SMART BOURSE - Emission du jeudi 13 avril

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Jeudi 13 avril 2023, SMART BOURSE reçoit Stanislas de Bailliencourt (Gérant, Sycomore Asset Management) et Jean-Jacques Ohana (Consultant indépendant - Membre du Board, Ai For Alpha)

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00:00 C'est reparti pour Smartbourse, votre double dose quotidienne de marché en direct sur
00:12 Bismarck, chaque jour à la mi-journée, 12h30-13h et en fin d'après-midi la grande édition
00:16 pendant 1h à partir de 17h, rediffusée à 20h sur Bismarck TV, émission que vous retrouvez
00:21 chaque jour en replay sur Bismarck.fr et en podcast sur l'ensemble de vos plateformes.
00:25 Au sommaire de cette édition de la mi-journée, LVMH, taille patron qui s'impose comme la
00:31 star mondiale du luxe, une position que LVMH détient déjà depuis longtemps et qui se
00:37 confirme avec la publication de la croissance trimestrielle des ventes de LVMH.
00:41 Une croissance organique de 17%, largement au-delà des attentes des analystes.
00:47 La division mode et maroquinerie la plus importante pour LVMH avec les marques Louis Vuitton ou
00:52 encore Christian Dior affiche une croissance de 18% même sur ce premier trimestre 2023
00:58 dont environ 20% de croissance sur le marché chinois après la réouverture sanitaire
01:05 initiée en Chine en fin d'année dernière.
01:07 Bref, tout va bien pour LVMH, y compris sur le plan boursier puisque le titre progresse
01:13 largement aujourd'hui de plus de 4% à mi-séance.
01:17 LVMH qui gagne désormais quasiment 30% depuis le 1er janvier et qui met évidemment le CAC
01:23 40 sur orbite.
01:25 Tout le secteur du luxe est entraîné par LVMH et quand on prend les 4 fantastiques
01:29 LVMH, Hermès, Kering, L'Oréal, on compte pour 20-25% peut-être de poids au sein de
01:36 l'indice parisien et donc le CAC 40 continue de se distinguer favorablement par rapport
01:42 à d'autres indices mondiaux et européens.
01:44 On le voit aujourd'hui avec une hausse de 1% à la Bourse de Paris quand les autres
01:48 marchés sont beaucoup plus mitigés à ce stade en Europe.
01:51 Le CAC 40 qui bat ainsi de nouveau record à plus de 7450 points.
01:56 Largement désormais on est arrivé à monter jusqu'à 7481 points précisément au démarrage
02:03 de cette séance parisienne.
02:05 Voilà donc pour la toile de fond du moment sur les marchés.
02:08 Autre mouvement notable du côté des devises, c'est l'euro qui franchit le seuil de 1
02:14 dollar 10 et qui semble s'affranchir même peut-être désormais de ce seuil de 1 dollar
02:19 10 conséquence d'une réserve fédérale américaine qui aura sans doute beaucoup moins
02:22 d'appétit pour continuer de monter ses taux au-delà de sa prochaine réunion fixée
02:26 les 2 et 3 mai prochains quand le marché estime que la Banque Centrale Européenne
02:30 sera elle sans doute condamnée à continuer de monter encore ses taux au-delà de sa
02:35 prochaine réunion du mois de mai.
02:38 Donc le différentiel, la divergence va sans doute se creuser entre la Fed et la BCE à
02:43 partir du mois de mai et l'euro/dollar l'anticipe donc avec un niveau au-delà de 1.10 aujourd'hui.
02:48 Deux invités en plateau avec nous pendant cette demi-heure pour évoquer les sujets
03:02 macro et de marché du moment.
03:04 Stanislas Debaillancourt, gérant chez Sycomore Asset Management.
03:07 Bonjour et bienvenue Stanislas.
03:08 Bonjour.
03:09 Et Jean-Jacques Oana avec nous également en plateau, consultant indépendant et membre
03:12 du board de la fintech AI4Alpha.
03:14 Bonjour Jean-Jacques.
03:15 Bonjour Grégoire.
03:16 Je commence avec vous Jean-Jacques dans le sillage du rapport mensuel sur l'inflation
03:20 aux Etats-Unis pour le mois de mars qui a été publié hier.
03:23 La question est est-ce que la Fed a remporté la bataille contre l'inflation ?
03:28 Alors il est de bon ton de le dire.
03:31 Je rappelle que l'inflation globale était à 9% en annuel sur une année glissante en
03:39 2022, mi-2022 et qu'aujourd'hui on est à 5%.
03:43 Et donc quand on observe la dynamique de l'inflation sur les derniers mois, en fait il est de bon
03:50 ton de dire que ça y est on a gagné.
03:52 Il y a certains indicateurs qui peuvent l'étayer, je vais les parcourir un peu pour finalement
03:59 comprendre cette thèse.
04:00 On a vaincu l'inflation.
04:01 Le deuxième indicateur qu'on pourrait voir aussi c'est que certes l'inflation cœur
04:08 ralentit moins, elle est un peu plus élevée, elle est un peu plus persistante mais elle
04:12 est à 5,9%.
04:13 Donc là aussi on a un ralentissement.
04:14 5,6% je crois.
04:17 Oui, oui tout à fait.
04:18 On en est à chercher quand même les dixièmes aujourd'hui.
04:22 Exactement, on en est là.
04:24 Et puis on a d'autres indicateurs comme la baisse des agrégats monétaires.
04:29 Par exemple l'indicateur M2 d'agrégats monétaires à peu près, pas tout à fait global mais
04:35 assez global aux Etats-Unis, est à -2,5% sur une année glissante.
04:40 C'est le plus bas niveau depuis l'après-guerre.
04:42 Et donc cela reflète aussi le fait que finalement les banques commerciales américaines ont
04:50 été touchées par l'alerte de crise financière qu'on a connue début mars avec les faillites
04:59 simultanées de deux banques américaines, SVB et Signature Bank, plus la faillite et
05:06 le sauvetage de ces banques et des déposants, le sauvetage de crédit suisse en Europe.
05:12 Et bien finalement cette alerte de crise financière annonce, augure, un resserrement du crédit.
05:20 Donc le resserrement du crédit, la baisse des agrégats monétaires, la baisse de l'inflation
05:27 récente sur les derniers mois, laisse penser qu'on a gagné, que les banques centrales
05:34 et notamment la Fed, qui est peut-être précurseur dans le cycle par rapport à la Banque Centrale
05:38 Européenne, ont gagné leur lutte contre l'inflation.
05:41 Et puis ce qui est assez intéressant c'est que maintenant on peut regarder l'antithèse
05:49 de ce constat et finalement de voir qu'il y a des indicateurs qui nous laissent penser
05:55 que l'inflation pourrait durer, pourrait s'inscrire dans la durée et non pas revenir
05:59 facilement à 2%.
06:00 Le premier indicateur c'est finalement les matières premières.
06:05 Et là-dessus on voyait que l'or, les métaux précieux étaient repartis à la hausse, qui
06:11 finalement nous disent que les banques centrales peut-être arrivent en fin de cycle sur la
06:17 hausse de taux.
06:18 Je parle principalement de la Réserve Fédérale, sur la BCE c'est un peu moins le cas, mais
06:22 sur la Réserve Fédérale on va dire qu'ils sont en avance et finalement ils auraient
06:25 été au terme de leur resserrement monétaire.
06:30 Et bien compte tenu de ce constat, ce qu'on voit c'est la hausse des métaux précieux,
06:39 l'or au-dessus de 2 000 $, la hausse aussi d'autres métaux précieux et puis on pourrait
06:44 même parler dans un contexte plus général de la hausse des autres monnaies alternatives,
06:49 le bitcoin aussi qui est à 30 000 $, qui est revenu et qui s'inscrit dans une défiance
06:56 géopolitique pour le dollar, j'allais dire, et de manière générale pour les devises
07:00 fiduciaires, c'est-à-dire une recherche d'alternative.
07:03 Donc on ne va pas développer ce constat mais il est important.
07:07 Et le bond de l'or ou des cryptos et du bitcoin coïncide effectivement parfaitement avec
07:13 l'accident SVB, est-ce que ça a déclenché comme anticipation d'un statu quo ou d'une
07:17 pause imminente de la réserve fédérale américaine ?
07:20 Donc il y a l'argument monétaire, premier argument.
07:22 Deuxième argument, il y a l'argument des matières premières sur le physique.
07:26 Et là il y a eu un tournant, c'est la décision de l'OPEP+ de réduire sa production de 1
07:33 million de paris le jour, ça a permis au pétrole de regagner 10 $ à peu près, dans
07:39 toute la séquence puisqu'on n'était pas loin finalement de casser des niveaux vraiment
07:44 techniques préoccupants sur le pétrole qui était finalement concomitant avec ce qu'on
07:49 connaît des autres récessions, c'est-à-dire le pétrole comme en 2008 en fait.
07:53 Le pétrole finalement part en baire marquette et avec dans un scénario très déflationniste.
08:00 Et bien on vient d'écarter ce scénario puisque finalement dans cette politique non-coopérative,
08:07 on peut la qualifier comme telle, et bien finalement on a le pétrole qui revient pas
08:13 loin des 90 $ en Europe, le Brent est à 88 $.
08:17 Et au-delà même du pétrole on peut dire que finalement les métaux de base résistent
08:21 bien, on voit que le cuivre se comporte pas trop mal, on voit que les matières premières
08:26 agricoles n'ont pas fini leur marché haussier, je pense notamment au soja qui est assez précurseur.
08:33 Et donc si on met dans une perspective l'ensemble des matières premières, je mets le gaz
08:37 naturel de côté qui est un cas vraiment particulier, et bien finalement on a un scénario
08:43 qui est plutôt haussier, un alignement des planètes plutôt favorable à l'ensemble
08:48 des matières premières sur le physique.
08:49 Donc ça c'est le deuxième argument, l'argument des matières premières, l'argument physique.
08:55 Et finalement le troisième argument c'est de dire que, de regarder ce qui se passe sur
09:01 le marché de l'inflation, des obligations d'indexation à l'inflation.
09:04 Et là encore on a le 5 ans dans 5 ans qui est l'inflation à long terme anticipée par
09:10 le marché qui reste élevée et qui n'a pas récédé malgré les indicateurs économiques
09:17 plutôt encourageants.
09:18 Ce qui veut dire que finalement les anticipations du marché s'ancrent sur une inflation largement
09:24 sur le long terme, largement supérieure à 2.
09:26 On va dire que l'inflation à long terme elle est plutôt 3 que 2.
09:29 Dit autrement, une majorité d'investisseurs pensent que la Fed n'ira pas jusqu'à ramener
09:36 l'inflation à 2% strictement comme elle le laisse entendre aujourd'hui.
09:41 C'est probablement le message que nous envoient les marchés monétaires comme les devises
09:49 alternatives, l'or, le bitcoin, également les marchés de matières premières, c'est
09:56 que finalement les banques centrales n'ont pas gagné leur bataille contre l'inflation.
10:01 Les banques centrales sont confrontées à un trilème d'incompatibilité qu'on va
10:05 décrire et qui est complexe à résoudre.
10:08 Le premier objectif c'est la lutte contre l'inflation.
10:13 Le deuxième objectif c'est finalement instaurer, enfin réussir à obtenir un atterrissage en
10:22 douceur de l'économie mondiale.
10:24 Donc pas une récession forte mais une récession douce.
10:29 Et le troisième objectif c'est assurer la stabilité financière.
10:34 Et on a vu que cet objectif était important.
10:37 Il n'y a pas de stabilité des prix sans stabilité financière.
10:42 Absolument.
10:43 Et on voit que c'est un trilème d'incompatibilité, qu'elles devront sacrifier un des deux objectifs.
10:49 C'est l'inflation ou la croissance.
10:51 Et maintenant ils sont dos au mur.
10:53 C'est ça finalement le message de l'or sur les marchés.
10:58 C'est que les banques centrales sont dos au mur.
10:59 L'un des deux objectifs va être sacrifié.
11:02 Et le marché semble parier finalement sur le sacrifice de l'inflation au bénéfice
11:09 d'une croissance un peu plus élevée que celle qui aurait été obtenue en allant jusqu'au
11:15 bout de l'objectif de la lutte contre l'inflation.
11:18 Le marché imagine que c'est la meilleure option possible, que c'est la manière optimale
11:25 de résoudre ce triangle d'incompatibilité.
11:28 Une inflation qui serait peut-être 3% autour plutôt que 2.
11:33 C'est le principe de réalité.
11:34 Mais pas supérieur à 4.
11:35 Ce qui s'est passé finalement quand il y a eu les faillites successives américaines
11:39 puis le sauvetage de Crédit Suisse, c'est qu'on a eu une réinjection monétaire des
11:47 banques centrales et surtout de la Fed.
11:49 Et on a vu les bilans de la Fed réaugmenter de manière vraiment significative.
11:55 Parce que les banques venaient demander de la liquidité.
11:56 Absolument.
11:57 Je sais que les conséquences sont les mêmes que le gonflement du bilan laisse penser que
12:01 ça peut être...
12:02 Ce n'est pas l'intention d'un QI.
12:04 Mais le résultat est le même.
12:05 Voilà, le résultat est le même.
12:07 Et c'est ça qu'il faut retenir finalement.
12:09 Et c'est ce que le marché des métaux précieux ont retenu.
12:12 C'est que finalement, le principe de la réalité amène les banques centrales à sacrifier un
12:22 objectif du Trilemme, à savoir la lutte contre l'inflation.
12:26 Alors cependant, le marché obligataire qui a des anticipations de baisse de taux extrêmement
12:33 ambitieuses j'allais dire, aux Etats-Unis, pour l'année qui vient, même en Europe,
12:38 avec des inversions de courbe qui sont vraiment très importantes.
12:41 Aux Etats-Unis, on est sur une inversion de courbe qui est à peu près, en tout cas
12:44 sur le court terme, qu'on n'a pas vu depuis 40 ans, et bien sont ambitieuses, sont trop
12:49 ambitieuses.
12:50 C'est-à-dire que les banques centrales seront amenées finalement à ajuster à des petits
12:55 ajustements monétaires de 25 points de base, des petits réglages monétaires.
13:00 Mais aujourd'hui, ne pourront pas baisser les taux.
13:04 On ne renversera pas les hausses de taux ?
13:06 Absolument pas.
13:07 C'est ce que nous disent aussi finalement, c'est ce que nous disent les indicateurs de
13:10 baisse du dollar aujourd'hui, de défiance sur le dollar, et de hausse des matières
13:14 premières.
13:15 Pour conclure, et avant de passer la parole à Stanislas dans la deuxième séquence, est-ce
13:18 que ce n'est pas le scénario le plus market positive possible ?
13:22 Alors à court terme, oui.
13:25 D'ailleurs, c'est ce qu'on voit sur les marchés boursiers.
13:29 Finalement, on voit des marchés boursiers qui, de manière, c'est vrai pour l'instant,
13:36 de manière disparate applaudissent ce scénario.
13:38 Vous l'avez rappelé avec un CAC 40 qui est en tête de toutes les bourses mondiales et
13:45 notamment européennes, avec les marchés européens qui sont leaders, une fois n'est pas coutume.
13:51 Des marchés dollarisés qui s'en sortent bien, tout simplement parce que la baisse
13:58 du dollar les favorise.
13:59 Et donc, on pourrait avoir finalement un bon comportement des marchés émergents, au moins
14:05 en devise dollar, du fait de la baisse du dollar.
14:09 Et puis finalement, une reflation des actifs qui provient de l'impulsion des matières
14:17 premières.
14:18 Donc oui, à court terme, un scénario plutôt favorable aux actifs risqués avec cependant
14:26 des alertes sur l'immobilier, sur les actifs illiquides, peut-être aussi sur les crédits
14:31 bancaires qui resteront à surveiller et qui ne manqueront pas d'intervenir, mais de manière
14:39 différée.
14:40 Merci beaucoup Jean-Jacques.
14:41 Jean-Jacques Oana, consultant indépendant, membre du board de la fintech et AI4Alpha
14:45 qui était avec nous en plateau pendant cette demi-heure.
14:47 Stanislas de Bayancourt, gérant chez Sicomora, je vous laisse réagir bien sûr à cette
15:05 question.
15:06 Est-ce que la Fed a définitivement vaincu l'inflation ? Et comment est-ce qu'on se
15:10 projette, partant de ce qui s'est passé au mois de mars et qui a profondément changé
15:13 quand même peut-être la psychologie du marché ?
15:15 Je pense qu'il y a deux points importants.
15:17 Le premier c'est qu'elle n'a pas du tout définitivement gagné la bataille et on le
15:21 voit bien dans les chiffres d'inflation cœur qui restent très élevés.
15:24 Ça c'est le premier point.
15:26 Mais, vous l'avez cité, les faillites bancaires du mois de mars ont laissé des traces parce
15:32 qu'on ne monte pas les taux sur 12-14 mois aussi violemment sans qu'il y ait d'effet
15:37 secondaire.
15:38 En particulier quand on a un système bancaire pour toutes les banques de rang 2, c'est-à-dire
15:42 la sortie des 4 ou 5 grandes banques américaines qui est assez peu régulée, en tout cas beaucoup
15:46 moins régulée qu'en Europe.
15:47 Et donc ça mécaniquement, ça calme un peu le jeu pour la Fed et ça limite sa capacité
15:53 à avoir son peak rate à un niveau trop élevé.
15:56 Peut-être encore une heure hausse mais probablement ça devrait s'arrêter là.
15:59 Mais la vraie question ce n'est pas où est le niveau à 25 points de basse presse, c'est
16:03 combien de temps on va y rester à ce plateau élevé.
16:05 Et là je pense que les marchés font la lecture de la politique de la Fed.
16:10 Jean-Jacques l'a très bien dit, il y a un choix entre arbitrage, croissance contre
16:14 inflation.
16:15 Et comme depuis 10 ou 12 ans, depuis 2008, systématiquement le choix à la fois budgétaire
16:20 pour les Etats et monétaire par les banques centrales a été le choix de la croissance
16:24 contre celui de l'inflation ou de l'orthodoxie classique monétaire, les marchés gardent
16:29 cette lecture avec une mémoire assez courte.
16:30 Il y a quand même eu là un épisode marquant, c'est que l'inflation est partie vraiment
16:35 hors de contrôle.
16:36 Et de ce point de vue là, je pense que pour les banquiers centraux ça va quand même
16:40 les marquer, en particulier en zone euro.
16:43 Et ils n'auront pas les mêmes comportements dans le cycle à venir que dans le cycle passé.
16:48 Et c'est probablement à mon avis l'erreur que font les marchés aujourd'hui, c'est d'extrapoler
16:51 beaucoup trop rapidement des baisses de taux au moindre ralentissement.
16:54 D'ailleurs ralentissement qui tarde à venir, puisque la récession américaine, quand on
16:59 voit tous les économistes de grandes banques etc. l'attendaient pour la fin du Q1, c'est-à-dire
17:02 maintenant ou début de Q2.
17:03 A chaque fois c'est le trimestre qui y arrive.
17:05 On voit que les premiers signes de ralentissement dans les ISM sont là, mais ne sont pas violemment
17:11 là.
17:12 On voit que le marché de l'emploi commence à s'équilibrer, mais tout en gardant un
17:15 taux de chômage assez bas.
17:16 Ça reste assez graduel, progressif.
17:18 C'est progressif.
17:19 Ça va toucher davantage certains secteurs, l'immobilier avec des taux qui montent très
17:22 fort, l'automobile avec, quand vous faisiez un leasing avec un crédit à zéro et un
17:26 crédit à 5 ou à 5,5, c'est plus du tout le même coût de voiture sur 3 ou 4 ans.
17:31 Donc ça va commencer à impacter et donc à ralentir.
17:33 Mais pas de manière, pas de cassure violente.
17:36 Et pour les banquiers centraux, et on le voit bien avec ce qu'a dit François Villeroy
17:41 de Gallo hier à Washington, il y a quand même l'inflation qui reste un point important.
17:46 Et en tout cas en zone euro, on a une courbe qui est très inversée.
17:48 Je pense qu'on va rester plus longtemps que ce qu'on dit ici sur le marché sur un plateau
17:54 assez élevé de taux d'intérêt.
17:55 C'est le put, la protection des banques centrales historiques qu'on a tous en tête.
18:00 Elle est beaucoup plus éloignée, le niveau est beaucoup plus éloigné que ce qu'on
18:03 a aujourd'hui.
18:04 La barrière activante de l'intervention va être plus loin maintenant.
18:08 Et ils sont tous prêts à accepter un niveau de douleur économique, et ça a été très
18:12 clairement dit par la Fed depuis 6 mois maintenant, un niveau de douleur économique avant d'intervenir
18:16 plus loin que par le passé, où finalement au moindre soubresaut, on intervenait.
18:21 Comment réfléchir à la question de savoir comment est-ce que l'intensification du
18:26 credit crunch qu'on a tous en tête, sachant que le durcissement des conditions de crédit,
18:30 comme on l'a évoqué, avait commencé déjà avant le choc SVB, et en Europe, et aux Etats-Unis,
18:37 les conditions se durcissaient déjà.
18:38 Mais voilà, la question c'est, est-ce que ça peut être à un moment une rupture,
18:42 un espèce de choc un peu soudain où tout s'arrêterait, credit crunch, ou est-ce que
18:47 c'est un resserrement qui va s'intensifier mais qui restera graduel ?
18:50 Il y a plusieurs composantes dans le financement, les banques en sont une, et c'est probablement
18:54 la composante la plus régulière, notamment en Europe, parce que du fait de la régulation,
18:59 on a des réserves suffisantes, une capacité à prévoir.
19:01 En revanche, dans la partie plus volatile du financement, que ce soit les marchés obligataires
19:06 ou tout le shadow banking, là on peut avoir des coupures un peu plus franches, et donc
19:10 certains secteurs très liés, dont les valorisations sont très liées au financement, par exemple
19:14 l'immobilier, sont beaucoup plus à risque là-dessus.
19:17 Et aussi entre zones géographiques, la situation n'est pas la même, on a probablement un
19:21 secteur bancaire plus robuste en Europe, en tout cas en Europe continentale, en dehors
19:26 de la Suisse, et sur la partie américaine, on va aller vers beaucoup plus de régulation,
19:34 c'est le sens de l'intervention de Jamie Dimon la semaine dernière.
19:36 Les grandes banques américaines avaient déjà une réglementation et une régulation différentes
19:40 des banques régionales, clairement ça va converger sur le point des grandes banques,
19:44 et la Fed s'est un peu fait prendre là sur SBB, et donc ça va aussi bouger de ce côté-là,
19:50 et c'est plutôt de nature à freiner.
19:52 Bien sûr, là il y a une longue séquence de restructuration et réglementation du secteur
19:55 bancaire devant nous aux Etats-Unis.
19:57 Ça va réjustre un petit peu l'accès aux crédits.
19:58 Ça veut dire, du point de vue des marchés, et c'était le sujet qu'on abordait avec
20:06 Jean-Jacques, est-ce qu'on est encore dans un équilibre qui permet d'être constructif ?
20:12 On le voit sur quand même les actifs risqués.
20:15 La détente post-SBB a non seulement été rapide, mais très forte.
20:20 Elle aura été forte.
20:21 Le VIX est à moins de 20.
20:22 L'intervention publique a été rapide, assez bien ciblée.
20:25 Je pense que ce qui a été fait était très bien.
20:27 Deuxièmement, on voit que les entreprises ne montrent pour le moment aucun signe de
20:32 difficulté, et j'irais même au contraire, les marches sont au pic, ce qui est assez
20:37 rare après une période de très forte inflation.
20:39 Donc elles ont fait plus que passer les mesures.
20:41 C'est même l'inverse.
20:42 C'est grâce à l'inflation que les marches sont au pic sans doute.
20:45 Je sais pas si c'est grâce, si c'est parce qu'il y avait déjà un climat de départ
20:47 assez favorable du fait des stocks, notamment chez les consommateurs, fait pendant la période
20:52 de Covid.
20:53 Mais en tout cas, ils ont réussi, ce qui est contre-intuitif, à passer plus que l'inflation
20:57 pendant cette période-là.
20:58 Donc ça, c'est une chose.
20:59 Donc c'est vrai qu'optiquement, les niveaux de valorisation sont relativement raisonnables
21:03 aujourd'hui.
21:04 Mais il faut faire attention parce que quand on regarde, et on voit ça notamment dans
21:06 les périodes chilleurs, quand on lisse les résultats, on est un petit peu à un pic
21:10 de profitabilité aujourd'hui, voire même dans certains secteurs à des profitabilités
21:13 jamais atteintes, comme dans le secteur auto par exemple.
21:16 Donc à la fois, ça a sécurisé le secteur.
21:18 On a beaucoup de cash sur les bilans, ce qui fait aussi que même si on rentre dans une
21:21 période plus difficile, on a des entreprises qui rentrent dans une situation relativement
21:25 saine.
21:26 Néanmoins, en termes de valorisation des marchés, c'est aussi pour ça que les multiples
21:30 ne sont pas trop élevés en agrégé aujourd'hui, en particulier sur les cycliques.
21:33 C'est parce qu'on a des niveaux de marge qui sont supérieurs au niveau normatif.
21:38 Et ce phénomène, ce qu'on appelle la spirale prix-profit, effectivement, on documentera
21:45 tout ça.
21:46 Tout ça est en train d'être documenté aujourd'hui par des économistes et des banquiers
21:49 et des centraux qui ont l'œil sur les marges des entreprises.
21:52 C'est un phénomène qui peut encore s'étendre dans le temps.
21:54 Là, on entre dans la période de publication de résultats.
21:56 Ou est-ce que quand même, si l'inflation a été un facteur positif pour les marges
22:01 des entreprises, est-ce que le phénomène des inflationnistes, qu'on peut quand même
22:03 constater, on verra jusqu'où il nous mène, est-ce qu'à l'inverse, c'est un phénomène
22:07 qui va mettre de la pression sur les marges de certains secteurs ?
22:10 Je pense que les marges vont refluer dans certains secteurs, notamment sous où il y
22:13 avait des goulots d'étranglement comme l'auto, qui finalement ne pouvant pas produire sur
22:17 la totalité de la demande, ils ont produit les véhicules à plus forte marge et donc
22:21 ça a inflaté un peu les marges.
22:22 Donc je pense qu'aujourd'hui, il va y avoir un transvasant, peut-être davantage de volume
22:25 aussi, ce qui fait qu'en termes de profitabilité, d'ébit d'ail, il va y avoir une sorte d'équilibre
22:29 un petit peu plus de volume, un petit peu moins de marge.
22:32 Et après, je pense que dans un deuxième temps, de toute façon, pour aller chercher
22:36 les volumes, il faudra faire des efforts sur la marge.
22:39 Donc là, tant qu'on était contraint et que la demande était très forte, mais probablement
22:43 la demande, les salaires augmentant globalement moins vite que l'inflation, les choses vont
22:49 se rééquilibrer progressivement.
22:50 Sur le plan de l'investissement, qu'est-ce qui guide la logique d'une stratégie d'investissement
22:57 aujourd'hui ? Alors peut-être à travers différents horizons de temps, mais est-ce
23:01 qu'on est encore dans un momentum positif ? Je sais que c'est le CAC 40, c'est très
23:07 chauvin, mais la Bourse de Paris est quand même la première place boursière aujourd'hui
23:11 en Europe, y compris devant le marché britannique.
23:14 Si on prend deux pas de recul, ce qui est très intéressant pour l'investissement
23:19 aujourd'hui, c'est qu'on retrouve de l'intérêt sur plusieurs classes d'actifs.
23:23 Déjà, les obligations qui pendant des années avaient des rendements nuls ou négatifs et
23:26 des taux réels négatifs, c'est-à-dire qu'elles ne payaient même pas l'inflation,
23:29 elles étaient loin en dessous de l'inflation, donc vous étiez structurellement en perdant,
23:32 parfois même en nominal et encore plus en réel.
23:34 On n'est plus du tout dans cette situation-là aujourd'hui.
23:36 Donc aujourd'hui, quand on investit, on a une palette d'investissements à notre disposition
23:40 avec des rendements attractifs qui est beaucoup plus large qu'il y a 18 mois.
23:45 Donc ça a diamétralement changé.
23:47 On retrouve sur les obligations d'entreprise, sur des rendements type grosso verso, entre
23:53 l'investment grade et le yield en termes de qualité, on est au-delà de 5, entre 5
23:56 et 6 % de rendement.
23:57 Donc ça, c'est particulièrement attractif.
23:59 Sur la partie action, on voit la résilience, plus que la résilience, la capacité d'adaptation
24:04 et à tenir les marges d'entreprise, des niveaux de valorisation intermédiaire.
24:08 Donc par secteur, il y a des choses à travailler.
24:09 On a un très bon début d'année dans la pharmacie avec un bon pipe-up de produits.
24:13 On l'a vu chez Sanofi, Novartis, AstraZeneca.
24:15 On a les cycliques qui sont assez peu chers.
24:17 Alors certes, les banques, on voit que le secteur est un peu challengé, mais d'autres
24:21 comme l'auto, il y a de l'intérêt.
24:22 Et à l'opposé, dans les valeurs de croissance, on voit qu'elles continuent à délivrer
24:26 et qu'avec une courbe de taux inversés et des taux longs bas, ça soutient aussi leurs
24:29 niveaux de valorisation plus élevés.
24:30 Donc aujourd'hui, on a un panel assez large sur lesquels on peut intervenir.
24:34 Ce n'est plus uniquement un marché qui est uniquement sur les valeurs de croissance.
24:37 On voit certaines cycliques très bien se comporter depuis le début de l'année, des
24:41 secteurs qui rattrapent.
24:42 On voit qu'il y a quand même de la demande, la réouverture chinoise.
24:44 Donc on peut avoir des portefeuilles beaucoup plus équilibrés en termes de secteur ou
24:47 de style de valeur.
24:49 Et entre les classes d'actifs aussi, on retrouve un intérêt beaucoup plus large avec l'obligataire
24:54 et en particulier les obligations d'entreprise qui retrouvent un vrai intérêt aujourd'hui.
24:58 Géographiquement, est-ce qu'il y a un peu l'idée, tout sauf les Etats-Unis ? On voit
25:03 d'ailleurs y compris beaucoup d'investisseurs anglo-saxons américains qui acquièrent,
25:08 montent un fonds en Europe à 8 milliards.
25:10 Elliot est au Japon, Warren Buffett est au Japon.
25:14 Il y a un peu l'idée, même venant d'investisseurs anglo-saxons américains, de se dire "tiens,
25:18 c'est peut-être le moment quand même de se projeter un peu en dehors de notre immense
25:22 marché national américain".
25:23 Il y a eu une énorme superformance des actions américaines au cours des dix dernières années.
25:26 Leur poids dans les indices mondiaux est d'ailleurs au plus haut historiquement.
25:29 C'est quoi les deux tiers ?
25:30 Un petit peu moins, avec le Canada.
25:33 Etats-Unis, plus.
25:34 C'est un peu plus de ça.
25:36 Donc c'est très important.
25:37 Entre-temps, en 15 ans, le Japon a divisé par deux en termes de poids dans les indices.
25:42 L'Europe, en particulier l'Europe continentale, a fortement réduit.
25:44 Donc il y a des choses à rebattre.
25:46 C'est vrai que ce qui a probablement manqué à l'Europe, c'est une base d'investisseurs
25:50 locales moins importante, due à nos systèmes d'épargne, nos systèmes de retraite qu'aux
25:55 Etats-Unis, pour soutenir les marchés locaux.
25:56 Et finalement, des Américains qui drivent les investissements mondiaux, qui avaient
26:00 un marché national largement florissant et surtout avec tous les thèmes d'actualité
26:04 des années de 2010 à 2020.
26:06 Pas besoin d'aller ailleurs.
26:07 Logique, etc.
26:08 Pas besoin de sortir.
26:09 Aujourd'hui, on retrouve cet intérêt.
26:10 Aujourd'hui, il est davantage ciblé sur les grandes valeurs européennes.
26:15 C'est là qu'on voit les flux.
26:16 Probablement dans un deuxième temps, dans une deuxième partie du cycle, si la résistance
26:21 et la résilience des petites et moyennes entreprises européennes se confirment, là,
26:25 on a des niveaux de valorisation beaucoup plus attractifs.
26:27 Et un petit peu en retard, elles redémarreront, un petit peu comme après la crise de 2011.
26:31 On avait d'abord eu les large caps qui avaient rebondi et par la suite, les petites et moyennes
26:36 capitalisations qui avaient rattrapé le train.
26:38 Donc, ce sera probablement dans un deuxième temps.
26:40 Une séquence d'appétit pour le risque à respecter de ce point de vue-là.
26:44 Merci beaucoup, messieurs.
26:45 Merci à Stanislas de Bayancourt qui était avec nous en plateau, gérant chez Sycomore
26:50 Asset Management.
26:51 Voilà pour cette édition Smart Bourse de la mi-journée.
26:53 On se retrouve ce soir à 17h en direct sur Bismarck.
26:57 Au revoir.

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