Les informés du matin du mercredi 29 mars 2023

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00:00 (Générique)
00:08 Y a-t-il un peu de lumière au bout du tunnel après des mois et des mois de bras de fer entre les syndicats et l'exécutif ?
00:14 Elisabeth Born invite donc l'intersyndicale à Matignon en début de semaine prochaine.
00:18 On ne connaît pas encore la date précise du rendez-vous avec les syndicats.
00:21 Ce sera lundi, mardi ou mercredi, nous disait il y a quelques instants Laurent Berger pour l'ACFDT,
00:26 qui a déjà fait savoir qu'il irait à ce rendez-vous mais pour demander la fin de la retraite à 64 ans.
00:32 On va en parler ce matin avec Géraldine Wessner, journaliste au point. Bonjour et bienvenue.
00:36 Bonjour.
00:36 Avec Adrien Beck, journaliste au service politique de France Info qui est à vos côtés.
00:39 Bienvenue également Adrien.
00:41 Et avec Renaud Delis.
00:42 Renaud, une réunion, en tout cas une invitation pour l'instant, mais pour quoi faire ?
00:45 Alors une réunion qui aura lieu effectivement lundi, mardi ou mercredi, en tout cas en début de semaine prochaine,
00:51 donc à l'initiative d'Elisabeth Born.
00:53 Rappelons qu'au préalable hier d'ailleurs, Laurent Berger avait lui demandé une médiation.
00:58 La nomination d'un médiateur, c'est une proposition qui avait été refusée immédiatement par le porte-parole du gouvernement, Olivier Véran.
01:03 Une réunion se tiendra donc à Matignon en début de semaine avec l'intersyndicale.
01:06 Pour parler de quoi ? Laurent Berger, le secrétaire général de l'ACFDT, a confirmé qu'il irait et voici ce qu'il entend dire.
01:13 On va redire qu'on veut cet espace de médiation parce que c'est le meilleur moyen de sortir de cette crise.
01:17 Si le gouvernement, si Madame Born nous dit "écoutez, on ne veut pas parler des retraites", on en parlera.
01:22 Et on dira "il faut suspendre les 64 ans, ne jouez pas la tension sociale parce que ça se tend fortement,
01:30 et trouver une solution et la solution vous la portez".
01:33 Le problème c'est qu'a priori, Elisabeth Born n'entend pas parler surtout du report de l'âge légal à 64 ans,
01:40 qui est évidemment le principal sujet qui fâche les syndicats.
01:43 Laurent Berger en parlera lui.
01:45 Tous les syndicats iront-ils d'ailleurs à cette réunion ?
01:47 Ce ne sera pas forcément le cas notamment du côté de la CGT mais ça on le verra dans les jours qui viennent.
01:53 Et puis rappelons que la mobilisation a encore été massive hier et que l'intersyndicale a programmé
01:57 une 11e journée nationale d'action jeudi de la semaine prochaine, le 6 avril.
02:02 Est-ce qu'on peut dire Géraldine Wössner que ça bouge un peu ?
02:04 Je n'ai pas le sentiment que ça bouge.
02:06 Non, j'ai plutôt le sentiment qu'on est bien installé dans l'impasse et on ne voit pas tellement d'autres issues
02:12 parce qu'effectivement Laurent Berger propose une médiation mais avec une condition qui était la suspension de la réforme.
02:20 Et il n'en démorde pas, ils veulent discuter de l'âge des 64 ans.
02:25 C'est la mesure que le gouvernement veut maintenir.
02:30 Donc à part continuer comme ça dans une espèce de faux dialogue,
02:34 on ne se voit pas jusqu'à la décision du Conseil constitutionnel qui est mis à avril,
02:39 je ne vois pas tellement d'avancée, non.
02:41 Et va se passer quoi à Matignon, Adrien Beck, du coup ?
02:43 Alors si vous interrogez Matignon, vous ne saurez pas grand chose
02:47 puisque Matignon n'est pas capable pour l'instant de fournir un ordre du jour ou du moins les thèmes abordés.
02:53 On sait ce dont Laurent Berger veut parler, on vient de l'entendre.
02:56 On imagine qu'Elisabeth Borne n'aura pas d'autre choix que de parler des retraites
03:01 mais de façon réexpliquée j'allais dire pour la XXème fois sa position.
03:08 On imagine aussi qu'Elisabeth Borne va sans doute vouloir aller sur d'autres sujets
03:12 mais la réalité en fait n'est pas tant le fond, la réalité ça va d'abord être l'image,
03:16 montrer que l'intersyndicale est reçu à Matignon.
03:19 Mais est-ce que les syndicats feront ce cadeau à l'exécutif ?
03:22 En tout cas...
03:22 Aller tous ?
03:23 Alors si ce n'est pas tous, c'est au moins Laurent Berger
03:25 parce que dans la majorité on vous explique que celui qu'il faut décrocher,
03:30 c'est le terme très souvent utilisé, c'est Laurent Berger parce que c'est le premier syndicat,
03:35 parce que c'est le plus réformiste et il est très clair que de toute façon CGT ou pas,
03:40 la CGT est bien sûr un interlocuteur mais ce n'est pas un interlocuteur
03:44 avec lequel l'exécutif va pouvoir négocier de prime abord.
03:48 Donc c'est l'image et puis c'est montrer aussi quand même qu'il y a,
03:52 même si ça ne bouge pas beaucoup, une toute petite minuscule porte,
03:55 presque un portillon pour commencer à avancer à nouveau après la réforme.
04:00 Un trou de souris comme dirait Renaud Delis.
04:02 9h10, le Fil info, Maureen Suignard, on se retrouve dans un instant.
04:05 Même si la dixième journée de manifestation contre la réforme des retraites a moins mobilisé,
04:12 l'intersyndical coche la date du 6 avril pour la onzième journée d'action.
04:16 Et la question qui se pose ce matin est la suivante,
04:18 qui sera à Matignon au début de semaine prochaine ?
04:21 Elisabeth Borne invite les partenaires sociaux, seule la CFDT a répondu qu'elle y sera pour l'instant.
04:27 Une fraude à plusieurs milliards d'euros,
04:29 cinq banques perquisitionnées par le Parquet national financier,
04:32 la Société Générale, BNP Paribas, Exane, Natixis et HSBC.
04:36 Elles sont accusées d'avoir aidé leurs clients étrangers
04:40 pour qu'ils ne paient pas la totalité des impôts sur les dividendes.
04:43 Le président chinois va-t-il se rendre en Ukraine ?
04:46 Le chef de l'État ukrainien lui propose de venir.
04:49 Pékin n'a jamais condamné l'invasion russe et reste proche de Moscou,
04:54 mais veut jouer un rôle de médiateur pour mettre fin à la guerre en Ukraine.
04:57 Pas besoin de doses supplémentaires pour les adultes de moins de 60 ans.
05:01 Bonne santé, l'Organisation mondiale de la santé modifie ses recommandations
05:05 de vaccination anti-Covid.
05:07 La première dose et le rappel suffisent, dit l'OMS.
05:10 Renaud Dely, à quoi peut servir ce rendez-vous de Matignon la semaine prochaine
05:24 s'il a lieu avec l'ensemble des syndicats ?
05:26 Alors déjà, le simple fait qu'il ait lieu montre quand même que ça bouge,
05:29 pour une raison simple, Laurent Berger et les autres responsables syndicaux
05:32 l'ont suffisamment dit et répété, il n'y a eu aucune réunion,
05:36 aucune entrevue entre les syndicats, entre l'intersyndical et Matignon,
05:42 le ministère du Travail, le ministre du Travail Olivier Dussopt,
05:45 ou Emmanuel Macron auquel les syndicats avaient écrit,
05:48 aucune entrevue depuis le début du mois janvier, depuis le début de la crise,
05:52 ce qui est quand même assez stupéfiant. Donc rien que ça, ça bouge.
05:54 En revanche, ce qui est vrai, c'est qu'on se demande si ça bouge vraiment,
05:58 si ça bouge sur le fond, et là-dessus, rien ne le garantit loin de là,
06:02 parce qu'on peut s'interroger, on voit très clairement
06:05 ce dont les syndicats veulent parler, c'est clair, depuis le début,
06:07 et Laurent Berger l'a redit tout à l'heure, la réforme des retraites,
06:09 bien sûr, et d'abord le report de l'âge légal.
06:12 En face, pourquoi est-ce qu'Elisabeth Borne organise-t-elle cette réunion,
06:16 lance-t-elle cette invitation ? Est-ce que c'est pour montrer à l'opinion,
06:20 par exemple, que non, non, le gouvernement ne serait pas inflexible
06:23 et serait susceptible d'écouter ce qui se passe dans la rue
06:25 et ailleurs dans le pays ?
06:26 Est-ce que c'est d'abord pour s'adresser à sa propre majorité,
06:29 notamment aux députés Renaissance qui sont très remontés
06:31 depuis dix jours contre le recours au 49-3,
06:34 qui considèrent pour une grande part d'entre eux
06:35 qu'Elisabeth Borne est une première ministre en sursis à Matignon,
06:38 et il s'agit en quelque sorte d'apaiser un petit peu
06:40 ces députés Renaissance inquiets et mécontents.
06:43 Au passage, rappelons qu'hier, du côté du Modem,
06:47 le Modem a fait part, finalement, plutôt de son appui
06:51 à la proposition de Laurent Berger, qui était celle de mettre en place
06:53 une médiation, donc on voit bien que ça craque,
06:55 ça craquelle en tout cas dans la majorité.
06:57 Donc il y a un peu urgence pour Elisabeth Borne
06:59 à montrer à ses troupes que non, non, non,
07:03 il se passe quelque chose, qu'en gros,
07:05 je ne suis pas sûr qu'elle s'adresse à l'opinion en fait.
07:06 Mais peut-être plus après, dernier point,
07:08 il n'est pas non plus exclu, sans vouloir faire de procès d'intention,
07:10 bien sûr, au gouvernement, qu'il y ait quelques arrière-pensées
07:13 liées au calendrier de la CGT, puisqu'il y a en ce moment
07:15 un congrès en cours à Clermont-Ferrand, le congrès de la CGT.
07:18 - Il s'est passé des choses hier.
07:18 - Très difficile pour Philippe Martinez, le secrétaire général sortant,
07:21 qui a été mis en minorité.
07:22 On voit que la frange radicale de la CGT,
07:25 qui lui reproche d'être trop conciliant,
07:26 est en train, peu à peu, de prendre le pouvoir à la CGT.
07:30 Et la semaine prochaine, Philippe Martinez ne sera plus
07:32 secrétaire général de l'organisation.
07:34 Donc la CGT ira-t-elle à ce fameux rendez-vous ?
07:38 Est-ce que Matignon avait en tête ce calendrier ?
07:41 Certes, du côté de la majorité, on veut décrocher Laurent Berger,
07:43 comme ça a été dit à l'instant.
07:45 Mais en même temps, c'est peut-être la CGT qui,
07:47 changeant de ligne en quelque sorte, est en train de décrocher.
07:51 - Géraldine Vosner, je reviens sur ce que disait Renaud Nelly
07:53 il y a quelques instants.
07:54 Quel est l'état aujourd'hui de ces fissures dans la majorité,
07:57 avec des députés du Modem qui font partie de la coalition d'Emmanuel Macron
08:02 et qui, eux, soutiennent la médiation de Laurent Berger ?
08:05 C'est quoi ? C'est une frondinette ?
08:07 C'est une petite fissure ? C'est une grosse fissure ?
08:09 - En tout cas, on peut parler de grandes confusions.
08:13 C'est qu'après ces semaines et ces mois d'imprécision,
08:17 d'erreurs de communication,
08:19 on a complètement perdu le sens de cette réforme
08:22 et on le ressent aussi dans la majorité.
08:24 Donc certains, je pense que certains même,
08:27 attendent avec espère une petite gifle du Conseil constitutionnel.
08:34 Ça leur permettrait de mettre tout ça sur le dos des sages.
08:39 Je veux dire, bon, maintenant, on réécrit l'histoire.
08:40 Parce que le problème demeure,
08:44 ils veulent soutenir cette réforme des retraites dans l'esprit et dans le principe.
08:48 Mais la méthode de travail est très décriée dans la majorité.
08:54 Beaucoup ne comprennent pas qu'on ait négocié principalement avec les Républicains,
08:58 qui n'ont en plus pas soutenu le texte.
09:01 Et on se retrouve maintenant un peu coincés avec, en plus, une réforme
09:05 qui n'est pas aussi ambitieuse que ce qui était imaginé
09:07 et qu'il faudra remettre sur l'ouvrage, sur la table d'ici quelques années.
09:14 - Il y a sans doute peut-être une pression de la part de la base aujourd'hui,
09:18 c'est-à-dire de la part des parlementaires de la majorité sur Matignon, Adrien Becq ?
09:21 - Alors, sans doute. Après, l'exécutif n'a pas forcément pour grande habitude
09:27 d'être très à l'écoute de sa majorité.
09:30 Je le dis d'une forme d'euphémisme.
09:32 Ceci étant, il y a quand même un enjeu pour Elisabeth Borne,
09:35 qui est aussi celui de son maintien à Matignon.
09:37 Donc, avoir plutôt le soutien de sa majorité,
09:40 démontrer qu'elle écoute sa majorité dans le moment dans lequel on se trouve,
09:44 n'est sans doute pas totalement anodin.
09:47 Parce qu'effectivement, comme le disait Géraldine,
09:49 il y a craquellement une fissure avec le modem.
09:52 Rappelez-vous, il y a aussi eu, durant l'examen de la réforme,
09:55 des difficultés avec Horizon sur les carrières longues,
09:59 parce que c'était les Républicains qui le proposaient.
10:01 Mais finalement, Horizon a fini par le proposer aussi, s'estimant en fait délaissé.
10:06 Certains disaient même, ce serait bien qu'on fasse l'élargissement
10:08 jusqu'au partenaire de la majorité, reprenant une formule du quinquennat de Nicolas Sarkozy.
10:13 Donc, c'est aussi effectivement, sans doute, cette réponse-là
10:15 qu'essaie d'apporter Elisabeth Borne.
10:16 - Renaud Delis ?
10:17 - Il n'y a pas que, d'ailleurs, des craquellements.
10:19 Adrien Bac a raison, des divisions qui apparaissent,
10:21 des fissures, on va dire, au sein de la majorité.
10:23 Il y a aussi des relations qui se tendent un peu entre les deux têtes de l'exécutif.
10:27 Ce qui explique aussi peut-être des tempos un peu différents.
10:30 Parce qu'hier, du côté de l'Elysée,
10:32 on ne mettait pas tant l'accent sur cette réunion de début de semaine
10:35 que sur le fait que la mobilisation refluait, selon l'Elysée.
10:38 En tout cas, c'est ce qui avait été constaté hier,
10:39 que les taux de grévistes étaient extrêmement faibles,
10:42 et que finalement, il suffisait d'attendre.
10:45 Il est urgent d'attendre.
10:46 D'attendre quoi ?
10:46 D'attendre la décision du Conseil constitutionnel.
10:49 Donc, c'est plus là-dessus qu'on insiste, du côté de l'Elysée, me semble-t-il.
10:53 Et il faut savoir qu'un certain nombre d'initiatives d'Elisabeth Borne,
10:58 ces derniers temps, n'ont pas forcément été bien vues du côté d'Emmanuel Macron.
11:02 Je pense, par exemple, à son annonce, sa vraie fausse annonce,
11:05 de dire qu'elle n'utiliserait plus le 49-3 que pour des textes budgétaires.
11:10 C'est-à-dire exactement ce qu'elle a fait, d'ailleurs,
11:12 depuis qu'elle est en poste à Matignon.
11:13 Donc, en fait, il n'y a pas de changement.
11:14 Mais ça apparaissait, de sa part, comme d'abord une façon de s'excuser
11:19 de l'avoir utilisé pour la réforme des retraites,
11:21 ce qui était un texte budgétaire.
11:23 En tout cas, c'est le véhicule législatif qu'a choisi le gouvernement, d'une part.
11:26 Et une façon de se lier les mains, donc de faire une forme de mea culpa devant l'opinion.
11:30 Ça n'a pas été jugé forcément extrêmement habile,
11:33 d'un point de vue politique, du côté de l'Elysée.
11:34 – Alors, pour l'anecdote, hier, un conseiller de l'exécutif m'expliquait,
11:38 alors que je lui parlais de la relation entre Emmanuel Macron et Elisabeth Borne,
11:41 que ces relations, finalement, c'était comme sous Édouard Philippe,
11:44 on en parlait beaucoup, mais qu'en fait, la relation était une bonne relation de travail.
11:49 Et faire une allusion à la relation, enfin, comparer plutôt la relation
11:53 d'Elisabeth Borne et d'Emmanuel Macron avec celle d'Emmanuel Macron et d'Édouard Philippe,
11:57 semble quand même être une forme d'aveu que ce n'est pas,
12:00 à l'heure qu'il est, aussi simple.
12:02 Quand on connaît la relation qui a pu être assez tendue
12:05 entre l'ancien Premier ministre et le président de la République.
12:08 – L'exécutif, pour l'instant, Géraldine Wassner a balayé hier l'hypothèse
12:11 de nommer un ou des médiateurs, parce que d'ailleurs,
12:13 Laurent Berger dit, il en faudrait sans doute plusieurs.
12:15 Est-ce que ça pourrait être, pour vous, une piste pour tenter d'atterrir ?
12:21 – Il faut, de toute façon, régler cette question d'image,
12:23 Adrien a tout à fait raison.
12:24 Là, il faut parler aussi à l'opinion publique,
12:27 qui ne comprend plus ce qui se passe.
12:29 La réforme, enfin, le gouvernement a engagé sa responsabilité sur ce texte,
12:34 alors le texte est passé, même si c'est à un cheveu, ce texte est passé.
12:39 Donc, il serait un petit peu compliqué, quand même,
12:41 du point de vue du respect des institutions,
12:43 de le balayer avant que le Conseil constitutionnel se prononce.
12:47 En revanche, rompre complètement le dialogue,
12:50 et jouer ce pourrissement total, où en fait,
12:53 on compte les manifestants qui baissent, n'est pas sain non plus.
12:57 On voit, à l'étranger, nos voisins nous regardent avec consternation.
13:01 Je veux dire, de ne pas être capable de renouer un dialogue
13:05 avec les syndicats, l'exécutif, ça n'est pas normal.
13:08 – Et ça, ça pourrait passer par un médiateur ?
13:10 – Ça peut passer par tout type de formule, effectivement un médiateur,
13:15 des rencontres, mais des rencontres avec un ordre du jour, un agenda, un programme,
13:19 des thèmes sur lesquels on décide de travailler ensemble.
13:23 Là, pour l'instant, il y a un côté théâtre mal ficelé qui laisse un goût amer.
13:30 – Adrien Becq ? – La réalité, c'est que le dialogue,
13:32 en fait, n'aurait jamais dû être rompu, y compris de façon informelle.
13:36 On a eu l'écho, et Laurent Berger d'ailleurs l'a confirmé,
13:39 d'un entretien téléphonique entre le numéro 1 de la CFDT et Alexis Collère,
13:44 la semaine dernière, je crois.
13:45 – Qui est le bras droit d'Emmanuel Macron à l'Élysée.
13:47 – Voilà, pardon, qui est le secrétaire général de l'Élysée.
13:50 Ce type d'entretien téléphonique, en d'autres temps,
13:54 je pense à l'époque de Nicolas Sarkozy avec Raymond Soubi,
13:56 avait lieu quasi quotidiennement.
13:58 – Là, ça a été présenté quasiment comme un événement.
14:00 – C'est ça. – C'était assez stupéfiant.
14:01 – Voilà.
14:02 – Restez avec nous, on va changer complètement de sujet dans un instant.
14:04 On parlera de la loi anti-squat qui arrive à l'Assemblée nationale.
14:08 Le Fil info pour l'heure, puisqu'il est 9h20, voici Maureen Suigner.
14:11 [Musique]
14:13 – Il est encore temps de se parler, de mettre en suspens cette réforme
14:16 et de faire autrement, insiste sur France Info, Laurent Berger,
14:19 le numéro 1 de la CFDT ira à Matignon la semaine prochaine
14:22 sur invitation de la Première Ministre.
14:25 Il veut parler du report de l'âge légal à 64 ans,
14:28 on ne sait pas encore si les autres syndicats iront.
14:31 Il prévoit en tout cas une nouvelle journée de mobilisation
14:33 le 6 avril prochain, moins de monde et moins de violence.
14:36 Hier, 175 membres des forces de l'ordre,
14:39 tout de même blessés au niveau national, plus de 200 interpellations au total.
14:44 Les trottinettes électriques ne sont pas des jouets,
14:46 rappelle ce matin le ministre des Transports.
14:48 Clément Beaune veut muscler la réglementation
14:51 avec un âge minimum requis de 14 ans.
14:53 Et pour ceux qui circulent dans une voie interdite ou à deux sur un même engin,
14:57 ils pourront écoper d'une amende de 135 euros.
15:01 Le Comité international olympique recommande aux fédérations
15:04 de réintégrer les athlètes russes et biélorusses
15:06 aux compétitions internationales sous une bannière neutre et à titre individuel.
15:12 Mais la décision quant à une participation de ces athlètes
15:15 aux Jeux olympiques de Paris 2024 est mise en suspens.
15:19 [Musique]
15:29 Toujours avec Adrien Becq de France Info et avec Géraldine Wessner du Point.
15:33 Renaud Delis, on en vient maintenant à ce texte anti-squat
15:37 qui est de retour à l'Assemblée nationale.
15:38 Oui, une proposition de loi portée par deux députés Renaissance,
15:41 dont la présidente du groupe d'ailleurs Aurore Berger,
15:43 qui avait été adoptée en première lecture à l'Assemblée,
15:45 modifiée ensuite au Sénat et qui revient donc en débat
15:48 en seconde lecture à l'Assemblée nationale aujourd'hui.
15:51 Un texte qui vise à augmenter les amendes à l'encontre
15:54 de ceux qui ne payent pas leur loyer,
15:56 faciliter les expulsions des squatters,
16:00 bref durcir la législation à leur endroit.
16:03 Un texte qui est d'ailleurs critiqué, dénoncé par les associations
16:07 de défense des droits de l'homme ou celle de lutte contre le mal-logement
16:10 qui considère que ce texte est trop sévère.
16:13 Voici comment à l'orée du débat parlementaire,
16:16 c'était il y a quatre mois sur ce plateau,
16:18 le ministre du Logement, Olivier Klein,
16:20 qui n'est donc pas à l'origine de ce texte puisque c'est une proposition de loi,
16:23 mais comment est-ce qu'il le défendait et comment il le justifiait
16:26 sur ce plateau, Olivier Klein ?
16:28 C'est tout sauf une mesure anti-pauvres.
16:31 C'est une loi qui est équilibrée, dont la discussion au Parlement
16:35 continue à contribuer à son équilibre.
16:38 Il faut protéger les propriétaires.
16:41 Et c'est vrai qu'on a vu un certain nombre de cas insupportables de squats
16:45 dans lesquels des gens rentraient de vacances et ne pouvaient plus retourner chez eux.
16:48 Alors on a vu ces quelques cas effectivement à l'occasion de retours de vacances,
16:52 comme le dit Olivier Klein, des cas qui avaient été extrêmement médiatisés.
16:55 Est-ce que ça justifie pour autant l'adoption de cette nouvelle législation ?
16:59 Est-ce qu'elle ne vise pas trop large en risquant,
17:02 pas seulement de pénaliser les authentiques squatters,
17:05 mais aussi de fragiliser un peu plus la situation des mal-logés,
17:09 de ceux qui ont du mal à payer leur loyer ?
17:12 Géraldine Mössner.
17:13 Les squats, elle est mal intitulée cette loi.
17:17 Parce qu'effectivement les squats, ça ne représente quasi rien.
17:20 C'est 170 dossiers par an.
17:23 Donc vous imaginez, ça ne pèse pas grand-chose.
17:26 Alors effectivement, il y a déjà eu plusieurs lois,
17:28 parce que c'est toujours compliqué de faire intervenir la force publique.
17:31 Donc c'est au moins la troisième ou la quatrième qui essaie de simplifier les procédures.
17:37 Mais ce qui inquiète en fait les associations,
17:39 c'est ce qu'on y a ajouté en index sur les loyers impayés,
17:41 et notamment cette clause de résiliation automatique du bail en cas de loyer impayé.
17:46 Si vous voulez, aujourd'hui, il faut en passer devant un juge.
17:50 Ça occasionne des délais très très longs,
17:52 et un bailleur, il lui faut souvent deux ans, voire trois ans pour récupérer son bien.
17:58 Donc en mettant cette clause-là, on ne passe plus devant la justice.
18:01 Et effectivement, ça pourrait occasionner une explosion des cas d'expulsion.
18:07 Ça, c'est une réalité aussi.
18:09 Et là, on parle quand même de 2 à 3 % de loyers impayés sur le total du parc de logement.
18:16 - Parce qu'il y en fait quelques-uns.
18:17 - Oui, donc l'inquiétude est réelle.
18:19 Elle se double d'un contexte particulier dans lequel on est en pleine période d'inflation.
18:24 Donc le nombre de loyers impayés augmente.
18:28 Et bien sûr, les locataires ne sont pas toujours de mauvaise foi.
18:31 - Donc est-ce que le calendrier est bon ?
18:33 - La proposition de loi ne fait pas la différence entre celui qui ne peut pas et celui qui ne veut pas payer.
18:37 - Alors cette proposition de loi, finalement, essaie de le faire après l'examen du Sénat.
18:44 Mais j'ajouterais quand même qu'il y a aussi eu, en novembre, fin novembre,
18:48 un rapport de la Défenseur des droits sur le sujet,
18:51 qui mettait en avant un risque de restriction inquiétante des droits fondamentaux des occupants.
18:55 Donc par le fait que ces expulsions puissent être facilitées,
19:00 voire une atteinte à la vie privée des occupants.
19:03 Tout en exprimant qu'en réalité, des textes existaient déjà
19:08 et qu'il s'agissait encore une fois de plus d'aller plus loin.
19:11 Mais d'un mot, se pose aussi quand même la question, en corollaire j'allais dire,
19:16 de la manière dont le sujet du logement a été abordé par Emmanuel Macron depuis son accession à l'Élysée.
19:22 Il y a eu un plan Logement pour tous qui date de 2017 avec une mise en place en 2018.
19:28 Et pour les associations, le compte n'est pas du tout là.
19:31 C'était des constructions de plus de logements.
19:33 Il se trouve que la part de l'aide publique aux logements,
19:37 construction de logements dans le PIB a vraiment diminué depuis une dizaine d'années.
19:42 Et la Fondation Abbé Pierre, par exemple, parle de "pages blanches"
19:46 concernant la politique d'Emmanuel Macron sur le logement depuis 2017.
19:48 - Renaud Delis, vous en pensez quoi ?
19:49 - Il y a un vrai problème effectivement de politique du logement là-dessus.
19:51 Adrien Beck a totalement raison.
19:52 Depuis 2017, on voit bien que les constructions de logements de la FF sont largement insuffisantes
19:56 et que les objectifs qui avaient été fixés par l'exécutif ne sont pas du tout atteints, loin de là.
20:00 Il est un peu dommage que dans ce contexte, la principale loi,
20:03 en l'occurrence une proposition de loi qui émane des rangs de la majorité
20:06 qui soit mise en avant par le gouvernement,
20:08 c'est celle qui vise à lutter contre l'escouade,
20:12 qui est un problème réel mais effectivement marginal
20:14 au regard des enjeux de la politique du logement dans le pays, bien entendu.
20:17 Et de surcroît, c'est vrai qu'elle ratisse un peu trop large cette proposition de loi,
20:20 même si elle a été restreinte par des amendements du Sénat
20:24 qui ont notamment supprimé une disposition qui envisageait des peines de prison accrues, justement.
20:31 Mais il n'en reste pas moins que Jean-Marie Burgue-Berruc,
20:34 qui est le président de la Commission nationale consultative des droits de l'homme,
20:37 lui, pointe justement le fait que les locataires, dit-il de bonne foi,
20:41 confrontés à des difficultés économiques,
20:43 pour certains d'entre eux, risquent en quelque sorte d'être embarqués
20:46 par la patrouille, si je veux dire, de cette loi qui vise trop large.
20:48 Il faut juste rappeler un autre détail, c'est qu'en la matière,
20:52 il y a un problème de moyens aussi pour juger de la bonne foi
20:55 des locataires qui se retrouvent en difficulté.
20:58 Seulement 40% des locataires sont présents aux audiences
21:02 lorsqu'ils sont poursuivis pour loyer impayé.
21:05 Et il y a un diagnostic social et financier de la situation de ces familles
21:09 qui est rendu lors de ces audiences seulement dans 30% des cas.
21:14 C'est-à-dire qu'il n'y a pas suffisamment de moyens
21:16 pour voir qui est effectivement de bonne foi et qui ne l'est pas.
21:18 Le fait effectivement que seulement 40% des personnes concernées
21:22 se présentent à l'audience prouve quand même qu'il y a un problème réel
21:27 et que c'était un impensé pendant longtemps.
21:30 Mais ça ne résout pas effectivement le problème de la crise du logement.
21:34 Il y a quand même 2 millions de personnes en France
21:36 qui sont en attente d'un logement social.
21:40 4 millions de mal logés.
21:41 4 millions de mal logés.
21:42 Ce type de loi qui est une loi à la fois importante pour les personnes concernées,
21:48 mais aussi une loi d'affichage ne résout pas le problème de fond.
21:50 Merci à tous les 3.
21:51 Un mot pour conclure le débat qui nous intéressait tout à l'heure
21:53 sur la feuille de route fixée par Elisabeth Borne
21:56 avant la consultation ou la discussion de matinon la semaine prochaine.
21:59 François Bayrou, le patron du Modem, confirme il y a quelques instants
22:01 que les 64 ans ne seront pas au menu de cette réunion.
22:05 Pour être parfaitement honnête, on l'avait un tout petit peu présenté,
22:07 mais voilà la confirmation qui tombe.
22:09 La une du point cette semaine, Géraldine Wessner.
22:11 Je vais la donner, je sens que vous ne l'avez pas.
22:13 Si, si, je l'ai bien sûr.
22:14 Mais je suis un peu gênée.
22:15 Voilà, toujours ce même sujet.
22:18 Comment Emmanuel Macron peut-il se sortir de cette nasse ?
22:21 Avec cette question, Macron retraité à 45 ans.
22:25 Point d'interrogation.
22:26 Le Retour des Informés ce soir 20h.
22:27 Belle journée à tous.
22:28 ♪ ♪ ♪

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