Afrique-France : une nouvelle relation est-elle possible ? Le débat du Talk franceinfo

  • l’année dernière
Lors de son voyage au Gabon, en Angola, au Congo-Brazzaville et en RDC, Emmanuel Macron a réaffirmé sa volonté d’engager une nouvelle relation avec le continent africain. C'est le sujet du Talk franceinfo. Tous les soirs à partir de 18 heures, Manon Mella et ses invités débattent avec les internautes de la chaîne Twitch de franceinfo.

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00:16:28 Bonsoir tout le monde, comment ça va ?
00:16:38 Bienvenue dans le talk de France Info.
00:16:40 Très heureuse de vous retrouver
00:16:42 comme tous les soirs de la semaine.
00:16:44 À 18h, on se retrouve pendant
00:16:46 une heure sur Twitch
00:16:48 pour parler d'un sujet d'actualité,
00:16:50 un sujet de société parfois.
00:16:52 On n'est pas forcément tout le temps dans l'actualité
00:16:54 chaude, chaude, chaude.
00:16:56 Et voilà, on vous attend.
00:16:58 Moi, je compte sur vous dans le chat
00:17:00 pour que vous posiez vos questions.
00:17:02 Voilà, n'hésitez pas à prendre part
00:17:04 au débat, à réagir.
00:17:06 J'ai toujours un œil sur
00:17:08 le chat et j'essaye
00:17:10 du mieux que je peux
00:17:12 de faire remonter aussi ce que vous
00:17:14 racontez dans le chat et poser
00:17:16 les questions. N'hésitez pas,
00:17:18 posez toutes les questions qui vous traversent
00:17:20 l'esprit. Nos invités sont là
00:17:22 pour y répondre. Et voilà,
00:17:24 c'est pour ça qu'on est sur
00:17:26 Twitch. J'en profite pour
00:17:28 saluer et dire merci à Tiffany
00:17:30 qui est la modératrice du chat,
00:17:32 qui va modérer le chat.
00:17:34 Knaïli qui demande
00:17:36 "Hello, à quand le talk plus long ?"
00:17:38 Oui, les gens veulent que l'émission
00:17:40 dure plus longtemps, encore déjà, ça dure une heure
00:17:42 sur France Info, c'est quand même
00:17:44 assez rare.
00:17:46 Mais peut-être
00:17:48 dans une version, dans une V2
00:17:50 du talk, à la rentrée,
00:17:52 pourquoi pas ? On pourra peut-être faire
00:17:54 plus long et faire peut-être pas forcément en quotidienne.
00:17:56 On verra tout ça. Je vous poserai
00:17:58 sûrement plein de questions sur le format
00:18:00 de l'émission en fin de saison.
00:18:02 Voilà, comme ça on construira
00:18:04 la saison 2 ensemble.
00:18:06 Ce soir, on va s'interroger
00:18:08 sur l'état des relations entre l'Afrique
00:18:10 et la France. Vous le savez, Emmanuel Macron
00:18:12 ou peut-être pas, s'est rendu
00:18:14 sur le continent africain la semaine
00:18:16 dernière. Il est allé au Gabon,
00:18:18 en Angola, au Congo, en RDC.
00:18:20 Il a réaffirmé que le temps de la
00:18:22 citation "France-Afrique" était révolue
00:18:24 et il a fait part de sa volonté
00:18:26 d'engager, là aussi, j'ouvre
00:18:28 les guillemets, une nouvelle relation
00:18:30 avec le continent. Mais ce
00:18:32 qui est présenté comme une page qui se
00:18:34 tourne, en est-elle vraiment une ?
00:18:36 Quel était le but de ce voyage ?
00:18:38 Et au-delà de l'aspect un petit peu communication,
00:18:40 quel est le projet politique
00:18:42 de cette France
00:18:44 qui semble aujourd'hui,
00:18:46 parfois, à quelques endroits, impopulaire
00:18:48 en Afrique ? Quelles sont les priorités
00:18:50 qui ont été annoncées ?
00:18:52 Et est-ce vraiment possible
00:18:54 de bâtir une nouvelle relation ?
00:18:56 Est-ce que c'est souhaitable aussi ? On en parle
00:18:58 avec nos invités. C'est quand même toujours
00:19:00 plus pratique. Lovarinel,
00:19:02 bonsoir. - Bonsoir. - Bienvenue.
00:19:04 - Bonsoir le talk. - Bonsoir le talk.
00:19:06 C'est la deuxième fois que Lovarinel
00:19:08 vient dans le talk. Mais la première fois,
00:19:10 c'était sur la dissuasion nucléaire.
00:19:12 C'était un autre sujet. Chercheuse associée
00:19:14 à la Fondation pour la Recherche
00:19:16 Stratégique.
00:19:18 Tu as, oui on se tutoie,
00:19:20 tu as été conseillère du président
00:19:22 Malgache aussi à Madagascar.
00:19:24 Et tu as été aussi candidate
00:19:26 aux législatives sous la bannière
00:19:28 Renaissance. Et tu as participé au sommet
00:19:30 Afrique-France de Montpellier. - C'est ça.
00:19:32 - C'est tout bon ? - Tout est bon.
00:19:34 - Ousmane Diaye, bonsoir. - Bonsoir.
00:19:36 - Bienvenue. - Merci.
00:19:38 - Ousmane Diaye, journaliste, rédacteur en chef
00:19:40 Africa TV 5 Monde, c'est ça ? - C'est ça.
00:19:42 - Et vous avez suivi
00:19:44 Macron dans cette tournée ?
00:19:46 - Un peu. - Un peu ? Alors vous avez fait
00:19:48 quoi, Gabon ? - J'ai fait tous les
00:19:50 étapes. - Ah, tous les, ok, toutes les étapes.
00:19:52 - Mais on n'était pas dans
00:19:54 tout. Il y a des étapes
00:19:56 qu'on ignore. - Ah,
00:19:58 oulala. - Nous, on n'était pas à Bandar, par exemple.
00:20:00 - Vous allez nous raconter... - Quand le président allait boire
00:20:02 une bière. - Vous allez nous raconter tout ça.
00:20:04 On a déjà
00:20:06 Kestata dans le tchat, premier message
00:20:08 sur le tchat, bienvenue, qui dit "La France-Afrique
00:20:10 n'existe pas".
00:20:12 On va peut-être revenir là. Est-ce que vous voulez peut-être déjà réagir
00:20:14 à ça ? À ce que dit Kestata dans le
00:20:16 tchat ? - Alors, moi je dirais que
00:20:18 elle a existé, c'est une réalité
00:20:20 historique, une réalité politique.
00:20:22 On peut commencer par les Doufouèles-Boignies,
00:20:24 continuer par Pierre Péan,
00:20:26 enchaîner sur tout ça, mais
00:20:28 je crois que ce qui retient, c'est
00:20:30 la mise en place, et là tu me diras
00:20:32 ce que t'en penses, Ousmane, c'est le fait
00:20:34 qu'il ait existé des réseaux,
00:20:36 d'abord des affaires, mais en fait
00:20:38 des réseaux très serrés entre la France,
00:20:40 le gouvernement français,
00:20:42 incarné par Foucard d'abord,
00:20:44 mais ensuite par des ministres, par des militaires,
00:20:46 par des ambassadeurs,
00:20:48 avec le continent africain,
00:20:50 essentiellement nos anciennes colonies.
00:20:52 En fait, tous les dirigeants auraient
00:20:54 des liens, parce que c'est ainsi,
00:20:56 parce que, relations économiques
00:20:58 donc, ou entre valises,
00:21:00 donc je parle de corruption, entre
00:21:02 prise illégale d'intérêt, en fait tout ça
00:21:04 se mélange, au nom,
00:21:06 enfin plutôt, au détriment de l'intérêt
00:21:08 de la population, ça c'est le premier point
00:21:10 et c'est le plus dommageable,
00:21:12 et puis ça a évolué avec le temps,
00:21:14 parce que je crois que ce temps là est révolu,
00:21:16 mais par contre, je crois qu'il demeure
00:21:18 dans l'esprit de la définition de la France-Afrique,
00:21:20 que la France
00:21:22 maintient un regard
00:21:24 raciste et racialisant
00:21:26 envers ses homologues
00:21:28 africains, et où quelquefois
00:21:30 en fait on négligerait
00:21:32 nos amis africains,
00:21:34 et puis finalement on fait des affaires
00:21:36 comme au bon temps des colonies,
00:21:38 et puis ce serait bien que cela ne change pas.
00:21:40 Je pense que c'est plusieurs définitions,
00:21:42 et je crois qu'aujourd'hui
00:21:44 l'Afrique, elle montre
00:21:46 en tout cas de ce que moi j'ai vécu,
00:21:48 ce que j'ai pratiqué quand j'étais en poste,
00:21:50 et ce que je vois dans le travail qui est fait
00:21:52 avec l'Élysée, c'est justement
00:21:54 c'est la deuxième partie, c'est-à-dire qu'en fait
00:21:56 le continent africain et ses dirigeants sont loin
00:21:58 d'être des marionnettes qu'on pilote
00:22:00 comme on le souhaite, c'est dur pour la France
00:22:02 et c'est pour ça que par ailleurs c'est un peu compliqué
00:22:04 sur le continent africain, comme tu le disais
00:22:06 dans ton propos luminaire.
00:22:08 Ousmane, une réaction peut-être à ce que
00:22:10 dit Lova, la France-Afrique
00:22:12 est révolue, mais il y a un fond
00:22:14 qui persiste,
00:22:16 tu disais, raciste,
00:22:18 paternaliste...
00:22:20 Dans ce que disait Lova,
00:22:22 ce que je retiens c'est ce côté
00:22:24 multi définition en fait, à chacun
00:22:26 sa France-Afrique. Donc au final
00:22:28 c'est quelque chose de très dufus,
00:22:30 de très marqué
00:22:32 dans l'imaginaire, on sait dans l'imaginaire
00:22:34 que
00:22:36 le mot France-Afrique renvoie à un ensemble
00:22:38 de choses, la politique de Fokard.
00:22:40 Fokard pour ceux qui ne savaient pas, c'était
00:22:42 une sorte d'intermédiaire
00:22:44 à l'Elysée,
00:22:46 qui était à la fois une sorte de ministre de l'Afrique
00:22:48 qui gérait les réseaux parallèles,
00:22:50 les réseaux hérités
00:22:52 un peu de la post-guerre d'Algérie,
00:22:54 etc. Donc la France-Afrique
00:22:56 en tant qu'ensemble de réseaux parallèles
00:22:58 qui mène une diplomatie parallèle,
00:23:00 on sait à peu près ce que ça signifie,
00:23:02 etc.
00:23:04 Mais le problème avec cette
00:23:06 forme
00:23:08 de traque de la France-Afrique,
00:23:10 c'est qu'elle est partout au final.
00:23:12 Et que c'est compliqué. Moi je pense
00:23:14 qu'on ne va pas arriver
00:23:16 à éradiquer
00:23:18 l'ensemble des réseaux parallèles
00:23:20 parce que la diplomatie,
00:23:22 quoi qu'on puisse dire, s'appuie aussi toujours
00:23:24 sur les réseaux parallèles. C'est pas ça
00:23:26 pour moi le problème. Le problème c'est les conditionnalités
00:23:28 et les objectifs de ces réseaux parallèles.
00:23:30 En fait, ce qui se pose
00:23:32 avec cette histoire de la France-Afrique, c'est
00:23:34 au fond, une question de transparence.
00:23:36 C'est-à-dire, moi je considère que
00:23:38 les citoyens français, l'action
00:23:40 publique de la France en Afrique,
00:23:42 ils doivent, enfin,
00:23:44 il y a une sorte de redévabilité.
00:23:46 Et cette redévabilité
00:23:48 n'a jamais été mise en place.
00:23:50 Je donne un exemple.
00:23:52 On peut donner un exemple
00:23:54 plus vraisemble, plus simple.
00:23:56 Moi j'ai été frappé
00:23:58 le début de l'intervention
00:24:00 française au Mali.
00:24:02 La France entre en guerre en janvier.
00:24:04 C'était le 9 janvier.
00:24:06 Au nom du président François, on lui fait une lettre.
00:24:08 C'est quand même grave un pays qui entre en guerre.
00:24:10 Il y a une procédure.
00:24:12 Et le débat parlementaire
00:24:14 sur la guerre, sur l'entrée en guerre
00:24:16 de la France n'a eu lieu qu'en juin.
00:24:18 Donc en fait, le vrai problème
00:24:20 c'est que sur ces questions-là, il n'y a pas de
00:24:22 débat public en fait. Il faut
00:24:24 à un moment donné que les conditionnalités
00:24:26 de l'entrée en guerre, que les conditionnalités
00:24:28 des relations, etc., qu'il y ait plus de
00:24:30 transparence.
00:24:32 Parce que le problème que j'observe
00:24:34 c'est que sur l'Afrique, on est
00:24:36 moins rigoureux. C'est-à-dire que dans tous les secteurs politiques
00:24:38 ici, il y a une vraie demande de transparence.
00:24:40 On interroge
00:24:42 l'État sur les questions européennes,
00:24:44 enfin, sur toutes ces questions-là.
00:24:46 Alors sur la politique africaine,
00:24:48 c'est comme si c'était une sorte d'espace
00:24:50 où c'est normal que ça soit lugubre,
00:24:52 que ça soit pas clair,
00:24:54 etc.
00:24:56 - Tu vois, Lova, sur la transparence...
00:24:58 - J'entends ce que tu dis, mais il y a aussi deux faits.
00:25:00 Sur la définition de la France Afrique, moi, ce qui
00:25:02 m'embête, mais je pense qu'on n'est pas trop
00:25:04 loin d'être d'accord, c'est que
00:25:06 finalement, on a l'impression que dès lors que la France
00:25:08 fait de la diplomatie en Afrique, on le met
00:25:10 sous le couvert de la France Afrique. Je m'explique.
00:25:12 Tu parlais à raison
00:25:14 du débat parlementaire.
00:25:16 Mais en fait, c'est régi par la Constitution.
00:25:18 Et pardon, mais en fait, ce qu'on fait en Ukraine,
00:25:20 c'est pas de débattre, on n'autorise pas le président.
00:25:22 Il décide souverainement de le faire.
00:25:24 C'est qu'il y a un débat...
00:25:26 - Oui, moi je pense qu'il faut un débat.
00:25:28 - C'est le sujet
00:25:30 de la Ve République, dans sa manière
00:25:32 de débattre
00:25:34 et de la capacité du Parlement à agir.
00:25:36 Mais c'est pas inhérent à la question
00:25:38 africaine. Et qu'après, je crois
00:25:40 le vrai problème de la France Afrique,
00:25:42 c'est que, étonnamment, pendant la
00:25:44 colonisation et durant cette période que je
00:25:46 écrivais et qui s'étale jusque dans les années 90,
00:25:48 finalement, on avait des vrais experts
00:25:50 sur la question africaine.
00:25:52 Moi, à l'époque, quand je suis rentrée en France,
00:25:54 en 2017,
00:25:56 il n'y avait plus de malgachisants.
00:25:58 C'est-à-dire qu'il n'y avait plus aucune
00:26:00 personne qui parlait malgache, qui connaissait l'océan
00:26:02 indien, qui savait l'histoire des comores de
00:26:04 Madagascar. Ça, c'était quelque chose,
00:26:06 une expertise française qui était réputée.
00:26:08 On avait des coopérants qui parlaient "bambara",
00:26:10 "le peule" et tout. Ça, c'est perdu.
00:26:12 Et cette expertise-là, en fait,
00:26:14 coûte aujourd'hui parce que, du coup, on est sur l'approximation.
00:26:16 On est sur, peut-être, des
00:26:18 généralités. Et c'est pour ça que je parle un peu
00:26:20 d'héritage racialisant, parce qu'en fait, tous ces Noirs-là,
00:26:22 on ne comprend pas ce qu'ils disent et c'est peut-être ça.
00:26:24 Parce qu'on n'a
00:26:26 pas su comprendre
00:26:28 les mutations de la société africaine
00:26:30 et dans quelle mesure, finalement, la diplomatie
00:26:32 française aspire à,
00:26:34 peut-être, doit être beaucoup plus transparente
00:26:36 parce qu'il y a une demande de transparence du côté
00:26:38 français, mais aussi du côté africain,
00:26:40 parce qu'il y a aussi,
00:26:42 comment dire, un échec
00:26:44 des États africains à eux remplir leurs
00:26:46 propres questions de transparence. Donc, finalement,
00:26:48 ce qu'on n'obtient pas du gouvernement africain,
00:26:50 on l'exige du côté français.
00:26:52 Ce double,
00:26:54 moi,
00:26:56 ce deux poids, deux mesures
00:26:58 est dommageable dans la relation diplomatique
00:27:00 et ça pose un souci, moi, en tant
00:27:02 que, je vois, observatrice
00:27:04 et peut-être un peu actrice quand je discute,
00:27:06 c'est qu'en vrai, la France, bien souvent,
00:27:08 c'est la cour d'appel des insuffisances
00:27:10 démocratiques du continent.
00:27:12 Et c'est là où c'est difficile parce que, nous,
00:27:14 et là pour dire, on n'a pas fait le travail
00:27:16 en France de la mémoire,
00:27:18 de la colonisation
00:27:20 et de tout ce que ça requiert comme
00:27:22 nécessité, pour moi, de crever
00:27:24 l'abcès. Et je crois que,
00:27:26 du coup, ça laisse un gros
00:27:28 espace de discours populiste de part
00:27:30 et d'autre, alors que finalement, ils n'y arriveront
00:27:32 pas et finalement, ça ne sert à rien et finalement,
00:27:34 laissons faire tout ça avec des approximations.
00:27:36 - Ousmane, pour terminer sur ce point,
00:27:38 après... - Surtout,
00:27:40 on n'a pas rompu de façon formelle
00:27:42 et claire avec une tradition
00:27:44 d'interventionnisme. C'est-à-dire,
00:27:46 moi, c'est ce qui me frappe,
00:27:48 il faut comparer avec les autres pays. Il y a des pays,
00:27:50 la ligne est claire. Non intervention,
00:27:52 non ingérence militaire. En France, ça n'a jamais
00:27:54 été clair. La doctrine en Afrique
00:27:56 n'a jamais été claire. C'est-à-dire, on peut
00:27:58 envoyer l'armée française dans tel pays,
00:28:00 dans tel pays, c'est inimaginable
00:28:02 parce qu'on ne s'insère pas dans la politique étrangère.
00:28:04 - Et chez les autres, ça se passe comment ? Je ne sais pas, les Anglais, par exemple ?
00:28:06 - Chez les Américains, moi, je n'ai pas entendu l'armée américaine
00:28:08 aller intervenir sur une
00:28:10 question de politique intérieure. - Ah, pardon ?
00:28:12 - Depuis RestorUp, en Somalie...
00:28:14 - Je ne suis pas d'accord. Tu as oublié
00:28:16 la vidéo, il y a 10 jours,
00:28:18 sur les élections au Nigeria, où Blinken
00:28:20 appelait les Nigériens à aller voter ?
00:28:22 - Moi, je parle d'intervention militaire.
00:28:24 Parlons de choses sérieuses. - D'accord, donc tu parles
00:28:26 de l'armée... - Quand je parle,
00:28:28 il y a une tradition d'ingérence militaire.
00:28:30 Je vous donne des exemples
00:28:32 que sans doute l'OVA connaît, en 2008.
00:28:34 Le président Idriss Déby
00:28:36 est en train de tomber, les rebelles
00:28:38 avancent, ils doivent prendre le palais.
00:28:40 C'est l'armée française qui intervient pour inverser
00:28:42 le cours de l'histoire. C'est-à-dire, il y a eu
00:28:44 des interventions directes de l'armée française,
00:28:46 armée, je dis, qui ont changé le destin
00:28:48 de ces pays-là. Et qu'il n'y a jamais eu
00:28:50 de moment où on se dit "on arrête, on fait
00:28:52 le bilan, etc.". C'est-à-dire,
00:28:54 on se réveille, on dit "bon, on change de logiciel".
00:28:56 Et puis, ce n'est pas la première fois.
00:28:58 Il y a eu beaucoup de contradictions.
00:29:00 Par exemple, quand le président Nicolas Sarkozy arrive,
00:29:02 les gens oublient trop souvent, dans sa campagne
00:29:04 électorale, sur les politiques africaines,
00:29:06 il s'est fait élu avec une promesse
00:29:08 de désengagement militaire de la France en Afrique.
00:29:10 Il a fait tout l'inverse.
00:29:12 Il a fait tout l'inverse.
00:29:14 L'armée française n'a jamais été autant
00:29:16 impliquée que sous Sarkozy. La guerre en Libye,
00:29:18 la guerre en Côte d'Ivoire.
00:29:20 C'est-à-dire, c'est ces contradictions-là
00:29:22 qu'on ne pense jamais, qu'on ne discute
00:29:24 jamais. - Et qui sont responsables
00:29:26 de l'image. - Oui, de tous ces malentenus.
00:29:28 Et puis, on aime bien les proclamations.
00:29:30 On arrive, on dit "c'est la fin de la France".
00:29:32 Ça ne veut rien dire, en fait, de proclamer
00:29:34 une fin. Une fin, c'est un processus.
00:29:36 Alors, ce qui est
00:29:38 dommage, et ça, il faut le reconnaître,
00:29:40 c'est-à-dire le processus que le président
00:29:42 Emmanuel Macron a entrepris sur les questions
00:29:44 mémorielles, comme le Rwanda, qui est très
00:29:46 courageux. Je trouve que, par exemple,
00:29:48 sur la question des accords de défense,
00:29:50 des ingérences militaires justifiées ou pas,
00:29:52 il faut avoir le courage de se poser
00:29:54 ces problèmes-là. C'est-à-dire, qu'est-ce qui
00:29:56 fait que la France intervient militairement
00:29:58 pour se tenir en dictature, etc.
00:30:00 Donc, tant que ce travail-là,
00:30:02 d'état des lieux, de réflexion, où on
00:30:04 acte les erreurs, et à partir
00:30:06 de ces erreurs, on définit une sorte
00:30:08 de position qui est compréhensible
00:30:10 et claire,
00:30:12 on s'en sort pas. Là, on a l'impression que
00:30:14 la position est laissée, comme disait tout à l'heure
00:30:16 Lovat, à l'appréciation
00:30:18 du président de la République. On peut
00:30:20 entrer en guerre ici et pas là. On peut
00:30:22 défendre la démocratie ici. Là-bas,
00:30:24 non, non, non, c'est pas grave. On ne défend
00:30:26 pas, sans que les citoyens... Encore une
00:30:28 fois, je parle de citoyenneté, parce que pour moi,
00:30:30 c'est très important
00:30:32 d'entrer en guerre, d'utiliser la
00:30:34 force. Il doit y avoir une base légitime.
00:30:36 Il faut que les citoyens adhèrent, etc.
00:30:38 Pour moi, la grande différence avec
00:30:40 la guerre d'Ukraine, quoi qu'on puisse dire,
00:30:42 il y a eu un débat public très fort.
00:30:44 - C'est un intérêt public très fort.
00:30:46 - Oui, mais moi,
00:30:48 je trouve que l'Afrique aussi a un intérêt public très fort.
00:30:50 - Moi, je partage, mais... - Quand tu vois clairement
00:30:52 le nombre... - Ouais, non, mais là,
00:30:54 là, il faut... Juste pour terminer sur ce sujet-là,
00:30:56 écoute, tu as parlé
00:30:58 tout à l'heure du fait que je suis intervenue
00:31:00 la première fois ici sur la dissuasion nucléaire.
00:31:02 Moi, j'ai cette chance, et je suis contente
00:31:04 et je le dis à toutes les personnes qui m'entendent,
00:31:06 travailler sur des thématiques,
00:31:08 quitter un peu l'Afrique, ça va vous faire du bien.
00:31:10 Et ça permet de voir comment
00:31:12 d'autres choses s'appliquent ailleurs.
00:31:14 Mais la petite parenthèse, c'est que quand moi, je vais sur les plateaux,
00:31:16 effectivement, l'Ukraine, ça vend.
00:31:18 Parce qu'on est sur des médias, il y a des choses.
00:31:20 L'Afrique, je dis pourquoi pas ? Alors, le journaliste,
00:31:22 les journalistes me disent "mais j'adorais,
00:31:24 mais le truc, c'est qu'on l'a essayé, ça ne vend pas."
00:31:26 Et c'est là où... Attends, écoute,
00:31:28 moi, je te dis... - Dans le chat, dites-nous
00:31:30 est-ce que vous voulez qu'on parle davantage
00:31:32 d'Afrique ?
00:31:34 - Et je le déploie, je dis pardon,
00:31:36 je me moque, j'ai vraiment l'impression, les sentiments,
00:31:38 et parfois, j'accompagne des réflexions
00:31:40 journalistiques pour préparer des émissions.
00:31:42 Et à l'avant, on dit "non, on a fait des présondages,
00:31:44 moi, je ne suis pas journaliste, mais tu vois peut-être."
00:31:46 Il prépare, et en fait, ça ne mord pas
00:31:48 à l'absent. - En tout cas, on en parle peu.
00:31:50 - Et c'est vrai que, là,
00:31:52 je plaide pour incompétence,
00:31:54 parce que ce n'est pas mon travail,
00:31:56 en fait, de voir comment les médias rencontrent
00:31:58 un public sur des sujets. J'ai l'impression
00:32:00 que la guerre en Ukraine a rencontré
00:32:02 son public en France, et que les questions
00:32:04 africaines, notamment
00:32:06 le Rwanda, ça fait chier, ça fait presque
00:32:08 40 ans que ce truc existe,
00:32:10 avec le Congo,
00:32:12 ben ça ne paye pas ! Et je ne
00:32:14 comprends pas. Mais on me dit
00:32:16 que "ouais, on a essayé, ça ne marche pas,
00:32:18 donc toi, tu es journaliste, sur ta chaîne, tu me diras,
00:32:20 mais sortie de France 24,
00:32:22 peut-être qu'ailleurs, dans le mainstream,
00:32:24 ça ne marche pas, et ça, pour moi, c'est un mystère."
00:32:26 - Moi, comme journaliste, je vois plusieurs choses.
00:32:28 Il y a des choses
00:32:30 qui ne marchent pas, qui ne rencontrent pas leur public,
00:32:32 et pourtant, on le fait. C'est-à-dire
00:32:34 un service public de l'info,
00:32:36 qui fait des émissions
00:32:38 de niches, etc. Donc, pour moi,
00:32:40 enfin, c'est pas... Quand je disais
00:32:42 "débat", le mettre dans le débat
00:32:44 politique et public, ce n'est même pas les journalistes.
00:32:46 Pour moi, il y a une première étape, c'est
00:32:48 les politiques, aussi. La capacité
00:32:50 des politiques à s'approprier ces questions-là
00:32:52 est assez hallucinante. C'est-à-dire
00:32:54 aujourd'hui, dans le débat
00:32:56 qui est en cours, moi, j'entends très
00:32:58 peu l'opposition française, aujourd'hui.
00:33:00 - C'est sûr ?
00:33:02 - Pour moi, le premier
00:33:04 niveau du débat, il est d'abord politique,
00:33:06 après, il y a le débat médiatique. Sur le débat
00:33:08 médiatique, quand il y a eu ces événements-là,
00:33:10 moi, je ne suis pas d'accord.
00:33:12 À l'époque, il y avait une vraie adhésion du public,
00:33:14 par exemple,
00:33:16 vous prenez la période
00:33:18 libyenne du président Nicolas Sarkozy,
00:33:20 il y avait une vraie demande du public,
00:33:22 etc. Et pourtant,
00:33:24 en fait, on a beaucoup
00:33:26 traité la question libyenne,
00:33:28 mais par le biais, toujours, qu'on a en France,
00:33:30 par le biais franco-français,
00:33:32 c'est-à-dire, on s'est beaucoup intéressé à la
00:33:34 question du financement de la campagne, etc.
00:33:36 Mais l'enjeu, l'implication
00:33:38 dans la vie des Libyens,
00:33:40 on en a fait beaucoup abstraction.
00:33:42 - Je voudrais qu'on parle de
00:33:44 l'expression, en tout cas, je sais que vous n'êtes pas forcément
00:33:46 d'accord avec, mais du sentiment
00:33:48 anti-français.
00:33:50 Ça fait plusieurs
00:33:52 années qu'on voit, notamment lors de
00:33:54 certaines manifestations sur le continent
00:33:56 africain, des messages dits "anti-français"
00:33:58 à Bala, France,
00:34:00 il y a le mouvement "France dégage" aussi,
00:34:02 je crois, au Sénégal.
00:34:04 C'est nouveau,
00:34:06 et qu'est-ce que ça dit ?
00:34:08 Tu veux d'abord répondre ?
00:34:10 - Je voulais juste dire que c'est nouveau. Non.
00:34:12 Moi, je pense que c'est une erreur.
00:34:14 Quand j'étais déjà jeune et je suis un peu
00:34:16 vieux, j'entendais ça déjà.
00:34:18 C'est-à-dire, tous ces débats-là
00:34:20 ont déjà eu lieu, mais n'ont pas
00:34:22 eu la même écho. Vous prenez la question du
00:34:24 France-EIFA. Déjà, dans les années 80,
00:34:26 il y a des économistes
00:34:28 qui tentent de
00:34:30 poser la question de la relation monétaire.
00:34:32 - La question était posée dans le chat,
00:34:34 d'ailleurs.
00:34:36 Moi, je me rappelle, en 1994,
00:34:38 quand il y a eu la dévaluation imposée par la France,
00:34:40 il y a eu ce débat sur
00:34:42 le France-EIFA. Pour moi,
00:34:44 la grande différence, c'est-à-dire les discours
00:34:46 de critique ou les discours
00:34:48 contre la France, ce n'est pas d'aujourd'hui.
00:34:50 Mais la grande différence aujourd'hui,
00:34:52 je pense que les formes d'expression
00:34:54 ont changé parce que les modalités,
00:34:56 les moyens sont différents.
00:34:58 C'est-à-dire, aujourd'hui, on peut
00:35:00 contourner les médias classiques et faire des actions
00:35:02 d'une grande importance
00:35:04 sur les réseaux sociaux.
00:35:06 Pour moi, il y a une génération qui a
00:35:08 d'autres formes de mobilisation,
00:35:10 plus importantes, plus bruyantes.
00:35:12 Mais faisons pas une erreur. Je suis contre
00:35:14 l'expression "sentiment anti-français".
00:35:16 - Surtout le mot "sentiment".
00:35:18 - Parce qu'en fait, on met des choses
00:35:20 qui sont de l'ordre de l'émotion,
00:35:22 qui ne sont pas que de l'émotion.
00:35:24 En fait, on sert un peu les extrémistes.
00:35:26 C'est-à-dire, si des jeunes disent
00:35:28 "Ah bah, la France, on n'est pas d'accord",
00:35:30 je pense que c'est une demande de dialogue, en fait.
00:35:32 C'est pas l'expression
00:35:34 d'une sorte de... - D'une violence.
00:35:36 - "On est la France, on veut pas", parce que,
00:35:38 comme j'ai l'habitude de le dire, tous ces jeunes-là,
00:35:40 vous entamez le dialogue avec eux,
00:35:42 ils sont capables de vous décrire des choses,
00:35:44 et c'est pas un rejet.
00:35:46 Je pense qu'il faut objectiver
00:35:48 un peu le débat. Et le fait de dire
00:35:50 "sentiment anti-français",
00:35:52 on biaise quelque chose
00:35:54 et on le minore, en fait. On minore un phénomène
00:35:56 politique qui est très profond et qui, encore
00:35:58 une fois, pose de vraies questions
00:36:00 éminemment politiques. Il faut pas dépolitiser
00:36:02 les problèmes. Parce que si on les dépolitise
00:36:04 pas, on les règle pas. - Moi, juste
00:36:06 pour... Alors j'entends, moi, je sais très bien
00:36:08 qu'il y a plein de choses sur lesquelles je suis d'accord avec toi, mais
00:36:10 quand on est objectif, il faut
00:36:12 pas oublier, par exemple, quand il y a eu
00:36:14 en octobre, je crois début octobre,
00:36:16 le coup d'État au Burkina Faso,
00:36:18 c'est bien une ambassade de
00:36:20 France qui a brûlé, hein. Donc,
00:36:22 avec le fait de faire sortir,
00:36:24 parce qu'on croyait que le colonel s'était caché là-bas.
00:36:26 Peu importe, mais il y avait, c'était la France
00:36:28 dégage. Donc ça, c'est objectif.
00:36:30 C'est pas quelque chose qui sort et qu'on rajoute.
00:36:32 Rappelez-vous, pendant,
00:36:34 juste à la sortie du Covid,
00:36:36 quand on prend à l'assaut
00:36:38 Carrefour, en fait,
00:36:40 tout le monde disait "dégage la France".
00:36:42 Donc, la question,
00:36:44 pour moi, c'est,
00:36:46 je crois que dans,
00:36:48 pour moi, l'introspection, et là je reviens,
00:36:50 peut-être que j'anticipe la question du discours
00:36:52 du président de la République à,
00:36:54 j'ai pas mon pédé, justement, à l'Élysée,
00:36:56 quand il dit "1. L'équipe de France
00:36:58 elle est pas au rendez-vous,
00:37:00 2. Les Français, changez votre attitude",
00:37:02 c'est parce qu'en fait,
00:37:04 pendant quasiment maintenant, à 60 ans
00:37:06 des indépendances, globalement,
00:37:08 du continent,
00:37:10 le soutien,
00:37:12 peut-être superficiel, peut-être hypocrite,
00:37:14 mais en tout cas, du narratif
00:37:16 démocratique,
00:37:18 à 60 ans, la jeunesse se dit
00:37:20 "Tout ça là, votre démocratie, elle nous apporte
00:37:22 malheur et désespoir".
00:37:24 Et de l'autre côté,
00:37:26 nous aspirons à peut-être un peu d'autocratie
00:37:28 parce que les régimes
00:37:30 autoritaires, ils vont siffler la flamme
00:37:32 d'un récré, parce que tout ça, en fait,
00:37:34 c'est bien gentil, mais moi je peux pas partir en France faire mes études,
00:37:36 moi je peux même pas rester
00:37:38 dans mon pays faire des études, et quand j'en fais,
00:37:40 je n'ai pas les débouchés pour, alors que
00:37:42 vous nous mettez de l'argent de la FD par-ci,
00:37:44 FMI par-là, Banque mondiale par-ci,
00:37:46 et qu'on n'en voit pas les retomber.
00:37:48 Donc en gros, nos processus
00:37:50 dits d'accompagnement démocratique,
00:37:52 se sont ramassés.
00:37:54 Et qu'aujourd'hui,
00:37:56 la jeunesse
00:37:58 dit que tous ces
00:38:00 exemples-là,
00:38:02 celui qui le cristallise le plus,
00:38:04 c'est la France. Et donc on est un bouc émissaire
00:38:06 justifié, à mon sens,
00:38:08 mais ça reste pour moi,
00:38:10 et là je suis d'accord avec toi, un appel
00:38:12 au dialogue. Il faut qu'on refasse cet
00:38:14 inventaire, cette mise à jour
00:38:16 d'une cartographie sur nos partenariats,
00:38:18 ça veut dire qu'une fois qu'on a fait l'inventaire,
00:38:20 concrètement, comment on fait pour changer
00:38:22 les choses ? - Ousmane, sur la France,
00:38:24 bouc émissaire ? - L'exemple de l'ambassade,
00:38:26 moi je trouve que
00:38:28 quand il y a une violence
00:38:30 économique et qu'on n'en a pas les moyens
00:38:32 de s'y taiffer ou de
00:38:34 dialoguer, ça entraîne de la violence.
00:38:36 La violence économique, la violence politique
00:38:38 peut entraîner de la violence réelle. - Je ne dis pas qu'elle n'est pas justifiée.
00:38:40 Je t'explique que c'est pas...
00:38:42 Quand on parle de sentiment anti-français,
00:38:44 moi je dis plus de discours, c'est pas non plus quelque chose
00:38:46 qu'on a inventé. - C'est pas un mythe.
00:38:48 Basé sur plusieurs événements répétés
00:38:50 de manière éclatée géographiquement
00:38:52 qui fait qu'aujourd'hui, on peut dire ça. - Je pense que là où je suis d'accord
00:38:54 avec toi, c'est que je pense qu'on malnomme
00:38:56 quelque chose qui existe réellement et qui a toujours existé.
00:38:58 Et puis malnommer
00:39:00 les choses, c'est un peu ajouter à la confusion du monde
00:39:02 et à la confusion des choses. Je pense que,
00:39:04 par exemple, on donne l'exemple
00:39:06 des Auchan attaqués. - Oui, c'était
00:39:08 Auchan, j'ai dit Carrefour. - C'était Auchan
00:39:10 au Sénégal. Mais derrière,
00:39:12 il y a un discours politique, c'est-à-dire
00:39:14 le fondateur du mouvement France dégage et
00:39:16 aux élections a été élu député sur un discours.
00:39:18 Et le cœur de ce discours,
00:39:20 c'était la domination économique
00:39:22 qu'un groupe français exerce
00:39:24 sur le pays
00:39:26 et qui détruit un certain
00:39:28 nombre de vies. Donc,
00:39:30 les expressions
00:39:32 peuvent être spectaculaires parce que c'est le jeu.
00:39:34 Il y a un jeu
00:39:36 de communication de ces mouvements-là.
00:39:38 Mais ça ne doit pas nous empêcher,
00:39:40 ça ne doit pas être un blocage vers
00:39:42 les dialogues. Parce que si nous ne dialoguons pas avec ces jeunes,
00:39:44 ils vont se retrouver de l'autre camp.
00:39:46 C'est-à-dire qu'on crée une alliance objective
00:39:48 des populismes. Parce qu'il faut
00:39:50 toujours se rappeler, autant il y a un populisme
00:39:52 et une extrême droite ici, autant il y a
00:39:54 un discours d'extrême droite en Afrique.
00:39:56 - Aussi en Afrique. - Et je pense que
00:39:58 c'est ça que
00:40:00 le fait de réagir comme
00:40:02 ça, sous forme de dire
00:40:04 c'est un processus de haine, de rejet
00:40:06 de la France, c'est là où c'est dangereux.
00:40:08 - Ça nourrit aussi le populisme.
00:40:10 - Mais par contre, ce que j'ai dit, ce qu'elle décrit, c'est de vrais faits.
00:40:12 Mais c'est l'expression
00:40:14 à la fois de questions politiques non résolues.
00:40:16 C'est à ça que j'essaie de dire. Il faut tenir les deux bouts.
00:40:18 Certes, il y a l'AFD qui finance des
00:40:20 projets, qui fait des choses.
00:40:22 Mais de l'autre côté, tu as des entreprises
00:40:24 françaises qui sont dans des logiques de prédation.
00:40:26 De l'autre côté aussi,
00:40:28 tu as une sorte de...
00:40:30 Pendant longtemps, cette jeunesse, moi je le dis clairement,
00:40:32 a été maltraitée par la France.
00:40:34 - Non mais c'est exactement la même chose.
00:40:36 - Ce discours anti-français,
00:40:38 il concerne surtout la jeunesse
00:40:40 en Afrique et où d'ailleurs ?
00:40:42 Dans quel pays surtout ?
00:40:44 - Pour moi, c'est dans les capitales.
00:40:46 - Au Mali, il est très fort.
00:40:48 En Côte d'Ivoire, il a toujours été
00:40:50 très fort parce qu'il y a un contentieux.
00:40:52 Enfin, moi je pense que...
00:40:54 Au Sénégal, il commence...
00:40:56 En fait, il prend à peu près partout.
00:40:58 Moi, je pense qu'il prend
00:41:00 dans la jeunesse urbanisée,
00:41:02 et studentine essentiellement.
00:41:04 - Militante aussi.
00:41:06 - Pas forcément, parce que moi,
00:41:08 je retrouve que le discours sur des jeunes
00:41:10 très peu politisés, disent que
00:41:12 non, il y en a marre. Et puis aussi, il y a une dimension
00:41:14 ras-le-bol. C'est-à-dire, il y a une forme
00:41:16 de continuité de l'histoire. C'est-à-dire, on pointe
00:41:18 les mêmes choses, les mêmes rapports
00:41:20 de domination, les accords économiques
00:41:22 impartial, etc.
00:41:24 Et à chaque fois, il y a quand même
00:41:26 l'Europe, ou en tout cas la France,
00:41:28 qui disent "non, non, non, c'est réglé, on va y aller"
00:41:30 et tout, et ces jeunes-là voient que
00:41:32 c'est pas réglé. Et donc, ce sentiment
00:41:34 de surdité aussi, ou en tout cas de non-écoute,
00:41:36 est assez
00:41:38 essentiel pour comprendre ce qui est en
00:41:40 cours. - Moi,
00:41:42 je suis d'accord, mais... On va refaire
00:41:44 une réédition, mais...
00:41:46 J'ai l'intime... Enfin, c'est pas l'intime,
00:41:50 mais dans ce que je travaille sur la recherche,
00:41:52 notamment sur la question du sentiment anti-français,
00:41:54 parce que je viens juste d'envoyer mon papier à relecture
00:41:56 sur le sentiment anti-français, donc j'ai vraiment
00:41:58 tout marqué dans ma tête, là, franchement.
00:42:00 En fait, ce que je veux dire par là, c'est que
00:42:02 il faut effectivement l'expliquer.
00:42:04 On va dire définir tous ces travers,
00:42:06 comme la réalité, on va dire,
00:42:08 en termes de justification.
00:42:10 Moi, je continue à croire que
00:42:12 c'est une expression
00:42:14 exagérée, donc
00:42:16 populiste, dans sa manière de faire, tu vois,
00:42:18 parce qu'il y a un sentiment
00:42:20 pour cette jeunesse-là de...
00:42:22 En fait, c'est un appel au secours,
00:42:24 en fait. Et là,
00:42:26 où, une fois qu'on en a fait
00:42:28 l'inventaire, trouver les solutions,
00:42:30 je continue à croire que ça ne peut
00:42:32 pas se faire
00:42:34 sans les États concernés.
00:42:36 Je le dis avec toute l'impuissance
00:42:38 que ça veut dire, c'est-à-dire que moi,
00:42:40 aujourd'hui, comme tu l'as dit dans ma
00:42:42 présentation, oui, effectivement, je vais parler
00:42:44 à l'Élysée tous les jours, et j'essaie de faire
00:42:46 ce que je peux. Mais il y a la limite de l'État
00:42:48 français. Il y a la limite.
00:42:50 À un moment donné,
00:42:52 par exemple, quand tu vas à Madagascar,
00:42:54 l'université d'Encadre, ce qui était l'un
00:42:56 des bijoux africains, bah quand moi j'ai donné
00:42:58 des cours là-bas, quand j'étais là-bas, bah il pleut,
00:43:00 moi j'avais pas compris.
00:43:02 Je vois les étudiants sortir le parapluie,
00:43:04 c'est parce qu'en fait, le toit, il est pas...
00:43:06 Je sais pas si tu te rends compte,
00:43:08 il y a des seaux par terre,
00:43:10 ils vendent la moitié
00:43:12 des terrains d'université pour faire
00:43:14 construire des biens immobiliers
00:43:16 parce qu'il y a de l'argent qui se...
00:43:18 Je veux dire, on a laissé aussi en désertion
00:43:20 cette jeunesse-là, et je me dis, mais qu'est-ce qu'on a fait
00:43:22 en fait ? Et ils nous regardent avec responsabilité.
00:43:24 Mais comment en fait ils savent que cette responsabilité
00:43:26 est en totale déresponsabilisation
00:43:28 de leurs autorités ?
00:43:30 Ils disent "mais attendez, c'est vous qui financez
00:43:32 des trucs". Quand je dis "vous", c'est la France.
00:43:34 Et c'est pour ça que je dis que l'accompagnement vers
00:43:36 des processus démocratiques qui vont, ce qu'on nous dit
00:43:38 les renforcements de capacité, machin,
00:43:40 elle est preuve de la réalité.
00:43:42 Le mec qui fait ses études de médecine, mais à combien
00:43:44 moi j'ai vu dans le continent, il devient le chauffeur de taxi
00:43:46 parce qu'ils peuvent pas exercer
00:43:48 leur fonction de médecin. Et ça c'est pas
00:43:50 le normal. Et on a une part de responsabilité,
00:43:52 mais je dis que quand on
00:43:54 parle d'indépendance, les États
00:43:56 parlent de responsabilité
00:43:58 et on paye aussi une facture de déresponsabilisation
00:44:00 des gouvernances. Pas de transparence,
00:44:02 pas de scène,
00:44:04 et on est là à se regarder en disant "qu'est-ce qu'on va faire ?"
00:44:06 Mais juste pour terminer, une relation
00:44:08 ça se fait à deux. Donc la France, elle peut faire
00:44:10 ce qu'elle veut. Si en face ça prend pas la main,
00:44:12 ça n'avancera pas. Bonne nouvelle,
00:44:14 je trouve que le dernier discours, l'interview
00:44:16 qu'il y a eu sur LCI du
00:44:18 président Talon, a montré
00:44:20 le fait que, il le dit
00:44:22 en filigrane, il serait temps qu'on
00:44:24 prenne Abrahel Korsah et qu'on
00:44:26 apporte des solutions. Mais du coup c'est le président du Bélin
00:44:28 qui parle dans son espace du Bénin.
00:44:30 Mais ça après, je veux dire, c'est l'électrochoc
00:44:32 qui manque. - Ousmane, on n'a pas
00:44:34 vu, on n'a pas
00:44:36 compris cette colère
00:44:38 qui s'est accumulée un peu partout
00:44:40 en Afrique ? - Enfin,
00:44:42 c'est le fait,
00:44:44 et c'est pour ça que je suis assez réticent
00:44:46 par rapport à cette expression
00:44:48 de sentiments anti-français, ça traduit
00:44:50 un problème global
00:44:52 qui dure depuis des années, de comment on pense l'Afrique
00:44:54 en France. - C'est plutôt un rejet
00:44:56 de la politique française en Afrique en fait.
00:44:58 - Non, en fait, moi ce que je voulais dire, c'est à dire,
00:45:00 ça traduit aussi cette expression, une incapacité
00:45:02 au décentrement. C'est à dire, on pense
00:45:04 toujours, nous on est attaqués,
00:45:06 nous, le nous c'est nous. - On est contre nous.
00:45:08 - Contre nous, avec nous,
00:45:10 pour nous, c'est à dire, le mouvement de pensée
00:45:12 n'est pas... Et quand on parle
00:45:14 de changement de logiciel, on l'entend beaucoup
00:45:16 d'ailleurs à l'Elysée, c'est ça aussi.
00:45:18 C'est à dire, le changement de logiciel c'est ne pas
00:45:20 parler comme ça. C'est à dire, de se dire,
00:45:22 écoute, à un moment donné, dans le processus de réflexion,
00:45:24 est-ce que la France
00:45:26 peut cesser d'être au centre ? En fait,
00:45:28 d'autant plus qu'il y a quelque chose
00:45:30 qui est étrange. C'est à dire, c'est une relation
00:45:32 de la France avec une cinquantaine
00:45:34 des pays en Afrique, avec une diversité
00:45:36 d'histoires, de parcours, de messages.
00:45:38 Donc je pense que l'incapacité
00:45:40 du décentrement a été
00:45:42 un problème, notamment même dans la façon dont
00:45:44 on pense les politiques publiques
00:45:46 d'aide au développement. C'est à dire, une des questions
00:45:48 centrales ces dernières années.
00:45:50 Moi, à chaque fois que j'écoute
00:45:52 les agents, ou en tout cas
00:45:54 les acteurs de la politique de développement,
00:45:56 ils disent toujours "on a mis tant de millions
00:45:58 en Afrique". Mais c'est pas une question
00:46:00 de tant de millions, c'est est-ce que
00:46:02 l'argent, vous l'avez mis dans des secteurs
00:46:04 qui sont, enfin,
00:46:06 où les Africains sont
00:46:08 demandeurs en disant "notre priorité, c'est là".
00:46:10 C'est à dire, la question des mécanismes
00:46:12 de l'aide est aussi très problématique.
00:46:14 Par exemple, il y a une chose aussi qu'on dit
00:46:16 ici souvent, et qui est vraiment je trouve
00:46:18 très maladroite. Par exemple,
00:46:20 pour justifier, pour se défendre,
00:46:22 on accuse la France de beaucoup de choses,
00:46:24 j'ai beaucoup entendu quand même en France dire
00:46:26 "oui mais on peut vivre sans l'Afrique".
00:46:28 Par exemple, le niveau de commerce,
00:46:30 c'est 1%, 2% pour la France.
00:46:32 Mais pour les pays africains, c'est pas à ce niveau-là.
00:46:34 Ça peut être à des niveaux extraordinairement
00:46:36 élevés. Donc ça, ça veut dire
00:46:38 que, on n'inverse jamais,
00:46:40 on pense jamais dans l'autre sens.
00:46:42 Autant ça peut être minime pour nous, les 1%,
00:46:44 autant pour les pays concernés, les 1%,
00:46:46 c'est une question de survie.
00:46:48 - Mais parce qu'en fait,
00:46:50 pour moi c'est le coeur du sujet, de la relation
00:46:52 entre l'Afrique et...
00:46:54 Je présente mes excuses auprès de tous,
00:46:56 les auditeurs et les téléspectateurs, parce qu'on parle d'un continent
00:46:58 alors qu'il y a une diversité de pays,
00:47:00 c'est important de le préciser. Et notamment, là,
00:47:02 je fais tout de suite écho au président tunisien
00:47:04 qui a dit récemment...
00:47:06 d'un coup il est plus africain, on ne comprend pas trop.
00:47:08 Donc ça veut bien dire qu'il y a aussi des soucis
00:47:10 régionaux en Afrique, et ça il faut le comprendre.
00:47:12 - Même certains médias sont tombés dans le piège,
00:47:14 ils ont dit "la Tunisie"
00:47:16 versus les Africains.
00:47:18 - Mais ce que je veux dire, c'est qu'il y a
00:47:20 un souci de vocab, donc il y a un souci
00:47:22 d'identité. Je tiens quand même à rappeler
00:47:24 que c'est la France, dans son histoire,
00:47:26 qui a décidé de lier son histoire à l'Afrique.
00:47:28 Donc il faut comprendre que, oui,
00:47:30 je crois, qu'impulser,
00:47:32 le fait que la France impulse des choses,
00:47:34 c'est sain. Et ça, il faut l'accepter.
00:47:36 Maintenant, moi, où il y a
00:47:38 des traductions difficiles, et je crois qu'on a du mal
00:47:40 à trouver quel est le bon calque,
00:47:42 sur quelle grippe on va pouvoir
00:47:44 se prendre pour pouvoir, enfin,
00:47:46 passer à autre chose, c'est avec
00:47:48 qui ? La grande question des diasporas.
00:47:50 Moi, lors du sommet, je l'ai porté,
00:47:52 mais aujourd'hui même, la dénomination même
00:47:54 de la diaspora me dérange. Moi, je suis née
00:47:56 française, je suis née libre,
00:47:58 j'avais pas de question de colonisation, et quand on me dit
00:48:00 "diaspora", je dis "mais cassez-vous, c'est un revoi
00:48:02 vers mes origines". Par contre, je suis une vraie binationale,
00:48:04 j'ai obtenu ma double nationalité
00:48:06 malgache en 2012, quand j'ai travaillé
00:48:08 là-bas, et mon parcours à moi,
00:48:10 il vaut ce qu'il vaut, mais pour plein d'autres,
00:48:12 en fait, c'est encore plein de parcours. Et même
00:48:14 ça, il faut que... C'est ce que je disais
00:48:16 tout à l'heure sur Twitter, quand je voyais comment ça réagissait,
00:48:18 je me suis dit "bon, il va falloir, les gars, il va falloir un bureau pour qu'on
00:48:20 se parle, là". Parce que je crois qu'il y a
00:48:22 aussi des histoires
00:48:24 que, finalement, quand on dit "et tu
00:48:26 as raison qu'on ne traite pas l'Ukraine", d'ailleurs, mais en vrai,
00:48:28 quel continent
00:48:30 en fait a eu cette histoire folle ?
00:48:32 Quand tu vas dans une classe et tu demandes
00:48:34 aux élèves "levez la main ceux qui ont du sang africain",
00:48:36 t'as une partie de la classe qui se lève,
00:48:38 "levez la main ceux dont les parents
00:48:40 ou la famille a une histoire avec l'Afrique".
00:48:42 T'as l'autre partie, donc en fait,
00:48:44 l'Afrique est une histoire française.
00:48:46 Et donc ça veut dire que cet héritage-là
00:48:48 nous pose des vraies questions morales.
00:48:50 Et là, je crois que
00:48:52 le travail de mémoire, "et tu as raison", il faut aller
00:48:54 plus concrètement sur la question de défense. Moi, je parle aussi
00:48:56 de questions de souveraineté énergétique, de souveraineté
00:48:58 tout court, qu'il va falloir travailler
00:49:00 et s'est percée
00:49:02 les derniers abcès. Et moi,
00:49:04 je déplore et je le dis là publiquement,
00:49:06 pardon, mais le rapport
00:49:08 de force qu'on
00:49:10 propose au président, il n'existe pas.
00:49:12 Lui, il arrive, il dit "je vais changer
00:49:14 les choses". Dès qu'il fait un truc,
00:49:16 il se fait attaquer par la moitié sur Twitter,
00:49:18 insulter l'autre moitié sur les journaux, on n'est jamais contents.
00:49:20 J'ai envie de vous dire, les mecs, il va falloir se réveiller
00:49:22 en 2027, excusez-moi,
00:49:24 le visage de ceux qui sont en train de
00:49:26 préparer pour rentrer, ils n'ont pas envie de discuter
00:49:28 avec l'Afrique. Donc il va falloir que
00:49:30 dès maintenant, on se met
00:49:32 d'accord sur ce qu'on veut obtenir, on a le droit
00:49:34 de ne pas être d'accord avec le président, mais reconnaître
00:49:36 qu'il tend la main et nous, on n'arrive
00:49:38 pas à avoir ce rapport de force, parce qu'en fait,
00:49:40 c'est des questions très personnelles
00:49:42 d'identité et c'est pour ça qu'il parle
00:49:44 de cette part d'africanité.
00:49:46 C'est le vrai cœur philosophique de sa réflexion.
00:49:48 On peut être breton
00:49:50 comme français, on peut être africain comme français,
00:49:52 ça c'est un vrai travail en France, et que
00:49:54 quand il est à l'Elysée, il dit "là, je parle au français
00:49:56 parce que la politique africaine, elle concerne
00:49:58 les français, mais elle concerne toi, moi,
00:50:00 mon grand-père, le chauffeur de taxi qui nous
00:50:02 attend dehors, le commerçant,
00:50:04 ça concerne tout le monde, donc effectivement
00:50:06 on n'est pas sur ces 5%, ces 2% et tout ça,
00:50:08 mais dans la réalité
00:50:10 de la vie française,
00:50:12 c'est un sujet, c'est une histoire de France
00:50:14 le continent africain. Et ça,
00:50:16 c'est encore quelque chose dans la digestion
00:50:18 de nos élites aussi, mais pas que.
00:50:20 C'est encore, on est en train de se chercher
00:50:22 "ah mon Dieu, oh là là là là,
00:50:24 elle a une touffe, ça va pas, c'est pas républicain,
00:50:26 elle met du wax, c'est pas républicain", c'est beaucoup plus
00:50:28 complexe que ça, et je crois qu'il a envie
00:50:30 de poser, par contre je dis "il", je dis "le Président de la République",
00:50:32 je crois que la grande force, c'est de vouloir
00:50:34 impuser quelque chose, et nous, diaspora,
00:50:36 communauté africaine de France,
00:50:38 on sait pas s'organiser pour proposer
00:50:40 une lecture plus
00:50:42 rationnelle, et dépassionner
00:50:44 du sujet.
00:50:46 Juste pour terminer sur le franc CFA,
00:50:48 moi je viens d'un pays qui s'appelle Madagascar,
00:50:50 Madagascar est sorti du franc CFA en
00:50:52 1974, donc c'est possible.
00:50:54 La réalité, c'est que la monnaie,
00:50:56 sortir du franc CFA, c'est pas la garantie
00:50:58 de la richesse. On est des champions
00:51:00 du monde de la pauvreté. Donc ce que je veux dire, c'est que
00:51:02 ces réalités-là,
00:51:04 on est aussi sur des mythes à chaque fois,
00:51:06 en pensant que, et là moi je suis plus
00:51:08 d'accord avec toi sur
00:51:10 la structure d'économie,
00:51:12 là où effectivement la France
00:51:14 est une vraie France-Afrique, mais c'est
00:51:16 toute une réflexion qu'on doit avoir en Afrique,
00:51:18 et le sujet c'est comme nous, avec cette double
00:51:20 culture, qu'est-ce qu'on peut apporter
00:51:22 pour apaiser cette relation,
00:51:24 et pour qu'elle soit efficace
00:51:26 dans nos pays respectifs.
00:51:28 Moi aujourd'hui, c'est vrai que c'est un
00:51:30 secteur de recherche qui cherche encore
00:51:32 ses réponses. - Et Ousmane,
00:51:34 peut-être une réaction ?
00:51:36 - Il a dit beaucoup de choses intéressantes.
00:51:38 - Je vous voyais un peu noté
00:51:40 dans votre esprit.
00:51:42 - Sur le discours du Président de la République,
00:51:44 moi le problème que j'ai, c'est
00:51:46 la traduction en actes.
00:51:48 C'est-à-dire, c'est bien
00:51:50 de dire et d'affirmer
00:51:52 la qualité de la France, mais en même temps
00:51:54 pour donner un exemple, moi quand je lis
00:51:56 la loi qu'on prépare
00:51:58 sur l'immigration, on est encore
00:52:00 toujours dans le logiciel
00:52:02 ancien.
00:52:04 C'est-à-dire, c'est une loi
00:52:06 pour l'immigration, c'est une loi sur l'immigration. On n'a pas
00:52:08 dit une loi contre l'immigration, mais
00:52:10 quand je la lis, je me dis que c'est une loi
00:52:12 contre l'immigration, parce que je considère
00:52:14 que quand on fait une loi pour l'immigration
00:52:16 en France, c'est pour d'abord
00:52:18 régler les problèmes des immigrés
00:52:20 qui sont là. Quand on fait une loi sur les retraites,
00:52:22 quand on fait une loi sur n'importe quel secteur...
00:52:24 - Là aussi, il faut changer de logiciel.
00:52:26 - En fait, quand on fait une loi pour des Français ou n'importe
00:52:28 quel secteur de la France, vous lisez la loi,
00:52:30 ça propose des solutions aux Français
00:52:32 qui rencontrent ces problèmes-là. Mais quand on fait
00:52:34 une loi sur l'immigration, l'essentiel
00:52:36 du corpus de la loi est pas aussi... - C'est pour les Français.
00:52:38 - ... contre l'immigration. C'est-à-dire, on fait
00:52:40 pas une loi pour les immigrés qui sont
00:52:42 là, mais pour les futurs, pour qu'ils n'arrivent pas
00:52:44 en fait. Je m'explique pas, aujourd'hui,
00:52:46 moi je vis,
00:52:48 enfin j'évolue, autour de moi j'ai des
00:52:50 personnes immigrées et tout. Aujourd'hui,
00:52:52 je considère que, on le sait
00:52:54 tous à peu près, pour
00:52:56 avoir un rendez-vous, vous êtes immigré, légal,
00:52:58 vous vivez avec votre famille, tout va bien, mais
00:53:00 aujourd'hui, grâce aux dysfonctionnements, à cause des
00:53:02 dysfonctionnements de l'administration française,
00:53:04 si vous voulez renouveler votre titre de séjour,
00:53:06 vous êtes obligé d'aller voir la mafia
00:53:08 chinoise pour acheter un rendez-vous.
00:53:10 Ça dit, donc, on les insère,
00:53:12 on voit des gens qui sont dans la
00:53:14 totale légalité, bien insérés dans la République,
00:53:16 mais par la défaillance
00:53:18 des lois qui se multiplient, on les met
00:53:20 dans un processus d'illégalité
00:53:22 et donc de perte de leur titre. Parce qu'ils
00:53:24 n'ont pas le choix, s'ils ne trouvent pas le rendez-vous,
00:53:26 ils deviennent sans-papiers.
00:53:28 Et moi, je me disais qu'une loi
00:53:30 contre l'immigration doit prendre en charge
00:53:32 ce type de problème. Ça dit, avant même
00:53:34 de bloquer, de faire des murs, il faut
00:53:36 régler les problèmes en cours avec
00:53:38 l'immigration en France. Et ça, c'est une façon
00:53:40 de penser. Parce que dans le débat public,
00:53:42 quand on pense « loi sur l'immigration », on pense
00:53:44 pas « apport », on pense pas « solution ».
00:53:46 C'est comme si on ne considérait
00:53:48 pas que les immigrés ont un apport au
00:53:50 pays. Donc, je trouve que, quand même,
00:53:52 ça, c'est une sorte d'écart
00:53:54 entre le discours
00:53:56 qui raffirme l'africanisé de la France
00:53:58 et la réalité de cette loi, qui,
00:54:00 pour moi, n'est pas une loi de l'immigration,
00:54:02 une loi pour l'immigration, mais qui est une loi
00:54:04 contre l'immigration. Alors que je sais que
00:54:06 il y a des problèmes, et ça, il ne faut
00:54:08 pas le nier, sur l'immigration. Les immigrés
00:54:10 rencontrent des problèmes qui ne sont pas de leur fait,
00:54:12 mais qui sont du fait de l'administration et de l'État.
00:54:14 Donc, quand on fait une loi, je considère que c'est à l'État
00:54:16 de se réformer, d'autant plus que l'État
00:54:18 est... Moi, par exemple, je suis
00:54:20 ces questions, je peux vous donner des milliers
00:54:22 d'exemples, où l'État français est en
00:54:24 totale illégalité par rapport aux droits des immigrés,
00:54:26 qui sont en totale légalité.
00:54:28 Aujourd'hui, les Français,
00:54:30 qui veulent faire du regroupement familial, la loi
00:54:32 dit que les procès doivent durer deux ans,
00:54:34 tu verras, trois ans, quatre ans,
00:54:36 et que l'État, c'est dit « non, non, non,
00:54:38 c'est pas un problème, quoi ». C'est-à-dire, par contre,
00:54:40 on prend un ensemble de mesures,
00:54:42 on va jusqu'à aller chercher,
00:54:44 enfin, imaginer des lois
00:54:46 pour que, dans les compagnies aériennes,
00:54:48 qu'on ait les infos, quels immigrés sortent,
00:54:50 pour sucrer les allocations.
00:54:52 Quand on est à ce niveau de précision,
00:54:54 il faut d'abord régler. Le problème,
00:54:56 il faudrait quand même juste être capable
00:54:58 de donner des rendez-vous sans passer par la
00:55:00 mafia chinoise, quand même. - Et Lovat, vous dites
00:55:02 aussi que le
00:55:04 pendant de... - Pardon, excusez-moi,
00:55:06 j'ai dit un truc pour que les gens ne l'interprètent
00:55:08 pas mal. Quand je dis « mafia chinoise »,
00:55:10 c'est entre guillemets,
00:55:12 ça n'essentialise pas tous les chinois
00:55:14 de France. - Et ouais, Lovat, vous dites aussi
00:55:16 que le pendant de
00:55:18 ce sentiment/discours anti-français,
00:55:20 c'est notre propre discours
00:55:22 à nous sur l'immigration ?
00:55:24 - C'est l'immigration, et c'est pour ça que je continue
00:55:26 à croire que le point,
00:55:28 et là, je le dis en toute humilité,
00:55:30 mais c'est un appel au secours, parce que je sais
00:55:32 qu'il y a des gens qui nous écoutent, qui sont très bien placés,
00:55:34 qui nous écoutent parce qu'ils savent que je suis là aujourd'hui.
00:55:36 - On est écoutés par le président ?
00:55:38 - Si, allez-vous dans le chat !
00:55:40 - Non, non, non, parce qu'en fait, moi,
00:55:42 je n'ai pas de secret, et je continue à dire
00:55:44 que j'essaye, et je travaille,
00:55:46 et j'essaye d'accompagner les réflexions
00:55:48 à l'Élysée sur ce travail-là.
00:55:50 L'un des
00:55:52 absents de ce discours, c'est le
00:55:54 ministre des Affaires intérieures,
00:55:56 au moins un préfet,
00:55:58 parce qu'en fait, l'Afrique, encore, c'est une
00:56:00 histoire française intérieure.
00:56:02 Ça, il faut que nous, Français, on le reconnaisse,
00:56:04 que nous, diaspora,
00:56:06 on le dise assez fortement,
00:56:08 et quand,
00:56:10 après le sommet, voilà, je mets en
00:56:12 avant, voilà, on a monté le mouvement
00:56:14 pluriel et tout ça, c'est de se dire "quel rapport
00:56:16 de force nous allons faire ?" Mais là où tu as raison,
00:56:18 c'est que tous ces sujets-là, ils sont vrais,
00:56:20 et je suis mille fois d'accord que cette loi
00:56:22 sur l'immigration, il ne faut pas qu'on la loupe.
00:56:24 Moi, je plaide...
00:56:26 - C'est presque mort.
00:56:28 - Non mais, je veux dire, encore une fois, je fais ce que je peux
00:56:30 avec les moyens que j'ai,
00:56:32 et dans ce que je peux apporter,
00:56:34 c'est plaider, casser les pieds, envoyer des mails,
00:56:36 dire "voilà, il y a des choses qu'on doit faire".
00:56:38 L'accueil, tu parles
00:56:40 ici en France, mais pardon, même en
00:56:42 ambassade, c'est indigne !
00:56:44 Et que ça, je suis désolée,
00:56:46 les administrateurs ou l'agent,
00:56:48 on a l'impression,
00:56:50 c'est Superman, tu vas à l'ambassade
00:56:52 des Etats-Unis, on t'accueille "Hey, you,
00:56:54 how are you ? T'as un café ?
00:56:56 Welcome, y'en a un..." T'as une réponse
00:56:58 dans les dix jours. En France, t'as l'impression
00:57:00 que tu t'émendes. Ça, c'est
00:57:02 inacceptable, je ne peux pas
00:57:04 l'accepter. Je crois
00:57:06 qu'il faut que...
00:57:08 Il faut dépasser de régulérisation
00:57:10 tous les sans-papiers, même si c'est mon
00:57:12 intime condition, je crois que ce n'est
00:57:14 pas... Aujourd'hui, la rencontre française
00:57:16 avec cet objectif n'est pas
00:57:18 au rendez-vous. Je crois qu'il faut déjà
00:57:20 assainir la méthode administrative
00:57:22 d'accueil, et on fera du bien. Moi,
00:57:24 je suis la génération où, en fait,
00:57:26 j'ai accompagné ma mère, moi, à la
00:57:28 sous-prêve de la haie-les-roses, et tu te réveilles à 4h du matin
00:57:30 et tu fais la queue. Bah en fait, les gens, aujourd'hui,
00:57:32 se réveillent à 2h du matin, et puis ils font
00:57:34 toujours la queue. - Et après, on va parler
00:57:36 d'africanité de la France, c'est pas
00:57:38 possible. - Non, je crois que c'est possible.
00:57:40 Je crois que c'est là où je le dis.
00:57:42 Il faut que nous,
00:57:44 aussi, on sache, parce que la réalité,
00:57:46 c'est que cet espace, la politique,
00:57:48 ça m'embête de le dire, mais il n'est pas
00:57:50 incarné nulle part chez personne,
00:57:52 en fait. Il y a des députés pour ça.
00:57:54 Et en fait, les parties prenant à ce débat
00:57:56 démocratique sur la question africaine,
00:57:58 ils ont complètement disparu. Ils nous ont déçus
00:58:00 un peu, le mandat précédent,
00:58:02 mais ils ont eu le mérite d'exister, d'essayer
00:58:04 de pousser des choses. Ça n'a pas été suffisamment
00:58:06 repris, je crois, en écho
00:58:08 de la population. Moi,
00:58:10 voilà, on aime bien se plaindre,
00:58:12 on ne sait pas non plus accompagner. Je dis, il y a
00:58:14 des impulsions, poussons-les.
00:58:16 Il y a des solutions, je crois, en la démocratie, je crois qu'il y a des choses.
00:58:18 Une loi, elle doit passer. Nous devons
00:58:20 faire en sorte de créer un rapport de force pour dire
00:58:22 ça, ça ne passera pas. Si vous
00:58:24 n'améliorez pas les conditions d'accueil administratives
00:58:26 et techniques des étrangers en France.
00:58:28 - En tout cas, quand on maltraite les africains,
00:58:30 il ne faut pas s'étonner que le discours sur
00:58:32 l'Afrique soit... - C'est une mauvaise réponse.
00:58:34 - On les maltraite. - Mais parce que tout ça se répond.
00:58:36 - Et donc, à un moment donné, le discours est très dur
00:58:38 contre la France. C'est aussi les conséquences
00:58:40 directes de cette maltraitance. - L'anti-France,
00:58:42 c'est le pendant africain
00:58:44 de, comment dire,
00:58:46 nos obsessions migratoires
00:58:48 en France. Si ça vous va, je veux bien
00:58:50 qu'on avance un peu sur le voyage
00:58:52 et les discours
00:58:54 d'Emmanuel Macron. Déjà,
00:58:56 qu'est-ce que vous pouvez nous dire de l'itinéraire
00:58:58 Gabon, Angola,
00:59:00 Congo, RDC ?
00:59:02 - Moi, je trouve que c'était... Alors,
00:59:04 il y a des cohérences. Le fait d'aller en Angola
00:59:06 a traduit pour moi cette cohérence
00:59:08 qu'il a eue depuis le premier mandat de sortir
00:59:10 de l'espace francophone. Il est allé
00:59:12 au Nigeria. L'Angola,
00:59:14 c'était prévu depuis longue date. Donc, il y a une
00:59:16 forme... Lui, contrairement à ses
00:59:18 prédécesseurs, il a eu un intérêt très accru
00:59:20 vers l'Afrique lusophone et l'Afrique
00:59:22 anglophone, ce qui n'était pas traditionnellement
00:59:24 le cas. L'étape
00:59:26 du Congo-Brasa était assez
00:59:28 étonnant parce que
00:59:30 c'était embugué.
00:59:32 À la fois, il faut venir,
00:59:34 mais on n'a pas trop envie de venir.
00:59:36 Donc, voilà,
00:59:38 c'était pas clair, le message
00:59:40 sur Brasa.
00:59:42 Par exemple, bon,
00:59:44 ce qui était prévu, c'est de faire le strict
00:59:46 minimum, pas de déclaration devant
00:59:48 la presse, etc. Au final, on fait
00:59:50 les trucs, mais en même temps,
00:59:52 une fois qu'on arrive
00:59:54 dans l'autre étape, la RDC,
00:59:56 on dit "oui, mais on l'a fait pour ne pas l'humilier".
00:59:58 Je trouve ça maladroit, en fait.
01:00:00 Soit on le fait pour des raisons politiques,
01:00:02 avec un discours politique, avec une exigence
01:00:04 politique. On ne peut pas dire "on est allé au Congo
01:00:06 juste pour ne pas humilier le président". J'ai trouvé ça
01:00:08 assez léger, en fait,
01:00:10 et même maladroit. Sur l'étape
01:00:12 de la RDC, je trouve que ce moment
01:00:14 d'échange était très intéressant
01:00:16 parce que moi, je fais partie des gens qui pensent que
01:00:18 les choses doivent être dites et que qu'il y ait
01:00:20 des moments de tension et d'explications comme ça,
01:00:22 c'est très bien, en fait, parce qu'une des choses
01:00:24 qui fait que la relation s'est beaucoup dégradée,
01:00:26 on a toujours fait les trucs
01:00:28 un peu...
01:00:30 On met le vernis diplomatique, etc.
01:00:32 - Là, c'était un peu plus "cache".
01:00:34 - C'est bien
01:00:36 que ça soit "cache", parfois. Je trouve que le président
01:00:38 Tchick était "cache", le président
01:00:40 Emmanuel Macron était "cache",
01:00:42 et tant mieux. C'est-à-dire les désaccords
01:00:44 entre les pays
01:00:46 peuvent être marqués, parfois.
01:00:48 Et c'est en les marquant que les citoyens
01:00:50 et les opinions publiques en débattent. Ça dit, il ne faudrait pas
01:00:52 qu'on soit juste dans des logiques
01:00:54 de tranchées, quoi.
01:00:56 On peut avoir des désaccords
01:00:58 sur des problèmes politiques
01:01:00 et en avoir sur d'autres, et avancer.
01:01:02 Je ne vois pas tout le temps... On fait
01:01:04 comme si la France, avec
01:01:06 ces pays-là, on doit être d'accord sur tout.
01:01:08 Maintenant, le problème,
01:01:10 on en revient toujours à la même chose.
01:01:12 Il faut une ligne politique claire
01:01:14 de la France, une ligne politique
01:01:16 claire de la politique
01:01:18 étrangère, et ce n'est pas le cas.
01:01:20 Ça, c'est un problème qui demeure.
01:01:22 - Et cette visite, ce voyage,
01:01:24 comment est-ce qu'il a été
01:01:26 perçu sur place ?
01:01:28 - Bon, après,
01:01:30 moi, de ce que j'ai cru
01:01:32 voir, c'est que déjà, chaque pays
01:01:34 a son interprétation.
01:01:36 Ce qui se passe au Gabon, ce n'est pas ce qui se passe
01:01:38 en Angola, ce n'est pas ce qui se passe en RDC,
01:01:40 ce qui se passe au Congo-Brasa.
01:01:42 Globalement,
01:01:44 finalement, il n'y a pas
01:01:46 eu de phrase malheureuse.
01:01:48 - Peut-être en RDC...
01:01:50 - Non, non, il y a aussi eu un échange.
01:01:52 Mais en fait, quand tu sors de ça, ça se termine
01:01:54 quand même par BIDAL.
01:01:56 Ça a commencé,
01:01:58 rappelle-toi, sur les images, avec les tags
01:02:00 sur l'ambassade "Macron assassin", "Macron dégage",
01:02:02 "France dégage", je ne sais plus quoi. Et ça se termine
01:02:04 à BIDAL. Donc en gros, c'est le
01:02:06 Congo, en fait...
01:02:08 RDC, pardon,
01:02:10 traverse aussi une période de presque
01:02:12 guerre, en fait, avec le Ronald. Ce n'est pas un moment
01:02:14 non plus tout calme où ce serait injustifié.
01:02:16 Mais quand tu sors de ça,
01:02:18 il n'y a pas eu... Enfin, je n'ai pas
01:02:20 vu de... Je m'attendais à plus
01:02:22 de clashs beaucoup plus
01:02:24 forts. - Il a dit quand même, vous avez mal
01:02:26 géré la sécurité. - Après, c'est
01:02:28 contradictoire avec la posture d'immunité.
01:02:30 - Certains ont trouvé
01:02:32 la position d'Emmanuel Macron
01:02:34 un peu méprisante.
01:02:36 - Alors, moi, ça, moi,
01:02:38 c'est toujours pareil.
01:02:40 "France-Afrique" ne veut pas dire
01:02:42 "fin de la diplomatie française en Afrique".
01:02:44 Et "immunité" ne veut pas dire que quand tu as un président
01:02:46 qui te pose toute la responsabilité
01:02:48 de son monde à lui sur ton dos, tu dois l'accepter.
01:02:50 - Non, ce n'est pas ce que fait Tshisekedi.
01:02:52 - Tshisekedi, je suis désémotive. - Tshisekedi lui dit...
01:02:54 Alors, moi, je pense qu'au départ,
01:02:56 j'étais un peu dans la salle, je pense qu'il y a eu un moment
01:02:58 où Emmanuel Macron,
01:03:00 je pense, ne comprend pas la question qui est
01:03:02 posée par l'agence de l'AFP, et répond
01:03:04 sur le mode
01:03:06 "la presse a le droit de dire
01:03:08 ce qu'elle pense, etc."
01:03:10 Et en fait, le président Tshisekedi,
01:03:12 il comprend que la journalisme
01:03:14 fait référence à quelque chose
01:03:16 qui a été dit il y a quelques années.
01:03:18 Et donc, pendant une minute,
01:03:20 moi, je pense qu'il ne comprend pas la question.
01:03:22 Et le président congolais,
01:03:24 c'est de l'interrompre. Bon, il était parti, lui.
01:03:26 Il ne voyait pas que l'autre lui faisait des signes.
01:03:28 Il lui a fait vraiment signe avant de l'interrompre.
01:03:30 À un moment donné, il l'interrompt pour le préciser
01:03:32 en lui disant "mais non, ce n'est pas
01:03:34 la journaliste qui dit ça, mais c'est Jean-Yves Le Drian
01:03:36 qui dit ça." Donc, je trouve que
01:03:38 ça traduit...
01:03:40 En fait, ce n'était pas
01:03:42 raccord avec toute
01:03:44 la posture de
01:03:46 "on est à l'écoute, on fait
01:03:48 en fonction de vos demandes, etc."
01:03:50 Moi, je trouvais qu'il y avait
01:03:52 une sorte de...
01:03:54 - Le sujet ne s'y prêtait pas non plus.
01:03:56 - Le sujet ne s'y prêtait pas parce que sur
01:03:58 tous les autres, globalement, ça s'est bien passé.
01:04:00 Je veux dire,
01:04:02 on n'est pas sur...
01:04:04 Vraiment, moi, le modèle
01:04:06 Ouagadougou me gênait.
01:04:08 - Là, on s'approchait du modèle de Ouagadougou.
01:04:10 - C'était en quelle année ?
01:04:12 - 2019.
01:04:14 - Si je parle juste du président, me gênait un peu.
01:04:16 - Qu'est-ce qui a changé depuis ?
01:04:18 - Déjà, en fait, le président, il parle à des journalistes
01:04:20 une conférence de presse, et c'est très bien que ça se fasse.
01:04:22 À Ouagadougou, il vient
01:04:24 dans une université
01:04:26 aller parler à des étudiants africains, mais moi,
01:04:28 genre... - Il fait un discours depuis...
01:04:30 - Ouais, voilà, genre, moi, le président malgache,
01:04:32 j'ai envie qu'il parle, mais déjà, va régler tes
01:04:34 problèmes en France, en fait. Enfin, à Madagascar,
01:04:36 qu'est-ce que tu vas parler à des étudiants français ?
01:04:38 Je veux dire, on n'imagine pas
01:04:40 qu'un président
01:04:42 africain vienne parler comme ça
01:04:44 à des étudiants français,
01:04:46 dire ce qui ne va pas en France.
01:04:48 Et il y aurait beaucoup d'urges
01:04:50 à dire, ceci dit.
01:04:52 Et donc, cette formule-là,
01:04:54 pareil,
01:04:56 dans les séquences, on voit nos présidents,
01:04:58 parce que là, c'est pas propre à Emmanuel Macron, c'est une
01:05:00 habitude, et je crois que ça, il a vraiment rompu.
01:05:02 "Je suis toujours un Africain dans les mains,
01:05:04 je suis contente", et tout. Et ça, c'est fini.
01:05:06 - Oui, il est fait accueilli par... - Non, là,
01:05:08 il fait sa descente, il y va,
01:05:10 il y a... S'il y va pas tout seul,
01:05:12 je veux dire, on n'est plus dans un truc un petit
01:05:14 temps... - Mais c'est de la communication. - Oui. - Mais la politique, c'est
01:05:16 de la communication. - Mais il faut dire quelque chose. - Mais c'est plus la même.
01:05:18 Et moi, ça, ça... Vraiment,
01:05:20 j'étais plus en phase sur ce président-là
01:05:22 qui répond plus à ce qu'on attend d'un président
01:05:24 2023 avec cette volonté de changement.
01:05:26 Le prochain rendez-vous, j'aurais juste qu'il arrête de faire
01:05:28 des descentes en bain de foule, qu'il fasse
01:05:30 son truc, il réponde... Puis voilà,
01:05:32 je tiens juste à préciser que
01:05:34 le Gabon,
01:05:36 moi, j'ai des
01:05:38 off, c'est quand même, toi,
01:05:40 Dera, qui va rencontrer le président en trilate avec
01:05:42 le président gabonais,
01:05:44 et là, il y a des vrais sujets. Moi, c'est ça qui m'intéresse.
01:05:46 Moins que le fait qu'il bue une bière
01:05:48 à Bidale, en vrai, je m'en fiche un peu.
01:05:50 - C'est pas à Bidale. Mais par contre, ce qui s'est passé
01:05:52 dans la salle, dans la conférence de presse
01:05:54 de Félix Tchétchékédie, par honnêteté intellectuelle,
01:05:56 il faut dire une chose.
01:05:58 Les questions des journalistes
01:06:00 congolais étaient assez bien
01:06:02 préparées et assez
01:06:04 agressives, en fait. C'est-à-dire
01:06:06 qu'on commence par l'accuser.
01:06:08 Voilà, c'est...
01:06:10 Les questions ont été posées, les deux
01:06:12 journalistes, pour être précis, ont posé,
01:06:14 surtout le premier, a posé la question sur
01:06:16 le mode accusatoire. La question, c'était
01:06:18 "Vous nous avez mis, à peu près, je schématise,
01:06:20 dans cette situation de
01:06:22 conflit, vous nous avez mis, qu'est-ce que vous allez faire
01:06:24 pour nous en sortir ?" Donc, il y avait
01:06:26 quand même un objectif, mais ça, c'est le jeu politique.
01:06:28 On voyait clairement que ce qui intéressait les
01:06:30 Congolais, dans cette conférence de presse,
01:06:32 en tout cas, telle qu'organisée et
01:06:34 mise en scène et mise en
01:06:36 musique, c'est de faire dire
01:06:38 au président
01:06:40 français de condamner le Rwanda.
01:06:42 Donc, lui, quand même, je pense
01:06:44 qu'il s'est senti assez
01:06:46 exigé, quand même, par la configuration.
01:06:48 La configuration était compliquée, quoi.
01:06:50 Et ça, je pense qu'il a très vite senti.
01:06:52 Ne pas le dire, c'est oublier
01:06:54 de recontextualiser la séquence aussi.
01:06:56 Donc, d'entrée de jeu, il y avait une
01:06:58 forme de tension, quand même,
01:07:00 par rapport aux Congolais qui se disent "Le
01:07:02 président français est avec
01:07:04 les Rwandais, on va lui faire soit
01:07:06 avouer le truc, soit lui faire dire
01:07:08 que non, nous, on ne soutient pas les Rwandais."
01:07:10 - Donc, c'est pas la condescendance.
01:07:12 - Dans le tchat, il y a Kyle
01:07:14 Sem qui dit "Pourquoi Macron ne descend
01:07:16 pas boire une bière avec les manifestants
01:07:18 de la CGT ?"
01:07:20 - Pourquoi pas ? - Pourquoi pas ? - Ouais, pourquoi pas ?
01:07:22 - Je sais pas si les mecs de la CGT
01:07:24 ont envie de prendre une bière, en fait.
01:07:26 - Emmanuel Macron a dit
01:07:28 qu'il voulait bâtir une nouvelle relation.
01:07:30 Ça veut dire quoi ?
01:07:32 - Il le dit depuis tout le temps.
01:07:34 Il le disait déjà il y a 5 ans.
01:07:36 - Alors, ouais, ouais, il l'a dit.
01:07:38 - Il y a 5 ans, déjà.
01:07:40 - N'oubliez pas le micro.
01:07:42 - Hop là.
01:07:44 - Pour avoir accompagné, plutôt,
01:07:46 le sommet Afrique-France qui va vraiment
01:07:48 dans "Comment changer les choses", c'est que
01:07:50 le problème,
01:07:52 c'est qu'on veut quitter une méthode,
01:07:54 se tourner vers l'avenir. - Mais on n'arrive pas à avoir
01:07:56 le projet qui arrive, par contre. - Parce qu'en fait, la seule référence,
01:07:58 c'est la méthode d'avant en disant qu'on ne veut plus avoir.
01:08:00 Donc je crois qu'il y a un vrai problème d'alimentation,
01:08:02 de projection. Ça, c'est le premier cas.
01:08:04 Moi, ce que j'essaie
01:08:06 d'amener, c'est effectivement,
01:08:08 je trouve ça pas incohérent, pas insensé,
01:08:10 que l'un des axes, on va dire,
01:08:12 sur lesquels on peut s'agripper, c'est la question environnementale.
01:08:14 Et c'est l'une des raisons,
01:08:16 enfin, c'est la raison, le "One Forest Summit",
01:08:18 sur lequel c'est quand même
01:08:20 la France qui a impulsé ça,
01:08:22 avec évidemment les autres pays,
01:08:24 donc en l'occurrence, on est sur le Gabon
01:08:26 et...
01:08:28 comment dire... la RDC.
01:08:30 Le but, c'est de se dire
01:08:32 "Voilà, il y a tous ces problèmes-là,
01:08:34 c'est le "en même temps".
01:08:36 C'est un "sans même temps", c'est "je pose quelque chose
01:08:38 et je crois qu'il faut être très humble
01:08:40 quand on veut abattre
01:08:42 quasiment 200 ans d'histoire avec ce
01:08:44 continent qu'on regrette et dont on
01:08:46 n'est pas très fier, proposer quelque chose
01:08:48 de nouveau en 10 ans,
01:08:50 parce que là, on est sur 10 ans du président.
01:08:52 Moi, je trouve ça très ambitieux,
01:08:54 mais je ne peux pas le reprocher de l'intention.
01:08:56 Maintenant, juste pour te dire,
01:08:58 ça s'accompagne, encore une fois,
01:09:00 d'actes, et je crois
01:09:02 qu'effectivement, les restitutions des oeuvres d'art,
01:09:04 on y revient, les enjeux de mémoire,
01:09:06 c'est important.
01:09:08 Moi, je pense vraiment à d'autres choses,
01:09:10 beaucoup plus concrètes, et ça,
01:09:12 c'est l'enjeu. Mais,
01:09:14 on ne peut pas le faire, en gros,
01:09:16 si effectivement,
01:09:18 pour reprendre ce qui a été dit au sommet,
01:09:20 la marmite, elle est encore sale, il faut la laver, la marmite.
01:09:22 À un moment donné, on ne peut pas
01:09:24 rester là en disant "bon, on fait fi du passé".
01:09:26 Non, le passé, il est là, et il y a des résurgences
01:09:28 qui posent un problème.
01:09:30 - C'est vrai qu'il y a la restitution
01:09:32 des biens culturels,
01:09:34 il y a les rapports qu'on peut faire,
01:09:36 ce qu'on peut dénoncer, reconnaître. - Ils sont encore en train de...
01:09:38 - Mais c'est quoi la nouvelle voie,
01:09:40 le projet politique ? - Moi, je pense que là,
01:09:42 c'est la très bonne question.
01:09:44 C'est-à-dire, on a eu, durant le premier mandat,
01:09:46 moi, je voyais, ce dessinait
01:09:48 quand même une idée qui était, je trouve, intéressante,
01:09:50 c'est-à-dire,
01:09:52 dans la relation,
01:09:54 insérer les diasporas comme dynamique,
01:09:56 comme source, comme pont, c'est une mauvaise idée,
01:09:58 mais le problème, c'est que ce qui est annoncé comme
01:10:00 nouveauté, on ne va pas jusqu'au bout.
01:10:02 Durant le premier mandat, j'ai compris
01:10:04 que c'était l'axe. On crée le CPA,
01:10:06 le Conseil pour l'Afrique,
01:10:08 très bien tout ça, mais tout d'un coup, au deuxième
01:10:10 mandat,
01:10:12 une nouvelle approche arrive, on ne nous dit pas
01:10:14 qu'est-ce qui est devenu l'ancienne approche,
01:10:16 quelle est la place du Conseil pour l'Afrique dans
01:10:18 cette nouvelle approche, c'est-à-dire, on ne fait même
01:10:20 plus référence dans les discours.
01:10:22 C'est-à-dire, c'est ce...
01:10:24 On a l'impression, parfois, ce qui peut donner l'impression
01:10:26 que parfois, l'annonce de la
01:10:28 nouveauté est une sorte d'effet d'annonce
01:10:30 ou de communication. Moi, je pense qu'on ne peut pas
01:10:32 passer à une étape supérieure,
01:10:34 quand on affirme... - La première étape est pas encore
01:10:36 là. - Oui, moi, je ne sais pas
01:10:38 qu'elle est devenue... Qu'est-ce qui est devenue
01:10:40 sa première approche sur les diasporas ?
01:10:42 Est-ce qu'elle est abandonnée ? Est-ce qu'elle
01:10:44 continue ? Si ça continue, pourquoi
01:10:46 aujourd'hui, dans le discours,
01:10:48 dans le nouveau discours de l'Élysée,
01:10:50 discours qu'il a fait, pourquoi ce n'est pas évoqué ?
01:10:52 Pourquoi ils ont disparu ?
01:10:54 Etc. C'est-à-dire, je trouve
01:10:56 qu'on ne peut pas
01:10:58 annoncer une nouvelle politique
01:11:00 sur une nouvelle politique sans en solder,
01:11:02 sans faire le solde de tout compte
01:11:04 de l'autre. Et c'est ça qui est en train de se passer.
01:11:06 Et ça, ça nous laisse un peu...
01:11:08 Enfin, moi, je suis un peu perdu.
01:11:10 C'est pas la qualité de l'analyse ou la qualité
01:11:12 des approches qui est en cause. Parce que moi, je trouve que
01:11:14 sur les diasporas, il fait
01:11:16 une vraie... Ça dit, c'était vraiment intéressant.
01:11:18 C'était le premier président français, quand même,
01:11:20 il faut lui reconnaître ça, qui dit
01:11:22 "Moi, je veux parler à la diaspora 1,
01:11:24 les gens sont à l'Élysée, il y a un dialogue qui est entamé,
01:11:26 j'entrouvoie
01:11:28 d'utiliser la diaspora
01:11:30 dans ma politique envers l'Afrique".
01:11:32 Et tout d'un coup...
01:11:34 - Parce que je crois qu'en fait, c'est ce que je disais tout à l'heure,
01:11:36 c'est que la diaspora,
01:11:38 quand le Conseil présidentiel
01:11:40 pour l'Afrique est sorti,
01:11:42 je crois qu'il faut... Je suis d'accord avec toi, c'est bien que ça ait été fait,
01:11:44 a pas su
01:11:46 avoir les objectifs. Moi, je crois qu'on...
01:11:48 - Mais il faut avoir le courage d'atteler l'échec, alors,
01:11:50 politiquement. - Non, attends, je dis pas que
01:11:52 ils constatent l'échec parce que
01:11:54 on n'arrête pas les diasporas.
01:11:56 - Non, mais moi je parle du CPA, je parle pas des diasporas.
01:11:58 - Non, non, c'est autre chose. - Moi, je parle du Conseil
01:12:00 pour l'Afrique qui a été mis en place,
01:12:02 soit ça a échoué, soit ça a pas échoué,
01:12:04 mais il faut qu'on nous dise ce que ça devient. - Non, mais sur le plan juridique,
01:12:06 c'était un décret et ça devait prendre fin le 31 mars
01:12:08 2022, ça a été le cas.
01:12:10 Maintenant, effectivement, peut-être ça a pas été annoncé,
01:12:12 j'ai pas le souvenir, mais pour moi c'était très clair. - Oui, mais on en parle plus.
01:12:14 - Je crois que... Et là, tu as raison, en fait.
01:12:16 - Non, on s'est balayés.
01:12:18 - Non, mais ce que je veux dire, c'est que
01:12:20 ça a pas su, les résultats attendus
01:12:22 ont pas été bons parce que c'est ce que je disais tout à l'heure,
01:12:24 il y a un souci d'identité.
01:12:26 Quand tu dis "diaspora", moi j'ai mes potes,
01:12:28 ils disent "mais je suis pas une diaspora, moi".
01:12:30 Et pourtant, ça me concerne. Donc en fait,
01:12:32 ce terme-là qu'on a voulu porter
01:12:34 pour de bonnes raisons, n'a pas été bon.
01:12:36 Et on a un souci de vocabulaire parce qu'on revient
01:12:38 encore. La politique française,
01:12:40 c'est une politique aussi africaine.
01:12:42 Et je crois que le
01:12:44 bon mot, c'est "comment redéfinir",
01:12:46 moi c'est mon travail en tant que chercheur de
01:12:48 nourrir cette réflexion sur l'africanité,
01:12:50 notre part de l'africanité. Tant que ça, c'est pas fait,
01:12:52 la diaspora, on peut pas l'inclure. Parce qu'il faut mettre
01:12:54 des rails. On a mis un truc, y'avait pas de chemin.
01:12:56 Parce que sinon, à un moment donné, ça bottait en tout.
01:12:58 - Ça c'est un truc vraiment intéressant.
01:13:00 C'est-à-dire, pour moi,
01:13:02 mettre en place des institutions sans projet
01:13:04 politique, c'est de la communication.
01:13:06 Et là, en fait, l'idée peut être belle.
01:13:08 - C'est des petites pierres par-ci, par-là.
01:13:10 - Mais parce que je crois qu'il attendait...
01:13:12 - Mais l'objectif politique, dès le départ, a été
01:13:14 très difficile à cerner.
01:13:16 Moi, je me suis toujours posé la question
01:13:18 "Quelle est la place du CPA
01:13:20 dans la politique africaine de Macron ?"
01:13:22 - On le voit dans la politique du Président, qui sort pas, ça reste quand même la même personne
01:13:24 sur tous les autres sujets, je vais terminer sur ça.
01:13:26 C'est que, en fait, finalement, il dit "Attendez, moi je suis pas
01:13:28 une diaspora, je pense qu'on peut pas lui opposer ça.
01:13:30 C'est votre truc, vous êtes
01:13:32 censés le faire. On s'est plantés.
01:13:34 Par exemple, on a pas su
01:13:36 donner au Président... - Mais qui "on" ? - Mais nous, la diaspora !
01:13:38 Les gens qui étaient dedans ! - Enfin, moi j'étais pas
01:13:40 dedans, donc je me sens pas concerné.
01:13:42 - Moi, le "on", je le ramène
01:13:44 au Président de la République, qui a mis
01:13:46 en place, et la responsabilité de l'échec
01:13:48 ou de la réussite incombe au Président
01:13:50 de la République. - Mais bien sûr, mais je crois pas qu'il s'en...
01:13:52 Ce que je veux dire, c'est que, là,
01:13:54 il faut, et moi c'est ce que j'espère faire,
01:13:56 c'est redéfinir tout ça avec beaucoup plus de mots
01:13:58 opposés, je termine sur ça, c'est que
01:14:00 je crois que l'enjeu, là, sur ces, allez,
01:14:02 trois prochaines années, parce que ça va pas aller plus loin,
01:14:04 c'est de structurer ça.
01:14:06 Et le reste viendra naturellement. Voilà.
01:14:08 - Et quand on parle de bâtir
01:14:10 une nouvelle relation, désolée de résumer encore
01:14:12 et de dire l'Afrique, mais de l'autre côté,
01:14:14 est-ce que... - Ça prend.
01:14:16 - Est-ce que l'Afrique, les pays africains, ont
01:14:18 envie de bâtir une nouvelle relation
01:14:20 avec la France ? - Moi, certainement. Le Bénin l'a dit très...
01:14:22 - Très clairement, non. - Ouais. Et certains d'autres, non.
01:14:24 Je crois que le Mali en fait partie, mais... Et encore,
01:14:26 mais Madagascar est dans l'entre-deux,
01:14:28 et ça change. - Ils préfèrent peut-être bâtir des relations
01:14:30 avec, voilà, des... - Ils ont raison,
01:14:32 les pays africains. - Ils ont raison, et en fait, ils sont des colons.
01:14:34 - Ce que je veux dire, c'est que je suis pas là pour dire
01:14:36 c'est bien ou pas ce que fait tel ou tel pays,
01:14:38 en fait, ils ont le droit, mais je crois qu'il faut
01:14:40 qu'eux aussi doivent l'assumer.
01:14:42 Et ça, on est encore dans un dialogue
01:14:44 pas très transparent du côté africain,
01:14:46 du coup, ça nous intéresse pas. Mais au moins, c'est dit.
01:14:48 - Après, moi, je pense qu'il faut rompre
01:14:50 quand même avec une figure qu'on a beaucoup vue
01:14:52 durant le premier mandat d'Emmanuel Macron,
01:14:54 c'est de dire aux Africains...
01:14:56 Moi, je trouve que, par exemple,
01:14:58 j'étais très gêné quand on a dit aux Maliens
01:15:00 que c'était soit
01:15:02 nous ou les Russes.
01:15:04 On peut pas dire ça à un pays.
01:15:06 C'est-à-dire, enfin,
01:15:08 Jean-Yves Le Drian l'a dit... - Quand on demande aux gens de choisir,
01:15:10 c'est ça. - Jean-Yves Le Drian l'a dit, mais en plus,
01:15:12 sous une forme de menace.
01:15:14 Je pense qu'aussi, ça a participé à la dégradation
01:15:16 des relations, parce que quand vous menacez
01:15:18 un pays, c'est un quiddu. - Bah du coup, on se dit,
01:15:20 on va choisir les Russes, quoi. - C'est-à-dire, à un moment donné, moi, je me rappelle
01:15:22 de... Et en plus, le pire, c'est
01:15:24 qu'ils mettent en place une menace,
01:15:26 le Mali franchit
01:15:28 le Rubicon, et ils se disent "non mais,
01:15:30 on peut pas tout de suite rompre", ils essayent de rattraper.
01:15:32 Donc en fait, cette rhétorique de la...
01:15:34 Ça aussi, c'est une
01:15:36 des figures qui revient souvent. On ne menace
01:15:38 pas un pays en disant
01:15:40 "bon, si vous faites des relations avec tel pays,
01:15:42 nous, on rompt avec vous". Je trouve que c'est pas de la
01:15:44 diplomatie, c'est de la condescendance.
01:15:46 Et que je pense que finalement,
01:15:48 finalement, au final,
01:15:50 quoi qu'on puisse dire... - Et la Chine aussi,
01:15:52 on mentionne dans le chat. - Quoi qu'on puisse dire,
01:15:54 après tant d'investissements sur le Mali,
01:15:56 ça se finisse comme ça, c'est à la fois un échec pour les
01:15:58 Valéens, mais c'est un échec aussi pour les Français,
01:16:00 il faut se le dire, parce que...
01:16:02 Échec militaire, échec économique, etc.
01:16:04 Donc, je trouve qu'aussi, dans l'approche
01:16:06 de la nouvelle lutte géopolitique,
01:16:08 mieux vaut venir la France...
01:16:10 Il faut que la France apprenne à venir avec des arguments,
01:16:12 pas avec des menaces. C'est-à-dire, je pense
01:16:14 que les Africains ont besoin,
01:16:16 les Russes leur font une proposition, je pense que la France
01:16:18 aussi peut faire une contre-proposition
01:16:20 et convaincre. C'est-à-dire, les relations internationales,
01:16:22 c'est du dialogue. Et j'ai été très gêné
01:16:24 par... sur le cas malien, parce que,
01:16:26 pour moi, il ne faut jamais généraliser,
01:16:28 tout le processus a été fait de menaces. Si vous faites ça,
01:16:30 nous, on vous fait ça.
01:16:32 Et ça, c'était...
01:16:34 ça détruit, mais beaucoup
01:16:36 de choses, quoi, beaucoup d'acquis.
01:16:38 - Et avant qu'on se quitte, peut-être
01:16:40 un mot sur la francophonie.
01:16:42 Est-ce que...
01:16:44 on entend parfois dire que, voilà, le français
01:16:46 recule dans certains pays ?
01:16:48 - Alors...
01:16:50 Globalement, la francophonie,
01:16:52 dans son histoire,
01:16:54 c'est le butin de guerre des
01:16:56 États qui ont connu la colonisation, qui disent "finalement,
01:16:58 ils nous ont laissé ça. On ne peut pas aller entre
01:17:00 nous et s'organiser". Il ne faut pas oublier que
01:17:02 l'OIF, quand ça a été mis en place, c'était sans la France.
01:17:04 Et Général De Gaulle, ça le saoulait.
01:17:06 Donc ils sont arrivés un peu après.
01:17:08 Ensuite, aujourd'hui, la francophonie dans l'espace,
01:17:10 effectivement, ça recule, mais parce que
01:17:12 l'enseignement recule, en fait. C'est pas
01:17:14 le français en tant que tel.
01:17:16 C'est les coopérations françaises,
01:17:18 dans le cadre de renforcement
01:17:20 des différents systèmes d'éducation
01:17:22 en Afrique, reculent. Et de fait,
01:17:24 la langue française recule.
01:17:26 Et donc forcément,
01:17:28 quand on parle, effectivement, oui,
01:17:30 la RDC, c'est le plus grand pays francophone,
01:17:32 mais il n'y a pas un niveau de français
01:17:34 non plus pareil,
01:17:36 égalitaire, à un haut niveau,
01:17:38 partout. Donc ça, il faut faire très attention.
01:17:40 Je crois juste que la francophonie,
01:17:42 quand on en parle, c'est une institution.
01:17:44 Je crois que cette institution
01:17:46 est passée à côté du rendez-vous,
01:17:48 voulu par Boutros-Boutros-Galli
01:17:50 au moment de sa mise en place.
01:17:52 C'était censé être notre petite
01:17:54 ONU à nous. On a loupé
01:17:56 un truc. Et c'est toujours pareil, quand
01:17:58 il y a des instances dont on ne sait pas
01:18:00 à quoi serve, en fait, le projet politique,
01:18:02 du coup, on est là, on se dit que c'est du
01:18:04 tourisme institutionnel, c'est là pour mettre des
01:18:06 mecs qui donnent des rapports
01:18:08 "non, c'est pas bien les élections, mais finalement, elles sont
01:18:10 transparentes et machin". Et finalement,
01:18:12 ça fatigue tout le monde. Et on dit que c'est un outil d'influence
01:18:14 pour la France, qui par ailleurs ne s'engage pas non plus
01:18:16 incroyablement dans les instances de la francophonie.
01:18:18 - Ousmane, sur la francophonie ?
01:18:20 - Moi, je trouve que c'est une chance,
01:18:22 c'est une piste de solution, pour une raison simple.
01:18:24 Tous ceux qui dénoncent
01:18:26 la France le font en français. Plutôt en très
01:18:28 bon français, d'ailleurs.
01:18:30 - Merci beaucoup. - Je pense que c'est une vraie piste
01:18:32 de possibilités. - Merci beaucoup
01:18:34 Lovarinel, chercheuse associée à la Fondation
01:18:36 pour la Recherche Stratégique.
01:18:38 Ousmane Diaye, journaliste, rédacteur en chef
01:18:40 Afrique à TV5Monde. Est-ce que
01:18:42 vous souhaitez ajouter
01:18:44 encore
01:18:46 une petite chose ? Moi, j'ai posé des
01:18:48 questions, mais si vous voulez
01:18:50 apporter votre petit mot de la fin.
01:18:52 - Ouais, moi, juste pour les gens
01:18:54 qui sont en train de nous suivre, vraiment
01:18:56 continuer
01:18:58 pour ceux qui sont là pour ça,
01:19:00 à vous intéresser au continent africain.
01:19:02 - Il y a eu une demande,
01:19:04 démission en tout cas,
01:19:06 sur les pays africains. - Et je crois
01:19:08 que c'est important, parce que cette histoire
01:19:10 c'est la nôtre. Et c'est pas
01:19:12 celle d'un président de la République.
01:19:14 - Et pas attendre qu'il y ait une visite présidentielle.
01:19:16 - Donc c'est à nous de s'en emparer.
01:19:18 Et de créer le rapport de force et de la
01:19:20 recommander, la demander, l'exiger.
01:19:22 Sinon, ça vient pas de nous.
01:19:24 Pardon de le formuler comme ça,
01:19:26 mais on va pas tout attendre d'en haut.
01:19:28 En gros, moi,
01:19:30 j'arrache les choses et après je discute.
01:19:32 Et bien continuons à arracher les choses,
01:19:34 arrachons l'intérêt pour l'Afrique,
01:19:36 et après on en parlera.
01:19:38 Et j'espère, il faut que ça continue.
01:19:40 C'est vous le talk, en fait, les gens qui nous écoutent,
01:19:42 qui font vivre ce sujet-là. Donc ne lâchez rien.
01:19:44 - Merci Lova Ousmane.
01:19:46 - Moi j'aimerais qu'il y ait plus d'espace comme ça,
01:19:48 qu'on parle un peu plus d'Afrique dans les médias
01:19:50 en France, parce que
01:19:52 il dépend en partie
01:19:54 du destin commun
01:19:56 entre l'Afrique et la France. - D'ailleurs, on demande
01:19:58 Tapok qui demande
01:20:00 "à quand TV5Monde sur YouTube ?"
01:20:02 - Ah bah il est déjà sur YouTube.
01:20:04 TV5Monde, info, en plus.
01:20:06 - Bah oui, je me disais quand même...
01:20:08 - Ça m'aurait étonné qu'ils aient raté le coche YouTube.
01:20:10 - On est sur Instagram, on est sur Twitter,
01:20:12 on est sur YouTube, on est sur Facebook.
01:20:14 - Voilà, donc n'hésitez pas à suivre
01:20:16 aussi les médias
01:20:18 comme TV5Monde, RFI,
01:20:20 France 24,
01:20:22 qui n'attendent pas justement la visite
01:20:24 d'Emmanuel Macron pour... - Le quotidien de l'Afrique.
01:20:26 - Voilà, pour parler de l'Afrique.
01:20:28 TV5, pas encore sur Twitch, par contre,
01:20:30 nous dit Jules Graff. - Non, ça c'est vrai.
01:20:32 - Voilà, une piste est lancée.
01:20:34 Merci à vous en tout cas, merci à vous
01:20:36 le chat d'avoir suivi le Talk
01:20:38 cette semaine. C'est Ludovic Pochon
01:20:40 qui présentera l'émission lundi, il va vous parler
01:20:42 de Parcoursup.
01:20:44 Nous on se retrouve mardi.
01:20:46 Merci à l'équipe du Talk, TV5 sur TikTok
01:20:48 aussi, bon voilà, si jamais vous avez besoin
01:20:50 d'idées, n'hésitez pas à aller voir,
01:20:52 aller faire un tour dans le chat du Talk.
01:20:54 Merci beaucoup. Lev Negh, merci
01:20:56 pour cette émission, voilà, merci.
01:20:58 Émission très intéressante, bah merci à vous.
01:21:00 Merci pour les retours.
01:21:02 Bonne soirée, très bon week-end
01:21:04 à toutes et à tous. Merci à l'équipe du Talk aussi,
01:21:06 merci à Julie qui est en régie, et
01:21:08 à lundi, bon week-end. Salut !
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01:21:14 [Musique]
01:21:16 (Musique douce)
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