Marc est policier au RAID et a participé à la neutralisation du terroriste islamiste Mohamed Merah. Pour neo, il raconte cette intervention qui a duré 33 heures. ♂️
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00:00 J'ai été opérateur du RAID.
00:02 J'ai participé à la neutralisation de Mohamed Meral, 21 mars 2012.
00:06 Dans cette affaire, j'ai été blessé de deux balles
00:09 et je suis venu raconter cette histoire à Néo.
00:11 L'affaire Meral, c'est quoi ?
00:12 C'est en fait trois attentats à la suite.
00:15 Un militaire qui vendait sa moto a été tué de deux balles dans la tête.
00:18 Quatre jours après, trois militaires ont été...
00:21 se sont fait tirer dessus pendant qu'ils retiraient de l'argent.
00:24 Deux sont morts.
00:24 Et quatre jours après, le terroriste est passé devant une école
00:28 et a tiré dans la foule.
00:30 On décide d'aller chercher chez lui dans la nuit.
00:32 On se présente devant l'immeuble.
00:35 On ouvre la porte du hall.
00:36 Nous, on a progressé dans la nuit.
00:39 Donc on avait un couloir d'une dizaine de mètres.
00:42 Et ensuite, l'appartement est au demi-palier, huit marches.
00:46 On ouvre la porte d'une quinzaine de centimètres.
00:49 Ma position dans la colonne, en tant que chef d'équipe,
00:51 j'étais aux alentours de la cinquième ou sixième position.
00:53 Donc les deux opérateurs d'assaut ouvrent la porte.
00:56 On est accueillis par des coups de feu.
00:57 On riposte pour faire cesser l'attaque.
01:00 Au moment où ils nous tirent dessus,
01:02 l'opérateur qui tenait le vérin prend deux balles dans le plexus.
01:06 Il n'est pas blessé.
01:06 C'est l'endroit où on est le mieux protégé.
01:09 Il entame une fuite vers la droite.
01:11 Immédiatement, le terroriste tire dans son dos,
01:14 mais n'arrive pas à le toucher.
01:15 Il hurle « j'aime la mort autant que vous aimez la vie ».
01:18 On se réorganise.
01:19 On est un petit peu éclatés.
01:20 Moi, je suis dans le demi-palier inférieur.
01:23 Il a ouvert le feu au moins trois fois dans notre direction.
01:26 À un moment donné, je sens que je m'expose trop.
01:28 J'appelle les collègues pour qu'on me passe une fibre optique ou un miroir.
01:31 J'allais parler.
01:32 La première balle me frappe plein front, enfin dans le casque.
01:35 Je tombe dans les escaliers.
01:37 Il vide son chargeur, c'est-à-dire cinq autres balles.
01:39 Je suis touché simplement par les éclats de béton.
01:41 Là, sous l'escalier, je me demande bien ce qui se passe.
01:44 J'entends un gros tut.
01:45 Je ne comprends pas.
01:45 J'ai mal à l'épaule.
01:46 J'ai mal à la tête.
01:47 J'ai un réflexe d'enfant.
01:48 J'ai l'impression que du sang coule.
01:50 Je touche mon casque.
01:51 Je vois qu'il y a le trou de la balle.
01:54 Il y a l'enfoncement de la balle et qui occasionnera une hémorragie cérébrale.
01:58 J'entends tout de suite un camarade qui hurle « Marco est touché, il faut aller le chercher ».
02:03 Ça, ça me ramène à l'intervention et je leur dis « non, il ne faut pas aller me chercher »
02:06 parce que je vais m'exfiltrer tout seul.
02:08 S'ils étaient venus me chercher, ils seraient passés devant la zone dangereuse
02:11 et ils auraient peut-être pris des balles eux aussi.
02:13 Dix minutes après, je suis à l'hôpital.
02:14 Finalement, cette intervention aura duré 33 heures.
02:17 Moi, je suis ça de la chambre d'hôpital.
02:20 Le camion de pompier est en train de bouger.
02:22 Ça signifie qu'un assaut se prépare, etc.
02:24 On se dit « mais bon sang, comment ça va se terminer ? »
02:27 Et puis finalement, un dernier assaut est donné.
02:29 C'est-à-dire les collègues montent sur le balcon.
02:32 Une équipe rentre par la porte, creuse un trou dans la salle de bain.
02:36 C'était caché dans la baignoire.
02:38 Il avait passé toute la nuit dans la baignoire avec des coussins.
02:40 Eh bien, il bondit de la salle de bain.
02:42 Il tire sur la colonne d'assaut et il va pour fuir par la fenêtre du côté balcon.
02:46 Là, les collègues ripostent.
02:48 Un sniper riposte également.
02:49 Et il s'écroule en bas du balcon, touché de plusieurs balles.
02:52 Quand on rentre dans la police et qu'on nous donne une arme,
02:58 on se doute bien que cette arme, on risque de recevoir des balles et on risque d'en tirer.
03:03 Quand rétrospectivement, tu te dis « bon, la balle qui m'a touchée, elle a été arrêtée par le casque. »
03:09 Mais seulement, quand on regarde le casque de l'intérieur, on voit la balle.
03:12 Donc, ça veut dire qu'il ne manquait pas grand-chose pour que la balle passe.
03:15 Quand la population a un problème, elle appelle la police.
03:18 Quand la police a un problème, elle appelle leur aide.
03:20 Donc, on sait très bien qu'on va être confronté à des situations dangereuses.
03:23 Moi, je suis entré dans la police plus au raide, un peu comme un sportif.
03:27 C'est-à-dire, je voulais arrêter le plus de voyous possible, les plus dangereux possible.
03:31 Et puis après, il y a d'autres valeurs qui arrivent
03:34 parce qu'en mettant nos mains dans la violence, dans la misère humaine, dans l'injustice,
03:39 on est prêt à aller jusqu'au bout.
03:41 [Générique de fin]
03:43 Merci.