Vendredi 14 avril 2023, SMART BOURSE reçoit Olivier Malteste (Directeur des investissements, Yomoni)
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00:00 Le dernier quart d'heure de Smart Bourse, une fois par mois, le deuxième vendredi du
00:14 mois 17h45, est consacré aux dernières tendances au sein de l'industrie ETF.
00:19 C'est un baromètre que nous propose Yeomanie chaque mois et nous accueillons donc ce soir
00:26 le nouveau visage de Yeomanie, Olivier Malteste, le directeur des investissements d'Yeomanie
00:30 qui est avec nous en plateau.
00:31 Olivier, bonsoir et bienvenue.
00:32 Merci beaucoup, c'est votre première pour ce rendez-vous.
00:36 Vous prenez la succession d'Alexis Nak que je salue au passage avec qui on a initié
00:40 ce rendez-vous, cet observatoire ETF qui a été lancé par Alexis et les équipes
00:45 de Yeomanie.
00:46 Je crois qu'Alexis ne restera pas très loin d'Yeomanie mais dans une logique plus
00:49 entrepreneuriale.
00:50 Vous avez un parcours qui montre déjà une grande expertise au sein de l'industrie
00:56 ETF notamment.
00:57 Vous avez passé près de 15 ans chez Lixor puis à Mundi depuis leur achat et donc vous
01:03 êtes dans votre univers avec ce monde et cette industrie des ETF, Olivier.
01:07 Pour attaquer le sujet, l'idée étant de faire chaque mois un peu le bilan des flux
01:11 déjà qu'on a pu observer sur le mois de mars.
01:14 Le mois de février avait marqué un petit trou d'air, je crois.
01:17 Après un très bon mois de janvier, on était parti avec 17 milliards et demi de souscription
01:22 sur le mois de janvier, ce qui était relativement important.
01:24 Février, un trou d'air.
01:26 Et en mars, on revient sur des niveaux d'une moyenne plutôt haute avec environ 12 milliards
01:30 de souscription sur les ETF en Europe d'une manière générale.
01:34 Ce qui est important aussi de noter c'est que pour une fois, ce qui n'est pas le cas
01:37 à chaque fois, toutes les classes d'actifs ont connu des souscriptions.
01:40 Très intéressant.
01:41 Comment est-ce qu'on rentre un peu dans le détail de tout ça justement par classe
01:45 d'actifs, Olivier ?
01:46 La première classe d'actifs, celle qui a le plus souscrit, c'est la classe action.
01:50 Malgré les tensions qu'on a pu connaître et le mois de mars qui était un petit peu
01:53 nerveux, c'est quand même la classe d'actifs qui a le plus collecté avec environ 50%,
01:58 environ 6 milliards de collecte sur les ETF fractions.
02:00 Si on regarde un peu plus en matière géographique, il y a eu des rachats sur le Canada.
02:04 Mais ce qui est important de voir, c'est qu'il y a eu quand même une rotation géographique.
02:09 On a eu pas mal de ventes sur les actions européennes pour un retour sur les actions
02:14 américaines.
02:15 Le choc bancaire au niveau du crédit suisse a fait craindre un petit peu sur les banques.
02:19 Et puis comme le marché européen, d'une manière générale, marchait très bien depuis
02:22 le début de l'année, il y a certainement eu des prises de profit.
02:24 Ça, c'est le premier mouvement.
02:25 Le deuxième mouvement, un retour sur les actions américaines.
02:28 Un retour aussi sur les actions émergentes qu'on a pu noter avec une différence au
02:32 niveau du cycle de toute façon.
02:34 Et puis surtout aussi, de la même manière que sur la performance des marchés en tant
02:38 que telle, une baisse de la value et vraiment un retour sur les valeurs cycliques.
02:43 Ce qu'on a vu, c'est qu'il y avait eu un réflexe sur les valeurs cycliques et ça
02:46 se voit aussi au niveau des flux, au niveau des ETF.
02:48 Très clair, le mois de mars a été marqué quand même par une baisse des taux suite
02:52 aux différents chocs bancaires qui a redonné un peu d'intérêt pour des styles en tout
02:57 cas qui avaient beaucoup souffert.
02:59 Que s'est-il passé justement sur l'obligataire ?
03:03 Sur l'obligataire, on a environ 4 milliards de subscriptions sur l'obligataire, ce qui
03:06 est assez important pour le marché obligataire.
03:08 Et là vraiment le mouvement, c'est une réduction du risque parce qu'on a vraiment vu un mouvement
03:11 de sortie des obligations d'entreprise, que ce soit du Investment Grad ou de la Yield
03:17 et vraiment un retour vers les obligations d'Etat, donc moins risqué.
03:22 L'idée incertainement, c'est que le différentiel de rémunération entre les deux est devenu
03:26 quand même relativement serré et avec une crainte que les banques un peu contractent
03:31 l'offre de crédit globalement.
03:33 Ça a fait se déplacer les investisseurs vers les investissements en obligation d'Etat,
03:39 qui est considéré comme étant moins risqué aussi dans ce mouvement-là.
03:42 Et puis les produits matières premières, également collectes.
03:45 Environ 1,5 milliard de collectes.
03:47 Et là essentiellement sur tout ce qui va être métaux précieux, le pétrole a collecté
03:53 aussi, tout ce qui est énergie au sens large a collecté aussi, mais dans des mesures un
03:56 petit peu moindres.
03:57 Et là il y a certainement aussi un réflexe d'aversion un petit peu au risque durant
04:00 le mois de mars qui a fait que les matières premières, vraiment sur le côté métaux
04:05 précieux, a collecté un peu plus.
04:08 C'est ça, avec le phénomène de prise de profit.
04:10 Mais ce que vous décrivez là, c'est quand même l'idée, alors après, attention les
04:12 ETF ça peut être aussi des outils très tactiques, d'exposition très rapide aussi
04:16 dans des moments particuliers.
04:18 Mais il y a quand même l'idée, voilà, on est revenu à un truc un peu plus défensif,
04:22 avec un peu plus de visibilité, de protection peut-être aussi dans les stratégies.
04:26 Du côté des émetteurs, quels ont été peut-être les mouvements intéressants à signaler
04:32 au cours du mois de mars ? La BlackRock a publié, d'ailleurs j'ai vu qu'ils avaient
04:36 baissé en cours, ils se sont un peu éloignés des 10 trillions de dollars d'encours.
04:40 Ils ont vu leurs encours baisser de quelques pourcents je crois, ils restent malgré tout
04:44 leaders.
04:45 Alors sur les ETF, ils ont encore collecté pratiquement 8 milliards, donc 7 milliards
04:49 à 8 pour être précis.
04:50 Sur 12, c'est ça ? Sur le mois de mars ?
04:53 Sur le mois de mars, depuis le début de l'année on a 19 milliards, ce qui est quand même
04:57 5 fois plus que le deuxième émetteur qu'a collecté, qui est DWS.
05:01 Donc l'écart est vraiment colossal, ils sont vraiment loin devant.
05:04 Et mois après mois, je ne vais pas vous y en prendre, mais c'est encore une fois BlackRock
05:09 qui collecte le plus.
05:10 A noter en termes d'émetteur, Amundi, qui avait fait un début d'année un petit peu
05:13 compliqué et qui là revient avec 1,7 milliard de collecte et retrouve ce qu'on peut attendre
05:19 d'un émetteur de la taille d'Amundi et des ambitions d'Amundi.
05:22 Et là vraiment sur le mois de mars, c'est quand même 75% de sa collecte annuelle qui
05:26 a été faite uniquement sur le mois de mars.
05:28 Donc on voit vraiment un retour d'Amundi au niveau de la collecte.
05:32 En termes d'émetteur, c'est un peu anecdotique par rapport à ce qui s'est passé entre UBS
05:36 et Crédit Suisse, mais moi je me suis amusé de regarder.
05:39 La logique voudrait que de toute façon UBS reprend aussi l'activité d'ETF de Crédit
05:43 Suisse avec une gamme qui se complète bien, notamment en termes ESG avec des méthodes
05:47 différentes.
05:48 Donc on verra si les deux gammes seront conservées, parce qu'évidemment dans ces mouvements-là
05:53 on peut aussi vouloir rationaliser un petit peu les gammes.
05:55 Mais ce qui est un petit peu amusant de regarder, c'est que si on fait à fin mars la somme
05:59 des encours d'UBS et de Crédit Suisse, ça permettrait à UBS de gagner un rang en termes
06:03 de classification, de se retrouver quatrième et de dépasser juste Vanguard, et de se retrouver
06:08 donc du coup derrière BlackRock, Amundi et DWS, et de se retrouver donc du coup de gagner
06:13 un rang.
06:14 Ça les met un peu plus dans la course.
06:15 Je ne sais pas si ce sera une activité stratégique pour le nouvel ensemble, on verra.
06:19 Parce que UBS et Crédit Suisse séparément n'étaient pas des gros émetteurs ou pourvoyeurs
06:24 d'ETF.
06:25 Il y a une certaine marge encore à franchir, mais sur la course un petit peu avec Vanguard,
06:31 ça pourrait les faire passer devant et donc relancer un petit peu.
06:34 Oui, Vanguard étant quand même le pionnier historique des ETF, c'est pas rien comme
06:39 marque dans l'industrie des ETF.
06:41 Vous avez cité les ETF ESG, au passage, en termes de collecte, là aussi je crois que
06:45 ça se confirme sur le mois de mars, il y a quand même un gros coup d'arrêt pour la
06:48 collecte des produits ESG en général dans l'industrie ETF.
06:53 Et là, il y a vraiment tout ce qui est ETF ESG au sens large à collecter sur le mois
06:57 de mars, ça ne représente que 5% de la collecte totale.
07:00 Et depuis que l'observatoire est suivi au Sankoni, c'est le plus bas.
07:05 J'avais en tête des proportions jusqu'à 30% parfois de la collecte par mois.
07:09 Il y a eu 5.
07:10 C'est très très bonnes années et là, ce mois, c'est vraiment le "pire mois".
07:13 Donc un point ne fait pas une tendance.
07:15 Mais c'est vrai que c'est intéressant de regarder parce que ce qu'on a en tête, c'est
07:18 qu'effectivement il y a un mouvement de fond quand même vers l'ESG, un mouvement aussi
07:22 qui était favorisé par les performances jusqu'à fin 2021.
07:25 2022 a été très dur en termes de performances puisque les secteurs défensifs, vraiment
07:29 de la défense et les secteurs aussi liés à l'énergie sont ceux qui ont le mieux
07:33 performé en 2022.
07:34 Donc nécessairement, toutes les stratégies du ESG sont un petit peu en retrait par rapport.
07:38 Mais on ne fait pas que de la performance lorsqu'on investit en ESG.
07:41 Et là, il faut voir, il faut observer.
07:44 Là, il y a un retrait.
07:45 Nous, de la part de nos clients, on ne voit pas de retrait spécifique par rapport à l'ESG.
07:50 Et puis la volonté est toujours là.
07:52 Mais c'est vrai que sur les flux, vraiment sur les ETF, c'est à noter, c'est uniquement
07:56 5% de la collecte qui est sur les supports ESG, ce qui est très bas par rapport à ce
08:00 qu'on a.
08:01 Est-ce qu'on le retrouve en matière de lancement de nouveaux produits ? En quantité, est-ce
08:04 que le mois de mars a été un mois de lancement important ? Et est-ce qu'on continue de lancer
08:08 quand même des ETF alignés sur les accords de Paris ou ESG au sens général ?
08:13 Alors on en voit un petit peu tout.
08:15 Sur la richesse des lancements sur le mois de mars, on a 14 lancements sur le mois de
08:19 mars.
08:20 Donc c'est plutôt une bonne moyenne.
08:21 La moitié est faite par Amundi, donc vraiment une grosse activité en termes de lancement,
08:25 certainement dans le cadre de la refonte de leur gamme aussi et des modifications d'indices.
08:29 Donc la moitié, 7 ETF lancés par Amundi.
08:32 Deux ETF, je vous ai sélectionné deux ETF un petit peu marquants en termes de recherche,
08:39 un petit peu d'innovation.
08:40 Un, donc un peu ESG, par Fidelity, sur le côté obligataire.
08:44 Fidelity a lancé un ETF obligataire, ce qui est relativement complexe.
08:48 Sur obligations souveraines, donc vraiment émis par les Etats et en recherche de réduction
08:54 carbone, d'intensité carbone.
08:55 Et c'est vrai que c'est assez ambitieux parce que c'est toujours très compliqué lorsqu'on
08:59 essaie de noter des Etats en termes d'émissions.
09:01 Qu'est-ce qu'on prend ? Qu'est-ce qu'on considère ? C'est quand même plus facile
09:03 sur les entreprises que sur des Etats.
09:04 Mais en tout cas, une démarche à saluer de la part de Fidelity qui a lancé cet ETF
09:09 obligataire.
09:10 Et là, pas du tout ESG, mais je trouve ça assez amusant côté VanEck qui fait vraiment,
09:14 a toujours des ETF vraiment très thématiques, très spécifiques.
09:17 Et avec un ETF sur action cette fois-ci et sur la défense.
09:21 Donc la défense au sens large, à la fois militaire et également à la cybersécurité.
09:25 Et moi, je trouve que c'est intéressant parce que, évidemment, c'est des thèmes
09:29 qui sont géopolitiques, qui depuis l'année dernière, sont revenus vraiment au devant
09:33 du tableau.
09:34 Mais lancer un ETF, ça demande quand même un investissement en termes de recherche et
09:37 en termes...
09:38 Et donc, ça signifie quand même que pour VanEck, ces thèmes-là, malheureusement,
09:41 sont loin de disparaître dans les prochains mois.
09:43 Ils ambitionnent que c'est un nouveau thème qui va redevenir important sur le...
09:47 Certains dans l'univers ESG estiment que si la défense n'est pas ESG, effectivement,
09:52 c'est un secteur historiquement exclu.
09:54 Les événements des derniers mois, trimestre, année, montrent que c'est peut-être un thème,
09:59 la stabilité quand même géopolitique, quelque chose qui mérite peut-être aussi
10:03 d'être regardé de manière un peu différente par les investisseurs.
10:06 Bon, voilà pour ce tour d'horizon, effectivement, des tendances au sein de l'industrie.
10:10 Qu'en est-il du positionnement et de la stratégie que vous déployez en ce moment
10:16 chez Yeomanie, pour le compte de vos clients, Olivier ?
10:18 Oui, alors sur la stratégie, sur le positionnement, on était un petit peu conservateurs...
10:23 Enfin, pas conservateurs, pardon, offensifs en termes d'action.
10:25 Enfin, offensifs, c'est un peu exagéré, mais on était plutôt surpondérés.
10:29 Constructifs ?
10:30 Surpondés, voilà, c'est ce qu'on cherchait à voir.
10:31 On était plutôt constructifs, donc avec une allocation légèrement surpondérée en
10:34 action.
10:35 On maintient cette surpondération.
10:37 Pourquoi ? Parce que ce qui s'est passé pendant le mois de mars,
10:40 qui était quand même un événement très important, notamment des craintes bancaires,
10:43 aurait pu être interprété de deux manières.
10:45 La première, ça aurait été de se dire qu'avec la violence de Yosemite qu'on avait
10:48 vue, on commençait vraiment à avoir des signaux qu'il se passait quelque chose qu'on
10:51 n'avait pas forcément anticipé.
10:52 Ça aurait été vraiment très négatif.
10:54 Et la deuxième, c'était de voir ça de manière positive sur la réaction des banques
10:58 centrales et sur le fait qu'ils étaient capables d'être flexibles et qu'ils faisaient
11:01 ce qu'il fallait au bon moment.
11:02 Et c'est vraiment cette deuxième approche qui a été prise, puisque au final, le mois
11:05 de mars finit en positif sur les actions.
11:07 Donc vraiment, le marché est très optimiste, très conciliant et donc on suit ce mouvement-là.
11:11 Donc on maintient cette position.
11:13 On avait également une position à pari tactique sur les technologies, les valeurs technologiques
11:16 qui ont bien marché et on le conserve.
11:18 Et on a bougé un petit peu sur les actions.
11:20 On rajoute un petit peu d'émergents, puisqu'on pense qu'on a une vue plutôt baissière sur
11:23 le dollar.
11:24 Bien sûr.
11:25 Voilà, comme beaucoup sur la place.
11:27 Mais voilà, on pense que le...
11:28 Et donc ça, ça a tendance à aider.
11:29 C'est plutôt un remporteur, effectivement, pour les émergents.
11:30 Voilà, plutôt porteur pour les marchés émergents.
11:32 Donc on introduit un petit peu de marché émergent sur le côté actions.
11:36 Côté taux, on est...
11:37 Nous aussi, on a fait un petit peu comme les ETF.
11:40 Au global, on a réduit la part en obligations émises par les entreprises avec cette idée
11:45 que les banques pourraient être un peu plus prudentes sur le crédit et ça pourrait pénaliser
11:48 un petit peu les obligations d'entreprises.
11:50 Merci beaucoup Olivier.
11:51 Olivier Malteste qui était avec nous pour poursuivre évidemment ce rendez-vous mensuel
11:55 qui nous permet de décrypter les tendances mensuelles au sein de l'industrie des ETF
12:00 avec Yeomani.
12:01 Olivier Malteste, directeur des investissements d'Yeomani qui était avec nous, l'invité
12:04 de ce quart d'heure thématique de Smartbourse ce soir.
12:07 On se retrouve lundi à 12h30 en direct sur Bsmart.
12:09 Merci.