• l’année dernière
Lundi 17 avril 2023, SMART IMPACT reçoit Cassandre Maury (Directrice Générale, Les jardins de Gaïa)

Category

🗞
News
Transcription
00:00 [Musique]
00:06 L'invité de ce Smart Impact est avec nous en duplex, en visioconférence.
00:11 C'est donc Cassandre Maury, directrice générale des Jardins de Gaïa.
00:14 Bonjour, bienvenue.
00:16 Vous proposez des thés, des tisanes bio et équitables.
00:20 On va évidemment présenter les Jardins de Gaïa, sa création en 1994,
00:24 l'esprit pionnier qu'il pouvait y avoir à l'époque.
00:26 Mais une question plus générale pour commencer, sur le marché du bio.
00:29 À quel point il souffre, et des produits équitables en général,
00:32 à quel point il souffre de l'inflation qui frappe les Français de plein fouet depuis plus d'un an ?
00:38 Bonjour à tous, merci pour l'invitation.
00:42 Effectivement, nous, en étant une PME 100% bio,
00:48 on suit un petit peu la tendance du recul de la bio cette dernière année.
00:54 Et on subit de plein fouet l'inflation, que ce soit au niveau des matières premières,
01:00 au niveau de tout ce qui est consommable de production,
01:03 c'est-à-dire cartons, emballages, etc.
01:07 Donc on a été également contraints de reporter ces augmentations sur nos prix,
01:13 même si on a essayé dans une certaine mesure de contenir absolument l'augmentation des prix.
01:20 Mais c'était nécessaire pour nous, sans ça c'était un petit peu compliqué de continuer.
01:26 Donc cette inflation, effectivement, elle est existante,
01:31 elle est bien prise en compte par notre entreprise,
01:34 elle est prise en compte dans nos prix de vente, et on ne peut pas faire sans.
01:39 Maintenant, c'est vrai que l'inflation, c'est une des raisons qui expliquent le recul de la bio,
01:46 mais ce n'est pas l'unique raison.
01:48 Peut-être que le contexte fait aussi qu'on martèle beaucoup sur l'inflation,
01:53 mais on martèle peut-être un peu moins en termes de communication sur l'impact.
01:57 Et c'est surtout sur ce sujet-là qu'il faut qu'on s'accorde du temps pour réfléchir
02:03 et pour véritablement voir ce qu'il y a derrière le prix
02:07 et comprendre comment le prix est constitué.
02:11 Bien sûr. Alors, les Jardins de Gaillard, je le disais, entreprise fondée en 1994,
02:17 c'était pionnier, ça existait à l'époque en France des thés bio équitables ?
02:21 Non, ça n'existait pas.
02:23 Et donc, moi, je n'étais pas là lors de la création,
02:26 puisque c'est Arlette Romère qui a fondé l'entreprise,
02:29 avec cette volonté forte à l'époque de proposer des produits
02:35 qui soient issus de l'agriculture biologique,
02:37 et ça a été notre cheval de bataille jusqu'à présent.
02:41 Bien évidemment, au fil du temps, le marché s'est développé
02:44 et la prise de conscience, etc., également.
02:47 Mais à l'époque, on était vraiment les premiers à proposer ces produits
02:51 issus de l'agriculture bio, et c'est vrai que c'était un petit monde, la bio.
02:55 Ça tournait beaucoup autour des salons B2C, des petits salons bio,
02:59 c'était des petits réseaux de personnes très militantes, en fait,
03:03 qui considéraient la bio comme un label, puisqu'à l'époque,
03:07 on était loin de l'Eurofeuille, mais qui considéraient l'agriculture biologique
03:11 plutôt comme une manière d'envisager le monde, un prisme politique,
03:15 un prisme sociopolitique.
03:17 - Mais alors, comment on va parler, évidemment, de la juste rémunération
03:21 des producteurs ? C'est un élément essentiel des produits équitables en général,
03:27 mais sur l'aspect bio, quand ça démarre, je sais bien que vous n'étiez pas là
03:32 au début, mais il faut les accompagner, les producteurs, pour qu'ils passent
03:36 au bio, ça suppose de les financer, de les pré-financer.
03:39 Comment vous réussissez à accélérer finalement cette transition ?
03:44 - C'est un point très important de notre stratégie.
03:49 On a, en fait, un service qui accompagne les organisations de producteurs
03:54 dans la construction de la filière, donc la construction de leur organisation,
03:59 que ce soit sous forme de coopérative ou d'association de producteurs,
04:03 pour qu'ensuite, souvent, ils puissent être certifiés en agriculture biologique,
04:08 et passer l'étape également de la certification en commerce équitable.
04:13 Tout ça, c'est un travail en amont qui est très important, qui prend des mois,
04:18 voire des années, pour aboutir à quelque chose de solide, de stable,
04:22 et de pérenne surtout, puisque le commerce équitable, c'est avant tout
04:25 une relation de partenariat sur le long terme, et donc ça demande un gros travail
04:31 de dialogue, très souvent dans l'interculturalité, puisqu'on est sur un produit
04:36 qui vient d'ailleurs, et c'est ce qui est passionnant dans la démarche
04:41 de commerce équitable. Donc c'est un réel investissement à la fois humain,
04:46 mais aussi économique pour l'entreprise, puisque ça demande souvent à l'entreprise
04:51 d'avancer des fonds pour, par exemple, organiser les audits, et payer les audits
04:59 en agriculture biologique, voire en commerce équitable.
05:02 Et puis vous savez que le commerce équitable, c'est également le préfinancement
05:06 des récoltes, le paiement d'un prix juste, le paiement d'une prime de développement
05:11 au-delà du prix, pour justement le développement des coopératives
05:15 et des besoins des populations locales. Donc ce n'est pas seulement un label,
05:22 c'est ce que le label doit refléter en fait, il faut garder en tête
05:26 tout le travail important qui est mis en œuvre par les entreprises
05:30 qui sont en commerce équitable sur les filières en amont,
05:33 donc main dans la main avec les producteurs, qu'ils soient d'ailleurs
05:37 de très loin ou de plus près.
05:40 Alors on va en parler des producteurs plus près, pardon de vous interrompre,
05:43 parce que votre siège je crois est en Alsace, vous êtes en train de relocaliser,
05:48 c'est ça une filière de plantes à infusion ? Expliquez-nous.
05:52 Oui, c'est une démarche qu'on a entrepris il y a un an et demi,
05:56 dans la perspective de créer des partenariats avec des producteurs
06:01 sur notre territoire. Ce n'est pas une chose évidente,
06:04 comme je vous l'ai dit, ça prend beaucoup de temps de diagnostiquer déjà
06:07 et de voir s'il y a un besoin sur le sujet dans la région.
06:10 Et donc là on a mis en place avec Bio Grand Est un projet de diagnostic
06:16 de territoire dans l'objectif de pouvoir travailler avec des producteurs
06:21 qui seraient aussi intéressés de diversifier leur culture
06:26 dans les plantes à infusion. Parce que vous voyez sur notre territoire
06:30 des produits tels que le calendula, la mélisse, l'ortie, etc.
06:36 peuvent très bien pousser sans aucun problème.
06:39 Là on n'est pas sur des territoires où le terroir va être un enjeu.
06:45 C'est sûr que faire pousser de l'origan en Alsace, je n'irais peut-être pas jusque là,
06:49 mais on peut tout à fait avoir des produits de très bonne qualité
06:52 sur le territoire ici. Donc c'est un projet qui a été monté il y a environ un an
06:58 et qu'on va poursuivre. On aura normalement les premiers essais de récolte
07:03 de la commune d'Ungersheim, au sud de Colmar, cet été.
07:08 Donc en fonction de ce que ça donne, on pourra poursuivre le chemin
07:13 même dans la main avec les producteurs.
07:15 Ça va forcément améliorer votre bilan carbone, parce que vous le disiez,
07:18 la difficulté quand on produit du thé, c'est qu'il vient forcément de loin,
07:25 voire de très loin. Quelle solution vous avez mise en place sur cette question
07:30 des transports des marchandises ?
07:32 Sur le transport, on est sur le front depuis 2015, c'est-à-dire la date
07:38 à laquelle on a vraiment commencé à importer par container, par voie maritime
07:42 et ensuite par voie fluviale, c'est-à-dire que les containers sont déchargés à Anvers.
07:47 Puisque nous avons la chance d'être proche du Rhin, les containers sont
07:51 ensuite basculés sur des péniches et sont approvisionnés, en fait arrivent
07:56 sur le port de Strasbourg et ensuite livrés par camion chez nous.
08:00 Ça nous permet de réduire notre empreinte CO2. Par ailleurs, il faut savoir
08:05 que surtout ce qui est transport, nous avons un partenariat avec notre transporteur
08:12 pour avoir chaque fin d'année le total des émissions carbone dues au transport.
08:19 Sur cette base-là, nous compensons volontairement nos émissions carbone,
08:25 c'est-à-dire que nous achetons des crédits carbone. En fait, tout simplement,
08:30 nous achetons des crédits auprès d'ONG qui travaillent sur des projets certifiés
08:35 « Verified Carbon Standard » dans différents pays du monde et qui permettent
08:40 de financer des projets soit de reforestation, soit justement pour lutter
08:45 contre la déforestation. Il y a un certain nombre de projets pour lutter
08:50 contre le changement climatique.
08:54 - Il nous reste un peu plus d'une minute, je voudrais qu'on dise un mot quand même.
08:57 Vous avez ouvert votre première boutique intégrée à Rhin, avec la marque
09:01 Les Jardins de Gaillard. Pourquoi ce choix ?
09:05 - Ce choix, depuis 2016, on a le souhait d'ouvrir une boutique.
09:12 On a fait un pop-up, c'est-à-dire une boutique éphémère à Paris en 2016.
09:16 Ça a été vraiment un succès. À l'époque, la bio était en pleine croissance
09:20 et on avait beaucoup d'autres choses à faire. On ne s'est pas vraiment concentré
09:24 sur ce projet. Là, on a un revendeur indépendant qui a voulu faire autre chose
09:28 de sa vie, qui vendait quasi exclusivement du Jardin de Gaillard sur Rhin
09:33 et qui nous a proposé de reprendre la boutique. Donc on s'est dit, c'est le moment
09:37 et on va repenser le concept pour proposer quelque chose de nouveau et de novateur
09:42 qui illustre vraiment la qualité de nos produits et notre démarche sur Rhin.
09:47 Parce que Rhin, c'est aussi un territoire sur lequel il y a de forts engagements
09:51 et où la marque est connue. Donc on a ouvert au mois de décembre l'année dernière
09:58 et on a inauguré à la fin du mois de mars cette année la boutique à laquelle j'invite
10:03 tout le monde à se rendre pour découvrir le nouveau concept.
10:06 Et il y en aura peut-être d'autres dans d'autres villes.
10:08 Merci beaucoup Cassandra Mori et à bientôt sur BeSmart.
10:12 On passe à notre débat, comment rattraper le retard français en matière d'utilisation des eaux usées ?

Recommandations