Silicon Valley Bank - Didier Testot : "Cette faillite est due à l'augmentation des taux d'intérêts."

  • l’année dernière
Avec Didier Testot, fondateur La Bourse et la Vie TV et animateur de l’info eco plus sur sud radio

Retrouvez Bercoff dans tous ses états avec André Bercoff du lundi au vendredi de 12h30 à 14h sur #SudRadio.

---
Abonnez-vous pour plus de contenus : http://ow.ly/7FZy50G1rry

———————————————————————

▶️ Suivez le direct : https://www.dailymotion.com/video/x75...
Retrouvez nos podcasts et articles : https://www.sudradio.fr/

———————————————————————

Nous suivre sur les réseaux sociaux

▪️ Facebook : https://www.facebook.com/profile.php?id=100063607629498
▪️ Instagram : https://www.instagram.com/sudradioofficiel/
▪️ Twitter : https://twitter.com/SudRadio
▪️ TikTok : https://www.tiktok.com/@sudradio?lang=fr
———————————————————————

☀️ Et pour plus de vidéos de Bercoff dans tous ses états : https://www.youtube.com/playlist?list=PLaXVMKmPLMDQe5oKZlhHutOQlGCq7EVU4

##LE_FAIT_DU_JOUR-2023-03-13##
Transcript
00:00 [Musique]
00:01 Sud Radio Bercov dans tous ses états.
00:03 Le fait du jour.
00:04 Comme par exemple la Silvergate Bank qui a fait faillite mercredi,
00:08 pour la Silicon Valley Bank qui a fait faillite vendredi,
00:11 ou dans les Signature, on va le prononcer en version originale,
00:15 Bank qui a été déclarée en faillite hier,
00:17 vont peut-être en avoir pour leur fric, pardon, pour leur argent.
00:21 On va en parler tout de suite avec Didier Testo, fondateur de la Bourse et la Vie TV,
00:24 qu'on a le grand plaisir de retrouver tous les week-ends,
00:26 dans le grand matin week-end de Jean-Marie Bordry,
00:29 pour sa chronique.
00:31 L'Info Éco+, bonjour.
00:33 - Bonjour, Philippe.
00:34 - Alors, que s'est-il passé depuis mercredi,
00:37 c'est-à-dire en 5 jours, 3 banques américaines,
00:40 dont la 16e et la 21e ont fait faillite ?
00:42 - Tout simplement, Philippe, il se passe que,
00:45 c'est pas là, on a cet événement majeur, bien sûr, d'une banque qui fait faillite,
00:50 donc c'est déjà un rappel qu'une banque peut faire faillite,
00:53 mais pourquoi c'est arrivé ?
00:54 Parce que depuis plusieurs mois maintenant, 14 mois pour être précis,
00:58 la Banque Centrale Américaine, la Fed, la Réserve Fédérale,
01:01 augmente ces taux d'intérêt, et de manière très importante,
01:05 ça n'a jamais été fait à ce rythme-là, à ce niveau-là, depuis 40 ans.
01:09 Je voudrais vous montrer juste une chose,
01:10 pour qu'on voit effectivement où nous en sommes aujourd'hui,
01:13 qu'est-ce qui s'est passé depuis,
01:14 parce qu'on n'en parle pas aux 20 heures, ce genre de sujet.
01:16 - Ah oui, quand on voit le graphique,
01:17 ceux qui nous écoutent dans leur voiture,
01:18 ne peuvent pas le voir,
01:19 mais c'est sûr que c'est impressionnant comme graphique.
01:21 - C'est une courbe qui...
01:22 - Verticale.
01:23 - Voilà, une piste noire, pour ceux qui aiment bien le ski,
01:25 mais là c'est dans le sens, une montée spectaculaire.
01:28 Qu'est-ce qui s'est passé de la part des banquiers centraux ?
01:31 On a eu la reprise, vous en avez parlé,
01:33 après la fin de la période Covid, reprise économique,
01:36 avec des tas de sujets sur la logistique, sur le transport,
01:39 les semi-conducteurs, pour les voitures, les ordinateurs.
01:42 On a eu plein de sujets.
01:43 Et donc les banquiers centraux se sont dit,
01:45 il y a une inflation qui arrive, qui est normale,
01:47 reprise économique, ça fait partie du jeu, en quelque sorte.
01:51 Et puis l'inflation s'est installée au-delà de ces sujets
01:54 de logistique, de retrouver des conteneurs, etc.
01:57 L'inflation alimentaire, dont vous parlez dans vos émissions,
02:00 qui est en cours en ce moment, on a une inflation qui est assez importante,
02:04 et qui va continuer, d'après les industriels comme les distributeurs.
02:07 Et donc c'est dans ce contexte-là.
02:09 L'année dernière, on a eu une alerte, je ne sais pas si vous vous souvenez,
02:11 de FTX, qui était dans l'univers des crypto-actifs.
02:17 Et là, on avait un jeune de 30 ans, qui avait une société
02:20 qui était valorisée 40 milliards de dollars, Philippe,
02:23 et qui du jour au lendemain, finalement, ne valait plus rien,
02:26 parce que finalement, ce qu'il avait fait, c'était du vent.
02:29 Et donc, ce qui s'est passé, Philippe, ce qui est important
02:32 de rappeler avant de parler de la banque, c'est
02:34 qu'on est dans un univers où l'argent ne valait rien.
02:37 Pendant des années, les banquiers centraux, après la crise de 2008,
02:40 ils ont soutenu l'économie, mais derrière, ils ont pris ce qu'on appelle,
02:43 c'est en anglais, le "quantitative easing".
02:46 - C'est-à-dire la planche à billets. - Exactement, les liquidités.
02:48 On a donné des liquidités aux banques, on a donné des liquidités un peu partout
02:51 pour que les banques puissent, effectivement, faire l'économie.
02:53 Sauf que quand vous changez de paradigme, d'univers, on va dire,
02:57 on se met à monter les taux, monter les taux.
02:59 Moi, si je me mets à la place du banquier, en l'occurrence,
03:02 ce banquier qui a fait faillite, lui, il avait peut-être des obligations,
03:05 puisque ça fait partie de ses liquidités, qui valaient très peu,
03:08 qui rapportaient très peu. Et puis, d'un seul coup, vous avez,
03:11 avec la montée des taux d'intérêt, de nouvelles obligations qui sont émises,
03:14 qui valent, prenons un exemple tout simple, au lieu de valoir 2%,
03:17 ça vaut 5. Vous n'en voulez plus des obligations à 2%.
03:20 Donc, lui, il est obligé de vendre son portefeuille.
03:23 Et c'est ce qui s'est passé. Il y a eu, d'un seul coup, ce vent de panique,
03:26 parce que lui, il a été obligé d'aller chercher des liquidités.
03:29 - Alors, Didier Testo, peut-on comparer cette ou ces faillites,
03:32 puisqu'il y a trois banques qui ont fait faillite,
03:34 avec celles de Lehman Brothers ou encore Washington Mutual,
03:37 qui avait fait faillite à la fin de l'été 2008 ?
03:39 Et c'était à l'origine de la crise des subprimes, d'ailleurs.
03:42 - Oui, alors, c'est vrai que ça va peut-être un peu vite.
03:45 Et puis, vous savez, dans la finance, chaque étape,
03:48 on cherchait depuis des années, finalement, avec ces bulles
03:51 qui avaient été créées à peu près partout, je vous parlais de la crypto-monnaie,
03:54 mais ça a été dans l'immobilier, dans des tas d'univers,
03:56 on cherchait où allait le fameux signe noir que les financiers aiment bien,
03:59 le black swan. On cherche l'ouval risque. On ne le voit pas. On ne le trouve pas.
04:02 Puis, à un moment donné, on s'est dit, tiens, c'est peut-être dans les crypto-monnaies.
04:04 Puis, finalement, vous avez vu, ça a continué. Après FTX,
04:07 la bourse a bien remonté en début d'année. Ça s'est bien passé.
04:10 Et donc, cette banque-là, qui était spécialisée,
04:12 en fait, elle a été spécialisée dans l'investissement des start-up,
04:14 la tech de la Silicon Valley. C'est pour ça qu'elle s'appelle Silicon Valley Bank.
04:17 Mais en gros, vous étiez un patron de start-up,
04:20 Philippe, vous arriviez dans cette banque, les autres banques ne vous prêtaient pas.
04:23 Elle, elle vous prêtait. Et donc, mais quand je dis "elle vous prêtait",
04:26 pas comme une banque française que nos auditeurs peuvent connaître.
04:29 - Qui vous prête 100 000 euros avec 10 cautions.
04:32 - Non, non, là, c'est pour vos salaires. Vous avez 10 employés.
04:35 C'est elle qui payait vos salaires. - Oui.
04:37 - Les salaires de vos employés. Donc, c'était vraiment dans l'écosystème tech.
04:41 Vous aviez un projet, vous alliez l'avoir et vous étiez financé.
04:44 Et ce qu'on a appris quand même, parce que c'est, on est à Wall Street,
04:47 il faut rappeler, c'est un univers particulier, la finance est reine.
04:50 Philippe, ce qui s'est passé là, c'est que le, celui qui dirigeait la société,
04:54 Bloomberg, nous a dit qu'il avait peut-être vendu ses titres avant la faillite.
04:59 Et le directeur financier de cette société, de la Silicon Valley Bank,
05:03 c'est un ancien Lehman Brothers, vous en parliez. - Oui.
05:05 - Donc, c'est des gens qui ont une certaine expérience.
05:07 - C'est le moins qu'on puisse dire. Ils ont même une expérience des faillites.
05:09 - Voilà. Mais effectivement, ce qui s'est passé, c'est que les actifs de cette banque,
05:13 à un moment donné, quand vous allez chercher de la liquidité, vous êtes obligé de vendre.
05:16 Et c'est ce qui s'est passé, ça a été violent.
05:18 - Mais Janet Yellen, la patronne de la Fed, a dit qu'elle surveillait de près les banques,
05:22 elle l'a dit ce week-end. Mais quand même, une question se pose.
05:26 C'est la 16e banque américaine qui a coulé. La première, Silvergate,
05:30 elle était spécialisée dans les crypto-monnaies, on y revient.
05:32 La deuxième, dans la tech, 16e banque américaine.
05:35 Et Signature, qui a été déclarée en faillite hier, est la 21e banque.
05:38 Est-ce qu'on peut craindre une faillite en cascade ?
05:41 - C'est la question aujourd'hui que posent les financiers.
05:43 Alors, vous en avez certains qui relativisent en disant "mais attention,
05:46 on ne peut pas comparer ce bilan de ces banques américaines,
05:49 qui ont peut-être pris trop de risques, compte tenu de ce qui s'est passé
05:53 dans les dernières années, avec par exemple le bilan de banques françaises,
05:56 qui ont un bilan complètement différent, qui ne vont pas avoir ce type d'actifs risqués.
06:00 Ils vont en avoir peut-être d'autres. En France ou en Europe, on parle de l'immobilier.
06:05 Vous avez vu qu'il y a des gros titres sur l'immobilier qui chutent,
06:08 moins de 30% par rapport à 60% de maison d'oeuvre.
06:10 - Avec la hausse des taux d'intérêt, c'est logique.
06:11 - Voilà, et on retrouve ces phénomènes-là.
06:13 Les banques françaises auront aussi des sujets sur leurs actifs immobiliers,
06:17 par exemple, mais ça va être le sujet de division des risques.
06:20 Est-ce que dans les risques que vous avez pris aujourd'hui,
06:22 tant que les taux, tant que ça valait rien, tant que l'argent valait rien,
06:25 ce n'était pas grave, vous aviez des risques pourris dans telle ou telle startup,
06:28 personne ne vous demandait de compte.
06:30 A partir du moment où, effectivement, on a cette montée qui est aujourd'hui...
06:33 J'ai un chiffre, Philippe, qui est important sur cette partie-là.
06:37 On est maintenant, je l'ai noté ici, on est à 4,75% pour les taux américains.
06:43 On était à 0,75 il y a 14 mois.
06:45 Donc il y a 14 mois, vous avez même...
06:47 J'ai regardé des chiffres, Philippe, avant la crise Covid,
06:49 pour vous donner des chiffres incroyables.
06:50 13 mars 2020, il y a donc 3 ans.
06:53 Le taux, là on est sur les taux à 10 ans, on était à -0,013.
06:59 - Taux négatif.
07:00 - On avait aussi des taux négatifs à la BCE.
07:01 - Voilà, on avait ce même phénomène.
07:03 C'est-à-dire qu'en gros, l'argent ne valait rien,
07:04 et il y avait même des banquiers, vous placiez l'argent chez les banquiers,
07:07 ils vous demandaient de payer pour mettre l'argent chez eux.
07:09 - Alors, que peut faire le gouvernement américain ou la Fed ?
07:12 - Alors, on ne parle pas de...
07:14 Vous savez, on n'aime pas parler d'argent public aux États-Unis, vous le savez.
07:17 C'est toujours...
07:18 Donc on vous dit, on va rassurer, on va nationaliser.
07:21 Donc les clients de ces banques, qui ont 250 000 dollars dans ces banques,
07:25 ils vont être couverts.
07:27 Les autres, on verra, mais on ne va pas parler de nationalisation.
07:30 Ça n'existe pas.
07:32 - Ils avaient nationalisé General Motors il y a 15 ans, en 2008.
07:35 - Mais ils n'avaient pas voulu dire que c'était une nationalisation.
07:37 - Oui, c'est vrai.
07:38 - Mais le système, c'est qu'ils vont être obligés de rassurer au maximum.
07:41 Donc, en fait, les autorités de contrôle vont donner effectivement
07:44 aux clients la possibilité de sortir.
07:47 Mais on ne sait pas aujourd'hui, et la Fed, est-ce que la Fed le sait,
07:50 est-ce qu'il y a d'autres banques qui ont aussi le même type d'actifs,
07:53 donc ce même type de risque ?
07:54 Pour l'instant, Yann Télen essaye de rassurer les marchés.
07:57 Mais vous savez, les marchés, la finance, c'est de la confiance.
07:59 Donc, elle, elle est dans son rôle de ramener la confiance,
08:02 mais on va voir ce que pensent les marchés de ça.
08:05 - On va en parler de la confiance et des marchés avant de revenir sur la situation en France.
08:08 Aujourd'hui, à l'ouverture, Paris recule de 2,33,
08:11 Francfort de 2,41 après avoir perdu plus de 3,
08:14 Londres 2,01 si on était à 10h50 heure de Paris,
08:17 Milan 4,18, en Asie, Tokyo perd 1,11,
08:20 il n'y a que Shanghai et Hong Kong qui montent de 1,20 et 1,95,
08:23 deux actions de banque, BNP Paris bas -6,34,
08:26 Saint-Andel -7,48, est-ce qu'on va vers un krach boursier ?
08:29 - Vous savez, quand il y a ce genre de nouvelles,
08:32 on dit "on vend sur la nouvelle".
08:34 C'est ça, c'est tous les financiers, ceux qui suivent la bourse,
08:37 on vend sur la nouvelle.
08:38 Donc là, on vend, on ne sait pas.
08:39 Ça ne veut pas dire qu'après, on ne va pas récupérer,
08:41 mais le schéma, c'est qu'on vend.
08:42 Après un krach, vous savez, il y en a eu un l'année dernière,
08:45 on n'en a pas trop parlé, mais tous les actifs ont perdu.
08:48 C'est-à-dire que vous ayez des obligations,
08:49 que vous ayez des actions en portefeuille,
08:51 tout a perdu l'année dernière.
08:52 Pourquoi ?
08:53 Parce qu'il y a eu cette hausse des taux d'intérêt.
08:55 Mais peut-être que les investisseurs ont fait comme si
08:57 on était, Philippe, dans le monde dont on parlait en 2020.
09:01 - À -0,75%.
09:02 - Et ils n'ont pas voulu voir ce que ça changeait.
09:04 Parce que là, ce dont on parle aujourd'hui,
09:06 on parle des banques, mais les entreprises, c'est la même chose.
09:08 Une entreprise aujourd'hui qui va emprunter un particulier,
09:11 qui va emprunter...
09:12 On n'est plus à ce niveau-là, on est à ce niveau-là.
09:14 Et l'entreprise qui va payer des charges,
09:15 qui ne paye rien sur sa trésorerie,
09:17 aujourd'hui, elle va chercher,
09:19 elle va avoir des coûts fixes importants.
09:21 - Et alors, Bruno Le Maire a déclaré pas d'alerte spécifique
09:23 pour les banques françaises.
09:25 Alors, on est couvert en France, pas jusqu'à 250 000 dollars,
09:27 mais jusqu'à 100 000 euros par rétablissement bancaire.
09:30 Est-ce qu'il y a des dangers pour les banques françaises, à votre avis ?
09:33 - Sur l'immobilier, en tout cas, certaines banques,
09:36 elles ont des risques, je dirais,
09:39 des gens qui font ça tous les jours,
09:41 qui regardent exactement...
09:43 En fait, ce qui compte, Philippe, c'est la diversité des actifs.
09:45 C'est-à-dire, vous êtes concentré...
09:47 Vous savez, quand on parlait des subprimes de 2008,
09:49 ils étaient concentrés... Dans les subprimes,
09:51 vous aviez de l'immobilier,
09:53 vous aviez du crédit auto, du crédit consommation,
09:55 parce que les Américains vivent à crédit.
09:57 Et puis, dans ces packages-là, on vous disait,
09:59 "Mais ça, c'est bon, ce produit-là, il perdra jamais."
10:01 - Ce qui est... - On l'a révélé faux.
10:03 Mais aujourd'hui, les banques françaises
10:05 n'ont pas le même bilan que les banques américaines,
10:07 donc on ne peut pas comparer,
10:09 mais elles ont aussi des sujets de risque,
10:11 parce que sur les startups, on peut en trouver des dizaines d'exemples,
10:13 ou des investisseurs, et il y avait eu des alertes,
10:15 on en avait parlé ici même,
10:17 des alertes sur la finance. Vous aviez
10:19 quelqu'un de chez Amundi
10:21 qui avait expliqué que sur les startups,
10:23 à force de vendre la startup,
10:25 de faire une levée de fonds, de la vendre à X, à Y,
10:27 vous étiez dans ce schéma
10:29 de Ponzi, de machin, donc il y avait un vrai sujet.
10:31 - Et en fait, ce que ça met en cause... - On appelle maintenant une "Madoff".
10:33 - Voilà, et ce qui se passe aux États-Unis,
10:35 là, c'est le capital investissement qui est concerné,
10:37 les startups, le financement, donc la tech
10:39 est inquiète de ça, du fait que ce...
10:41 Est-ce qu'on va pouvoir continuer à financer des startups ?
10:43 - Il peut y avoir des grosses conséquences pour la tech américaine.
10:45 - Celui qui, aujourd'hui, monte sa startup,
10:47 il a un sujet. Alors, un investisseur dans les startups,
10:49 lui, vous dirait "c'est bon, parce que moi,
10:51 je vais pouvoir investir moins cher dans les startups
10:53 futures", et en fait, il avait
10:55 investi, lui, par exemple, en 2008, dans le pire
10:57 moment, mais parce que les startups, elles ont
10:59 émergé en 2011-2012. Donc, il ne faut
11:01 pas toujours voir la partie négative
11:03 du moment, crise qu'on a, systémique,
11:05 mais un krach, vous savez, un krach, ça ne se prédit
11:07 jamais, Philippe. - On l'avait vu en 1929,
11:09 même si nous n'étions pas là.
11:11 Autre question,
11:13 les taux d'intérêt, vous avez montré sur votre graphique
11:15 qu'ils ont fondamentalement augmenté,
11:17 je vais faire une hypothèse
11:19 cataclysmique. On a une nouvelle
11:21 crise financière, type 2008.
11:23 Après, tout l'argent qu'on a mis
11:25 en 2008, qui a fait exploser la dette publique
11:27 en France. Après, le quoi qu'il en coûte
11:29 qui a fait ré-exploser la dette
11:31 publique en France, et avec la hausse des
11:33 taux d'intérêt, s'il fallait
11:35 renflouer à nouveau, risque-t-on
11:37 une faillite de la France, voire d'autres États ?
11:39 - Alors, j'ai une citation d'un banquier
11:41 d'affaires, qui s'appelle Rainer Vos, que j'ai eu l'occasion
11:43 d'interviewer en 2014, et elle est pour moi
11:45 fondamentale. Les pays ne font pas
11:47 faillite parce qu'ils n'ont
11:49 plus d'argent, mais parce qu'on pense qu'ils peuvent
11:51 faire faillite. Donc, c'est le sentiment,
11:53 c'est le manque de confiance qui en effet ça, et à un moment
11:55 donné, on avait eu ce sentiment
11:57 contre la France, et lui, il avait même parié contre la France
11:59 en disant "la France fera pas faillite", et puis il m'a dit
12:01 "non, finalement, elle n'a pas fait faillite, elle a
12:03 tenu". Mais Philippe, un point important, la hausse
12:05 des taux courts, ce qui s'est passé sur les hausses de taux,
12:07 le rebord, par exemple, c'est pour les entreprises dont
12:09 elles voient leur charge financière augmenter, mais
12:11 l'État français, dont vous parlez, on est à 3,10%
12:14 sur 10 ans, on était à 0,7%
12:16 il y a un an. Donc, ça veut dire qu'aujourd'hui...
12:18 - La charge de la dette, je crois qu'elle absorbe tout l'impôt
12:20 sur le revenu, et même un peu plus. - Il y a beaucoup de débats
12:22 sur les retraites, là on voit, si on regarde la charge
12:24 de la dette qui explose, donc c'est
12:26 un vrai sujet, c'est-à-dire ce qu'ont fait aujourd'hui les banques
12:28 centrales, oui, il y a des conséquences
12:30 sur les entreprises, des conséquences sur les banques dont on a parlé,
12:32 mais bien entendu, les États sont concernés,
12:34 et notamment les États qui n'ont pas fait d'économie.
12:36 Et j'ai envie de citer un
12:38 dirigeant d'entreprise qui m'avait dit, Didier, vous savez,
12:40 qui avait créé sa société dans les années 70, il avait dit
12:42 "les crises, il y en a tous les 3 ans".
12:44 Donc, il faut... alors peut-être
12:46 on ne s'en rend pas compte, ce n'est pas une crise mondiale
12:48 - Oui, ce n'est pas la crise de 29, ou la crise de 73. - Voilà.
12:51 Mais il y a des crises tous les 3 ans, et donc il faut avoir du cash,
12:53 il faut avoir tous les 3 ans, dans mon
12:55 entreprise, il faut que j'ai du cash, au cas où ça arrive,
12:57 et où je puisse tenir.
12:59 Et ça, je pense que c'est un message positif,
13:01 mais toutes les entreprises ne peuvent pas le faire,
13:03 et l'État est endetté aujourd'hui, et les entreprises
13:05 qui sont endettées, alors que les taux sont montés comme ça,
13:07 alors les marchés, Philippe, pour terminer là-dessus,
13:09 ils ont anticipé, eux, ça y est, ça allait baisser.
13:11 C'est-à-dire que les taux d'intérêt allaient baisser.
13:13 Mais est-ce que ça va être le cas avec cette inflation
13:15 dont on a parlé, l'inflation alimentaire qui est là,
13:17 qui dure, qui va durer ?
13:19 On parle de transition énergétique, c'est de l'inflation,
13:21 il y a partout, il y a de l'inflation. Donc, est-ce qu'ils peuvent ?
13:23 - Mais est-ce qu'on n'est pas dans la quadrature du cercle ?
13:25 C'est-à-dire, les banques centrales,
13:27 je pense en particulier à la BCE et à la Fed,
13:29 augmentent les taux d'intérêt,
13:31 et elles tuent l'économie, avec notamment les banques,
13:33 où elles les baissent, et dans ces cas-là,
13:35 elles vont exploser l'inflation, et elles ruinent les ménages.
13:37 Est-ce qu'on n'est pas dans la quadrature du cercle ?
13:39 - Oui, c'est clairement ça.
13:41 C'est clairement ce que vous disent un certain nombre de financiers,
13:43 c'est-à-dire que c'est les pompiers pyromanes, vous savez.
13:45 - Oui, c'est-à-dire qu'ils sont pompiers,
13:47 mais ce qui tire la lance, c'est de l'essence et pas de l'eau.
13:49 - Exactement, et là, ils sont arrivés trop tard.
13:51 Et de toute façon, la hausse des taux aujourd'hui
13:53 n'empêche pas l'inflation qu'on constate sur les produits alimentaires.
13:55 Donc, leur politique échoue là-dessus.
13:57 Et tous les actifs pourris
13:59 qui ont été mis... - Les "jump bonds",
14:01 comme on disait, vous parliez de quantitativisme.
14:03 - ... qu'on a dans les banques aujourd'hui, ils restent pourris,
14:05 puisqu'on a cette hausse de taux. Et là, ils ne vont pas pouvoir,
14:07 en 2023, d'un seul coup baisser les taux. C'est pas possible.
14:09 - Vous avez parlé des actifs pourris, il nous reste un tout petit peu plus d'une minute.
14:11 Est-ce qu'on a retenu vraiment
14:13 les leçons de la crise de 2008,
14:15 avec la titrisation qui avait fait beaucoup parler
14:17 les "jump bonds" qui inondaient
14:19 certaines banques et qui en avaient poussé à la faillite ?
14:21 Est-ce qu'on a retenu les leçons de 2008 ?
14:23 - Moi, je dirais tout simplement non,
14:25 parce que si on prend les États-Unis,
14:27 malgré les nouvelles réglementations
14:29 sur justement autant de fonds propres, autant de liquidités,
14:31 vous savez que vous n'êtes pas derrière
14:33 chaque investisseur, chaque banquier,
14:35 pour ses choix d'investissement. Et ce que disait
14:37 Hammondi sur la partie
14:39 capital investissement, c'est retrouvé sur la bourse,
14:41 c'est retrouvé sur des financements d'entreprises,
14:43 où finalement derrière, vous aviez un bureau,
14:45 deux fauteuils, trois,
14:47 et vous aviez un PDG qui se payait 15 000 euros,
14:49 il faisait pas de chiffre d'affaires. Bon, à un moment donné,
14:51 c'est ce qu'on a. Mais tant qu'on était
14:53 dans cet univers de taux bas,
14:55 personne ne voyait ça. Et en fait, le risque qu'on a
14:57 aujourd'hui, qui est identifié, c'est qu'on va en découvrir
14:59 d'autres. Ça veut pas dire qu'il y a un risque
15:01 systémique, c'est-à-dire que BNP sera plus
15:03 en danger que cette Silicon Valley,
15:05 mais toutes les banques vont devoir aller
15:07 regarder encore de plus près leurs actifs et vérifier
15:09 qu'ils ont bien diversifié leur risque.
15:11 - Merci beaucoup Didier Testo, fondateur
15:13 de la Bourse et la Vie TV,
15:15 animateur dans le Grand Matin Weekend
15:17 de l'Info&Q+ en compagnie de Jean-Marie Bordry,
15:19 qu'on salue, puisque comme il bosse jusqu'au dimanche,
15:21 il est en week-end. Merci à vous, on va suivre
15:23 ça de très près en votre compagnie. Merci Didier Testo.

Recommandée