• il y a 2 ans
Alors que la crise du logement et l'augmentation du coût de la vie sévissent à Montréal, une communauté queer de Rosemont a décidé de vivre en marge de ces phénomènes et de prendre l'expression “safe space” au sens littéral. À douze, iels se sont installés dans un appartement de 800 pieds carrés, où iels redéfinissent les règles du vivre-ensemble. Métro a pu faire une visite exclusive des lieux.

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Transcription
00:00 Au coeur de Montréal, à l'abri des normes usuelles d'habitation,
00:02 un groupe d'une douzaine de personnes vit en communauté
00:04 dans un logement de seulement 800 pieds carrés.
00:06 En partageant des connaissances et du matériel,
00:08 ils tentent de montrer la possibilité d'un mode de vie différent
00:11 qui correspond à leur valeur anti-oppressive.
00:13 Ils se nomment l'Infini.
00:15 Évidemment, par son caractère intrinsèquement alternatif,
00:18 l'Infini tient habituellement à garder discret son mode de vie.
00:20 On est donc chanceux qu'ils aient accepté de nous ouvrir leurs portes.
00:22 ♪ ♪ ♪
00:27 - Hé, salut!
00:29 ♪ ♪ ♪
00:31 Donc, bienvenue à l'Infini,
00:33 une petite communauté intentionnelle urbaine à Montréal
00:35 où on habite depuis 6 ans.
00:37 ♪ ♪ ♪
00:44 Parmi les grosses différences qu'on peut vraiment remarquer
00:47 entre notre loft et un appart traditionnel,
00:50 c'est l'aménagement de l'espace.
00:53 Donc, ici, par exemple, il y a des divisions
00:55 au lieu des murs entre les chambres.
00:57 Il y a des portes entre les chambres.
00:59 Les chambres sont aussi vraiment petites.
01:01 Comme on peut voir, j'ai une des plus grosses chambres du loft
01:04 parce que c'est un espace d'environ 80 m2.
01:07 C'est à environ 800 pieds carrés.
01:09 Puis on est 11-12 personnes habitées là.
01:11 Chaque espace privé est un endroit sacré à chaque personne.
01:14 C'est important d'avoir notre « safer space » à nous.
01:17 Notre petite bulle, on peut se recueillir et avoir notre intimité.
01:20 Mais cette bulle-là n'a pas nécessairement besoin d'être grande.
01:22 Elle a juste besoin d'être respectée.
01:24 ♪ ♪ ♪
01:26 On est plus dans le salon ou pièce commune principale de l'Infini.
01:30 C'est ici qu'on écoute des films, qu'on fait des ateliers,
01:33 qu'on travaille le cuir, qu'on fait de la couture,
01:37 qu'on discute, qu'on partage, qu'on déconstruit des choses,
01:40 qu'on construit d'autres. Voilà.
01:42 C'est ici que se trouvent les outils avec lesquels
01:44 on a fait pas mal tous les projets créatifs du loft.
01:47 Projet plus manuel, plus de construction.
01:49 C'est aussi les outils qui nous permettent d'explorer
01:51 à peu près tout ce qu'on a envie.
01:53 On arrive dans le loft avec son lot de connaissances et d'expertise,
01:56 puis tous les jours, on en apprend.
01:58 Une façon qui aiderait à exprimer le mode de fonctionnement ici
02:02 serait charter-based, ou comme un peu basé sur une charte,
02:06 une direction qu'on a, avec le fil des années et l'expérience,
02:09 réussi à mettre en mots, à expliciter et à partager au nouvel coloc.
02:13 Pour la nourriture, on a deux frigos.
02:15 Ici, on a le frigo privé, où on a chacun notre petit étage.
02:17 Puis ensuite, le frigo commun,
02:19 où la plupart des choses dans le frigo commun
02:21 ont juste été trouvées dans le dumpster.
02:23 La culture du care est ultra, méga importante,
02:27 puis genre centrale de notre vie.
02:29 C'est un peu ce qui, entre autres, est un outil ensemble,
02:31 puis ce qui anime la communauté.
02:33 Puis ça, on l'incarne au quotidien par, entre autres,
02:35 la culture du consentement.
02:37 Dans la plupart de l'interaction, on va juste s'assurer
02:39 que les besoins, les limites des gens sont respectés.
02:41 Par exemple, je pourrais aller voir Lys et lui dire,
02:44 « Bonjour, Lys, désirais-tu un câlin en ce moment? »
02:46 « Hum, non, en ce moment, je le feel pas. »
02:49 « Merci de respecter tes limites. »
02:51 Et voilà!
02:53 Ça peut être obvious, des câlins comme ça,
02:55 mais juste, des fois, on regarde un film,
02:57 puis est-ce que je peux me coller là?
02:59 Ou est-ce que c'est correct si je touche tes pieds en ce moment?
03:01 Dans le sens qu'on peut être de pleines conformations,
03:04 puis des fois, d'être conscient que deux parties de notre corps se touchent,
03:09 puis de se demander,
03:11 « Est-ce que cette personne-là est à l'aise en ce moment? »
03:13 « OK, ça fait déjà comme trois minutes qu'on est de même. »
03:15 « Ben non, ça vaut la peine. Je vais le demander. »
03:17 Oui, oui, c'est ça, le consentement.
03:19 Quand on est chez soi, des fois, on est à la recherche d'un repos,
03:22 puis si on est bombardé de plein de façons,
03:25 puis on ne sait pas comment dire nos limites,
03:27 puis si nos limites ne sont pas bien accueillies et respectées,
03:30 c'est là que ça peut déraper.
03:32 Fait qu'on est super!
03:34 On s'encourage tout le monde, habituellement.
03:36 Quand quelqu'un dit sa limite,
03:38 comme, ça a l'air super grano,
03:40 mais comme l'autre répond comme, « Merci, tu sais. »
03:43 Parce que c'est vrai que c'est un cadeau qu'une personne dise non.
03:47 Moi, j'aime fou le petit cocon,
03:49 que je peux vraiment approprier chaque centimètre carré.
03:52 Quand je retourne chez mes parents, dans ma grande chambre vide et froide,
03:55 je me sens un peu tout seul et perdu.
03:57 C'est sûr qu'en habité dans un espace comme celui-ci,
04:00 qui est vraiment petit et où il n'y a pas beaucoup d'intimité sonore,
04:03 ça fait en sorte que, oui, on est plus proche pour certaines choses.
04:06 Comme, par exemple, on a juste une salle de bain.
04:08 Des fois, il y a quelqu'un qui prend une douche,
04:10 en même temps qu'il y a une personne qui est sur une haute toilette,
04:13 puis une autre personne qui doit se les dents.
04:15 Bien, c'est ça. On a une toilette,
04:17 puis on a juste comme plus cette aisance-là.
04:20 Quand des fois, tu as envie de plus d'intimité,
04:23 ou plus d'espace, ou plus de calme,
04:26 bien, moi, je pense qu'on arrive surtout à trouver nos outils,
04:29 puis les trouver à l'extérieur de l'appartement,
04:31 comme aller lire à la bibliothèque,
04:33 ou aller chiller chez d'autres amis.
04:35 Alors, ici, on s'identifie comme une communauté queer,
04:42 mais on n'a pas à obligatoirement se considérer comme queer pour habiter ici.
04:47 Pour nous, c'est plus un mot-clé qui permet d'englober plusieurs idées,
04:52 puis plusieurs valeurs qui sont super importantes pour nous.
04:55 Requestonner les identités de genre,
04:57 requestonner la façon de vivre la sexualité,
04:59 vivre son film éminence à sa façon,
05:01 puis questionner le patriarcat puis le capitalisme.
05:04 Le queerness, c'est vraiment un terme par appui,
05:07 qui, pour nous, entre autres, inclut la neurodivergence,
05:11 la culture du consentement, la culture du care.
05:14 C'est vraiment pas juste relié au sexe puis à l'identité.
05:17 Je suppose que notre existence est activiste.
05:22 Tout le monde a leur façon.
05:24 Il y a des gens qui, à travers leur danse, sont activistes.
05:28 Il y a des gens qui font du pole dancing.
05:30 Il y a des gens qui font des master en études féministes.
05:33 Il y a des personnes qui manifestent tellement fort.
05:36 Il y a des gens qui font des in, qui remangent des idées.
05:39 Ça, c'est individuellement.
05:41 En gang, des fois, on s'imprime 4000 in,
05:45 puis on va les donner au salon anarchiste.
05:48 On a plein de in en copie unique, qui traitent de plein d'enjeux,
05:53 genre féminisme, identité, anarchisme, tout ça.
05:56 Il y a tous les in que nous, on écrit,
06:00 ou qu'on n'a pas écrit, mais qu'on retransmet.
06:02 Dans le fond, c'est un peu notre manière de partager
06:06 puis de contribuer à la communauté à large.
06:08 On a des centaines de in qu'on a, puis qu'on distribue.
06:12 Par exemple, ici, on a un petit in,
06:14 c'est un FAQ sur le polyamour "How to fuck up",
06:18 donc comment ruiner ses relations en 8 étapes faciles.
06:22 Assez rigolo.
06:23 Puis un peu dans le même style, ici, on a des questions
06:26 et des réflexions à explorer avec ses partenaires
06:28 pour développer une relation qui est plus sécuritaire,
06:32 plus asie panéissante pour tout le monde.
06:37 En fait, nous, on essaie toujours de rendre accessibles
06:39 les informations et les outils qu'on a développés
06:42 au fil des années pour pouvoir permettre ce genre d'espace
06:44 ou permettre ce genre de projet de fleurir
06:47 puis de se maintenir dans le temps.
06:49 Pour être honnête, je pense pas que c'est quelque chose
06:52 que tout le monde se sentirait bien à l'intérieur de ça.
06:55 Puis une des raisons, c'est que ça prend énormément
06:57 d'énergie émotionnelle d'habiter avec autant de gens
06:59 dans les petits espaces.
07:00 Ça peut être quelque chose qui demande beaucoup plus d'énergie
07:02 que les gens pourraient se permettre.
07:04 Encore là, je parle dans le monde qu'on habite actuellement,
07:06 d'un système capitaliste qui demande énormément,
07:08 émotionnellement et souvent physiquement,
07:10 des gens.
07:11 Dans le monde idéal, où il y aurait pas ces contraintes-là,
07:16 je pense que beaucoup plus de personnes
07:17 pourraient profiter de ce mode de vie-là.
07:20 ♪ ♪ ♪
07:26 [Bruit de la machine qui s'arrête]

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