La Convention citoyenne s'est positionné en faveur sur une aide active à mourir. Les 189 représentants vont être reçus ce lundi par Emmanuel Macron à l'Élysée pour discuter de la suite des débats. Les explications de l'éditorialiste politique, Matthieu Croissandeau.
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00:00 - La politique. Mathieu Croissando, Emmanuel Macron reçoit tout à l'heure à l'Elysée les 184 membres de la Convention citoyenne,
00:06 convention citoyenne qui a conclu ses travaux hier en se prononçant en majorité pour la légalisation de l'euthanasie ou du suicide assisté.
00:15 D'abord, est-ce que c'est une surprise ?
00:16 - Non, mais c'est peut-être une révolution.
00:19 Ce n'est pas une surprise parce que depuis 20 ans, toutes les enquêtes d'opinion montrent que les Français, en très grande majorité,
00:25 sont favorables à l'aide active à mourir.
00:26 Ce n'est pas non plus une surprise parce que pour la première fois à l'automne dernier, le Comité consultatif national d'éthique a ouvert la voie à une application éthique d'une aide à mourir,
00:35 alors que jusqu'à présent, ils s'y étaient toujours refusés, considérant que c'était un chemin dangereux.
00:38 On rappelle que deux lois ont été votées en 2005 et en 2016.
00:42 Celle de 2005 a autorisé d'abord de laisser mourir un patient.
00:46 Vous savez, l'obstination déraisonnable avait été écartée.
00:50 Et puis celle de 2016 avait permis d'endormir avant de mourir avec la sédation profonde et continue jusqu'au décès.
00:55 Mais elles ne permettent pas d'aider à mourir ni de faire mourir un patient en fin de vie.
01:00 Alors les trois quarts des 184 citoyens tirés au sort qui ont travaillé sur ces questions, assez longuement, se sont prononcés, c'est vrai, pour une assistance médicalisée au décès,
01:07 dans des conditions très encadrées.
01:09 C'est ce qu'ils vont dire ce matin à Emmanuel Macron, dont on attend la réponse à l'Élysée.
01:12 Et que va faire le président ?
01:13 Il a prévenu Emmanuel Macron.
01:15 Il ne s'est pas engagé à reprendre telle quelle les propositions de la Convention citoyenne, comme il l'avait fait, vous savez, pour la Convention sur le climat,
01:21 sauf qu'il n'avait pas tenu parole et que ça avait beaucoup déçu.
01:24 Il s'est d'ailleurs souvent gardé de livrer sa conception personnelle du débat sur la fin de vie d'Emmanuel Macron,
01:30 même si c'est quand même lui qui a installé cette Convention citoyenne et même s'il avait laissé entendre à certains membres de l'association pour le droit à mourir dans la dignité,
01:36 comme Lyle Renaud par exemple, qu'il avancerait sur ce sujet.
01:39 C'est pas si simple en fait.
01:41 En 2012, François Hollande s'était engagé dans son programme, mais il avait finalement opté pour une loi beaucoup plus prudente,
01:46 parce qu'après avoir divisé les Français sur la question du mariage pour tous, il ne voulait pas prendre le risque de refracturer la société sur un tel enjeu de société.
01:53 Est-ce que sur ce sujet, évidemment, sensible, il y a un risque politique ?
01:57 Oui, parce qu'il bouscule en fait les certitudes de chacun d'entre nous et bien souvent au-delà des clivages politiques.
02:02 Le seul point qui fait consensus dans la Convention et dans la plupart des partis, c'est d'abord d'accompagner la fin de vie, c'est-à-dire de renforcer les soins palliatifs.
02:10 Il y a encore aujourd'hui en France des gens qui n'ont pas accès aux soins palliatifs et ça, c'est pas normal.
02:14 Mais le reste divise encore.
02:16 Par ailleurs, certains imaginaient que le président de la République pourrait faire une sorte de rebond avec un sujet de société à laquelle l'opinion publique est largement favorable,
02:27 mais c'est aussi risqué, il y a un effet de sens assez particulier en ce moment en particulier, après avoir proposé aux Français de travailler deux ans de plus,
02:32 leur proposer un droit au suicide assisté, vous imaginez l'effet de sens un peu que ça pose.
02:36 Et puis, reste la question de, est-ce que c'est risqué sur la forme ?
02:39 Ne tenir aucun compte des travaux de la Convention, ça serait impossible, ça serait après un exercice démocratique, dire "je m'assoie dessus", c'est pas possible,
02:45 surtout après les retraites.
02:47 Laisser les députés s'en débrouiller, c'est compliqué aussi parce que même si la gauche y est plutôt favorable, peut-être la gauche pourrait trouver que ça ne va pas assez loin.
02:53 Et puis la droite, on sait qu'il pourrait faire basculer la majorité, reste très divisée sur ce sujet.
02:57 Et puis enfin, redonner la parole aux Français, comme le réclame le Rassemblement national, n'est pas possible sur les questions sociétales, répond l'Élysée.
03:02 Donc Emmanuel Macron ouvre un acte 2, ce qui est sûr, c'est que ça mérite un débat apaisé et pas une décision verticale ni un passage en France.