En quête d'esprit du 19/03/2023

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Tous les dimanches, Aymeric Pourbaix et ses invités abordent l’actualité d’un point de vue spirituel et philosophique dans #EQE

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00:00 Bonjour à tous, bienvenue dans "Enquête d'Esprit".
00:03 Après quoi courent tous ces hommes, des dizaines de milliers chaque année,
00:07 qui s'élancent sur les routes de France comme à Paris hier,
00:10 mais aussi à Cotignac, Vesley, Lisieux et ailleurs ?
00:13 Sont-ils à la recherche de leur identité,
00:16 dans une société où les repères du masculin et du féminin s'estompent
00:19 sous les coups de boutoir du wokisme ?
00:22 Beaucoup de ces hommes pèlerins s'inspirent de la figure de Saint Joseph,
00:25 le père de Jésus, l'époux de Marie,
00:28 la figure emblématique de la paternité, donc Saint Joseph,
00:31 qui est aussi une figure paradoxale car silencieuse,
00:34 pas vraiment l'image que l'on se fait aujourd'hui d'un homme, un vrai.
00:37 Et pourtant, sa popularité dans la chrétienté n'a cessé de croître,
00:41 jusqu'à aujourd'hui.
00:43 Qu'a-t-il à nous dire, à l'heure où la guerre des sexes semble prête à éclater ?
00:47 Pour en parler aujourd'hui dans "Enquête d'Esprit",
00:50 deux hommes, deux femmes, l'abbé Philippe de Mestre,
00:53 il est prêtre à Paris, Véronique Jacquier, journaliste,
00:56 frère de Raël, foyer, mère de famille et fondatrice du mouvement Filles de Roi,
01:00 et puis Arnaud Boutéon, qui coordonne l'association Les Chevaliers de Colons,
01:04 en France, dans cette émission, qui, je le rappelle,
01:07 est en partenariat avec l'hebdomadaire France Catholique.
01:10 Tout de suite, les infos avec Éloi Rochebrune.
01:24 - Bonjour Éloi, et on commence par les 10 ans du pontificat du pape François.
01:28 - Oui, bonjour Émeric, bonjour à tous.
01:30 Pour débuter ce journal, un mot de cet anniversaire,
01:32 les 10 ans du pontificat du pape François,
01:34 un anniversaire fêté dans la discrétion par le souverain pontife,
01:38 avec tout de même l'affichage d'une préoccupation centrale,
01:41 la paix, le récit de Viviane Hervier.
01:44 - Pour les 10 ans de son pontificat, le pape François n'a pas soufflé de bougie,
01:50 mais il a fait un vœu, celui d'une paix durable entre les nations.
01:53 Dans une méditation enregistrée sous forme de podcast,
01:56 le souverain pontife se dit toujours très affecté
01:58 de la résurgence des conflits armés en Syrie,
02:01 Yémen, Birmanie et récemment en Ukraine.
02:04 - La paix, il faut la paix.
02:07 - Il en est un fervent défenseur.
02:09 Depuis un an, François tient une position équilibrée
02:11 dans le conflit russo-ukrainien.
02:13 Le dialogue n'a jamais été rompu avec la Russie
02:15 et pour lui, le principal reste de sauver des vies.
02:18 - Cela me fait souffrir de voir les morts,
02:20 les jeunes gens, aussi bien russes qu'ukrainiens,
02:23 peu importe tous les deux, qui ne reviennent pas.
02:25 - Comme dans tous les conflits qui ont secoué ces années passées
02:27 à la tête de l'Eglise, le pape François y voit l'influence du démon
02:30 sur l'humanité.
02:32 - Derrière les guerres, il y a l'industrie des armes, c'est diabolique.
02:36 - L'homme de paix ne veut pas s'arrêter là,
02:38 ni se limiter à des déclarations.
02:40 Il fait part depuis longtemps de sa volonté de se rendre à Kiev,
02:43 à condition de pouvoir aller aussi à Moscou.
02:45 Le Kremlin, lui non plus, n'exclut pas une visite du pape François en Russie.
02:50 - Les relations se tendent entre le Vatican et la présidence nicaragouaïenne.
02:53 Le pouvoir en place orchestre une répression féroce
02:56 contre les instances catholiques.
02:58 Le Vatican a décidé de hausser le ton.
03:00 Les relations entre le Nicaragua et le siège de l'Eglise catholique
03:03 sont sur le point d'être rompues.
03:05 Le récit de Célia Gruyère.
03:07 - Dans une interview à la télévision argentine,
03:12 François n'hommage plus ses mots contre le régime nicaragouaïen.
03:17 - Je n'ai pas d'autre choix que de penser que le dirigeant Daniel Ortega
03:20 souffre d'un déséquilibre.
03:22 C'est comme si on revenait à la dictature communiste de 1917
03:25 ou à la dictature hitlérienne de 1935.
03:28 - Il faut dire que depuis 2018,
03:33 les catholiques subissent une répression féroce.
03:36 Le Nicaragua est entré cette année dans le classement des 50 pays
03:39 où les chrétiens sont les plus persécutés.
03:41 Les prélats et les prêtres qui se dressent contre le gouvernement de Daniel Ortega
03:45 sont tout simplement emprisonnés et expulsés,
03:48 accusés par le pouvoir d'être des agents des Etats-Unis.
03:51 Le très réputé évêque de Matagalpa, Mgr. Rolando Alvarez,
03:55 a été condamné à 28 ans de prison après lui avoir refusé de quitter le pays.
03:59 Il est même désormais interdit de citer son nom
04:02 ou de prier pour lui sous peine d'être arrêté.
04:04 C'est ce qui est arrivé à trois prêtres qui ont été jetés en prison
04:07 pour avoir évoqué Mgr. Alvarez au cours de leur homélie.
04:10 Mais malgré la dernière saillie du souverain pontife
04:12 et la hausse des persécutions,
04:14 une partie de l'église nicaragouaïenne croit encore au dialogue avec le gouvernement.
04:18 Je crois toujours que le dialogue et le travail que nous devons accomplir
04:22 sont comme cette petite goutte d'eau.
04:24 La goutte d'eau ne brise pas la pierre, pas par la force, mais par la constance.
04:30 Un message d'apaisement qui semble n'avoir aucune prise sur Daniel Ortega,
04:34 qui vient ces derniers jours d'ordonner la fermeture de deux universités catholiques
04:38 et d'interdire toutes les célébrations publiques de la semaine sainte.
04:43 Et retenez bien cette date, le 8 décembre 2024,
04:46 les portes de Notre-Dame rouvriront pour la fête de l'Immaculée Conception.
04:50 Malgré la réouverture au public et au culte,
04:53 les travaux ne seront tout de même pas complètement terminés.
04:55 A l'intérieur, la rénovation des chapelles pourrait durer jusqu'en 2030.
05:00 Et l'établissement Notre-Dame de Boulogne a reçu cette semaine
05:03 les reliques de Carlo Acutis, dont l'autel de leur chapelle
05:06 a été disposé la semaine dernière.
05:08 Une partie du corps du bienheureux italien, une source de joie mais aussi de foi,
05:12 reportage sur place, signé Alice Omerer.
05:16 Dans la cour de ce lycée de banlieue parisienne, collée aux salles de classe,
05:21 la chapelle renferme un trésor.
05:24 Des reliques du bienheureux Carlo Acutis, béatifiées en octobre 2020.
05:28 C'est une relique, ce qu'on appelle "ex corporis", de son corps important.
05:32 C'est que ce soit vraiment un témoin de l'amour de Dieu pour nous, ici,
05:36 présent dans notre lycée.
05:37 Le père Blaise Patier, aumônier du lycée,
05:40 veut que cette figure de l'église inspire aux élèves un désir de sainteté.
05:44 C'est un jeune de leur âge, un jeune de 15 ans,
05:47 un jeune qui a vraiment eu une rencontre personnelle avec Jésus
05:50 quand il était enfant, lorsqu'il a fait sa première communion.
05:53 Et à partir de ce moment-là, il a eu le désir dans son cœur
05:56 de faire connaître Jésus autour de lui.
05:58 Une délégation de l'aumônerie s'est rendue à Rome,
06:01 puis à Assise pour recevoir les reliques dans l'église
06:03 où est exposé le corps de Carlo Acutis.
06:05 D'avoir des reliques dans une chapelle d'un lycée,
06:07 déjà, ça nous rappelle qu'on est tous faits pour être des saints.
06:10 Je vous dirais que les reliques, aussi, c'est quelque chose d'important.
06:12 On en a parlé avec les lycéens, parce qu'en fait, c'est une partie de son corps.
06:16 Et ça nous permet aussi de nous rappeler que notre corps,
06:18 c'est le lieu de la grâce de Dieu.
06:20 Les élèves peuvent se recueillir devant l'hôtel.
06:22 Ce jour-là, c'est Pierre, un lycéen de 16 ans.
06:25 Le bienheureux Carlo Acutis est pour lui un exemple
06:28 et ses reliques sont une source d'espérance.
06:31 Le recevoir ici, là où on est tous les jours, au quotidien,
06:33 c'est aussi un beau geste d'espoir.
06:36 On se dit qu'on va pouvoir revenir prier ici,
06:38 d'avoir un lycéen ici qui nous montre chaque jour
06:42 d'essayer de faire un peu plus, un peu mieux chaque jour, un petit geste.
06:46 Je trouve que c'est très fort et très beau comme message.
06:48 Un message que Pierre espère transmettre à ses camarades
06:51 avec l'aide du bienheureux Carlo Acutis,
06:54 présent dans cet hôtel pour sa génération et les générations à venir.
06:58 Et pour terminer ce journal, Emric, nous voulions rendre hommage
07:01 à la mémoire d'un prêtre qui avait une grande dévotion à Carlo Acutis
07:05 et qui nous a quittés cette semaine.
07:07 Oui, Hélois, le père Cyril Gordien, 48 ans,
07:10 qui est décédé ces derniers jours à Paris.
07:12 Après avoir lutté contre une longue maladie,
07:15 il était éducateur, curé de paroisses à Paris.
07:18 Il a eu un grand rayonnement et durant sa maladie,
07:20 disait-il, il tirait sa force de sa foi,
07:22 mais aussi, effectivement, vous l'avez dit,
07:24 de cette relique de Carlo Acutis qu'il avait auprès de lui.
07:27 Il avait participé à cette émission et c'est pourquoi
07:29 il était important pour nous de lui rendre hommage.
07:32 Père Philippe de Mestre, vous le connaissiez très bien.
07:34 Peut-être voulez-vous nous dire un mot à son sujet ?
07:38 Oui, il a mené un combat jusqu'au bout.
07:40 Il espérait la guérison, il croyait en un miracle.
07:43 Et puis, dans les dernières semaines, il a compris que le combat,
07:46 c'était d'accueillir la vie éternelle,
07:50 d'accueillir cette volonté de Dieu.
07:52 Voilà, c'est pour nous tous, les prêtres du diocèse de Paris,
07:56 mais de toute la France, c'est vraiment un frère très cher.
08:01 On a le sentiment maintenant qu'il est un premier de cordée,
08:05 et qu'on va se relier à lui.
08:08 Merci pour cet hommage. Dans cette émission,
08:10 on va parler de force, de courage, justement,
08:12 mais qui ne sont pas forcément ceux que l'on a en tête aujourd'hui
08:15 avec l'hygiénisme des salles de sport, des tonnes de muscles à la clé.
08:19 On va se laisser guider par une figure paradoxale,
08:21 à vues humaines en tout cas, celle de Saint-Joseph.
08:24 Père Philippe de Mestre, je rappelle que vous êtes curé
08:26 de la paroisse Saint-André de l'Europe à Paris.
08:28 Vous avez accompagné beaucoup de pèlerinages d'hommes et de pères de famille.
08:31 Vous êtes aussi l'auteur de « La Voix des Hommes »
08:34 publié chez Arteges, vous nous en parlerez bien sûr.
08:36 Avec nous également Véronique Jacquet.
08:38 Bonjour Véronique.
08:39 Bonjour à tous.
08:40 Je rappelle que vous êtes journaliste.
08:41 Et puis, Ganaëlle Foyard, bonjour.
08:43 Bonjour à tous.
08:44 Merci d'être avec nous.
08:45 Vous êtes maire de famille, chef d'entreprise et fondatrice
08:47 du mouvement Filles de Roi, créé en 2017,
08:50 qui mène une réflexion sur la place et l'identité des femmes
08:53 en lien avec la foi.
08:54 Vous nous en parlerez également.
08:56 Avec nous également, Arnaud Boutéon.
08:58 Bonjour Arnaud.
08:59 Bonjour à tous.
09:00 Merci d'être avec nous.
09:01 Vous êtes consultant père de famille et coordinateur
09:03 des Chevaliers de Colons en France, une association catholique
09:05 américaine qui regroupe des hommes.
09:07 Vous nous parlerez de ce qu'elle fait exactement en France.
09:11 Saint-Joseph est-il donc un modèle ou un patron pour les hommes
09:15 d'aujourd'hui ?
09:16 En tout cas, 15 000 chaque année participent à des pèlerinages
09:19 sous son patronage, dont la marche Saint-Joseph.
09:22 C'était hier à Paris, environ 2000 personnes.
09:25 Au total, chaque année, c'est 70 lieux en France
09:28 qui sont concernés à Arnaud Boutéon, je commence par vous.
09:31 Comment expliquer ce succès des pèlerinages pour les hommes ?
09:35 Je crois que les hommes ont besoin de moments de fraternité,
09:39 des moments dans lesquels les masques tombent.
09:43 Il y a une belle phrase de Péguy qui disait
09:46 « Quand nous aurons joué nos derniers personnages,
09:49 quand nous aurons posé nos capes et nos manteaux,
09:52 quand nous aurons jeté nos masques et nos couteaux,
09:55 veuillez nous rappeler ces longs pèlerinages ».
09:58 Ces moments privilégiés permettent à des personnes
10:04 de partager leurs vulnérabilités, de s'affermir dans leur foi,
10:08 de dire à quel point ils peuvent souffrir dans leur job,
10:11 dans leur famille, dans les relations avec leurs épouses,
10:14 avec leurs enfants, et puis cette souffrance
10:17 de ne pas se sentir toujours utile à leur place.
10:21 Donc des moments de fraternité, et puis c'est aussi des moments
10:24 où ils découvrent une vie sacramentelle, beaucoup,
10:27 et en particulier le sacrement de la confession
10:30 qui redonne force et vigueur pour mieux attaquer le monde.
10:34 Père Philippe de Maistre, est-ce qu'aujourd'hui
10:36 la place des hommes dans la société a besoin d'être confortée ?
10:39 Vous écrivez dans votre livre « Notre société,
10:42 qui génère une grande quantité de garçons,
10:44 produit de moins en moins d'hommes ».
10:46 Oui, il y a une chose qui me touche beaucoup
10:48 dans la figure de Saint Joseph, c'est que s'il y a un homme
10:50 qui a eu du mal à prendre sa place, et qui avait une place
10:52 qui n'était pas facile à... On dit, vous savez,
10:56 qu'il était l'homme juste. L'homme juste,
10:58 c'est l'homme ajusté, à la juste place.
11:01 C'est difficile d'être à la juste place quand vous avez épousé
11:03 l'Immaculée Conception qui a conçu du Saint-Esprit,
11:07 vous vous demandez un peu quelle est votre place.
11:09 Et d'ailleurs, sa première réaction, nous dit l'évangile de Matthieu,
11:12 c'est qu'il résolut de la répudier en secret.
11:15 C'est compliqué, il se demande « Quelle est ma place ? »
11:18 Si c'est l'Esprit Saint, ben tout Seigneur, tout honneur,
11:20 je me retire. Mais il faut quand même que je pense à Marie,
11:24 la protéger contre les bavardages de la ville de Nazareth,
11:29 voire contre la loi, le risque que lui fait subir la loi,
11:33 si elle est fille-mère. Et alors il prend cette décision,
11:36 et moi je trouve qu'on s'y retrouve beaucoup comme homme,
11:39 c'est qu'il prend la décision qu'il peut.
11:41 Il résolut de la répudier en secret, c'est-à-dire qu'il la répudie,
11:44 il reconnaît les droits de Dieu, il se retire,
11:48 mais en secret pour la protéger.
11:50 C'est une solution qui n'est pas satisfaisante humainement,
11:53 mais la grandeur de Joseph, c'est qu'il ne déserte pas,
11:56 même s'il n'a pas de lumière qui lui sont données,
11:59 et bien il prend humblement la place qu'il croit devoir prendre,
12:02 mais il ne se défausse pas. C'est ça qui me touche beaucoup.
12:05 Et les premières phrases qu'on nous montre à propos de Joseph,
12:09 avec beaucoup de pudeur en fait, c'est d'abord un homme
12:12 en situation de vulnérabilité, et un homme qui ne sait pas où se placer.
12:18 Moi je trouve que ça rejoint beaucoup la manière dont on se retrouve
12:21 entre hommes dans ces pèlerinages.
12:23 On croit que ce n'est pas une démonstration d'une espèce de virilisme,
12:27 "parle comme on te règne, on va reprendre possession du pouvoir,
12:32 de la force, de la cité, de notre place d'homme".
12:35 Vous savez, il y a des mouvements aujourd'hui virilistes en fait,
12:38 qui ont plus à voir avec une espèce de revanche, une espèce d'amertume.
12:43 Nietzsche parlerait du ressentiment.
12:46 Non, en fait, ce qui est très touchant, c'est qu'on tombe les masques,
12:50 et il y a ce premier échange, le premier soir.
12:53 Les hommes, quand ils commencent à se livrer, c'est à la fois pudique,
12:59 mais ils tombent vraiment le masque.
13:03 Et là, on se présente nos difficultés et on accepte de les porter ensemble.
13:10 Generale Foyard, la figure de Saint-Joseph est assez paradoxale
13:14 comme patron pour les hommes d'aujourd'hui.
13:16 Pourtant, est-ce que vous avez le sentiment également, de votre point de vue,
13:19 que la place des hommes a besoin d'être confortée aujourd'hui ?
13:22 Oui, la place des hommes a besoin d'être confortée.
13:26 J'aime beaucoup Saint-Joseph aussi.
13:28 Moi, je suis mariée, j'ai cinq enfants.
13:32 Et j'ai un mari qui est, on pourrait dire, vraiment un homme protecteur,
13:37 un homme fort moralement, un homme fort spirituellement,
13:40 et un homme protecteur.
13:42 Et en fait, nous, les femmes, c'est vrai qu'on a besoin de cette force,
13:45 cette force morale, cette force aussi virile, je dirais,
13:49 et cette force protectrice.
13:51 Et pour moi, je trouve que Saint-Joseph est une très belle figure de l'homme aujourd'hui.
13:55 Véronique Jaquet.
13:57 Qu'est-ce qui explique la vulnérabilité des hommes d'aujourd'hui ?
14:00 Est-ce qu'elle est uniquement sociétale ? Est-ce que c'est lié à une crise spirituelle ?
14:04 Je dirais que c'est tout le paradoxe de la force,
14:07 parce que si on définit la masculinité ou la paternité comme une vertu protectrice,
14:12 et moi, je dirais même plus profondément,
14:14 le rôle du père, c'est de conforter les autres dans leur place.
14:18 C'est que chacun trouve sa place.
14:20 C'est un peu comme un chef d'orchestre.
14:22 Le chef d'orchestre n'attire pas tout à lui,
14:24 mais il donne, dans une grande symphonie, la place à chaque instrument.
14:28 Et donc, c'est tout le paradoxe,
14:30 c'est que pour conforter les autres dans sa place, il faut prendre la sienne.
14:34 Mais là où on touche le paradoxe,
14:36 c'est que l'homme, justement, va devoir exercer une force.
14:39 Il faut assumer ce mot de force.
14:42 On a du mal aujourd'hui à dire qu'il faut être fort.
14:44 Mais précisément, il ne l'est pas d'emblée.
14:48 Il ne l'est pas d'emblée.
14:49 Dans la Bible, il nous est dit que Adam a été pétri à partir de la terre.
14:53 Vous savez, il a une poterie mal dégrossie,
14:55 alors que la femme, elle est d'emblée dans la beauté et dans la perfection.
14:57 C'est quand même curieux, ça.
14:58 Donc, en fait, l'homme, il est en gestation, il est en formation.
15:02 Il suffit de voir des ados, des garçons de 13, 14 ans,
15:05 ce n'est pas très terminé, ce truc-là.
15:07 Et en fait, ils ont besoin d'être confortés dans leur force.
15:09 Donc, c'est tout le paradoxe,
15:11 c'est qu'ils vont devoir être forts pour les autres, mais ils ne le sont pas d'emblée.
15:14 Et la société doit s'organiser.
15:18 C'est un peu ce que je développe dans mon livre.
15:20 C'est tout le thème de l'initiation à la masculinité,
15:22 les rites d'initiation,
15:24 qui précèdent le grand engagement de notre vie.
15:26 Et les rites d'initiation chez les jeunes gens,
15:28 dans la civilisation juive, dans la tradition juive,
15:32 ce que Joseph a vécu avec Jésus,
15:34 c'est la préparation à la bar mitzvah,
15:37 c'est-à-dire le moment où le petit garçon va entrer sur la place des hommes,
15:41 va révéler sa force pour pouvoir la donner ensuite.
15:45 Mais vous comprenez que ça ne se fait pas automatiquement.
15:47 On ne naît pas homme, on le devient.
15:49 Et on ne naît pas fort,
15:51 on doit accueillir cette force et la conquérir avec l'aide.
15:55 C'est le rôle de la paternité, avec l'aide des anciens.
16:01 Je vous propose à présent justement, vous parlez de la bar mitzvah,
16:04 on va écouter un rabbin qui nous explique en quoi ça constitue un rite de passage.
16:09 Un enfant de 13 ans devient maintenant comme un homme,
16:14 mais pas seulement responsable, mais a des devoirs et une obligation.
16:18 Ce qui n'était pas le cas avant 13 ans.
16:20 Quand il arrive à 13 ans, il peut se mettre et finir.
16:23 Il va monter à la Torah, c'est-à-dire qu'il va pouvoir lire dans la Bible, en parchemin.
16:29 Il va monter à la Torah, il va faire un discours,
16:33 et évidemment tout cela est accompagné à la fin avec une grande soirée.
16:37 Une grande soirée.
16:39 Donc en vérité on félicite l'enfant.
16:41 Alors soit on va dire qu'il est arrivé à un aboutissement,
16:44 soit on va plutôt dire que c'est que le début d'un cheminement.
16:48 Tout être humain, nous avons en nous un mauvais penchant.
16:53 Pendant 12 ans jusqu'à 13 ans, à la veille de la bar mitzvah,
16:58 un enfant a son mauvais penchant.
17:01 Mais à 13 ans, il y a le yetzertov, le bon penchant qui rentre.
17:07 Et là c'est un combat.
17:08 Comme on dit toujours, on ne fait jamais la guerre tout seul.
17:10 On fait la guerre à deux.
17:12 Et donc là c'est le vrai homme.
17:14 Un vrai homme c'est quelqu'un qui sait que il faut dominer.
17:18 Dominer les choses qui sont négatives, et de dire non,
17:21 ça c'est pas bon pour moi, ça c'est bon pour moi.
17:24 C'est la raison pour laquelle dans le judaïsme,
17:26 la bar mitzvah est quelque chose de très important.
17:30 Voilà, une brève réaction avant la pause publicitaire.
17:34 Arnaud Boutéon, est-ce que justement être homme aujourd'hui,
17:37 c'est dominer des penchants mauvais ?
17:40 J'rebondis complètement sur ce que vient de dire le rabbin.
17:44 Dans les béatitudes, on dit heureux les doux, pas heureux les mous.
17:48 Il y a une distinction subtile entre les deux.
17:51 Et la douceur c'est une force.
17:53 Et je crois que l'homme est traversé, le mal il vient de nous.
17:57 Et l'homme, il y a un combat, c'est très augustinien,
18:00 et Benoît XVI le disait, le combat intérieur que nous vivons,
18:04 c'est en gros, c'est vouloir nous construire nous-mêmes,
18:07 nous célébrer, nous idolâtrer,
18:10 et ça passe par des puissances de prédation,
18:13 de contrôle et de prédation.
18:15 Et ça c'est vraiment l'humanisme athée.
18:18 Et puis l'autre face du combat, c'est le don de nous-mêmes
18:22 pour les autres, et on reçoit quand on donne,
18:25 non pas pour la prédation, mais pour la coopération.
18:28 Et la phase la plus forte de cette coopération,
18:31 c'est le don de nous-mêmes dans l'offrande de nous pour Dieu
18:34 et par le martyr, et donc par le témoignage de notre vie.
18:37 Et en permanence, l'homme est traversé par ce combat,
18:41 par cette tension, et moi ma conviction,
18:44 c'est qu'aujourd'hui il ne peut pas mener ce combat seul,
18:46 il a besoin de frères, il a besoin d'être accompagné,
18:49 comme un athlète est accompagné par des coachs,
18:52 il a besoin de moments de retrait, d'intériorité, de prière,
18:55 il a besoin d'avoir une vision de temps long,
18:57 et c'est pour ça que les hommes ont besoin aujourd'hui
19:00 de se retrouver pour mieux, pas pour se célébrer,
19:04 pas pour s'idolâtrer, même en groupe,
19:06 parce que l'instinct grégaire est quelque chose de mortifère,
19:09 mais au contraire pour mieux servir leurs épouses,
19:12 leurs enfants, leurs collaborateurs dans le travail,
19:15 et mieux servir et transformer la société.
19:17 On est appelés à ça.
19:19 On va voir justement dans tous ces domaines,
19:20 où sont les hommes d'aujourd'hui, pour parodier une chanson célèbre.
19:23 On se retrouve donc juste après la pub, vous restez avec nous.
19:27 De retour dans l'émission Enquête d'Esprit,
19:29 nous parlons de la figure de Saint Joseph,
19:32 et surtout de la place des hommes dans l'Église et dans la société.
19:35 Où sont les hommes ?
19:36 C'est la question qu'on peut se poser, qu'on se pose avec l'abbé Philippe de Mestre.
19:40 Il est l'auteur de La Voix des Hommes, publié chez Arteges,
19:43 avec Arnaud Boutéon, qui représente l'association
19:46 Les Chevaliers de Colombe, dont il nous parlera,
19:48 avec également Guénael Foyard, qui représente le mouvement
19:51 Filles de Roi et la Fille de Roi,
19:53 et qui a publié un livre avec ce même titre chez Arteges,
19:56 et puis également Véronique Jacquier,
19:58 qui nous parlera d'un voyage de Paul VI à Nazareth,
20:01 et de cette image de la Sainte Famille,
20:03 qui peut aussi guider notre réflexion.
20:05 Juste avant, un mot d'actu, puisque récemment,
20:08 une militante féministe a accusé la culture judéo-chrétienne
20:12 d'être responsable de féminicides.
20:14 Au-delà, évidemment, de l'outrance des mots,
20:16 est-ce qu'il faut incriminer la culture patriarcale ?
20:19 Abbé Demes, comment pensez-vous ?
20:21 C'est très intéressant le terme "patriarcat",
20:23 parce que si on est un peu rigoureux,
20:25 historiquement, il y a deux patriarcats.
20:27 Il y a le patriarcat romain, le pater familia,
20:31 sa droit de vie et de mort sur toutes les personnes
20:33 qui dépendent de lui, sa femme, ses enfants,
20:35 ses esclaves, etc.
20:37 Et il y a le patriarcat dans la tradition judéo-chrétienne.
20:40 Le patriarcat judéo-chrétien, le patriarcat judéo-chrétien,
20:45 on a tendance à les...
20:47 Le patriarcat judéo-chrétien,
20:49 l'homme n'a pas droit de vie et de mort,
20:51 il a devoir de donner sa vie.
20:53 Il a devoir de faire l'offrande de lui-même.
20:56 On ne peut pas donner la vie sans donner sa vie.
20:59 C'est ça qui est au centre du patriarcat judéo-chrétien.
21:02 Donc, vous voyez ce que disait le rabbin,
21:05 c'est que le combat que l'homme a à mener,
21:07 c'est d'abord un combat contre lui-même.
21:09 C'est d'abord un combat pour canaliser,
21:12 pour orienter cette force qui est un don,
21:14 qui est un talent au service de l'autre.
21:16 Alors très concrètement, ça veut dire que...
21:19 Vous savez, j'aime bien dire aujourd'hui,
21:21 les gens disent "Pourquoi les prêtres sont des hommes ?
21:23 Pourquoi les responsabilités, c'est masculin ?
21:27 Est-ce que c'est pas une volonté d'imposer son pouvoir ?"
21:30 Mais en fait, c'est l'inverse.
21:31 C'est justement pour obliger les hommes
21:34 à s'engager dans les domaines
21:36 où ils ne sont pas compétents.
21:38 Voilà, c'est pour les mettre...
21:40 - C'est paradoxal.
21:41 - C'est très paradoxal.
21:42 On va être très simple.
21:43 Saint Joseph, vous savez que c'est le chef de la Sainte Famille.
21:46 Donc c'est lui qui présidait à la prière familiale.
21:48 Mettez-vous à la place de Saint Joseph.
21:50 Le soir, il va faire sa prière, il dit...
21:52 Moi, je serais lui, je dirais "Ecoute, Marie,
21:54 t'as l'air d'avoir un tic avec l'Esprit-Saint,
21:56 ça a l'air de bien se passer.
21:58 A toi l'honneur."
22:00 Ou alors "Jésus, t'es Dieu, donc t'as la vision béatifique,
22:03 comme dit saint Thomas d'Aquin,
22:04 donc a priori, c'est toi qui va nous guider."
22:06 Non.
22:07 C'est justement le pauvre charpentier
22:09 qui sait pas où se mettre,
22:10 qui est beaucoup moins compétent dans le domaine de la vie spirituelle,
22:13 qui va se mettre à nu
22:16 et qui va s'engager et payer de sa personne.
22:19 Et je crois que c'est très important de dire ça,
22:21 parce que, vous voyez, c'est ce qui a construit
22:23 tout un subtil équilibre entre les lieux
22:25 où l'homme qui n'a pas envie de s'engager,
22:27 il a envie de déserter parce qu'il veut rester en zone de contrôle.
22:30 L'homme, il aime bien le contrôle,
22:32 il aime pas se mettre en danger.
22:34 Donc, comme me disait un garçon,
22:36 un homme qui était en difficulté avec son épouse,
22:39 il disait "le soir quand elle dort,
22:41 je reprends mon ordinateur pour travailler."
22:44 Je lui disais "mais c'est quand même pas très respectueux de ton épouse."
22:47 Il me disait "oui, mais là, je contrôle au moins, je maîtrise."
22:50 Je lui disais "ah, tu vois, ça c'est bien la lâcheté masculine,
22:53 c'est qu'en fait, être avec ton épouse,
22:55 simplement, sans... on contrôle pas son épouse,
22:57 on l'aime, on se donne à elle.
22:59 Et c'est là où il t'est demandé de payer de ta personne
23:02 et pas de revenir sans cesse dans tes zones de confort."
23:05 Donc, vous voyez que tout ce qui est d'organisation...
23:07 - Être homme, c'est sortir de sa zone de confort.
23:09 C'est un peu ça, le résumé.
23:10 - En clair.
23:11 Et puis, certaines fois, au contraire,
23:13 laisser passer la femme en premier,
23:14 parce que c'est justement les zones de confort,
23:16 là, on va lui laisser le...
23:18 Alors ça, on pourrait démontrer, vous voyez,
23:20 que dans la structure du patriarcat judéo-chrétien,
23:23 c'est ça qui était mis au centre.
23:24 Mais j'ajouterais que, en réalité,
23:27 l'Occident s'est éloigné de ce modèle-là
23:29 à partir de la Renaissance.
23:31 Et ça a culminé avec le Code Napoléon,
23:34 lequel Napoléon s'est autocouronné,
23:36 pour reprendre ce que tu disais,
23:38 et il a imposé le modèle romain.
23:41 Donc, aujourd'hui, des féministes qui, à juste titre,
23:44 veulent affirmer le rayonnement, la grâce féminine,
23:49 elles sont filles de rois,
23:50 vont incriminer un patriarcat
23:53 qui n'est pas du tout judéo-chrétien,
23:54 qui est un retour au paganisme.
23:57 - Véronique Jacquet et puis Gaëlle Foyard.
23:59 - Vous parlez de désertion des hommes.
24:02 On le constate dans le monde professionnel,
24:03 on le constate effectivement dans l'engagement familial,
24:05 les hommes ne sont plus au rendez-vous.
24:07 Bon, on est tous d'accord sur le constat,
24:09 mais comment on combat cette désertion ?
24:12 Qu'est-ce qu'on propose ?
24:14 Qu'est-ce que l'Église propose concrètement ?
24:16 J'ai presque envie de dire que là, l'heure est grave,
24:18 quand on voit les assauts du wokisme,
24:20 quand on voit l'anti-modèle sociétal
24:23 que propose notre monde,
24:26 c'est-à-dire qu'on ne propose plus rien
24:27 aux petits garçons pour se construire,
24:29 et beaucoup n'ont plus de père.
24:30 Alors, qu'est-ce qu'on fait ?
24:31 - Oui, alors ça, on peut débattre là-dessus.
24:33 - Chacun pourra réagir.
24:34 - Oui, chacun va réagir.
24:35 - Ce sera intéressant de voir comment une épouse aide son mari
24:38 ou les hommes à prendre leur position.
24:40 Mais ce qui est vrai, c'est que peut-être qu'on a
24:43 un examen de conscience à faire.
24:44 Moi, je pense dans l'Église, parce que l'Église
24:46 n'est pas en dehors de la société,
24:48 et la difficulté pour des hommes de prendre leur place
24:51 et de payer de leur personne,
24:53 et pas de rentrer dans un...
24:55 Vous voyez, le nombre de fois où des hommes me disent,
24:58 vous savez, dans le couple, "le moteur, c'est ma femme",
25:01 je dis, "tu as déjà vu une voiture
25:02 qui marchait que avec un moteur ?
25:04 Alors, prends le volant et fais comme saint Joseph.
25:07 Implique-toi, paye de ta personne.
25:09 Tu as une force, ta force, elle n'est pas nécessairement
25:12 négative, au contraire.
25:13 Ta force, elle est...
25:14 Vous savez, on dit dans le Vénicréator
25:16 que l'Esprit-Saint agit "suavitaire et fortitaire",
25:19 donc avec force et douceur.
25:21 Il n'y a pas de force sans douceur,
25:22 c'est ce que l'Esprit-Saint fait.
25:24 Donc, une force sans amour, c'est la violence.
25:28 De l'amour sans force, c'est la mollesse dont tu parlais.
25:30 Et donc, il faut rééduquer les garçons,
25:34 il faut une pastorale, à mon avis, initiatique.
25:37 Je pense que...
25:40 On ne prépare pas nécessairement à la confirmation,
25:43 qui est le grand sacrement de l'initiation chrétienne.
25:46 - Où on reçoit le don de la force.
25:48 - Où on reçoit le don de la force et la grâce.
25:50 Peut-être qu'il y a un discours qui n'est pas tout à fait le même
25:53 à poser, à transmettre aux garçons et aux filles
25:56 pour que rayonne cette merveille de la complémentarité
25:59 homme-femme.
26:01 - Réaction de Ganel Foyard là-dessus ?
26:03 Manque de force, comment l'inculquer, l'éduquer
26:06 chez les garçons, notamment ?
26:08 - Je pense que la force d'un garçon...
26:11 Un garçon a besoin de son père.
26:13 Je rejoins complètement le livre du père de Mestre,
26:17 que j'ai lu...
26:19 - La Voix des Hommes.
26:21 - La Voix des Hommes, très bon livre.
26:23 Je pense qu'un garçon a besoin de son père, c'est certain.
26:27 Du coup, voilà.
26:29 Et cette force, nous les femmes, on en a besoin aussi.
26:32 C'est-à-dire que...
26:34 Vous demandiez tout à l'heure comment nous les femmes,
26:37 on pouvait laisser la place aux hommes,
26:39 et c'est extrêmement important que nous les femmes,
26:42 on laisse la place aux hommes.
26:45 - C'est-à-dire que chacun doit faire des efforts de son côté,
26:47 si je vous entends bien tous.
26:49 - Oui, je pense vraiment.
26:51 Non mais d'une certaine manière, c'est que...
26:53 Ça je l'ai entendu souvent, effectivement.
26:55 Vous voyez, je suis chef d'entreprise,
26:57 je suis à la tête même de mes entreprises,
27:00 j'ai deux associés qui sont des hommes,
27:02 et qui sont à la limite, qui ont moins de parts que moi dans mes sociétés.
27:05 J'ai une dizaine, quinzaine d'employés.
27:08 Mais malgré tout, même dans l'entreprise,
27:11 la femme, moi je vais avoir besoin d'une certaine manière
27:14 du discernement de l'homme.
27:16 Je vais avoir besoin de la force de l'homme.
27:19 J'aurai besoin quand même qu'il puisse protéger mes boîtes aussi.
27:22 Vous voyez ?
27:23 Et en fait, c'est pareil pour mon mari.
27:25 C'est-à-dire que...
27:26 Et on en parlait tout à l'heure,
27:28 on disait tout à l'heure que souvent,
27:30 on peut dire que la femme, elle est plus prophétique.
27:33 Elle va...
27:35 C'est comme un fleuve,
27:37 si je reprendrais la phrase de Gertrude Vanlevoort.
27:40 Et l'homme, il est là pour, d'une certaine manière,
27:43 pour affirmer, confirmer, peut-être,
27:46 une intuition.
27:49 Vous voyez ?
27:50 Et elle est là, la force de l'homme aussi.
27:52 Alors, vous parlez de l'entreprise.
27:54 On va se rendre tout de suite dans une entreprise de Lisieux,
27:57 en Normandie, où la figure de Saint Joseph a été installée
28:00 et est très présente.
28:02 Regardez ce reportage signé Éloi Rochebrune.
28:04 Dans le bureau du patron,
28:08 à côté d'une imprimante,
28:10 cette statue d'un personnage bien connu de l'Évangile
28:12 attire notre attention.
28:14 En acier, bronze et laiton,
28:16 Saint Joseph, protecteur des travailleurs,
28:18 a été réalisé par un collaborateur de l'entreprise
28:21 avec les matériaux utilisés dans cette usine.
28:24 Une fierté pour Timothée Bélanger,
28:26 chef d'entreprise qui recherche à mettre Dieu
28:28 au milieu de son travail.
28:30 C'est Saint Joseph qui travaille au poste,
28:32 un peu comme nous à l'usine.
28:34 Et Saint Joseph est particulièrement efficace
28:36 dans nos demandes,
28:38 et dans son accompagnement et sa protection.
28:40 Le contexte actuel de dévalorisation du travail
28:43 fait croire d'autant plus à ce chef d'entreprise
28:45 l'importance de cette figure biblique.
28:47 Le travail a perdu un peu cette noblesse.
28:49 Or, il est vraiment bon,
28:51 et la foi certainement éclaire le travail.
28:54 Saint Jean-Paul II disait que le travail,
28:57 grâce à Saint Joseph,
28:59 rend le royaume des cieux présent.
29:03 Donc ça va assez loin.
29:04 Saint Joseph dans un bureau
29:06 permet aussi d'aborder la question de la foi
29:08 au moment de réunions avec des clients
29:10 ou avec des collaborateurs.
29:11 Timothée Bélanger assume sa mission évangélisatrice
29:13 dans son entreprise.
29:15 Il convient vraiment de faire preuve d'audace,
29:17 de courage.
29:19 C'est peut-être une initiative implicite de cet ordre,
29:21 mais en permanence,
29:23 de rejoindre des mouvements d'ordre missionnaire
29:25 ou de témoigner.
29:28 Pas plus tard qu'avant-hier,
29:29 avec M. le maire qui soutient,
29:30 on parle de la cathédrale, la rénovation.
29:32 Il y a cet appel,
29:34 pas tant pour sauvegarder,
29:35 mais pour témoigner de notre joie.
29:37 Grâce à ces résultats positifs,
29:39 l'entreprise ouvre l'an prochain
29:40 un nouveau site de production
29:41 avec une trentaine d'emplois à la clé.
29:43 Main invisible du marché
29:44 ou intercession de Saint Joseph,
29:46 Timothée Bélanger a lui sa petite idée.
29:49 Voilà ce reportage signé Loiroche-Bruyn.
29:51 Alizio, Arnaud Boutéon,
29:52 vous représentez les Chevaliers de Colombe en France.
29:54 On a entendu parler de ce courage
29:56 de ce chef d'entreprise pour afficher sa foi
29:58 dans le monde de l'entreprise.
29:59 Aujourd'hui, ce n'est pas une évidence,
30:00 en France notamment.
30:01 Est-ce que les Chevaliers de Colombe,
30:03 cette idée de la chevalerie,
30:04 alors votre mouvement,
30:06 c'est un mouvement catholique
30:07 qui représente 2 millions de membres dans le monde.
30:09 Vous êtes en train de le développer en France
30:12 et ce sont des hommes qui se regroupent
30:14 pour se mettre au service de la paroisse,
30:16 si je résume, du curé de paroisse.
30:18 Absolument.
30:19 Mais est-ce que cette idée de chevalerie,
30:21 elle a pour but de favoriser ce courage ?
30:24 Le chevalier, c'est celui qui sert,
30:26 celui qui ne se regarde pas,
30:28 qui avance et qui sert.
30:30 Les Chevaliers de Colombe ont été fondés il y a 140 ans
30:32 aux Etats-Unis,
30:33 présents dans une quinzaine de pays.
30:35 En France, notre vision est populaire et missionnaire.
30:40 C'est-à-dire que tous les hommes de plus de 18 ans
30:42 qui veulent se rapprocher du Christ
30:44 sont invités à servir,
30:47 à s'affermir dans la foi.
30:49 Les réunions durent une heure.
30:51 On prie ensemble, on partage nos difficultés,
30:54 on se forme,
30:55 parce que la tradition et l'enseignement de l'Église
30:57 est d'une grande richesse,
30:59 et puis on transpire ensemble.
31:01 Et l'homme est heureux de servir,
31:03 il a besoin de concrét,
31:04 il a besoin de se rendre utile.
31:06 Et donc, si on peut repeindre une pièce paroissiale,
31:09 si on peut déménager des caves,
31:11 si on peut soutenir au-delà même
31:13 du périmètre strict de la paroisse
31:15 des personnes dans le besoin, on le fait.
31:17 Et aujourd'hui, je voudrais lancer un appel.
31:19 Je pense que les prêtres ne sollicitent pas suffisamment
31:22 les hommes dans les paroisses.
31:24 D'ailleurs, ils n'y vont plus beaucoup.
31:26 Oui.
31:27 Alors précisément, c'est-à-dire qu'on veut faire...
31:29 Ou alors on veut faire des hommes des gentils enfants de cœur,
31:32 bien propres, bien lisses,
31:34 pour prier, pour...
31:36 dans des actions dévotionnelles, etc.
31:38 Dans un premier temps, il faut les appeler en disant
31:40 "J'ai besoin de ta force, j'ai besoin de ton expertise."
31:43 Il y a un gisement de générosité d'hommes
31:46 autour de l'Église qui est colossal.
31:49 Donc, à travers les pèlerinages des pères de famille,
31:51 de façon très simple, très fraternelle,
31:54 on les ramène un peu vers l'Église
31:56 et ensuite, autour des paroisses,
31:58 il y a un gisement colossal.
32:00 Mais je pense que l'Église, aujourd'hui, ne sait pas leur parler.
32:03 On a besoin de choses très concrètes, joyeuses et attractives.
32:06 L'Église ne sait pas leur parler, Père Philippe de Maître ?
32:08 Vous êtes d'accord ?
32:09 Oui, je pense qu'il y a un examen de conscience à faire.
32:12 Oui, oui. Il y a un vrai examen de conscience.
32:14 Est-ce que ça parle au cœur de l'homme ?
32:17 Il y a un livre qui est assez connu aujourd'hui
32:19 de John Eldredge, un évangélique américain,
32:21 qui dit "L'homme, c'est l'aventure, le combat et la romance."
32:24 Vous voulez passionner les hommes, parlez-leur d'aventure,
32:27 de combat et de romance.
32:30 C'est-à-dire ces trois grandes quêtes qui sont celles de l'homme.
32:33 Et est-ce qu'aujourd'hui, on sait parler à leur cœur ?
32:37 C'est vrai pour les prêtres aussi ?
32:39 Oui, c'est vrai pour les prêtres.
32:40 On est homme et prêtre.
32:42 Comme on est homme, époux et père.
32:45 Mais je crois que c'est vraiment quelque chose qui doit nous interroger.
32:49 Je suis d'abord homme pour être époux de mon Église et père des âmes.
32:56 Et si je ne vais pas bien, c'est qu'il y a quelque chose
32:59 dans ces trois dimensions qui n'est pas équilibré.
33:02 Il y a des prêtres qui font des burn-out,
33:06 qui ont des mal-êtres dans leur état.
33:08 Mais est-ce que déjà, tu es bien positionné en tant qu'homme ?
33:11 Est-ce que tu déploies ta force ?
33:14 Est-ce que tu te donnes comme un époux se donne ?
33:16 Je ne suis pas célibataire pour être un vieux garçon.
33:19 J'ai un chat chez moi.
33:20 Ça fait beaucoup rire mes paroissiens parce qu'ils disent
33:22 "Vous parlez de virilité et puis on voit votre chat apparaître
33:26 au-dessus du cœur de l'Église pendant la consécration."
33:28 Je dis "Oui, ça ne fait pas très viril."
33:30 Et rappelez-moi quand je deviens un vieux garçon avec son chat
33:34 un peu acariâtre et il rit quand on vient le déranger.
33:37 Je suis un homme qui est fait pour se donner comme un époux.
33:41 Et moi, j'ai des amis et quand je fais les pèlerinages,
33:44 je vois que c'est rude de se réveiller la nuit,
33:48 d'avoir des enfants de 18 ans qui posent des problèmes.
33:51 Est-ce que mon célibat est un célibat du don
33:57 et du déploiement de ma force, la force qui s'exprime d'abord
34:01 dans la tradition judéo-chrétienne par le don de la parole ?
34:05 Est-ce que j'ai une parole qui fait bouger ?
34:07 Est-ce que quand je parle, quand je fais don vraiment de moi-même
34:11 ou je fais juste un discours un peu...
34:14 Est-ce que j'ai à cœur de faire bouger les lignes ?
34:17 Parce que c'est ça.
34:18 Les grands hommes qui m'ont...
34:20 Quand j'étais enfant, il y en avait deux qui m'ont ébloui.
34:22 C'était Picasso et Jean-Paul II.
34:25 C'est-à-dire les deux, ils faisaient bouger les lignes.
34:27 Jean-Paul II, ce n'était pas parce qu'il était prêtre.
34:30 Je ne le voulais pas encore, mais c'était cet homme tellement courageux
34:33 qui payait de sa personne, d'ailleurs, il y a eu le 13 mai 1981.
34:37 Et vous voyez, je crois vraiment qu'il faut remettre au cœur
34:41 cette vocation de l'homme à engager sa force,
34:45 à payer de sa personne pour édifier, pour construire
34:49 et pour démolir aussi ce qui a besoin d'être démoli.
34:51 Il y a un combat.
34:52 - La parole. - Juste pour compléter.
34:54 La parole, oui, mais attention aussi à ce que les hommes
34:58 ne soient pas juste des professeurs ou des maîtres.
35:00 Il faut d'abord être des témoins, et moi je crois beaucoup
35:02 au magistère du geste.
35:04 Kersauson disait "l'exemplarité est le plus puissant des héritages".
35:08 Donc il ne s'agit pas de tchatché, de dire à nos enfants
35:12 ce qu'ils ont à faire.
35:13 Je pense qu'il faut le montrer et ça n'a pas besoin de trop de mots.
35:17 D'ailleurs, Saint-Joseph était un homme silencieux.
35:19 Oui, alors il a dit Marie-Joseph, Jésus, etc.
35:23 Il a dit le nom de Jésus et puis pour travailler l'humanité
35:27 du Christ, l'établit, il lui parlait, il lui montrait,
35:31 il guidait son geste.
35:33 L'abbé de Maître et puis ensuite on va enchaîner avec Paul VI.
35:36 Oui, merci pour Jésus, parce que tu lui donneras le nom de Jésus.
35:39 On est sûr d'une parole qu'il a dit, c'est Jésus.
35:42 Et Jésus c'est un programme de vie.
35:44 Tu lui donneras le nom de Jésus, ça veut dire "Dieu sauve".
35:46 Ça veut dire c'est toi qui lui ouvrira la Torah.
35:49 C'est toi qui lui expliquera comment il sauvera le monde.
35:52 Donc il faut imaginer les longues heures que Jésus a passé avec Joseph,
35:57 où ils ont ouvert la parole de Dieu, où ils ont lu le prophète Isaïe
36:00 qui faisait le portrait du futur Messie.
36:04 Moi j'aime bien penser au moment où ils se sont posés devant les oracles
36:07 du serviteur souffrant, où il est question d'un sauveur
36:11 qui sera comme un agneau qui prendra sur lui l'ignominie
36:15 du monde et le péché pour le sauver.
36:19 Et le moment où, dans un silence gêné, l'enfant Jésus demande à son papa,
36:25 comme Isaac à Abraham, "C'est qui l'agneau ?"
36:29 Et les yeux de Joseph qui se baissent, c'est "Mon fils, il faut que tu te prépares,
36:34 je suis là pour ça."
36:36 Quand à 12 ans Jésus dit à Marie et Joseph,
36:40 vous savez quand il leur a échappé pendant trois jours,
36:43 "Vous ne saviez pas que j'étais aux affaires de mon père ?"
36:45 Il fait allusion à tout ce que Joseph lui a appris sur sa relation
36:49 et la manière dont il serait aux affaires de son père.
36:52 Il y a eu une transmission.
36:54 Alors justement Véronique, dites-nous un mot de ce fameux discours
36:57 du pape Paul VI qui s'est rendu à Nazareth en 1964
37:01 et qui a donné comme modèle notamment aux familles,
37:05 la Sainte Famille, Jésus-Marie-Joseph, qui est une famille particulière néanmoins,
37:08 mais qui était une vraie école de vie finalement.
37:11 Oui, alors Nazareth où a vécu la Sainte Famille,
37:13 c'est-à-dire Joseph, la Vierge Marie et l'enfant Jésus,
37:16 enfin Jésus jusqu'à ses 30 ans.
37:18 Alors le pape Paul VI cite Saint Joseph comme modèle pour les hommes
37:24 mais aussi modèle pour la famille et la Sainte Famille.
37:26 L'un ne va pas sans l'autre.
37:28 Quand on est un homme qui tient la route,
37:30 on peut dire qu'une famille est censée tenir la route.
37:32 Donc la famille formée à Nazareth pour Paul VI, c'est une école du silence.
37:37 Pourquoi ? Parce que pour Paul VI, Joseph est pleinement homme
37:40 car il est capable de rester dans le silence.
37:42 « La vie moderne est bruyante, fatigante, pleine de combats » dit le pape.
37:46 Joseph est un grand silencieux.
37:49 La Sainte Famille, c'est aussi le lieu du silence.
37:51 La famille, ce doit être le lieu de l'intériorité pour être à l'écoute des vraies paroles
37:56 et les vraies paroles sont celles de l'Évangile.
37:58 Donc un homme, avec un grand H, doit être capable de silence
38:02 pour opérer en lui-même un vrai discernement.
38:04 Voilà, il y a vraiment une école spirituelle à travers la figure de Saint Joseph.
38:08 Ensuite, la famille de Nazareth, c'est logiquement un modèle de famille.
38:12 Dans sa simplicité, elle est une leçon de vie familiale.
38:15 La famille, dit Paul VI, c'est une communion d'amour dans son austère et simple beauté.
38:21 Et puis, l'école de Nazareth, c'est une école du travail.
38:25 Joseph est économe de paroles, on ne l'entend pas dans l'Évangile,
38:29 mais nous savons qu'il travaille.
38:31 Il est dûment identifié comme charpentier
38:33 et donc il rappelle la noblesse du travail en ce qu'il ne peut être une fin en lui-même,
38:39 dit Paul VI.
38:40 Le travail n'est pas une fin en lui-même.
38:42 C'est riche d'enseignement aussi pour ce que nous vivons en ce moment
38:44 par rapport à la réforme des retraites.
38:46 Le travail doit aider à se dépasser.
38:48 Voilà ce que dit le Saint-Père.
38:49 Donc silence, intériorité, vie en famille vue comme une communion, essence du travail,
38:54 des valeurs plus que jamais en décalage, cependant, avec le monde dans lequel nous vivons.
38:58 Alors justement, une réaction, Ganaëlle Foyard,
39:00 vous représentez le mouvement Filles de Roi.
39:02 La famille, telle que la voyez Paul VI,
39:06 c'est un peu une contre-culture par rapport à notre société, à notre monde
39:10 et qu'il faudrait justement créer ces mouvements comme le vôtre
39:13 pour réhabiliter une notion de la femme qui soit différente de celle qui est véhiculée aujourd'hui.
39:19 Oui, alors je rebondis sur ce que vous avez dit.
39:22 Vous avez dit que si un homme est debout, la famille s'en portera bien.
39:27 Moi, je dirais, si l'homme et la femme sont debout,
39:29 si le couple aussi va bien, les enfants se porteront bien.
39:32 Ça, c'est quelque chose que je dis très souvent, parce que souvent,
39:35 voilà, donc c'est la famille, ça rejoint le mystère de la famille.
39:41 Donc oui, alors moi, je vais présenter rapidement Filles de Roi,
39:43 c'est-à-dire que Filles de Roi, c'est né en 2017.
39:46 Et en fait, moi, il y avait plusieurs femmes qui venaient prier à la maison
39:51 et on se posait la question de la place de la femme
39:53 et on a failli rejoindre un groupe de prière des mères.
39:56 Et puis là, vraiment dans l'oraison, dans la prière,
39:59 le Seigneur m'a montré vraiment complètement autre chose
40:02 sur la place de la femme aujourd'hui,
40:04 sur sa vocation en tant que fille, épouse et mère.
40:10 Elle est orante et elle est combattante, la femme, au pied de la croix du Christ.
40:14 Et elle est engagée dans tous les domaines de la société.
40:16 Et ça, c'est quelque chose que je dis, répète souvent.
40:19 Et je pense que ça rejoint ce mystère de la famille, bien sûr, de la Sainte Famille,
40:23 parce que tout prend racine là.
40:26 Moi, si je n'avais pas un mari à mes côtés, comme Sébastien,
40:31 en fait, je n'en serais pas là aujourd'hui.
40:34 Et mes enfants, c'est pareil.
40:37 Je suis loin d'être ni une épouse parfaite, ni une mère parfaite,
40:41 ni quoi que ce soit, ça c'est clair.
40:44 Mais je pense que c'est indispensable qu'on ait des familles rayonnantes,
40:49 des couples rayonnants.
40:51 - Mais comment on sort de la guerre des sexes ?
40:53 Parce que très concrètement, aujourd'hui, on a l'impression qu'on demande à l'homme
40:57 d'être une femme comme les autres, ou l'inverse, je ne sais pas.
41:00 Mais voilà, Arnaud Boutet, on a une réaction.
41:02 - Sur la famille, c'est un lieu de communion.
41:05 Mais Nietzsche disait, vous savez la phrase de Nietzsche quand il dit "Famille, je vous hais",
41:10 il dit "Famille, cercle clos, volets fermés, dégoulinant de bonheur, je vous hais".
41:15 Et la famille doit être un lieu de respiration et de bénédiction.
41:19 Le père de famille, j'aime beaucoup la phrase de Saint Jean Baptiste,
41:23 le père de famille doit diminuer pour qu'il grandisse, pour que son épouse grandisse,
41:28 pour que ses enfants grandissent, et pour qu'il les bénisse et qu'il les envoie dans le monde.
41:32 Quand ma mère est décédée il y a deux ans, et un ami prêtre m'avait envoyé ce message en disant
41:38 "La disparition d'une maman, ce sont les fondations d'une maison qui disparaissent,
41:44 la disparation d'un père, c'est la toiture".
41:47 Et ça m'avait énormément bouleversé et interpellé sur la complémentarité justement de nos rôles.
41:55 Et non seulement complémentarité, mais il y a une expression, je cite à nouveau Carsozon,
41:59 qui disait "L'homme et la femme sont supplémentaires".
42:02 C'est-à-dire l'homme sera pleinement homme et grandira grâce à l'apport de la femme et réciproquement.
42:09 Et on est dans une société de la segmentation, du clivage, de l'atomisation,
42:13 et je crois que les chrétiens aujourd'hui seront là pour créer ce lien, cette coopération, cette communion.
42:18 - Père Demey, je vous donne le mot de la fin, parce que la famille c'est aussi ce qui a résisté
42:22 sous les totalitarismes notamment, donc aujourd'hui il y a un besoin vital de retrouver cette complémentarité des sexes.
42:28 - Oui, la complémentarité. En fait, la guerre ou la complémentarité, c'est Marx qui avait parlé du combat de l'homme contre la femme.
42:36 En fait, moi j'aimerais citer Michel-Ange. Vous savez que dans la création d'Adam,
42:41 on voit Adam qui est un peu mou là, et puis Dieu avec ce geste de puissance extraordinaire l'éveille.
42:47 En fait, il y a un détail qui est central, qu'on ne signale jamais, c'est que sous le bras de Dieu, le Père,
42:53 il y a Ève, la femme, et c'est le regard de la femme qui éveille l'homme.
42:58 Et on voit qu'il y a une force qui s'éveille en lui.
43:01 On peut dire d'une certaine manière que la femme, par son désir, par son prophétisme,
43:06 par la puissance de ce qu'elle porte en elle comme désir, comme attente, comme insatisfaction aussi,
43:11 par rapport à un petit monde qui est souvent... provoque l'homme à engager sa force et à faire don de lui-même.
43:18 Et il y avait ce très beau sonnet que Michel-Ange adressait à Victoria Colonna qui était sa muse,
43:24 "Tu es entrée en moi par le regard et tu m'as contraint de déployer ma créativité".
43:29 On ne peut pas mieux dire...
43:31 C'est comme ça que je comprends la phrase de...
43:33 Vous savez, il y a des mariages où je dis,
43:35 "Puisque vous n'avez pas choisi ce texte et qu'il vous fait peur, je vais le commenter".
43:38 "Femme, soyez soumise à votre mari".
43:40 Alors, il y a deux soumissions, c'est "Femme, écrasez-vous".
43:43 Non, ça, ce n'est pas la tradition chrétienne.
43:45 C'est justement, "Femme, soumettez tous vos désirs, toutes vos intuitions, tout ce que vous avez sur le cœur
43:50 et ne renoncez jamais à déranger votre mari".
43:53 Et "Marie, aimez votre épouse comme le Christ a aimé l'Église",
43:56 c'est-à-dire en donnant sa vie, en s'engageant là-dedans.
43:59 Donc, vous voyez, il y a une rencontre...
44:01 - Sous le mot de la femme, malheureusement.
44:02 - Très féconde. - Mais on y reviendra.
44:03 - Entre la femme qui provoque le mari à s'engager et le mari qui se fait don de lui-même.
44:08 - Voilà, ça nous vaudra une autre émission parce qu'effectivement, c'est une phrase qui fait couler beaucoup d'encre.
44:12 Merci à tous d'avoir éclairé ces relations homme-femme, la place des hommes, celle des femmes.
44:17 Je renvoie à vos livres aux respectifs, Père de Mestre, La Voix des Hommes, Chez Arteige, Arnaud Boutéon,
44:21 c'est sur le sport comme un athlète de Dieu, mais ça rejoint notre problématique chez Salvatore,
44:25 Guénel Foyard, Fille de Roi, publié également chez Arteige.
44:28 Les sites internet de vos associations respectives, Les Chevaliers de Colombes, Les Filles de Roi,
44:32 s'affichent sur votre écran.
44:33 Merci à tous d'avoir suivi cette émission.
44:35 Merci Véronique.
44:36 Et puis la semaine prochaine, nous parlerons du philosophe Pascal à l'occasion de la sortie d'un Figaro hors série
44:42 consacré au philosophe, à son itinéraire spirituel, notamment un grand savant orgueilleux
44:46 qui devient un homme de foi, un polémiste parfois, mais qui mourut saintement.
44:50 Ce sera donc dimanche prochain.
44:52 Et puis, on retrouve également France Catholique, la lecture de cette semaine.
44:55 Bien entendu, France Catholique qui fait tout un dossier spécial sur les ostentations limousines
44:59 qui commencent ce week-end et qui durent jusqu'à fin octobre.
45:03 C'est un événement absolument exceptionnel.
45:05 Ça a lieu tous les sept ans.
45:06 Dans le limousin, on sort tous les saints des églises, processions, pèlerinages,
45:10 des milliers de personnes pour vivre ces événements religieux.
45:13 Voilà.
45:14 Merci encore et merci à Aurélie Loukano pour l'édition de cette émission.
45:18 Merci à la réalisation technique.
45:19 l'info continue sur ces news.

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