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Chaque jour, Bruno Donnet regarde la télévision, écoute la radio et scrute les journaux ainsi que les réseaux sociaux pour livrer ses téléscopages. Ce lundi, il s'intéresse au piège tendu par Vovan et Lexus à François Hollande.

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Transcription
00:00 C'est l'heure des télescopages de Bruno Donnet. Bonjour Bruno.
00:02 - Bonjour Philippe.
00:03 - Tous les jours, tous les matins, Bruno, vous observez ici les opérations médiatiques.
00:06 Et ce matin, vous avez choisi de nous parler d'un piège que deux humoristes russes ont tendu à François Hollande.
00:12 - Oui, ils s'appellent Vovan et Lexus et ils se sont spécialisés dans l'art du canular d'ampleur internationale.
00:18 Ils ont déjà piégé le Prince Harry en Grande-Bretagne, mais également le président turc Recep Tayyip Erdogan.
00:23 Et cette fois-ci, ils ont donc jeté leur dévolu sur notre ancien président de la République.
00:28 À nous, François Hollande.
00:29 - Alors, que s'est-il passé exactement ?
00:31 - Eh bien, en utilisant la technique du deepfake, c'est celle qu'emploie par exemple Nicolas Canteloup tous les soirs sur TF1,
00:38 l'un des amuseurs russes s'est fait passer pour l'ancien président ukrainien Petro Poroshenko.
00:43 Il a appelé François Hollande en visioconférence et il a enregistré la séquence.
00:47 - Bonjour monsieur le président, je suis très heureux de te voir, cher François. Comment vas-tu mon ami ?
00:53 - La mystification était techniquement parfaite, François Hollande ne s'est aperçu de rien
00:58 et il s'est donc entretenu pendant près d'un quart d'heure avec un faux Petro Poroshenko.
01:02 - Bonjour Petro, je vais bien mieux que, hélas, la situation en Ukraine.
01:09 - Alors, cette interview, les farceurs russes l'ont enregistrée le 8 février,
01:13 mais ils ne l'ont publiée que jeudi dernier sur le site Dailymotion.
01:17 Et ce sont nos confrères de la rubrique CheckNews du journal Libération qui l'ont découverte, découpée et vérifiée avant hier samedi,
01:23 car figurez-vous que cette séquence-là a posé un très sérieux problème.
01:28 Car cette fausse interview était en fait un vrai guet-apens politique.
01:32 François Hollande n'y a été questionné que sur le conflit ukrainien.
01:36 - Je suis bien sûr, tout ce que vous faites sur place et je suis heureux de pouvoir m'entretenir avec toi de la situation.
01:43 Et au détour d'une petite question...
01:45 - Quand nous avons signé les accords de Minsk, nous savions que la guerre allait se produire.
01:49 - On a voulu faire admettre à l'ancien président que les accords de Minsk avaient en fait été une gigantesque ruse de l'OTAN pour militariser l'Ukraine.
01:56 François Hollande n'a absolument pas répondu oui à la question. Il s'est contenté de rappeler le contexte.
02:02 - Mais tu as raison. Nous nous sommes lisés après Minsk.
02:05 C'est la faute, hélas, de l'absence de pression suffisante du camp européen sur Poutine
02:14 pour qu'il puisse y avoir le retour à l'intégrité territoriale et la fin du séparatisme.
02:20 Et il a employé un "nous" qui le désignait lui et Angela Merkel et en aucune façon l'OTAN.
02:26 Seulement voilà, la vidéo a été déformée, tronquée, coupée sur les réseaux sociaux
02:31 mais également récupérée par plusieurs médias d'État russes
02:34 qui se sont servis d'un petit morceau de phrase pour accréditer l'idée selon laquelle, oui, l'OTAN avait voulu armer l'Ukraine pour faire tomber Poutine.
02:43 C'est nous qui voulions gagner du temps pour permettre à l'Ukraine de se rétablir, de renforcer ses moyens militaires.
02:50 Mais l'affaire ne s'arrête pas là, car en France aussi, un média a joyeusement alimenté la polémique.
02:54 Sud Radio a en effet diffusé une version rabougrie de l'interview dans l'émission d'André Bercov
02:59 qui a traduit dans sa voix les questions du faux Poroshenko.
03:03 - Quand nous avons signé les accords de Minsk, nous savions que la guerre était inévitable
03:07 mais nous avons eu besoin de nous préparer pendant toutes ces années et Angela Merkel l'a déclaré récemment.
03:12 Interrogée avant-hier par nos confrères de Libération qui ont eu la bonne idée de publier l'intégralité du verbatim de l'interview,
03:19 François Hollande a reconnu qu'il avait été floué dans les grandes largeurs et il a expliqué que
03:24 l'imitation, autant physique que vocale, était absolument parfaite, indétectable selon lui.
03:29 Alors, cette affaire pose une nouvelle fois le difficile problème de la technologie
03:33 et de l'utilisation de l'intelligence artificielle dans l'information.
03:37 Car au-delà du canular, c'est bien sûr la question de la propagande qui est ici soulevée par cette séquence falsifiée.
03:43 En Russie, il n'y a pas de check news, plus de médias indépendants pour aller vérifier les informations
03:47 et sur Twitter, ce week-end, Elon Musk lui-même s'est ému des propos de notre François Hollande.
03:54 Les journalistes, cher Philippe, vont avoir de plus en plus de fils à retordre pour ne pas se laisser rembobiner
03:59 et succomber à un nouveau péril qui les guette, les fakes, rien que les fakes.
04:03 Comme il est dans ce studio, je peux vous dire un lundi de Pâques, c'est le vrai Bruno Donnet.
04:06 Merci beaucoup Bruno, à demain.

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