La parole aux Français du 17/03/2023

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L'actualité vue par les témoins du quotidien, présenté par Clélie Mathias dans #LaParoleAuxFrancais

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00:00:00 C'est News, il est 14h, bonjour à tous, bienvenue dans La Parole au Français,
00:00:04 l'actualité avec vous et au plus proche de vous.
00:00:07 La colère gronde dans le pays depuis qu'Elisabeth Borne a enclenché hier l'article 49,
00:00:11 alinéa 3 de la Constitution.
00:00:14 Plusieurs milliers de personnes étaient rassemblées hier lors d'une manifestation spontanée
00:00:17 Place de la Concorde à Paris.
00:00:19 Plusieurs centaines de personnes ont été interpellées après des dégradations.
00:00:22 Nous serons notamment avec des commerçants et des riverains du 8e arrondissement et des alentours,
00:00:26 mais également avec des routiers ou encore des étudiants.
00:00:29 C'est La Parole au Français et on démarre juste après le journal d'Audrey Bertheau.
00:00:33 Bonjour Audrey.
00:00:34 Bonjour Michael, bonjour à tous.
00:00:36 Les manifestations contre la réforme des retraites et le déclenchement du 49.3 continuent aujourd'hui.
00:00:41 On va tout de suite prendre la direction de Bordeaux, rejoindre Antoine et Steph.
00:00:45 Antoine, les manifestants ont réussi à entrer dans la gare Saint-Jean.
00:00:49 Ils étaient il y a quelques minutes sur les rails, mais le mouvement semble s'apaiser.
00:00:58 Oui, effectivement, ça commence maintenant à se vider, ce parvis de la gare Saint-Jean que vous voyez en direct sur ces images.
00:01:05 Il y a quelques minutes, ils ont pu pénétrer à l'intérieur de la gare.
00:01:08 Ils ont bloqué la gare entièrement, puisqu'ils étaient quelques dizaines sur les voies,
00:01:14 des TGV notamment, qui ont été bloqués pendant 30 minutes environ.
00:01:18 Donc ils ont réussi leur opération, c'est ce qu'ils nous ont confié il y a quelques instants.
00:01:23 Ils ont aussi expliqué qu'en fait ce genre d'opération allait maintenant se multiplier chaque jour.
00:01:28 Ce qu'ils souhaitent, ce n'est plus forcément de grands mouvements, des grandes manifestations, des cortèges avec beaucoup de monde dans les centres-villes,
00:01:35 mais des opérations de blocage ponctuelles, plus fréquentes, des opérations de blocage des gares,
00:01:40 par exemple comme cette opération qu'on a vécue en direct sur CNews ce midi,
00:01:44 mais aussi des opérations, pourquoi pas, de blocage de stations-services, des blocages d'hôpitaux,
00:01:49 des blocages, comme nous expliquait tout à l'heure une dame de l'intersyndicale, des blocages d'entreprises aussi dans la région.
00:01:55 Tout cela va s'organiser dans les jours qui viennent, en tout cas avec les assemblées générales qui vont avoir lieu.
00:02:00 Et une autre manifestation est déjà convoquée pour ce soir, qui va se prévenir à partir de 17h, Place de la Victoire à Bordeaux.
00:02:07 Et lundi aussi, donc vous voyez, ils cherchent absolument à occuper le terrain de cette grogne anti-réforme des retraites.
00:02:15 Merci beaucoup Antoine et Stéphane, en direct de Bordeaux.
00:02:19 On reste en région où les opposants à la réforme des retraites ne lâchent rien.
00:02:23 À Rennes, une nouvelle manifestation a lieu.
00:02:26 Aujourd'hui, le rendez-vous était donné à 11h, Place de Bretagne, et vous le voyez, la manifestation se poursuit.
00:02:32 Hier, la préfecture a annoncé que 14 personnes avaient été interpellées à Rennes.
00:02:37 Et 12e jour de grève pour les éboueurs.
00:02:40 Plus de 10 000 tonnes de déchets non ramassées à Paris.
00:02:43 Particuliers comme commerçants commencent à s'inquiéter des conséquences sanitaires de l'accumulation de ces tonnes de déchets.
00:02:49 Maxime Lavandière et Régine Delfour.
00:02:51 17h, les parents viennent chercher leurs enfants à l'école.
00:02:57 Mais devant l'entrée, des poubelles obstruent le passage.
00:03:00 Ils s'amassent même le long des trottoirs.
00:03:03 Une situation devenue inacceptable pour les parents.
00:03:06 Ils trouvent ça ignoble, ils ont 7 ans et 3 ans, ils vont sortir au milieu de ces imbondisses, c'est juste pas normal.
00:03:13 Non mais c'est intolérable, on va pas revenir au Moyen-Âge quand même.
00:03:18 Une inquiétude qui porte surtout sur les risques sanitaires liés à cette accumulation de déchets.
00:03:22 De tout temps, les déchets ça a été une source de maladie, une source d'infection,
00:03:27 parce que ce sont des produits en décomposition,
00:03:30 dans lesquels se développent des bactéries essentiellement et parfois peuvent se véhiculer aussi des virus.
00:03:37 Des bactéries comme la leptospirose, appelée aussi la maladie de l'égouttier, mortelle pour l'homme,
00:03:42 qui se répandent sur les déchets par l'urine des rats,
00:03:44 mais aussi la salmonellose qui se transmet par simple contact de la nourriture par la salive, l'urine ou les excréments des rats.
00:03:51 Des maladies dont certaines personnes sont plus à risque que d'autres.
00:03:54 Premiers, aux femmes enceintes, vraiment elles n'ont pas besoin d'une infection, d'une infection salmonelle, d'une infection virale, d'une façon générale.
00:04:04 Bien évidemment les enfants et d'une façon générale les gens malades.
00:04:07 Une situation qui devrait s'améliorer dans les prochains jours.
00:04:09 La préfecture de police a ordonné des réquisitions pour vider les poubelles qui s'entassent dans la capitale.
00:04:15 Et cette application peut être révolutionnaire de Nantais, victimes d'agressions dans la rue.
00:04:21 Ils vont mettre en ligne le mois prochain un GPS qui proposera les itinéraires les plus sécurisés en ville.
00:04:26 L'application pour smartphones s'appellera Wave, une application qui sera développée dans les 10 plus grandes villes françaises.
00:04:33 Jean-Michel Decaze.
00:04:34 Le nez sur l'écran, geste bien connu des piétons pour trouver leur itinéraire.
00:04:41 Cette nouvelle appli permettra aux Nantais d'emprunter les chemins les plus sécurisés de jour comme de nuit.
00:04:47 Des trajets où il y a le plus de monde possible.
00:04:50 On part d'une map qui recommande essentiellement des rues éclairées et avec des caméras de surveillance, des grands boulevards.
00:04:57 Nos utilisateurs ont la possibilité d'effectuer plein de signalements en direct.
00:05:01 S'ils voient une agression physique, une agression verbale, ils peuvent le signaler et tous ces signalements sont pris en compte.
00:05:06 Et modifier les itinéraires suivants des futurs utilisateurs en conséquence.
00:05:11 Autre fonction essentielle de l'appli Wave, prévenir automatiquement un cercle d'amis en cas d'agression.
00:05:18 Sans avoir à sortir le téléphone de sa poche grâce à une intelligence artificielle comportementale.
00:05:23 Par exemple, je me fais agresser, je tombe par terre ou alors je me mets à courir parce qu'on est en train de me courir après.
00:05:30 Mon téléphone me connaît, il sait l'altitude de laquelle il est de manière normale et il sait quand il est par terre.
00:05:35 L'appli sera disponible à Nantes le 13 avril prochain. Viendront ensuite Toulouse et Bordeaux en septembre avant les dix plus grandes villes françaises.
00:05:43 L'appli de base sera gratuite.
00:05:47 Et voilà pour l'essentiel de l'actualité à 14h.
00:05:49 Miquel.
00:05:50 Merci beaucoup Audrey et à tout à l'heure la parole aux Français en direct jusqu'à 15h30 avec Philippe Bilger que j'ai le plaisir d'accueillir.
00:05:57 Un habitué des plateaux de CNews.
00:05:59 Première fois que j'ai le plaisir de vous avoir en plateau à mes côtés.
00:06:02 Bonjour cher Philippe.
00:06:03 Bonjour.
00:06:04 On est d'accord.
00:06:05 Pardon, même l'émission.
00:06:07 Vous avez eu une confiance.
00:06:09 Jonathan Sixou, journaliste chez Causeur.
00:06:12 Bonjour Miquel.
00:06:13 Bonjour Jonathan. Des violences à Paris et dans plusieurs grandes villes la nuit dernière après la décision du gouvernement d'utiliser le 49.3 pour faire passer en force sa réforme des retraites.
00:06:23 310 personnes ont été interpellées hier en France dont 258 à Paris, près de la place de la Concorde notamment.
00:06:30 Nous sommes avec Nils qui est responsable du restaurant Bagel Corner qui se trouve rue La Boétie dans le 8e arrondissement.
00:06:38 Bonjour.
00:06:39 D'abord merci d'être avec nous en direct cet après-midi.
00:06:41 Merci pour l'invitation.
00:06:43 Vous êtes dans le quartier où la manifestation a dégénéré hier.
00:06:47 Racontez-nous d'abord comment est-ce que vous avez retrouvé votre boutique ce matin ?
00:06:51 J'ai retrouvé à partir de cette salle de boulot ici.
00:06:56 Tout d'abord, je voulais accepter de vous présenter.
00:07:00 Alors, on vous entend très très mal Nils.
00:07:05 On va essayer de rétablir la connexion avec vous en régie.
00:07:09 On va vous avoir un petit peu plus tard Jonathan Sixsou.
00:07:12 Vous avez vu ces images de heurts, de violences dans les rues de Paris encore une fois malheureusement en marge des manifestations.
00:07:20 On a bien vu surtout place de la Concorde mais également dans d'autres villes de province hier soir
00:07:25 que ce n'était pas des syndicats qui manifestaient et qui mettaient le feu ou saccageaient des boutiques.
00:07:30 C'était des jeunes, des étudiants ou pas.
00:07:33 On ne connaît pas vraiment leur profil mais il suffit de voir les images pour voir que ça n'était absolument pas des leaders syndicaux
00:07:40 qui avaient appelé à la grève et encore moins à la manifestation.
00:07:44 Ce sont des images intolérables, ce sont des images qui se répètent à chaque fois.
00:07:48 C'est à titre personnel une sorte de dégoût à force de voir ces images et que rien ne progresse malheureusement dans un sens ou dans l'autre.
00:07:56 Et la surdité, la cécité du gouvernement aussi est assez aberrante.
00:08:02 Là où on peut également être agacé, c'est que la réponse du gouvernement pourrait être "simple"
00:08:08 en mettant sur la table une histoire économique.
00:08:12 Nous vivons dans un pays qui est quasiment en banqueroute à 3000 milliards de dettes.
00:08:17 Si on veut préserver notre modèle social, que ce soit les retraites et autres, nous avons besoin d'argent.
00:08:23 Or, l'argent, comme nous vivons à crédit, nous avons besoin de personnes qui nous donnent de l'argent en ayant confiance,
00:08:30 que nous ayons des trésoreries et des trésoriers qui ont confiance en notre modèle.
00:08:35 Je ne vois pas comment on peut expliquer aux gens qu'il est nécessaire de travailler davantage,
00:08:40 simplement pour produire davantage de richesses.
00:08:43 Et quand on voit d'autres pays, des voisins européens, que ce soit l'Espagne ou l'Italie,
00:08:48 où l'âge de départ à la retraite est de 67 ans, l'espérance de vie dans ces pays est supérieure à l'espérance de vie en France.
00:08:56 Donc même notre cadre de vie, si je puis dire, n'est pas meilleur en travaillant moins.
00:09:02 Philippe Bilger, Jonathan Cixous nous parlait de ces images qu'on voit à l'écran, ces poubelles en feu,
00:09:09 ces commerces dégradés dans les rues de Paris. Il nous dit que ce ne sont pas les syndicats qu'on voit.
00:09:14 Est-ce que les syndicats ne sont pas en train de perdre le contrôle de ce mouvement ?
00:09:19 Alors, Michael, si vous le permettez, j'aimerais faire le départ entre ces violences et ces dégradations inadmissibles
00:09:27 et ce qu'il y a eu d'intéressant, voire de passionnant, dans la manifestation spontanée et inventive d'hier soir.
00:09:35 Je n'ai pas envie, d'ailleurs je n'en aurais pas la compétence, de discuter le point de vue de Jonathan Cixous,
00:09:43 mais on peut être pour ou contre le projet de loi sur les retraites et considérer que les modalités
00:09:52 qui ont permis à celui-ci d'être adopté avec un 49.3 sont tout à fait calamiteuses.
00:09:59 Donc je crois que je voudrais réserver à supposer que mes explications soient pertinentes pour la suite du débat.
00:10:08 Mais il est scandaleux de voir en effet ces commerçants totalement empêchés de travailler
00:10:16 comme si en réalité une juste cause avait besoin d'une telle rançon. C'est un scandale.
00:10:22 Et puis quelle image ça renvoie aussi Jonathan Cixous, parce qu'on a à chaque fois malheureusement l'impression
00:10:28 que ça dessert totalement la cause des syndicats, qu'hier soir l'intersyndical appelle à continuer le combat.
00:10:36 Il y a effectivement une manifestation qui est organisée spontanément en place de la Concorde et puis derrière ça dégénère.
00:10:43 Donc on imagine que ce n'est pas ce qu'attendent réellement les Français.
00:10:46 Ça n'est pas ce qu'attendent les Français, parce qu'évidemment les Français respectent le travail, la valeur travail,
00:10:51 respectent les commerçants, respectent leur environnement.
00:10:54 Ça c'est une évidence qui n'est pas à remettre en cause selon moi.
00:10:57 Ce sont toujours les mêmes qui commettent ce type d'exactions.
00:11:02 On voit je crois qu'à Paris, le Tolbiac est bloqué. Ça ne correspond plus à rien.
00:11:07 Et dans le fond, là j'ai déjà eu l'occasion de vous le dire, le message même de fond, indépendamment de ces violences,
00:11:15 c'est le message envoyé. C'est quoi un pays dont la jeunesse manifeste pour la retraite, pour une réforme de la retraite.
00:11:21 Quel est le message d'un pays, quel que soit le régime, quel que soit le continent, la jeunesse a toujours été l'avenir d'un pays.
00:11:28 Or quand vous manifestez pour votre retraite quand vous avez 20 ans, il y a un message hyper négatif qui est envoyé je trouve.
00:11:34 Alors on va retrouver justement Nils, que visiblement la liaison a été rétablie avec Nils, qui est donc responsable de Bagel Corner rue La Boétie dans le 8ème.
00:11:44 Est-ce que cette fois-ci vous nous entendez ? Est-ce qu'on vous entend correctement surtout Nils ?
00:11:47 Moi je vous entends en tout cas.
00:11:49 Et là c'est parfait. Je disais que vous étiez dans le quartier où la manifestation avait dégénéré hier.
00:11:53 Racontez-nous comment est-ce que vous avez retrouvé votre commerce ce matin ?
00:11:58 Bah écoutez, comme toute la rue de La Boétie, les poubelles étaient toutes calcinées, les déchets par terre brûlés.
00:12:06 C'était assez terrifiant. Et devant mon enseigne également.
00:12:10 L'établissement était fermé hier à 18h. Comment était l'ambiance dans le secteur lorsque vous avez quitté l'établissement ?
00:12:21 Assez calme. Simplement on a vu passer quelques CRS qui probablement allaient vers la Concorde, mais nous on n'était pas au courant.
00:12:31 Et ensuite c'est ce matin qu'on a découvert la rue à l'envers.
00:12:37 Ça veut dire que vous ne vous attendiez pas à ce que ça dégénère de cette façon ?
00:12:41 Non, je l'ai appris hier soir en suivant les actualités.
00:12:45 Et je craignais effectivement qu'il y ait des dégradations importantes dans ce quartier.
00:12:50 Au plus fort de la soirée, près de 10 000 personnes ont été rassemblées dans les rues de Paris.
00:12:56 Une manifestation, certains diront spontanée, d'autres sauvages. Vous vous dites quoi ?
00:13:01 Je dirais qu'elle a été assez violente.
00:13:05 En tout cas, ce qu'on a vu aujourd'hui ce matin, ça nous a quand même un peu effrayé.
00:13:11 Des déchets partout, on a dû nettoyer pendant très longtemps ce matin pour accueillir nos clients.
00:13:18 Donc c'est compliqué en ce moment.
00:13:21 Gérald Darmanin, le ministre de l'Intérieur, a justement mis en garde ce matin contre les manifestations spontanées.
00:13:27 Mais est-ce que ce n'est pas le gouvernement qui, d'une certaine façon, a mis le feu aux poudres et qui continue de le faire ?
00:13:35 Probablement que si. Mais aujourd'hui, ce qu'on craint, je ne parle pas pour tous les restaurateurs,
00:13:43 c'est que le mouvement se durcisse. Et là, on craint pour des dégâts plus importants, matériels.
00:13:49 Donc effectivement, il y a des Français en colère, on le conçoit. Mais nous, on craint aussi pour nos commerces.
00:13:58 Vous craignez pour la suite ?
00:14:00 Aujourd'hui, c'est les poubelles. Demain, ce sera peut-être nos vitrines.
00:14:04 Donc forcément, s'il y a de l'inquiétude, je pense que beaucoup de restaurateurs sont dans le même cas que nous aujourd'hui.
00:14:12 On a vu effectivement ces images d'incendie de poubelles. Est-ce qu'il y en a eu, évidemment, à proximité de votre commerce ?
00:14:18 Vous nous le disiez tout à l'heure. Gérald Darmanin a dit aussi que des réquisitions parmi les agents des services de la ville avaient lieu,
00:14:25 que le ramassage avait commencé dans Paris. Est-ce que vous l'avez constaté aujourd'hui près de votre commerce ?
00:14:31 Malheureusement, je n'ai pas vu grand monde. J'ai vu quelques éboueurs dans la rue qui attendaient une benne pour ramasser les déchets qui étaient calcinés.
00:14:43 Mais peu d'éboueurs dans la rue ce matin.
00:14:47 Vous nous dites que pour le moment, les poubelles n'ont pas été ramassées rue Laboissy, dans l'huitième ?
00:14:52 Pour l'instant, elles ne sont absolument pas ramassées.
00:14:56 Et c'est nous-mêmes qui le faisons pour pouvoir attirer nos clients dans des conditions qu'on estime à peu près dignes.
00:15:02 Merci beaucoup, Nils, en tous les cas d'avoir été avec nous cet après-midi, responsable de Bagel Corner, ces rues Laboissy, dans le huitième arrondissement.
00:15:11 Et donc, bon courage. On espère évidemment que ça n'ira pas plus loin dans le quartier.
00:15:15 Nous sommes également avec Anthony Chauveau, qui est président syndicat des sapeurs-pompiers CFTC.
00:15:20 Bonjour Anthony Chauveau, merci d'être avec nous également cet après-midi.
00:15:24 On a vu plusieurs tas de poubelles prendre feu cette nuit dans la capitale.
00:15:27 On en parlait à l'instant avec la personne qui était juste avant vous.
00:15:31 Il faut dire que c'est le douzième jour de grève des éboueurs à Paris et que près de 10 000 tonnes de déchets se sont accumulées dans les rues.
00:15:38 On a beaucoup parlé de risques sanitaires, avec notamment la prolifération des rongeurs.
00:15:44 Le feu en est un autre ?
00:15:46 Le feu en est un autre, effectivement, puisque 10 000 tonnes, ça commence à représenter un sacré paquet d'ordures
00:15:54 qui généralement n'ont pas de difficultés à s'enflammer quand quelqu'un vient s'amuser à les allumer.
00:16:01 Alors la problématique, à la fois, elle peut être liée à tout ce qui est toxicité des fumées dégagées,
00:16:08 mais également, si ces poubelles venaient être le long d'un bâtiment,
00:16:14 on peut se retrouver face à une propagation qui pourrait dégénérer autrement que sur un simple feu de poubelle.
00:16:21 Oui, parce que quels sont les risques finalement quand on met le feu à des tas d'ordures en pleine rue ?
00:16:27 Le risque en lui-même.
00:16:29 Si c'est au milieu de la rue, hormis les fumées qui se dégagent, comme n'importe quel incendie
00:16:35 ou les produits issus de l'action qui se retrouvent dans les fumées,
00:16:41 tout ce qui génère des gaz, les gaz de combustion ont des parties toxiques,
00:16:47 puisque après, on rentre dans la chimie.
00:16:49 Oui, parce qu'on peut imaginer effectivement que les gaz qui émanent de poubelles en feu
00:16:54 ne sont pas terribles pour la santé.
00:16:56 Que ce soit les poubelles ou autre chose, vous savez, tout ce qui brûle,
00:17:01 même une forêt qui brûle, les gaz qui sont générés par le feu ont une partie de toxicité.
00:17:11 La situation…
00:17:13 Donc ce n'est pas la problématique seulement liée à des poubelles en particulier,
00:17:18 mais n'importe quel incendie dégage des fumées qui ne sont pas bonnes pour la santé.
00:17:24 Est-ce que la situation vous inquiète ?
00:17:27 La situation est d'autant plus inquiétante pour les Parisiens
00:17:31 que l'accumulation de ces déchets est une vraie problématique au sens large.
00:17:39 Comme je le disais, il ne faudrait pas que ça dégénère sur des propagations à des bâtiments ou autre
00:17:44 qui pourraient aussi compliquer l'action des secours, le cas échéant.
00:17:51 Jonathan Sixsou.
00:17:52 Oui, bonjour Monsieur. Les images sont spectaculaires,
00:17:55 mais est-ce qu'on a une idée du nombre de départs de feu qui a eu lieu dans Paris ces derniers jours, ces dernières heures ?
00:18:04 Alors, personnellement, je n'ai pas de chiffres en ma possession.
00:18:08 Là, c'est plus du ressort du ministère de l'Intérieur qui seront les plus à même de pouvoir communiquer sur le sujet,
00:18:14 surtout que sur Paris, on est en zone brigade de sapeurs-pompiers de Paris.
00:18:20 Mais au vu de ce qui a pu être vu depuis hier soir, je pense qu'on était par dizaines.
00:18:28 Vous avez des collègues qui ont dû intervenir sur place, notamment hier ?
00:18:33 Les collègues de la brigade des sapeurs-pompiers de Paris.
00:18:36 Après, on sait aussi que dans d'autres villes, il y a eu également quelques débordements sur Dijon
00:18:44 et puis dans d'autres grandes villes de France.
00:18:46 Donc, évidemment, systématiquement, dès lors où les services d'incendie et de secours sont contactés,
00:18:53 ils se déplacent et ils procèdent à l'extinction de ces incendies.
00:18:57 Alors, concernant ces poubelles, le ministre de l'Intérieur nous dit que le ramassage a commencé.
00:19:02 Il semblerait que ce ne soit pas encore tout à fait le cas partout,
00:19:05 ce que nous disait le commerçant du huitième arrondissement qu'on a eu tout à l'heure.
00:19:10 Est-ce que pour vous, c'est nécessaire que ces poubelles soient rapidement ramassées
00:19:15 pour éviter justement ce type d'incendie ?
00:19:19 Alors, bien évidemment, plus tôt elles seront ramassées, mieux ce sera pour tout le monde.
00:19:24 Après, moi, je ne veux pas rentrer dans le débat polémique sur le positionnement des éboueurs,
00:19:30 puisque nous-mêmes, sapeurs-pompiers, on est également en grève.
00:19:34 On participe également aux mouvements en cours sur la réforme des retraites,
00:19:38 nous sommes également directement impactés.
00:19:40 Vous-même, vous êtes en grève, c'est ce que vous nous dites,
00:19:43 mais après, vous comprenez que quand il y a un risque sanitaire,
00:19:47 on puisse demander effectivement à des agents d'être réquisitionnés
00:19:52 pour justement pallier à ce problème-là, de la même façon que vous,
00:19:55 j'imagine que lorsque vous êtes en grève, il reste des sapeurs-pompiers
00:20:00 qui sont là notamment pour des situations d'extrême urgence.
00:20:04 Tout à fait, après, ça, la réquisition, c'est un droit,
00:20:09 ça fait partie aussi des textes réglementaires, le service minimum, nous y sommes assujettis.
00:20:15 Donc là-dessus, je n'aurai pas de commentaire à faire sur ce dispositif qui est légal.
00:20:23 Anthony Chauveau, est-ce que vous avez remarqué depuis quelques années
00:20:28 le fait que dès qu'une manifestation a lieu,
00:20:31 il est quasiment certain que les services d'incendie et de secours seront mobilisés ?
00:20:37 Parce qu'au fond, ça n'est pas automatique.
00:20:39 S'il y avait des manifestants et des manifestations dignes de ce nom,
00:20:44 il n'y aurait pas forcément vos services qui devraient être sollicités
00:20:48 de la manière dont ils le sont.
00:20:50 Oui, tout à fait. Après, j'ai envie de dire, la manifestation, c'est propre à chaque individu.
00:20:56 C'est-à-dire que moi-même, hier, j'ai manifesté,
00:20:59 mardi, j'étais en tête du cortège parisien.
00:21:02 Mais je fais partie des gens qui estiment que ce n'est pas nécessaire,
00:21:09 ce n'est pas en alimentant une poubelle ou autre que je vais pouvoir faire passer mes revendications.
00:21:15 Bien sûr.
00:21:16 Pour vous, c'est le gouvernement qui a mis le feu aux poutres, finalement,
00:21:19 en annonçant hier le déclenchement de ce 49.3 ?
00:21:24 Je pense qu'hier, effectivement, c'était le coup de semence.
00:21:28 C'était tout ce que tout le monde n'espérait pas.
00:21:32 Et en finalité, forcément, ça ne fait qu'accentuer la colère.
00:21:37 Mais il faut voir aujourd'hui les difficultés liées à l'exercice de la politique dans notre pays.
00:21:44 Il n'y a qu'à regarder, ne serait-ce que l'abstention toujours plus grandissante d'élection en élection,
00:21:49 pour s'apercevoir qu'il y a un vrai problème avec le système politique.
00:21:55 Et ça, c'est valable autant au niveau national que ça peut se passer également au niveau local dans les départements.
00:22:02 Quand vous dites que c'était tout ce qu'on voulait éviter, ça a été une surprise pour vous ?
00:22:06 Vous vous attendiez finalement à ce que Elisabeth Borne annonce ce 49.3, ce passage en force ?
00:22:14 Pour être honnête, je ne pensais quand même pas qu'on irait jusqu'au 49.3.
00:22:18 Je pensais vraiment qu'ils auraient au moins le courage d'aller au vote.
00:22:23 C'est un peu une déception, surtout moi qui suis par exemple stadeur-pompier,
00:22:27 qui représente quand même une corporation où le courage fait partie de nos valeurs.
00:22:33 Là, on a l'impression d'avoir face à nous des gens qui ont manqué de courage.
00:22:38 C'est intéressant ce que nous dit Anthony Chauveau-Philbidon.
00:22:42 Il y a de bonnes raisons parce que les pompiers peuvent donner des leçons sur le plan du courage.
00:22:47 Et en effet, c'est une analyse très fine de mon point de vue.
00:22:50 On pourra discuter de la suite tout à l'heure peut-être, mais je reproche fondamentalement,
00:22:57 même si on peut être pour ou contre le projet de loi sur les retraites,
00:23:02 un manque de courage de la part du pouvoir qui n'a pas ové aller au bout du vote politique.
00:23:09 J'aimerais ajouter que ces images de fin du monde dans les rues de Paris, on les doit uniquement à Annie Dalgo.
00:23:17 Ce n'est pas elle qui a allumé la poubelle, mais c'est elle qui a fait que nous sommes dans cette situation depuis dix jours
00:23:22 en refusant de mobiliser des entreprises privées pour ramasser ces montagnes d'ordures,
00:23:27 en refusant l'injonction de la préfecture et du ministère de l'Intérieur,
00:23:30 qui a dû passer outre le refus d'Annie Dalgo, qui instrumentalise à des fins politiques
00:23:36 cette situation dramatique sur un plan sanitaire.
00:23:40 Et on le voit là, sécuritaire. Imaginez ces incendies au pied des immeubles qui puissent gagner des étages.
00:23:46 Il peut y avoir de vrais drames. Annie Dalgo nous prouve qu'elle abuse de sa fonction et tout ça au détriment.
00:23:53 Après, on peut imaginer que même sans les poubelles, il y aurait eu des débordements hier soir.
00:23:57 Elle ne dit pas le contraire. Mais là, je dis que c'est au risque nouveau, cette gradation dans les risques.
00:24:03 On le doit au refus de la ville de Paris de ramasser les poubelles des Parisiens.
00:24:07 On va remercier Anthony Chauveau d'avoir été avec nous, président du syndicat des sapeurs-pompiers CFTC.
00:24:11 Merci à vous Anthony. Dans un instant, on va revenir évidemment sur l'intersyndicale qui appelle à poursuivre le combat.
00:24:19 Une nouvelle journée de manifestation et de grève nationale est d'ores et déjà prévue jeudi prochain, le 23 mars.
00:24:24 On va en parler dans un instant. Pour la suite de La Parole aux Français, toujours en compagnie de Philippe Bilger et de Jonathan Cixous.
00:24:30 A tout de suite sur CNews.
00:24:36 Il est quasiment 14h30. Merci de nous avoir rejoints pour la suite de La Parole aux Français, toujours avec Philippe Bilger et Jonathan Cixous.
00:24:43 On va poursuivre nos discussions avec vous puisque cette émission, vous le savez, vous la faites.
00:24:48 La Parole aux Français, c'est l'actualité avec vous et au plus proche de vous, juste après le rappel des principaux titres de l'actualité,
00:24:54 le Flash Info est signé Mickael Dos Santos.
00:24:56 Le groupe Lyot a déposé à l'instance un motion de censure transpartisane contre le gouvernement.
00:25:05 Une motion co-signée par des députés de la NUPES et qui devrait compter sur le soutien de ceux du Rassemblement National et de certains élus LR.
00:25:12 Le vote de cette motion permettra de sortir par le haut d'une crise politique profonde, a déclaré devant la presse le chef du groupe Bertrand Plancher.
00:25:19 Des manifestants ont envahi par surprise la gare Saint-Jean de Bordeaux.
00:25:24 Des dizaines de personnes et des membres de syndicats ont pris position sur les voies.
00:25:28 La circulation des trains a été coupée pendant environ une heure.
00:25:31 Depuis quelques minutes, le trafic reprend progressivement.
00:25:34 Enfin, le Covid est sur le point d'être une menace similaire à la grippe saisonnière.
00:25:39 Selon l'OMS, le virus ne devrait plus perturber notre société ou nos systèmes hospitaliers.
00:25:44 L'Organisation Mondiale de la Santé espère donc abaisser son niveau d'alerte maximal en 2023.
00:25:49 Merci beaucoup Mickael, Mickael Dos Santos pour le rappel des titres CNews.
00:25:56 Hier en fin de journée, les syndicats ont donc appelé à poursuivre le combat.
00:26:00 Une nouvelle journée de manifestations et de grèves nationales est d'ores et déjà prévue pour le jeudi prochain, le 23 mars.
00:26:06 D'ici là, les syndicats appellent à poursuivre les rassemblements locaux de proximité ce week-end,
00:26:11 avec la crainte de nouvelles actions sporadiques, comme ce matin notamment sur le périphérique parisien, resté bloqué environ une demi-heure.
00:26:18 Alors Sébastien Poté est avec nous. Bonjour.
00:26:21 Bonjour, à tout le plateau.
00:26:23 Vous êtes conducteur routier dans le sud-ouest, c'est bien ça ?
00:26:26 Oui, en Vendée.
00:26:29 À côté de la région, la Gironde-sur-Dro.
00:26:32 D'accord, très bien. Conducteur routier, qu'est-ce que vous transportez ?
00:26:36 Généralement des conteneurs, mais en ce moment les ports sont bloqués,
00:26:40 donc on fait un peu près de touche, je pars la semaine du lundi et je rentre le vendredi.
00:26:44 Est-ce que vous avez ce qu'on peut appeler un métier pénible Sébastien ?
00:26:48 J'ai choisi ce métier parce que je l'aime déjà avant tout, et après oui, c'est un métier assez compliqué et pénible,
00:26:55 et difficile, ça dépend bien sûr des semaines et des jours,
00:27:01 parce qu'à savoir qu'un conducteur routier qui part à la semaine ou à la quinzaine,
00:27:05 parfois même plus, on fait un minimum de 3000 km par semaine, du lundi au vendredi,
00:27:10 avec une amplitude journalière de 15 heures.
00:27:14 Est-ce qu'il y a eu des blocages ou des actions disons sporadiques depuis hier près de chez vous ?
00:27:19 Alors pas de chez moi, je ne peux pas vous le dire parce que je suis constamment sur les routes.
00:27:23 Hier je me trouvais à Miramas, la veille j'étais à Dijon,
00:27:28 donc je n'ai pas eu de problème pour circuler malgré que je soutiens les mouvements,
00:27:33 et que je vais aussi m'y mettre je pense, mais un jour de grève pour moi me coûte 160 euros de perte,
00:27:40 donc il faut bien réfléchir à tout ça, mais pour l'instant on n'est pas impacté,
00:27:44 sauf bien sûr je vous dis les ports bloqués, donc pour les conteneurs c'est très compliqué oui.
00:27:48 C'est intéressant, vous dites que vous soutenez le mouvement, mais pour le moment vous ne vous êtes pas mis en grève,
00:27:54 depuis le début de la mobilisation.
00:27:56 Il est clair que moi je travaille dans un groupe, dans une très bonne boîte d'ailleurs,
00:28:00 mais on n'a pas de syndicat donc c'est compliqué, entre collègues des fois s'il y a un blocage on va s'y mettre,
00:28:06 histoire de participer, mais mis à part les jours de week-end où on peut aller manifester,
00:28:11 la semaine pour moi c'est compliqué, on n'est pas soutenu, on n'a pas de syndicat,
00:28:16 on n'a pas de syndicat, on n'a pas de syndicat, on n'a pas de syndicat, on n'a pas de syndicat,
00:28:18 on n'a pas de syndicat, on n'a pas de syndicat, on n'a pas de syndicat, on n'a pas de syndicat,
00:28:20 on n'a pas de syndicat, on n'a pas de syndicat, on n'a pas de syndicat, on n'a pas de syndicat,
00:28:22 donc on essaie de se débrouiller entre nous, mais à savoir aussi qu'on ne peut pas manifester avec un véhicule,
00:28:26 un ensemble qui ne nous appartient pas, je ne suis pas patron,
00:28:29 donc je serai moi plus pour le blocage de laisser les camions dans les dépôts,
00:28:34 que d'aller faire chier les gens qui vont travailler et qui touchent 1300 balles par jour, par mois, et qui ne peuvent pas manifester.
00:28:41 En parlant de blocage, moi je soutiens vraiment un mouvement de laisser les camions aux dépôts.
00:28:48 Et puis il y a la perte financière qui n'est pas négligeable, c'est ce que vous nous disiez tout à l'heure.
00:28:53 Redites-nous, combien est-ce que vous perdez finalement sur votre salaire si vous êtes en grève une journée ?
00:28:58 Personnellement, moi, une journée de travail c'est 100 euros, et avec mes frais c'est 65 euros.
00:29:03 Donc je perds 165 euros par jour. Donc c'est énorme.
00:29:07 C'est beaucoup, bien sûr que c'est beaucoup.
00:29:11 C'est beaucoup d'argent, Philippe Bilger, et est-ce que finalement,
00:29:14 le gouvernement n'attend pas que le mouvement s'essouffle aussi de cette façon-là ?
00:29:19 C'est-à-dire qu'il y a un moment donné où les syndicats ont beau appeler à poursuivre le combat,
00:29:24 il y a un moment donné où les grévistes vont s'essouffler ?
00:29:29 Il l'espère, le gouvernement, il ne peut pas faire autre chose que l'espérer.
00:29:34 Mais il n'empêche, on l'évoquait tout à l'heure, que la réaction spontanée,
00:29:39 parfois excessive, d'une partie du peuple à la suite de l'usage de ce 49-3,
00:29:45 montre que le pouvoir ne devrait pas s'illusionner.
00:29:49 Il y a quelque chose, pardon de revenir là-dessus,
00:29:52 qui dépasse très largement l'adhésion ou non au projet sur les retraites,
00:29:57 mais qui dénonce profondément les modalités qui me semblent porter un bras d'honneur,
00:30:06 une expression beaucoup utilisée ces derniers temps, à la légitimité démocratique.
00:30:13 Et je pense qu'on l'évoquait tout à l'heure, de cette période effervescente,
00:30:20 il y a pour l'instant, me semble-t-il, et je laisse de côté le pouvoir et le gouvernement,
00:30:25 il y a deux instances qui s'en sortent assez remarquablement,
00:30:29 l'intersyndical jusqu'à maintenant, et j'ose le dire,
00:30:33 parce que ça n'est pas fréquent, le préfet de police Laurent Nunez.
00:30:37 Jonathan Sissou.
00:30:38 Ça c'est à souligner la nouvelle stratégie de maintien de l'ordre,
00:30:44 et apporter ses fruits depuis un certain nombre de manifestations.
00:30:48 J'avais une question, si Monsieur le Président est toujours...
00:30:51 Bien sûr, Sébastien Poté.
00:30:53 La pénibilité de votre métier ne fait aucun doute,
00:30:57 quand on entend parler de 3000 km par semaine.
00:31:01 Quels sont les symptômes physiques, concrètement,
00:31:05 que vous-même ou votre profession en général est susceptible de connaître ?
00:31:11 Écoutez, sur le plan physique, déjà on n'a pas trop le temps de faire du sport,
00:31:14 parce que du lundi au vendredi, on ne peut pas faire trop de sport,
00:31:20 parce qu'on est sur la route.
00:31:22 Et le physique, c'est surtout la conduite,
00:31:25 c'est compliqué de conduire entre 9h et 10h par jour,
00:31:28 parce qu'on a le droit de conduire 2 fois 10h par semaine et 3 fois 9h,
00:31:35 et on fait quand même plus de 700 km par jour,
00:31:38 donc partant de pluie, de grêle,
00:31:41 il y a des conducteurs qui roulent la nuit aussi,
00:31:43 c'est hyper compliqué suivant l'âge.
00:31:45 C'est pour ça que 64 ans, ça peut devenir même dangereux,
00:31:48 autant pour le conducteur routier que pour les autres
00:31:51 qui se trouvent sur la route.
00:31:53 Les amplitudes, comme je vous l'ai expliqué, c'est 15h.
00:31:55 Vous commencez à 5h du matin, vous finissez à 20h.
00:31:57 Même s'il n'y a pas 15h de route, il peut y avoir de l'attente,
00:32:00 mais il y a quand même 9h de conduite et le reste de la journée.
00:32:03 Comme il y a plusieurs branches dans le métier,
00:32:05 il y a le conteneur, il y a le bâcher, il y a la citerne,
00:32:08 il y a d'autres conducteurs routiers qui lèvent des charges lourdes.
00:32:13 Donc tout ça est compliqué, bien sûr.
00:32:16 Et puis le dos prend un coup aussi,
00:32:18 on conduit toute une journée et qu'on reste assis derrière un volant,
00:32:23 j'imagine que le dos souffre.
00:32:25 Moi, j'insiste, pour certains collègues, c'est ce que je fais
00:32:28 pendant les coupures d'un quart d'heure ou de demi-heure,
00:32:30 des étirements, des pompes, des abdos.
00:32:33 J'ai 52 ans, donc j'essaye d'obtenir comme ça la semaine.
00:32:37 Mais oui, surtout le dos.
00:32:39 Et puis on le voit, la prise de poids de certains conducteurs,
00:32:41 c'est catastrophique.
00:32:43 Sébastien Poté, comment est-ce que vous avez réagi hier
00:32:45 face au passage en force du gouvernement sur cette réforme des retraites ?
00:32:50 À quoi ça tente de plus ? Une balle dans la tête.
00:32:52 Comme je le dis, Mme Borne, elle est très gentille,
00:32:55 elle a été tenir un stand de tir à la foire du trône,
00:32:57 a tiré un coup de 49 par Abelhomme,
00:32:59 ça fait la 11e fois qu'elle le sort,
00:33:01 ou qu'elle retourne à l'École nationale des Ponses et Chaussées,
00:33:04 parce qu'elle était bien dans ce domaine-là en 87,
00:33:06 qu'elle y retourne, ou alors la seule chose de bien qu'elle a fait,
00:33:08 c'est de faire 3 000 recrutements à l'Aératp en 2016,
00:33:12 les souvenirs sont bons, le reste…
00:33:14 Je ne suis pas surpris, parce qu'en fin de compte,
00:33:16 il a été élu, il avait déjà parlé que dans son programme,
00:33:19 il y avait quand même le projet de la retraite à 64 ans.
00:33:23 Le problème, c'est que ça fait un peu trop, là,
00:33:25 le cumul, le quoi qu'il en coûte, maintenant, il faut le rembourser,
00:33:27 donc on trouve toujours des filiales pour brouiller un peu les pistes,
00:33:31 donc on fait passer ça sur le rôle d'Ukraine.
00:33:33 L'Ukraine, elle a le bon rôle, l'Ukraine.
00:33:35 Je pense qu'elle va bientôt devenir…
00:33:37 l'Ukraine va devenir le vendeur numéro 1 de la Vaseline,
00:33:40 parce qu'on commence à avoir mal.
00:33:42 On commence à avoir mal, un petit peu.
00:33:44 – Un dernier mot, Philippe Bilger.
00:33:46 – Est-ce que vous partagez l'avis, qui me semble majoritaire,
00:33:50 de l'intersyndical qui disait que, au fond,
00:33:54 si le projet de loi avait été voté normalement, en quelque sorte,
00:34:00 elle en aurait pris acte, en revanche, que le 49-3, c'était un scandale ?
00:34:06 – Oui, c'est un peu plus démocratique quand même,
00:34:08 parce que, législation, on a voté quand même pour des députés,
00:34:11 donc ces personnes-là sont au sujet à nous représenter,
00:34:15 donc oui, ça aurait été démocratique.
00:34:17 Là, le 49-3, c'est plus une démocratie.
00:34:21 Enfin, entre nous, on ne va pas se mentir,
00:34:24 Macron, il faut qu'il s'en aille, c'est catastrophique ce qui se passe.
00:34:28 Il y a trop d'un coup.
00:34:30 – Merci beaucoup Sébastien Poté d'avoir été avec nous.
00:34:33 Matisse nous a rejoint également, étudiant à Paris.
00:34:37 Bonjour Matisse, vous participez actuellement à une manifestation,
00:34:41 c'est ça, du côté de Ivry, dans le Val-de-Marne ?
00:34:45 – Excusez-moi ?
00:34:47 – Est-ce que vous m'entendez Matisse ?
00:34:49 – Oui, je vous entends.
00:34:51 – Oui, je disais que vous êtes étudiant à Paris
00:34:54 et que vous participez actuellement à une manifestation.
00:34:57 – Non, une manifestation étudiante était prévue au départ
00:35:02 de l'université de Tolbiac, fermée pour des raisons administratives,
00:35:06 fermée parce que le gouvernement a peur d'un lien entre la jeunesse
00:35:11 et le reste de la population.
00:35:15 Mais là, je suis à l'heure actuelle devant l'incinérateur d'Ivry
00:35:20 où les éboueurs font grève déjà depuis plusieurs semaines.
00:35:24 Et on est là avec beaucoup de jeunes en réalité,
00:35:28 pour montrer notre solidarité contre les menaces de réquisition
00:35:31 parce qu'on voit que le gouvernement passe en force avec le 49-3,
00:35:34 ce qui est en fait un signe de faiblesse.
00:35:36 Mais la mobilisation, elle, elle ne s'arrête pas
00:35:38 et malgré les tentatives de répression qu'on a pu observer,
00:35:42 notamment là, deux, cinq étudiants ont été interpellés
00:35:46 pour une manifestation totalement pacifique depuis le départ de Tolbiac.
00:35:51 Ça fait suite aux nombreuses manifestations qu'il y a eu ces derniers temps
00:35:54 et on voit que la violence, si elle est quelque part,
00:35:56 c'est du côté du gouvernement avec le 49-3 et tout ce qui se passe à côté.
00:36:00 – Alors il semblerait que ces réquisitions soient plus que des menaces,
00:36:03 puisque ce matin Gérald Darmanin nous disait qu'elles étaient déjà actives.
00:36:07 Alors est-ce que les ramassages de poubelles ont réellement démarré dans Paris,
00:36:11 visiblement pas partout, mais en tous les cas, vous, vous les dénoncez ces réquisitions ?
00:36:16 – Oui, on dénonce clairement toutes les réquisitions,
00:36:20 toutes les interpellations, toutes les actions de la police.
00:36:22 En plus, qui va vraiment faire tourner le ramassage d'ordures ?
00:36:25 Ça ne va pas être la police, ils n'en ont pas les capacités,
00:36:28 ils n'en ont pas les compétences.
00:36:29 Là, ils appellent des compagnies privées, de Richebourg par exemple,
00:36:33 pour jouer aux casseurs de grève.
00:36:35 On voit bien qui saute sur le filon, c'est des entreprises privées
00:36:39 qui, non seulement, comptent bien profiter de la réforme des retraites
00:36:43 pour précariser davantage les travailleurs,
00:36:45 mais là, aujourd'hui, prêtent concours au gouvernement pour casser la grève
00:36:50 et espérer mettre fin à une mobilisation qui est déjà en train de vaciller le gouvernement,
00:36:55 malgré les grands airs qu'il peut se donner.
00:36:57 Et qu'en est-il du risque sanitaire aussi, suite à…
00:37:02 On parle de près de 10 000 tonnes de déchets qui s'entassent depuis 12 jours
00:37:07 dans les rues de Paris.
00:37:09 Le risque sanitaire, si c'était le gouvernement qui s'en préoccupait,
00:37:15 il pourrait faire une chose très simple, c'est de retirer son projet de réforme.
00:37:18 Ce serait la manière la plus simple de mettre fin à cette situation.
00:37:22 On parle beaucoup du chaos qui peut être entraîné par des manifestations,
00:37:26 mais tout ça, c'est la faute du gouvernement, qu'il retire sa réforme.
00:37:30 En fait, ce qui est intéressant, c'est qui fait tourner la société.
00:37:34 C'est pas le gouvernement, c'est pas sa police avec laquelle il compte canaliser
00:37:39 les gens qui travaillent tous les jours, qui font tourner les trains.
00:37:44 On vous entend moins et moins bien, Mathis.
00:37:51 Mathis, ça coupe beaucoup. Est-ce que vous nous entendez toujours ?
00:37:56 Alors, visiblement, on ne l'entend plus.
00:38:01 Vous avez entendu Philippe Bilger, Mathis, cet étudiant.
00:38:05 Visiblement, il continue le combat.
00:38:08 Après, on m'a souvent dit aussi des étudiants qui manifestent que d'ici
00:38:11 à ce qu'ils soient à la retraite, il y aura au moins eu 4 ou 5 nouvelles réformes
00:38:15 des retraites aussi.
00:38:16 Donc, ça aussi, on peut leur répondre.
00:38:18 C'est la question que j'allais lui poser d'ailleurs.
00:38:20 Est-ce que, Michael, il reviendra ? Je l'espère, parce que j'aurais voulu lui poser
00:38:24 une question, puisqu'on a évoqué globalement la jeunesse tout à l'heure.
00:38:28 Je me demande si la jeunesse aujourd'hui n'est pas partagée entre une jeunesse
00:38:35 qui est tombée en dépression à cause du Covid et une jeunesse extrêmement politisée
00:38:42 dont lui-même est une parfaite incarnation gauche, extrême gauche.
00:38:47 Et donc, le reste de la jeunesse, me semble-t-il, ne peut pas être instrumentalisé
00:38:52 dans les combats d'aujourd'hui.
00:38:54 Jonathan Sixou.
00:38:55 Ce n'est pas nouveau que la jeunesse est instrumentalisée en France comme ailleurs,
00:38:59 d'ailleurs, mais là où il y a peut-être une nouveauté, effectivement, Philippe,
00:39:04 c'est la façon dont ça se multiplie davantage, peut-être qu'en termes de proportions
00:39:09 également, les mouvements étudiants sont plus importants aujourd'hui qu'ils l'étaient
00:39:13 il y a quelques années encore.
00:39:16 Je crois aussi que les confinements à répétition ont causé des ravages,
00:39:21 et on le sait, des études le prouvent, des ravages sur la santé mentale.
00:39:26 C'est gradué, évidemment, mais la santé mentale des jeunes, des enfants et des adolescents
00:39:32 jusqu'à les jeunes adultes est très mauvaise.
00:39:36 La France, comme d'autres pays européens, mais en France particulièrement...
00:39:39 Notamment parce qu'ils n'allaient plus en cours.
00:39:40 Exactement.
00:39:41 Mais s'ils font grève, ils ne vont pas en cours non plus.
00:39:43 Plus de vie sociale, etc. durant les confinements, souvenez-vous.
00:39:46 Et la consommation de psychotropes a explosé, même parmi les plus jeunes enfants.
00:39:54 Il y a vraiment une dépression Covid.
00:39:56 Exactement, on peut dire qu'il y a une dépression Covid.
00:39:59 Après, on peut aussi... Bon, c'est dommage qu'il ne soit plus en ligne avec nous,
00:40:04 mais on peut lui opposer quelques arguments.
00:40:07 Évidemment, que ce projet de réforme de retraite ne soit pas bon, soit mal fait,
00:40:12 c'est une évidence qui réunit une grande majorité de Français.
00:40:15 Mais on ne peut pas ne pas dire non plus qu'il ne faille rien réformer en la matière,
00:40:19 parce que c'est une nécessité, il y a une réalité démographique.
00:40:22 On a besoin de plus de cotisants si on veut garder une retraite par répartition.
00:40:27 C'est strictement mathématique.
00:40:29 Et on peut donc demander peut-être à ce monsieur ou à d'autres des recettes magiques.
00:40:34 Le gouvernement les écouterait et les appliquerait avec plaisir.
00:40:39 Mais pour le moment, il n'y a rien à faire.
00:40:41 Vous disiez, Michael, qu'il y aura d'autres réformes qui seront menées.
00:40:46 Évidemment, il y en aura d'autres tant qu'on fera de mauvaises réformes,
00:40:49 tant que l'âge de départ à la retraite, par exemple, n'est pas indexé sur l'espérance de vie.
00:40:54 Plus longtemps on vit, et on vit en bonne santé.
00:40:59 Il n'est pas inenvisageable que l'on puisse travailler plus longuement.
00:41:03 Je mets de côté les pénibilités, les métiers particuliers.
00:41:07 C'est plus qu'un talon d'achille de toute réforme des retraites.
00:41:11 Il y a des métiers plus pénibles que d'autres, plus fatigants que d'autres,
00:41:16 mais ce n'est pas la majorité des métiers.
00:41:19 C'est pour être une piste intéressante de se dire que ça paraît du bon sens.
00:41:25 Plus on vieillit, plus on est capable de vivre vieux et en bonne santé.
00:41:30 C'est un exemple continu de travail.
00:41:33 Il y a quelques semaines, j'ai entendu une manifestante dans les rues de Paris
00:41:38 qui était contre la réforme du départ à la retraite.
00:41:44 Elle était réalisatrice de documentaires.
00:41:46 En quoi un réalisateur aurait une pénibilité particulière ?
00:41:50 Si Steven Spielberg était parti à la retraite à 60 ans,
00:41:54 il y a pas mal de films qu'il n'aurait pas réalisé.
00:41:57 C'est ce que nous disait l'étudiant qu'on a eu il y a quelques instants.
00:42:01 Il y a aussi une forme de solidarité qui s'installe pour certains manifestants,
00:42:05 pour d'autres secteurs d'activité.
00:42:08 La solidarité ne veut pas dire irresponsabilité.
00:42:10 La limite de votre raisonnement très cohérent, Jonathan,
00:42:16 c'est le fait qu'on ne donne pas que des chiffres à un peuple.
00:42:21 Il me semble que la rationalité aurait mérité d'être irriguée par autre chose.
00:42:28 On va accueillir Lionel Delaveau, conducteur de train et militant Sudraïa à Bordeaux.
00:42:33 Bonjour, M. Delaveau, merci d'être avec nous.
00:42:35 L'intersyndicale a appelé hier à poursuivre le combat.
00:42:38 L'affaire n'est donc pas pliée pour vous ?
00:42:40 Non, pas du tout, bien au contraire.
00:42:43 L'annonce du gouvernement de Mme Borne hier soir,
00:42:47 la conséquence c'est que ça a remotivé les troupes
00:42:50 et qu'on a vu déjà d'hier soir et depuis ce matin,
00:42:54 les cheminots reposer massivement la grève,
00:42:56 sachant que pour beaucoup d'entre eux,
00:42:58 ça faisait déjà une dizaine de jours qu'on était en lutte.
00:43:01 Et là, je crois qu'on est passé de la colère à la révolte.
00:43:05 Et grâce à Emmanuel Macron, ou à cause d'Emmanuel Macron,
00:43:08 on va dire que là, les pendules ont été remis à zéro
00:43:11 et qu'on va rentrer dans une nouvelle phase,
00:43:14 un nouveau temps fort de la mobilisation,
00:43:16 avec un rapport de force qui va effectivement changer de camp.
00:43:20 De la colère à la révolte, c'est quoi la prochaine étape ?
00:43:23 La prochaine étape, de toute façon, c'est d'aller au bout
00:43:28 de ce que nous, grévistes, cheminots, on veut
00:43:31 et de ce que l'ensemble de la population en veut,
00:43:33 c'est le retrait du projet de contre-réforme des retraites.
00:43:37 L'idée pour y arriver, c'est de nous organiser par nous-mêmes,
00:43:41 ce qu'on fait, c'est-à-dire qu'on tisse des liens forts
00:43:43 avec un grand nombre de secteurs qui sont dans la lutte,
00:43:47 comme l'éducation nationale, par exemple,
00:43:50 mais également les gilets jaunes.
00:43:53 Nous, ce qu'on discute, ce n'est pas de la technicité de cette loi,
00:43:56 ce qu'on discute, c'est directement d'un autre projet de société,
00:44:00 c'est-à-dire qu'il va même au-delà de nos revendications,
00:44:03 c'est-à-dire qu'effectivement, on le clame haut et fort
00:44:05 dans nos mobilisations et c'est repris en cœur
00:44:07 qu'on veut la retraite à 60 ans,
00:44:09 on veut une retraite avec un taux de cotisation à 37,5 années,
00:44:15 mais on fait le lien avec les salaires également.
00:44:18 Le problème, c'est que ça fait plus de deux mois maintenant
00:44:21 que ce mouvement existe, le gouvernement ne fléchit pas
00:44:24 et si le gouvernement est allé jusqu'au 49-3,
00:44:27 c'est que, visiblement, il n'écoute pas les revendications.
00:44:33 Est-ce que ce n'est pas peine perdue et jusqu'où vous pouvez aller ?
00:44:38 On a entendu tout à l'heure un routier sur l'antenne
00:44:40 qui expliquait que pour lui, faire grève,
00:44:43 c'est perdre une journée de salaire,
00:44:44 que ce n'était pas possible pour lui.
00:44:46 On parle beaucoup d'inflation, de hausse des prix
00:44:49 dans les magasins, de l'alimentaire.
00:44:51 Est-ce qu'à un moment, forcément,
00:44:54 vous n'allez pas finir par vous essouffler
00:44:56 et c'est peut-être ce que le gouvernement attend ?
00:44:58 J'ai l'impression que depuis hier soir,
00:45:02 il n'y a pas de résignation, loin de là.
00:45:05 Il y a la volonté, au contraire, de s'organiser
00:45:08 et de se coordonner et de lutter contre ce gouvernement
00:45:13 qui est dans un déni de démocratie totale.
00:45:16 Macron disait au soir de son élection
00:45:19 que ça l'oblige, parce qu'il sait très bien
00:45:22 qu'il a été mal élu, qu'il sait très bien
00:45:25 que c'est plutôt des gens qui n'ont pas voulu voter
00:45:28 pour le Front National ou le Rassemblement National,
00:45:30 c'est la même chose, et qui ont voté pour lui,
00:45:32 que ça l'oblige.
00:45:33 Et aujourd'hui, on a 80-90 de la population
00:45:36 qui disent non, on ne veut pas de cette contre-réforme
00:45:39 des retraites qui est inutile, qui est injuste,
00:45:41 qui est antisociale, et on voit bien que Macron,
00:45:43 lui, il est rentré dans l'expression d'un rapport de force
00:45:46 entre le capital et le travail.
00:45:48 Et ce dont on parle aujourd'hui,
00:45:50 et ça fait le lien directement avec le retraite,
00:45:52 c'est l'accaparation des richesses d'une partie
00:45:55 et notamment du patronat, dont l'explosion
00:45:59 des profits et toutes les entreprises du CAC 40
00:46:02 sont concernées, on a vu, hein,
00:46:04 le total c'est 20 milliards,
00:46:06 donc si vraiment c'était un problème d'argent,
00:46:09 il suffirait de prendre la moitié des profits totals
00:46:12 qu'il réalise en un an pour combler des problématiques
00:46:16 qu'on devrait rencontrer en 2030.
00:46:18 Et quand on voit l'argumentation de ce gouvernement
00:46:20 qui nous dit "mais pourquoi on fait cette réforme
00:46:22 des retraites ?" et qui nous dit "ben, il faut travailler plus".
00:46:24 Oui, mais pourquoi ?
00:46:25 Ben parce qu'il faut travailler plus.
00:46:26 Mais nous, on est déjà sur le partage aussi
00:46:28 du temps de travail, c'est-à-dire qu'on entend partout
00:46:31 qu'il faille rentrer dans la technicité de cette réforme
00:46:35 et notamment de parler de pénibilité.
00:46:37 Mais déjà, c'est pas pénible.
00:46:38 Lionel Delavaux, ça veut dire que si le gouvernement,
00:46:43 au lieu de vous dire "il faut travailler plus",
00:46:45 vous avez dit "il faut cotiser plus",
00:46:46 est-ce que ce serait mieux passé ?
00:46:48 Non, mais c'est pas une question de savoir
00:46:52 si on doit cotiser plus ou pas,
00:46:53 c'est-à-dire que si on augmente les salaires,
00:46:55 on sait déjà qu'on augmente l'assiette
00:46:57 de cotisation sociale.
00:46:58 Donc, je veux dire, ces sujets-là,
00:47:01 ils sont sur la table déjà depuis des mois.
00:47:03 Ça a même animé la campagne présidentielle.
00:47:06 Il y a eu des débats importants.
00:47:08 Macron s'était engagé à faire des choses
00:47:09 et il fait exactement le contraire.
00:47:11 Donc, effectivement, la colère, elle est forte
00:47:13 et s'est exprimée hier soir massivement
00:47:15 et de façon très spontanée.
00:47:16 Nous, on a vu à Bordeaux, il y a eu plus d'un millier
00:47:19 de personnes qui ont manifesté dans la rue.
00:47:22 Aujourd'hui, on a fait un repas
00:47:25 pour générer justement, tisser des liens,
00:47:28 générer cette convivialité, la festivité,
00:47:30 parce qu'on parle de blocage tout le temps,
00:47:32 mais il n'y a pas que ça.
00:47:33 Et effectivement, face à la violence sournoise
00:47:37 qui a été orchestrée par ce gouvernement-là,
00:47:39 il y a eu un envahissement des voies.
00:47:42 Alors oui, c'est ce qu'on voit.
00:47:43 Pendant que vous parlez, effectivement,
00:47:44 on voit ces images.
00:47:45 C'est la gare de Bordeaux qui a été envahie
00:47:48 avec des manifestants qui sont descendus sur les rails.
00:47:50 Vous y étiez, hein ?
00:47:51 Oui, oui, on était présents.
00:47:54 Nous, on a participé,
00:47:56 dans le cadre de nos discussions collectives,
00:47:58 à rassembler les cheminots devant la gare,
00:48:01 qui est notre outil de travail quand même,
00:48:03 et à rassembler...
00:48:05 Cet appel, du coup, a fait écho dans l'Interpro.
00:48:08 Il y a beaucoup de monde qui est venu.
00:48:10 Et effectivement, voilà, la détermination aussi,
00:48:15 c'est de donner la visibilité à nos luttes
00:48:17 et à nos mouvements, parce qu'on est très nombreux
00:48:20 et qu'on a envie de massifier encore plus
00:48:23 et de continuer cette lutte jusqu'aux retraites,
00:48:25 contre la réforme des retraites.
00:48:26 Et je crois que...
00:48:27 Très rapidement...
00:48:28 Macron, oui ?
00:48:29 Très rapidement, Lionel Delavoye.
00:48:30 Est-ce qu'il y a d'autres opérations de prévues,
00:48:32 dans les prochains jours ?
00:48:33 Évidemment, mais tout ça,
00:48:35 comme partout sur le territoire,
00:48:37 on est en train de réfléchir.
00:48:40 On va essayer, justement, de s'organiser.
00:48:42 Pour ça, on a des assemblées générales,
00:48:45 à la fois cheminots et interprofessionnels.
00:48:49 C'est-à-dire qu'on discute maintenant tous ensemble.
00:48:52 On sent bien qu'il y a une volonté,
00:48:54 et vous le décriez bien sur votre antenne,
00:48:57 il y a une volonté, maintenant,
00:48:59 de radicaliser ce mouvement-là.
00:49:01 Et cette radicalité, elle va s'exprimer.
00:49:03 Et elle sera le miroir de ce que ce gouvernement
00:49:07 nous envoie à ne pas nous écouter.
00:49:10 Merci beaucoup, Lionel Delavoye, d'avoir été avec nous,
00:49:12 conducteur de train et militant sud-rail à Bordeaux.
00:49:14 On marque une courte pause.
00:49:15 Dans un instant, ce sera le journal de 15h,
00:49:17 avec Audrey Bertheau.
00:49:18 Et puis, nous reviendrons sur ce 11e 49.3,
00:49:21 déclenché par Elisabeth Borne.
00:49:22 Le gouvernement d'Emmanuel Macron est-il dans l'impasse ?
00:49:25 On en parle dans la suite de La Parole aux Français,
00:49:27 en direct sur CNews.
00:49:28 Restez avec nous.
00:49:29 C'est 15h sur CNews.
00:49:33 Merci de nous avoir rejoints pour la dernière partie
00:49:35 de La Parole aux Français.
00:49:36 L'actualité avec vous et au plus proche de vous.
00:49:38 On poursuit dans un instant, juste après,
00:49:40 le journal d'Audrey Bertheau.
00:49:42 Rebonjour, Audrey.
00:49:43 Rebonjour, Michael.
00:49:44 Bonjour à tous.
00:49:45 Après le déclenchement par le gouvernement du 49.3,
00:49:48 les députés du groupe indépendant,
00:49:50 l'IOT, viennent d'annoncer le dépôt à l'Assemblée nationale
00:49:52 d'une motion de censure.
00:49:54 Je vous laisse écouter Bertrand Panchet,
00:49:56 le chef de file du groupe indépendant, l'IOT.
00:49:58 Il s'est exprimé devant la presse.
00:50:00 Le groupe l'IOT, Liberté, Indépendant, Outre-mer et Territoire,
00:50:06 que j'ai l'honneur de présider,
00:50:09 va déposer une motion de censure
00:50:11 avec 91 signataires de 5 groupes politiques d'opposition.
00:50:18 Je regrette que mes collègues de LR ne soient pas signataires,
00:50:22 mais j'espère qu'ils seront nombreux à la voter.
00:50:26 Il s'agit d'être utile à notre pays
00:50:29 en votant contre cette réforme des retraites injuste et inefficace.
00:50:34 Et on a également appris que le Rassemblement national
00:50:37 dépose aussi une motion de censure.
00:50:39 On va prendre la direction de l'Assemblée nationale,
00:50:43 rejointe d'Élodie Echar.
00:50:44 Bonjour, Élodie.
00:50:45 C'est la journée des dépôts de mentions de censure.
00:50:48 Il y en a deux qui ont été déposées.
00:50:51 Oui, exactement.
00:50:55 La première, on l'a entendu, c'était par le groupe l'IOT,
00:50:57 qui voulait une motion transpartisane.
00:50:59 Alors 91 signataires.
00:51:00 Pourquoi 91 ?
00:51:01 Parce qu'ils en voulaient plus que le groupe Rassemblement national.
00:51:04 Alors en revanche, sur le côté transpartisan,
00:51:06 ce n'est pas franchement une réussite.
00:51:08 Il y a en fait 5 groupes, le groupe l'IOT évidemment,
00:51:10 et les 4 groupes qui composent la NUPEZ,
00:51:13 c'est-à-dire les écologistes, les socialistes, les communistes,
00:51:15 et puis évidemment LFI.
00:51:17 Les Républicains finalement ne consignent pas cette motion de censure,
00:51:20 parce que sur le côté transpartisan, c'était très dur à trouver.
00:51:23 Les Républicains ne voulaient pas s'allier à la NUPEZ.
00:51:26 Et puis ensuite, dans la foulée,
00:51:27 c'est le Rassemblement national qui a déposé sa motion de censure.
00:51:30 Ils ont voulu laisser la priorité au groupe l'IOT.
00:51:33 Elles seront discuter ces motions de censure sur lundi.
00:51:35 Pas de grand suspens.
00:51:37 Celle du Rassemblement national ne devrait recueillir que les voix
00:51:39 du député du groupe.
00:51:41 Et puis du côté de l'IOT, il faudrait au moins 25 à 30 élus
00:51:44 les Républicains pour faire tomber le gouvernement.
00:51:47 Et évidemment, le compte n'y est pas.
00:51:48 On pourrait être sur 3 ou 4 députés maximum de droite
00:51:50 qui votent sur ce texte.
00:51:52 Merci Elodie Huchard, et merci à Pierre-François Altermat
00:51:55 qui vous accompagne.
00:51:56 Et donc après l'emploi du 49.3 par le gouvernement,
00:51:59 le mouvement semble se durcir.
00:52:02 Dans quel état d'esprit sont les Français et les manifestants
00:52:05 après ce passage en force du gouvernement ?
00:52:08 On va voir ça avec Vincent Farandez-Sophia Dolé et Antoine Durand.
00:52:12 Ils étaient plusieurs milliers hier, rassemblés place de la concorde.
00:52:17 Hostiles à la réforme des retraites, ils se sont cette fois réunis
00:52:20 pour protester contre l'utilisation du 49.3.
00:52:23 Alors qu'il nous annonçait que ça allait passer haut la main,
00:52:26 il est obligé d'utiliser la violence et la force pour faire passer
00:52:29 cette loi scélérate et injuste.
00:52:31 C'est un manque de courage de ne pas affronter le vote démocratique,
00:52:34 de ne pas laisser libre cours au vote des institutions.
00:52:38 C'est impensable qu'il n'y ait pas eu de vote à l'Assemblée nationale
00:52:40 pour ce texte.
00:52:41 Je pense qu'ils auraient moins le courage d'aller jusqu'au vote.
00:52:43 Parmi les manifestants, beaucoup de jeunes, venus spontanément.
00:52:47 J'ai appris dans l'après-midi qu'il y avait le 49.3 qui était lancé
00:52:50 et je trouvais que c'était scandaleux.
00:52:51 Moi je ne suis pas descendu dans la rue auparavant pour ce projet de retraite,
00:52:54 même si j'étais contre.
00:52:56 Et là vraiment j'ai le sentiment de vivre un déni de démocratie,
00:52:59 un déni de l'expression de la représentation populaire
00:53:02 et c'était inacceptable.
00:53:04 C'est pour ça qu'il fallait être là pour moi.
00:53:05 Ce passage en force du gouvernement
00:53:07 pourrait bien venir galvaniser les manifestants.
00:53:10 Non, on y va, le moral on l'a.
00:53:12 Donc on y va et bien sûr qu'on est là depuis le début
00:53:15 et qu'on va continuer.
00:53:16 Ça c'est certain.
00:53:17 Ça donne envie de se battre en fait,
00:53:19 parce que ce n'est pas possible de perdre tous ces droits
00:53:21 et de perdre tout un système.
00:53:22 Et on voit tous les systèmes qui partent en fumée
00:53:24 et ce n'est pas possible quoi.
00:53:25 On ne peut pas tout perdre d'un coup comme ça.
00:53:27 Les syndicats ont appelé à de nouveaux rassemblements de proximité ce week-end.
00:53:31 Le Covid est sur le point d'être une menace similaire à la grippe saisonnière.
00:53:35 C'est ce que vient d'annoncer l'OMS en précisant
00:53:38 que le virus ne devrait plus perturber notre société
00:53:41 ou nos systèmes hospitaliers.
00:53:43 L'Organisation mondiale de la santé espère donc
00:53:45 abaisser son niveau d'alerte maximal en 2023.
00:53:49 Et regardez cette image.
00:53:51 Le pilote polonais Luke Ziepela a atterri en avion
00:53:55 sur l'héliport du Burj al-Arab de Dubaï à 212 mètres.
00:53:58 C'est une première mondiale.
00:54:01 La piste d'atterrissage fait la longueur d'un terrain de tennis à 27 mètres.
00:54:04 Ce pilote de 39 ans a passé sa carrière à repousser les limites de l'aviation.
00:54:09 Il a donc ajouté un nouvel exploit à son palmarès.
00:54:13 Voilà pour l'Essentiel à 15h.
00:54:16 Il ne faut pas se louper là sur la piste d'atterrissage.
00:54:19 Merci beaucoup Audrey Bertheau.
00:54:22 La parole aux Français et nos débats qui se poursuivent
00:54:26 avec Jonathan Cixous et Philippe Bilger.
00:54:30 Je vous trouve là.
00:54:33 Et à l'Assemblée nationale, Audrey Bertheau nous le disait à l'instant dans le journal,
00:54:38 il reste encore quelques minutes seulement jusqu'à 15h20,
00:54:41 jusqu'à la fin de notre émission finalement pour les députés qui souhaitent
00:54:44 déposer leur motion de censure contre le gouvernement.
00:54:47 Hier, Elisabeth Borne a déclenché son 11ème 49.3, peut-être celui de trop.
00:54:52 Gérald Darmanin appelle les députés, les républicains,
00:54:55 à prendre leurs esprits et à ne pas renverser le gouvernement.
00:54:59 On va en parler avec Guillaume Conrad qui est avec nous cet après-midi.
00:55:02 Guillaume Conrad qui est égouttier à Paris, c'est bien ça ? Bonjour.
00:55:06 Exactement, égouttier à Paris.
00:55:08 Je suis le chef de la permanence des égouts de la ville de Paris
00:55:11 qui s'occupe de toutes les interventions d'urgence, d'assainissement
00:55:15 au service du Parisien, tout à fait.
00:55:17 C'est-à-dire que vous travaillez dans les égouts pour entretenir les canalisations,
00:55:22 notamment vraiment pour des opérations d'urgence ?
00:55:24 Exactement, on est au service de l'usager parisien pour déboucher les canalisations,
00:55:30 la perte de clés, perte de papiers, tous les problèmes relatifs à l'assainissement parisien.
00:55:35 On est disponible 24/24, 7 jours sur 7 et 365 jours par an.
00:55:40 On était aussi mobilisés sur le Covid, on était actifs pendant le Covid,
00:55:43 on était en première ligne, tout le temps disponible au service de l'usager.
00:55:48 Vous faisiez donc partie des métiers qu'on a appelés essentiels,
00:55:51 notamment pendant le Covid.
00:55:53 Exactement, avec mes camarades éboueurs, mes camarades infirmiers, médecins, et j'en passe.
00:55:59 Alors justement, on parle depuis deux jours de la grève des éboueurs,
00:56:02 est-ce qu'il y a des grèves aussi chez les égoutiers ?
00:56:04 Oui, effectivement, on est dans la même direction, c'est la direction de la propreté et de l'eau,
00:56:08 et effectivement, il y a une cohérence, c'est le syndicat à lui-même,
00:56:11 c'est un syndicat de filière, propreté et eau,
00:56:14 et effectivement, les égoutiers sont avec leurs confrères et camarades éboueurs
00:56:20 sur les piquets de grève, tout à fait.
00:56:22 Vous soutenez donc la grève des éboueurs, pourquoi est-ce qu'il faut continuer le combat ?
00:56:28 C'est le message lancé depuis hier par l'intersyndical.
00:56:32 Voilà, après pour refaire un peu l'intersyndical,
00:56:35 on voit bien aussi qu'on arrive sur le troisième temps de la mobilisation.
00:56:38 Le premier temps, c'était vraiment l'intersyndical
00:56:40 avec les grands mouvements de manifestation dans la rue.
00:56:44 Le deuxième temps, ça a été les occupations, comme vous l'avez dit, depuis une dizaine de jours.
00:56:48 Et là, on arrive sur le troisième temps, qui est suite au 49.3,
00:56:52 où il y a plus une prise d'autonomie, on va dire de la base,
00:56:57 qui s'est exprimée encore hier dans la rue et qui va prendre beaucoup plus d'ampleur.
00:57:02 Et on va voir que les mobilisations vont être particulièrement différentes.
00:57:06 Et depuis bien longtemps, nous, la réforme des retraites,
00:57:09 on savait pertinemment qu'on ne se battait plus spécialement que pour la réforme des retraites,
00:57:16 mais on se battait aussi pour se mobiliser pour la revalorisation des salaires,
00:57:20 évidemment, et pour la protection de notre service public qui nous tient tant à cœur,
00:57:24 la protection des éducations, de la médecine et tout ça.
00:57:29 Donc, pour tous les agents, je pense que c'est extrêmement clair dans la tête,
00:57:33 le 49.3 et la réforme des retraites, ça fait longtemps qu'on a passé ce sujet.
00:57:37 On est contre ce système, entre guillemets, système politique,
00:57:41 qui vise à détruire vraiment toute cette solidarité qui a pu
00:57:45 et qui, j'espère, va continuer à exister.
00:57:48 Vous disiez tout à l'heure que vous souteniez la grève des éboueurs.
00:57:51 Alors, quand les éboueurs font grève à Paris, ça se voit.
00:57:55 J'ai même envie de dire, ça se sent dans les rues.
00:57:58 On a parlé de près de 10 000 tonnes de déchets qui se sont accumulées
00:58:02 depuis 12 jours dans les rues de la capitale.
00:58:05 Du côté des égoutiers, finalement, est-ce qu'il y a des opérations
00:58:08 qui sont menées également de ce type ?
00:58:11 Ça se voit certainement un peu moins ?
00:58:13 Non, ce ne sont pas des actions spécialement un peu moins,
00:58:16 ce sont vraiment des actions qui sont coordonnées avec les éboueurs.
00:58:19 On apporte un support logistique, un support d'occupation aussi
00:58:23 sur les sites, les garages et sur les tirus.
00:58:26 Évidemment, si les actions étaient amenées à faire sur les stations d'écuration
00:58:33 ou sur le transport des eaux usées, il y aurait un impact écologique
00:58:37 trop important pour le personnel.
00:58:40 Pour l'instant, l'optique, c'est d'être en support des éboueurs
00:58:46 et des actions d'occupation, et du moins des actions de support sur les tirus.
00:58:51 La réaction de la maire de Paris, Annie Dalgaux,
00:58:54 qui soutient également le mouvement, c'est ce qu'elle a annoncé,
00:58:57 elle était contre notamment les réquisitions de personnel.
00:59:02 Votre réaction face à ça ?
00:59:05 C'est toujours intéressant.
00:59:07 On voit que c'est une action politique, on ne va pas se leurrer.
00:59:11 Il faut prendre ce qu'il y a à prendre.
00:59:13 On est preneur de bienveillance de la municipalité,
00:59:17 mais on voit que c'est un jeu d'échecs qui est en train de s'organiser actuellement.
00:59:22 Entre les différents partis politiques, entre Mme Dalgaux,
00:59:27 on voit bien que c'est un jeu politique.
00:59:31 Après, cette bienveillance est bien pour nous,
00:59:33 elle galvanise un peu la détermination des manifestants et des grévistes,
00:59:38 et ça permet de pérenniser surtout les occupations,
00:59:42 ce n'est pas les occupations, mais du moins les occupations des tirus et des garages.
00:59:46 C'est quand même assez intéressant.
00:59:50 Le gros deuxième avantage, c'est que ça permet de montrer aussi aux Parisiens,
00:59:53 à l'usager, qu'en fait, on dit souvent qu'à la fonction publique,
00:59:57 on n'est pas des grands bosseurs,
01:00:00 on a toujours tendance à ne pas beaucoup travailler et qu'il y a beaucoup d'esbrouffes.
01:00:03 On voit bien qu'au bout de dix jours d'arrêt de la collecte de déchets,
01:00:07 c'est assez astronomique.
01:00:10 Donc, ça montre bien que l'activité des éboueurs de Paris est indispensable au quotidien.
01:00:14 Je voudrais saluer et tirer mon chapeau pour les 360 jours,
01:00:18 parce que là, effectivement, ça ne fait que 11 jours de grève,
01:00:21 mais tous les 360 jours, qui vente, qui neige,
01:00:23 où les éboueurs de Paris ont mené leur action pour la salubrité de la ville de Paris
01:00:29 et les Parisiens.
01:00:30 Ça, ils en sont conscients.
01:00:31 - Ce 49.3 pour Elisabeth Borne et son gouvernement est-il celui de trop ?
01:00:35 Regardez ce sondage, Toulna, Aris Interactif pour RTL et AEF Info,
01:00:39 82% des Français estiment que le recours à l'article 49.3 est une mauvaise chose,
01:00:43 51% tout de même parmi les partisans de Renaissance.
01:00:48 Est-ce que c'est un aveu de faiblesse pour Emmanuel Macron, selon vous,
01:00:53 l'usage de ce 49.3 annoncé hier ?
01:00:56 - C'est plus qu'un aveu de faiblesse.
01:00:59 Après, c'est toujours facile de faire des conclusions à la fin du match,
01:01:04 du moins de la partie parlementaire.
01:01:09 Nous, on était persuadés, on était certains que le 49.3 serait utilisé.
01:01:13 Et c'est pour ça que, comme je vous ai dit en préambule,
01:01:15 pour nous, ce n'était même pas une question.
01:01:17 - Je vous interromps, je vous coupe, parce qu'en plus, on n'a plus beaucoup de temps.
01:01:21 C'est intéressant ce que vous dites.
01:01:22 Ça veut dire que ça faisait plusieurs jours pourtant que le gouvernement,
01:01:24 Emmanuel Macron, nous disait qu'il voulait aller au vote,
01:01:28 que le 49.3 n'était pas évoqué.
01:01:30 Mais vous, vous étiez persuadés qu'il allait être utilisé ?
01:01:33 - C'est facile de le dire maintenant.
01:01:35 Mais effectivement, c'est le jeu politique.
01:01:37 C'est pour montrer le dialogue social, comme ils ont fait exactement.
01:01:41 Ils disaient qu'ils étaient dans la pratique du dialogue social
01:01:44 avec les organisations syndicales, alors qu'on savait très bien,
01:01:47 je pense que la majorité des Français ont bien compris,
01:01:50 qu'il n'y avait aucun dialogue avec les ordres syndicales.
01:01:54 Et pourtant, dans le discours du gouvernement, c'était,
01:01:58 oui, après différents échanges avec les organisations,
01:02:01 on a amené des modifications.
01:02:03 Alors que c'était complètement faux.
01:02:04 Donc là, ils sont dans la même méthode en disant,
01:02:06 on va faire tout pour que ça aille au Parlement.
01:02:10 Sauf qu'on savait très bien que depuis le début, c'était beaucoup plus facile.
01:02:14 Ça les mettait trop en danger sur cette situation.
01:02:17 Donc pour nous, voilà le 49.3, moi je trouve, si vous voulez mon avis personnel,
01:02:21 je trouve que c'est même très bien.
01:02:23 C'est très bien pour nous, c'est très bien pour la lutte.
01:02:25 C'est même pas que ça a regalvanisé les troupes,
01:02:28 parce que les troupes étaient déjà chauffées à blanc.
01:02:31 C'est surtout que ça mobilise des personnes qui n'étaient même pas encore concernées.
01:02:34 Et ça va agréger beaucoup de personnes sur un mouvement commun.
01:02:38 Et on l'a très bien vu hier.
01:02:40 Et là, je vous dis, on est sur la troisième phase de la mobilisation,
01:02:43 qui malheureusement, du fait du gouvernement, va être beaucoup plus radicale.
01:02:46 Très bien. Guillaume Courras, je vous coupe parce qu'on arrive en fin d'émission.
01:02:49 Et ce sera vraiment ma dernière question très rapidement.
01:02:52 Selon vous, le gouvernement d'Emmanuel Macron est-il dans l'impasse aujourd'hui ?
01:02:57 En fait, il faut être aveugle.
01:03:01 Pour dire le contraire, je suis désolé, c'est même plus qu'il est dans l'impasse.
01:03:04 Là, c'est game over, entre guillemets.
01:03:07 Là, je ne sais même pas du tout.
01:03:09 J'espère que la mention de censure va être plébiscitée par l'ensemble,
01:03:14 une grande majorité du moins de l'Assemblée nationale.
01:03:17 Et puis concrètement, il va y avoir un rebattage des cas.
01:03:22 Mais tout ça pour revenir que sur la réforme des retraites,
01:03:25 on est toujours dans une impasse et la mobilisation,
01:03:27 elle ne s'arrêtera pas sans modification de cette réforme,
01:03:32 ou pas cette suppression de cette nouvelle loi, la réforme des retraites.
01:03:35 Merci beaucoup, Guillaume Courras, d'avoir été avec nous.
01:03:37 Je rappelle que vous êtes égouttier à Paris.
01:03:39 Merci à Philippe Bilger, président de l'Institut de la Parole.
01:03:44 Merci à Jonathan Cixous, journaliste à Causeur.
01:03:49 Et d'ailleurs, j'ai le dernier numéro de Causeur,
01:03:52 celui de ce mois de mars, Rééducation nationale, qui est donc disponible.
01:03:57 Merci à vous, c'est la fin de cette émission.
01:04:00 Dans un instant, c'est l'heure des livres,
01:04:02 présenté par Anne Fulda, suivi de 90 Minutes Infos,
01:04:05 avec Nelly Denac, pour voir où revoir nos émissions.
01:04:07 C'est toujours sur cnews.fr.
01:04:09 Bonne après-midi et bon week-end avec nos programmes.
01:04:12 avec nos programmes.
01:04:13 [Musique]

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