• l’année dernière
Avec Denis Trossero, jurnaliste free-lance spécialisé Police-Justice


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##C_EST_A_LA_UNE-2023-04-04##

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News
Transcription
00:00 Il est 7h13 sur Sud Radio, la guerre des gangs à Marseille,
00:04 la spirale de la violence, des règlements de compte sur fond de trafic de drogue.
00:08 Il y a eu ces fusillades dans la nuit précédente, de dimanche à lundi,
00:13 trois fusillades, il y a eu trois morts, dont un mineur.
00:17 Comment est-ce possible ? Comment on en arrive là à Marseille ?
00:20 Denis Trossero est avec nous, journaliste spécialisé police-justice.
00:24 Déjà, Denis Trossero, 14 morts, 43 blessés depuis le début de l'année.
00:28 Qu'est-ce qui explique cet engrenage infernal ?
00:32 Ce qui peut permettre d'expliquer cet engrenage infernal,
00:38 c'est une sorte de guerre des territoires autour de,
00:42 c'est en tout cas ce qu'évoquent les enquêteurs de la police judiciaire,
00:45 des guerres de territoires qui tournent pour l'essentiel autour d'un certain nombre de cités emblématiques,
00:51 dont la cité La Paternelle qui se trouve dans le 14e arrondissement, dans le quartier nord de Marseille,
00:56 qui jusque là, d'ailleurs, jusqu'à ces dernières années,
00:59 n'était pas particulièrement connue pour être le haut lieu du trafic de stups.
01:03 C'était plutôt des cités comme la Castellane, la Bustrine, Plante d'Ao, des cités de ce style.
01:10 Sauf que sur La Paternelle, par exemple, les enquêteurs ont diagnostiqué trois points de deal
01:17 avec des équipes qui se font la guerre, certains qui partent en prison,
01:20 puis qui sortent et qui, évidemment, veulent reprendre le contrôle de la cité.
01:25 Et en guise de guerre de territoire, ils se mènent à des luttes d'anticipation,
01:30 c'est-à-dire que pour ne pas avoir à subir la rivalité d'une autre équipe,
01:36 ils vont anticiper et ils vont essayer de dégommer, de quelque sorte, les équipes adverses, faire peur.
01:42 C'est un petit peu une stratégie de harcèlement.
01:46 - De harcèlement, c'est ça. Et évidemment, en toile de fond, c'est la drogue,
01:50 parce que ça rapporte beaucoup d'argent dans les quartiers.
01:53 - Exactement, la drogue sur Marseille, sur des populations qui sont relativement pauvres.
01:58 Vous voyez, l'effet de, non pas la nuit précédente, mais l'effet de samedi soir,
02:05 c'était là où il y a eu quatre interpellations, la cité Félix-Pieds.
02:09 C'est une cité qui se trouve dans le troisième arrondissement de Marseille,
02:12 qui est réputée être le quartier le plus pauvre d'Europe, d'après les recensements de l'INSEE.
02:18 Ce sont des jeunes, pour la plupart très jeunes, qui n'ont rien à perdre.
02:23 Ce sont des zones où des jeunes qui n'ont pas de diplôme, etc.,
02:30 se lancent dans ces initiatives particulièrement lucratives,
02:34 avec des chiffres d'affaires qui peuvent aller, selon les cités,
02:38 jusqu'à 70 000 euros de chiffre d'affaires par jour.
02:41 - 70 000 euros de chiffre d'affaires pour une cité, donc pour quelques dealers ?
02:46 - Exactement, sur une journée. Vous imaginez les jalousies et les convoitises que ça peut susciter.
02:54 - Oui, c'est ça. Et on a l'impression que les victimes sont de plus en plus jeunes.
02:58 - Exactement. En fait, ça c'est vraiment nouveau.
03:01 Il y avait un de mes confrères du journal La Provence, Robin Capdepomme,
03:05 qui a fait un document très argumenté sur le sujet, qui s'appelle "Transition de la thèse, les minots",
03:10 qui parlait précisément de cette inquiétude et de cette évolution,
03:14 c'est-à-dire que sur les faits de la Joliette dans la nuit de dimanche à lundi,
03:18 sur les trois victimes, la personne décédée à 16 ans et les deux autres,
03:23 ils ont 15, celui qui était en urgence absolue, qui est toujours en train de vie à la mort, à 15 ans,
03:27 et le troisième qui est plus légèrement blessé, à 14 ans.
03:30 En fait, les tireurs ciblent souvent les guetteurs ou les jeunes charbonneurs,
03:35 comme pour dire, comme pour faire passer un message, on est prêts à tout,
03:38 on tire même pas sur les gérants ou les superviseurs ou les collecteurs,
03:42 on tire sur les petites mains du trafic.
03:44 - Mais est-ce qu'il y a des solutions, parce qu'il y a des renforts de police qui vont être envoyés
03:49 pour essayer de faire face à cet engrenage ?
03:52 Quelle solution peut-il y avoir ? C'est extrêmement complexe, Denis Trusserot.
03:56 - C'est très complexe, c'est pour ça que la police a mis en place, la PJ,
04:01 une méthode dite "proactive" qui permet en principe d'anticiper les règlements de compte,
04:06 quand ils sont déjà sur écoute, etc., quand ils voient que certains sont susceptibles
04:11 de passer à l'axe, ils essaient de les interpercepter avant,
04:14 mais c'est quand même très compliqué.
04:16 Et la CRS 8, la force de frappe qu'a mise en place fin février à Marseille,
04:24 M. Darmanin, M. ministre de l'Intérieur,
04:27 n'a finalement, même si c'est 200 hommes qui peuvent bloquer une cité,
04:33 il faut savoir que ces réseaux-là se restructurent et se réactivent très rapidement.
04:39 Il n'est pas rare qu'une intervention de police le matin, dès qu'elle est terminée,
04:44 il n'est pas rare que dès le début de l'après-midi, les réseaux se remettent en place
04:48 et le trafic reprend.
04:49 La nature hors de vidre et la nature du trafic de stups encore davantage.
04:54 - Denis Trusserot, dernière question.
04:57 Déjà il y a 40 ans, quand j'allais à Marseille, on disait "c'est Chicago à Marseille".
05:02 Pour beaucoup, effectivement, qui étaient extérieurs ou qui étaient même dans la ville,
05:06 on disait "c'est Chicago, il y a des règlements de compte,
05:08 il y a des trafics à tous les niveaux".
05:10 Pour les gens qui ne sont jamais allés à Marseille ou qui n'y vont pas,
05:13 est-ce que la ville, en tant que telle, quand on y va, est dangereuse ?
05:17 - Non, après il faut se dire que ces assassinats ont lieu souvent la nuit
05:25 et dans le monde du crime organisé, donc dire que Marseille est une ville dangereuse, non.
05:31 C'est un truisme, c'est une erreur.
05:34 La seule chose qui peut être inquiétante, c'est ce qui s'est passé dans une des cités marseillaises
05:40 il y a une quinzaine de jours.
05:42 Ce sont évidemment ce qu'on appelle les victimes collatérales,
05:45 c'est-à-dire les gens qui habitent dans ces cités-là, qui vont aller à l'alimentation,
05:49 qui vont sortir la nuit, qui risquent de prendre une balle perdue.
05:53 C'est le cas d'un octogénaire il y a quelques jours.
05:56 Donc après dire que Marseille est une ville dangereuse, c'est totalement faux.
06:00 On ne croise pas des kalachnikovs sur le lieu-port, au Salakandia, toutes les deux minutes.
06:06 - Merci Denis Trocero, un journaliste frélon spécialisé pour les justices
06:10 qui connaît parfaitement évidemment toute cette situation à Marseille
06:13 d'avoir été avec nous en direct ce matin sur Sud Radio.

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