Les Républicains : "Si certains ont une envie de rejoindre la macronie mourante qu’ils le fassent", lance le député Aurélien Pradié

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 Aurélien Pradié, député LR du Lot, sur franceinfo le 11 avril 2023.

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Transcript
00:00 être populaire aujourd'hui en France, il faut être prêt à se fâcher avec son propre camp,
00:03 quitte à l'affaiblir, comme vous l'avez fait en désobéissant à Éric Ciotti sur les retraites,
00:06 et en votant la motion de censure contrairement aux consignes de votre parti.
00:10 Il y a beaucoup d'incohérence dans votre phrase.
00:11 Ai-je vraiment affaibli ma famille politique ?
00:13 Est-ce que, moi et pas moi seul, puisque nous avons été 19 députés à voter la motion de censure,
00:18 est-ce qu'en allant au bout de nos convictions, est-ce qu'en défendant des valeurs auxquelles
00:22 nous croyons, celles des carrières longues par exemple, la valeur du travail et de l'effort,
00:25 est-ce qu'en ne devenant pas les petits télégraphistes d'Emmanuel Macron et sa force d'appoint,
00:30 est-ce que nous avons affaibli notre famille politique ?
00:32 Eh bien moi je crois l'inverse.
00:33 Je pense que nous avons eu un acte salutaire qui n'est pas un acte de frondeur,
00:37 qui est un acte de reconstructeur de notre famille politique.
00:39 Nous sommes à un moment où il faut parfois des femmes et des hommes
00:42 qui secouent le landerneau pour reconstruire l'avenir.
00:46 Le landerneau c'est votre parti.
00:48 Oui mais tout landerneau a besoin d'être secoué parfois.
00:50 Éric Ciotti a besoin d'être un peu secoué parfois.
00:52 Tout le monde a besoin d'être secoué.
00:53 Vous savez qu'à la dernière élection présidentielle, ça ne vous a pas échappé,
00:56 la droite française a fait moins de 5%.
00:57 Elle a été secouée elle aussi.
00:58 Vous pensez qu'on peut passer de moins de 5% à plus de 50% sans se remuer les méninges ?
01:03 Et donc oui, peut-être qu'on a pu perturber, peut-être que j'ai pu secouer un peu ma famille politique,
01:08 mais il n'est pas impossible que plus le temps passe,
01:11 plus beaucoup de mes amis politiques se disent qu'au fond, ce n'était pas plus mal.
01:14 On est allé au bout de nos convictions.
01:16 Je pense que beaucoup de Français qui se sont...
01:17 Des convictions qui sont quand même changeantes.
01:18 Vous pourriez nous permettre Aurélien Pradié,
01:20 il y a trois ans par exemple, vous étiez pour la retraite à 65 ans
01:24 avec un système universel de pénibilité.
01:26 Aujourd'hui, même les 64, ça ne passe pas.
01:28 Non, mais j'ai toujours dit exactement la même chose, pardon.
01:30 Vous m'avez mal compris.
01:31 J'ai toujours dit que je voulais que ceux qui ont commencé à travailler tôt finissent tôt.
01:35 Et vous avez raison de dire qu'à l'époque où nous avons défendu
01:37 une réforme des traites à 64 ou 65 ans,
01:39 il y avait un régime universel de pénibilité que nous proposions
01:42 qui faisait que dès lors qu'on avait atteint la durée de cotisation nécessaire,
01:45 on pouvait partir à la retraite.
01:47 Ce qui n'est pas la même chose que ce que vous réclamez aujourd'hui.
01:49 Aujourd'hui, vous vous battez pour les carrières longues,
01:50 ceux qui ont commencé à 14, 15, 16, 17.
01:53 À l'époque, vous étiez prêt à aller jusqu'à 65.
01:56 Ce ne sont pas les mêmes.
01:56 On peut avoir commencé tôt et ne pas avoir un métier pénible.
01:59 Eh bien, j'ai toujours dit exactement la même chose.
02:01 J'ai dit que celui qui avait commencé à travailler à 16 ans,
02:03 dès lors qu'il avait ses 43 ou 44 annuités de cotisation,
02:06 il devait pouvoir partir à la retraite.
02:07 Ça n'était pas dans la loi que vous avez défendue il y a trois ans ?
02:09 Le régime universel de pénibilité que nous avons défendu à l'époque,
02:12 il arrivait exactement au même résultat.
02:14 Il faisait que lorsque vous avez travaillé plusieurs années en situation pénible,
02:17 vous pouviez partir plus tôt.
02:19 Mais vous voyez bien aussi progressivement que moi,
02:21 comme plusieurs de mes amis, nous reprenons notre liberté.
02:23 Lorsque je suis arrivé en 2017 à l'Assemblée nationale,
02:25 j'étais un jeune député et il était bien normal qu'à cette époque-là,
02:28 je suive la ligne du parti.
02:30 Désormais, nous sommes des acteurs de cette ligne du parti.
02:32 Vous reprenez votre liberté.
02:33 Ça veut dire que le texte que vous avez co-signé il y a trois ans,
02:36 vous ne le souteniez pas ?
02:38 Bien sûr que si, je le soutenais.
02:39 Vous avez repris votre liberté sur quoi ?
02:40 Je vous redis que le régime universel de pénibilité en question,
02:43 il arrivait au même résultat.
02:44 Vraiment, je vous assure, sur cette question de l'âge légal,
02:47 je n'ai pas varié.
02:48 Simplement, je souhaite que ceux qui ont commencé à travailler tôt
02:50 puissent finir tôt.
02:51 Et quand je dis que je reprends ma liberté avec quelques autres,
02:53 c'est que nous nous mettons à réfléchir.
02:55 Lorsqu'on a fait moins de 5% à la présidentielle,
02:56 c'est qu'on a eu faux sur beaucoup de choses.
02:59 On ne va pas persister dans nos erreurs.
03:00 Et donc, on cherche de nouvelles approches de la société.
03:03 Je pense qu'une réforme des retraites, à laquelle je suis favorable,
03:06 qui fait prioriser la durée de cotisation sur l'âge légal,
03:09 c'est la bonne manière de faire.
03:10 Je pense même que la première réforme des retraites d'Emmanuel Macron,
03:13 celle qui consistait à avoir un régime par points,
03:15 était bien meilleure que ce bidule qui nous a été vendu aujourd'hui
03:18 avec un pseudo-rapport de l'âge légal.
03:21 Voilà, tout ce que je vous dis là,
03:23 c'est une manière de reconstruire une droite française
03:25 qui reparle à tous les Français.
03:26 Il y a effectivement une reconstruction de la base du sol au plafond.
03:30 – Elisabeth Borne continue de consulter les différentes forces politiques
03:33 pour essayer de sortir de la crise.
03:34 Du moment où aujourd'hui, c'est Marine Le Pen qui a reçu un matignon.
03:38 Est-ce que c'était elle la grande gagnante de la séquence ?
03:41 – Personne n'a gagné dans cette séquence.
03:44 Je pense qu'un des grands dangers du moment,
03:46 c'est l'accoutumance que nous avons à la fracturation de notre pays.
03:50 J'ai rarement vu un pays aussi fracturé.
03:53 Le jeu politique consiste aujourd'hui à dresser des camps contre les autres.
03:56 Chacun s'en satisfait d'une certaine manière.
03:58 L'extrême droite s'en satisfait, l'extrême gauche aussi.
04:01 Le gouvernement probablement aussi, Emmanuel Macron,
04:03 se satisfait de voir ce pays dans lequel il n'y a plus aucune cohésion nationale.
04:07 Et moi, je suis extrêmement frappé de voir le champ de ruines
04:10 aujourd'hui dans lequel notre société se trouve.
04:13 Personne ne gagne à cela, ni Marine Le Pen ni les autres.
04:16 – Concrètement, quand on voit les sondages du moment, si elle y gagne,
04:18 s'il y avait des élections législatives demain, elle gagnerait encore plus de députés.
04:25 Vous n'avez pas, quelque part, permis de la crédibiliser un peu plus ?
04:28 Parce que vous, vous vous êtes affichée divisée,
04:30 vous avez attaqué votre propre camp.
04:32 Elle, elle s'est affichée avec unité, avec ses députés,
04:35 avec une ligne et un message pendant tous les débats.
04:38 – Non, elle ne s'est pas du tout affichée pendant tous les débats,
04:40 elle s'est planquée pendant tous les débats.
04:42 Excusez-moi, mais j'ai assisté à tous les débats,
04:44 et si nous avons été quelques-uns à monter au créneau sur les carrières longues,
04:47 sur les pensions de retraite minimales,
04:48 Marine Le Pen et ses députés sont restés planqués.
04:51 Vous les avez entendus une seule fois ?
04:53 Vous les avez entendus vraiment défendre les Français ?
04:55 Ils sont restés tapis dans l'ombre en attendant que le fruit pourri tombe.
04:58 Ça, ce n'est pas défendre les Français.
05:00 Et pour le reste, je pense que la position
05:02 que nous avons été quelques-uns à tenir est une position salutaire, à droite.
05:05 Je pense que si nous avions cédé à Emmanuel Macron,
05:08 nous aurions en effet renforcé Marine Le Pen.
05:10 Pourquoi ?
05:11 Parce qu'il n'est pas possible d'abandonner la voix du peuple français
05:14 à Marine Le Pen et à Jean-Luc Mélenchon.
05:16 Et lorsque nous avons été quelques-uns chez Les Républicains à lever le drapeau
05:19 et à dire "non, nous n'allons pas devenir la béquille d'Emmanuel Macron",
05:22 je pense en réalité qu'on a beaucoup dérangé Marine Le Pen.
05:25 Si demain, Les Républicains deviennent les second couteau d'Emmanuel Macron,
05:29 alors on laisse un boulevard à Marine Le Pen et à Jean-Luc Mélenchon.
05:33 Il faut que la droite aille à la reconquête de la voix du peuple français.
05:36 Sauf que c'est un problème de positionnement chez vous.
05:38 Une tribune, encore ce matin, publiée dans le Figaro,
05:41 une tribune signée par vos collègues Les Républicains,
05:44 demande à ce qu'Emmanuel Macron nomme un Premier ministre
05:47 issu de vos rangs, Les Républicains.
05:49 Enfin, quelques collègues, je crois qu'ils sont quatre députés.
05:52 On est plus de 60 députés, vous voyez, ça ne fait quand même pas une majorité.
05:56 Mais je vais vous dire les choses comme je les pense, maintenant ça suffit.
05:58 Ça commence à bien faire cette histoire.
06:00 Si certains ont une envie profonde de rejoindre Emmanuel Macron
06:04 et la Macronie mourante, qu'ils le fassent.
06:06 Mais qu'ils cessent d'habiller derrière des grands principes
06:09 de défense de l'intérêt général, d'apaisement du pays,
06:12 cette idée d'obtenir un poste dans un gouvernement.
06:14 Et je le dis vraiment avec beaucoup de sérieux à mes amis politiques.
06:17 Si demain, nous nous effaçons derrière Emmanuel Macron,
06:20 alors les seuls repères qui existeront encore dans notre pays,
06:23 ce sera l'extrême droite et l'extrême gauche.
06:25 Et lorsque la droite républicaine tient bon, lorsqu'elle redevient impopulaire,
06:28 en réalité je peux vous assurer qu'elle dérange beaucoup
06:31 les petites affaires de Marine Le Pen en particulier.
06:33 – Vous faites partie de ceux qui réclament le départ d'Elisabeth Borne ?
06:36 – Pas du tout, je n'ai pas réclamé le départ d'Elisabeth Borne.
06:38 – Vous avez voté la motion de censure pour la renverser.
06:41 – Mais bien sûr, mais la motion de censure n'a pas été adoptée,
06:43 je suis un démocrate.
06:44 – Oui, vous ne connaissiez pas le résultat avant de la…
06:46 – Mais si la motion de censure avait été adoptée…
06:47 – Ce n'était pas une motion pour renverser Elisabeth Borne.
06:49 – Mais bien sûr que si, mais elle n'a pas été adoptée la motion de censure.
06:51 – Je repose ma question, vous faites partie de ceux qui souhaitent,
06:54 qui auraient souhaité le départ d'Elisabeth Borne,
06:56 mais pour la remplacer par qui ?
06:58 – Probablement que le sujet n'était pas profondément là d'ailleurs,
07:01 et je l'ai dit assez souvent,
07:03 j'ai dit que la motion de censure ce n'était pas une faim en soi,
07:05 on aurait pu remplacer Elisabeth Borne par un autre gouvernement,
07:07 ça n'aurait rien changé, lorsque nous votons la motion de censure,
07:10 c'est parce que nous avons été privés de vote à l'Assemblée Nationale,
07:13 sur la question de la réforme des retraites,
07:14 et que Elisabeth Borne elle-même a dit,
07:16 la motion de censure c'est l'avis qui sera rendu sur la réforme des retraites,
07:19 voilà pourquoi j'ai voté la motion de censure,
07:21 par cohérence du combat que j'avais mené.
07:23 – Donc c'était une motion de censure de la loi sur les retraites ?
07:25 – Et du gouvernement d'Elisabeth Borne,
07:27 évidemment, mais je le redis, changer Elisabeth Borne par Madame Borne bis,
07:31 ça ne changera rien, le vrai fond de l'affaire aujourd'hui,
07:34 c'est la manière dont Emmanuel Macron préside le pays.
07:37 – Vous êtes intransférable,
07:38 si Emmanuel Macron vous appelle demain pour Matignon ou pour autre chose,
07:42 c'est non et ça ne changera jamais,
07:44 quelles que soient les conditions politiques du moment.
07:46 – Est-ce que vous vous rendez compte des mots que nous employons désormais
07:49 pour qualifier notre vie politique ?
07:52 Est-ce que je serai transférable, comme un joueur de football qu'on achèterait ?
07:57 Enfin, c'est un peu plus que ça la politique.
07:59 Moi j'ai des divergences de fond avec le projet politique d'Emmanuel Macron,
08:02 je ne supporte plus cette période dans laquelle,
08:05 au fond, les politiques sont interchangeables,
08:07 où plus rien ne vaut vraiment.
08:08 Et donc je dis, je n'ai pas plus de moralité que les autres,
08:11 je ne suis pas un héros, mais je dis simplement
08:12 que le projet politique d'Emmanuel Macron n'est pas le mien
08:14 et qu'il n'y a donc aucune raison que pour avoir un gyrophare sur ma voiture,

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