Sécheresse : pas de répit en hiver ? Le débat du Talk franceinfo

  • l’année dernière
Sécheresses hivernales à répétitions, hausse des températures : le dérèglement climatique bouscule le cycle des saisons. C'est le sujet du Talk franceinfo. Tous les soirs à partir de 18 heures, Ludovic Pauchant et ses invités débattent avec les internautes de la chaîne Twitch de franceinfo.

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00:00 C'est vraiment marrant. C'est vraiment une expérience.
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04:34 Bonsoir à toutes et tous, salut, on est ensemble encore une fois ce lundi pour une petite heure d'émission.
04:40 Avec moi mais aussi deux invités que je vais vous présenter dans un instant.
04:44 Une heure sur Twitch, avec vous dans le chat, vous êtes déjà bien nombreux.
04:47 Bienvenue à Brest 85, bienvenue à Arthur, à Yugito, à Mars aussi.
04:52 Une heure où on va causer d'actualité, aujourd'hui on va parler de la sécheresse.
04:56 Il y a des records qui réjouissent, il y a des records aussi qui préoccupent.
04:59 Et celui-là, il est justement un peu préoccupant.
05:01 Ce mois de février est le mois le plus sec depuis l'année 1959.
05:05 On va y revenir et comme les nappes phréatiques sont à sec dans certaines régions,
05:10 il se pourrait bien que la sécheresse frappe de nouveau cet été.
05:13 Et le plus inquiétant dans tout ça, on va en parler aussi, c'est notamment que ça tombe en hiver.
05:17 C'est-à-dire une période où les nappes phréatiques se rechargent d'habitude.
05:20 Alors il existe des solutions, parmi elles la micro-irrigation et le goutte-à-goutte,
05:24 plutôt que les pulvérisateurs pour les agriculteurs.
05:26 Rénover le réseau de distribution pour limiter les fuites, réhabiliter les réservoirs d'eau,
05:30 accélérer le déploiement de la réutilisation des eaux usées traitées.
05:33 Des solutions techniques qui existent mais qui supposent des investissements lourds et sur plusieurs dizaines d'années.
05:38 Puis aussi cela coûte beaucoup moins cher.
05:40 Encourager la sobriété, c'est plus facile à dire qu'à faire.
05:43 On va voir pourquoi.
05:44 Le ministre de la Transition écologique, Christophe Béchut, a reçu cet après-midi les préfets
05:48 qui coordonnent les sept grands bassins du territoire.
05:51 Et hier dans le JDD, le même ministre appelé les Français a anticipé.
05:55 Anticiper, ça ne coûte pas grand-chose de le dire, mais cela sonne presque comme un aveu d'impuissance.
06:00 Quoique, on va y revenir aussi.
06:02 On va parler un peu de tout ça aujourd'hui.
06:04 Du climat qui change, de l'eau qui tombe moins du ciel, de la pluie qui se fait rare,
06:08 des conséquences de la sécheresse.
06:10 Avec donc plein de questions et notamment vos questions sur le tchat.
06:13 N'hésitez pas à continuer à les poser, il y en a déjà pas mal.
06:16 On va essayer de répondre au fur et à mesure.
06:18 Et pour répondre à vos questions, puis aussi un peu des miennes,
06:21 en plateau ce soir avec nous Robert Votard, climatologue, météorologue,
06:25 directeur de l'Institut Pierre-Simon Laplace.
06:27 Vous êtes aussi coordinateur d'un des chapitres du sixième rapport du GIEC
06:31 portant sur les aléas liés aux changements régionaux du climat.
06:34 Bonsoir.
06:35 - Bonsoir.
06:36 - Et en duplex avec nous, Alix Romagnac, président de Predic,
06:40 qui est la filiale Risques de Météo France.
06:42 Et vous êtes par ailleurs et surtout météorologue, il me semble.
06:45 - Hydrologue.
06:46 - Hydrologue.
06:47 - De formation, donc.
06:48 Ça fera un bon complément avec Robert.
06:50 - Bonsoir.
06:51 Alors, une sécheresse en plein hiver, est-ce que c'est inédit ?
06:54 Depuis août 2021, donc en 18 mois, il y a 14 mois déficitaires
06:58 au niveau des précipitations.
06:59 Qu'est-ce qui se passe ?
07:01 Une question pour vous, Alix.
07:03 - Oui, alors, vous l'avez dit, on a déjà, et ça a été fortement répété,
07:10 une année 2022 qui était un peu une année de rupture, en fait.
07:13 On a, en 2029, connu des canicules très importantes, des sécheresses,
07:19 des sécheresses et des canicules très tôt dans la saison.
07:24 On a eu, dès le début du mois de juin, au mois de mai, très sec,
07:28 des canicules tardives, des sécheresses tardives.
07:32 Et malheureusement, du coup, on a eu des nappes qui sont descendues très bas.
07:37 Le BRGM, en tout début d'année, a sorti une carte de France
07:41 avec, de manière quasi généralisée, des nappes soit juste à la normale,
07:47 soit inférieures à la normale.
07:49 Et puis, on a eu ce début d'année, ce mois de janvier,
07:54 fin de mois de janvier et mois de février, très sec, avec un anticyclone
07:59 qui s'est bloqué sur l'ensemble du territoire national.
08:03 Il remonte d'Afrique du Nord, il est passé par l'Espagne,
08:06 il bloque sur l'ouest de l'Europe.
08:09 Et donc, du coup, toutes les dépressions océaniques
08:12 qui, normalement, apportent des précipitations sur le territoire français,
08:16 ne sont pas venues, certes, fin janvier et début février.
08:19 Et comme vous l'avez évoqué, on a eu quelques tristes records.
08:25 Effectivement, nos collègues de Météo France ont annoncé
08:27 31 ou 32 jours sans pluie à la France.
08:32 Cette information a fait beaucoup réagir.
08:35 Ce qu'il faut savoir, c'est qu'un jour sans pluie en France,
08:38 on le considère comme un jour sans pluie quand la moyenne des précipitations
08:41 sur l'ensemble du territoire national est inférieure à 1 mm.
08:44 Donc, c'est ça, un jour sans pluie.
08:46 Donc, localement, effectivement, dans tel ou tel endroit,
08:48 on peut voir passer quelques gouttes d'eau.
08:50 Mais ce qui qualifie le jour sans pluie, c'est ça.
08:53 Et donc, cette non-précipitation de fin janvier et début février
08:58 ne fait qu'aggraver la situation du niveau d'Alenap.
09:02 Et donc, l'objectif aujourd'hui, ce n'est pas du tout ni d'effrayer,
09:06 ni de faire peur, ni de faire de la terreur,
09:09 mais c'est d'expliquer ce qui se passe, de confirmer
09:12 et puis d'essayer de voir quelles sont les bonnes décisions à prendre
09:16 pour éviter les conséquences de ce qui est en train de nous arriver.
09:20 Néanmoins, je vois qu'il y a des cartes derrière vous. Je vois du bleu.
09:24 Oui, alors c'est le paradoxe.
09:26 Donc, on parlait de fin février et là, on est en salle de crise de Prédict.
09:31 Vous savez que Prédict accompagne les collectivités,
09:34 les citoyennes à la gestion de crise.
09:36 Et là, les équipes qui sont à côté de moi,
09:38 les dernières mois, depuis hier soir, suivent la pluie et la neige.
09:42 Alors, Alix, j'aurais pu commencer par ça.
09:44 Peut-être que vous pouvez expliquer ce qu'est Prédict ?
09:46 Oui, alors Prédict, c'est...
09:48 Oui, effectivement.
09:49 Donc, souvent, c'est vrai, on nous associe à des météorologues,
09:52 mais en fait, on est plus des gens qui interprètent les conséquences
09:56 de la météorologie et de l'hydrologie pour donner des recommandations
10:00 en termes d'action, d'attitude à avoir pour diminuer les conséquences
10:05 de ces événements climatiques majeurs.
10:07 Et donc, ça fait près de 20 ans qu'on accompagne
10:10 les communes françaises, des citoyennes, des industriels,
10:14 mais aussi monde entier.
10:15 Là, on est dans la salle dédiée à la France,
10:17 mais juste sous mes pieds, il y a une salle qui est dédiée au monde entier.
10:21 Et par rapport, justement, en temps réel à la gestion de ces crises,
10:25 on fait passer des recommandations.
10:27 Et donc là, ça fait jour et nuit qu'on suivait cette neige
10:30 qui a touché le pourtour méditerranéen et ces précipitations
10:34 qui sont maintenant sur Paca et qui, demain, vont toucher la Corse.
10:38 Mon collègue qui est à côté est en train d'envoyer des messages
10:41 aux maires et aux citoyens qui sont sur la côte orientale de la Corse
10:44 pour leur dire d'être vigilant par rapport aux fortes précipitations
10:48 qui vont toucher la Corse demain.
10:50 Donc, on suit en fait notre métier,
10:54 nous oblige à suivre tous les jours ce qui se passe en France,
10:57 dans le monde, dans l'événement climatique.
10:59 Et donc, comme je le disais, on est là en termes d'observateurs
11:03 de choses qui sont factuelles depuis maintenant un peu plus de 20 ans
11:07 et d'essayer de trouver des solutions à ces évolutions
11:11 ou à ces événements extrêmes.
11:13 Alors, cette situation, ça explique si j'ai tout bien saisi
11:15 par un blocage anticyclonique, en gros, un gros bouclier
11:18 qui empêche les perturbations d'entrée.
11:20 Comment ça fonctionne dans l'espace ?
11:22 Une question peut-être pour vous, Robert Lothar ?
11:24 Alors oui, plus dans le détail, effectivement,
11:27 les anticyclones et les dépressions, c'est ce qui fait la météo chaque jour.
11:32 Alors, les vents, ils tournent dans un certain sens
11:35 autour des anticyclones et dans l'autre sens autour des dépressions.
11:39 Alors, lorsque finalement, l'anticyclone,
11:43 où il y a peu de nuages, peu de pluie,
11:45 les pluies, elles, sont dans les dépressions,
11:48 lorsque l'anticyclone se situe sur la France ou sur l'Europe,
11:54 parce que souvent, c'est bien plus gros que la France,
11:57 eh bien, il ne pleut pas à cet endroit-là,
12:00 mais il peut se déplacer vers le nord, vers le sud,
12:03 vers l'ouest, vers l'ouest, avec des mouvements
12:06 qui sont un petit peu chaotiques,
12:08 qui sont prévus, effectivement, quelques jours à l'avance,
12:11 mais qui n'ont pas de raison d'être particulièrement.
12:16 Et là, en ce moment, par exemple, ce qui se passe,
12:18 c'est que cet anticyclone, il s'est déplacé vers le nord.
12:21 Donc du coup, les dépressions, elles passent au sud, en Méditerranée,
12:24 et il y a des jolis petits tourbillons qui se forment,
12:27 là sur la Méditerranée, même pour les prochains jours,
12:30 qui vont occasionner ces pluies très, très fortes
12:33 sur les régions méditerranéennes, la Corse, le sud,
12:36 mais ça reste sec au nord.
12:38 Donc c'est vraiment la situation typique,
12:41 on va dire, de ce qu'on appelle en météo un blocage,
12:44 avec un anticyclone au nord, sur les îles britanniques,
12:47 et une dépression sur la Méditerranée,
12:49 et des vents d'Est au milieu.
12:51 Du coup, sec, froid, voilà.
12:54 Donc c'est vraiment la situation typique en ce moment,
12:57 mais au début du mois, c'était un petit peu dans l'autre sens,
13:00 c'est-à-dire avec les dépressions plutôt franchement au nord,
13:04 et l'anticyclone sur l'Europe, donc plus doux, beaucoup plus doux.
13:08 Et c'est pour ça qu'on oscille comme ça,
13:11 avec la douceur et la grande fraîcheur,
13:14 mais avec... toujours sec.
13:17 Voilà. On n'a pas les flux normaux,
13:20 avec des dépressions qui passent et qui traversent
13:23 et qui arrosent toute la France, voilà.
13:26 Ce qui est typique en hiver,
13:29 même des tempêtes, parfois,
13:32 des grandes dépressions qui arrosent.
13:34 Alors ça va peut-être venir, hein ?
13:36 - C'est ce que j'allais vous demander,
13:38 c'est conjonctuel, c'est inédit ?
13:41 - Alors, d'après les...
13:43 - Alix, vous avez le droit de participer au révis.
13:46 Vous êtes à distance, donc je ne peux pas vous regarder directement,
13:49 la caméra est mal positionnée pour mieux interagir,
13:52 mais n'hésitez pas. Robert Votin, pardon.
13:54 - Les 31 jours sans pluie, au sens qu'Alix a donné,
13:58 c'est inédit dans les mesures de Météo France.
14:01 Donc voilà. Par contre,
14:04 c'est une situation...
14:07 Il y a souvent des situations inédites en météo, hein ?
14:10 - C'est toujours une succession d'inédits.
14:12 - Voilà, en météo, c'est bien ça.
14:14 Alors évidemment, après, on se pose toujours la question du changement climatique,
14:17 mais là, en l'occurrence,
14:20 c'est un petit peu
14:23 le hasard que les choses se passent comme ça en hiver.
14:27 - Alix, vous vouliez réagir, pardon.
14:31 - Oui, oui, je crois que par rapport à ce qu'a dit Robert,
14:35 on a effectivement...
14:37 La météo est fixée effectivement par tes anticyclones et tes dépressions.
14:40 Donc on a des tendances générales.
14:42 Et puis, on parle beaucoup des règlements climatiques,
14:45 mais on a aussi la variabilité climatique.
14:47 C'est-à-dire que c'est un des...
14:50 des charmes de la météo,
14:52 c'est qu'on a de l'inédit et puis on a de la variabilité.
14:55 Donc aujourd'hui, effectivement,
14:57 on parle d'une situation de fin janvier, début février,
15:00 extrêmement sec.
15:02 Et on sait que ces pluies d'hiver sont très favorables à la recherche de nappes
15:05 parce que, comme les végétations ne sont pas développées,
15:08 la pluie qui tombe va rejoindre les nappes à travers le sol.
15:13 Elles ne sont pas reprises par l'évapotranspiration des plantes.
15:16 Donc c'est dans cette période qu'il faut qu'il pleuve.
15:19 Mais on sait aussi que les printemps peuvent être plus vieux.
15:22 Et la variabilité fait que si cet anticyclone a la bonne idée
15:26 de redescendre, de sortir,
15:28 de laisser la porte ouverte aux dépressions atlantiques,
15:31 c'est ce qu'on espère,
15:33 que d'avoir un mois de mars, d'avril,
15:35 qui soit particulièrement plus vieux
15:37 et puisse venir compenser un peu le déficit.
15:40 On n'est pas à l'abri d'une bonne surprise
15:43 d'avoir un printemps plus vieux qui sauve un peu la situation.
15:47 C'est quand le point de rupture, si je puis dire,
15:50 un peu la date butoir, avant que ça ne devienne vraiment très inquiétant,
15:54 même si ça l'est en réalité, ça l'est déjà a priori,
15:57 avec un ministre qui nous demande d'anticiper.
15:59 Vous disiez avant qu'on commence l'émission, Robert,
16:02 qu'en fait, là, on anticipait déjà pas mal en réalité.
16:05 Oui, alors en fait, on peut dire que la date limite,
16:10 je dirais, c'est située vers le mois de mai.
16:14 Si la situation est restée sèche jusqu'au mois de mai,
16:17 comme en 2022, comme l'an passé,
16:20 là, ça va être vraiment très, très critique.
16:24 Ça peut être un peu avant, un peu après,
16:27 mais ce qui est important, c'est comme disait Alix,
16:30 c'est lorsque les plantes démarrent,
16:35 la plupart des plantes, les arbres, les forêts, etc.,
16:38 démarrent et vont avoir besoin d'eau pour leur croissance.
16:43 Eh bien, toute l'eau qui va tomber de l'atmosphère
16:49 va être prise pour cet usage-là,
16:53 enfin, en grande partie,
16:55 donc ne va pas permettre de recharge de nappes.
16:58 Donc, on ferme la boutique en mai, on va dire à peu près.
17:02 Il y a une internaute qui demande
17:05 où on est-on avec le ralentissement du Gulf Stream
17:07 et de quoi de prévu cette année avec l'alternance El Niño-La Niña ?
17:10 Est-ce que ça a un rapport, l'un ou l'autre ?
17:13 Alors, je peux répondre en gros sur les questions climatiques, peut-être.
17:18 Sur le Gulf Stream, il n'y a pas vraiment de rapport direct.
17:22 D'abord, le ralentissement, il est encore très modéré.
17:26 Et il n'y a pas... On a vu...
17:29 - Peut-être expliquer ce que c'est que le Gulf Stream ?
17:31 - Oui, le Gulf Stream, c'est donc ce courant océanique
17:34 qui amène des eaux chaudes depuis les tropiques
17:40 vers les côtes américaines jusqu'à l'Europe.
17:44 Et c'est ce courant chaud qui permet à l'Europe
17:48 d'avoir un climat doux par rapport à d'autres régions.
17:51 On l'a vu comme l'Amérique du Nord.
17:53 Et du coup, le Gulf Stream, il est entraîné dans un courant qui est mondial,
18:01 qui est ce qu'on appelle, dans notre jargon,
18:05 la circulation thermohalide des océans.
18:08 Donc, c'est un courant qui va descendre au niveau de la mer de Norvège en profondeur
18:14 et qui va ensuite s'étaler au fond des océans
18:17 et parcourir le monde entier pour remonter dans le Pacifique, etc.
18:21 - Robert, je me demande si l'internaute parlait de Gulf Stream, de Jet Stream,
18:26 parce que par rapport à son autre question,
18:28 et c'est vrai qu'il y a beaucoup de questions aujourd'hui,
18:31 et c'est vrai que ce serait intéressant d'avoir ton avis
18:34 sur l'influence potentielle du dérèglement climatique
18:37 sur les circulations atmosphériques à grande échelle.
18:40 Et effectivement, ce dont tu parlais tout à l'heure,
18:42 le positionnement des anticyclones,
18:44 c'est une éducation qui montre que les anticyclones se positionnent
18:47 un petit peu plus au nord ou non,
18:49 et est lié au fonctionnement de Jet Stream.
18:52 Et peut-être que c'est ce sujet qui voulait être abordé par l'internaute.
18:57 - Oui. Alors, je vais répondre aux deux, si ça ne t'embête pas.
19:02 Donc, je finis avec l'océan, parce que c'est vrai aussi.
19:06 Cette grande circulation océanique, elle ralentit à l'heure actuelle, un petit peu,
19:11 mais ce n'est pas lié à ces phénomènes-là.
19:15 Ça serait lié s'il y avait un ralentissement très profond.
19:18 Là, il y aurait un arrêt. Là, il y aurait des conséquences.
19:22 Mais on n'attend pas ça, disons, d'ici la fin du siècle.
19:26 Par contre, pour les Jet Stream,
19:29 donc là, c'est les courants d'altitude, des vents d'ouest essentiellement.
19:34 Le ralentissement des courants d'altitude
19:39 ne concerne pas la saison d'hiver.
19:42 Elle concerne un petit peu la saison d'été, mais pas tellement la saison d'hiver.
19:46 Et ça pose effectivement beaucoup de questions.
19:49 En hiver, on n'a pas d'observations qui permettent de dire
19:55 que la circulation, que les Jet Stream ont augmenté ou diminué.
20:00 À l'heure actuelle, il y a tellement de variabilité,
20:04 on ne voit pas de tendance très, très précise.
20:08 Donc sur l'hiver, je pense qu'il n'y a pas de conséquences.
20:13 Par contre, sur l'été, il peut commencer à y en avoir.
20:16 Et effectivement, il y a des études qui commencent à montrer
20:18 qu'on a un ralentissement un petit peu des vents d'altitude en été.
20:22 Alors tout ça, c'est dû au dérèglement climatique ?
20:25 Est-ce qu'il est établi ? Parce qu'on dit que c'est inédit.
20:28 Ce n'est pas si inédit que ça, quand même.
20:30 Alors voilà, ça, c'est la grande question.
20:32 Parce que même si on observe des tendances,
20:35 des tendances, il y en a partout dans le monde,
20:38 tout n'est pas forcément dû au changement climatique.
20:41 Et particulièrement sur la circulation des vents,
20:44 on a assez peu d'informations aujourd'hui.
20:48 Alors on observe des choses, mais de là à attribuer au changement climatique,
20:54 il faudra encore que les modèles montrent tous ces mêmes comportements,
21:01 qu'on sache l'expliquer.
21:02 Alors pour l'été, là encore, on commence à avoir des débuts d'explications.
21:06 Mais pour l'hiver, non.
21:09 Alors comment on l'explique pour l'été ?
21:11 Pour l'été, il y a quand même...
21:15 Les pôles se réchauffent plus vite que l'équateur.
21:19 Par conséquent, une explication plausible,
21:23 on va même dire que c'est vrai aussi en hiver,
21:25 mais on ne l'observe pas.
21:27 En été, on l'observe.
21:28 On observe une diminution des vents.
21:30 En été, on s'assemble plus sensible.
21:35 Comme ça se réchauffe plus vite,
21:37 c'est typiquement 3 degrés sur les régions arctiques de réchauffement,
21:41 alors que c'est plutôt 1 degré dans les régions tropicales.
21:44 Eh bien, du coup, les différences de température
21:50 entre l'équateur et les pôles sont un tout petit peu moins fortes.
21:54 Et donc, du coup, on sait que ces vents sont dus à ces différences de température.
21:58 Du coup, les vents pourraient diminuer un petit peu, effectivement.
22:02 Et ça, ça peut être une conséquence du changement climatique.
22:06 Ça demande encore beaucoup d'études avant qu'on en soit certains.
22:10 Il y a Citrouille qui vous remercie pour les éclaircissements.
22:12 C'était très instructif. Merci, Citrouille.
22:14 Alex Roubaniak, est-ce qu'on va manquer d'eau cet été ?
22:17 Oui, alors ça, c'est la question.
22:19 Vous posez la question puisque c'est le thème de l'émission.
22:21 Oui, tout à fait.
22:23 Aujourd'hui, si le temps de l'Ancien se confirme,
22:26 effectivement, il y a un déficit global sur l'ensemble du territoire.
22:31 Et on le sait, ces sécheresses, ces canicules génèrent des tas de conséquences.
22:38 Donc, ce manque d'eau, on parle beaucoup en ce moment de la problématique de la ressource.
22:44 Comment on améliore la ressource pour l'agriculture,
22:46 pour les habitants des villes, pour l'eau potable, pour les industriels.
22:51 L'année dernière, on a eu aussi des débuts de polémiques sur les sports.
22:56 Est-ce qu'on doit arroser les terrains, les terrains de foot, les terrains de golf, etc.
23:02 Donc, il y a toute la problématique de l'usage.
23:04 On parle moins que sécheresses plus canicules,
23:07 mais c'est ce qui a généré des risques de feux de forêt plus importants.
23:11 Aussi, nous, en termes de gestion de risque, c'est quelque chose qui est extrêmement important.
23:14 Et puis, il y a un sujet aussi de la sécheresse.
23:17 Parce que quand on parle de sécheresse, il y a bien sûr la sécheresse des nappes,
23:20 mais il y a la sécheresse aussi des niveaux des cours d'eau et des barrages,
23:24 où là, en termes de biodiversité, ça a des impacts qui sont très importants.
23:29 Et puis, on a la sécheresse des sols, qui est très connue, malheureusement,
23:33 par le monde de l'assurance, parce que quand on a des sécheresses de sol,
23:37 on a des argiles qui se condensent, qui vont faire des effets éponges,
23:43 et qui régénèrent tous ces retraits gonflements d'argile avec les fissures dans les maisons
23:47 et avec des coûts de sinistre qui sont extrêmement importants.
23:50 Avec des villages dévastés, des gens qui ont du mal à ranger leur maison, à déménager...
23:55 Oui, c'est ça.
23:56 Donc, en fait, c'est vrai que souvent, quand on parle de sécheresse,
23:59 on a l'idée immédiate qui est l'arrosage et l'irrigation.
24:03 Mais il faut voir que les conséquences, en termes d'adaptation de cette sécheresse,
24:07 c'est pour l'usage de l'eau, mais c'est aussi des aspects importants
24:11 sur les retraits gonflements d'argile ou la protection contre les feux de forêt.
24:16 Et malheureusement, c'est vrai que l'année 2022 a été, que ce soit sur les feux de forêt,
24:21 que ce soit sur le retrait gonflement d'argile,
24:23 que ce soit sur les villes privées d'eau ou l'agriculture privée d'eau, très importante.
24:27 Si on a une poursuite en 2023, les effets vont s'accumuler.
24:32 Donc, c'est pour ça que tout à l'heure, je disais, on espère une fin d'hiver et un printemps très pluvieux
24:38 pour essayer de passer la situation.
24:40 Quoi qu'il en soit, malheureusement, et Robert est mieux placé que moi pour le dire,
24:46 que ce soit le GIEC, que ce soit le rapport de RIAS, aussi porté par Météo France,
24:51 indiquent que le dérèglement climatique doit aboutir à,
24:54 doit générer des conséquences de sécheresse plus importante, de canicule plus importante.
25:01 Donc, une augmentation des extrêmes, en gros.
25:05 Et donc, même si on peut espérer avoir une situation en 2023 moins pire que celle de 2022,
25:12 il faut, et ça, c'est dans ce sens-là, on ne peut pas, que d'aller dans ce sens-là,
25:18 anticiper, prévoir et déjà commencer à mettre en place des réflexions
25:24 pour savoir quelles sont les bonnes attitudes à avoir,
25:26 quelles sont les bonnes actions à engager tout de suite
25:29 pour diminuer les conséquences de ces potentiels événements pour cet été.
25:34 Qu'est-ce qu'on a comme piste ? Le ministre de la Transition dit d'anticiper,
25:38 mais en réalité, on avait déjà un petit peu anticipé. Qu'est-ce qu'on a comme marge ?
25:43 Les marges de manœuvre sur ce sujet, en fait, elles concernent plusieurs actions.
25:48 Parce que qui dit sécheresse dit, en fait, comparaison, adéquation, besoin, ressources à nous.
25:58 Donc, on a des actions potentielles sur la ressource à nous,
26:03 comment optimiser la ressource à nous.
26:06 Alors là encore, les actions potentielles à la ressource à nous,
26:09 il y a des actions d'investissement, où on crée de la nouvelle ressource,
26:14 où on va lutter contre les fuites dans les réseaux de distribution, etc.
26:19 Et puis, on a des effets de gestion.
26:21 Et quand on est sur des discussions comme ça, du mois de mars ou au mois de juillet,
26:27 on ne peut que très peu jouer sur les investissements.
26:30 Construire des ressources collinaires, c'est des choses qui vont prendre du temps,
26:35 parce qu'il faut faire les études, il faut les autorisations administratives,
26:39 il faut faire des travaux.
26:40 Donc malheureusement, anticiper en termes de travaux,
26:43 c'est des choses qui sont compliquées.
26:45 Les pistes que l'on a sont les pistes en termes de gestion,
26:48 comment optimiser la ressource, comment...
26:50 Alors c'est compliqué, parce que quand on a par exemple des barrages,
26:54 les barrages peuvent être multi-usages,
26:56 on peut s'en servir pour produire de l'électricité.
26:58 Donc, turbiner en hiver pour produire de l'électricité,
27:02 ou alors si on n'a pas besoin d'électricité,
27:04 on peut garder l'eau pour faire du lâcher dans les cours d'eau l'été.
27:08 Donc, c'est des... comment dire ?
27:10 C'est des besoins qui sont un peu...
27:12 On le choisit, d'affectation.
27:14 Donc, il y a une petite marge de manœuvre sur tout l'aspect gestion des ressources.
27:19 Et après, là, il y a un sujet qui est plus important
27:22 et qui est plus, on va dire, qui est plus sur du soft et pas du hard.
27:25 C'est tout ce qui concerne la consommation,
27:28 comment optimiser la consommation, comment moins consommer,
27:31 comment être, on va dire, un peu plus sobre
27:35 sur la partie ressources hydriques.
27:39 Donc, c'est un sujet que l'on va retrouver sur des tas de sujets.
27:44 On en a parlé cet hiver sur la sobriété énergétique.
27:47 Mais cet été, on va parler de la sobriété en termes de consommation en eau.
27:52 Et plus largement que ça, c'est dès les années 1974,
27:56 on avait un philosophe économiste américain, Kenneth Goulding,
27:59 qui disait "Celui qui imagine sur une terre avec des ressources finies
28:04 avoir une croissance infinie et exponentielle,
28:07 c'est soit un fou, soit un économiste".
28:09 Donc, on voit que depuis les années 1974,
28:11 je ne sais pas si on a eu beaucoup de fous ou beaucoup d'économistes,
28:13 parce qu'à tout problème, on répond par la croissance.
28:16 Mais je crois que cette nécessité de prendre conscience
28:18 qu'on est dans une terre qui est à ressources finies
28:21 et que l'on doit mieux réfléchir à notre consommation,
28:26 c'est forcément quelque chose qui va être utile pour cette adaptation,
28:30 mais également pour l'atténuation.
28:32 Parce que ça aussi, il faut qu'on en parle.
28:35 Si ces éléments-là sont liés au dérèglement climatique,
28:37 il faut s'adapter, il faut prendre des mesures anticipées.
28:40 Mais je crois qu'il faut aussi ne pas oublier d'atténuer.
28:42 Et la sobriété est aussi une bonne réponse pour l'atténuation.
28:48 Robert Votard, je vous ai vu sourire.
28:51 C'est sûr, la phrase concernant les fous et les économistes,
28:57 je la trouve très dure par rapport aux économistes.
29:01 Mais c'était un économiste, ça a fait beaucoup rire.
29:06 Il pouvait se permettre alors.
29:09 Néanmoins, aujourd'hui, il y a quand même tout un volet du rapport du GIEC
29:17 dont vous avez été coordinateur sur un chapitre.
29:20 C'est plutôt le troisième groupe qui est vraiment avec les économistes,
29:25 qui donne des solutions.
29:27 C'est pour ça que je souriais.
29:30 Il y a quand même beaucoup de travaux qui sont faits dans le domaine
29:34 aujourd'hui, dans le domaine de l'économie environnementale.
29:39 J'incite vraiment tout le monde à lire au moins le résumé pour décideurs.
29:44 C'est fait pour être lisible pour le troisième groupe,
29:50 mais les autres groupes aussi.
29:51 Alors c'est lisible, est-ce que c'est intégré ?
29:53 Est-ce que ça rencontre un écho ?
29:55 Alors le GIEC, ça parle au gouvernement, ça parle aux Nations unies,
30:00 ça parle au gouvernement.
30:01 Donc, il y a des choses assez générales qui doivent permettre.
30:06 C'est fait pour faire des négociations internationales.
30:09 C'est la base en gros sur laquelle tout le monde s'accorde
30:12 pour les négociations internationales sur les réductions,
30:16 notamment d'émissions de gaz à effet de serre.
30:18 Maintenant, si on veut regarder effectivement ce qui se passe
30:22 au niveau territorial, au niveau local,
30:24 eh bien le GIEC sera utile dans les grands messages,
30:28 mais ne va pas vous donner des solutions dans votre région.
30:31 Là, il faut aller beaucoup plus loin.
30:34 Et c'est pour ça qu'il y a un certain nombre d'acteurs qui peuvent.
30:40 Alors il y a Météo France, il y a aussi des organismes.
30:44 On en a parlé du BRGM, on en a parlé, il y a l'INRAE,
30:47 il y a aussi beaucoup de universités, le CNRS.
30:50 On est tous un peu à pied d'œuvre.
30:53 Voilà, l'Institut que je dirige aussi.
30:56 On est tous un petit peu à pied d'œuvre sur la question.
31:00 On est un peu tous à essayer de travailler dessus.
31:05 Alors on va faire un petit sondage sur le tchat.
31:07 Est-ce que vous êtes prêts à consommer moins d'eau ?
31:09 75% d'entre vous disent oui.
31:11 Par contre, 25% disent non.
31:13 Est-ce qu'on consomme trop d'eau, messieurs ?
31:16 Peut-être plus pour vous, Alix.
31:18 Oui, alors ce qui est complexe, c'est que...
31:21 Vous pouvez répondre aussi, Robert.
31:23 Oui, oui, ce qui est complexe, c'est qu'en fait,
31:26 on a pris une habitude, effectivement, je pense,
31:30 de consommation en eau avec une notion de ressources un peu limitées.
31:35 Donc c'est vrai que les habitudes de consommation
31:38 sont plutôt des consommations à la hausse.
31:41 Et quand on parle de consommation d'un eau,
31:43 en eau, il faut vraiment faire la différence
31:46 entre des consommations, on va dire,
31:49 qui empruntent l'eau au milieu naturel
31:55 et puis après la re-rendent.
31:57 Et donc du coup, c'est quelque chose qui va,
32:01 au niveau du bilan global, ne pas être impactant.
32:06 Et puis on va avoir des prélèvements qui, eux, sont définitifs.
32:10 Donc ça, c'est une première séquence de différenciation des usages.
32:17 Ensuite, tout le monde peut arriver à optimiser sa consommation en eau
32:26 et on va se rendre compte rapidement que si on considère
32:29 que ce n'est pas une ressource infinie et qu'on cherche à l'optimiser,
32:32 les pourcentages que l'on peut économiser
32:35 peuvent très rapidement avoir de très bons résultats.
32:38 C'est une approche qui a été utilisée pour l'énergie cet hiver
32:42 et on se rend compte que les pourcentages gagnaient
32:46 parce que les gens ont pensé à éteindre la lumière,
32:49 à baisser l'échauffage.
32:51 Ils y étaient très incités parce que l'électricité
32:54 coûtait beaucoup plus cher.
32:56 J'ai cru lire que pour l'eau, ça ne marchait pas vraiment l'effet prix.
33:00 Mais j'ai peut-être mal lu.
33:02 Non, mais en fait, ce qu'il faut voir, c'est que...
33:05 Je pense que l'effet prix était très fort, il me semble.
33:07 Oui, tout à fait.
33:09 Mais il y a eu aussi...
33:11 En fait, il ne faut pas désespérer du genre humain,
33:13 on peut aussi, et ça fait partie de l'objectif,
33:16 notamment de cette émission, d'essayer de convaincre,
33:19 de faire passer les messages et de faire en sorte
33:22 que le citoyen s'approprie des bonnes mesures.
33:25 Nous, on le voit sur tout un tas de sujets,
33:28 sur la gestion du risque, par tout le travail
33:30 que l'on fait depuis des années avec le réseau des France Bleu,
33:33 avec les France Info, sur les bonnes attitudes à avoir
33:35 lorsqu'il y a des coups de vente, des tempêtes, des inondations.
33:38 On voit que la façon de réagir des citoyens
33:41 évolue de manière positive en termes de culture du risque.
33:44 Si on explique bien qu'il y a un problème de rareté de la ressource,
33:49 mais qu'il faut plus économiser,
33:51 on peut pousser et on peut arriver à avoir des améliorations.
33:54 Bien sûr, il y a l'incitation financière,
33:56 mais si on peut aussi faire en sorte que ce soit un choix volontaire,
34:00 c'est quand même bien.
34:02 Et après, je crois que c'est un élément qui est majeur,
34:06 une discussion qui doit se faire entre les différents usagers
34:10 et avec de l'écoute et pas forcément de l'animosité
34:16 ou de la violence.
34:17 Aujourd'hui, je crois que sur beaucoup trop de sujets,
34:20 et sur ce sujet-là, on n'y chappe pas,
34:24 il y a une ostracisation des agriculteurs d'un côté,
34:29 des gens qui font du bol de l'autre, etc.
34:31 Il y a ça effectivement dans l'air,
34:32 c'est-à-dire qu'on demande aux citoyens, par exemple,
34:34 de se brosser les dents sous la douche.
34:35 Et à côté de ça, on sait que l'été,
34:37 je pense que c'est 85% de l'eau qui est consommée par les agriculteurs.
34:40 Ils en ont besoin.
34:41 C'est tout à fait.
34:42 L'idée, ce n'est pas d'opposer les gens.
34:44 Dès lors qu'on a des cultures,
34:46 il faudra bien les arroser à un moment ou à un autre.
34:48 C'est vraiment ça.
34:51 C'est le message que je voulais faire passer.
34:54 Je crois qu'il y a un besoin d'écoute,
34:58 de discussion ensemble,
34:59 et de partir de choses qui sont très factuelles.
35:02 Parce qu'effectivement,
35:04 c'est un peu sur le changement climatique.
35:07 Ça sert à quoi qu'on se flagelle en faisant tout
35:12 sur une minorité de gens en France,
35:15 en se critiquant, en voulant aller trop loin,
35:18 si on n'arrive pas à convaincre la planète d'avoir une démarche sur l'eau.
35:22 C'est toujours la même chose.
35:24 Comme vous le dites, se brosser les dents sous la douche,
35:26 quelles vont être les conséquences ?
35:28 Et en partant de là,
35:30 les gens utilisent l'argument,
35:32 en disant que de toute façon, comme ça ne sert à rien, je ne fais rien.
35:34 Donc là, il y a un vrai discours à construire.
35:37 Il y a des vrais échanges à faire.
35:40 Et c'est en ce sens-là où anticiper,
35:44 organiser des grenelles de l'eau,
35:47 anticiper des discussions entre le monde de l'écologie,
35:51 le monde du sport,
35:53 le monde des grands usagers de l'eau pour le potable,
35:57 les agriculteurs, les industriels.
36:00 On peut trouver des solutions.
36:03 On peut chacun faire des pas en avant.
36:06 On peut améliorer la ressource.
36:08 Moi, je pense que c'est dans ce sens-là
36:12 qu'on va pouvoir trouver des solutions
36:14 et que cette méthodologie pourrait être utilisée
36:18 à des tas d'autres sujets.
36:20 Et moi, je crois beaucoup à la concertation
36:22 et à la co-construction des solutions
36:24 entre les divers usagers.
36:26 Robert, autant vous y réagir ?
36:28 Non, je voulais juste dire qu'on n'échappera pas, à mon avis,
36:31 je dépasse complètement mon domaine d'expertise,
36:36 mais je pense qu'on n'échappera pas
36:39 à une gestion bien plus démocratique
36:44 de la ressource en eau.
36:47 Aujourd'hui, on ne sait peut-être pas bien
36:49 comment s'y prendre.
36:51 Par "démocratique", qu'est-ce que vous entendez ?
36:53 Quand la ressource est rare,
36:58 il va falloir que...
37:00 On ne peut pas agir chacun dans son coin.
37:04 Faire sa réserve de son côté.
37:08 Non, la ressource est rare,
37:10 donc elle doit être partagée de façon juste
37:14 et discutée, concertée, comme disait Alix.
37:18 C'est un principe de base.
37:21 Alors aujourd'hui, elle n'est pas rare tous les ans.
37:26 Là, on a cette problématique
37:28 qui est vraiment arrivée l'année dernière.
37:30 Il y a eu d'autres périodes de sécheresse,
37:32 mais peut-être avec beaucoup moins de besoins,
37:35 en 1976 et dans d'autres années.
37:38 Mais là, ça a été vraiment criant l'an passé.
37:42 Moi, je crois qu'on a besoin, d'une part,
37:47 d'augmenter la sobriété,
37:49 la sobriété hydrique, en quelque sorte.
37:52 On peut y réfléchir de façon bien plus profonde
37:57 que ce qu'on fait aujourd'hui.
37:58 Et dans tous les secteurs.
38:00 Dans l'agriculture aussi.
38:03 Dans les usages privés ou industriels,
38:08 il y a des efforts à faire.
38:10 Effectivement, c'est une ressource qui est,
38:12 à l'heure actuelle, pas très chère,
38:14 contrairement à l'énergie.
38:16 Et du coup, il n'y a pas cette contrainte.
38:18 Mais lorsqu'arrive la pénurie,
38:22 eh bien, en effet, il faut avoir un petit peu
38:24 anticipé les choses pour que l'on puisse
38:26 gérer ça calmement.
38:27 - Par plus profonde, qu'est-ce que vous envisagez ?
38:30 - Oui, peut-être que ça va aller en ce sens-là.
38:34 Ce que je voudrais dire en complété,
38:36 c'est que pour ne pas être négatif,
38:38 ce qu'il faut savoir, c'est que la France,
38:39 sur le plan institutionnel,
38:40 dans le domaine de la gestion de l'eau,
38:43 est plutôt en avance.
38:45 L'organisation française,
38:47 notamment l'organisation par Bassin Versailles,
38:49 est quelque chose qui fait référence dans le monde.
38:52 Il y a beaucoup de pays internationaux
38:55 qui s'inspirent de cette organisation.
38:57 Et quand je parle de cette organisation,
38:59 vous savez, les fameuses agences de Bassin,
39:01 ce sont les établissements publics territoriaux,
39:04 les EPTB, les établissements publics
39:06 territoriaux de Bassin.
39:08 On a des outils qui sont les SAGE,
39:11 les schémas d'aménagement et de gestion de jour,
39:14 avec, pour chaque SAGE, des comités
39:18 qui mélangent à la fois des politiques,
39:20 des usagers, du monde associatif, des citoyens.
39:24 Donc, je pense que toute cette politique
39:28 d'amélioration, de l'optimisation
39:31 des gestions de l'eau peut s'appuyer
39:33 sur des tas de structures et d'organisations
39:35 qui sont aujourd'hui existantes,
39:37 c'est-à-dire qu'on ne part pas de zéro,
39:39 et qui vont du niveau national
39:41 jusqu'au niveau territorial,
39:43 avec des petits bassins, des petites collectivités,
39:46 y compris sur des tout petits bassins versailles.
39:48 Donc, je crois qu'on a là une chance,
39:50 une opportunité, je dirais institutionnelle,
39:52 en termes d'organisation,
39:54 qui peut permettre de faire vite
39:57 et de prendre des décisions,
39:59 et d'avoir une politique qui soit cohérente.
40:01 Sur le tchat, on a Marité qui demande
40:03 à l'un ou à l'autre, ou aux deux,
40:05 si vous souhaitez répondre à deux,
40:06 "Que pensez-vous des bassins de rétention ?"
40:09 C'est un sujet qui fait un peu polémique,
40:10 il y a des gens qui sont très pour,
40:11 d'autres qui sont très contre.
40:13 C'est une solution, les bassins de rétention ?
40:16 Je ne sais pas, laissez la parole à Alex,
40:19 qui est hydrologue quand même.
40:21 Merci Robert !
40:23 C'est un sujet qui est complexe,
40:30 parce qu'il y a deux choses.
40:32 Déjà, il faut voir de quoi on parle.
40:36 Les bassins de rétention, ou les stockages,
40:39 les barrages, etc.,
40:41 sont des solutions qui existent
40:43 depuis très longtemps,
40:47 pour stocker,
40:49 lorsque la ressource hydrique est suffisante,
40:54 et pour pouvoir utiliser l'eau
40:56 lorsqu'elle le manque.
40:58 Donc, le stockage en tant que tel,
41:01 bassins de rétention, barrages,
41:03 retenues, retenues collinaires,
41:06 est quelque chose qui est utile,
41:10 qui fonctionne bien,
41:11 et lorsqu'elle ne pose pas des contraintes
41:13 environnementales ou écologiques fortes
41:16 sur le site où c'est posé,
41:18 c'est à privilégier.
41:20 Après, le sujet dont on parle plus récemment,
41:23 ce sont des problématiques de bassines,
41:25 et pas de bassins de rétention.
41:27 Ce sont des bassins qui n'utilisent pas
41:29 l'eau de surface,
41:31 soit de la pluie,
41:33 soit de stockage en ressources en eau,
41:35 mais qui utilisent de l'eau
41:37 qui est dans les nappes d'accompagnement de rivières,
41:39 et qui sont remplies lorsque ces nappes sont hautes,
41:42 pour les stocker.
41:44 La grosse question, c'est
41:46 n'avons-nous pas une déperdition d'eau
41:50 lorsqu'on stocke en surface libre,
41:53 de l'eau qui est dans les nappes ?
41:55 Ce sont vraiment les professionnels du métier,
41:59 et en l'occurrence, il y a un institut en France
42:01 qui est extrêmement pertinent et compétent,
42:04 qui est le BRGM,
42:05 et je crois qu'il faut laisser la parole aux experts.
42:09 C'est vrai que ça peut paraître
42:12 un questionnement en disant
42:15 pourquoi sortir de l'eau de nappe l'hiver
42:17 pour la stocker à surface libre,
42:19 on risque d'en perdre plus.
42:21 Le BRGM dira peut-être que dans certaines conditions,
42:24 il y a des eaux de nappe d'hiver
42:27 qui, même si elles sont laissées à la nappe l'hiver,
42:30 ne vont pas améliorer plus
42:32 le débit d'étiage du cours d'eau,
42:34 ou dans d'autres cas, ça peut être une autre opération.
42:37 Je crois qu'il ne faut pas avoir de débat à généraliser,
42:39 il faut écouter, il faut regarder surtout
42:41 dans le contexte,
42:43 il faut laisser les sachins intégrants
42:46 de tous les paramètres
42:48 répondre de manière calme
42:51 et pondérée à cette question,
42:53 il ne faut pas que ce soit un enjeu de polémique.
42:57 Sur le chat, on a Snut Raher,
43:06 vous auriez pu choisir autre chose comme pseudo,
43:08 qui nous dit "mais la quantité d'eau
43:10 ne varie-t-elle pas sur Terre ?
43:12 C'est juste sa répartition, dit-il.
43:14 Pour vous ?
43:16 Alors, tout dépend de ce qu'on appelle "sur Terre",
43:19 si c'est le territoire national,
43:22 ou une région, etc.
43:24 Bien sûr, la quantité d'eau,
43:26 la quantité de pluie,
43:28 elle varie d'un endroit à l'autre,
43:31 sur la Terre, si vous regardez en Scandinavie,
43:33 il pleut beaucoup,
43:35 on n'est pas du tout dans les mêmes conditions
43:39 qu'en France ou en Europe du Sud.
43:42 Donc, elle varie beaucoup sur Terre.
43:46 Après, je ne sais pas ce qu'il y a derrière la question,
43:49 très précisément,
43:51 si Alix a une idée d'interpréter la question.
43:54 Je crois que derrière la question,
43:56 il y avait "est-ce que cette répartition change, peut-être ?"
43:59 Pour moi, la façon dont je comprends la question,
44:02 comme le dit Robert,
44:04 il y a une variabilité géographique
44:08 des précipitations,
44:10 il y a des endroits sur Terre où il pleut beaucoup plus qu'à d'autres,
44:14 il y a une variabilité temporelle,
44:17 il y a des moments où il pleut plus à certains endroits
44:20 et pas à d'autres,
44:22 hémisphères Nord, hémisphères Sud, hiver, été.
44:24 Je crois que dans la question,
44:26 c'était "est-ce que globalement,
44:28 le volume de précipitations potentielles
44:33 dans l'atmosphère,
44:35 ne va pas bouger ?"
44:38 C'est-à-dire qu'on a très peu d'eau qui provient d'autres planètes
44:42 ou de la sortie de l'atmosphère de précipitation.
44:46 Donc globalement, cette eau, qu'elle soit sous forme liquide,
44:49 solide ou gazeuse,
44:51 elle est constante,
44:53 en quoi le dérèglement climatique fait qu'on ait plus de sécheresse en France.
44:57 C'est comme ça que j'interprète la question.
45:00 À ce sujet-là, effectivement, on peut dire que
45:05 le volume global d'eau ne change pas.
45:07 En revanche, la répartition va changer.
45:10 Et puis aussi, le fait qu'un climat plus chaud,
45:14 un air plus chaud,
45:16 peut contenir plus d'eau sous forme de vapeur.
45:19 Donc ça, ça change un petit peu la donne,
45:22 parce que ça accélère en quelque sorte
45:25 le cycle de l'eau, ce qu'on appelle le cycle de l'eau.
45:28 Ça fait un climat plus chaud,
45:31 ça fait plus d'évaporation et aussi plus de précipitation,
45:34 et surtout sous la forme de précipitation intense.
45:38 Donc en fait, on augmente un petit peu les extrêmes.
45:42 C'est peut-être ça aussi qui pourrait répondre un petit peu à la question.
45:47 C'est qu'on va avoir des sols plus secs, du fait de la température.
45:52 Pas tellement du fait des pluies,
45:54 mais du fait de la température essentiellement.
45:56 En France, en tout cas.
45:58 Et puis aussi, à l'inverse, des précipitations plus fortes,
46:03 des pluies plus fortes lorsqu'elles arrivent.
46:06 Et ça, on commence déjà à le voir très largement,
46:09 en France comme ailleurs, dans beaucoup de régions du monde.
46:13 On voit ces pluies très intenses s'intensifier encore davantage.
46:18 - Alors une autre question dans le chat,
46:20 et puis ça sera peut-être la dernière, parce que l'heure tourne.
46:22 Est-ce qu'on peut envisager de récupérer l'eau de l'océan,
46:24 ou c'est trop coûteux ou c'est impossible ?
46:26 Pourquoi pas ? Je pense que ça coûte très très cher.
46:29 - Parle aux hydrologues.
46:31 - Vous n'êtes pas les deux spécialistes du dessalement de l'eau de mer.
46:34 Je sais bien, c'est parce que la question mérite d'être posée.
46:37 Il y a plein d'enregistrements de l'eau.
46:39 - Après tout, dans une autre vie, effectivement,
46:42 j'ai travaillé sur ce sujet de dessalement d'eau de mer
46:46 pour faire de l'eau potable.
46:48 Donc effectivement, l'eau salée, on peut produire de l'eau qui provient de la mer.
46:56 Mais ça va rejoindre un autre sujet dont on a beaucoup parlé cet hiver,
47:00 qui est le problème de l'énergie.
47:02 Parce que produire de l'eau non salée,
47:04 donc de l'eau potable avec de l'eau de mer,
47:07 ça nécessite beaucoup d'énergie.
47:09 La technique la plus ancienne, la plus ancestrale,
47:13 qui est l'évaporation.
47:14 C'est-à-dire qu'on fait chauffer l'eau,
47:16 on récupère la vapeur et puis après on fait recondenser la vapeur.
47:20 C'est très énergétiquement, c'est très compliqué.
47:23 Aujourd'hui, il y a des technologies avec de l'osmosinverse.
47:26 C'est-à-dire qu'on force de la filtration de manière très importante
47:32 et ça bloque y compris les minéraux.
47:36 Là aussi, c'est un peu moins coûteux en énergie,
47:39 mais c'est très important.
47:41 Donc ça peut servir ponctuellement sur des petits débits.
47:44 On a des pays où l'énergie n'est pas chère,
47:47 notamment les pays de Golfe qui utilisent beaucoup ces techniques,
47:50 mais ce sont des choses qui sont impossibles à imaginer
47:53 pour de l'usage d'eau en agriculture.
47:57 Là, le prix de revient de cette ressource ramenée vers l'agriculture
48:03 ne serait pas possible et les volumes à traiter seraient trop importants.
48:07 Par contre, sur ce sujet de ressources alternatives,
48:11 il y a en France un sujet qui est le fameux sujet de la réutilisation des eaux usées.
48:16 On réutilise très peu les eaux usées, il me semble.
48:21 Alors qu'en Espagne et en Italie, on l'utilise davantage.
48:25 Les pourcentages sont 10-20 fois plus importants en Italie ou en Espagne
48:30 et voire 99 fois plus importants en Israël,
48:35 qui est un pays qui a beaucoup développé,
48:37 qui avait un problème de ressources en eau et qui a travaillé dessus.
48:40 C'est pareil, il faut arriver à avoir des discussions, notamment avec...
48:44 [Bruit de sonnette]
48:47 Ah, Alex, on vous a perdu.
48:49 [Bruit de sonnette]
48:53 Alex, est-ce que vous êtes là ? Est-ce que vous revenez ?
48:56 Je vous laisse 15 secondes. Ah, vous revoilà.
48:59 [Bruit de sonnette]
49:01 Alex, vous êtes avec nous ?
49:03 [Bruit de sonnette]
49:06 Je ne vous entends pas.
49:07 [Bruit de sonnette]
49:11 Bon, Alex, je pense qu'on vous a malheureusement définitivement perdu.
49:15 Vous voulez laisser le mot de la fin, mais je vais plutôt le laisser à Robert Wotar,
49:18 puisqu'il est avec nous.
49:20 Je vais essayer de parler pour deux.
49:22 Non ou pas ? Est-ce qu'il y a une question que je ne vous aurais pas posée ?
49:26 Oui, peut-être. Je pense que sur la sécheresse d'hiver.
49:33 Alors, est-ce que c'est dû au changement climatique ou pas ?
49:37 La sécheresse en hiver, probablement pas.
49:39 C'est un phénomène qui est probablement d'origine naturelle,
49:43 qui fait partie de la variabilité.
49:45 Ce qu'on disait tout à l'heure, c'est-à-dire que ça s'était déjà observé
49:51 et qu'on ne pouvait pas immédiatement le rattacher au dérèglement climatique.
49:55 Par contre, pourquoi on s'en préoccupe ? Non seulement pour la ressource en eau de l'été,
49:59 mais aussi parce qu'on sait que si on arrive en début d'été avec des sols très secs,
50:06 on sait que ça peut générer des températures encore plus fortes que si les sols ne sont pas secs.
50:12 Donc, ça pose le double problème de la gestion de l'eau et de la chaleur, cette sécheresse.
50:19 Le 2022, comme 2003, étaient des années où il n'y avait pas plus l'hiver.
50:25 Et on a vu ce que ça a donné l'été, en 2003 aussi, en 2022.
50:29 Ce n'est pas systématique, mais moi, je serais vraiment très prudent.
50:36 Il faut vraiment regarder les mois de mars et avril qui vont arriver pour se rassurer ou pas.
50:45 Mais je trouve qu'anticiper une gestion à l'échelle de l'année, bien sûr,
50:53 mais aussi à l'échelle de la décennie, on va dire, ou de plusieurs décennies, c'est important.
50:59 C'est vraiment extrêmement important. Ces problèmes-là, ils vont revenir.
51:03 Merci, Robert Votard.
51:05 Merci.
51:06 Chers amis, il est l'heure pour moi de libérer nos deux invités à l'Extromaniac qu'on a perdu,
51:12 mais qui nous écoutent peut-être. Merci aussi, Robert Votard, de vous être transporté jusqu'au troisième étage de la maison de la radio.
51:18 Merci à Joey à la programmation, à Sébastien à la rédaction en chef, à Hugo à la régie,
51:22 à Sam à droite, qu'on ne voit pas, mais que moi, je vois.
51:24 Bien sûr, merci à vous sur le tchat. Merci pour vos questions, pour vos réactions.
51:28 Pour ceux qui sont un peu frustrés parce qu'ils nous ont rejoints en cours de route, l'émission de ce soir,
51:32 vous pouvez la réécouter en intégralité sur Twitch et aussi en podcast sur france.tv/info.fr et sur la plateforme de Radio France.
51:38 Demain mardi, on va parler des agriculteurs. C'est un métier qui n'a pas toujours bonne presse,
51:43 une profession en souffrance qui exprime son malaise et qui pourtant attire encore,
51:47 et notamment des jeunes qui se lancent.
51:49 Ce sera au même endroit, à la même heure sur Twitch de 18h à 19h.
51:53 D'ici là, je vous souhaite une bonne soirée à toutes et tous.
51:55 Je vous dis donc à demain, pas tout à fait de bonne heure, mais certainement de bonne humeur.
51:59 À demain !
52:01 [Musique]
52:08 [Musique]

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