Vendredi 14 avril 2023, BE SMART reçoit Magali Berdah (fondatrice, Shauna Events)
Category
🗞
NewsTranscription
00:00 Pour commencer cette émission, on va parler du business de l'influence.
00:08 Business qui, vous le savez, on en a déjà parlé plusieurs fois, est au cœur d'une
00:11 loi en ce moment, qui a été adoptée à l'Assemblée et qui arrive au Sénat.
00:14 Et pour en parler, je reçois la pionnière de ce métier de l'influence, Magali Berda,
00:18 bonjour.
00:19 Bonjour.
00:20 Vous êtes la fondatrice de Shona Events, vous êtes aussi la fondatrice de la Fédération
00:23 des influenceurs et des créateurs de contenu.
00:26 On va revenir bien sûr sur cette fédération et sur la loi dont je viens de parler.
00:30 Mais d'abord, je le disais, vous êtes la première en France à avoir identifié que
00:33 derrière l'influence, derrière les réseaux sociaux, il y avait un potentiel de business.
00:38 À quel moment vous vous êtes dit, voilà, il y a des métiers à faire, à créer derrière
00:44 les réseaux sociaux ?
00:45 Il y avait un vrai vide en fait, parce que souvent les influenceurs à ce moment-là,
00:49 notamment ceux issus de télé-réalité, c'est vrai, faisaient énormément de stories,
00:53 faisaient des millions de vues, mais souvent en échange de bons procédés, de produits,
00:58 etc.
00:59 Et moi, j'étais plutôt dans le business avant, donc là je me suis dit, il y a un
01:03 vide, pourquoi on ne négocie pas si l'entreprise gagne beaucoup d'argent ? Il est normal que
01:08 les influenceurs aussi en gagnent.
01:10 Voilà, et donc je me suis un petit peu inspirée de ce qui se passait aux Etats-Unis et on
01:15 l'a reproduit en France.
01:16 Du coup, à ce moment-là, vous vous fondez votre entreprise, mais je crois qu'il n'y
01:20 a toujours pas… C'était il y a quand même…
01:21 C'était en 2017.
01:22 Oui, c'est ça, donc ça fait déjà un certain moment.
01:24 2016.
01:25 7 ans.
01:26 Et en fait, depuis 7 ans, il n'y a toujours pas eu de statut juridique légal créé autour
01:30 de l'influence.
01:31 Complètement, il n'y a jamais eu de statut légal.
01:34 On a fait plusieurs demandes au ministère de l'Économie pour être reçus, pour discuter
01:41 des règles.
01:42 Moi, j'ai fait même un appel à l'aide, je lui ai écrit « j'ai besoin d'aide,
01:46 on a besoin d'aide », parce que ça a pris beaucoup d'ampleur, on accompagne beaucoup
01:50 d'entreprises et ce n'était pas structuré et on n'était même pas reconnu.
01:56 Le terme « influenceur » à l'Ursaf n'existe même pas.
01:59 Donc, on ne peut pas demain dire « voilà, moi, mon métier, c'est influenceur » et
02:04 se déclarer à l'Ursaf en tant que tel, non ?
02:06 Ça n'est juste pas possible.
02:07 C'est ça, voilà.
02:08 Alors, il y a plein d'autres petites définitions, mais le terme « influenceur », créateur
02:13 de contenu, l'un ou l'autre, n'existe pas à l'Ursaf, il n'y a pas de code
02:17 APE vraiment spécifique à ce métier-là.
02:20 Du coup, comment vous travaillez avec les influenceurs aujourd'hui ? Ils sont sous
02:23 quel statut, entre guillemets ?
02:25 Soit en société classique, ils créent une société de communication, soit pour ceux
02:30 qui sont en auto-entreprise, il y a d'autres termes qui s'apparentent à la com, au
02:36 média, mais ça n'existait pas.
02:38 C'est vrai que moi, j'ai dit lors de différents entretiens que j'ai pu avoir avec des personnalités
02:43 politiques que déjà, avant de taper sur un métier, parce que c'est vrai que le métier
02:47 aujourd'hui d'influenceur est assez diabolisé en France, tristement, parce qu'au contraire,
02:51 ça peut être porteur de beaucoup de choses, mais déjà, avant de taper dessus, il faut
02:55 déjà le créer, parce qu'on a raté un épisode là.
02:59 Qu'on soit, qu'on aime ou qu'on n'aime pas en tout cas ce métier, le fait est qu'il
03:03 y a un business derrière et qu'il y a de la création de valeur.
03:06 Aujourd'hui, on parle effectivement, vous le disiez, des dérives.
03:09 Est-ce que vous, il y a des choses qui vous avaient déjà alerté, sur lesquelles vous
03:13 étiez dit déjà, à un moment, tout ça prend trop d'ampleur, on est dépassé ?
03:17 Bien sûr, déjà en 2019, la première fois c'était en 2018, où on s'est fait avoir
03:23 sur un site par exemple, qu'on a promotionné et donc on s'est dit mince, mais comment
03:29 en fait il faut contrôler ça, ça, parce qu'en fait on a pris sur le tas.
03:32 Donc on a créé un service juridique, on a pris des juristes.
03:37 Quelques temps après, on se rend compte que finalement, les gens qui sont malveillants
03:41 sur Internet, ils sont bien plus puissants que ce qu'on peut penser.
03:44 Donc on va accompagner les juristes d'avocats, donc on a renforcé les équipes juridiques
03:50 avec des avocats, avec des audits.
03:52 Et puis petit à petit, on a évolué.
03:55 Après, on a carrément arrêté certaines promotions, parce qu'on s'est dit ça, c'est
03:58 que des nids à problèmes, c'est que des soucis.
04:00 Et il y a des secteurs sur lesquels vous n'allez pas ?
04:02 Bah typiquement, oui.
04:04 Par exemple, l'alcool, nous on n'y est jamais allé.
04:07 Les cigarettes électroniques, on n'y est jamais allé.
04:09 Le dropshipping, on y est allé, mais on a reculé après et on s'est dit c'est un
04:14 nid à problèmes.
04:15 Voilà, et c'est triste parce que, enfin c'est triste, c'est bien, mais c'est une
04:22 belle évolution, un beau métier qui est porteur d'économie pour plein d'entreprises
04:26 et qui permet à toutes les petites entreprises de démarrer et de se lancer.
04:29 Mais il y a eu effectivement des inconvénients dans la mise en place de ce métier.
04:34 Vous étiez hier auditionnée au Sénat, justement dans le cadre de cette fameuse loi pour mieux
04:40 réguler, mieux encadrer l'influence.
04:41 Qu'est-ce que vous avez dit aux sénateurs ?
04:43 Bah, la vérité, tout ce que je pensais.
04:46 Ils m'ont demandé, ils m'ont posé plusieurs questions sur mon parcours, sur ce que je
04:52 pense par rapport au réseau, par rapport aux jeunes, par rapport à cette loi.
04:57 Est-ce qu'il manque quelque chose ?
04:58 Est-ce que j'ai trouvé la démarche du Sénat vraiment bien ?
05:02 Parce que je n'ai pas ressenti la même chose avec ceux de l'Assemblée Nationale.
05:07 Au Sénat, je les ai trouvés… voilà, il n'y avait pas d'histoire d'amalgame,
05:12 il n'y avait pas d'histoire de… il y a des polémiques, il n'y a pas de polémiques,
05:16 c'est factuel, voilà, il y a ça.
05:17 Tu es très focus sur la loi, quoi.
05:19 Oui, et puis tu as un parcours, tu as une expérience.
05:22 Nous, on veut savoir, par rapport à l'expérience que tu as sur le terrain depuis sept ans,
05:26 ce qu'il se passe, ce que tu penses, ce que tu conseilles, est-ce qu'il manque quelque chose ?
05:30 C'était vraiment utile et c'est ce rendez-vous-là, bizarrement, que j'attendais peut-être depuis
05:38 des années, eh bien c'est le Sénat qui me l'a donné, donc j'étais vraiment contente.
05:45 Alors justement, qu'est-ce que vous en pensez de cette loi ?
05:46 C'est très professionnel.
05:48 La loi, je trouve qu'elle est bien.
05:51 C'est bien d'encadrer les choses, c'est bien de résumer.
05:54 Il y a beaucoup de choses qui existent déjà dans le Code de la consommation.
05:56 Mais cependant, c'est quand même bien de le recentrer, focus, sur les influenceurs.
06:01 Moi, j'aurais rajouté des formations obligatoires, parce que je pense qu'il y a un problème de formation,
06:07 très simplement, parce qu'il y a beaucoup de choses qui existent déjà dans le Code de la consommation.
06:10 Mais on ne va pas se mentir, les influenceurs, même moi, même les agences, ne connaissent pas forcément
06:15 tous les points du Code de la consommation par cœur, puis la publicité, puis il y a plein de choses.
06:21 Donc c'est très bien de recentrer une loi sur les influenceurs, mais il manque cette formation
06:26 qui va pouvoir être en continu, parce qu'Internet est un milieu et un monde très grand, très vaste,
06:31 qui va vite, où les mauvaises idées vont bien plus vite que la normale.
06:37 Et pour pallier à ça, il faut former et alerter aussi.
06:42 Je pense qu'il faut créer des alertes aussi, des suspicions de fraude.
06:45 Attention, ce secteur-là, par exemple le dropshipping, typiquement, si on avait été accompagné.
06:49 Les CPF, c'est pareil, il nous manquait peut-être des infos.
06:52 Quand on a eu les infos, après, tout s'est... Mais on voit qu'il manque quelque chose.
06:56 Et c'est sur le marché entier, je pense que c'est trop facile de dire "non mais nous, on n'a pas fait ça",
07:02 "non mais vous, vous n'avez pas fait ça, mais vous avez fait d'autres choses pas bien".
07:04 Nous, on a peut-être fait d'autres choses pas bien. Tout le monde a fait quelque chose de pas bien.
07:07 Vraiment, il ne faut pas se taper dessus. On est là pour construire et pour avancer tous ensemble.
07:11 Qui pourrait justement dispenser ces formations ?
07:15 Selon vous, ça doit être la responsabilité de qui ? Est-ce qu'il faut créer un organisme spécifique ?
07:19 Je pense qu'il faut créer un organisme spécifique. La RPP existe aussi.
07:23 Alors, ils font beaucoup de choses.
07:23 Le temps été de régulation de la publicité.
07:24 Voilà. Ils font déjà le certificat d'influence responsable.
07:31 Alors, on le passe une fois. Mais en fait, à mon sens et par mon expérience,
07:35 je pense que ce n'est même pas suffisant parce que, encore une fois, on a vu ce phénomène de dropshipping.
07:40 Après, ça s'est arrêté. Après, il y a eu les paris sportifs, ça s'est arrêté.
07:42 Après, il y a eu la NFT. Après, il y a eu le trading. Après, il y a eu le CPF.
07:46 Et dans six mois, il y aura autre chose. Donc, en fait, on va faire passer un certificat à un influenceur.
07:50 Mais sur Internet, c'est rempli de personnes malveillantes qui ont des idées qui vont bien plus vite que la lumière.
07:56 Donc, il faut constamment les accompagner. Ce n'est pas une fois, c'est constamment.
08:00 Donc, je pense qu'il faut créer une autorité spéciale pour les influenceurs parce qu'ils sont nombreux aujourd'hui
08:05 et que ça a un impact énorme. Chaque erreur peut avoir un impact énorme.
08:10 Donc, il faut contrôler ça et il faut vraiment être dédié aux influenceurs,
08:14 comme le fait la RPP avec la publicité télé. Quand vous vendez une publicité à la télé,
08:18 elle n'est pas diffusée tant qu'elle n'est pas validée par la RPP.
08:21 Ça prouve bien qu'il y avait des choses à faire parce que sinon, ils ne seraient pas derrière eux.
08:25 Je pense que les influenceurs, il faut aussi avoir quelqu'un comme ça qui nous bride et qui nous aide.
08:31 Je vous ai écouté, moi, hier au Sénat. Il y a quelque chose que j'ai relevé dans ce que vous disiez.
08:36 C'est que vous étiez pour aller jusqu'à une radiation. En cas de faute répétée, vous pouvez expliquer ce point ?
08:41 Je pense que si on forme les influenceurs, qu'on leur apprend,
08:45 parce qu'un influenceur, c'est une personne qui vient de tout milieu,
08:48 et c'est ça aussi qui est joli, c'est la diversité. Les réseaux sociaux, c'est la diversité.
08:52 Il y en a pour tout le monde. Il y a de tout. Il y a des bacs +10 comme des non-bacs.
08:57 Il y a vraiment de tout. Et donc, il y en a qui ont des connaissances plus fortes que d'autres.
09:02 Et ce n'est pas un jugement parce qu'au contraire, c'est ça qui est magique et c'est ça qui est fort.
09:05 Mais je pense qu'à partir du moment où une personne est formée à les informations,
09:12 est encadrée, mais ne respecte pas les règles,
09:16 et bien oui, une fois, deux fois, trois fois, après, les plateformes, il faut qu'elles rentrent en jeu
09:20 et qu'elles disent que cette personne est dangereuse pour les gens et pour les consommateurs.
09:24 Et je pense que c'est là où il faut un lien entre les plateformes et les autorités,
09:29 et les agences et les influenceurs. Aujourd'hui, il y a une coupure entre ces mondes-là.
09:35 Il y a des clans qui se sont créés. Alors, il y a les créateurs de contenu à gauche, les influenceurs à droite,
09:39 ceux qui ne veulent pas s'appeler influenceurs, les agences qui se disent éthiques
09:42 et qui jugent les autres qui ne sont pas éthiques alors que finalement, ils ne se connaissent même pas.
09:47 Et je pense que ça, ça ne va pas. Et c'est triste parce que ce métier-là, il est beau.
09:51 Il apporte plein de choses sur plein de domaines. Et il faut arrêter les cases.
09:57 Et c'est malheureusement un peu le problème en France, c'est qu'on a tendance à mettre tout le monde dans des cases.
10:01 Et il faut avancer, être solidaire et se dire que quand il y a des mauvais élèves qui font exprès,
10:07 eh bien il faut les radier. Et comme ça, au moins, le métier n'est pas entaché.
10:11 Voilà, c'est tout. Ce n'est pas plus compliqué que ça, en fait. C'est comme un petit peu la police.
10:15 Dans un état normal, il y a la police, il y a des règles, il y a des condamnations.
10:19 Voilà. Sur Internet, il faut créer tout ça. Voilà.
10:23 - Quel est justement votre rapport avec les plateformes aujourd'hui ?
10:26 Comment est-ce que vous dialoguez avec elles déjà ? Parce qu'il faut effectivement...
10:29 Si on va jusqu'au point que vous défendez, il faut pouvoir impliquer les plateformes.
10:33 - Bien, c'est difficile parce que vous avez dans telle plateforme une personne qui ne vous aime pas,
10:37 donc elle ne veut pas vous recevoir. Mais manque de bol, on représente quand même des millions de followers.
10:41 Donc c'est inconscient de ne pas nous recevoir. Enfin, c'est dangereux.
10:44 Donc vous avez l'autre qui a écouté les polémiques de untel, donc ils ne veulent pas vous recevoir.
10:48 L'autre, elle vous aime bien, donc elle vous parle.
10:50 En fait, on n'est pas dans une cour de récréation. Il faut arrêter...
10:54 Le monde de l'influence, ce n'est pas une cour de récréation. Il faut arrêter de faire des trucs, des tribunes,
10:58 où on va taper sur l'un, taper sur l'autre. Non, ce n'est pas comme ça que ça marche.
11:01 Et je pense qu'il faut être bien plus intelligent que ça et que chacun doit prendre ses responsabilités.
11:06 Je pense que tout le monde a fait des choses bien et des choses moins bien, peut-être sans la volonté de le faire.
11:12 Et moi, la première. Et certains aussi. Et d'autres aussi.
11:15 Mais c'est trop facile de jeter en pâture une personne et de dire "C'est eux, là-bas. Allez, eux, on les sort.
11:20 La téléréalité, ils sont bêtes, on ne les veut pas."
11:22 Mais la téléréalité rassemble aujourd'hui des millions de followers.
11:25 Donc ces millions de followers, il faut les considérer.
11:29 Enfin, c'est des gens quand même à prendre en considération. Il faut arrêter de prendre de haut tout le monde.
11:34 Et voilà. Et c'est ça, je pense, qui fait aussi, qui gâche notre métier.
11:38 D'ailleurs, j'ai vu hier, quand j'ai fait mon intervention au Sénat,
11:42 il y a eu des tweets, par exemple, de la directrice de LUMIC à mon égard.
11:46 Elle, elle n'a pas été filmée. Pas filmée. Moi, j'ai été filmée.
11:50 On s'en fout, en fait. On est tous là pour avancer. On est tous là pour monter
11:53 et pour faire les choses bien et propres. Et c'est tout. On n'est pas là pour...
11:57 Je ne connais pas... Je ne la connais pas et je ne suis pas là pour la juger.
12:00 Et j'aurais aimé qu'on ne me juge pas non plus sans me connaître. Mais bon, voilà, c'est comme ça.
12:04 Justement, sur toutes ces polémiques, il y a des choses que vous regrettez,
12:06 où vous dites "Bon, ben là, peut-être j'ai été trop loin" ou "Là, je n'ai pas bien fait attention"
12:10 ou "Là, j'aurais dû faire peut-être différemment".
12:12 Est-ce qu'il y a des choses que vous avez envie de changer, en tout cas, dans ce business aujourd'hui ?
12:16 Regretter, non, parce que je pense qu'on a vraiment fait du maximum et du mieux qu'on pouvait
12:20 pour faire les choses correctement. Et d'ailleurs, on s'est autorégulé et c'est difficile de se réguler seul
12:25 parce que quand on n'a personne qui vous aide à côté, quand on fait des appels à l'aide aux autorités
12:29 et qu'on ne vous répond pas et qu'on ne vous donne pas l'heure, ou alors qu'on ne vous calcule pas
12:32 et deux ans après, on se réveille en disant "Oh là là, il y a eu un drame aux influenceurs".
12:35 Oui, mais si vous nous aviez répondu en temps et en heure, si vous vous étiez occupés de nous
12:38 quand je vous l'ai demandé, peut-être qu'on aurait pu éviter tout ça.
12:41 Les responsables, c'est qui, finalement ? C'est moi ? Non, parce que moi, j'ai alerté, j'ai demandé.
12:45 Donc, regretter, non. Par contre, évoluer, oui, bien sûr, il faut évoluer.
12:50 C'est ce qu'on demande, je pense, tous. Toutes les fédérations, tous les influenceurs, du moins la majorité.
13:00 Et puis ceux qui n'ont pas envie d'évoluer, qui n'ont pas envie d'aller dans le droit chemin,
13:03 il faut qu'ils en payent les conséquences. Il n'y a pas de sujet. Voilà.
13:09 Sur ces évolutions, vous avez donc monté une fédération qui est la fédération des influenceurs
13:14 et des créateurs de contenu. Est-ce que, déjà, vous pouvez peut-être expliquer la différence
13:19 entre les deux termes, pour ceux qui ne seraient pas familiers avec ces terminologies ?
13:22 Je vais être très, très transparente avec vous. Pour moi, il n'y en a pas.
13:25 Je les ai marquées pour une question d'égo pour tout le monde, parce qu'apparemment,
13:29 il y en a qui veulent s'appeler créateurs de contenu, d'autres qui sont d'accord de s'appeler influenceurs.
13:33 C'est juste pour dire que cette fédération est ouverte à tout le monde.
13:37 Voilà. Qui que vous soyez, nous, on n'est pas là. Moi, je ne suis pas là pour dire
13:41 « toi, tu viens de tel milieu, tu es éthique, tu es propre, enfin, c'est-à-dire,
13:44 tu es politiquement correct, on va te prendre avec nous. Toi, tu es un peu mal vu parce qu'il y a des polémiques,
13:49 toi, on ne veut pas ». Ce n'est pas comme ça qu'il faut faire, parce que les réseaux sociaux sont remplis de polémiques.
13:53 On ne les arrêtera pas. Les réseaux sociaux sont remplis de... Malheureusement, ça, c'est encore un autre problème
13:59 qu'il faut gérer avec les plateformes. Mais je pense que ce qu'il faut penser, c'est que ces gens-là,
14:05 quel que soit le milieu d'où ils viennent, quelle que soit leur façon de faire,
14:09 ils ont des millions de followers et ils ont des millions de consommateurs.
14:12 Et donc, pour protéger les consommateurs, il faut les accompagner, il faut les aider.
14:17 Donc moi, c'est créateur de contenu et influenceur. Vous êtes les bienvenus, c'est la même chose.
14:22 Nous, on est juste là, la fédération est là pour les accompagner, leur donner les règles, leur répondre,
14:27 leur donner un service juridique, pour les conseiller, pour leur dire ce qu'ils ont le droit de faire, pas faire.
14:33 Et c'est comme ça qu'on va protéger les consommateurs et qu'on va se protéger nous-mêmes, d'ailleurs.
14:36 Et c'est juste la différence entre les autres fédérations, c'est que moi, je suis pour la régulation, pour tout le monde,
14:45 et pour dire qu'on est censés être tous ensemble. On ne vient pas tous du même milieu, on n'a pas tous le même...
14:53 Mais ce n'est pas grave, en fait.
14:55 À la fin, vous faites tous le même métier.
14:56 Oui, à la fin, on fait tous le même métier. Il faut se tendre la main et il faut avancer.
15:00 Encore une fois, peut-être que nous, on a fait du dropshipping en 2018, en 2019.
15:05 Eux, non. Mais peut-être qu'eux, ils ne mettaient pas le hashtag #sponsorisé en 2019 et nous, on le mettait.
15:09 Donc, on prévenait les consommateurs qu'on était payés.
15:11 Donc, vous voyez, chacun a fait des trucs plus ou moins bien.
15:15 D'autres ont fait des jeux de casino. Nous, non.
15:19 Donc, voilà. Et moi, je ne suis pas la police. Je ne tape sur personne.
15:25 Je dis juste, si vous avez envie d'aller dans le bon sens, eh bien, nous aussi. Et on est là pour s'entraider.
15:31 Sur la régulation, il y a un secteur qui est interdit dans la loi. C'est le secteur de la chirurgie esthétique.
15:36 Vous êtes en accord avec ce point ?
15:37 Complètement. Moi, j'ai été accusée de prôner la chirurgie esthétique.
15:41 Alors, je n'ai jamais fait de publicité pour la chirurgie esthétique.
15:44 Alors, je fais bien la différence entre, par exemple, une injection, ce n'est pas de la chirurgie, c'est de la médecine,
15:48 et la chirurgie, c'est une opération.
15:50 La chirurgie esthétique est totalement interdite. Enfin, la promotion, du moins.
15:55 Ce n'est pas parce que j'ai fait des plateaux télé où j'ai dit qu'à 40 ans,
15:58 j'assumais avoir fait de la chirurgie esthétique que je fais de la pub pour un chirurgien ou pour de la chirurgie esthétique.
16:03 Ça, c'est juste... Enfin, voilà. Mais, encore une fois, il y a des amalgames, etc.
16:07 Et bien sûr que la promotion de la chirurgie esthétique est interdite.
16:10 Et Shona Evans n'a jamais passé aucun contrat,
16:14 n'a jamais encaissé un seul euro,
16:16 ni négocié une opération gratuite en échange de promotion. Voilà.
16:20 Ça, c'est une certitude et c'est concret.
16:23 Donc, il peut y avoir tous les contrôles qu'il peut y avoir. Il n'y a aucun souci là-dessus.
16:27 Donc, bien sûr qu'il faut aller là-dedans.
16:30 Je regarde aussi un peu ce qui se passe à l'étranger et j'avais le sentiment,
16:34 mais peut-être que vous allez me dire le contraire, qu'il n'y a pas de réglementation équivalente à l'étranger.
16:38 Comment est-ce qu'on va faire quand on devra gérer
16:40 des influenceurs étrangers qui pourront faire la promotion
16:44 de produits qui, en France, sont interdits pour les influenceurs français ?
16:48 On va s'adapter. On va se renseigner auprès des avocats. On va poser des questions.
16:54 Et on fera ce qui est possible de faire. On s'adaptera.
16:58 Voilà. Si c'est possible, on le fera. Si ce n'est pas possible, on ne le fera pas.
17:01 Il faut regarder quoi ? Il faut regarder la domiciliation, entre guillemets, de l'influenceur,
17:07 c'est-à-dire s'il est en France ou pas, ou il faut regarder plutôt sa communauté, savoir à qui il s'adresse ?
17:11 Je pense qu'il faut regarder la communauté.
17:15 Et on a des moyens de savoir ça ?
17:16 Oui, bien sûr. Sur les réseaux sociaux, vous avez des statistiques.
17:18 Donc, vous voyez le pourcentage par pays d'abonnés.
17:21 Donc, vous avez des influenceurs qui ont 80% d'abonnés français.
17:25 On sait très bien que quand ils parlent, ils vont s'adresser à des français.
17:28 Et puis, il y a aussi l'agence. Si l'agence est en France, je pense qu'elle doit être aussi liée aux règles françaises.
17:35 Après, on ne peut pas demander à une agence, je ne sais pas, une agence allemande,
17:40 de s'adapter aux règles françaises si elle s'adresse à des influenceurs allemands.
17:45 Bien sûr, si elle s'adresse à des influenceurs français,
17:47 les influenceurs français doivent respecter le droit français.
17:50 Mais si une agence allemande s'adresse à un influenceur allemand,
17:55 ça, c'est chacun chez soi.
17:57 On en a déjà assez ici à gérer des problèmes.
18:02 Vous parliez de ces polémiques qui vous ont fait perdre, diviser par trois, votre chiffre d'affaires.
18:07 Non, ce n'est pas les polémiques.
18:09 En fait, ça, c'est une phrase que j'ai dite qui a été mal...
18:11 C'est l'occasion, alors dis-y.
18:14 C'était l'année dernière, à Complément d'Enquête, où j'ai dit
18:19 qu'on n'a pas eu peur chez Shona Evans, de 2019 à 2020, et de 2020 à 2021,
18:25 à diviser le chiffre d'affaires en refusant des sites avec notre propre régulation.
18:29 C'est-à-dire que nous, on a dit, voilà, ces sites-là, on arrête.
18:33 Ça, on arrête. Ça, on arrête. Ça, on arrête.
18:36 Forcément, on gagne moins d'argent. C'est logique, puisqu'on arrête.
18:38 Mais c'est un choix qu'on a fait.
18:40 C'est-à-dire que nous, on a eu des tonnes de propositions,
18:43 plusieurs centaines de milliers d'euros de promotion, de Budgetcom,
18:47 qu'on a refusées parce que notre juriste nous a dit "ça, c'est pas bon".
18:51 Alors, on les a retrouvées chez les concurrents, mais au moins, chez nous, ils n'y étaient pas.
18:55 Donc, on a accepté et on a fait ce choix de diviser notre chiffre d'affaires en deux
19:00 ou en trois, suivant l'année, parce qu'on est devenus beaucoup plus rigides,
19:04 beaucoup plus strictes, parce qu'on s'est autorégulés.
19:06 Et c'est ça que j'ai expliqué. Ce n'est pas du tout les polémiques.
19:08 Voilà. Après, la polémique de cette année, donc,
19:13 liée au cyberharcèlement que j'ai eu, bien évidemment m'a empêchée de travailler
19:16 pendant plusieurs mois, il m'a empêchée, enfin, encore de...
19:21 C'est normal. Donc, voilà, c'est deux choses différentes.
19:24 Mais quand je me suis exprimée sur la baisse de mon chiffre d'affaires, c'était vraiment...
19:27 - Dans ce cadre-là. - Voilà.
19:28 - Et du coup, aujourd'hui, vous avez repris votre indépendance.
19:31 Vous étiez auparavant aussi en un plus grand groupe.
19:33 - Oui.
19:34 - Comment va votre business aujourd'hui ? - Écoutez...
19:36 - Et quelles sont vos perspectives ?
19:37 - Il va... On avance, on essaie, on se bat.
19:41 Je pense qu'aucune entreprise avec un an d'harcèlement,
19:45 comme on a eu, de dénigrement, comme on a pu subir,
19:48 vraiment injustifiée et vraiment ciblée sur notre société.
19:52 Et je pense qu'aucune entreprise n'aurait pu déjà survivre à ça,
19:57 de la part des médias, de la part des gens du web, de la part de plusieurs personnes.
20:01 Et j'aurais aimé que, justement, le ministère de l'Economie aussi nous tende la main,
20:05 parce qu'on est quand même une entreprise française qui développe
20:09 et qui crée de l'économie en France, des emplois, etc.
20:12 Mais bon, ça c'est encore un autre sujet.
20:15 Mais on se bat et j'essaye de me relever, j'essaye d'avancer.
20:20 C'est difficile parce que quand, psychologiquement,
20:23 on essaie de vous atteindre tous les jours sur votre famille, sur votre vie,
20:27 qu'on vient vous casser votre bureau, qu'on vient vous casser votre voiture,
20:30 qu'on balance votre adresse, votre numéro.
20:31 Là, encore hier soir, ils ont balancé encore mon numéro de téléphone
20:34 et celui de mon conjoint.
20:35 Et que du coup, vous vous faites harceler sur votre portable toute la nuit, etc.
20:39 Des menaces de mort dans tous les sens, des menaces de mort sur vos enfants.
20:42 Des appels au viol.
20:43 Comment vous avez la tête à travailler correctement ?
20:47 Donc, bien sûr qu'on est fatigué, bien sûr,
20:49 mais parce qu'ils savent où taper et ils savent qu'en faisant ça...
20:53 Après, c'est une enquête qui est en cours.
20:55 Il y a eu 23 arrestations et je remercie les services de la gendarmerie
20:59 pour ce travail incroyable.
21:02 Et voilà, j'attends, j'avance, j'essaye, je me bats.
21:05 Merci beaucoup Magali Berdra.
21:07 Je rappelle que vous êtes la fondatrice de Shona Event
21:09 et la fondatrice de la Fédération des influenceurs
21:11 et des créateurs de contenu. Merci beaucoup.