne vont pas dans le même sens.
01:15:10 De fait c'est dans leur intérêt,
01:15:12 mais en fait ils ont d'autres intérêts encore plus puissants
01:15:15 qui sont souvent des intérêts économiques et financiers.
01:15:17 Et donc savoir qu'il y a l'urgence ne suffit pas,
01:15:19 il faut aussi se mobiliser et dire que l'intérêt général,
01:15:23 c'est de rester sous 1,5 degré,
01:15:25 et c'est de changer radicalement nos pratiques
01:15:28 en matière d'émissions de gaz à effet de serre.
01:15:30 Et du coup si je peux proposer juste une piste d'action.
01:15:33 Nous on a lancé un site internet qui s'appelle stoptotal.fr
01:15:37 où justement on va s'organiser pour lutter contre Total,
01:15:40 contre la désinformation que fait l'entreprise,
01:15:43 mais aussi contre ces projets qui sont menés,
01:15:45 et notamment contre le projet E-COP en Ouganda et en Tanzanie.
01:15:49 Et Pablo, toi aussi est-ce que tu souhaites...
01:15:51 Et moi pour clôturer, j'appelle à ce qu'on se retrouve demain partout en France
01:15:55 sur le site de Fridays for Future France.
01:15:57 Il y a une carte avec tous les rassemblements,
01:15:59 près de 30 rassemblements en France,
01:16:01 déjà mobilisés dans plus de 80 villes,
01:16:03 et à Paris à 14h, place de l'Opéra.
01:16:05 Il faut qu'on soit très nombreux et nombreuses
01:16:07 parce qu'on peut vraiment faire plier le gouvernement
01:16:09 sur cette question de la formation, on n'est pas loin.
01:16:11 Il faut juste qu'on soit nombreux et nombreuses.
01:16:13 Merci beaucoup, Hugo Liel, activiste pour le climat.
01:16:16 Je rappelle, tu as écrit cet essai
01:16:19 "Climat, trop tard pour agir ?"
01:16:21 Collection ADT, publiée aux éditions La Martinière.
01:16:24 "Jeunesse" est disponible en librairie.
01:16:26 Il y a aussi d'autres essais sur d'autres questions.
01:16:29 Merci Pablo Fli, porte-parole du mouvement
01:16:32 Fridays for Future France.
01:16:34 Merci à vous, le tchat, comme d'habitude,
01:16:36 d'avoir participé à l'émission.
01:16:38 Merci pour votre fidélité.
01:16:40 Merci d'avoir posé plein de questions.
01:16:42 J'ai évidemment pas pu tout prendre,
01:16:45 ni tout faire remonter.
01:16:46 Il y a eu des débats aussi entre les gens dans le tchat.
01:16:49 C'était chouette.
01:16:50 Merci à vous, merci à l'équipe du Tolk aussi.
01:16:52 Merci à la modératrice Stéphanie,
01:16:54 qui a modéré le tchat.
01:16:56 J'espère que tout s'est bien passé dans le tchat d'ailleurs.
01:16:58 On se retrouve...
01:16:59 Ah non, j'ai pas joué le dessin de Jugraff.
01:17:01 Je le joue vite fait, Jugraff, c'est un viewer
01:17:04 qui est illustrateur de BD,
01:17:05 et qui fait un dessin à chaque fois.
01:17:07 Voilà le dessin de Jugraff.
01:17:09 Alors, oulala, je vois rien.
01:17:10 Donc, c'est, j'imagine, un ours polaire
01:17:13 qui dit "Prenez votre temps,
01:17:15 je profite de mon bronzage
01:17:16 des milliers d'années à vivre au froid,
01:17:19 je profite maintenant."
01:17:20 Bon voilà, on imagine que c'est quand même ironique.
01:17:23 Merci beaucoup, merci à vous les invités.
01:17:26 Merci, Jugraff, pour ce dessin.
01:17:28 On se retrouve demain pour une nouvelle émission.
01:17:30 On parlera des relations entre la France et l'Afrique.
01:17:33 Comment la France est-elle perçue aujourd'hui
01:17:35 sur le continent africain ?
01:17:37 Est-elle devenue inaudible ?
01:17:38 Et pourquoi ?
01:17:39 Voilà, autre débat.
01:17:41 Rendez-vous demain à 18h.
01:17:43 Et puis, en attendant, bonne soirée.
01:17:45 Salut, Manon.
01:17:46 Bonne soirée.
01:17:47 Salut.
01:17:49 Sous-titrage Société Radio-Canada
01:17:53 L'État est un acte de la liberté et de l'indépendance
01:17:57 et ne peut pas être un acte de la liberté et de l'indépendance
01:18:01 sans l'indépendance.
01:18:03 L'État est un acte de la liberté et de l'indépendance
01:18:07 sans l'indépendance.
01:18:09 L'État est un acte de la liberté et de l'indépendance
01:18:13 sans l'indépendance.
01:18:15 L'État est un acte de la liberté et de l'indépendance
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01:20:43 - C'est ça, c'est ça.

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