L'interview de Linda Kebbab

  • l’année dernière
Déléguée nationale Syndicat Unité SGP, Linda Kebbab était l’invitée de Laurence Ferrari dans #LaMatinale sur CNEWS.

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Transcription
00:00 Linda Kebab est avec nous. Bonjour Linda Kebab.
00:02 Merci d'être avec nous sur le plateau de la matinale ce matin.
00:05 On va parler évidemment de ce qui va se passer aujourd'hui.
00:07 13 000 membres des forces de l'ordre mobilisés.
00:10 Le chiffre a été donné en fin de journée par le ministre de l'Intérieur,
00:14 dont 5 500 dans la capitale.
00:16 Est-ce que c'est suffisant pour garantir l'ordre public en France aujourd'hui ?
00:20 Alors le chiffre, il est assez exceptionnel.
00:22 À l'époque des Gilets jaunes, on avait des chiffres légèrement en dessous.
00:25 On trouvait déjà ça extraordinaire.
00:27 Là, il faut tenir compte du fait qu'il y a un cortège de manifestants
00:30 potentiellement de plusieurs centaines de milliers de personnes
00:32 qui va être beaucoup plus nombreux qu'à l'époque des Gilets jaunes.
00:35 Est-ce que 5 500, ça va suffire ?
00:37 Ce n'est pas tant la question, c'est surtout
00:39 quels seront les personnes face à ces policiers ?
00:42 Et je parle notamment des Black Blocs, des casseurs, des ultras
00:45 qui vont venir en découdre avec les forces de l'ordre.
00:47 5 500 pour encadrer une manifestation entièrement pacifique,
00:51 c'est largement suffisant.
00:53 Là, on n'est pas dans ce contexte là.
00:54 Gérald Darmanin parle de casseurs qui veulent tuer des policiers.
00:58 C'est vraiment ce que vous redoutez ?
01:00 Mais c'est surtout ce qu'on constate en réalité.
01:02 Quand vous avez des personnes qui utilisent des armes de guerre,
01:04 parce qu'un molotov, c'est une arme de guerre ou des bombes artisanales,
01:07 eh bien, évidemment que c'est sa vocation à blesser gravement ou à tuer.
01:11 On l'a vu il y a quelques jours à Seine-Sauline avec les gendarmes
01:14 qui ont tenu bon, qui ont frôlé la mort.
01:16 On le voit à chaque fois qu'il y a de la casse avec des effectifs de police
01:20 qui sont extrêmement exposés face à des personnes, oui,
01:22 qui veulent vulgairement tuer du flic.
01:24 Et je pense que les mots ne sont pas exagérés.
01:26 On attend mille radicaux.
01:29 Quels sont les moyens de les stopper préventivement s'il y en a ?
01:33 Alors, il y a...
01:35 Tous ceux qui sont fichés S, on ne peut rien faire.
01:37 Une nouvelle fois, on le répétera jamais assez, c'est que la fiche S
01:40 ne suppose pas, enfin en tout cas, ne permet pas des interpellations.
01:42 C'est juste de la surveillance, sûreté de l'État.
01:44 On suspecte des choses, mais il n'y a absolument pas d'interpellation possible.
01:48 En revanche, et je l'avais déjà dit il y a quelques années,
01:51 concernant les Black Blocs, dès lors qu'ils forment un groupe,
01:53 ils commettent une infraction, à savoir le fait de se regrouper
01:56 en vue de commettre des infractions, tout simplement.
01:58 Et donc, du coup, à ce titre, on peut éventuellement les interpeller.
02:01 On sait par où ils arrivent.
02:03 Les services de renseignement qui sont extrêmement bien
02:05 rôdés à la question, qui les connaissent bien, qui connaissent leur trajet,
02:07 leur lieu de regroupement, leur lieu de trajet, la manière dont ils vont
02:10 ensuite se retrouver pour créer des bulles au sein des cortèges.
02:13 Et donc, oui, il y a possibilité d'exercer des contrôles d'identité,
02:15 des vérifications d'identité et en tout cas, de ne pas leur permettre
02:18 d'intégrer les cortèges pendant plusieurs heures.
02:20 Au vu de ce qui s'est passé lors des dernières manifestations,
02:23 je pense à Nantes, je pense à Marseille moins,
02:28 mais dans toutes les villes où il y a eu des violences et évidemment dans la capitale.
02:31 Est ce qu'il faut modifier la stratégie, la tactique des forces de l'ordre ?
02:35 Est ce qu'il y a quelque chose, quelque chose à changer ?
02:37 Vous savez, le maintien de l'ordre, c'est une matière extrêmement humaine,
02:40 compliquée, assez volatile.
02:42 Il y a une phrase qu'on entend très régulièrement
02:45 et dans le maintien de l'ordre, à la française, qui est un exemple
02:48 international, c'est que le maintien de l'ordre, c'est l'acceptation
02:51 d'un certain désordre, c'est l'acceptation d'avoir quelques abribus,
02:54 quelques vitrines, malheureusement, quelques poubelles qui brûlent,
02:56 voire même d'avoir des policiers qui sont un petit peu secoués,
02:59 notamment ceux qui sont formés au maintien de l'ordre.
03:02 Je pense aux CRS, aux gendarmes mobiles et aux compagnies d'intervention à Paris.
03:04 Et donc, tout cela est, entre guillemets, accepté dans le schéma
03:07 de maintien de l'ordre français.
03:08 Le problème, c'est qu'on n'est plus dans du maintien de l'ordre, monsieur.
03:10 On est dans la tentative de rétablissement de l'ordre,
03:12 mais on est surtout dans de l'émeute et dans la violence urbaine.
03:15 Donc, en réalité, c'est un petit peu de la guérilla.
03:17 Est-ce qu'on a une formule toute faite contre la guérilla ?
03:21 Non, on est obligé de s'adapter en fonction des contextes.
03:24 - Parce que dans les 13 000 membres des forces de l'ordre,
03:25 il y en a qui sont des spécialistes du maintien de l'ordre
03:28 et donc qui savent gérer ça et qui s'entraînent uniquement dans ce but-là.
03:32 Et puis, il y en a d'autres qui sont des policiers un peu moins aguerris à ça.
03:36 - Oui, bien sûr. Alors, même si, évidemment, il y a eu des formations express,
03:40 notamment à l'occasion du mouvement des Gilets jaunes,
03:43 à l'attention des effectifs de sécurité publique,
03:45 le maintien de l'ordre, c'est un métier.
03:46 Évidemment, la gestion de foules, c'est un métier.
03:48 On ne peut pas, comme ça, du jour au lendemain,
03:50 s'estimer être capable de gérer de la foule.
03:53 C'est des choses, d'ailleurs, qu'on avait critiquées il y a quelques années.
03:55 Quand on mettait en première ligne des effectifs
03:56 qui avaient l'habitude de faire de la lutte contre la délinquance et la criminalité,
04:00 on les mettait en première ligne face à des foules,
04:02 alors qu'ils n'en avaient jamais vu,
04:03 ils n'avaient jamais été confrontés à une gestion de foules.
04:05 Et donc, du coup, en mettant en difficulté nos collègues,
04:08 ça, c'est un vrai problème.
04:09 Pour le moment, on ne le retrouve pas avec l'actuel préfet de police.
04:11 Et tant mieux, on ne retrouve pas ce type de situation.
04:13 Néanmoins, on constate, et notamment la liste des villes qui a été citée depuis hier
04:18 et qui sont susceptibles, en tout cas, de s'embraser.
04:21 Ce sont des lieux où sont installés l'ultra gauche
04:24 et donc des professionnels de la casse,
04:26 parce que face aux professionnels du maintien de l'ordre,
04:27 il y a les professionnels de la casse.
04:29 Et c'est surtout la manière dont eux vont agir à l'égard des forces de l'ordre
04:32 qu'il va falloir surveiller.
04:33 Et dans les villes, j'ai oublié Rennes, où il y a une grosse activité
04:36 de l'ultra gauche, de l'extrême gauche.
04:38 Bon, comme on veut.
04:40 Dans plusieurs villes, notamment dans Paris,
04:42 il y a des poubelles qui jonchent les trottoirs à cause des grèves des éboueurs.
04:45 Certains individus, jeudi dernier, ont incendié un tas de poubelles
04:49 au pied d'un immeuble, ce qui a provoqué un incendie, des fumées.
04:52 Il y a deux de vos collègues, d'ailleurs, policiers hors service,
04:56 qui sont montés dans les étages pour sauver des individus,
05:00 enfin sauver les habitants, surtout.
05:02 La police doit également avoir un oeil sur ce type d'incident
05:06 pendant ces scènes de guérilla pour éviter des drames.
05:09 Et là, le drame a été évité, de justesse d'ailleurs.
05:11 Mais le feu est un moyen pour ces casseurs professionnels
05:15 de pouvoir dégrader le lieu, de pouvoir attenter à l'avis des policiers.
05:19 Quand on met en place une barricade, derrière, évidemment,
05:22 qu'il y a un feu qui est allumé, que ce soit des poubelles, des pneus,
05:24 tout ce qui peut servir, en tout cas, à empêcher les forces de l'ordre
05:28 de pouvoir progresser, et voire même tout ce qui peut permettre de blesser, de tuer.
05:31 Ce qu'il faut comprendre, et notamment dans ce type de situation,
05:35 c'est le drame qui suit ce type d'événement.
05:37 Parce que vous l'avez dit vous-même, il y a des feux qui sont mis en route.
05:40 On l'a vu dans la capitale la semaine dernière, dans le cortège de manifestation,
05:43 puisque je vous rappelle que je suis représentante du personnel
05:45 et donc évidemment que nous manifestons contre la réforme des retraites.
05:48 On a constaté des mises à feu sur plusieurs endroits.
05:52 Vous en avez cité un qui aurait pu tourner au drame.
05:54 Eh bien, le vrai problème derrière, et je veux vous le dire,
05:57 c'est finalement quelles sont les suites judiciaires ?
05:59 Parce que quand vous avez près de 300 interpellations
06:02 et que derrière, dans ces 300 interpellations,
06:05 vous en avez presque 300 qui sont relâchées,
06:07 c'est qu'il n'y a pas de suite judiciaire.
06:09 Qu'est-ce qu'on fait passer comme message ?
06:10 Ça veut dire que tout va bien. Ça veut dire qu'il ne se passe rien.
06:12 Ça veut dire qu'il n'y a pas de policiers qui est agressé.
06:14 Ça veut dire qu'il n'y a pas de feu qui est lancé.
06:17 Et je vais pointer du doigt une chose que moi, je trouve gravissime
06:20 dans ce contexte-là, c'est le communiqué de presse du syndicat de la magistrature
06:23 qui représente 25-27% du corps des magistrats.
06:26 Classé très à gauche, syndicat de magistrats à gauche.
06:28 Et qui ne cache pas son animosité à l'égard des forces de l'ordre.
06:32 Et qui dit clairement qu'il ne donnera pas de suite
06:35 aux interpellations effectuées par les forces de l'ordre.
06:37 Alors, on pourra toujours jouer sur des difficultés
06:39 à pouvoir identifier spécifiquement l'auteur,
06:42 notamment entre celui qui a mis le produit infallible,
06:45 celui qui a mis le feu, celui qui a encouragé.
06:47 C'est toujours très compliqué d'identifier parfaitement le rôle de chacun.
06:50 Néanmoins, quand vous avez un syndicat de la magistrature
06:52 qui représente un quart du corps, qui dit que de toute manière,
06:55 quoi qu'il arrive, on ne donnera pas de suite.
06:57 Je vais vous dire honnêtement, on va courir au drame.
06:58 C'est une justice politique, le syndicat de la magistrature,
07:01 pour ceux qui ne s'en souviennent pas,
07:03 c'est illustré avec le mur des cons.
07:05 C'est une justice politique que vous nous décrivez ?
07:08 Oui, je pense que très sincèrement, c'est une justice idéologique,
07:11 surtout avec cette harangue d'Oswald Bodo dans les années 70,
07:14 qui disait clairement qu'il fallait prendre, et je cite,
07:17 "position pour le voleur contre le policier".
07:19 Ça veut tout dire.
07:20 Et donc aujourd'hui, on se retrouve avec ce type de situation,
07:22 avec, je suis désolée, une position qui est extrêmement dangereuse,
07:25 qui est immorale et irresponsable,
07:27 qui vient dire tout simplement au Black Bloc,
07:29 "faites donc, il n'y aura pas de suite".
07:31 Pour l'instant, est-ce que vous voyez des jeunes de cités
07:34 dans les manifestations ?
07:35 Alors pour le moment, c'est ce qu'on appelle la délinquance opportuniste.
07:37 On l'avait vu au moment du mouvement des Gilets jaunes.
07:39 Après les casseurs, on avait des personnes qui arrivaient
07:42 et qui faisaient la délinquance acquisitive,
07:44 c'est-à-dire qui rentraient dans les magasins et qui les dépouillaient.
07:45 Pour le moment, ce n'est pas le cas.
07:47 On n'a pas de délinquance, comme on dit vulgairement,
07:49 issue des quartiers populaires.
07:50 Ce n'est pas du tout le cas pour le moment.
07:53 Pourquoi ? Parce qu'en fait, cette réforme des retraites,
07:55 elle vient aussi toucher un petit peu tout le monde.
07:56 On a tous les niveaux sociaux professionnels,
07:59 particulièrement évidemment les classes moyennes et ouvrières.
08:01 Puis surtout, on a l'ensemble de la France qui est représentée
08:04 dans les cortèges.
08:05 On a des policiers, on est plusieurs centaines à manifester.
08:08 Il y a évidemment des ouvriers, il y a des agents de la fonction publique,
08:11 mais il y a également des personnes qui sont sans emploi.
08:13 Et donc, je pense qu'en réalité, il y a une forme un petit peu
08:16 de schéma populaire qui fait que pour le moment,
08:19 tous ces gens-là se tiennent à distance et qu'ils restent loin.
08:21 On n'en veut pas.
08:23 On entend beaucoup de choses sur la BRAV-M, les policiers à moto.
08:26 C'est une brigade qui interpelle ?
08:28 Alors, c'est une brigade qui a été mise en place
08:32 pour réprimer les actions violentes.
08:34 Brigade anti-casseurs ?
08:36 C'est une brigade anti-casseurs.
08:37 Alors, le parallèle malheureux que beaucoup font,
08:39 c'est celui avec les voltigeurs qui ne sont pas du tout,
08:41 qui n'ont pas du tout le même fonctionnement.
08:43 Qu'est-ce qu'une BRAV ?
08:44 Qui, dans les années 80...
08:45 Malik Ousekine notamment, et ça a conduit à la fin,
08:50 au démantèlement de ces voltigeurs.
08:52 En fait, c'est quoi ?
08:53 C'est une section d'intervention,
08:54 donc qui est chargée de faire du maintien de l'ordre,
08:57 de la lutte anti-casseurs, mais qui, pour pouvoir se déplacer
09:00 très rapidement d'un point A à un point B,
09:02 ne le fait ni à pied, ni en véhicule lourd, mais le fait à moto.
09:06 Et donc, du coup, c'est juste une section qui se déplace
09:09 avec chacun un rôle défini,
09:10 comme dans toutes les sections de maintien de l'ordre,
09:12 et qui vont aller attaquer de manière très légère,
09:14 rapide, des casseurs.
09:15 Donc, ça n'a rien à voir avec les voltigeurs.
09:17 Leur utilité, elle est démontrée.
09:19 D'ailleurs, la preuve, c'est qu'aujourd'hui,
09:22 ça devient un sujet politique.
09:23 J'ai un petit message là-dessus, c'est que quand on voit
09:26 des mouvements politiques, et je vais cibler particulièrement
09:28 la France insoumise et leurs alliés,
09:30 qui appellent à la dissolution de la Bravem,
09:32 en fait, vous savez ce qui est en train de se passer ?
09:34 Et c'est la syndicaliste qui vous parle.
09:35 C'est que progressivement, cette revendication
09:37 contre la réforme des retraites, elle est en train d'être volée
09:40 par des mouvements politiques, par des casseurs.
09:42 Et progressivement, le problème de la retraite
09:44 va devenir celui de la police.
09:45 C'est un petit peu ce qui s'est passé au monde des Gilets jaunes.
09:48 Au bout de sept mois, on ne savait plus du tout
09:49 pourquoi les gens manifestaient, puisqu'à l'époque,
09:51 la France insoumise avait repris le mouvement
09:53 et ne parlait que de la police.
09:54 Eh bien, malheureusement, moi, j'en appelle aux confédérations,
09:56 attention, attention, ce sont des politiques
09:59 qui vont se saisir de la lutte contre la réforme des retraites
10:01 pour pouvoir faire leur politique anti-flics
10:04 sur la base d'éléments qui ne sont absolument pas probants.
10:06 Et c'est tout.
10:07 – Quand Jean-Luc Mélenchon dit des policiers de la Bravem
10:11 qu'ils doivent se faire soigner parce qu'il faut être…
10:13 je ne sais plus quel est son terme exact,
10:15 il dit qu'il faut se faire soigner parce que c'est étonnant
10:18 quand on est policier d'avoir envie de monter sur une moto
10:21 pour aller opérer la mission de la Bravem.
10:26 Qu'est-ce que vous en pensez ?
10:27 – Oui, enfin franchement, est-ce que…
10:29 – C'est violent de dire d'aller se faire soigner.
10:30 – La sénilité d'un ancien candidat à la présidentielle
10:33 a vraiment de l'importance.
10:34 Ce n'est pas tant ce qu'il dit qui est important,
10:35 c'est surtout l'impact que ça a sur les jeunes.
10:37 Vous l'avez dit dans un reportage il y a quelques minutes,
10:39 avec des jeunes qui se mobilisent, et tant mieux,
10:40 contre la réforme des retraites et qui pensent à leur avenir.
10:43 On se plaint souvent que les jeunes ne s'intéressent pas
10:44 à la chose politique, et tant mieux s'ils le font.
10:47 Néanmoins, venir parler de la police sur un sujet social et économique,
10:51 c'est complètement insensé.
10:52 Monsieur Mélenchon fait de la récupération électorale.
10:55 En fait, il distille un sentiment un petit peu insurrectionnel.
11:00 Et c'est sur l'insurrection qu'il construit sa base électorale.
11:04 C'est tout.
11:05 – Il souffle sur les braises.
11:06 – Mais il souffle sur les braises,
11:07 mais la police c'est la cible électorale parfaite
11:10 pour la France insoumise.
11:11 Et M. Mélenchon, enfin honnêtement, on ne les prendrait pas au sérieux
11:15 s'ils n'étaient pas aussi dangereux.
11:16 Et les propos de M. Mélenchon évidemment qui sont dangereux,
11:18 et surtout ils sont une injure pour tous les manifestants
11:20 qui sont là présents pour la réforme des retraites.
11:23 Et à cause de lui, à cause de ces sbires, à cause des casseurs d'ailleurs
11:26 qu'il protège, puisqu'il ne dénonce pas leurs actions,
11:28 malheureusement quand on a des centaines de milliers de personnes
11:31 qui sont dans la rue contre une réforme,
11:33 et qu'on finit par ne plus parler de ces défilés-là,
11:35 de ces cortèges lapins, ne parler que des casseurs
11:37 et de leurs alliés politiques, et notamment de ceux qui portent
11:39 une écharpe tricolore et qui les accompagnent.
11:41 Il y en avait encore ce week-end à Melles contre les bassines.
11:44 Je trouve ça dramatique.
11:45 Parlons également de ce sondage CSA pour CNews.
11:48 85% des personnes interrogées, c'est un sondage qu'on révèle
11:51 ce matin dans la matinale de CNews.
11:52 85% des personnes interrogées condamnent les violences
11:55 contre les forces de l'ordre.
11:56 Alors je note depuis le début de la matinale qu'il y a quand même
11:58 14% de Français qui ne les condamnent pas.
12:01 Je voulais vous entendre là-dessus.
12:02 Oui, c'est dramatique déjà à la base.
12:04 C'est en lien avec ce dont on vient de parler ?
12:05 Oui, c'est en lien évidemment la conviction que c'est bien fait pour eux
12:08 pour dire les choses très trivialement.
12:10 Et donc c'est dramatique.
12:11 Il y a évidemment une montée de la violence dans notre société.
12:14 Ça, c'est des choses qu'on constate particulièrement
12:16 depuis ces dernières années et encore plus depuis la crise Covid.
12:19 Mais ce qui est dramatique, c'est qu'on a 14% de personnes
12:22 qui trouvent normal 1) des actes de violence,
12:24 2) contre les acteurs de la protection de la population.
12:27 Or, il faut que ces 14% comprennent que sans police,
12:31 ils sont les premiers exposés au danger.
12:33 Je voulais vous entendre également sur ces chiffres publiés ce matin
12:35 dans le Figaro, l'explosion des coups et blessures.
12:38 Hors famille dans les 20 plus grandes villes de France.
12:41 +23% à Lille, +28% à Nancy, +30% à Bordeaux, +25% à Grenoble, +22% à Paris.
12:50 Coups et blessures hors famille.
12:52 Ce n'est pas la violence intrafamiliale qui est un sujet, mais qui n'est pas celui-ci.
12:56 C'est coups et blessures dans la rue.
12:58 Vous confirmez, c'est ce qui vous remonte aussi.
13:01 Ce sont des chiffres de toute façon du ministère de l'Intérieur.
13:03 Oui, c'est des chiffres qui, de toute manière, sont dans une cinétique
13:06 que l'on observe depuis environ deux ans.
13:08 En effet, et c'est une bonne chose que les chiffres des violences intrafamiliales
13:12 soient dissociés du reste des violences.
13:13 Il y a deux ans déjà...
13:14 C'est un sujet, mais c'en est un autre.
13:15 C'est un autre sujet.
13:17 C'est un sujet, mais c'en est un autre.
13:19 Parce que dans ces violences, il y a évidemment les violences
13:21 qui ont vocation à faire de l'acquisition, notamment les vols avec violence,
13:24 mais il y a aussi tout ce qu'on appelle les violences dites gratuites.
13:26 Alors pour les juristes et les policiers, il n'y a pas de violences dites gratuites.
13:30 Elles sont déjà au moins volontaires.
13:31 Et donc, ces violences, elles sont en augmentation.
13:33 Et d'ailleurs, il y a un an ou deux, on avait le ministère de l'Intérieur
13:36 qui, en publiant ses chiffres, certains se satisfaisaient de voir
13:39 les chiffres de la délinquance baisser de manière globale.
13:43 Sauf que moi, j'avais déjà pointé du doigt à l'époque
13:45 le fait que certes, les chiffres de la délinquance baissent de manière générale,
13:48 mais ceux de la violence, eux, explosent.
13:50 Et je pense que le plus important pour nos concitoyens,
13:53 c'est surtout les chiffres de la violence qui sont importants.
13:55 Pourquoi ?
13:55 Parce que, même si c'est toujours désagréable,
13:58 se faire pirater sa carte bleue en ligne ou se faire voler quelque chose,
14:03 c'est beaucoup moins traumatisant que de subir des violences.
14:06 Et je pense que c'est un véritable sujet.
14:07 C'est la représentation de la polarisation de notre société,
14:10 un, dans le débat public, mais également aujourd'hui, même sur la voie publique,
14:13 où on constate de plus en plus sur le terrain, et nos collègues nous le disent,
14:16 les gens ne parlent plus, ils en passent directement aux mains.
14:19 Qu'est-ce qui se passe dans ce pays ?
14:21 On a parlé des grandes villes.
14:22 C'est la même chose dans les villes moyennes,
14:24 entre 20 000 et 100 000 habitants.
14:26 Sainte, en Charente-Maritime, c'est pas Los Angeles, Sainte.
14:30 C'est pas une grande ville, c'est une ville calme de l'ouest du pays.
14:33 L'ouest, c'est plutôt, ça a cette réputation en tout cas d'être plutôt calme,
14:37 plus 80 %, plus 46 % à Libourne, plus 62 % à l'Orient.
14:45 Qu'est-ce qui se passe dans le pays ?
14:47 Qui agresse qui ?
14:48 C'est ça que je voudrais vous entendre nous expliquer.
14:52 Malheureusement, c'est toujours...
14:53 Qui agresse qui ? Quel est le profil ?
14:54 C'est toujours en fait des profils de personnes qui sont déjà connues des services de police.
14:59 Savoir que c'est toujours une minorité de personnes qui sont déjà connues des services de police et de gendarmerie,
15:03 qui sont des récidivistes.
15:05 Et en fait, c'est toujours une petite frange qui va créer le plus gros de la délinquance.
15:09 C'est les chiffres qui le disent.
15:10 Et d'ailleurs, on constate, et d'ailleurs, on déplore souvent et on le dit,
15:13 c'est que les personnes ne trouvent pas de réponse pénale forte
15:17 qui permette de lutter contre la récidive, de véritable suivi.
15:20 Il y a une difficulté.
15:21 Le service public, je vous rappelle, en France, a été démantelé.
15:23 Il y a la question de la police, il y a la question de la justice, mais bien en amont.
15:27 Il y a la question de la prévention et de l'éducation qui ne nous concernerait pas,
15:30 nous, policiers, directement, si nous ne devions pas finalement récolter,
15:34 récupérer les ratés de notre société.
15:37 Qu'est-ce que ça veut dire ?
15:38 Ça veut dire qu'en gros, il y a une difficulté dans l'éducation, dans la prévention.
15:42 Nous, policiers, on interpelle toujours les mêmes, c'est-à-dire en gros,
15:45 des profils qui sont connus pour être violents,
15:47 qui sont des personnes qui se fichent complètement de l'autorité, de la loi,
15:50 mais surtout de la vie humaine et de leur prochain.
15:52 Parce qu'ils sont dans une famille en déliquescence ?
15:54 Non, mais on a toutes sortes de profils.
15:55 On a des personnes qui sont des marginaux, mais on a aussi des personnes très lambda
15:58 qui sont de toute manière des personnes qui accèdent à la violence assez rapidement.
16:01 Mais surtout, c'est qu'il y a une difficulté de réponse pénale.
16:03 On a une véritable difficulté de réponse pénale.
16:05 On a une difficulté de suivi avec...
16:07 J'ai encore un exemple, il y a quelques jours, au Blanc-Ménil, il y a quelques jours,
16:10 on a une personne qui monte dans une voiture volée.
16:13 Les collègues prennent en charge de la voiture.
16:15 La personne prend des risques, roule à plus de 5 km/h dans les rues de Blanc-Ménil,
16:18 manque de renverser des piétons.
16:20 À l'issue, se fait interpeller.
16:22 Eh bien, cet individu, il est interpellé en violentant et en donnant des coups de poing au policier.
16:27 Eh bien, cet individu aujourd'hui, il est libre.
16:29 Voilà.
16:29 C'est quoi la réponse pénale ?
16:30 C'est quoi le suivi ?
16:32 C'est quoi le message ?
16:33 Eh bien, c'est un profil d'un délinquant bien connu des services de police
16:37 qui est un habitué sur le 93 à commettre des exactions.
16:39 Et donc, il y a un magistrat qui dit la bonne décision, c'est de le libérer.
16:42 Sous contrôle judiciaire.
16:43 C'est quoi la réponse, en fait ?
16:45 C'est quoi le message qu'on fait passer à ces individus ?
16:47 Eh bien, continuez, il y a de l'impunité.
16:49 Et quand vous avez en plus derrière des gens qui disent
16:51 "de toute manière, t'appuies sur les forces de l'ordre",
16:53 c'est limite presque bien vu, pour dire les choses un peu simplement.
16:59 Eh bien oui, évidemment, on se rend compte que la violence
17:02 est un moyen d'expression aujourd'hui,
17:03 particulièrement contre les personnes d'autorité,
17:05 les professeurs, les élus locaux, parfois les journalistes.
17:08 On l'a vu ce week-end avec des journalistes qui ont été blessés
17:10 par les casseurs à Saint-Solyne.
17:12 Et puis, évidemment, les policiers au bout du bout.
17:14 52 % des professionnels qui sont victimes de violences sont des policiers.
17:17 Linda Kebab, policière, déléguée nationale Unité SGP.
17:20 Merci beaucoup d'être venue ce matin
17:22 sur le plateau de la matinale de CNews.
17:24 Bonne journée à vous.
17:25 Et la matinale continue tout de suite.
17:27 (Générique)

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