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De retour de son voyage en Chine , Emmanuel Macron a accordé un entretien aux Échos. Il y plaide pour un Europe qui ne soit pas dans le suivisme vis-à-vis des États-Unis, une Europe qui pense son indépendance stratégique.

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Transcription
00:00 Il a récidivé. Eh oui, Emmanuel Macron a fâché tout le monde.
00:06 Alors sur un sujet où le moins qu'on puisse dire est que finalement ça n'est pas totalement
00:11 illégitime. Mais les atlantistes du monde entier sont fou furieux. Eh oui, Emmanuel
00:18 Macron revient de Chine et dans un entretien accordé aux échos, il a esquissé sa vision
00:27 de la place de l'Europe dans ce choc des empires entre les Etats-Unis et la Chine.
00:33 Et Emmanuel Macron, dans la continuité des prises de position qui ont été les siennes
00:39 sur la question ukrainienne, a expliqué qu'il n'était pas de l'intérêt de l'Europe
00:46 d'être suiviste sur la question de Taïwan et surtout qu'il ne serait pas dans l'intérêt
00:53 des Européens qu'il y ait une accélération sur le sujet. Concrètement, ça veut dire
00:58 quoi ? Une accélération sur l'autonomisation de Taïwan qui, il faut peut-être le rappeler,
01:07 est encore officiellement, selon l'ONU, une simple partie de la Chine. Sauf que ce
01:12 discours est évidemment inacceptable pour tous ceux qui considèrent que nous sommes
01:18 engagés dans une lutte des démocraties, le camp du bien, contre le camp du mal, les
01:23 autocraties. La tentative d'Emmanuel Macron de faire entendre une sorte d'autonomie,
01:30 une posture gaullienne, semble une trahison, voire une forme de collaboration avec les
01:37 tyrans de ce monde. Alors il faut bien avouer que ça tombe mal, dans la mesure où à peine
01:43 Emmanuel Macron était-il parti de Chine, que Xi Jinping s'est payé le luxe de trois
01:50 jours de manœuvre d'encerclement de Taïwan. Ça sonnait un peu comme une humiliation.
01:55 Alors évidemment, ce n'était pas contre Emmanuel Macron, enfin en tout cas pas officiellement,
02:00 il s'agissait de répondre à la visite de la présidente taïwanaise aux Etats-Unis.
02:05 C'est pain béni pour tous ceux qui veulent expliquer que Macron serait en fait prisonnier
02:12 de sa bienveillance vis-à-vis d'une Chine qui serait elle dans une posture guerrière.
02:18 Mais de fait, Xi Jinping a toujours annoncé la couleur. Taïwan fait partie de la Chine
02:24 et doit rejoindre pleinement la Chine, quel que soit le délai. A ceci près que jusqu'à
02:31 présent, la Chine était plutôt dans une posture de long terme, mais la dimension guerrière
02:39 a tendance à prendre de l'ampleur au fur et à mesure que les officiels américains,
02:44 pas encore la Maison Blanche, mais le Congrès dans toutes ses dimensions, flattent les tentations
02:52 autonomistes taïwanaises en expliquant que Taïwan est le poste avancé de la démocratie.
02:57 Alors il y a plusieurs problèmes en fait dans cette histoire. Premier problème, pourquoi
03:03 est-il impensable, même en France, de faire entendre une position qui, pendant des décennies,
03:11 a semblé une évidence pour les français, à savoir que nous n'étions pas un Féodé
03:16 aux Etats-Unis ? Même venant d'Emmanuel Macron. Alors peut-être surtout venant de
03:20 lui, lui qui s'était fait élire en 2017 en séduisant justement tous les atlantistes
03:25 favorables à la mondialisation américaine. Tout à coup, ils ont l'impression d'être
03:31 mis à contre-pied, c'est normal. Mais il y a de toute façon, dans le milieu médiatico-politique
03:37 français, une forme de béatitude vis-à-vis des Etats-Unis qui interdit toute vision un
03:46 petit peu rationnelle et qui considère que expliquer l'idée d'une troisième voie
03:51 est déjà de la haute trahison. Alors à côté de ça, les prises de position ailleurs
03:58 en Europe ne sont pas étonnantes. On a surtout entendu la CDU allemande, la Pologne, c'est-à-dire
04:03 les alliés objectifs de Washington et ceux même qui, en général, sont plus atlantistes
04:09 que Washington, qui considèrent qu'il ne peut pas exister d'Europe en dehors du
04:13 parapluie américain. Parce que les américains, eux, ont été un petit peu plus prudents.
04:17 La Maison Blanche s'est gardée de pousser les hauts cris. Il s'agit de faire croire
04:23 que bien entendu, ça ne pose aucun problème qu'on se détache un petit peu des Etats-Unis.
04:27 Après, on n'est pas dupes. La Maison Blanche, de toute façon, considère que la France
04:32 n'a absolument pas les moyens de ce discours de souveraineté et d'autonomie. Et que
04:39 donc, ça n'est peut-être pas très grave de laisser Emmanuel Macron s'agiter. Et
04:43 de fait, il est toujours revenu dans le giron. Donc ce discours consistant à enjoindre les
04:50 Européens à plus de prudence n'ira pas très loin. De toute façon, le dernier rapport
04:56 de l'OTAN avant l'invasion ukrainienne avait donné le la. Les Etats-Unis avaient
05:03 imposé deux paragraphes qui concernaient la Chine, dans le rapport sur l'organisation
05:10 du traité de l'Atlantique Nord. C'était un petit problème. Emmanuel Macron était
05:14 vent debout contre ces deux paragraphes qui, de fait, attiraient l'Europe dans la guerre
05:22 commerciale que les Etats-Unis menaient contre la Chine. Il a perdu l'arbitrage. Et c'est
05:28 bien le pari des Américains. Emmanuel Macron perdra toujours les arbitrages car la France
05:33 n'a pas les moyens de cette souveraineté qu'elle prétend défendre. L'enjeu est
05:39 donc là. Comment peut faire la France pour que ce discours ne soit pas simplement une
05:47 posture dans un monde où les grands n'ont pas grand-chose à faire d'avoir ce petit
05:55 pousset qui prétend exister par lui-même ?

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