Tous les matins après le journal de 8h30, Emmanuelle Ducros dévoile aux auditeurs son «Voyage en absurdie», du lundi au jeudi.
Retrouvez "Voyage en absurdie" sur : http://www.europe1.fr/emissions/chronique-en-absurdie
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00:00 - Allez place, tiens, après les caf' !
00:02 - Allez, Emmanuel, t'écoutes !
00:04 - Après les rats, les surmulots, Emmanuel !
00:06 - Je reste pour la chronique, parce que je sais pas ce qu'elle fait en fait,
00:08 je la vois tous les matins et je...
00:10 - Et bien voilà, vous allez l'écouter, elle nous parle des ordures ce matin,
00:12 qui s'entassent à Paris avec la grève des éboueurs.
00:14 Vous avez décidé de jouer aux devinettes ce matin, Emmanuel.
00:17 - Oui, je suis d'humeur assez taquine aujourd'hui,
00:19 je vais donc vous proposer de deviner qui a tenu les propos que je vais citer
00:22 face à un amoncellement d'ordures qui commence à poser des problèmes sanitaires.
00:25 J'ouvre les guillemets.
00:26 Nous avons pu accéder aux garages dans lesquels sont les camions-bennes
00:30 qui permettent le ramassage des ordures à Paris.
00:32 Nous avons mobilisé la collecte privée pour nous aider à résorber tout cet existant
00:35 qui n'est pas tolérable.
00:36 Je l'ai dit, je ne veux pas que la ville soit dans cet état.
00:38 D'abord, il y a l'image, la question sanitaire, la question de la sécurité également.
00:42 Je mets en place les moyens de résorber, les ordures seront ramassées.
00:45 Maintenant, aujourd'hui, elles sont en train d'être ramassées.
00:48 - C'est de la fermeté, ça. C'est Christian Estrosi ?
00:50 - Pas du tout.
00:51 - Ben non, en fait, c'est Annie Dalgo, vous m'avez écrit la réponse.
00:53 - Si j'ai bien compris sa déclaration, elle est d'accord avec la réquisition des éboueurs
00:57 annoncée par le préfet hier soir ?
00:59 - Ah ben non, il y a un piège.
01:01 C'est bien Annie Dalgo qui parle, mais c'est l'ancienne Annie Dalgo, celle de 2016,
01:05 celle qui avait décidé de frapper fort contre les éboueurs en grève contre la loi travail.
01:10 Mais ce n'était pas pareil.
01:11 Le président à l'époque, celui qui soutenait une loi impopulaire
01:14 et qui mettait les syndicats dans la rue, c'était François Hollande.
01:17 Alors, il n'y avait aucun problème à tordre le bras à ses opposants,
01:20 à briser la grève en réquisitionnant du matériel et en faisant appel à des pressataires
01:24 au nom de la salubrité publique.
01:26 - Enfin, le ministre de l'Intérieur, Gérald Darmanin, a téléphoné personnellement à Annie Dalgo
01:30 pour l'exhorter à réquisitionner les rippers.
01:32 Il la menaçait de faire intervenir l'État.
01:34 Elle n'a pu que comprendre ces arguments de santé publique
01:37 que posent les ordures dans la capitale.
01:39 - Ah ben non, c'est toujours pas pareil.
01:41 Ce qui posait des problèmes d'image, qui était préoccupant pour la santé publique
01:45 et intolérable pour la sécurité en 2016,
01:47 est devenu un mode d'action totalement respectable en 2023.
01:50 Il faut lire la lettre qu'elle a adressée au préfet de police
01:53 qui lui intimait d'agir au nom du ministre de l'Intérieur.
01:56 "J'ai conscience", explique Annie Dalgo, "des désagréments causés par la crise actuelle
01:59 aux habitants, commerçants et visiteurs de la ville.
02:01 La situation que vous évoquez est entièrement imputable à la volonté du gouvernement
02:05 de légiférer pour reculer l'âge du départ à la retraite.
02:08 La seule réponse susceptible d'apaiser le climat actuel
02:10 est d'engager le dialogue social plutôt que de livrer une épreuve de force
02:14 en procédant aux réquisitions que vous appelez de vos voeux.
02:16 Dès lors, je vous informe que je ne donnerai pas suite à votre sollicitation."
02:19 Résumons. Là où il y avait moyen de moyenner, comme on dit en 2016,
02:24 il n'y a plus moyen du tout en 2023.
02:26 Cette fois-ci, Annie Dalgo se drape dans sa dignité.
02:28 Pas question de jouer les social-traîtres, plein soutien aux grévistes.
02:32 Et elle ajoute, assez ironiquement,
02:34 "il est paradoxal que l'État demande aux collectivités territoriales
02:37 de régler un problème qu'il a lui-même créé
02:39 et la réquisition est une compétence de l'État".
02:42 Ça, ça s'appelle vraiment jouer sur les mots.
02:44 Il y a quand même un peu de mauvaise foi dans cette affaire.
02:46 À un niveau magistral. Pour deux raisons.
02:49 D'abord parce qu'en 2016, on avait bien trouvé un moyen de nettoyer la ville
02:51 en contournant ouvertement les grévistes, sans les réquisitionner.
02:55 Et parce que, c'est déjà le cas, mais en secret,
02:58 dans la nuit de mardi à mercredi, dans plusieurs arrondissements de la capitale,
03:01 le 2e, le 16e, le 17e, on a vu des camions et des personnels de société privés
03:06 payés par la mairie, ramassés en douce d'états d'immendice.
03:09 Bah oui, un soutien total aux grévistes, mais sans trop fâcher les électeurs quand même.
03:13 Bref, là c'est l'État qui va s'en charger.
03:15 C'est bien pratique, la maire de Paris peut continuer à jouer la passionaria des containers.
03:19 Et j'ai envie de dire, elle est poubelle la vie !
03:21 Ah bah ça c'est le jeu de mots du moment ça !
03:23 Merci beaucoup Emmanuel Ducrot du journal L'Opinion.