• il y a 2 ans
Bonjour tout le monde et bienvenue pour ce nouvel Instant Porcher !
L’Instant Porcher c’est un petit moment qu’on se prend, entre nous, avec Thomas Porcher, chaque semaine pour décrypter l’actualité. Car on le sait, les discours sont politiques et les comprendre est un véritable enjeu démocratique.

Au programme aujourd’hui,
Jeudi marquait l’acte 11 des journées de mobilisation intersyndicales contre la réforme des retraites où au moins 570 000 personnes selon le ministère de l’intérieur et 2 millions selon la CGT, ont battu le pavé dans des dizaines de villes. Journées de mobilisations qui ponctuent des grèves reconductibles dans plusieurs secteurs, des manifestations autonomes et des actions de blocage ou coupure d’électricité. Mercredi dernier, la veille de la manif, Elisabeth Borne a reçu l’intersyndicale à Matignon, rencontre qui s’est vite terminée puisque que la première ministre est restée campée sur sa réforme.
Dans tout cela, Laurent Berger a eu le malheur de dire qu’on était en crise démocratique. Hop, nouvelle séquence politique.
Entre diabolisation des manifestants et manifestations ou Gérald Darmanin qui s’en prend à la ligue des droits de l’Homme entre autres ; décryptage de la « crise démocratique » que nous vivons en France.

Nouvel épisode dans l’interdiction ou non des jets privés. Lors de la journée d'initiative parlementaire du groupe Écologiste jeudi, la proposition de loi présentée par Julien Bayou, qui visait à interdire les vols en jets privés, n'a pas pu aller à son terme, et le texte avait été vidé de son contenu par le vote, des bancs de la majorité jusqu'à ceux du Rassemblement national, d'un amendement de suppression de l'article premier qui contenait la disposition phare. Il faut « ramener les riches sur terre », voilà pourquoi cette proposition raconte Julien Bayou. Les arguments avancés contre l’interdiction étaient l’impact sur l’emploi, les entreprises françaises ou encore le fait que ça représente peu sur le total des émissions carbone.
Et si la question allait bien plus loin que cela ?
Nous l’avons déjà démontré ici. Nous sommes dans un monde, et un pays, où les pauvres et classes moyennes s’appauvrissent et les infimes très riches s’enrichissent de manière considérable. Bernard Arnault, PDG du groupe LVMH et propriétaire du Parisien-Les Echos est l’homme le plus riche du monde selon le dernier classement Forbes. Avec, quand même il faut le dire, un taux d’imposition digne d’un couple sans enfant gagnant 150 000 euros par an. Le Canard enchaîné avait en effet dévoilé en février que son taux d'imposition était de "moins de 14 %" sur la totalité de ses revenus, de 1,3 milliards d'euros. Sa fortune est aujourd’hui estimée à 211 milliards de dollars.

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Transcription
00:00 mise en application, c'est à l'épasser, c'est dans trois mois dès septembre.
00:02 Le droit à la sécurité juridique, il n'est pas là.
00:04 On ne peut pas changer les lois comme ça toutes les cinq minutes.
00:06 Donc le Conseil constitutionnel peut retoquer.
00:09 S'il ne retoque pas, je pense qu'il va y avoir une vraie crise de confiance envers
00:13 les institutions qui existe déjà, qui est là, qui est présente.
00:16 Bonjour tout le monde et bienvenue pour ce nouvel Instant Porcher.
00:19 Je suis ravie de vous retrouver.
00:21 L'Instant Porcher, c'est un petit moment qu'on se prend entre nous avec Thomas Porcher
00:25 chaque semaine pour décrypter l'actualité, car les discours sont politiques et les comprendre
00:28 est une véritable arme démocratique.
00:30 Ce programme s'inscrit dans notre grande ambition, débarquer à la télé et continuer
00:34 de tenir notre antenne 24/7 sur Youtube et Dailymotion pour proposer une autre hiérarchie
00:39 et un autre traitement de l'information.
00:41 A partir du 7 mars, c'est lancé la bataille décisive contre la réforme des retraites.
00:45 Le Média est là pour vous faire vivre cette lutte de manière quotidienne sur son plateau,
00:48 sur les piquets de grève en manifestation aux quatre coins de la France, bref partout
00:52 où il y aura des points levés et des slogans scandés.
00:54 Ils ont des milliards, mais nous sommes des millions.
00:56 Alors abonnez-vous au Média à partir de 5 euros par mois et soutenez à la fois Les
00:59 Luttes et Le Média des Luttes.
01:01 Vous êtes notre seule force pour garantir une information libre et indépendante.
01:05 Rendez-vous sur soutenez.lemediatv.fr.
01:07 Au programme de l'Instant Porcher aujourd'hui, est-on ou non en crise démocratique ?
01:10 Terme que rejette Emmanuel Macron.
01:12 Et on va aller voir ce qu'il se passe autour de l'interdiction ou non des jets privés
01:16 qui symbolisent bien plus qu'on ne pourrait le croire.
01:23 Jeudi marquait l'acte 11 des journées de mobilisation intersyndicales contre la réforme
01:27 des retraites où au moins 570 000 personnes selon le ministère de l'Intérieur et 2
01:32 millions selon la CGT ont battu le pavé dans des dizaines de villes en France.
01:35 Journées de mobilisation qui ponctuent des grèves reconductibles dans plusieurs secteurs,
01:39 des manifestations autonomes et des actions de blocage ou coupure d'électricité.
01:42 Mercredi dernier, la veille de la manif, Elisabeth Borne a reçu l'intersyndicale à Matignon,
01:47 rencontre qui s'est vite terminée puisque la Première ministre est restée campée
01:51 sur sa réforme.
01:52 Dans tout cela, Laurent Berger a eu le malheur de dire qu'on était en crise démocratique.
01:56 Hop, nouvelle séquence politique.
01:58 On est en train de vivre une grave crise démocratique.
02:00 Qu'un président élu cherche à porter un projet sur lequel il a été élu démocratiquement,
02:05 ça ne s'appelle pas une crise démocratique.
02:07 Ça a été pris comme une attaque.
02:08 Enfin, on est chez les fous.
02:09 Quelle crise ?
02:10 La crise sociale, il n'y a pas de crise sociale.
02:12 Il y a une crise sociale, il y a un conflit social.
02:13 Il n'y a pas de crise démocratique.
02:15 On peut appeler ça autrement, mais si ça ce n'est pas tous les ingrédients d'une
02:18 crise démocratique, je ne connais rien.
02:20 Thomas, crise démocratique ou pas ?
02:21 Oui, crise démocratique, bien sûr.
02:23 Quand vous avez quand même 70% de la population qui est opposée à cette réforme et que
02:27 vous avez un sondage qui est constant au fil des semaines, quoi qu'il arrive, quand
02:31 vous n'avez pas recours au vote au Parlement parce que vous avez fait tous vos calculs
02:35 et que vous savez que, quels que soient les calculs, vous avez un fort risque de perdre
02:39 le vote et que vous passez en 49-3, vous êtes dans une forme de crise démocratique.
02:43 Alors, il faut voir ce que le Conseil constitutionnel va répondre.
02:46 Et si le Conseil constitutionnel accepte la réforme, il y aura, je pense, une très forte
02:50 défiance envers les institutions.
02:52 Donc oui, on est dans une crise démocratique.
02:53 Ce que dit Macron, c'est qu'il s'est fait élire et qu'il a tous les droits.
02:56 Ce n'est pas ça.
02:57 Il faut tenir compte de ce que veulent les Français, de ce que veulent les syndicats,
03:01 de ce que veut le Parlement.
03:03 Voilà, vous avez autre chose que le président de la République.
03:06 Si on ne tient pas compte de tous ses corps, il y a un problème.
03:09 Donc oui, on est dans une crise démocratique parce que tous ces gens sont opposés à
03:12 la réforme des retraites.
03:13 Puis la démocratie, ce n'est pas juste voter tous les cinq ans, quoi.
03:16 Exactement, ce n'est pas juste voter tous les cinq ans.
03:17 Après, Emmanuel Macron a l'air de penser que c'est ça, alors qu'on se souvient dans
03:21 quelles conditions s'est faite l'élection présidentielle, parce que tout a été fait
03:24 pour éviter le débat.
03:25 Si on avait posé un vrai débat sur la réforme des retraites, qu'on en avait vraiment discuté
03:29 comme aujourd'hui, probablement qu'il n'aurait pas eu le même score.
03:31 Il a tout fait pour utiliser le contexte géopolitique et le fait qu'il soit président
03:36 pour faire sa campagne, en réalité.
03:38 Donc, il a minimisé les débats parce qu'il savait que sur son bilan, il n'y avait pas
03:42 grand-chose de positif à dire.
03:43 Et donc, il a gagné comme ça, en fait.
03:44 Et après, il a gagné parce que des gens ont voté contre.
03:47 On connaît tous l'histoire et que lui-même l'a reconnu.
03:50 Mais que maintenant, il fait comme s'il avait eu ce grand engouement et cette majorité,
03:55 qu'il avait été face à un président de droite, comme il y a eu des oppositions gauche-droite
03:58 à une époque, et pas un candidat d'extrême droite.
04:01 C'est malhonnête de voir la situation comme ça.
04:04 Il y a une autre pente très glissante que prend le gouvernement et Gérald Darmanin
04:08 dans cette séquence politique.
04:09 On va regarder.
04:10 Vous parlez de la Ligue des droits de l'homme.
04:11 Je ne connais pas les subventions données par l'État, mais effectivement, je pense
04:14 que ça mérite d'être regardé dans le cadre des actions qu'ils ont pu mener.
04:19 Mais je rappelle que beaucoup de collectivités locales aussi, les financent.
04:22 Je le dis en représentant des collectivités locales également que vous êtes.
04:27 Donc, ce n'est pas qu'une question, il n'y a pas que l'État.
04:29 Donc, le ministre de l'Intérieur, après avoir annoncé la volonté de dissoudre le
04:32 mouvement des soulèvements de la terre, même si c'est un mouvement avec énormément
04:35 de syndicats, d'assauts, d'ONG, de citoyens, de paysans, bref.
04:39 Maintenant, il veut questionner la Ligue des droits de l'homme, car ils ont osé critiquer
04:42 le dispositif de maintien de l'ordre pendant la manifestation contre les méga-vaccines
04:47 à Saint-Souligne.
04:48 Et ils ont rapporté la situation sur place, notamment avec le SAMU bloqué par les gendarmes
04:51 pour récupérer un blessé grave tombé dans le coma.
04:53 Est-ce que là, il y a de quoi être choqué de cette sortie ?
04:56 Là, on dépasse une limite clairement.
04:58 Quand vous vous attaquez à une association qui s'appelle la Ligue des droits de l'homme
05:01 et qui existe depuis 160 ans et que vous vous dites tiens, je vais aller voir quelles subventions
05:06 on leur donne et s'il n'y a pas moyen de leur retirer des subventions parce que c'était
05:08 grosso modo ce qui avait été dit, c'est très grave.
05:10 Et puis, quelle image ça donne de la France ?
05:12 Je veux dire à l'étranger, pour les gens, vous avez le ministre de l'Intérieur français
05:16 qui s'attaque à une association de défense des droits de l'homme.
05:19 C'est comme ça que les gens le voient.
05:20 Dans un moment où tout le monde, le Conseil de l'Europe, mais aussi Amnesty International
05:25 alerte Emmanuel Macron sur le maintien de l'ordre en vigueur actuellement.
05:31 Donc, je pense que ça s'ajoute à cette image-là.
05:33 Et puis, Macron qui jouissait au début de son premier quinquennat un peu d'une image
05:38 d'homme progressiste, ouvert sur le monde, contrairement à Trump et Salvini à l'époque,
05:43 là on voit la réalité de ce qu'est le macronisme.
05:46 C'est en fait le passage de réformes douloureuses que les gens ne veulent pas et un maintien
05:51 de l'ordre, un maintien des populations assez difficile.
05:54 Et là, le fait que Darmanin dise "en plus, je vais aller voir quels sont les financements
05:58 de la Ligue des droits de l'homme", ça montre que là, il y a une escalade de plus en plus.
06:02 Justement, parlant d'escalade, il y a les groupes Renaissance et Horizons Apparentés
06:05 qui ont annoncé une commission d'enquête sur, je cite, "la structuration, le financement,
06:09 l'organisation des groupuscules, la conduite des manifestations illicites violentes sur
06:14 les deux semaines à partir du 16 mars".
06:15 Donc, ça vise concrètement le mouvement de la réforme des retraites.
06:18 Il y a un extrait éclairant d'Olivier Dussopt, on va regarder.
06:20 Il y a une extrême droite en France, mais il y a aussi une contrainte gauche.
06:23 En plus, vous et collectivement au gouvernement, entendu taper matin, midi et soir sur Jean-Luc
06:26 Mélenchon, sur la France insoumise, que sur le Rassemblement national.
06:28 Dans la période récente.
06:29 Vous avez choisi votre cible.
06:30 C'est dans la période récente qu'a organisé l'obstruction de la France insoumise.
06:34 Et dans la période récente, c'est eux qui ont tout fait pour délégitimer nos institutions.
06:38 Et donc, c'est un combat que nous menons.
06:40 J'ai l'impression que ça marche.
06:41 L'extrême droite récolte les lauriers d'une mobilisation à laquelle elle est complètement
06:44 assise.
06:45 Parce que là, Olivier Dussopt vient de le dire.
06:46 On l'avait déjà dit ici, sur le programme économique, en réalité, la Macronie, c'est
06:51 la droite.
06:52 Et la droite, l'extrême droite, sur le programme économique, même s'il y a eu des changements
06:55 parfois de Marine Le Pen à un moment qui voulait sortir de l'euro, à un moment qui
06:58 a critiqué l'Italie, mais qui ensuite veut rembourser la tête et ainsi de suite.
07:02 On en avait discuté sur un ancien épisode.
07:05 Sur les programmes économiques, c'est à peu près la même chose.
07:07 Là, vous regardez en Italie que fait Mélanie, d'extrême droite.
07:09 Elle applique un programme vraiment dans les clous de ce que veut la Commission européenne,
07:13 c'est-à-dire réduction des déficits, etc.
07:14 Et puis un programme fort contre l'immigration.
07:16 Et c'est le projet, grosso modo, de Marine Le Pen, même si après, par stratégie, elle
07:20 peut changer son programme économique.
07:21 Donc, on dit toujours qu'il n'y a pas de...
07:24 Il y a une grosse différence entre ce qu'est le Rassemblement national et la droite.
07:29 Moi, je pense qu'il y a une forme de continuité.
07:31 En tous les cas, sur l'économie, il n'y a pas de grande différence.
07:34 Et on voit bien, en fait, là, le jeu du centre.
07:37 C'est-à-dire que ça les arrange bien de dire que eux, c'est le rempart contre l'extrême
07:41 droite.
07:42 Et puis, ça les arrange bien d'utiliser l'extrême droite quand il faut passer des
07:44 votes ou quand il faut affaiblir ce qu'ils appellent l'extrême gauche, c'est-à-dire
07:49 la NUPES et en partie la France insoumise.
07:51 Donc, il y a quand même une obsession contre Mélenchon.
07:54 Je pense même que pour aller plus loin, le but en réalité, dans les scénarios plausibles
08:00 de Macron et même du centre, c'est que Marine Le Pen, elle gagne à la prochaine élection
08:05 pour que l'opposition, ce soit eux maintenant, l'opposition raisonnée face à l'extrême
08:09 et qu'ils reprennent le pouvoir en 2032.
08:12 Il y a trois blocs aujourd'hui.
08:13 Il y a trois blocs en France.
08:14 Il y a le centre, la Macronie avec la droite et le PS réformiste.
08:18 Vous avez la gauche avec Mélenchon en lead et vous avez l'extrême droite.
08:23 Si vous tapez sur l'extrême gauche, il reste un duel extrême droite-centre.
08:26 Extrême gauche en plus, qui n'est pas l'extrême gauche, mais qui adore appeler
08:30 l'extrême gauche pour justement la diaboliser et ériger Emmanuel Macron, comme tu viens
08:34 de le dire, en homme responsable.
08:36 Sur la réforme des retraites, je l'ai dit, Elisabeth Borne a reçu les syndicats.
08:40 Ça n'a pas servi à grand chose apparemment.
08:42 Est-ce que c'était une mascarade un peu ce rendez-vous ?
08:45 À partir du moment où, vous savez, le texte est passé en 49-3, elle aurait dû les recevoir
08:50 avant, quand il demandait d'être reçu par Macron d'ailleurs, c'était avant le vote-là,
08:53 c'est passé en 49-3.
08:54 Donc en réalité, là, Elisabeth Borne n'a plus trop son mot à dire maintenant.
08:57 En fait, c'est le président qui doit trancher.
08:59 Soit il fait comme Chirac avec le CPE.
09:01 Il dit "bon, ça a été voté très bien et puis je ne le mets pas en application",
09:05 parce que parfois il faut savoir entendre ce qu'on nous dit.
09:08 C'est ce qu'a fait Chirac pour le CPE, un homme de droite.
09:10 C'est ce qu'on a fait aussi un peu pour la retraite à points, qui est passée dans
09:14 le texte, mais qui n'a pas été appliquée.
09:16 Macron, il a le pouvoir de dire ça, mais ce n'est pas Borne qui peut dire ça.
09:19 Donc Borne, elle est utilisée comme un fusible là.
09:22 Elle reçoit les syndicats tout en disant qu'elle ne peut rien faire, puisque la loi
09:25 est passée en 49-3.
09:26 Les syndicats disent qu'ils sont très furieux, mais c'est à Macron de trancher.
09:29 Et Macron, pour le moment, il est ailleurs, il est en Chine.
09:31 Donc on sent qu'il y a un problème, on sent qu'il y a un vrai problème.
09:35 Mais là, cette réunion, c'est juste pour faire de l'actu, quoi.
09:38 Mais ça ne sert absolument à rien, concrètement.
09:40 Et en plus, après la manif, elle appelle à l'apaisement.
09:42 Tout à fait.
09:43 Ils ne peuvent faire que ça de toute façon, maintenant.
09:44 C'est voir les gens, appeler à l'apaisement et trouver une stratégie pour sortir de ce
09:48 conflit qui est sur les retraites.
09:50 Alors la stratégie pour sortir de ce conflit, c'est qu'on va parler de la France insoumise,
09:55 de Mélenchon.
09:56 On va essayer de diviser les manifestants.
09:57 C'est ça le but aussi, c'est diviser les manifestants entre les casseurs, les non-casseurs
10:00 et ainsi de suite, pour faire en sorte que le mouvement soit cassé.
10:03 Parce qu'il y a un mouvement très continu et c'est très rare, semaine après semaine,
10:08 très continu, malgré les grèves, malgré ce que l'on dit sur tous les débordements
10:12 dans les manifestations depuis une dizaine, quinzaine de jours, les gens restent opposés
10:17 à cette réforme, ce qui est quand même une première, me semble-t-il.
10:20 Alors la prochaine date de mobilisation, c'est mercredi, la veille de la décision du Conseil
10:25 constitutionnel sur la réforme des retraites.
10:26 On le sait, il y a quand même des questionnements constitutionnels sur le choix du chemin législatif
10:31 pour la réforme des retraites.
10:32 On l'a déjà dit, le projet de loi de finances de sécurité sociale rectificatif 2023, qui
10:36 est censé apporter, comme son nom l'indique, une rectification budgétaire qui toucherait
10:40 l'année 2023, et sur cette réforme tout n'est pas vraiment rempli par rapport à ces conditions-là.
10:45 Le Conseil constitutionnel du coup est pas mal attendu au tournant.
10:48 Toi, comment tu le sens ? Qu'est-ce que tu en attends forcément ?
10:50 On voit bien que Macron a utilisé la Constitution par opportunisme.
10:55 C'est-à-dire que, comme tu l'as dit, il a utilisé une loi budgétaire pour faire
11:01 une réforme finalement structurelle.
11:03 Après, il a fait le 49-3.
11:05 Donc il a utilisé vraiment la Constitution par opportunisme.
11:08 Et puis il a sorti la majorité des gens de ce qu'on appelle le droit à la sécurité
11:11 juridique.
11:12 C'est-à-dire que vous savez, quand la loi Touraine est passée, elle est passée en
11:15 2013, 2014 me semble-t-il.
11:17 En 2014, la mise en application, c'est 6-7 ans après, parce que vous avez un laps de
11:20 temps d'adaptation.
11:21 Là, la mise en application, elle est passée, c'est dans 3 mois dès septembre.
11:24 Donc le droit à la sécurité juridique, il n'est pas là.
11:27 On ne peut pas changer les lois comme ça toutes les 5 minutes.
11:29 Donc le Conseil constitutionnel peut retoquer.
11:31 S'il ne retoque pas, je pense qu'il va y avoir une vraie crise de confiance envers
11:36 les institutions, qui existe déjà, qui est là, qui est présente.
11:38 Il faut l'entendre.
11:39 Si vous ne croyez plus aux gens que vous mettez au pouvoir, parce qu'il y a beaucoup
11:42 d'abstention, mais si vous ne croyez plus aux gens que vous mettez au pouvoir, si vous
11:45 n'avez plus confiance dans les gardes-fous, le Conseil constitutionnel, etc.
11:48 À la fin, vous n'avez plus du tout confiance.
11:49 Donc là, ça va alimenter toutes les théories de copinage qui existent par ailleurs, mais
11:54 là qui vont être mises au grand jour.
11:55 Le quinquennat de Macron, les gens tiennent.
11:57 Je veux dire dans le sens où les gens tiennent leur fronde contre les réformes.
12:01 Il y a beaucoup de déplacements qui ont été annulés.
12:04 Il y a beaucoup de députés qui sont sous protection policière.
12:06 Qu'est-ce que ça va être demain si en plus le Conseil constitutionnel valide ça en
12:10 disant "non c'est parfait", alors qu'il y a plein de trous dans la raquette et je
12:13 pense que ça pourrait être retoqué.
12:14 Je pense qu'il y aurait une vraie crise de confiance et on ne sait pas là où ça
12:16 nous mène.
12:17 Nouvel épisode dans l'interdiction ou non des jets privés.
12:20 Lors de la journée d'initiative parlementaire du groupe écologiste Jeudy, la proposition
12:24 de loi présentée par Julien Bayou, qui visait à interdire les vols en jet privé, n'a
12:28 pas pu aller à son terme et le texte avait été l'idée dans tous les cas de son contenu
12:32 par le vote des bancs de la majorité jusqu'à ceux du Rassemblement national d'un amendement
12:37 de suppression de l'article 1er qui contenait la disposition phare.
12:40 Il faut ramener les riches sur terre, voilà pourquoi cette proposition raconte Julien
12:45 Bayou.
12:46 Les arguments avancés contre l'interdiction étaient l'impact sur l'emploi, les entreprises
12:49 françaises ou encore le fait que ça représente peu sur le total des émissions carbone.
12:53 Et si la question allait bien plus loin que ça ? Nous l'avons déjà démontré ici,
12:57 nous sommes dans un monde et un pays où les pauvres et classes moyennes s'appauvrissent,
13:00 tandis que les infimes très riches s'enrichissent de manière considérable.
13:03 Qu'un exemple, Bernard Arnault, PDG du groupe LVMH et propriétaire du parisien Les Echos
13:08 est l'homme le plus riche du monde selon le dernier classement Forbes, avec quand même
13:11 il faut le dire un taux d'imposition digne d'un couple sans enfant gagnant 150 000
13:15 euros par an.
13:16 Le Canard Enchaîné avait en effet dévoilé en février que son taux d'imposition était
13:19 de moins de 14% sur la totalité de ses revenus de 1,3 milliard d'euros.
13:24 Sa fortune est aujourd'hui estimée à 211 milliards de dollars.
13:28 Alors dès qu'on ose parler ou s'attaquer aux grands patrons et à leurs jets privés,
13:32 tout de suite la droite libérale et/ou néolibérale, dont le RN, fustigent les opposants à coup
13:36 de "vous n'avez pas la réussite, vous n'avez qu'à travailler, ils bossent pour
13:40 payer des impôts, c'est injuste, ils travaillent dur, c'est eux qui vous offrent votre emploi,
13:44 c'est eux qui tiennent l'économie et j'en passe".
13:46 Thomas, pourquoi là ce que je viens de dire, ces arguments c'est n'importe quoi ?
13:49 En fait les riches se sont enrichis beaucoup plus rapidement que le reste de la population.
13:54 Vous savez à partir du moment où vous avez une économie qui progresse très lentement,
13:57 une majorité des gens s'enrichissent très lentement et qu'il y en a d'autres qui
14:00 s'enrichissent plus vite, c'est qu'ils s'enrichissent au dépens des autres.
14:03 Il n'y a pas à chercher plus loin, c'est exactement ça.
14:06 Et là il y a un vrai problème.
14:08 Il y a un vrai problème parce que l'organisation économique, que ce soit la mondialisation,
14:11 la logique actionnariale, a fait exploser les revenus des plus riches.
14:15 Les capitaines d'industrie, dont fait partie les gens que tu viens de citer, les grands
14:19 patrons français, qui sont propriétaires souvent de leur entreprise, qui ont beaucoup
14:22 d'actions dans leur entreprise, avec la logique actionnariale se sont enrichis massivement.
14:27 Vous savez dans les années 70 jusqu'aux années 80, on donnait 35 à 40% de la part
14:33 des profits aux actionnaires.
14:34 Aujourd'hui c'est 60, parfois c'est 80% qu'on leur donne.
14:37 Je veux dire la différence entre le salaire d'un patron d'un grand groupe et le niveau
14:43 moyen d'un salarié quelconque, avant c'était 30 et 40 le facteur.
14:47 Aujourd'hui c'est 300, 400, 10 fois plus.
14:49 Donc les inégalités ont très fortement augmenté au sein également de l'entreprise.
14:53 Donc la part du gâteau, elle revient plus finalement aux plus riches que le reste de
14:58 la population.
14:59 Et c'est en ça que ça devient très injuste.
15:02 Parce que finalement, les populations, la majorité de la population a vu ses revenus
15:05 moins augmentés, sa pression fiscale toujours aussi forte, quand vous avez une petite partie
15:10 de gens qui ont vu leurs revenus beaucoup plus augmentés avec une pression fiscale
15:13 moins forte.
15:14 J'ai déjà dit quelques arguments contre cette interdiction tout à l'heure, mais
15:17 Nicolas Rey, député LR, a osé dire qu'interdire brutalement les jets, ce serait se priver
15:22 d'un outil de développement économique et de désenclavement pour nos territoires
15:26 ruraux.
15:27 Qu'est-ce que symbolise ce vote pour toi ? Ça va un peu plus loin en fait cette question
15:31 des jets.
15:32 Ce qui est impressionnant sur la sortie de ce député, c'est qu'en fait il y a eu
15:35 beaucoup de petites lignes qui ont fermé, énormément de petites lignes, de petites
15:38 gares qui ont fermé pour des raisons économiques, ce qui a enclavé très fortement certaines
15:42 régions françaises, très fortement.
15:43 Dans l'Union Européenne, dans la construction, il fallait la mobilité des capitaux, la
15:46 mobilité des hommes, on pensait que les hommes allaient bouger dans tous les sens.
15:48 La mobilité n'est pas aussi forte qu'on le dit.
15:51 Et là vous avez quelqu'un qui vous dit que les jets privés, enfin je veux dire,
15:55 pour posséder un jet privé c'est une fortune d'un milliard à peu près en moyenne
15:57 quand vous achetez votre jet privé.
15:58 Les Falcon que l'on vende d'assaut c'est 17 millions le premier prix.
16:03 Donc c'est pas tout le monde, enfin on les compte sur les doigts d'une main, de deux
16:07 mains peut-être, ceux qui ont des jets privés.
16:09 Donc c'est pas énormément de monde.
16:11 Donc quand vous commencez à dire ça, c'est qu'on voit que cette personne parle à la
16:14 place du patron.
16:15 C'est-à-dire que là il voit typiquement le grand patron qui prend son jet privé pour
16:20 aller voir son usine en France, parce qu'il y a quelques usines de deux grands groupes
16:23 en France, et il dit bonjour aux salariés et puis il repart avec son jet privé.
16:26 Donc quand il pense à ça, en parlant de régions qui allaient être en clavier et
16:29 que les patrons ne viendraient plus les voir parce qu'ils ne veulent pas prendre le train
16:32 ou leur voiture, il parle à la place des patrons et pas des français.
16:34 Et donc c'est ça le problème là, c'est qu'on a un député qui sert clairement le
16:37 grand patronat plutôt que le reste de la population.
16:39 Mais ça n'étonne plus personne ça en fait, parce que tout le monde maintenant parle
16:42 de ce principe là, que certains sont mis au pouvoir pour servir d'autres.
16:45 Et après l'autre question des jets c'est quoi ? C'est qu'on a demandé aux français
16:47 de faire énormément d'efforts, il y a la sobriété énergétique, on leur a demandé
16:50 de mettre le chauffage à 19 degrés.
16:51 On a parlé à un moment de taxer, et c'était le cas avec les taxes carbone, leurs déplacements
16:55 en voiture.
16:56 Et là, en fait, les 1%, enfin même pas les 0,01%, les plus riches, et bien là rien
17:01 ne se passe pour eux.
17:02 Ils ont les moyens de payer des taxes gigantesques, si on veut mettre des taxes gigantesques,
17:06 ce qui ferait une rentrée fiscale, pourquoi on n'en met pas des taxes gigantesques sur
17:09 le déplacement en jet privé ? Ils pourraient les payer, puisqu'ils ont plein d'argent,
17:13 ça nous ferait des rentrées fiscales.
17:14 Si on interdit, c'est encore mieux, parce que pour le climat, c'est une hérésie.
17:17 Aujourd'hui, vous pouvez prendre l'avion, il y a des lignes, les lignes en France c'est
17:21 1h maximum, vous prenez en première classe, vous avez un siège, comme ça, vous ne pouvez
17:26 pas supporter ça si vous avez fait sécession complètement.
17:29 Donc on ne peut pas demander à tous les français de faire des efforts si une petite partie
17:33 qui est très riche et qui a toutes les capacités de les faire ne veut pas les faire.
17:36 Et ces débats, c'est les mêmes que l'on retrouve à l'échelle mondiale, entre les
17:39 pays pauvres et les pays riches.
17:40 Les pays pauvres disent tout le temps aux pays riches "vous avez tout l'argent pour
17:43 investir dans les technologies, pour engager la transition énergétique, vous avez eu
17:48 tout l'argent pour vous développer, grandir dans des bonnes conditions etc. et vous ne
17:51 voulez pas faire d'efforts, pourquoi vous nous demandez à nous d'en faire ?"
17:54 Et bien là, on a typiquement le même niveau de conversation.
17:56 Comment on peut demander à des gens de faire attention quand vous en avez une infime partie
18:01 très très riche qui a tous les moyens de s'adapter, qui ne veulent pas faire attention.
18:04 Surtout que c'est les plus riches qui ont les plus grosses empreintes carbone.
18:08 Oui, il y a des études qui ont été faites par Lucas Chancel et d'autres, qui montraient
18:11 en fait que les 1% de la population étaient responsables, enfin polluait autant que les
18:17 50% les plus pauvres.
18:18 Voilà, donc ça veut tout dire.
18:19 1% pollue autant que les 50% les plus pauvres.
18:21 Est-ce que les Français sont plus déterminés que les autres sur cette question de justice
18:25 sociale ? Dans le sens où on est souvent targué de se soulever pour pas grand chose,
18:29 on fait même limite sourire à l'international de toujours partir en manif sans parler des
18:34 systématiques références à la révolution française ?
18:37 Moi je pense qu'il y a eu cette histoire, la révolution française, qui reste dans
18:40 la tête des gens, et puis après on aime bien dire que les Français n'aiment pas
18:43 les riches.
18:44 Souvent on vous le dit comme ça, les Français n'aiment pas la réussite.
18:47 C'est ce qu'on aime bien dire pour stopper le débat, pour dire écoutez les Français
18:51 n'aiment pas la réussite, et puis chez nous on a un modèle social, on a une dépense
18:54 publique élevée, donc circuler il n'y a rien à voir.
18:57 En réalité c'est plus compliqué que ça.
18:59 Effectivement aux Etats-Unis les inégalités sont plus fortes que chez nous, ça c'est
19:02 une réalité.
19:03 Mais chez nous les inégalités se sont creusées quand même, c'est aussi une réalité.
19:06 La question n'est pas qu'il n'y ait plus de riches, la question n'est pas de prendre
19:09 tous riches, la question est de faire en sorte que les riches contribuent à la même hauteur
19:13 que les autres en pourcentage, en pression fiscale à la société, et que leur richesse
19:18 évolue du même niveau, voire moins vite, comme ça a été le cas pendant les Trente
19:22 Glorieuses, que le reste de la population.
19:23 Parce qu'un riche qui devient riche mais beaucoup moins vite, il n'y a pas de problème.
19:28 Là vous savez depuis ces dix dernières années, la fortune des 500 premières familles françaises,
19:34 elle a été multipliée par 5.
19:35 Elle est passée de 200 milliards à 1000 milliards.
19:37 Si elle était passée de 200 milliards à 800 milliards, ça aurait changé quoi ? Rien.
19:41 De 200 milliards à 500 milliards, rien du tout.
19:43 Donc vous voyez, multipliée par 5.
19:44 Qui en dix ans a vu sa fortune multipliée par 5 ? Personne.
19:47 Personne dans la population normale, y compris quelqu'un qui gagne 10 000 euros par mois.
19:50 Donc là il y a quand même des questions à se poser.
19:52 Et puis cette question ne traverse pas que la France.
19:55 Quand vous regardez par exemple le succès du livre de Piketty, un livre sur les inégalités,
19:58 sorti il y a dix ans, il a eu un succès d'abord aux Etats-Unis, avant d'avoir un succès
20:02 chez nous.
20:03 Il est sorti chez nous, il y a eu beaucoup de critiques en disant que c'était un communiste
20:07 qui écrivait ça, le capital, marxiste, etc.
20:09 Il était au numéro un des ventes aux Etats-Unis.
20:11 Voilà, ça veut dire quelque chose.
20:12 Dans toutes les constitutions du monde, vous regardez la constitution américaine, française,
20:16 vous prenez même la chinoise, russe, il y a toujours le mot justice sociale.
20:20 Donc tous ces pays sont traversés par ces questionnements en fait, autant que chez nous.
20:24 Donc il ne faut pas dire "oui, oui" pour couper le débat.
20:26 La réalité c'est que tous les pays prennent à cœur cette question-là.
20:29 Après, est-ce que les politiques suivent ? Non.
20:31 Mais c'est la question de la justice sociale, qui est au cœur de tous les débats.
20:33 Il y a des beaux mouvements internationaux, je pense à nos voisins belges qu'on est
20:39 allés voir et qui sont venus nous voir à Paris pendant les manifestations et avec qui
20:42 on a fait des reportages d'ailleurs sur le média.
20:44 Exactement, qui nous soutiennent.
20:45 Et rappelons-le quand même que c'était pareil il y a dix ans, quand il y a eu Occupy Wall
20:49 Street, c'est eux qui ont théorisé ces manifestants qui ont dit "nous sommes les 99%".
20:53 Les 99 contre les 1%, c'est eux qui ont théorisé ça.
20:57 Et donc c'est intéressant.
20:58 C'est intéressant de voir que la masse, les inégalités, ce n'est pas quelque chose
21:02 de 40-60.
21:03 C'est la majorité contre une petite partie qui s'enrichit trop vite.
21:05 Ce programme s'inscrit dans notre grande ambition, débarquer à la télé et continuer
21:10 de tenir notre antenne 24/7 sur Youtube et Dailymotion pour vous proposer une autre hiérarchie
21:15 et un autre traitement de l'information.
21:17 A partir de 7 mars s'est lancée la bataille décisive contre la réforme des retraites.
21:20 Le média est là pour vous faire vivre cette lutte de manière quotidienne, sur son plateau,
21:24 sur les piquets de grève en manifestation aux quatre coins de la France, bref, partout
21:28 où il y aura des points levés et des slogans scandés.
21:30 Ils ont des milliards, pour le coup, mais nous sommes des millions.
21:33 Alors abonnez-vous au Média à partir de 5 euros par mois et soutenez à la fois Les
21:37 Luttes et le Média des Luttes.
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21:52 Merci de toujours nous suivre.
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21:57 et sociaux, je vous dis à la semaine prochaine.
21:59 Ciao.
22:10 [Sous-titres réalisés para la communauté d'Amara.org]

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