Midi News du 06/04/2023

  • l’année dernière
Sonia Mabrouk reçoit les acteurs de l'info du jour, nos experts et nos journalistes dans #MidiNews

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00:00:00 Bonjour et bienvenue à vous pour Midi News.
00:00:03 Et maintenant, 11e journée de mobilisation.
00:00:06 Jusqu'où ? L'épreuve de force, tout reste bloqué entre syndicats et l'exécutif.
00:00:10 Les forces de l'ordre, quant à eux, sont en première ligne et craignent la venue programmée aujourd'hui de casseurs et de violents.
00:00:16 À quoi sert cette nouvelle journée de contestation ?
00:00:19 Alors, essoufflement ou rebond ?
00:00:21 Comment les forces de l'ordre vont gérer les éventuels débordements ?
00:00:24 Et chauffourer, nous serons et nous sommes déjà dans plusieurs villes de France,
00:00:28 la capitale, Paris, Marseille, Rennes, Bordeaux,
00:00:31 avec nos correspondants que nous retrouverons régulièrement tout au long de ces Midi News spéciales.
00:00:35 Onzième journée de mobilisation.
00:00:38 Nous serons également dans quelques minutes à la gare de Lyon avec une action qui se déroule en ce moment.
00:00:42 Et tout d'abord, le journal. Bonjour à vous, Michael.
00:00:45 Bonjour Sonia, bonjour à tous.
00:00:46 Onzième journée de mobilisation contre la réforme des retraites.
00:00:50 Près de 800 000 manifestants attendus aujourd'hui dans tout le pays.
00:00:54 À Rennes notamment, le cortège est parti aux alentours de 11 heures.
00:00:57 Depuis la place de Bretagne, Rennes, où 335 personnes ont été interpellées
00:01:02 depuis le début de la mobilisation.
00:01:05 Marseille, à présent, les manifestants se sont donnés rendez-vous sur le Vieux-Port.
00:01:10 Ce matin, ils ont commencé à battre le pavé dès 10h30 en direction de la porte d'Aix.
00:01:15 Plusieurs blocages ont déjà eu lieu dans la cité fouesséenne.
00:01:18 Des actions étaient organisées avant même le début de cette onzième manifestation.
00:01:24 Et puis, concernant la mobilisation parisienne à présent,
00:01:27 la manifestation débutera à 14h depuis les Invalides pour rejoindre la place d'Italie.
00:01:31 Entre 60 et 90 000 personnes sont attendues dans les rues de la capitale.
00:01:37 Comme lors des précédentes journées, la préfecture recommande vivement
00:01:40 de fermer les commerces situés sur le parcours.
00:01:43 Elle ajoute qu'un dispositif renforcé de sécurisation et contrôle
00:01:47 a également été mis en place.
00:01:50 À Paris toujours, l'entrée de la Sorbonne est bloquée depuis ce matin.
00:01:54 Les étudiants protestent également contre la réforme des retraites.
00:01:57 Vous le voyez sur ces images, des poubelles ont été entassées
00:02:00 devant l'entrée de l'université située dans le 5e arrondissement.
00:02:06 Dans l'Oise à présent, à Gournay-sur-Haronde,
00:02:09 des grévistes bloquent l'accès d'un dépôt de gaz depuis maintenant un mois.
00:02:13 Déterminés à poursuivre le mouvement,
00:02:15 ils ont reconduit leurs grèves jusqu'au 14 avril prochain.
00:02:18 Sophie Binet, la nouvelle numéro 1 de la CGT,
00:02:20 est venue sur place ce matin les soutenir.
00:02:23 On l'écoute.
00:02:25 C'est ça qui est grave, c'est qu'en fait,
00:02:27 on sait qu'on était déjà tendu en termes d'énergie sur le passage de l'hiver.
00:02:31 Et là, en passant en force et en refusant d'entendre la mobilisation,
00:02:34 le gouvernement nous met en difficulté pour maintenant et pour l'avenir.
00:02:37 C'est ça qui est terrible.
00:02:39 Je pense qu'ici, ça ne fait plaisir à personne de faire grève.
00:02:42 La grève, elle se fait pour avoir satisfaction sur les revendications.
00:02:45 Et le gouvernement, par son acharnement, en fait, il met le pays en danger.
00:02:49 Là, l'impact de la grève, il pèse lourd sur le pays.
00:02:53 Et puis l'autre truc que je trouve important,
00:02:56 c'est que l'impact économique qu'a montré Sébastien,
00:02:59 ça montre que contrairement à ce qu'on nous dit tous les jours,
00:03:01 le travail, ce n'est pas un coût, c'est une richesse.
00:03:03 Bris de carburant, Total Energy élargit à partir de demain
00:03:07 sa mesure de plafonnement des prix.
00:03:10 Tous les carburants seront désormais bloqués à 1,90€ le litre.
00:03:14 La mesure de blocage des prix s'applique donc également
00:03:16 aux sans-plomb 98 et aux diesel.
00:03:18 Et ce, jusqu'à ce que les stations ne connaissent plus
00:03:21 de difficultés d'approvisionnement.
00:03:23 C'est la fin de ce journal.
00:03:27 Sur CNews, vous retrouvez Sonia Mabrouk à présent
00:03:28 et ses invités, place à Midi News.
00:03:31 Avec une onzième journée de mobilisation
00:03:33 et puis une question, essoufflement ou rebond ?
00:03:35 On va en parler avec nos invités.
00:03:37 Je salue Paul Melin, merci d'être là et bonjour.
00:03:40 Caroline Piller, c'est avec nous.
00:03:41 Bonjour à vous.
00:03:42 Notre journaliste politique Florian Tardif nous accompagne.
00:03:44 Merci et bonjour Florian.
00:03:46 Michael Sadonez présent, bonjour.
00:03:48 Le général Bertrand Cavallier, merci d'être là.
00:03:50 Expert en sécurité parce qu'il y a malheureusement,
00:03:54 évidemment, le spectre des violences avec le défi
00:03:57 des forces de l'ordre et puis des actions ponctuelles
00:04:00 qui se multiplient de plus en plus, comme ce qui est en cours
00:04:05 à la gare de Lyon en ce moment.
00:04:06 Alors, difficile de décrire ce qu'il en est,
00:04:08 ce qu'on peut dire, occupation de voie.
00:04:11 Alors là, peut-être qu'ils ont déjà pris le métro.
00:04:14 Ces manifestants qui voulaient se diriger vers un lieu
00:04:17 pour l'instant inconnu.
00:04:19 On va retrouver dans quelques instants notre correspondante.
00:04:22 Alors voilà, on voit ces images tout en haut de votre écran.
00:04:26 Voilà, actions ponctuelles des manifestants qui décident
00:04:29 ainsi, presque spontanément en tous les cas,
00:04:32 de mener cette action.
00:04:33 Avec quel objectif là ?
00:04:36 OK.
00:04:42 Alors, avant de vous retrouver, on va peut-être les commenter.
00:04:45 Je disais, Florian Tardif, actions ponctuelles,
00:04:48 elles vont se multiplier.
00:04:49 Et d'ailleurs, plus on va vers des 11e, voire 12e
00:04:52 journée de mobilisation, plus ces actions-là vont prendre
00:04:55 peut-être le dessus sur les grandes manifestations massives.
00:04:58 Oui, tout simplement parce que nous sommes dans un rapport
00:05:01 de force entre les syndicats et le gouvernement,
00:05:05 entre les opposants plus largement à la réforme des retraites
00:05:08 et le gouvernement.
00:05:09 Et comme lors d'un bras de fer, il faut bien à un moment
00:05:12 que l'un des deux cède.
00:05:14 Et toute la question aujourd'hui est de savoir qui cèdera
00:05:17 le premier.
00:05:18 Pour l'heure, chacun campe sur ses positions.
00:05:21 Et on voit bien qu'effectivement, puisque le gouvernement
00:05:24 semble ne pas entendre ce qui se passe actuellement
00:05:27 dans la rue depuis maintenant quasiment trois mois,
00:05:30 on en a eu encore l'écho hier avec l'entourage,
00:05:33 nous dit-on, du président de la République,
00:05:34 ou plutôt Emmanuel Macron, qui s'exprime grâce à son entourage
00:05:38 et qui explique de nouveau que cette réforme,
00:05:41 elle a été votée au Parlement.
00:05:43 Il s'appuie bien évidemment sur ce qui s'est passé
00:05:45 au cours de la réforme.
00:05:46 Rien ne va changer, vous êtes en train de nous dire.
00:05:47 Rien ne va changer.
00:05:48 Grand théâtre social.
00:05:49 Tout ce qui peut changer, ce sont ces actions
00:05:51 et le type d'action qui peut être mené,
00:05:53 notamment par les syndicats.
00:05:54 C'est-à-dire que compte tenu du fait qu'ils comprennent
00:05:57 maintenant depuis trois mois que l'ensemble de ces manifestations
00:06:00 avec ces cortèges importants ne marchent pas,
00:06:03 ils peuvent procéder à des actions coup de poing,
00:06:05 comme on va les compter à l'heure de l'automne.
00:06:06 – La nature de ces actions, justement, on se retrouve sur place
00:06:09 avec notre journaliste aux côtés de ces manifestants,
00:06:12 dont beaucoup on voit bien avec le drapeau et le sigle de la CGT.
00:06:15 Alors, se dirige vers où et pour faire quoi et pour passer quel message ?
00:06:19 Alors, la nature du message, on s'en doute quand même.
00:06:22 – Alors Sonia, on a pris le métro, la ligne 14,
00:06:28 nous sommes descendus à Pyramides, pas de blocage de voie du coup ferré.
00:06:32 Nous sommes pour l'instant dans la rue,
00:06:33 nous nous sommes retrouvés à l'avenue de l'Opéra.
00:06:36 Nous sommes actuellement rue Saint-Anne dans le premier arrondissement.
00:06:38 Destination encore inconnue, les manifestants demandent de se taire.
00:06:41 Donc, je ne scande plus vraiment de slogans,
00:06:45 pardon, depuis quelques secondes maintenant dans les rues parisiennes.
00:06:48 Évidemment, depuis tout à l'heure, les mêmes slogans,
00:06:51 le fait d'être réunis, le fait que tout le monde se soutient
00:06:54 et surtout contre cette réforme des retraites.
00:06:57 Dès que je sais la destination, je reviens vers vous.
00:06:59 – Eh bien, vous nous le direz avec peut-être une hypothèse
00:07:01 que je vous soumets, qu'on verra si c'est le cas tout à l'heure.
00:07:05 C'est peut-être qu'il se dirige vers le Conseil constitutionnel
00:07:08 avec cette décision très attendue le 14 avril.
00:07:11 Et justement à ce sujet, Mikaël Jouneau,
00:07:13 là on a l'impression qu'il y a une date quand même.
00:07:16 En tous les cas, dans l'esprit de l'exécutif,
00:07:18 14 avril, décision pour savoir si toute ou partie du texte
00:07:21 sera constitutionnelle ou pas.
00:07:23 Et puis après quoi ?
00:07:24 Parenthèse fermée, la colère va s'estomper ?
00:07:26 – Non, je ne pense pas qu'elle va s'estomper,
00:07:28 mais je pense que là, les syndicats et les mouvements annexes
00:07:32 jouent un peu leur vatou avant cette décision du Conseil constitutionnel.
00:07:36 Les représentants officiels disent qu'ils ne veulent pas peser
00:07:38 sur la décision, je dirais, judiciaire.
00:07:42 Mais on voit bien que c'est sur cette date que tout le monde mise.
00:07:45 Et je pense personnellement que l'exécutif lui-même
00:07:48 garde ce joker un petit peu dans sa manche
00:07:51 au cas où les mobilisations iraient trop loin dans les violences
00:07:54 et au cas où il voudrait apaiser un peu la violence dans les rues.
00:07:56 – On va en parler justement, Bertrand Cavay de ce spectre des violences,
00:08:00 mais avant d'y venir, quand même, on a l'impression qu'on assiste
00:08:03 à quelque chose qui est complètement figé,
00:08:05 presque qui est comme ça, gravé dans le marbre et ça ne bougera pas.
00:08:09 Position d'exécutif, position des syndicats,
00:08:11 avec en première ligne et au milieu les forces de l'ordre.
00:08:15 Ils sont fatigués, ils sont exténués.
00:08:17 – Ce qui est assez étonnant, c'est que tout semble figé,
00:08:19 ce plan politique, le dialogue social,
00:08:21 mais également la manœuvre sécuritaire,
00:08:24 avec un déploiement de 40 escadrons et CRS
00:08:27 qui sont là, notamment pour prévenir les débordements des fameux Black Blocs.
00:08:33 On attend environ un millier de Black Blocs.
00:08:35 Donc pour l'instant, c'est une répétition
00:08:40 de tout ce qui se passe depuis plusieurs semaines.
00:08:43 – Oui, mais de la répétition au pourrissement,
00:08:46 il y a parfois, je veux dire, qu'une nuance.
00:08:49 – On en avait déjà parlé, le maintien de l'ordre n'est pas une fin en soi.
00:08:54 Ce qui est attendu, bien entendu, c'est qu'on aille de la rue
00:08:58 au trait de mobilisation, vers un dialogue social
00:09:01 qui impose dans ce cas-là un recadrage politique.
00:09:04 – Avec peut-être une décision, sera-t-elle politique,
00:09:06 celle du Conseil constitutionnel ?
00:09:08 Il semble, Foyantard dit, que ces manifestants se dirigent à Paris,
00:09:12 dans la capitale, dans le quartier de l'Opéra, peut-être aussi vers l'Essage ?
00:09:17 – Peut-être, effectivement, ils sont rue Saint-Anne pour l'instant,
00:09:21 donc on va bien évidemment rester assez prudent sur la destination précise.
00:09:26 Mais effectivement, c'est une rue très proche de la rue de Montpensier
00:09:30 où se situe le Conseil constitutionnel, puisque bien évidemment,
00:09:33 l'ensemble des syndicats, des manifestants ont cette idée
00:09:38 que le Conseil constitutionnel va statuer sur la réforme de retraite
00:09:42 d'ici une semaine maintenant, le 14 avril prochain.
00:09:44 Est-ce que le Conseil constitutionnel va censurer tout ou partie du texte ?
00:09:48 – Explicitement, on se dirige vers une censure de quelques articles uniquement,
00:09:53 mais voilà, tous ont à l'esprit que le Conseil constitutionnel
00:09:57 doit statuer sur cette réforme des retraites, avec potentiellement une décision
00:10:02 qui pourrait venir alimenter donc les manifestations.
00:10:05 – On verra où il se dirige et dans quel bâtiment il pénètre,
00:10:10 avec quand même, à un moment, Paul Melin, l'exécutif qui fait le dos rond,
00:10:13 on s'est tous demandé à quoi a servi la réunion hier sur le Perron de Matignon
00:10:19 où la Première ministre n'a aligné que des éléments de langage.
00:10:23 – Il y avait quand même des mots très durs de la part des syndicats.
00:10:25 "Crise démocratique pour Laurent Berger",
00:10:27 "Gouvernement obtu et radicalisé pour la CGT", "radicalisé" ?
00:10:32 – J'ai trouvé ce mot "radicalisé" intéressant parce que c'est l'arroseur arrosé,
00:10:35 c'est-à-dire que le gouvernement utilise ce mot à tort et à travers contre tout le monde,
00:10:39 ça va des djihazistes jusqu'à des syndicalistes,
00:10:41 donc il faut faire attention avec les mots, c'est comme le mot "guerre",
00:10:43 il y a des mots qui sont utilisés à tort et à travers,
00:10:45 je pense qu'il faudrait faire attention aux mots.
00:10:47 Donc j'ai trouvé amusant que patronne de la CGT dise que le gouvernement se radicalisait.
00:10:51 Bon, au-delà de la plaisanterie, on parlait, Sonia, il y a un instant, du pourrissement,
00:10:56 pourrissement avec un point d'interrogation, on pourrait en dire,
00:10:59 faire le pari du pourrissement, si c'est la stratégie de l'exécutif,
00:11:02 et je pense que c'est sa stratégie, c'est une stratégie qui est profondément mortifère,
00:11:06 parce que derrière le mot pourrissement, qu'est-ce qu'il y a ?
00:11:08 Il y a la violence, il y a la brutalité, on réveille les excités, on réveille les casseurs.
00:11:12 - C'est le gouvernement qui en est comptable et responsable, alors ?
00:11:14 - Qui en est responsable ? Oui, bien sûr, bien sûr qu'il en est responsable,
00:11:17 parce que si vous voulez, lorsque le dialogue social pacifique,
00:11:21 le dialogue social avec des revendications, avec des mots d'ordre,
00:11:24 il ne donne lieu à aucune espèce de négociation capable,
00:11:28 eh bien, de donner une satisfaction des partis en présence,
00:11:31 eh bien on arrive à une situation de blocage,
00:11:34 dans laquelle des actions sporadiques vont se passer,
00:11:37 sans même d'ailleurs le contrôle des syndicats,
00:11:39 parce que bien souvent, lorsque les actions éparsent, ça et là,
00:11:42 sur des péages, dans des gares, dans d'autres réseaux de transports peuvent se produire,
00:11:47 les syndicats ne sont pas forcément à la manœuvre.
00:11:49 C'est un peu la gilet jaunisation du mouvement.
00:11:52 Et derrière cette évolution, cette mutation du mouvement,
00:11:56 il y a un profond risque qu'il échappe aux syndicats et donc qu'il échappe à l'ordre.
00:12:00 - Donc, est-ce qu'on peut dire qu'à partir d'aujourd'hui,
00:12:03 déjà peut-être depuis quelques mobilisations,
00:12:05 c'est aussi une responsabilité partagée ?
00:12:07 C'est-à-dire, on peut se demander où va le gouvernement,
00:12:10 certains disent en têtement, aveuglement, porisme,
00:12:12 mais aussi, Caroline Pélastre,
00:12:14 quelle porte de sortie offrent les syndicats,
00:12:16 mis à part ce que ne veut pas accepter l'exécutif sur l'âge ?
00:12:20 - La conclusion, c'est que le pays est en train de s'embourber.
00:12:22 Effectivement, je rejoins les propos de M.Bergé,
00:12:25 c'est une crise démocratique et une crise sociale.
00:12:27 Avec la décision du 14 avril, ne nous le ronds pas,
00:12:30 il y a très peu de chances que cette loi ne soit pas promulguée,
00:12:33 que cette réforme ne passe pas,
00:12:35 même si la mobilisation s'essouffle par la force des choses,
00:12:38 parce que beaucoup de personnes ne sont plus dans les cortèges actuellement,
00:12:41 parce que soit elles ont peur des Black Blocs,
00:12:43 donc pour leur sécurité et celle de leur famille,
00:12:45 soit parce qu'elles n'ont pas forcément les moyens financiers de faire grève.
00:12:49 Mais la colère, les antagonismes, l'animosité,
00:12:52 les rancœurs vis-à-vis du gouvernement vont rester.
00:12:55 Donc, comment est-ce que tout ça va se finir par la suite ?
00:12:58 Nous sommes, comme je le dis depuis des semaines,
00:13:00 rentrés dans un engrenage, dans un cycle de violence,
00:13:02 à partir du moment où la confiance n'est pas rétablie.
00:13:06 Il y a un lien qui s'est cassé avec le 49-3,
00:13:08 et malheureusement, j'ai peur qu'avant de renouer
00:13:11 un genre de dialogue réellement social, il faudra beaucoup de temps.
00:13:15 Bien, on va essayer aussi de commenter,
00:13:17 puisque nous avons un peu plus d'informations,
00:13:19 pleins en tardif, sur le lieu où se trouvent ces manifestants,
00:13:24 avec des slogans et des fumigènes, etc.
00:13:28 Alors, où sont-ils ?
00:13:29 Alors, visiblement, ils seraient entrés au sein du siège parisien de BlackRock,
00:13:35 qui est une entreprise qui est gestionnaire d'actifs américains, notamment,
00:13:40 donc qui gère des fonds de pension, énormément d'actifs,
00:13:44 qui est un symbole, effectivement, parfois dénoncé par certains manifestants,
00:13:51 au sein des cortèges, symbole capitaliste, notamment.
00:13:55 Et effectivement, il est important de souligner
00:13:58 que ce n'est pas la première fois que cet immeuble est utilisé
00:14:02 par des militants ou des activistes, par exemple des écologistes,
00:14:06 pour mener des actions comme cela, soit militants, soit syndicats.
00:14:10 Bertrand Kaveh, c'est ça, le risque, en tout cas,
00:14:12 c'est de voir la multiplication de ce genre d'actions, coup d'éclat,
00:14:15 parce qu'en réalité, il faut imaginer 11e journée de mobilisation
00:14:19 pour ne rien obtenir, donc certains se disent,
00:14:21 finalement, on n'obtient rien en étant présent dans la rue,
00:14:24 est-ce qu'il ne faut pas changer de stratégie ?
00:14:25 Et le risque de la "radicalisation" est réel ?
00:14:31 La radicalisation, il ne faut pas quand même...
00:14:33 Moi, je viens de province, il y a quand même une France un peu dédoublée,
00:14:35 il y a toute une partie de la France qui continue à travailler,
00:14:38 on utilise beaucoup ce mot de résilience,
00:14:41 mais soit c'est une forme de fatalisme ou peut-être de non-adhésion,
00:14:46 mais il y a toute une France qui continue à faire son chemin et à vivre sa vie.
00:14:52 Il y a un effet de loupe, alors, que vous pensez sur tout ce qui...
00:14:55 Parce que certains disent "chaos", certains disent...
00:14:58 Les sondages sont quand même révélateurs d'une opposition majoritaire
00:15:04 à cette loi de chez les Français.
00:15:06 Mais à côté de cela, l'engagement dans les manifestations,
00:15:12 dans l'engagement syndical, il n'est peut-être pas aussi majoritaire que cela.
00:15:17 Par ailleurs, on verra la mise en perspective,
00:15:19 mais c'est vrai que cette crise va susciter une recomposition politique profonde
00:15:23 dans d'autres pays et qui est en train d'ailleurs de se dessiner.
00:15:26 Vous avez raison, on va en parler.
00:15:27 L'attention pour le moment, elle sera aussi une nouvelle fois focalisée en partie
00:15:30 sur les éventuelles violences qui sont devenues malheureusement
00:15:32 le corollaire des manifestations en France.
00:15:35 On en parle avec notre journaliste, merci d'être là.
00:15:37 Et bonjour à vous, à Maury Bucot.
00:15:38 Hier, le ministre de l'Intérieur a encore dénoncé l'extrême gauche
00:15:42 responsable de ces violences lors de son audition au Parlement.
00:15:45 Et aujourd'hui, c'est un dispositif un peu allégé.
00:15:49 On est vraiment à quelques... Il reste quand même important.
00:15:52 Est-ce que c'est aussi une manière de dire, écoutez, voilà,
00:15:55 non pas que j'ai entendu, mais les critiques aussi.
00:16:00 Voilà un dispositif un peu moins important et une force sécuritaire moins déployée.
00:16:04 Oui, alors c'est vrai que c'est un bon indicateur, effectivement.
00:16:06 Les dispositifs qu'on déploie pour les manifestations,
00:16:08 ça veut dire si on met un gros dispositif, a priori,
00:16:10 c'est qu'on craint déjà une grosse participation, mais aussi plus de débordement.
00:16:15 Donc là, pour vous donner quelques petits chiffres,
00:16:17 le 23 mars, on avait 12 000 policiers et gendarmes déployés.
00:16:20 Ça avait été assez violent le 23 mars. Le 28 mars, 13 000 policiers et gendarmes.
00:16:23 C'était un peu le record. Et là, on est le 6 avril, donc, à 11 500 policiers et gendarmes.
00:16:28 Donc quand même une nette diminution.
00:16:30 Effectivement, on peut... Alors on n'a pas...
00:16:32 On n'aura pas la réponse du gouvernement, mais en tous les cas,
00:16:34 on peut effectivement se dire que comme la gauche accuse le gouvernement
00:16:38 de ce service des forces de l'ordre pour réprimer le mouvement
00:16:42 et s'en prendre aux manifestants, que c'est aussi un signal pour montrer
00:16:44 que finalement, il n'y a pas de répression autant que telle
00:16:46 et que les policiers et gendarmes ne sont là que pour tenir la manifestation.
00:16:49 Alors, concernant l'ultra-gauche, il y a effectivement des craintes,
00:16:53 mais comme dans toutes les autres manifestations qu'il y a eu avant,
00:16:56 des craintes d'intervention. À Paris, vous avez 500 à 1 000 membres radicaux,
00:16:59 enfin, éléments radicaux qui pourraient défiler.
00:17:02 Et puis aussi, qui pourraient intervenir dans d'autres villes comme Rennes,
00:17:05 Nantes, Lyon, Toulouse, Dijon, mais aussi des petites villes comme Brest,
00:17:08 Charleville, Mézières.
00:17:09 - Est-ce que la Bravem va intervenir aujourd'hui ?
00:17:12 Général Darmanin l'a défendue.
00:17:14 La pétition qui demandait, entre guillemets, sa dissolution,
00:17:17 puisqu'en tant que telle, on ne peut pas dissoudre, enfin,
00:17:20 sa disparition a été classée.
00:17:22 Est-ce que, parenthèse refermée sur la polémique autour de la Bravem ?
00:17:24 - Alors, je vais répondre à votre question,
00:17:27 tout en complétant un peu l'analyse qui a été faite.
00:17:30 Il y a un changement de conception du dispositif,
00:17:33 mais c'est lié au nouveau préfet.
00:17:36 C'est le nouveau préfet qui a, indépendamment, je crois,
00:17:39 de l'objectif que vous évoquiez,
00:17:41 à se tenir compte des enseignements de l'époque du préfet de l'Allemagne
00:17:45 et se dire, bon, on va peut-être penser autrement
00:17:47 aux dispositifs de maintien de l'ordre,
00:17:49 qui restent quand même un dispositif fait pour accompagner,
00:17:51 garantir le droit de manifester,
00:17:52 mais qui était autrefois, qui se traduisait par un encagement,
00:17:56 on était au plus près du manifestant.
00:17:57 Là, on est à l'extérieur, il y a du jalonnement,
00:18:00 il y a une ouverture d'itinéraire et sont utilisés,
00:18:03 maintenant, c'est la deuxième ou la troisième fois,
00:18:05 on va utiliser principalement, pour l'effort principal,
00:18:08 les gendarmes mobiles et CRS.
00:18:09 C'est-à-dire que, pour répondre à votre question,
00:18:11 il y a une volonté maintenant des Braves
00:18:12 de les limiter à ce pourquoi ils sont conçus,
00:18:15 c'est agir en périphérie, je parle notamment de la Brave M,
00:18:18 qui, sous réserve de bien respecter les principes premiers
00:18:21 de propensionnalité dans l'entraînement de la force,
00:18:23 est un concept intéressant,
00:18:24 parce que vous avez ces agitateurs qui essaient de faire diversion
00:18:27 et qui, dans tout Paris, peuvent bien allumer des incendies,
00:18:30 dégrader, etc.
00:18:32 Donc là, il faut un élément qui puisse se projeter rapidement.
00:18:35 C'est la vocation de la Brave M,
00:18:37 mais la Brave M, c'est 3%, 4% des effectifs,
00:18:40 le gros des effectifs, c'est quand même des gendarmes mobiles et des CRS.
00:18:43 Il ne faut pas l'oublier.
00:18:44 Sonia, si je peux me permettre, ce qui est intéressant,
00:18:46 c'est qu'Eliott Deval, qui s'était rendu
00:18:48 à la présidente manifestation du 28 mars,
00:18:50 nous disait qu'il y avait des Brave M qui étaient là,
00:18:52 et je pense que s'il y a des problèmes qui se déroulent
00:18:54 dans ces manifestations, ils vont aussi envoyer la Brave M,
00:18:56 parce que ne pas le faire, ce serait une forme de désaveu,
00:18:58 alors qu'ils les ont soutenus,
00:19:00 que ce soit Laurent Nunez ou Gérald Darmanin, le ministre de l'Intérieur.
00:19:04 Et ce que disait Eliott Deval,
00:19:05 qui était le 28 mars parmi les manifestants,
00:19:08 c'est que dès que la Brave M apparaissait,
00:19:10 il y avait tout de suite une hostilité énorme,
00:19:12 et finalement, la Brave M qui est là pour pacifier, pour réprimer...
00:19:15 On peut dire à nos téléspectateurs qu'ils sont reconnaissables
00:19:17 par leurs casques à moto,
00:19:19 et qu'ils sont identifiables immédiatement par les manifestants.
00:19:22 Il y a l'historique aussi, si vous voulez.
00:19:23 Bon, il y a eu la crise des gilets jaunes,
00:19:25 et maintenant, on a plaqué,
00:19:27 alors que la plupart de ces fonctionnaires se comportent bien,
00:19:30 il y a eu quand même des dérives.
00:19:31 Il y a encore eu des fautes récemment,
00:19:33 il y a eu des choses...
00:19:35 - Oui, donc tout ça, malheureusement,
00:19:38 suscite un effet d'amalgame.
00:19:39 Et ceci dit, les Brave M ne nous ont pas fait
00:19:43 pour intervenir sur la manifestation proprement dite.
00:19:45 - Juste, je reviens un instant au siège parisien
00:19:48 du gestionnaire d'actifs, c'est ça ?
00:19:50 Américain, Blackrock,
00:19:53 on va voir aussi, parce qu'il y a un risque aussi de dégradation,
00:19:55 on voit rentrer quand même dans un lieu privé.
00:19:59 - C'est ce qui s'est passé une fois avec effectivement...
00:20:01 - Des militants écologistes.
00:20:02 - Des militants écologistes.
00:20:03 - Exactement.
00:20:04 - Il y a eu une centaine de militants écologistes,
00:20:05 il y avait eu un procès d'ailleurs un peu plus tard.
00:20:07 Le problème, c'est que sur le moment, si vous voulez,
00:20:08 les manifestants qui rentrent, je pense,
00:20:09 se sentent un peu tout permis, en se disant "on est nombreux".
00:20:12 La justice met toujours beaucoup de temps à réprimer,
00:20:14 entre guillemets, ce genre d'intrusion.
00:20:16 Et donc, entre temps, on a l'impression que c'est bon,
00:20:18 on peut un peu faire son boulot.
00:20:19 - C'est surtout que c'est un total contresens,
00:20:21 si je peux me permettre.
00:20:23 La réforme des retraites, alors on est d'accord avec ou pas,
00:20:25 mais sa vocation première, c'est quand même de sauver
00:20:27 le système par répartition, le système par répartition
00:20:30 est géré par des caisses de retraite qui sont non fongibles entre elles
00:20:34 et l'État peut venir compenser quand il y a des déficits
00:20:37 sur ces caisses de retraite.
00:20:38 BlackRock gère les retraites par capitalisation,
00:20:41 notamment dans le monde anglo-saxon,
00:20:42 et c'est ce qui fait qu'ils ont 10 000 milliards
00:20:46 de dollars d'actifs sous gestion.
00:20:48 Donc, si vous voulez...
00:20:49 - En fait, ils apportent de l'eau au moulin d'Emmanuel Macron
00:20:52 qui dit "il ne faut pas aller vers la capitalisation, il y a un risque".
00:20:54 - Tout à fait.
00:20:55 - Ils ne le pensent pas ainsi.
00:20:57 - Non mais, je pense que, éduqués économiquement aussi
00:21:00 les Français aideraient à éviter ce genre de contresens.
00:21:03 - Enfin, BlackRock...
00:21:04 - Ça dépend, chacun pense à qui il veut.
00:21:06 - Je ne veux pas dire "éduqués" non plus.
00:21:07 BlackRock, c'est quand même le capitalisme.
00:21:10 - C'est ça, évidemment.
00:21:11 C'est ça, le symbole.
00:21:13 - Est-ce que c'est le capitalisme ?
00:21:14 - Peut-être qu'on peut écouter ce que dit ce manifestant.
00:21:16 - Voilà que les gens cotisent dans des fonds de pension
00:21:17 pour pouvoir partir avec une retraite digne de ce moment-là,
00:21:19 et on est venu leur dire qu'il en est hors de question,
00:21:21 et nous, on n'a pas besoin d'eux,
00:21:22 et qu'on se battra jusqu'au bout pour sauver notre régime
00:21:24 de retraite par répartition,
00:21:25 parce que c'est le plus bel héritage qu'on nous ait laissé,
00:21:27 et on compte bien le laisser à nos enfants aussi.
00:21:29 - Et BlackRock ?
00:21:31 - BlackRock, il y a la retraite, BlackRock, c'est des fonds de pension.
00:21:34 Ça veut dire qu'il y a des gens qui ont des moyens de pouvoir cotiser
00:21:37 pour avoir des retraites supplémentaires,
00:21:38 des retraites complémentaires.
00:21:39 Nous, on est des ouvriers, des salariés, on n'a pas les moyens,
00:21:42 et en fait, on nous pousse vers ça,
00:21:43 pour avoir une retraite digne de ce temps-là,
00:21:45 et ce n'est pas normal.
00:21:46 Il y a des moyens dans ce pays, il y a des moyens financiers,
00:21:48 il suffit juste d'aller les chercher là où il faut,
00:21:50 et c'est ce qu'on est venu dire.
00:21:51 - Ce manifestant, il dénonce justement le système par capitalisation,
00:21:55 et c'est ce que dit Presse.
00:21:56 Il le dit pas ainsi, mais l'exécutif dit au contraire.
00:21:59 Il faut sauver le système par répartition pour ne pas aller...
00:22:02 D'autres pensent qu'il faut aller vers une dose de capitalisation,
00:22:04 mais enfin, on va rentrer dans un autre débat.
00:22:07 - Non mais sans rentrer dans le débat technique,
00:22:09 effectivement, ce manifestant, il prolongeait assez bien notre discussion
00:22:12 sur la retraite par capitalisation.
00:22:14 C'est-à-dire que l'argument que le gouvernement nous a servi et reservi
00:22:17 en nous disant "on fait cette grande réforme pour sauver le système par répartition",
00:22:21 pardonnez-moi, toutes les réformes des retraites qu'on a faites ces dernières années,
00:22:24 c'était le même argument.
00:22:25 Et pour autant, moi je pense qu'on va vers la retraite par capitalisation.
00:22:28 Donc si vous voulez, c'est un peu le serpent qui se mord la queue, cette affaire.
00:22:32 Et pour ce qui est de l'éducation économique, a priori ce monsieur,
00:22:36 il n'a pas complètement tort quand il vient s'en prendre...
00:22:38 Alors par contre, moi je suis plutôt pour les actions pacifistes,
00:22:40 donc il faudra voir ce qu'il en sort,
00:22:42 mais aller s'en prendre un totem du capitalisme financiarisé,
00:22:45 de la mondialisation...
00:22:46 - Oui, mais puisqu'on vous dit que c'est au nom des causes justes...
00:22:49 Il va y avoir un vrai problème et un vrai débat entre ceux qui vous disent
00:22:52 "on a le droit à la désobéissance civile, à rentrer dans des propriétés privées,
00:22:56 à faire ce qu'on veut parce que la cause est juste",
00:22:58 et d'autres qui vous disent "non, c'est pas possible".
00:23:00 - Mais c'est pour ça que d'abord, la violence n'est jamais légitime.
00:23:03 - Et on en parle.
00:23:04 On va se retrouver avec tous nos correspondants sur place,
00:23:07 Paris, Marseille, Rennes, Bordeaux,
00:23:09 et puis ces images que nous venons de commenter à Paris,
00:23:12 Gare de... Non, nous sommes plus à la Gare de Lyon,
00:23:14 ils sont partis de la Gare de Lyon, ils sont arrivés,
00:23:16 boulevard des Italiens dans le siège parisien de Black Rock.
00:23:19 A tout de suite, une courte pause et on se retrouve.
00:23:22 Vous voyez ces images avec nos correspondants,
00:23:26 nos journalistes un petit peu partout dans plusieurs villes de France,
00:23:29 la capitale Paris, Marseille, Rennes, Bordeaux,
00:23:32 avec cette question "jusqu'où l'épreuve de force ?"
00:23:35 On va en parler, et tout d'abord les titres,
00:23:37 c'est News Info, Audrey Bertheau.
00:23:40 - Onzième jour de mobilisation,
00:23:42 certaines écoles sont fermées depuis ce matin.
00:23:45 Près de 8% d'enseignants se sont mis en grève aujourd'hui.
00:23:48 C'est une annonce du ministère de l'Éducation ce midi.
00:23:51 C'est tant de ça des chiffres publiés hier
00:23:53 par le premier syndicat dans les écoles.
00:23:55 Ils avaient estimé qu'autour de 20% des enseignants du premier degré
00:23:58 seraient en grève.
00:24:00 Dans l'Oise, à Gournay-sur-Haronde,
00:24:02 les grévistes de Storanger bloquent l'accès
00:24:04 à leur dépôt de gaz depuis maintenant un mois.
00:24:06 La CGT est venue sur place ce matin les soutenir.
00:24:09 "On ne lâchera pas, la mobilisation continuera",
00:24:12 a dit Sophie Binet.
00:24:14 Les grévistes sont bien déterminés à poursuivre le mouvement.
00:24:17 Ils ont reconduit leur grève jusqu'au 14 avril.
00:24:20 Deuxième jour de sa visite d'État en Chine,
00:24:22 Emmanuel Macron a été reçu par son homologue chinois.
00:24:25 Emmanuel Macron a dit à Xi Jinping
00:24:27 qu'il comptait sur lui pour ramener la Russie à la raison
00:24:30 vis-à-vis de l'Ukraine.
00:24:32 Les deux dirigeants appellent à des pourparlers de paix au plus vite.
00:24:35 - Nous avons parlé depuis le début de cette émission
00:24:38 des manifestants, des cheminots, des personnels de l'éducation
00:24:41 qui ont envoyé le siège parisien du gestionnaire d'actifs BlackRock.
00:24:44 Tout d'abord, on va prendre la direction de Rennes.
00:24:47 C'est une ville qui est, comme certaines autres,
00:24:50 je vais dire, non pas surveillée, mais où il y a eu quand même
00:24:53 des tensions, des violences, avec une attention particulière
00:24:56 et souvent un renseignement territorial qui évoque cette ville.
00:24:59 Qu'en est-il sur place?
00:25:01 Les cortèges, d'abord, sont-ils?
00:25:03 Fournis, selon vous, par rapport à la 10e journée de mobilisation?
00:25:06 - Difficile de compter pour le moment, Sonia.
00:25:09 Mais ce qui est sûr, c'est que malgré la pluie importante,
00:25:12 le gros crachin breton qu'il y avait au début de manifestation
00:25:15 vers 11h, ce gros crachin breton, cette pluie n'a pas, en tout cas,
00:25:18 douché l'ardeur des manifestants.
00:25:21 Combien c'est difficile à dire.
00:25:24 Est-ce qu'ils sont plus nombreux que les 13 ou 14 manifestants
00:25:27 qui sont venus au début de la manifestation?
00:25:30 Est-ce qu'ils sont plus nombreux que les 13.600
00:25:33 comptés par la préfecture le 28 mars dernier?
00:25:36 Difficile à dire pour le moment.
00:25:39 Ce qui est sûr, c'est qu'il y a beaucoup d'ardeur,
00:25:42 beaucoup de colère, plus encore, évidemment,
00:25:45 que les rendez-vous précédents.
00:25:48 Et peut-être la nouveauté, c'est que si jusque-là,
00:25:51 c'était souvent Elisabeth Borne qui était visée à travers
00:25:54 les différentes affiches, les différentes pancartes
00:25:57 et maintenant, c'est plus le chef de l'État, Emmanuel Macron,
00:26:00 qui est pris en grippe par les manifestants
00:26:03 qui sont ici ce matin à Rennes, assez nombreux.
00:26:06 On le voit bien tout de suite là sur les images.
00:26:09 Alors, ce qu'on peut aussi dire, c'est que le cortège
00:26:12 est en train de finir son premier tour classique
00:26:15 ici à Rennes. On arrive à Place de la République
00:26:18 et il y a eu déjà quelques tirs de gaz lacrymogènes
00:26:21 pour interdire aux manifestants
00:26:24 l'accès au centre historique de Rennes.
00:26:27 - Vous l'avez dit, plus de colère,
00:26:30 c'est ça la vraie question aussi, Caroline Pilat.
00:26:33 C'est-à-dire que la réunion hier entre la Première ministre
00:26:36 et les syndicats, est-ce qu'elle n'a pas donné encore plus
00:26:39 de grains moudres pour ceux qui disent "mais écoutez,
00:26:42 ça ne sert à rien, c'est un grand théâtre".
00:26:45 Dès le début, tout était figé. - Complètement, Sonia.
00:26:48 C'était un jeu de dupe, Pierre. Chacun a joué sa partition
00:26:51 et il a joué sa position. Rien n'est réglé.
00:26:54 Les Français, pour la majorité de ces manifestants
00:26:57 qui ont été des personnes pacifiques, rappelons, jusqu'à présent,
00:27:00 faisant encore le distingo avec les Black Blocs,
00:27:03 n'ont pas eu la réponse qu'ils attendaient,
00:27:06 la réponse escomptée. Et ce qui a été le point d'orgue
00:27:09 pour moi à cette colère qui va subsister encore longtemps,
00:27:12 ça a été l'utilisation du 49-3
00:27:15 qui effectivement est un outil constitutionnel
00:27:18 mais qui a été perçu par une majorité de la population
00:27:21 comme étant un déni démocratique.
00:27:24 Comment voulez-vous essayer de faire retomber
00:27:27 toute cette pression, toute cette haine ?
00:27:30 C'est au-delà d'une colère, c'est une haine vis-à-vis de M. Macron,
00:27:33 de son gouvernement, parce qu'après tout, nous savons très bien
00:27:36 que Mme Borne, dans cette histoire, n'est et n'aura été
00:27:39 qu'un fusible, d'ailleurs, ces jours sont comptés.
00:27:42 - Quelle sortie de crise après cette 11e journée de mobilisation ?
00:27:45 Tout d'abord, on va revenir vers Paris,
00:27:48 vers le quartier, vers le siège Black Rock.
00:27:51 Est-ce que vous pouvez nous raconter ce qui s'est passé ?
00:27:54 Je m'adresse à notre journaliste sur place. On a vu
00:27:57 ces manifestants, ces cheminots, ces personnels de l'éducation
00:28:00 qui ont envahi cet immeuble qui représente ce gestionnaire
00:28:03 d'actifs américains et que potentiellement, je ne sais pas,
00:28:06 peut-être des dégradations, mais en tous les cas, un envahissement
00:28:09 quand même d'une propriété privée, ça c'est sûr.
00:28:12 - Eh bien oui, nous sommes sortis il y a moins de 10 minutes
00:28:17 du bâtiment que vous voyez juste devant, c'est un immeuble
00:28:20 emblématique du Crédit Lyonnais, donc un symbole bien sûr.
00:28:23 Il a été donc envahi totalement par les manifestants,
00:28:26 une action de blocage revendiquée, mais sans violence
00:28:29 demandée par les têtes syndicales. "Jamais vous n'aurez notre argent",
00:28:32 voilà les mots des syndicats. Le bâtiment était rempli de fumée,
00:28:35 les manifestants prenaient la place. Je rappelle qu'il y a
00:28:38 quelques 200 personnes réunies, une action coup de poing
00:28:41 organisée par les syndicats. Ils sont ensuite sortis dans une ambiance
00:28:44 assez bonne, sans dégradation des lieux. La police vient d'arriver
00:28:48 d'ailleurs sur place pour protéger les lieux. A présent,
00:28:51 le cortège se dirige vers la mobilisation, vers la manifestation
00:28:54 qui a lieu aujourd'hui sur Paris. - Voilà, elle s'élancera
00:28:57 tout à l'heure, effectivement, et là vous nous parlez
00:29:00 depuis le deuxième arrondissement de Paris.
00:29:03 Marie Buco, sur là, les forces de l'ordre, c'est aussi,
00:29:06 il est presque permanent le test et le défi pour le ministre
00:29:10 de l'Intérieur Général de Darmanin, mais là encore plus.
00:29:13 Tous les regards, audition hier, il a dû se justifier, s'expliquer,
00:29:16 il a soutenu les forces de l'ordre, le préfet de police également.
00:29:19 Donc on imagine quand même des situations, une situation
00:29:22 toujours aussi tendue, évidemment d'un point de vue sécuritaire
00:29:25 sur le terrain, politique aussi. Tous les regards sont braqués.
00:29:28 - Oui, mais en même temps, j'allais dire que la précédente
00:29:31 manifestation du 28 mars, on s'attendait aussi à ce que le 23 mars
00:29:34 avait été assez violent, à beaucoup de violence,
00:29:37 à des mouvements d'ultra-gauche qui auraient un peu semé
00:29:40 la zizanie. Finalement, ça s'est plutôt bien passé le 28 mars,
00:29:43 y compris à Paris, où à Paris, on avait eu les nuits précédentes,
00:29:46 des feux de poubelles un peu partout. Là, il y a aussi eu
00:29:49 des ramassages de poubelles, c'est bête, mais pour Paris, en tout cas,
00:29:52 ça compte, puisque c'était un des éléments utilisés par les casseurs,
00:29:55 à la fois pour créer des incendies, mais aussi pour créer, si vous voulez,
00:29:58 des barricades et ça servait aussi de réserve de projectiles.
00:30:02 Donc, si vous voulez, de ce côté-là, la situation est quand même
00:30:06 meilleure que précédemment. Et puis après, vous avez toujours
00:30:09 tout le travail qui est fait en amont. Alors, on a souvent évoqué
00:30:12 sur nos plateaux le fait qu'effectivement, on ne pouvait pas interpeller
00:30:15 de manifestants en amont, les interdire de participer à la manifestation.
00:30:18 Pas d'arrestation préventive. Pas d'arrestation préventive.
00:30:21 Et alors, ce que fait la préfecture, en revanche, de manière préventive,
00:30:24 ce qui est quand même assez important, c'est de contrôler,
00:30:27 grâce aux réquisitions du procureur, de pouvoir contrôler les manifestants,
00:30:31 être sûrs qu'ils n'ont pas d'armes par destination.
00:30:33 Et alors, ça, c'est d'ailleurs un point intéressant, c'est que la gauche
00:30:36 a fait le reproche au gouvernement et au ministre de l'Intérieur
00:30:39 d'avoir effectué un grand nombre d'interpellations gratuites.
00:30:42 Vous avez même des avocats qui ont fait une conférence de presse
00:30:45 pour dénoncer cela. En réalité, quand on parle avec les forces de l'ordre,
00:30:48 c'est quand même très encadré. Et quand vous faites du maintien de l'ordre,
00:30:50 c'est très compliqué d'aller interpeller des gens et de les placer dans les camions.
00:30:53 Ça m'oblige beaucoup de moyens. Donc, en fait, en réalité,
00:30:56 ceux qu'on interpelle, c'est vraiment les membres très violents.
00:30:59 Et donc, il n'y a pas... Je veux dire, même s'il le voulait,
00:31:02 on ne pourrait pas se dire "répression massive, on interpelle les gens avant qu'ils s'interpellent".
00:31:05 Parce qu'il y a eu, évidemment, la bataille qui se poursuit,
00:31:08 politique, flottantardif, avec ces mots vis-à-vis de l'extrême-gauche,
00:31:11 le ministre de l'Intérieur qui a parlé de "terrorisme intellectuel",
00:31:15 la réponse aussi de la France insoumise et de Jean-Luc Mélenchon.
00:31:20 Alors, bataille politique, défi sécuritaire.
00:31:23 Je vais dire qui, aujourd'hui, sera tenu en table responsable
00:31:28 au bout du compte de ces violences, politiquement ?
00:31:32 - Compliqué à dire.
00:31:34 - Premièrement, c'est assez complexe, effectivement.
00:31:36 C'est une question très intéressante et complexe.
00:31:38 Premièrement, je dirais, effectivement, Jean-Luc Mélenchon,
00:31:41 avec son bruit et sa fureur, maintenant, disons-le, depuis plusieurs semaines.
00:31:47 Jean-Luc Mélenchon, bien évidemment, et l'ensemble des parlementaires
00:31:50 de la France insoumise, pas l'ensemble des parlementaires de la NUPES,
00:31:53 mais ne serait-ce que 76 parlementaires qui reçoivent,
00:31:58 de la part de la présidence de l'Assemblée nationale, un rappel à l'ordre,
00:32:01 cela en dit long, sur les débats qui ont pu se tenir récemment
00:32:05 dans l'enceinte du Parlement, mais également les débats qui se tiennent
00:32:08 parfois à l'extérieur de l'enceinte du Parlement.
00:32:10 L'exécutif, également, qui, parfois, par ses petites phrases,
00:32:15 on en a encore eu hier, attise la colère d'une partie des opposants
00:32:21 à cette réforme des retraites.
00:32:22 - Vous parlez de l'entourage du président de la République ?
00:32:24 - L'entourage du président de la République, mais Emmanuel Macron,
00:32:27 lui-même aussi, puisque lorsque l'on cite l'entourage du président
00:32:30 de la République, disons-le très clairement, il y a le chef de l'État
00:32:33 derrière cela. Il a utilisé cette "astuce médiatique" pour s'exprimer
00:32:40 à travers son entourage. Qui est derrière ce terme, son entourage,
00:32:45 on ne sait pas, à part le fait que, effectivement, tout ce qui est dit
00:32:48 est, bien évidemment, validé par le président de la République
00:32:51 et qu'il y a une intention derrière cela...
00:32:54 - Mais il y a une intention de conflictualiser.
00:32:56 - De conflictualiser, bien évidemment.
00:32:57 - La ficelle est...
00:32:59 - L'une des stratégies, c'est d'arriver à un pourrissement de la situation
00:33:03 et d'incarner l'ordre face au désordre que les Français.
00:33:06 Et ce n'est toujours pas le cas. On appelle à l'exécutif pour établir
00:33:09 l'ordre dans la rue, sauf que, pour l'instant, les Français...
00:33:11 - Vous avez raison. La question, c'est ensuite 4 ans.
00:33:13 Et 4 ans, c'est long quand il y a un pourrissement.
00:33:15 - C'est très long.
00:33:16 - Donc, on parlera des séquelles, des suites.
00:33:18 On va se rendre dans la cité phocéenne, dans les Bouches-du-Rhône,
00:33:21 à Marseille. Alors, difficile à dire si les cortèges sont fournis,
00:33:25 mais c'est vrai. Imaginons... D'ailleurs, je vous pose la question,
00:33:27 je pose la question à notre journaliste sur place.
00:33:29 Onzième journée de mobilisation. J'imagine que, pour ceux qui sont là,
00:33:32 présents, dans la rue, dans les rues, il faut imaginer
00:33:34 qu'elles dépensent d'énergie financièrement.
00:33:37 Ce n'est pas évident, tout ça. Donc, la colère, eh bien, est toujours présente.
00:33:41 - Alors, ce que je peux vous dire, c'est qu'ils sont moins nombreux,
00:33:46 dans les rues de Marseille, aujourd'hui.
00:33:48 Et les opposants, que vous voyez défiler à cette réforme des retraites,
00:33:52 n'ont pourtant pas encore dit leur dernier mot.
00:33:54 En tout cas, c'est ce qu'ils m'ont expliqué.
00:33:56 Et c'est dans cet état d'esprit qu'ils défilent, ce matin,
00:33:59 autour du Vieux-Port, au moment où on se parle.
00:34:01 Alors, l'intersyndicale est consciente que c'est la onzième journée de mobilisation,
00:34:05 vous le disiez, et que ça commence à peser sur le moral,
00:34:08 sur la détermination, et sur le portefeuille des grévistes.
00:34:12 L'un d'entre eux me souvenait, tout à l'heure, que le gouvernement se moquait d'eux.
00:34:16 Il a également précisé qu'il fallait tout de même tenir,
00:34:19 tenir au moins jusqu'à la décision du Conseil constitutionnel,
00:34:22 voire plus, si le référendum d'initiative partagée se met en place.
00:34:27 Et là, il faudra tenir longtemps, m'a-t-il expliqué,
00:34:30 parce que le processus de ce référendum est long.
00:34:33 En tout cas, ce que je peux vous dire, et ça, pour le coup,
00:34:35 ça n'a pas changé depuis le début des mobilisations,
00:34:37 c'est que ces manifestants sont galvanisés par une chose,
00:34:39 par une intersyndicale qui reste toujours une issue.
00:34:42 C'est un point essentiel. Merci d'en parler.
00:34:45 Il est vrai qu'entre la CFGT, la CGT, mais aussi les autres,
00:34:49 Michael Sadow, pour l'instant, il y a un front uni.
00:34:52 Et combien de fois on a posé la question,
00:34:55 mais vont-ils se désunir et ne vont pas pouvoir s'entendre ?
00:34:58 Eh bien non, le mur ne s'est pas fissuré.
00:35:00 Et c'est vrai que l'exécutif a parié là-dessus. Il est évident.
00:35:04 Oui, mais ça tient très bien pour le moment.
00:35:06 Et puis l'attitude de tous les syndicats est extrêmement digne,
00:35:10 depuis le début de la mobilisation.
00:35:12 Après, il faut quand même nuancer.
00:35:15 Moi, je suis assez attaché aux chiffres et à la représentation.
00:35:18 Les syndicats, les dix premiers syndicats en France,
00:35:20 ça représente 2,4 millions de personnes.
00:35:22 Emmanuel Macron, au premier tour, je ne parle même pas du deuxième,
00:35:26 au premier tour, il y a 10 millions de gens qui ont voté pour lui.
00:35:29 Mais qui peut faire descendre dans la rue, on verra combien,
00:35:31 mais disons 800 000 personnes aujourd'hui.
00:35:34 Quel parti politique le peut ?
00:35:36 Non, mais c'est vrai, c'est que les syndicats sont forts.
00:35:38 Prendre une adhésion dans un syndicat,
00:35:40 on peut voter une fois pour le président de la République.
00:35:42 Oui, mais je remarque que ces syndicats,
00:35:44 qui étaient en train d'être contre les marchés financiers...
00:35:46 On leur donne en gros trop d'importance, c'est ce que vous êtes en train de dire,
00:35:48 par rapport à la représentativité ?
00:35:50 Non seulement on leur donne beaucoup d'importance,
00:35:52 mais en plus, je trouve qu'au moment des élections présidentielles,
00:35:54 ils n'ont pas été très cohérents dans leurs choix,
00:35:56 par rapport à leur idéologie, parce que...
00:35:58 Non, non, mais c'est important.
00:36:00 Mais c'est très important.
00:36:02 Quand vous appelez à voter contre Marine Le Pen, donc pour Emmanuel Macron,
00:36:04 et que le président, il faut lui reconnaître qu'il avait mis sur la table son projet de réforme,
00:36:08 il ne peut pas venir en disant "non mais, qu'est-ce que c'est que ça ?"
00:36:10 Ça compte la cohérence quand même dans les ordres.
00:36:12 Oui, mais ça peut paraître ambivalent, et je ne suis pas d'accord avec vous.
00:36:14 Quand je vois ces gens saccager de la croque, etc.
00:36:16 C'est drôle parce que les Français adorent les marchés financiers,
00:36:18 quand il s'agit d'absorber notre dette publique,
00:36:20 là ils les adorent.
00:36:22 Ils n'ont aucun problème à voter pour Emmanuel Macron,
00:36:24 qui je crois n'est pas super ambigu sur son projet politique,
00:36:28 et sur ses incontents avec un certain libéralisme économique.
00:36:31 Donc au bout d'un moment, moi je crois aux élections,
00:36:33 à la démocratie représentative,
00:36:35 si les gens n'étaient pas d'accord avec ce projet,
00:36:37 ils n'auraient qu'à le signifier il y a un an.
00:36:39 Vous nous direz pourquoi vous n'êtes pas d'accord dans un instant,
00:36:41 Caroline Piliastre et Florian Tardif.
00:36:43 Je vais juste me rendre aux... On va se rendre, d'ailleurs, tous ensemble,
00:36:46 pas très loin, aux Invalides.
00:36:48 Nous sommes toujours dans la capitale à Paris, en tête de cortège.
00:36:51 Alors ça va s'élancer, vous voyez toujours ce décorum,
00:36:54 avec ces différents syndicats sur place.
00:36:57 Difficile là encore de juger d'un éventuel rebond ou soufflement,
00:37:00 mais la mobilisation est toujours la même.
00:37:03 Et on imagine avec les mêmes mots d'ordre ?
00:37:06 Oui, toujours les mêmes mots d'ordre.
00:37:10 Toute l'union syndicale se réunit sur les planètes des Invalides actuellement.
00:37:15 Pour l'instant, Madame Binet et Monsieur Lescure sont arrivés.
00:37:19 Tout le monde se regroupe malgré la pluie.
00:37:22 On se demande si l'affluence des anciens cortèges va être de même aujourd'hui.
00:37:27 Pour l'instant, la conférence de presse ne devrait pas tarder.
00:37:30 Nous sommes en place et nous allons la suivre pour vous en direct sur CNews.
00:37:34 Bien sûr, et vous nous faites signe, on arrivera évidemment le plus vite possible.
00:37:38 Pour écouter les mots que l'on devine déjà de Laurent Berger et de Sophie Binet,
00:37:43 l'un parlait de crise démocratique.
00:37:45 Alors ça, ça titillait le président.
00:37:48 Il n'a pas aimé une crise démocratique.
00:37:50 Oui, mais quand on dit la vérité, ça peut faire mal parfois.
00:37:52 Alors, crise politique, crise démocratique, crise institutionnelle,
00:37:55 toutes à la fois ?
00:37:57 Les trois, mais c'est différent.
00:38:00 La crise démocratique, si vous voulez, si on est honnête,
00:38:02 on ne peut pas l'imputer seulement au président de la République.
00:38:06 Soyons un peu honnêtes.
00:38:07 La crise démocratique en France, elle existe depuis un certain nombre d'années,
00:38:11 avec notamment des dénis de démocratie très forts,
00:38:13 comme le référendum de 2005, où le non l'avait emporté.
00:38:16 Puis finalement, M. Sarkozy a fait le oui en catimini.
00:38:19 Toutes sortes de choses qui ont nui à la démocratie.
00:38:22 Ensuite, la crise démocratique, elle n'est pas qu'en France.
00:38:25 La plupart des grandes démocraties en Europe de l'Ouest
00:38:28 voient une crise démocratique terrible.
00:38:30 Cette fameuse montée des populismes ou des nationalismes,
00:38:33 selon le terme choisi, que l'on observe un peu partout,
00:38:36 l'élection de Mme Mélanie en Italie, la dépolitisation...
00:38:39 Vous avez vu le sondage pour le Figaro magazine ?
00:38:41 Le sondage pour le Figaro qui montre en France c'est pareil.
00:38:43 La gagnante, Marine Le Pen, semble-t-il, dans ce sondage,
00:38:45 c'est celle qui n'a pas appelé à manifester.
00:38:47 Qui sait, par rapport aux membres de la NUPES,
00:38:51 c'est tenu très différemment.
00:38:53 On ne va pas connoter Marine Le Pen.
00:38:55 La stratégie était excellente.
00:38:56 Il n'y a pas eu de bordélisation.
00:38:57 Le bruit et la fureur, le déni du réel et le dédain,
00:39:02 il y avait un boulevard.
00:39:03 Elle marche tranquillement.
00:39:04 Marine Le Pen, depuis l'élection présidentielle d'ailleurs,
00:39:07 a un axiome idéologique qui, à certains égards,
00:39:10 recouvre beaucoup des priorités des Français.
00:39:12 Quand vous prenez les grandes enquêtes du Cevipof
00:39:14 qui sont faites par les laboratoires de recherche à Sciences Po,
00:39:16 vous avez à peu près le programme de Marine Le Pen.
00:39:19 Fermeté sur le régalien, plus de social...
00:39:21 Une majorité des Français qui sont contre la réforme des retraites
00:39:25 pour les mobilisations sont contre les violences
00:39:27 contre les forces de l'ordre.
00:39:29 Mais les Français, ils n'aiment pas le désordre.
00:39:31 Les forces de l'ordre elles-mêmes.
00:39:32 Les syndicats de police sont contre.
00:39:35 C'est d'ailleurs le paradoxe quand on parle avec des policiers
00:39:37 qui sont, moi, ceux avec qui je me suis entretenu,
00:39:40 sont souvent contre cette réforme.
00:39:42 Et ils ne sont pas là pour aller taper sur les manifestants
00:39:44 et qui sont d'accord.
00:39:45 Que la gauche dise que finalement la police
00:39:48 servirait les intérêts du gouvernement
00:39:50 et la politique du gouvernement, là-dessus, c'est faux.
00:39:52 Ce n'est pas cohérent en tous les cas.
00:39:54 Je crois que ce qui a été dit sur les forces de l'ordre
00:39:57 vient de tournant, c'est quand même Saint-Sauline.
00:39:59 C'est tellement... Cette violence paro-cystique,
00:40:01 l'opinion publique n'accepte plus ce concert
00:40:06 d'attaques systématiques contre les forces de l'ordre.
00:40:09 Les choses sont tellement claires.
00:40:11 Certes, il y a eu des dérives individuelles,
00:40:13 parfois quelques unités, mais ça a été en essayant de les réguler.
00:40:16 Mais c'est intéressant également de voir qu'au niveau politique,
00:40:20 le grand perdant, c'est quand même Mélenchon,
00:40:22 qui avait quand même une certaine passerelle
00:40:24 avec ses mouvements ultra.
00:40:26 Et ce qui s'est passé en Ariège récemment
00:40:28 démontre qu'il y a quand même dans les territoires,
00:40:32 il y a une population française qui est plutôt
00:40:35 sur la social-démocratie, les institutions,
00:40:37 et qui ne veut pas de ces relents insurrectionnels.
00:40:41 Plus qu'une crise démocratique, moi je parlerais
00:40:43 de crise de représentativité.
00:40:45 C'est-à-dire que les Français, effectivement,
00:40:47 pour certains d'entre eux, continuent de se rendre aux urnes,
00:40:50 de moins en moins, malheureusement,
00:40:52 on a longtemps parlé de l'abstention qui s'accentue
00:40:54 dans notre pays, mais tout simplement parce qu'ils ne se sentent
00:40:57 plus représentés ou ils se sentent mal représentés.
00:41:00 Et la séquence qu'on a vécue au Parlement est terrible aussi,
00:41:02 puisqu'elle vient alimenter ça.
00:41:04 Mais du côté du gouvernement, ni référendum, ni dissolution,
00:41:07 ni remaniement, ni, ni, ni, il y a un moment où...
00:41:10 C'est la politique du ni-ni, alors ne soyons pas naïfs,
00:41:12 évidemment c'est une instabilisation politique
00:41:14 de part et d'autre.
00:41:15 Mais cette politique du ni-ni, elle est...
00:41:17 Pour ceux qui votent pour Emmanuel Macron,
00:41:18 en fait il parle à son électorat.
00:41:19 Mais c'est ça qui est terrible, vous voulez qu'on vous dise...
00:41:21 Un président est fait pour rassembler les gens
00:41:24 qui n'ont pas forcément voté pour vous.
00:41:26 Et qui ne parle même plus à son électorat,
00:41:27 puisque si on prend effectivement les retraités,
00:41:30 il parle aux retraités, mais concernant les actifs,
00:41:32 Emmanuel Macron a vu la moitié de son socle
00:41:36 qui concerne les actifs s'éroder, c'est-à-dire que la moitié
00:41:39 des actifs qui avaient voté pour Emmanuel Macron
00:41:42 estiment aujourd'hui être déçus par la politique
00:41:45 du président de la République et du gouvernement.
00:41:47 Non mais même si j'entends que le président de la République
00:41:49 n'est pas une assistance sociale, un président, selon moi,
00:41:53 digne, doit rassembler au maximum, unifier la population.
00:41:56 Ah oui, donc c'est indigne ce qu'il fait ?
00:41:58 Selon moi, voilà, exactement de sa fonction,
00:42:01 c'est mettre un peu d'huile sur le feu,
00:42:03 même si une fois de plus, il a été élu auprès
00:42:06 de son électorat qui lui reste acquis,
00:42:09 pour mettre en place cette réforme des retraites.
00:42:12 Alors que reste-t-il ?
00:42:13 Mais moi j'aimerais juste vous répondre...
00:42:14 Allez-y, je vous en prie.
00:42:15 Nickel.
00:42:16 Parce qu'effectivement, il y a une ambivalence,
00:42:18 il y a un paradoxe avec les syndicats,
00:42:20 avec une partie de la gauche qui a appelé à voter pour M. Macron
00:42:24 et faire le fameux barrage Castor, contre Marine Le Pen.
00:42:28 Mais voter pour lui pour ses raisons
00:42:30 ne veut pas dire lui donner un blanc-seing
00:42:32 sur cette réforme des retraites.
00:42:33 Ils ont toujours été clairs en disant que s'il la passait
00:42:36 rapidement lors de son deuxième quinquennat,
00:42:38 il serait contre.
00:42:39 Donc je pense qu'il ne faut pas non plus tout mélanger.
00:42:42 On peut voter pour quelqu'un pour des raisons
00:42:44 et être en désaccord avec lui pour d'autres raisons.
00:42:46 Oui, mais in fine, ce qui est important, c'est ce qu'on fait.
00:42:49 Et quand on fait quelque chose, on le fait en responsabilité.
00:42:52 Emmanuel Macron a déjà fait un quinquennat,
00:42:54 donc les Français ne découvrent pas ces manières,
00:42:56 je dirais un peu autoritaires,
00:42:59 ou cette manière de passer par-dessus le Parlement.
00:43:01 Ils ont décidé de revoter pour lui pour x ou y raison.
00:43:04 Moi je pense qu'une partie des problèmes que connaît ce pays,
00:43:06 c'est due à la diabolisation de Marine Le Pen.
00:43:09 On l'a dit, si les élections dernières s'étaient déroulées
00:43:12 dans des conditions à peu près normales
00:43:14 avec cette absence de diabolisation,
00:43:16 je pense qu'ils auraient voté pour Marine Le Pen
00:43:18 parce que son projet politique correspond beaucoup mieux
00:43:20 en réalité aux aspirations du pays.
00:43:22 Elle est plus à droite sur les sujets régaliens,
00:43:24 elle est plus sociale sur les sujets économiques et sociaux.
00:43:26 Je ne dis pas que j'adhère à ce projet-là,
00:43:28 mais tout est évident s'il y a quelque chose
00:43:30 qui ne s'est pas produit aux dernières élections.
00:43:32 Ma question c'est "et maintenant ?"
00:43:34 Qu'est-ce qui va se passer après cette 11e journée ?
00:43:36 On a dit que tous les regards étaient tournés vers le Conseil constitutionnel,
00:43:38 mais pas seulement pour la constitutionnalité du texte.
00:43:40 On a aussi un référendum d'initiative partagée,
00:43:42 Florian Tardif, avec, vous pouvez imaginer,
00:43:44 c'est une période de 9 mois,
00:43:46 il faut regrouper un dixième des inscrits,
00:43:48 ça donne 4,8 millions de personnes,
00:43:50 c'est pas rien,
00:43:52 et puis ça peut aussi étendre la contestation,
00:43:54 ça peut permettre d'entretenir les braises sociales.
00:43:58 Imaginez-vous bien, Sonia,
00:44:00 on aura peut-être la conclusion
00:44:02 de ce référendum d'initiative partagée
00:44:04 dans un an et trois mois.
00:44:06 Parce qu'effectivement,
00:44:08 il y a 9 mois durant lesquels
00:44:10 il va y avoir l'ouverture
00:44:12 d'une plateforme en ligne,
00:44:14 notamment par le ministère de l'Intérieur,
00:44:16 pour recueillir ces signatures.
00:44:18 Si on arrive à recueillir,
00:44:20 en tout cas les partisans de cette initiative,
00:44:22 arrive à recueillir 4,7, 4,8% des électeurs inscrits,
00:44:26 ce qui est énorme,
00:44:28 c'est-à-dire que la seule fois que le dispositif a pu être testé,
00:44:30 c'était contre la privatisation.
00:44:32 C'est 10% des électeurs inscrits sur la liste électorale.
00:44:36 C'était contre la privatisation d'Aéroports de Paris.
00:44:40 Et il y avait eu un peu plus d'un million d'électeurs,
00:44:44 effectivement, qui avaient signé.
00:44:46 Donc c'est un processus long.
00:44:48 Et ensuite, après cela,
00:44:50 si les opposants à la réforme des retraites
00:44:52 arrivent à recueillir l'ensemble de ces signatures,
00:44:54 charge au président de la République
00:44:56 de soumettre soit ce texte au Parlement,
00:44:58 ce qu'il peut faire,
00:45:00 soit d'organiser un référendum.
00:45:02 Et il dispose de 6 mois pour le faire.
00:45:04 Donc imaginez, on peut se retrouver avec ces scènes-là
00:45:08 de manière récurrente pendant un an.
00:45:10 Là, vous entendez en même temps les slogans depuis Marseille.
00:45:14 Celui-là, si je puis me permettre,
00:45:16 ce n'est pas la première fois que je parle de ce slogan-là.
00:45:18 On l'entend depuis...
00:45:20 C'est très années 90.
00:45:22 Oui, ça ne nous rajeunit pas, c'est ce que vous voulez dire.
00:45:24 Non, non, écoutez.
00:45:26 Quand on parlait d'adhésion, le vrai défi,
00:45:28 c'est l'adhésion d'une majorité de la population
00:45:30 aux réformes structurelles qu'il faudra faire dans ce pays.
00:45:32 On en avait parlé la semaine dernière.
00:45:34 Mais c'est quoi le mot réforme ?
00:45:36 En fait, arrêtons-nous.
00:45:38 On dit adhésion à réforme.
00:45:40 Mais même le mot réforme, on ne sait plus ce que c'est.
00:45:42 Parce que réforme, c'est généralement pour avoir de plus en plus.
00:45:44 C'est un progrès.
00:45:46 Aujourd'hui, la réforme, c'est pour colmater ce qui ne va pas.
00:45:48 Et il n'y aura pas de progrès social
00:45:50 si notre pays continue à évoluer avec ce déclassement.
00:45:52 Et là, si vous pensez qu'on va endiguer le déclassement français
00:45:54 avec une réforme comptable des retraites,
00:45:56 très franchement, c'est qu'on n'a pas la même lecture
00:45:58 du déclassement français.
00:46:00 C'est la désindustrialisation.
00:46:02 C'est l'abandon de la stratégie numérique au niveau européen.
00:46:04 C'est ce que je voulais dire.
00:46:06 Je vois au-delà de cette réforme des retraites
00:46:08 et que le politique dise clairement les choses.
00:46:10 Et je ne suis pas sûr qu'il y ait un parti
00:46:12 qui ait un discours de pleine vérité en la matière.
00:46:14 Non, moi non.
00:46:16 Il a besoin de décrire une situation
00:46:18 qui serait congelée pendant...
00:46:20 Alors, peut-être...
00:46:22 On va écouter
00:46:24 la patrin de la CGT.
00:46:26 Les trois mois de grève, les trois mois de manifestation.
00:46:28 Et qu'elle ait enfin compris
00:46:30 qu'il fallait retirer cette réforme pour pouvoir dialoguer
00:46:32 sur d'autres sujets. Et elle nous a opposé
00:46:34 une fin de non-recevoir.
00:46:36 Il dit que c'était une étape importante, cette réunion,
00:46:38 qu'elle n'a pas servi à rien. Vous avez l'air étonnée de ses propos.
00:46:40 Non, mais c'est vraiment... Ils vivent dans une réalité parallèle.
00:46:42 C'est incroyable, en fait.
00:46:44 Il faut qu'ils arrêtent de réécrire, de penser
00:46:46 qu'ils peuvent réécrire l'histoire et changer la réalité.
00:46:48 Ce qui s'est passé, c'est que la réunion d'hier
00:46:50 a été un camouflet pour le gouvernement.
00:46:52 Nous avons claqué la porte parce qu'Elisabeth Borne
00:46:54 refusait de retirer la réforme.
00:46:56 Elle lui a dit d'une seule et même voix que si cette réforme
00:46:58 n'était pas retirée, on ne pourrait pas parler d'autre chose.
00:47:00 Il y a une crise sociale, mais pas une crise démocratique.
00:47:02 Tous ces propos vous font rire, d'origine.
00:47:04 Ah ouais ?
00:47:06 Oui, tout à fait. C'est très innovant, en fait.
00:47:08 Donc il y a évidemment une crise sociale
00:47:10 et évidemment une crise démocratique. On voit que le gouvernement
00:47:12 est complètement déconnecté du pays,
00:47:14 est complètement bunkerisé dans ses ministères
00:47:16 dont ils ne peuvent plus sortir.
00:47:18 Et donc, ils ne comprennent pas ce qui se passe dans le pays.
00:47:20 C'est très, très inquiétant. Oui, il y a une crise sociale
00:47:22 et oui, il y a une grave crise démocratique.
00:47:24 Et c'est pour ça que nous sommes en colère, en fait.
00:47:26 Je rigole, parce qu'il vaut mieux rire que pleurer,
00:47:28 mais en fait, c'est une profonde colère,
00:47:30 une colère froide, qui nous anime
00:47:32 puisque nous répétons depuis le début du mouvement
00:47:34 sur tous les tons qu'il faut retirer cette réforme
00:47:36 qui n'a aucune justification économique
00:47:38 et aucune légitimité démocratique
00:47:40 et que le gouvernement fait comme si de rien n'était.
00:47:42 Vous sentez une certaine indifférence de leur part ?
00:47:44 On sent une rupture
00:47:46 vis-à-vis du pays et c'est ça qui est très inquiétant.
00:47:48 C'est que du coup, en fait, c'est leur capacité
00:47:50 à diriger le pays qui est remise en cause.
00:47:52 Comment peut-on diriger un pays
00:47:54 si on ne comprend pas ce qui se passe dedans ?
00:47:56 Et là, il y a un message unanime
00:47:58 de toutes les organisations syndicales
00:48:00 qui, contrairement à ce qu'ils essaient de faire, ne sont pas divisées,
00:48:02 de toutes les Françaises et les Français
00:48:04 qui demandent tout simplement au gouvernement
00:48:06 de retirer cette réforme qui n'est pas nécessaire.
00:48:08 En quoi cette nouvelle journée de mobilisation
00:48:10 va changer la donne ?
00:48:12 Elle va changer la donne
00:48:14 parce qu'elle montre que...
00:48:16 Non, mais moi, je ne souhaite pas répondre à ces news.
00:48:18 Et pourquoi ?
00:48:20 Parce que je ne vais pas sur vos plateaux.
00:48:22 Oui, mais là, c'est pour s'exprimer devant tous les Français.
00:48:24 Vous pouvez nous donner vos revendications ?
00:48:26 Eh bien, non.
00:48:28 Vous choisissez les médias à qui vous vous adressez ?
00:48:30 Je m'adresse à tous les médias
00:48:32 qui garantissent une liberté d'expression et une pluralité.
00:48:34 Alors, qu'attendez-vous de cette 11e journée ?
00:48:36 On va reprendre la parole
00:48:38 parce que pour une démonstration de pluralité
00:48:40 qui vient d'être défendue par les médias,
00:48:42 on va reprendre la parole
00:48:44 parce qu'on va reprendre la parole
00:48:46 parce que pour une démonstration de pluralité
00:48:48 qui vient d'être défendue par Sophie Binet,
00:48:50 ça laisse quand même sans voix.
00:48:52 Donc, on choisit ces médias.
00:48:54 Soi-disant populaires, soi-disant des gens qui défendent le bonheur.
00:48:56 C'est incroyable.
00:48:58 La question était très intéressante.
00:49:00 J'allais dire du bien de Mme Binet, Sonia.
00:49:02 Je salue la réactivité et le sang-froid de notre journaliste
00:49:04 qui a tout à fait répondu.
00:49:06 Et on note quand même
00:49:08 que pour parler aujourd'hui
00:49:10 d'un sujet syndical, politique et social,
00:49:12 on choisit tout simplement ces médias.
00:49:14 C'est quand même incroyable.
00:49:16 Vraiment, les bras m'en tombent.
00:49:18 Est-ce que Philippe Martinez l'a aussi fait ?
00:49:20 Non, non, non.
00:49:22 Elle s'exprimait donc en voyant le micro
00:49:24 et quand la question a été posée,
00:49:26 elle n'a pas accepté d'y répondre.
00:49:28 Vive le pluralisme !
00:49:30 Mais c'est ce que je disais.
00:49:32 Laurent Berger s'exprime, on va l'écouter.
00:49:34 Ça sera dans quelques instants également.
00:49:36 Alors, en tout cas, Sophie Binet,
00:49:38 parce que nous, on ne fait pas la différence
00:49:40 et on parle de tout le monde,
00:49:42 c'est ça aussi ce qui nous anime.
00:49:44 Elle reprend les mots de Laurent Berger
00:49:46 de crise démocratique.
00:49:48 C'est totalement inédit dans le paysage social
00:49:50 de ce pays qu'après 11 journées,
00:49:52 il y a toujours autant de soutien
00:49:54 de l'opinion à un mouvement social
00:49:56 qu'il y ait toujours autant de rejets
00:49:58 dans la population active
00:50:00 de cette réforme.
00:50:02 Et je crois que ça crée
00:50:04 une forme de malaise
00:50:06 dont on n'est pas sortis.
00:50:08 Quels sont les remarques d'Emmanuel Macron
00:50:10 sur la crise de la Russie ?
00:50:12 Sur la crise démocratique,
00:50:14 sur le fait qu'il a l'air de citer
00:50:16 particulièrement la CFDT.
00:50:18 Le gros pote de l'OBT,
00:50:20 de l'AVQ, etc.
00:50:22 Non, mais la CFDT, elle a un contre-projet,
00:50:24 elle l'a toujours dit, c'est le système
00:50:26 universel des retraites.
00:50:28 Nous l'avons mis sur la table,
00:50:30 nous l'avons écrit, il est disponible
00:50:32 pour qui le veut.
00:50:34 Ce projet, il n'a pas été entendu,
00:50:36 il n'a même pas été étudié,
00:50:38 j'ai envie de dire.
00:50:40 Y compris en termes de financement
00:50:42 des retraites.
00:50:44 C'est ce qu'on avait appelé un cocktail de mesurant.
00:50:46 Donc, il est faux.
00:50:48 Et c'est un mensonge de dire que la CFDT
00:50:50 n'avait pas développé de proposition
00:50:52 ou même de proposition de réforme,
00:50:54 au-delà des propositions de financement.
00:50:56 Et puis après,
00:50:58 je ne rentrerai pas dans ce jeu qui consisterait
00:51:00 à faire de la période un combat de personnes.
00:51:02 Ce dont il est question aujourd'hui
00:51:04 pour le Président de la République,
00:51:06 ce n'est pas les mots de Laurent Berger ou je ne sais qui.
00:51:08 Ce dont il est question,
00:51:10 c'est la réponse qu'il va donner au monde du travail.
00:51:12 Le mépris ou non qu'il va afficher
00:51:14 à l'égard du monde du travail.
00:51:16 Ce qui est important,
00:51:18 ce n'est pas ce que je pense moi,
00:51:20 de ces propos qui dénotent
00:51:22 une perte de nerfs,
00:51:24 d'une certaine manière.
00:51:26 Ce que je pense,
00:51:28 c'est ce que pensent les gens
00:51:30 qui sont derrière nous et qui manifestent.
00:51:32 La population qui rejette à 70%
00:51:34 cette réforme et les salariés, les travailleurs
00:51:36 qui la rejettent à 90%.
00:51:38 Donc oui, on a une crise sociale.
00:51:40 Et oui, on a une crise démocratique
00:51:42 quand on est incapable, dans notre pays,
00:51:44 de comprendre que ce qui s'exprime,
00:51:46 c'est de la démocratie sociale.
00:51:48 Et que cette démocratie sociale mérite d'être écoutée.
00:51:50 Est-ce que vous allez renouer le lien
00:51:52 avec les députés, tous, en tant que syndicats,
00:51:54 entre la Réunion et après ?
00:51:56 On va être très clairs,
00:51:58 la Réunion, elle s'est passée,
00:52:00 je crois que François l'a dit sur une antenne,
00:52:02 elle s'est passée dans un cadre
00:52:04 apaisé et normal.
00:52:06 On n'est pas des bêtes sauvages.
00:52:08 On s'est comporté comme il faut.
00:52:10 On a été polis, respectueux
00:52:12 de la fonction de la première ministre.
00:52:14 Et y compris, lorsqu'on est sortis
00:52:16 de la salle,
00:52:18 on a salué et on est partis normalement.
00:52:20 Donc,
00:52:22 mais c'était le seul lien
00:52:24 avec l'exécutif. J'ai envie de dire,
00:52:26 hormis les coups de fil
00:52:28 que les uns et les autres
00:52:30 avons reçus un dimanche
00:52:32 et une autre fois,
00:52:34 c'est le seul lien qu'on a eu et c'est pas normal
00:52:36 parce que c'est après deux mois et demi
00:52:38 de conflit, on a bien vu
00:52:40 que c'était un peu tard pour trouver
00:52:42 des voies de sortie puisque chacun
00:52:44 campait sur ses positions.
00:52:46 Mais il faut prendre la mesure de ce qui se passe.
00:52:48 Jamais nous avons eu un mouvement
00:52:50 d'une telle ampleur, d'une telle durée
00:52:52 qui, après
00:52:54 onze journées de mobilisation, a un tel soutien
00:52:56 dans l'opinion et sur le fond et sur la forme.
00:52:58 Donc ça mérite d'une écoute,
00:53:00 ça mérite de prendre conscience de ça
00:53:02 et à défaut de quoi ? Je crois que oui, il y a un problème
00:53:04 de fonctionnement démocratique.
00:53:06 Alors on appelle ça crise,
00:53:08 voilà,
00:53:10 on le revendique ce terme.
00:53:12 Maintenant que ça ne plaît pas, c'est pas mon problème.
00:53:14 — Est-ce que vous avez réfléchi déjà
00:53:16 à l'organisme du 1er mai
00:53:18 ou pas du tout ? Est-ce que vous allez défiler tout ça ?
00:53:20 — Vous savez, depuis le début, on décide à huit
00:53:22 ce qu'on va faire.
00:53:24 La semaine d'après et les semaines qui suivront.
00:53:26 Et donc on décidera ensemble de ce qu'on va faire.
00:53:28 Mais de fait, je vais vous dire,
00:53:30 je crois qu'il s'est créé quelque chose
00:53:32 dans le respect entre nous et dans la façon
00:53:34 de fonctionner, n'en ne niant pas ce que sont
00:53:36 nos divergences, ce que sont nos propres chapelles,
00:53:38 d'une certaine manière, nos propres étiquettes,
00:53:40 mais dans la volonté de montrer
00:53:42 la centralité du syndicalisme sur le monde du travail.
00:53:44 Quoi qu'il arrive, dans les semaines à venir,
00:53:46 nous l'avons déjà démontré. Et donc
00:53:48 effectivement, on continuera à exprimer des positions
00:53:50 sur les retraites, mais pas forcément
00:53:52 que sur les retraites, sur d'autres sujets qui concernent
00:53:54 les travailleurs. Et à chaque fois que possible,
00:53:56 sans se mentir sur ce qui nous divise,
00:53:58 mais à chaque fois que possible, on essaiera de le faire ensemble.
00:54:00 [Quel est le conseil du Conseil constitutionnel?]
00:54:02 [C'est-ce qu'il y a de plus vaste derrière?]
00:54:04 Pour l'instant, ce n'est pas le cas.
00:54:06 Parce qu'on attendra le 14 pour
00:54:08 savoir ce que dit le Conseil constitutionnel.
00:54:10 Il y a pas mal de scénarios possibles. Et donc,
00:54:12 en fonction de ça, on avisera en intersyndical
00:54:14 de la façon dont on procède.
00:54:16 Mais il n'est pas la question, je vous le dis, pour la CFDT,
00:54:18 de contester la légitimité du Conseil constitutionnel.
00:54:20 Parce que quand on commence à faire ça,
00:54:22 on conteste à peu près tout.
00:54:24 Donc, on reconnaîtra la décision
00:54:26 comme étant celle du Conseil constitutionnel,
00:54:28 qu'elle nous plaise ou qu'elle nous plaise pas.
00:54:30 Mais ça ne veut pas dire qu'on
00:54:32 arrêtera de dire ce qu'on pense
00:54:34 sur cette réforme, ou qu'on arrêtera
00:54:36 de travailler en commun sur tous les sujets qui concernent les travailleurs.
00:54:38 [Est-ce qu'il y a peut-être une autre manifeste
00:54:40 à faire dans le 14?]
00:54:42 On le décidera ce soir. Enfin, ça ne serait
00:54:44 pas totalement idiot de le faire, mais on le décidera ensemble.
00:54:46 [Et là, vous n'exprimez pas cette situation?]
00:54:48 Pas du tout.
00:54:50 [Vous êtes toujours en accord avec l'Union européenne?]
00:54:52 Vous savez, depuis le début,
00:54:54 on nous dit qu'on va finir
00:54:56 par se diviser, par se taper dessus, etc.
00:54:58 Regardez, on est ensemble,
00:55:00 et plus on se voit, plus on s'apprécie.
00:55:02 Donc, il faut...
00:55:04 L'intersyndicale,
00:55:06 elle fonctionnera jusqu'au bout sur ce sujet à retraite.
00:55:08 Et puis après, je crois
00:55:10 qu'on a acquis une forme de maturité
00:55:12 dans le fonctionnement entre nous, qui nécessitera
00:55:14 que peut-être on fonctionne différemment de la façon
00:55:16 dont on fonctionnait jusqu'alors, c'est-à-dire
00:55:18 qu'on essaye de trouver les sujets sur lesquels
00:55:20 on peut être d'accord, avec des nuances,
00:55:22 mais sur lesquelles on peut pousser en commun.
00:55:24 [Votre action peut-être pour bloquer le gouvernement
00:55:26 au sujet de la manifestation?]
00:55:28 C'est pas à l'ordre du jour. Et vous savez, ça se décrète pas.
00:55:30 Il faut aller demander dans les manifestants
00:55:32 qui sont dans les rangs derrière
00:55:34 de se lancer dans une action
00:55:36 de 5, 6, 7 jours de grève.
00:55:38 C'est pas donné à tout le monde, c'est pas possible
00:55:40 pour tous les salariés. Donc, pour l'instant,
00:55:42 on est dans ces journées de mobilisation. Je crois que c'est suffisamment
00:55:44 puissant pour que ce soit entendu.
00:55:46 [Et aux Français qui ont peur de manifester,
00:55:48 comment vous pouvez les convaincre de rejoindre vous?]
00:55:50 D'abord, aujourd'hui, il y a 230 lieux,
00:55:52 250 lieux de rassemblement.
00:55:54 On sait, malheureusement,
00:55:56 qu'il y en a une dizaine
00:55:58 où, la fois dernière, dans différentes villes,
00:56:00 il y a eu des problèmes de violence
00:56:02 qui sont, je le répète, pas le fait des syndicalistes
00:56:04 et pas le fait des manifestants.
00:56:06 [Et c'est à cause de la police que les gens ont peur de manifester?]
00:56:08 Non, j'ai jamais dit ça. Je dis qu'il ne faut pas avoir peur
00:56:10 parce qu'il y a au moins 230 lieux
00:56:12 de rassemblement où il n'y a pas de problème.
00:56:14 On est allés manifester ensemble à Albi,
00:56:16 on s'est assuré qu'il n'y avait pas autant de serviteurs,
00:56:18 qu'il n'y avait aucune nécessité.
00:56:20 Donc, il y a plein d'endroits où on peut manifester
00:56:22 en toute tranquillité, et tant mieux.
00:56:24 Et ailleurs, je pense qu'on fait tout pour sécuriser
00:56:26 les cortèges, que les cortèges syndicaux
00:56:28 restent des lieux sûrs.
00:56:30 Et donc, il faut venir.
00:56:32 Il ne faut pas hésiter à venir,
00:56:34 aujourd'hui, évidemment, puis des éventuelles dates
00:56:36 qu'on décidera après.
00:56:38 [Sur aujourd'hui, c'est quoi le but?]
00:56:40 L'enjeu, c'est de montrer que la détermination,
00:56:42 elle est toujours aussi forte.
00:56:44 D'abord, de gros chiffres de mobilisation,
00:56:46 qui ne sont certes pas les plus importants
00:56:48 depuis le début de la mobilisation, mais qui sont importants.
00:56:50 C'est de montrer que ce mouvement,
00:56:52 il continue d'être soutenu par la population,
00:56:54 ce qui est assez inédit, après 11 journées
00:56:56 de mobilisation, et que
00:56:58 la contestation, le rejet de cette réforme
00:57:00 est toujours aussi fort.
00:57:02 [Qu'est-ce que vous répondez à l'opposition?]
00:57:04 [On a la responsabilité d'y gagner,
00:57:06 mais il n'y a pas d'indépendance.]
00:57:08 D'abord, quand on parle
00:57:10 d'un sujet global, on ne s'attaque pas à une personne.
00:57:12 On dit ce qu'on ressent,
00:57:14 et après, une analyse qui est la nôtre.
00:57:16 Et d'ailleurs, pas seulement
00:57:18 une analyse syndicale,
00:57:20 c'est aussi une analyse de tout un tas d'observateurs
00:57:22 de la société française, qui constatent
00:57:24 qu'aujourd'hui, il y a une forme de crise démocratique.
00:57:26 Cette crise démocratique, c'est d'abord une défiance
00:57:28 à l'égard de toutes les institutions.
00:57:30 Une des institutions qui remonte aujourd'hui dans la
00:57:32 Côte de Confiance des Citoyens, c'est le syndicalisme.
00:57:34 Mais on ne peut pas nier
00:57:36 qu'il y a une crise de défiance
00:57:38 à l'égard des institutions,
00:57:40 une crise sociale, qu'il y a
00:57:42 une articulation entre la démocratie politique
00:57:44 et la démocratie sociale qui est difficile,
00:57:46 voire plus, et qu'on a,
00:57:48 selon un certain nombre de sondages et d'enquêtes d'opinion,
00:57:50 une extrême droite qui progresse.
00:57:52 On peut appeler ça autrement,
00:57:54 mais si ça, c'est pas tous les ingrédients d'une crise démocratique,
00:57:56 j'y connais rien.
00:57:58 Donc, j'ai l'impression que
00:58:00 certains ont été visés
00:58:02 par ces mots,
00:58:04 qui sont des mots collectifs, d'ailleurs.
00:58:06 Il n'y a pas de raison de le lettre. Ce qu'il faudrait mieux,
00:58:08 c'est de dire que, plutôt que d'être susceptible,
00:58:10 il vaut mieux être inquiet dans la période.
00:58:12 Et moi, j'invite plutôt à l'inquiétude,
00:58:14 et donc à la prise en compte de la situation,
00:58:16 sociale, démocratique,
00:58:18 plutôt qu'aux petites phrases.
00:58:20 — Vous avez dit que c'était provocatif.
00:58:22 — Mais je crois qu'on ne peut pas
00:58:24 plusieurs fois s'en prendre
00:58:26 à la première organisation syndicale de ce pays,
00:58:28 à son secrétaire général,
00:58:30 sans qu'on puisse nous-mêmes expliquer pourquoi.
00:58:32 Donc, moi, je n'ai pas envie de rentrer dans cette logique-là.
00:58:34 Je vous le dis,
00:58:36 plutôt que d'être susceptible et de manier les petites phrases,
00:58:38 moi, je préfère dire pourquoi je suis inquiet
00:58:40 et pourquoi la CFDT est inquiète.
00:58:42 La CFDT est inquiète parce qu'on sait très bien
00:58:44 que les ressorts
00:58:46 du RN sont au moins de deux ordres.
00:58:48 La défense dans les institutions
00:58:50 et le ressentiment social. Aujourd'hui,
00:58:52 nous avons les deux ingrédients, malheureusement,
00:58:54 qui sont réunis. Et si on veut éviter
00:58:56 la catastrophe, notamment démocratique,
00:58:58 mais aussi la catastrophe sociale, avec un monde
00:59:00 du travail qui va mal,
00:59:02 où d'autres types de conflictualités pourraient éclater,
00:59:04 eh bien, je crois qu'on aurait
00:59:06 raison, au sens raisonnable du terme,
00:59:08 d'entendre ce qui s'exprime aujourd'hui dans la rue
00:59:10 et dans les têtes des
00:59:12 travailleurs et des citoyens.
00:59:14 Une forte mobilisation partout en France, mais pourtant,
00:59:16 Emmanuel Macron est en Chine. Est-ce que vous avez un message
00:59:18 quand même par rapport à ce déplacement ?
00:59:20 Je n'ai pas de message à M. Macron. Il est en Chine,
00:59:22 c'est normal, c'est le rôle d'un président de la République
00:59:24 d'aller à l'international. Je n'ai pas... Même dans ce contexte actuel ?
00:59:26 Bien sûr. C'est le rôle d'un président de la République
00:59:28 de faire son travail. Je ne veux pas
00:59:30 polémiquer là-dessus.
00:59:32 Vous avez parlé de la crise de la France. Vous avez proposé à cette réforme
00:59:34 ça, ce chiffre, c'est un moteur pour vous ?
00:59:36 Pour continuer aujourd'hui ?
00:59:38 Oui, bien sûr, c'est un moteur et c'est la démonstration d'une chose,
00:59:40 c'est que les organes de la société
00:59:42 sont violents et en train de faire des ordres.
00:59:44 Je ne peux pas les décrire.
00:59:46 Prise de parole du secrétaire général
00:59:48 de la CFDT, Laurent Berger.
00:59:50 Très intéressant, parce qu'il revient et il insiste.
00:59:52 Oui, c'est bien une crise démocratique,
00:59:54 cette expression qui a
00:59:56 fait réagir Emmanuel Macron
00:59:58 et son entourage. Oui, il y a un problème de fonctionnement
01:00:00 démocratique. Laurent Berger
01:00:02 qui revient aussi sur
01:00:04 l'ampleur de ces mobilisations.
01:00:06 "On aura des gros chiffres", affirme-t-il
01:00:08 aujourd'hui, même s'il reconnaît qu'ils seront moins
01:00:10 importants. Il s'agit quand même de la
01:00:12 11e mobilisation. Il rappelle aussi
01:00:14 qu'un tel mouvement d'une telle ampleur
01:00:16 reste quasiment
01:00:18 inédit depuis le début de la contestation.
01:00:20 Il évoque aussi
01:00:22 cette unité syndicale.
01:00:24 Plus on se voit avec une couronne du monde,
01:00:26 plus on se voit et plus on s'apprécie.
01:00:28 Je salue
01:00:30 Éric de Ritmatten qui a rejoint
01:00:32 le plateau. Éric, c'est vrai qu'il est
01:00:34 cohérent. Il répète les mêmes mots
01:00:36 sans s'énerver, même avec des mots quand même
01:00:38 durs pour ce qu'il
01:00:40 dit sur la crise démocratique. Mais il est toujours
01:00:42 maître, j'allais dire, de la situation du moment
01:00:44 dans lequel il est Laurent Berger. On sent que c'est lui
01:00:46 qui tient le conflit et
01:00:48 qui peut être vraiment le vrai lien
01:00:50 avec le gouvernement. Donc il ne veut pas
01:00:52 fermer la porte. Moi, j'ai envie d'utiliser une phrase
01:00:54 que vous connaissez tous, c'est "la force tranquille".
01:00:56 Il rappelle la force tranquille
01:00:58 parce que c'est un homme de gauche
01:01:00 certes, mais si vous voulez, on sent
01:01:02 qu'il tient le jeu, il ne s'énerve pas,
01:01:04 il pèse ses mots, il est raisonnable
01:01:06 et puis il laisse toujours une porte ouverte.
01:01:08 Souvenez-vous hier, quand il y a eu la prise de parole,
01:01:10 tout le monde avait un texte, il disait une déclaration.
01:01:12 Lui est le seul qui a montré
01:01:14 qu'il voulait continuer le dialogue, c'est-à-dire
01:01:16 il s'exprime librement, naturellement,
01:01:18 spontanément et en fait il tient.
01:01:20 Il a les clés de peut-être l'issue.
01:01:22 On verra bien si la porte...
01:01:24 En fait aujourd'hui, comme je disais,
01:01:26 on est dans une zone intermédiaire,
01:01:28 on attend le 14 avril, peut-être qu'il y aura...
01:01:30 - Vous avez vu ce qu'il a dit à ce sujet ?
01:01:32 - Oui, complètement.
01:01:34 Et si,
01:01:36 effectivement, c'est validé par le Conseil constitutionnel,
01:01:38 eh bien, c'est formidable ce qu'il dit,
01:01:40 on acceptera,
01:01:42 on respectera cette "démocratie",
01:01:44 même s'il y a quand même
01:01:46 un coup de canif dedans, pour d'autres raisons.
01:01:48 En tout cas, voilà, on le sent,
01:01:50 raisonné, raisonnable et si ça passe,
01:01:52 eh bien, on verra d'autres formes
01:01:54 de manifestations ou de mécontentements,
01:01:56 mais il ne ferme pas la porte
01:01:58 à des compensations qui viendront par la suite.
01:02:00 - Mais est-ce que son diagnostic est juste ?
01:02:02 Parce que si c'est une crise démocratique,
01:02:04 elle interroge bien au-delà, d'ailleurs,
01:02:06 du président lui-même et du moment que l'on vit.
01:02:08 Quel est votre avis, Bertrand ?
01:02:10 Une crise démocratique, ça remet en cause...
01:02:12 - On dit beaucoup de choses en crise démocratique.
01:02:14 Moi, je reviens sur la façon
01:02:16 dont il a bien cadré son propos.
01:02:18 Il se pose en
01:02:20 principal interlocuteur
01:02:22 du pouvoir en place, dans une société
01:02:24 qui est marquée par plusieurs confectualités.
01:02:26 L'affaire de retraite, c'est qu'une affaire.
01:02:28 C'est un pays qui est devant
01:02:30 de grands défis et de façon,
01:02:32 je dirais, très sage,
01:02:34 très raisonnable, il dit qu'il faut
01:02:36 s'appuyer sur les organisations syndicales,
01:02:38 qu'il doit structurer le corps social.
01:02:40 Ça me paraît, moi, extrêmement rassurant.
01:02:42 - Oui, mais alors, très bien. Mais alors, l'entourage,
01:02:44 parce que c'est ce qu'on nous dit depuis Pékin,
01:02:46 c'est que le président de la République, son entourage,
01:02:48 c'est la même chose, dit qu'il n'y a pas de contre-projet.
01:02:50 - Si, il y en a, bien sûr.
01:02:52 Il y en a, mais...
01:02:54 - Emmanuel Macron n'est pas en train de
01:02:56 tenter de décrédibiliser l'un de ces derniers
01:02:58 interlocuteurs ? - Il aurait tort.
01:03:00 Il aurait tort parce qu'il y a des contre-projets, sauf que
01:03:02 n'oubliez pas... - Il y a un haut-commissaire
01:03:04 dans notre pays, je crois. - Oui, c'est...
01:03:06 - François Bayrou, qui est
01:03:08 un ami proche d'Emmanuel Macron.
01:03:10 - Oui, oui, mais qui sort les griffes parfois.
01:03:12 - Qui sort les griffes parfois, mais il me semble que le
01:03:14 Haut-Commissariat Haut-Plan fournit
01:03:16 des projets alternatifs au président de la République.
01:03:18 Il y en a trois. Un point d'augmentation
01:03:20 des cotisations patronales retraites,
01:03:22 qui est parfois cité par les syndicats.
01:03:24 Le plein-emploi, soit 1,5 million
01:03:26 d'emplois supplémentaires. C'était un petit peu
01:03:28 l'objectif d'Emmanuel Macron
01:03:30 pour la fin du quinquennat. - C'est 5% de chômeurs.
01:03:32 - 5% de chômeurs. Et l'augmentation
01:03:34 du taux annuel moyen de gain de productivité à 1,3%.
01:03:36 - Donc à la phrase d'Alain Zinon, "alternative",
01:03:38 comme avait dit... - Bah, faut
01:03:40 consulter M. Bayrou.
01:03:42 - Et si vous permettez... - C'est rude, ce que vous dites, hein, là.
01:03:44 - Le verrou... - C'est un fait.
01:03:46 - Le verrou... - Peut-être qu'il ne communique pas.
01:03:48 - Le verrou numéro un, c'est 64 ans.
01:03:50 C'est ça, le verrou. Et à mon avis,
01:03:52 avec la fierté qu'a Emmanuel Macron,
01:03:54 il ne voudra jamais revenir en arrière.
01:03:56 Ou alors ce serait vraiment... - Non. Ou alors,
01:03:58 il y a une porte de sortie offerte par le Conseil constitutionnel.
01:04:00 - Voilà. C'est peut-être... - Et là, ce serait...
01:04:02 Tout dépend. Est-ce que le Conseil
01:04:04 constitutionnel va donner
01:04:06 une décision politique
01:04:08 ou seulement constitutionnelle ?
01:04:10 Est-ce qu'un Conseil constitutionnel peut faire
01:04:12 une bénéficie d'une situation
01:04:14 comme celle-là, Paul Melin ?
01:04:16 Est-ce qu'il peut ignorer
01:04:18 11 mobilisations, des milliers de gens dans la rue,
01:04:20 un contexte très tendu et tout ça ?
01:04:22 - Ça, c'est tout le débat de la portée politique
01:04:24 d'une décision qui,
01:04:26 a priori, devrait être une décision
01:04:28 seulement d'ordre juridique. Maintenant,
01:04:30 quand on observe assez finement
01:04:32 la composition du Conseil constitutionnel,
01:04:34 on voit bien que,
01:04:36 politiquement, dans la ligne
01:04:38 idéologique de ses membres,
01:04:40 ça penche quand même plutôt dans un sens.
01:04:42 Il n'y a que deux personnes qui sont, je crois,
01:04:44 plutôt social-démocrates et tout le reste, c'est plutôt
01:04:46 libéral et favorable à la réforme des retraites.
01:04:48 Partant de là, c'est difficile,
01:04:50 y compris pour nos compatriotes, de faire abstraction
01:04:52 de cet état de fait et de se dire "non,
01:04:54 ce sont des gens parfaitement indépendants
01:04:56 qui n'ont jamais fait de politique". Bien si, la plupart,
01:04:58 beaucoup d'entre eux ont déjà fait de la politique, ils en ont même
01:05:00 parfois fait leur carrière. Donc, c'est très difficile
01:05:02 d'expliquer cela
01:05:04 et de dire en parallèle
01:05:06 "oui, mais ce sont des sages et
01:05:08 de l'Olympe, ils vont nous donner un avis
01:05:10 tout à fait impartial". Bon, moi, je ne crois pas beaucoup à la partialité,
01:05:12 y compris parfois de la part du juge.
01:05:14 - Mais c'est notre Constitution. Le Conseil constitutionnel
01:05:16 a été fondé par...
01:05:18 - Oui, c'est pour ça. - Il a été légitimé
01:05:20 par la Constitution en 1958.
01:05:22 - Mais le Conseil constitutionnel n'a pas vocation à être un contre-pouvoir
01:05:24 au même titre que le sont
01:05:26 les syndicats ou les médias
01:05:28 ou que sais-je. Ce n'est pas sa vocation.
01:05:30 Par conséquent, voilà. - Je crois que même le jugement
01:05:32 de la procédure
01:05:34 par le Conseil constitutionnel
01:05:36 va être quelque chose de politique
01:05:38 puisque, par exemple, ils vont devoir
01:05:40 juger sur l'utilisation de l'article
01:05:42 47.1 qui permet d'accélérer
01:05:44 les débats au Sénat.
01:05:46 Or, c'est un article qui a été
01:05:48 promu par Alain Juppé
01:05:50 à l'époque. Et un des plus féroces opposants
01:05:52 à cet article était Laurent Fabius.
01:05:54 Or, les deux se retrouvent au Conseil constitutionnel.
01:05:56 Donc, même dans ce débat...
01:05:58 - C'est un débat passionnant comme débat entre...
01:06:00 - Il y a de la politique aussi. En plus, on a parlé
01:06:02 des proximités, notamment pendant le Covid,
01:06:04 entre Laurent Fabius et Emmanuel Macron.
01:06:06 Le Conseil constitutionnel
01:06:08 validant presque systématiquement
01:06:10 les mesures de restitution. - Je veux revenir
01:06:12 juste sur un contexte. Il y a deux possibilités.
01:06:14 Il y a une possibilité qui est exclue,
01:06:16 semble-t-il, c'est qu'Emmanuel Macron
01:06:18 recule. Mais, finalement, est-ce que ça ne revient
01:06:20 pas à la même situation ? Imaginez.
01:06:22 Il recule.
01:06:24 Certains vont se dire "C'est une défaite,
01:06:26 il ne pourra plus rien faire."
01:06:28 Il continue, il s'entête, c'est validé.
01:06:30 Ils disent "Il ne peut plus rien faire, il ne pourra plus
01:06:32 gouverner avec les autres."
01:06:34 Quatre ans, qu'est-ce qui va se passer ?
01:06:36 - Il incarnera l'autorité, moi, je pense.
01:06:38 Quand vous regardez à l'étranger...
01:06:40 - Mais l'autorité ou l'autoritarisme ?
01:06:42 - Ce n'est pas un dictateur.
01:06:44 - En termes de la sécurité,
01:06:46 par exemple, pas grand-chose n'a été fait ces dernières années.
01:06:48 L'autorité, je ne sais pas ce que ça veut dire.
01:06:50 - Mais contre une majorité de Français,
01:06:52 quand même, Éric Derritte-Mathias.
01:06:54 - Vous avez raison,
01:06:56 mais il ne faut pas oublier. - Il y a un facteur
01:06:58 psychologique, premier. C'est-à-dire que
01:07:00 là, il y a quand même une mobilisation
01:07:02 significative, qui est très importante, qui est inédite
01:07:04 depuis des années. Je crois que
01:07:06 l'opinion publique
01:07:08 attend un minimum d'oxygène,
01:07:10 d'avoir la capacité de mettre en perspective
01:07:12 si c'est le coup d'arrêt,
01:07:14 il y aura là,
01:07:16 à mon avis, un ressenti très négatif.
01:07:18 Donc, il n'y a pas
01:07:20 que le contenu, il y aura la manière, il y aura la posture.
01:07:22 - J'essaie d'imaginer
01:07:24 ce que serait un rejet.
01:07:26 Emmanuel Macron dirait "Finalement, je recule."
01:07:28 Imaginez
01:07:30 ce que dirait l'opinion des hommes politiques
01:07:32 concurrents, "Ah bah, il a lâché."
01:07:34 "Finalement, encore un
01:07:36 qui finalement est faible et ne va pas jusqu'au bout."
01:07:38 Les mêmes qui critiquent aujourd'hui
01:07:40 diraient "Voilà, on revient à l'époque
01:07:42 des anciens présidents qui finalement renonçaient."
01:07:44 - Oui, mais certains disent, Jacques Chirac avait
01:07:46 écouté ce qui s'est passé dans la rue,
01:07:48 il a compris pour le contrat à première embauche.
01:07:50 Ça dépend, la lecture est très différente.
01:07:52 - Mais c'est une preuve d'intelligence
01:07:54 de dire qu'on s'est trompé. Une fois de plus,
01:07:56 c'est pas forcément un aveu d'échec.
01:07:58 Si on fait les choses uniquement pour parler aux opposants politiques,
01:08:00 on n'a pas compris grand-chose quand on est
01:08:02 à cette place du pouvoir.
01:08:04 Là, il doit parler et apaiser une partie
01:08:06 de la population française.
01:08:08 - Projetez-vous
01:08:10 dans 5 ou 10 ans,
01:08:12 peut-être qu'on dira "C'était une réforme formidable,
01:08:14 il a bien fait de le faire." - Ça m'étonnerait.
01:08:16 - Projetez-vous dans 10 ans.
01:08:18 - Déjà, approchons-nous demain. On sait pas quelle est la sortie de crise.
01:08:20 C'est compliqué, quand même.
01:08:22 - Il y a une évidence, c'est qu'il faudra
01:08:24 travailler davantage dans ce pays, déjà faire travailler
01:08:26 ceux qui ne travaillent pas.
01:08:28 De toute façon, moi, mon analyse, c'est que
01:08:30 là, on peut pas être
01:08:32 sur un blocage
01:08:34 psychologique.
01:08:36 Là, il y a l'aspect psychologique qui doit être pris en compte.
01:08:38 Il faut une sortie
01:08:40 qui va passer, quand même,
01:08:42 par une discussion, un dialogue.
01:08:44 Sinon, il y aura vraiment, à mon avis,
01:08:46 au sein de l'opinion publique, une grande partie,
01:08:48 là, une coupure profonde.
01:08:50 - Ou alors d'autres compensations
01:08:52 très chères, du coup, qui amoindriraient l'effet économique
01:08:54 de cette réforme. Ca peut être,
01:08:56 après, on reprend les syndicats autour de la table
01:08:58 et puis on rediscute pour les carrières longues.
01:09:00 Ce que j'essaye de dire aujourd'hui, vous voyez,
01:09:02 c'est quand même ce qu'elle dit, hein, madame Le Monde.
01:09:04 - Oui, mais écoutez, on peut pas prendre les choses
01:09:06 à l'envers. C'est-à-dire que... - Oui, mais si vous me dites
01:09:08 "ils sont pas concernés par les 2 ans de plus, ceux qui ont commencé
01:09:10 à 16 ans", peut-être qu'il va lâcher encore là-dessus.
01:09:12 - C'est un peu tard, maintenant.
01:09:14 - C'est-à-dire qu'il y a vraiment une question de taille.
01:09:16 - Non, si il y a essoufflement, quand même,
01:09:18 en tous les cas, Laurent Bergé, d'ailleurs, il est,
01:09:20 j'allais le dire, il est lucide, il a reconnu,
01:09:22 il sait qu'au bout d'une 11e journée,
01:09:24 compte tenu de l'effort financier, d'énergie déployée,
01:09:26 etc., il peut pas y avoir autant de monde que les
01:09:28 premières mobilisations. C'est sûrement ce qu'observe
01:09:30 notre journaliste sur place à Bordeaux.
01:09:32 Est-ce que c'est le cas ? Est-ce qu'il y a une forme,
01:09:34 pas de lassitude, mais j'allais dire presque
01:09:36 logiquement, mécaniquement, d'essoufflement ?
01:09:38 - Alors, curieusement, chez les manifestants,
01:09:44 en tout cas, on ne sent pas cette lassitude.
01:09:46 On a l'impression, au contraire,
01:09:48 que tout le monde est relativement motivé
01:09:50 et a même été re-motivé par la rencontre
01:09:52 intersyndicale à Matignon hier.
01:09:54 Beaucoup de gens en parlent, hein,
01:09:56 de cette rencontre. Beaucoup de gens aussi
01:09:58 estiment que maintenant qu'ils sont lancés
01:10:00 dans un mouvement de grève très long,
01:10:02 ils sont prêts à sacrifier encore des journées
01:10:04 de grève. Sacrifier, je vous dis sacrifier,
01:10:06 parce que pour beaucoup d'entre eux, eh bien,
01:10:08 c'est maintenant une somme pécuniaire
01:10:10 très importante, hein, depuis qu'ils sont en grève.
01:10:12 On a discuté tout à l'heure avec une dame,
01:10:14 par exemple, qui en est à sa dixième journée
01:10:16 de grève depuis le mois de février
01:10:18 et ça lui fait quand même entre 1800
01:10:20 et 2500 euros
01:10:22 déjà d'argent
01:10:24 sacrifié sur sa paye. Donc, ça fait
01:10:26 quand même une certaine somme d'argent.
01:10:28 Concernant le défilé en lui-même,
01:10:30 pour le moment, il compte un petit peu
01:10:32 moins de monde à Bordeaux.
01:10:34 Le défilé s'était lancé il y a une vingtaine de minutes
01:10:36 et par rapport à la semaine dernière, on est allé
01:10:38 entre 10 et 20 %
01:10:40 de moins, en tout cas sur le nombre de manifestants,
01:10:42 ça c'est sûr, on aura moins de manifestants.
01:10:44 La police, en revanche,
01:10:46 nous a mis en garde contre
01:10:48 les casseurs. Elle estime
01:10:50 à l'heure qu'il est qu'il y aura beaucoup de casseurs,
01:10:52 en fin de cortège notamment, sur les quais de Bordeaux
01:10:54 aux alentours de 15h30.
01:10:56 Merci à vous, on en suivra
01:10:58 tout cela à Bordeaux.
01:11:00 Donc, pas de...
01:11:02 pas d'essoufflement au sens où il n'y a pas de lassitude
01:11:04 évidemment dans l'esprit des manifestants
01:11:06 qui restent extrêmement mobilisés
01:11:08 face à la réforme des retraites.
01:11:10 Est-ce que c'est le même sentiment
01:11:12 à Marseille, dans la cité phocéenne ?
01:11:14 Alors, il n'y a pas de lassitude
01:11:18 effectivement, on peut le souligner. En revanche,
01:11:20 ils sont moins nombreux, les chiffres le disent,
01:11:22 puisque l'intersyndical annonce 170 000
01:11:24 contre 180 000 lors de la dernière mobilisation
01:11:26 et que la préfecture de police
01:11:28 annonce 10 000 contre 11 000
01:11:30 la semaine dernière. En revanche,
01:11:32 ce qu'il faut souligner, c'est l'ambiance.
01:11:34 J'ai trouvé que pour cette mobilisation,
01:11:36 les visages étaient plus fermés,
01:11:38 il y avait cette détermination, mais il y avait aussi
01:11:40 beaucoup de colère et il semblerait que
01:11:42 cette réunion hier
01:11:44 avec la Première Ministre n'ait fait
01:11:46 que galvaniser cette colère.
01:11:48 Le mot d'ordre ne bouge pas,
01:11:50 Sonia, c'est toujours aller jusqu'au
01:11:52 retrait de cette réforme injuste
01:11:54 et quels que soient les syndicats que j'ai interrogés,
01:11:56 ils veulent ne rien lâcher
01:11:58 jusqu'au bout.
01:12:00 Mais jusqu'au bout, c'est quel bout justement pour vous ?
01:12:02 C'est ça la vraie question, Florian Tendiff ?
01:12:04 Le bout, qu'est-ce que c'est ?
01:12:06 Le bout, c'est quoi ? C'est le conseil conditionnel ?
01:12:08 On sait que le dentifrice ne rentrera pas
01:12:10 dans le tube de manière magique,
01:12:12 les fractures seront toujours là.
01:12:14 La majorité va-t-elle être élargie et par qui ?
01:12:16 Par un coup de baguette magique ?
01:12:18 Par personne. La seule alternative,
01:12:20 et c'est ce qu'on m'explique d'ailleurs
01:12:22 dans l'entourage du Président de la République
01:12:24 et au sein de la majorité, c'est de fonctionner
01:12:26 demi-texte par demi-texte.
01:12:28 C'est-à-dire qu'ils ont conscience
01:12:30 qu'ils n'ont pas de majorité
01:12:32 absolue à l'Assemblée nationale.
01:12:34 Ils ont mis du temps à s'en rendre compte,
01:12:36 mais maintenant je crois que
01:12:38 la situation est assez claire
01:12:40 dans l'ensemble des esprits de la Macronie.
01:12:42 Et maintenant,
01:12:44 ils estiment qu'ils ne peuvent
01:12:46 légiférer comme ils l'ont fait
01:12:48 par le passé et comme ils tentent
01:12:50 de le faire aujourd'hui avec la réforme
01:12:52 des retraites. Et d'ailleurs,
01:12:54 l'exemple le plus concret,
01:12:56 c'est ce qui va se passer avec
01:12:58 la réforme asile et immigration
01:13:00 où au lieu de proposer
01:13:02 un texte qu'on présentait
01:13:04 comme équilibré au sein de la Macronie,
01:13:06 on va présenter deux textes au moins,
01:13:08 l'un pour la gauche, l'autre pour la droite.
01:13:10 C'est-à-dire qu'on va présenter des textes
01:13:12 avec des petits rubans,
01:13:14 l'un pour les députés de gauche
01:13:16 pour pouvoir avoir une majorité absolue
01:13:18 et faire passer les premières
01:13:20 mesures concernant l'immigration
01:13:22 et l'asile avec ces derniers.
01:13:24 Et ensuite, dans un second temps, avec les députés
01:13:26 de droite, on mettra un petit ruban bleu peut-être
01:13:28 sur le projet de réforme.
01:13:30 - Ce serait bien si c'était aussi facile.
01:13:32 Mais la politique est faite de contradictions,
01:13:34 de nuances, de rancunes, de frustrations,
01:13:36 ce qui a beaucoup provoqué quand même l'arrêt.
01:13:38 Quoi qu'il en soit, même si on cesse de répéter
01:13:40 que ce sont des outils constitutionnels
01:13:42 qui ont été utilisés, Miquel, ça donne la brutalité
01:13:44 du fait qu'il n'y ait pas eu un vote
01:13:46 à l'Assemblée nationale, si ce n'est sur la motion
01:13:48 de censure, ça restera quand même.
01:13:50 C'est-à-dire qu'il n'a pas pris son risque,
01:13:52 il n'est pas allé jusqu'au bout du processus,
01:13:54 quitte à perdre. - Oui, on a beaucoup dit
01:13:56 avant qu'Emmanuel Macron était joueur,
01:13:58 qu'il allait y aller. Elisabeth Borne
01:14:00 a dit à de nombreuses reprises qu'elle avait
01:14:02 la majorité, qu'elle était en train de la constituer,
01:14:04 en négociation avec les Républicains.
01:14:06 Il se trouve que tout ça, en fait,
01:14:08 était de la fumée.
01:14:10 Tout ça, en plus, avec un Olivier Véran
01:14:12 qui nous promettait que le 49-3
01:14:14 n'allait pas être utilisé.
01:14:16 Donc, évidemment qu'on peut comprendre la colère,
01:14:18 évidemment qu'on peut la comprendre.
01:14:20 Et en plus, elle fait suite à une certaine impuissance
01:14:22 du gouvernement à mettre les gens autour
01:14:24 de son projet quand même. Emmanuel Macron
01:14:26 n'a pas reçu aussi les syndicats au bon moment,
01:14:28 au moment des concertations. Donc, il est obligé
01:14:30 de revenir vers eux d'une manière détournée,
01:14:32 par le gouvernement. On sent que les positions
01:14:34 se crispent des deux côtés. Au milieu,
01:14:36 Elisabeth Borne essaye de faire mine,
01:14:38 que le dialogue se poursuit et que tout va bien.
01:14:40 Mais on sent bien que, d'un côté comme de l'autre,
01:14:42 les positions, oui, se radicalisent.
01:14:44 - Je vous donne tout de suite la parole, Bertrand Cavayat.
01:14:46 Est-ce que, par exemple, dans les cortèges,
01:14:48 on évoque cet horizon
01:14:50 du Conseil constitutionnel,
01:14:52 à Marseille ? Est-ce que les manifestants en parlent ?
01:14:54 - Les profiteurs,
01:14:56 vous tridons la vie ! - Eh bien, en tout cas,
01:14:58 je leur ai posé la question à quatre manifestants,
01:15:00 coup sur coup, il y a à peu près dix minutes,
01:15:02 et les quatre m'ont répondu la même chose.
01:15:04 Ils espèrent que le Conseil constitutionnel
01:15:06 sera plus sage, je les cite, que le gouvernement.
01:15:08 Mais ils doutent de l'issue.
01:15:10 Ils pensent que peut-être quelques lignes
01:15:12 seront modifiées, mais que dans tous les cas,
01:15:14 il faudra continuer le combat
01:15:16 parce qu'ils ne pensent pas que le Conseil constitutionnel
01:15:18 change la donne. - Continuer
01:15:20 le combat et la mobilisation,
01:15:22 on va également continuer à en parler. On marque une courte pause
01:15:24 et on revient avec vous tous sur le platac.
01:15:26 Nos correspondants, Paris, Marseille,
01:15:28 Rennes, Bordeaux
01:15:30 et d'autres également, avec la prise de parole
01:15:32 des syndicats.
01:15:34 On verra aussi, la décision de l'inter-syndical
01:15:36 ne fait pas beaucoup de doute.
01:15:38 Il y aura probablement d'autres journées de mobilisation
01:15:40 à venir. Une courte pause
01:15:42 et on se retrouve.
01:15:44 - Pour l'instant, c'est ça.
01:15:46 - Il y a bien
01:15:48 un problème de fonctionnement
01:15:50 démocratique, affirme et réaffirme
01:15:52 même Laurent Berger. Onzième journée
01:15:54 de mobilisation, l'inter-syndical
01:15:56 s'attend et observe une mobilisation
01:15:58 toujours importante, même si elle est moindre
01:16:00 par rapport aux précédentes mobilisations.
01:16:02 On continue à en parler avec nos invités
01:16:04 mais tout d'abord, les titres. Somaya Labidi.
01:16:06 [Musique]
01:16:08 - Cette opération,
01:16:10 en cette onzième journée de mobilisation
01:16:12 contre la réforme des retraites
01:16:14 des cheminots, ont envahi un immeuble
01:16:16 financier emblématique de Paris.
01:16:18 Pendant 20 minutes, l'ancien siège du Crédit
01:16:20 Lyonnais, le Centorial, a été
01:16:22 bloqué par des manifestants, fumigènes
01:16:24 à la main et sifflés à la bouche.
01:16:26 Au cri "Donnez-la", les militants
01:16:28 Sud Rail CGT ont choisi ce lieu
01:16:30 parce qu'il symbolisa, à leurs yeux, les banques
01:16:32 et la richesse. Le bilan
01:16:34 à la mi-journée de la mobilisation à Marseille.
01:16:36 L'inter-syndical annonce
01:16:38 170 000 manifestants dans les
01:16:40 rues de la cité phocéenne, contre
01:16:42 10 000 selon la préfecture.
01:16:44 C'est une mobilisation en baisse par rapport
01:16:46 au chiffre de la semaine dernière.
01:16:48 Ils étaient 180 000 selon les syndicats
01:16:50 et 11 000 selon la préfecture.
01:16:52 Et puis le procès
01:16:54 des attentats de Bruxelles, c'est la
01:16:56 première journée d'interrogatoire des accusés
01:16:58 sur les faits. Mohamed Abrini,
01:17:00 l'homme au chapeau, l'un des principaux
01:17:02 accusés a déclaré ce matin
01:17:04 le plan initial était de refrapper
01:17:06 à Paris pendant la Coupe d'Europe
01:17:08 de foot, pas la Belgique.
01:17:10 Le plan est tombé à l'eau après l'arrestation
01:17:12 d'un homme. Salah Abdeslam a poursuivi
01:17:14 l'homme. Pour rappel, 32 personnes
01:17:16 sont décédées dans les attentats
01:17:18 terroristes à Bruxelles en 2016.
01:17:20 Et maintenant, jusqu'où
01:17:22 ira l'épreuve de force ?
01:17:24 Tout reste bloqué entre les syndicats
01:17:26 et l'exécutif et les forces de l'ordre
01:17:28 sont toujours en première ligne.
01:17:30 Fort heureusement, il faut le souligner,
01:17:32 Bertrand Cavallier, ça se passe bien.
01:17:34 Début des cortèges, l'inquiétude
01:17:36 c'est toujours un peu vers la fin,
01:17:38 le début de soirée, la fin
01:17:40 du midi, mais de toute façon le problème
01:17:42 récurrent des black blocs et des violents
01:17:44 il reste, il persiste, il résiste
01:17:46 même malheureusement chez nous.
01:17:48 Il est récurrent et c'est une vraie question.
01:17:50 Je crois que tout le monde aujourd'hui
01:17:52 partage cette exaspération,
01:17:54 les syndicats, le pouvoir, l'opinion publique,
01:17:56 comment se fait-il que
01:17:58 lorsque chaque fois qu'il y a une investition
01:18:00 dans Paris de moins d'importance,
01:18:02 depuis des années, on retrouve
01:18:04 ces éléments ultra violents.
01:18:06 Je pense que la question doit être posée
01:18:08 maintenant de façon globale,
01:18:10 y compris avec un positionnement politique
01:18:12 très clair en la matière.
01:18:14 Est-ce qu'une démocratie peut
01:18:16 admettre qu'on est des individus,
01:18:18 des groupuscules qui se réclament quand même
01:18:20 d'une idéologie totalitaire
01:18:22 et de la violence systémique qui viennent
01:18:24 chaque fois casser et agresser les forces de l'ordre ?
01:18:26 À ce
01:18:28 moment de la mi-journée, on peut déjà,
01:18:30 d'ores et déjà, avoir quand même
01:18:32 une première estimation
01:18:34 des cortèges et de la mobilisation.
01:18:36 Est-ce le cas à Rennes ?
01:18:38 Qu'en est-il ?
01:18:40 Oui, ils sont 8500,
01:18:44 ce sont les chiffres donnés par la
01:18:46 préfecture. Ils étaient 5000
01:18:48 de plus le 28 mars
01:18:50 dernier. Vous voyez qu'en effet
01:18:52 cette mobilisation est en baisse aussi
01:18:54 ici à Rennes, même si
01:18:56 il y a quand même encore beaucoup de monde
01:18:58 dans les rues, il faut bien le dire. Et peut-être
01:19:00 la nouveauté que l'on voit à travers
01:19:02 les différentes pancartes qui sont brandies
01:19:04 dans les cortèges, c'est que la cible
01:19:06 qui pouvait être, la cible évidemment des messages
01:19:08 qui pouvaient être avant
01:19:10 Elisabeth Borne, la Première Ministre, et bien maintenant
01:19:12 c'est directement Emmanuel
01:19:14 Macron. On a lu par exemple
01:19:16 "Macron, ton pays ne tourne pas
01:19:18 rond, il est temps de passer à la
01:19:20 6ème République". Voilà
01:19:22 ce qu'on lit beaucoup ce
01:19:24 matin ici dans le cortège
01:19:26 avec évidemment toujours
01:19:28 cet argument de dire que
01:19:30 d'un point de vue démocratique,
01:19:32 le pays ne tourne pas rond au regard
01:19:34 des différents épisodes qui se sont passés
01:19:36 ces dernières semaines. Et puis le dernier évidemment
01:19:38 qui est dans toutes les
01:19:40 conversations ici, c'est bien sûr ce qui s'est passé
01:19:42 hier à Matignon
01:19:44 quand Elisabeth Borne a reçu
01:19:46 l'intersyndical, ce qui a
01:19:48 clairement reboosté
01:19:50 les ardeurs des manifestants qui sont
01:19:52 là ce matin ici à Rennes.
01:19:54 Merci à vous.
01:19:56 Merci. On va prendre la direction de la Capitale
01:19:58 en tête de cortège avec
01:20:00 une manifestation et des...
01:20:02 Oui, des cortèges qui vont s'élancer
01:20:04 dans quelques instants, dans moins d'une
01:20:06 demi-heure, c'est bien cela ?
01:20:08 Le cortège va bientôt s'élancer.
01:20:14 Ici, place
01:20:16 des Invalides.
01:20:18 Les manifestants commencent à
01:20:20 arriver tout doucement.
01:20:22 On commence à sentir une tension
01:20:24 assez palpable. Les pancartes sont là,
01:20:26 les drapeaux des différents syndicats
01:20:28 également. On sent quand même une
01:20:30 affluence particulière. Pour l'instant,
01:20:32 pas forcément de jeunes dans le
01:20:34 cortège, on est sur des manifestants
01:20:36 habituels. Les manifestants avec lesquels
01:20:38 nous avons pu nous entretenir
01:20:40 nous font part de leur détermination
01:20:42 à aller jusqu'au bout.
01:20:44 Pas de crainte au niveau des violences.
01:20:46 Mais pour l'instant, tout le monde attend le début
01:20:48 de la manifestation
01:20:50 pour faire entendre leur voix.
01:20:52 On verra tout cela. Cortège
01:20:54 parisien toujours aussi sous surveillance,
01:20:56 qui nécessite peut-être plus
01:20:58 attention, notamment vers
01:21:00 la fin de la manifestation.
01:21:02 Est-ce qu'on peut aussi parler
01:21:04 de l'état d'esprit
01:21:06 des forces de l'ordre ? Nous
01:21:08 diffusons un reportage
01:21:10 recueilli par l'un de nos
01:21:12 reporters, où l'on entend
01:21:14 un gendarme décrire
01:21:16 véritablement une lassitude,
01:21:18 un découragement.
01:21:20 Il y a déjà
01:21:22 un rythme d'engagement qui est extrêmement élevé
01:21:24 depuis des années. Deuxièmement,
01:21:26 il y a des campagnes de presse, une certaine presse
01:21:28 qui stigmatise
01:21:30 les forces de l'ordre.
01:21:32 Il y a des
01:21:34 inversions complètes quant à la réalité
01:21:36 vécue. Je crois que Sainte-Sauline
01:21:38 vraiment constitue l'exemple
01:21:40 même de cette tentative de désinformation
01:21:42 et que n'acceptent pas
01:21:44 les gendarmes et les
01:21:46 policiers. Et puis il n'y a pas que
01:21:48 la gestion de l'infestation.
01:21:50 Il y a un contexte global marqué
01:21:52 par l'insécurité, marqué par
01:21:54 des problèmes de plus en plus importants.
01:21:56 Les gendarmes et les policiers ne sont
01:21:58 totalement pas dans une société qui se
01:22:00 déstructure, qui se délite. - Et c'est un cordon
01:22:02 républicain qui est essentiel dans
01:22:04 notre société, y compris pour
01:22:06 l'exécutif. C'est important. - Et là,
01:22:08 je crois qu'ils sont conscients de l'importance
01:22:10 de leur rôle, sachant que
01:22:12 je voudrais revenir sur ce qui est mis en place
01:22:14 notamment sur Paris. C'est un dispositif
01:22:16 on ne peut pas critiquer
01:22:18 un dispositif qui se veut
01:22:20 accompagnant, à distance
01:22:22 et manifestant. Il n'y a pas d'encagement.
01:22:24 On ouvre l'intérieur,
01:22:26 on jalonne
01:22:28 à distance, mais
01:22:30 avec une capacité d'intervenir, sachant que
01:22:32 le préfet veut privilégier cette fois-ci davantage
01:22:34 les gendarmes mobiles et le CRS.
01:22:36 La BRAVEM, comme je le disais tout à l'heure,
01:22:38 étant plutôt
01:22:40 dédiée à des actions périphériques.
01:22:42 Il y a aussi une forme de
01:22:44 retour classiciste dans la gestion du maintien
01:22:46 de l'ordre, sous l'égide du nouveau préfet.
01:22:48 Avec un paradoxe
01:22:50 d'une partie des français, car
01:22:52 c'est même pas un paradoxe,
01:22:54 c'est tout à fait compréhensible, mais il y a une forme
01:22:56 de dichotomie. On peut être contre la réforme
01:22:58 des retraites et soutenir
01:23:00 évidemment les forces de l'ordre, être contre
01:23:02 les violences qui
01:23:04 noyotent les cortèges,
01:23:06 tout en étant pour
01:23:08 des mobilisations, etc.
01:23:10 C'est la majorité des français.
01:23:12 C'est du rationalisme,
01:23:14 c'est de la modération. La majorité des français
01:23:16 sans normalement constituer,
01:23:18 ils n'ont pas accepté la méthode
01:23:20 qui leur a été imposée avec cette réforme
01:23:22 des retraites. Je ne pense pas qu'une
01:23:24 majorité des français, une fois de plus, même si je ne suis pas
01:23:26 leur porte-parole, est contre
01:23:28 une réforme des retraites, mais pas
01:23:30 celle-ci, pas faite de manière
01:23:32 aussi athée et dans ces conditions,
01:23:34 n'étant pas encore sorties réellement de la
01:23:36 Covid psychologiquement, de
01:23:38 l'inflation dans laquelle nous sommes,
01:23:40 conjoncturellement parlant.
01:23:42 Il y avait un timing, on va me dire, il n'y a jamais de bon timing
01:23:44 pour réformer ce pays. Je pense que si,
01:23:46 et je pense que si on avait expliqué les choses
01:23:48 sans parler de pédagogie, en
01:23:50 infantilisant pas les français, en ne les
01:23:52 méprisant pas, en ne les prenant pas de haut,
01:23:54 la majorité aurait très bien compris qu'avec
01:23:56 l'allongement de la vie, si on voulait sauver
01:23:58 notre système des retraites, on l'aurait
01:24:00 fait, mais différemment. Et la posture
01:24:02 du président, qui
01:24:04 pour moi, est illégitime,
01:24:06 pas dans sa fonction, une fois de plus.
01:24:08 Il a été élu et je ne remettrai jamais ça en question.
01:24:10 Mais le 13h
01:24:12 n'a fait qu'accentuer
01:24:14 cette colère, les éléments de langage
01:24:16 des uns et des autres, ça n'est pas passé.
01:24:18 Vous savez, quand vous méprisez quelqu'un,
01:24:20 il vous le rend bien. Je suis contre la violence,
01:24:22 une fois de plus, qu'elle soit du côté
01:24:24 des black blocs, bien évidemment,
01:24:26 de certains manifestants, ou
01:24:28 du gouvernement. La violence peut être verbale
01:24:30 comme physique. Il y a un moment donné, il faut reprendre le contrôle
01:24:32 dans ce pays, et faire preuve aussi
01:24:34 d'humanité, de compréhension vis-à-vis de ce
01:24:36 que vit le peuple. - Il l'avait fait,
01:24:38 Emmanuel Macron, pour les gilets jaunes,
01:24:40 c'était quand même très chaud à un moment,
01:24:42 et puis il a été attaqué directement.
01:24:44 Après, il a donné beaucoup d'argent.
01:24:46 - Il l'avait fait, oui. - Il avait organisé
01:24:48 un super grand débat. - Mais attend, c'est fini.
01:24:50 Il ne peut plus sortir du chapeau, le lapin,
01:24:52 grand débat. Alors là, c'est terminé.
01:24:54 De toute façon, ce n'est plus possible.
01:24:56 Les artifices... - Il y avait
01:24:58 un autre lapin intéressant. - La porte de sortie
01:25:00 de crise du président de la République
01:25:02 est assez claire. Ça repose
01:25:04 sur, effectivement, la décision du Conseil constitutionnel
01:25:06 qui va lui permettre de tourner la page dans le discours.
01:25:08 Et ensuite, c'est...
01:25:10 C'est un calcul un peu cynique, mais c'est de se dire,
01:25:12 le mouvement va s'essouffler, les cortèges
01:25:14 seront clairsemés, et puis il restera quelques bandes
01:25:16 radicalisées contre lesquelles on pourra
01:25:18 faire le parti de l'ordre. Voilà le pari.
01:25:20 Mais c'est un pari extrêmement dangereux, parce que
01:25:22 la cocotte minute, si vous voulez, elle commence à bouillir,
01:25:24 bouillir, bouillir, puis on referme le couvercle,
01:25:26 et on remet un tour de vis. Et on fait la même chose depuis des années.
01:25:28 On avait fait la même chose, Sarkozy, Nicolas Sarkozy,
01:25:30 avait fait la même chose sur la réforme des retraites en 2010.
01:25:32 3 millions de personnes à la rue.
01:25:34 La cocotte minute. 2005, on fait
01:25:36 un bébé dans le dos aux français, en faisant
01:25:38 2008, après le référendum. La cocotte minute.
01:25:40 Et en fait, si vous voulez, d'année en année,
01:25:42 eh bien il se produit ce qui se produira parfois.
01:25:44 - C'est quoi la solution ? Le référendum ? Mais comment vous parlez ?
01:25:46 Comment vous gouvernez à chaque fois référendum ?
01:25:48 - La solution, alors il ne faut pas faire des référendums
01:25:50 à chaque fois. Mais là, le référendum aurait été
01:25:52 une bonne solution. - Oui, bien sûr.
01:25:54 - Je pense que la sortie de crise, elle est plus
01:25:56 simple que cela. Et il faudrait
01:25:58 entendre ce que veulent les
01:26:00 français aujourd'hui. La principale préoccupation des
01:26:02 français aujourd'hui, c'est le pouvoir d'achat. - Retirez la réforme des retraites.
01:26:04 - Non mais, c'est le pouvoir d'achat. Au-delà de ça,
01:26:06 bien évidemment, ils sont inquiets pour leur avenir.
01:26:08 Mais au-delà de ça, c'est le pouvoir d'achat des français.
01:26:10 Si l'exécutif,
01:26:12 et peut-être que vous entend-il, je ne sais pas,
01:26:14 décider de mettre sur pause
01:26:16 par exemple cette question de la réforme
01:26:18 de retraite, afin de s'attaquer au véritable
01:26:20 problème qu'est la question
01:26:22 du travail. Emmanuel Macron a un boulevard
01:26:24 puisque sur cette question-là, c'est
01:26:26 également un expert. C'est son
01:26:28 domaine, l'économie, le travail,
01:26:30 la valorisation du travail. Il en a parlé un tout petit peu.
01:26:32 C'est ce qu'attendent les français
01:26:34 s'attaquer aux 35 heures, s'attaquer au chômage,
01:26:36 à ces différentes questions.
01:26:38 Ils pourraient très bien organiser une grande
01:26:40 conférence sociale, renouer le dialogue avec les syndicats,
01:26:42 mettre tout le monde autour de la table. - Lui, il estime que la lutte
01:26:44 contre le chômage, c'est pas qu'elle est gagnée, mais qu'elle
01:26:46 est derrière lui. Et c'est pour ça qu'il peut mener la réforme
01:26:48 des retraites. - Mais sauf que, elle n'est pas encore
01:26:50 derrière lui, lorsque l'on voit les chiffres du chômage,
01:26:52 lorsque l'on voit malheureusement une popularisation
01:26:54 d'un certain nombre de métiers, lorsque l'on voit,
01:26:56 excusez-moi, mais que le gouvernement
01:26:58 est prêt à
01:27:00 régulariser un certain nombre
01:27:02 de travailleurs qui sont obligés,
01:27:04 actuellement dans notre pays, de travailler
01:27:06 dans des conditions déplorables,
01:27:08 tout simplement parce qu'il y a un manque
01:27:10 de main-d'oeuvre dans certains secteurs.
01:27:12 Excusez-moi, non, c'est un aveu d'échec.
01:27:14 - Et si on sortait un peu des frontières de l'hexagone,
01:27:16 comment sommes-nous perçus ?
01:27:18 Est-ce que cette contestation
01:27:20 qui se prolonge, est-ce qu'on donne
01:27:22 crédit à Emmanuel Macron de tenir,
01:27:24 et finalement de faire les réformes ? Ou est-ce qu'au contraire, on se dit
01:27:26 "Mais regardez, aveuglement, il n'écoute pas
01:27:28 une partie de la population." ? - C'est intéressant
01:27:30 ce que vous dites, parce qu'effectivement, c'est un double
01:27:32 tranchant. D'un côté,
01:27:34 les Américains, les Japonais, les Chinois nous voient
01:27:36 comme un pays sans cesse en manifestation
01:27:38 des poubelles qui brûlent, en plus les images,
01:27:40 l'effet grossissant, donc ça c'est pas bon,
01:27:42 et même pour le tourisme, bon, ça c'est pas bon du tout.
01:27:44 Mais pour les investissements,
01:27:46 c'est pas encore dramatique, parce que d'abord
01:27:48 la France est très bien positionnée en termes d'attractivité,
01:27:50 il y a plusieurs centaines
01:27:52 de projets chaque année
01:27:54 d'investissement en France, donc ça, ça reste très fort.
01:27:56 Et puis, finalement,
01:27:58 quand vous lisez les études, là, qui sont
01:28:00 d'ailleurs très intéressantes sorties ce matin dans le Figaro,
01:28:02 vous avez des cabinets spécialisés
01:28:04 qui ont enquêté aux Etats-Unis et qui disent
01:28:06 qu'Emmanuel Macron est très bien vu,
01:28:08 l'homme des réformes, enfin un président
01:28:10 qui assume, qui sait
01:28:12 tenir ses réformes, d'aller jusqu'au bout
01:28:14 et de ne pas baisser les bras. Donc, vous voyez,
01:28:16 ça peut être bien perçu, c'est aussi
01:28:18 considéré comme un économiste,
01:28:20 Emmanuel Macron, qui veut
01:28:22 réformer ce pays, qui parle aussi aux gens qui travaillent...
01:28:24 Économiste ou financier, ça dépend,
01:28:26 c'est pas vu de la même manière.
01:28:28 Si, économiste, le journal, pour le coup,
01:28:30 a dit, dernièrement,
01:28:32 pas qu'il ne peut pas en donner,
01:28:34 ils ont été très négatifs sur la gestion de la crise
01:28:36 par Emmanuel Macron.
01:28:38 Mais moi, je me laisse...
01:28:40 Si vous voulez être objectif, il faut reconnaître
01:28:42 que c'est quand même le premier président qui va
01:28:44 du côté des entreprises et qui essaye
01:28:46 de baisser les impôts des entreprises, de supprimer
01:28:48 un certain nombre d'impôts de production,
01:28:50 il n'a pas augmenté les impôts des particuliers, ce qui est très important
01:28:52 dans un pays où aujourd'hui la charge
01:28:54 fiscale est portée par plus que...
01:28:56 Je parle de la posture de revenu, par 40%
01:28:58 des Français salariés. - Oui, mais elle n'a pas diminué
01:29:00 en global la charge fiscale.
01:29:02 - Mais regardez ces images à Bordeaux.
01:29:04 - Ah oui, la ville arrive-t-elle ?
01:29:06 - La ville arrive-t-elle ?
01:29:08 Vous voyez un petit peu
01:29:10 toutes nos images, Paris, Rennes,
01:29:12 Bordeaux, également, avec...
01:29:14 - Les travailleurs.
01:29:16 - Les travailleurs.
01:29:18 - Quand vous voyez ça, ça ne fait pas très sérieux à l'étranger,
01:29:20 je suis désolé. - Non, mais rien de plus
01:29:22 sérieux pour vous, j'arrive à être matin à l'étranger.
01:29:24 - Parce que vous trouvez Mme Schiappa
01:29:26 plus sérieuse et vous, plus sérieux. - C'est le folklore syndical.
01:29:28 Mais quand on voit, par contre,
01:29:30 tout à l'heure, Sophie Binet, qui a refusé
01:29:32 de répondre au micro de CNews,
01:29:34 il faut quand même dire
01:29:36 qu'il y a une représentation syndicale qui,
01:29:38 parfois, de manière trop politisée,
01:29:40 ne va pas vers les solutions, ne représente
01:29:42 pas bien tous les gens qu'elle est censée représenter.
01:29:44 - Mais alors, Laurent Berger, c'est difficile de lui...
01:29:46 - Laurent Berger, il est génial
01:29:48 - Mais alors, pourquoi le président ne...
01:29:50 ne lui a pas la main tendue ?
01:29:52 - Il paraît-il qu'il y ait une mésentente...
01:29:54 - Je vais prendre trop les mesures. - Ah oui, mais alors,
01:29:56 c'est des haines cuites et recuites.
01:29:58 - Je pense qu'Emmanuel Macron n'aime pas avoir des opposants
01:30:00 intelligents et raisonnables. Il préférerait,
01:30:02 je vais passer mon expression, il préférerait avoir des imbéciles
01:30:04 face à lui, auxquels il pourrait dire
01:30:06 "Regardez, c'est le chaos, c'est la pagaille, c'est des extrémistes."
01:30:08 Face à M. Berger, c'est plus difficile
01:30:10 de dire que c'est le chaos, la pagaille, un extrémiste,
01:30:12 puisque, de fait, M. Berger est plutôt
01:30:14 réformiste, il est intelligent, il fait des bonnes propositions,
01:30:16 on l'a entendu tout à l'heure, il a une certaine mesure,
01:30:18 et le constat qu'il dresse
01:30:20 sur la crise démocratique, pardonnez-moi,
01:30:22 tout le monde le dresse, que dans le monde
01:30:24 intellectuel, dans un certain
01:30:26 nombre de médias de qualité, etc. Enfin, je vois
01:30:28 pas beaucoup de gens aujourd'hui qui vont
01:30:30 nier le fait qu'il y a une crise démocratique en France
01:30:32 et en Europe de l'Ouest. Donc M. Berger, il a plutôt raison.
01:30:34 Mais effectivement, c'est pas l'adversaire idéal
01:30:36 pour Emmanuel Macron, je pense. - Oui, mais à quoi
01:30:38 il est imputable, maintenant ? On en a parlé,
01:30:40 mais à quoi il est imputable, ce dysfonctionnement
01:30:42 démocratique ? Moi, je pense qu'il y a deux
01:30:44 raisons principales, c'est un, le dévoiement
01:30:46 de la Ve République.
01:30:48 Si on avait une élection législative
01:30:50 dans un ou deux ans, je suis sûr que
01:30:52 la colère sociale serait
01:30:54 plus apaisée par le fait qu'elle
01:30:56 peut se traduire dans les urnes prochainement.
01:30:58 La deuxième chose, c'est qu'il y a une impression
01:31:00 de délégation de souveraineté systématique.
01:31:02 Pourquoi les manifestants... - Oui, alors, parlons-en.
01:31:04 Alors ça, c'est une forme de dépossession. - Bien sûr.
01:31:06 - Dépossession politique et même culturelle que vivent
01:31:08 la plupart des classes moyennes et les plus jeunes.
01:31:10 - Mais quelle réponse apporte... - Les manifestants se reprennent à BlackRock
01:31:12 parce qu'ils ont l'impression que c'est BlackRock
01:31:14 qui détient le pouvoir. Pourquoi est-ce qu'ils ont ouvert le Conseil Constitutionnel ?
01:31:16 - Est-ce qu'ils ont tort ?
01:31:18 - Est-ce qu'ils ont vraiment tort ? - Ils ont tort parce que c'est pas
01:31:20 le seul pouvoir, mais c'est devenu un pouvoir.
01:31:22 - Voilà, des personnes BlackRock, voilà.
01:31:24 - L'universalisation, l'Union Européenne,
01:31:26 la territorialisation, etc.,
01:31:28 a affaibli le pouvoir et les gens ont de plus
01:31:30 en plus l'impression que ce qu'ils font dans les urnes
01:31:32 n'a aucun impact dans la vérité. - Mais écoutez, écoutez,
01:31:34 en réalité, Eric, Eric,
01:31:36 combien d'économies pour cette réforme des retraites ?
01:31:38 1 milliard ? En fait,
01:31:40 nous tous, même les citoyens,
01:31:42 on regarde, on se dit "Tain, 10 milliards
01:31:44 ont été donnés pour ça, 12 milliards pour aider tel pays,
01:31:46 8 milliards, et donc 1 milliard
01:31:48 sur notre tête, et ben, pourquoi se disent les gens
01:31:50 qu'ils peuvent les prendre d'autre part ?
01:31:52 En fait, on a pris, ils ont pris,
01:31:54 cette réforme des retraites par le plus mauvais
01:31:56 dont on les cotait, et maintenant, ben, les gens
01:31:58 font leur calcul et ils se disent "Non,
01:32:00 non, vous donnez l'argent ailleurs,
01:32:02 donc le 1 milliard, vous le prenez tout ailleurs."
01:32:04 - Ils ont déshabillé Paul pour habiller Jacques,
01:32:06 et ça n'est pas comme ça que c'est perçu, au fait de la population.
01:32:08 - Mais non, mais moi je suis pas d'accord du tout avec ce que vous dites.
01:32:10 - C'est faux. - Ils l'ont fait, surtout après avoir
01:32:12 levé son milliard de dettes. - Vous n'avez pas tous un docteur au lit ?
01:32:14 - Il y a un changement de paradigme constitutionnel
01:32:16 qui est en train de se mettre en place, institutionnel,
01:32:18 pardonnez-moi, et sans aller dans le sens
01:32:20 de M. Mélenchon, parce que je n'ai pas beaucoup de sympathie
01:32:22 pour ses propos et ses outrances.
01:32:24 Mais, ce qui est en train de se passer
01:32:26 réellement, quand on sort de l'analyse
01:32:28 médiatique et politique, et quand on va
01:32:30 discuter avec les Français,
01:32:32 qui une fois de plus sont modérés,
01:32:34 ne sont pas pour la violence, ne sont pas des haineux
01:32:36 et des radicaux pour la majorité d'entre eux,
01:32:38 c'est qu'effectivement il y a un déclassement,
01:32:40 il y a une injustice de redistribution,
01:32:42 c'est ce qu'ils vous disent.
01:32:44 Nous n'avons plus de services publics, nous n'avons plus
01:32:46 de services de proximité. - Vous n'avez pas un pays qui redistribue
01:32:48 le plus dans le monde. - Pardonnez-moi,
01:32:50 je vais commenter une image, je vais vous laisser
01:32:52 reprendre, Eric, une seconde.
01:32:54 - Et on est un des pays... - S'il vous plaît, s'il vous plaît,
01:32:56 dans la cité phocéenne à Marseille,
01:32:58 vous voyez l'arrivée, ça y est, c'est déjà
01:33:00 la fin du cortège devant
01:33:02 la porte d'Aix
01:33:04 à Marseille, dans la cité
01:33:06 phocéenne, voilà.
01:33:08 - Oui, moi je serais chef d'Etat, je me dirais
01:33:10 c'est quand même un problème, je donne 800 milliards par an
01:33:12 pour le social en France et personne n'est content.
01:33:14 C'est ça que je n'arrive pas à comprendre. Je serais chef d'entreprise,
01:33:16 je ne serais pas... - C'est l'idole, pas le chef de l'Etat.
01:33:18 - C'est nous qui donnons.
01:33:20 - Nous sommes l'un des pays les plus taxés.
01:33:22 - Comment ça se fait quand vous voyez le RSA, il n'y a aucun contrôle
01:33:24 qui est fait, quand vous voyez la bombe...
01:33:26 - S'il vous plaît, là, on mélange tout.
01:33:28 On a une réforme des retraites
01:33:30 qui devait faire certaines économies,
01:33:32 on se retrouve avec une réforme d'entraînement qui n'en fait pas.
01:33:34 Donc on ne comprend pas
01:33:36 ce qu'il y a dedans et aujourd'hui,
01:33:38 avec les contradictions
01:33:40 certains disent, je ne le dis pas, les mensonges
01:33:42 du gouvernement, ça a nourri la colère.
01:33:44 Donc ce n'est même plus une question de fonds, c'est une question
01:33:46 de formes et une brutalité dans le passage.
01:33:48 Ça va rester.
01:33:50 Pourquoi ne pas être allé au vote ?
01:33:52 - On a annoncé hier 413 milliards
01:33:54 de la loi de programmation militaire sur 5 ans.
01:33:56 Imaginez ce que ça représente. Mettez-vous à la place des gens
01:33:58 dans la rue, ils disent qu'on donne 413 milliards
01:34:00 pour l'armement, par exemple, sur le caricaturé,
01:34:02 et il nous manque 11 milliards pour les retraites.
01:34:04 C'est ça qui ne va pas.
01:34:06 - Direction Rennes, comme Marseille,
01:34:08 je crois que c'est la fin des cortèges.
01:34:10 Est-ce que vous pouvez, en tout cas du rassemblement,
01:34:12 confirmer avec l'arrivée des cortèges
01:34:14 au point d'arrivée ?
01:34:16 - Oui, point d'arrivée, la place de Bretagne
01:34:20 à l'image en ce moment même
01:34:22 avec des chiffres sur la mobilisation.
01:34:24 À noter, pour une fois,
01:34:26 syndicats et préfectures sont d'accord
01:34:28 sur un point,
01:34:30 il y avait 5000 manifestants
01:34:32 de moins que le 28 mars dernier
01:34:34 ce matin à Rennes.
01:34:36 La force ouvrière annonce
01:34:38 20 000 manifestants ce matin, c'était 25 000
01:34:40 le 28 mars, et la préfecture
01:34:42 parle, elle, de 8 500
01:34:44 manifestants ce matin
01:34:46 ici à Rennes.
01:34:48 Alors, malgré une météo
01:34:50 pas vraiment en faveur
01:34:52 du défilé, vous voyez qu'on a
01:34:54 beaucoup marché aujourd'hui sous la pluie
01:34:56 ici à Rennes, il y avait beaucoup
01:34:58 d'ardeur, j'ai envie de dire,
01:35:00 dans les propos qui ont été
01:35:02 tenus ici,
01:35:04 ardeur certainement boostée
01:35:06 après ce qui s'est passé
01:35:08 hier à Matignon.
01:35:10 Et ce qu'on sent bien aujourd'hui
01:35:12 à travers les différentes pancartes
01:35:14 qu'on a pu lire dans ce cortège,
01:35:16 c'est que la cible des manifestants
01:35:18 maintenant, c'est le
01:35:20 président de la République,
01:35:22 Macron. "Ton pays ne tourne pas rond"
01:35:24 pouvait-on lire sur une énorme
01:35:26 pancarte qui ouvrait
01:35:28 le cortège, avec
01:35:30 la volonté d'exprimer
01:35:32 ce manque de démocratie
01:35:34 ressenti en tout cas par les manifestants
01:35:36 ici, et certains
01:35:38 même brandissant une pancarte
01:35:40 demandant un passage à la 6ème République.
01:35:42 Alors à noter, pour finir,
01:35:44 qu'il y a eu, contrairement
01:35:46 à ce qui a pu se passer ces dernières semaines,
01:35:48 pas de
01:35:50 tensions particulières
01:35:52 ce matin à Rennes. On a vu juste
01:35:54 quelques tirs de gaz à crème augéne
01:35:56 à un moment où les manifestants souhaitaient
01:35:58 rejoindre le centre-ville historique.
01:36:00 Mais c'est toute une manifestation très calme
01:36:02 ce matin à Rennes.
01:36:04 - Il faut s'en féliciter. Merci à vous avec
01:36:06 cette fin de mobilisation
01:36:08 à Rennes. C'est le cas aussi, on l'a dit,
01:36:10 à Marseille, avec toujours les mêmes mots d'ordre
01:36:12 contre la réforme des retraites.
01:36:14 Peut-être déjà un rendez-vous
01:36:16 en tête avec les organisations
01:36:18 en tous les cas locales à Marseille
01:36:20 pour de futurs rassemblements.
01:36:22 En tous les cas, c'est la fin.
01:36:24 Aussi dans la cité phocéenne.
01:36:26 - Exactement, ils sont en train
01:36:30 d'arriver. Là on est au niveau
01:36:32 du SNES, qu'on peut voir un petit peu plus loin,
01:36:34 de FSU. Tout le bloc
01:36:36 CGT est déjà passé, Porte d'Aix,
01:36:38 on les a croisés en rejoignant
01:36:40 les lieux. Ce que je peux vous dire,
01:36:42 c'est que c'est un peu comme à Rennes,
01:36:44 deux choses à souligner.
01:36:46 La plupart des pancartes
01:36:48 étaient des critiques fermes
01:36:50 et assez agressives envers
01:36:52 le président, moins
01:36:54 qu'envers les adhérents du gouvernement.
01:36:56 C'est bien Emmanuel Macron qui a été visé.
01:36:58 Et secondement, vous le disiez
01:37:00 Sonia, une unité
01:37:02 toujours là, toujours
01:37:04 présente. Et cette unité
01:37:06 ne semble pas vouloir flancher
01:37:08 puisque lorsqu'on a discuté avec quelques manifestants,
01:37:10 et clairement, ils s'attendent à une autre
01:37:12 mobilisation, notamment la veille,
01:37:14 le 13, avant la décision, le 14,
01:37:16 du Conseil constitutionnel.
01:37:18 Merci à vous. Il faut souligner
01:37:20 quelle que soit l'ampleur des
01:37:22 manifestations, on verra toujours malheureusement
01:37:24 en fin de journée, mais là,
01:37:26 dans ces villes-là, qui s'élancent,
01:37:28 qui se passent bien avec,
01:37:30 j'allais dire, c'est ça le propre d'une démocratie,
01:37:32 le droit de manifester sans intervention
01:37:34 des forces de l'ordre. Ça aussi,
01:37:36 c'est l'un des résultats, là il faut le reconnaître,
01:37:38 des forces syndicales qui
01:37:40 tiennent ces cortégements, on va voir.
01:37:42 Il va se passer aussi
01:37:44 à Paris et dans la capitale
01:37:46 et au-delà. Peut-être une nouvelle
01:37:48 journée de mobilisation la veille du
01:37:50 Conseil constitutionnel. - Probablement, c'est ce qui
01:37:52 est sur la table le 13 avril prochain.
01:37:54 - Et une manière de mettre
01:37:56 la pression au Conseil constitutionnel ? - Gèrement, disons.
01:37:58 - Bon.
01:38:00 Quelle subtilité.
01:38:02 Mais oui, mais c'est ça toute la question, c'est comment ils vont prendre...
01:38:04 Enfin, on aimerait bien être le but.
01:38:06 - Quand il y a eu des mobilisations
01:38:08 devant le palais Bourbon avant le vote,
01:38:10 c'était un peu le même principe. Si là,
01:38:12 ils dupliquent ça avec le Conseil constitutionnel, c'est assez cohérent.
01:38:14 - Mais d'un autre côté, les sages
01:38:16 ne se laissent pas guider par la rue.
01:38:18 Ils regardent les points de droit.
01:38:20 Et si ça calme dans la tente, c'est pour des raisons
01:38:22 légales, juridiques plutôt.
01:38:24 - Oui, c'est de croire qu'on peut prendre une décision
01:38:26 de l'ordre du compte. - C'est pas... - Ecoutez, au virage
01:38:28 et l'entrave, je voulais vous remercier.
01:38:30 Je soulignais qu'en regardant ces images,
01:38:32 la pluralité, c'est de ne pas choisir ses médias.
01:38:34 La pluralité, ce n'est pas d'idéologie.
01:38:36 La pluralité, c'est de l'ouverture d'esprit.
01:38:38 Et quand elle est associée à un bon travail,
01:38:40 ça donne ce que font nos reporters
01:38:42 et nos journalistes sur le terrain.
01:38:44 Donc, je les en remercie. Je vous pose la question
01:38:46 de quel côté le sectarisme, quand on ne veut pas
01:38:48 répondre à des questions, en tous les cas,
01:38:50 nos invités de tous bords l'ont fait avec plaisir.
01:38:52 Et je les en remercie. Merci à vous.
01:38:54 Bonne après-midi. Évidemment, vos éditions spéciales
01:38:56 se poursuivent sur Cénine.
01:38:58 (Brouhaha)
01:39:00 ...