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Dans Historiquement Vôtre, Clémentine Portier-Kaltenbach vous raconte un inventeur qui avait une machine en tête. Le 2 juillet 1881, le président des États-Unis, James A. Garfield, s’apprête à monter à bord d’un train quand soudain, un individu lui tire dessus à bout portant. Atteint au dos, le président est hospitalisé sans que l’on parvienne à localiser la balle logée dans son corps. Alexander Graham Bell propose alors d'utiliser le détecteur de métaux qu'il a mis au point…
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Transcription
00:00 Dans l'intimité de l'histoire
00:02 Aujourd'hui Clémentine, vous nous racontez un inventeur qui avait une machine en tête lui aussi.
00:07 Alexander Graham Bell et son fameux détecteur de métaux qu'il a imaginé
00:11 pour un président américain qu'on venait de tenter d'assassiner avec une balle dans le dos.
00:16 Oui Stéphane, cela se passe le 2 juillet 1881 au matin.
00:21 Le président des États-Unis, James Abraham Garfield,
00:24 s'apprête à prendre le train à la gare de Washington car il part en vacances,
00:28 un repos bien mérité. Il est accompagné de ses deux fils et d'un secrétaire d'État dont il est proche
00:34 mais il n'a aucun garde du corps.
00:37 Et alors qu'il se dirige vers la salle d'attente, un individu s'approche de lui
00:42 et par deux fois lui tire dessus à bout portant.
00:45 Si la première balle ne fait que frôler son épaule, la seconde l'atteint en plein milieu du dos.
00:51 Dans tout le pays l'émotion est immense.
00:53 L'attentat fait la une des journaux qui publient chaque jour un bulletin de santé du président.
00:59 Un président dont les médecins sont très inquiets car ils ne parviennent pas à localiser la balle.
01:05 Alors Graham Bell prend contact avec la Maison Blanche
01:08 car sur la base d'un dispositif dit "balance à induction"
01:12 inventé par son ami et son collègue David Hughes,
01:15 il pense pouvoir mettre au point un détecteur de métal
01:19 qui permettra de localiser la balle. Jusqu'à présent ça n'existe pas.
01:23 Son appareil présente certaines caractéristiques techniques communes à son téléphone.
01:29 Il utilise une batterie et plusieurs bobines métalliques attachées sur une plateforme en bois.
01:34 Tout ça c'est très sommaire, ça génère un champ électrique
01:37 et lorsqu'une bobine est passée sur le corps,
01:40 si elle détecte du métal, elle répond par un "clic-tic" qu'on peut entendre sur un écouteur.
01:46 Ne me demandez pas comment ça marche, je n'y comprends rien.
01:48 Bon, alors bien sûr, Bell teste d'abord l'appareil avant de l'apporter à la Maison Blanche.
01:53 Sinon il passerait quand même pour un rigolo.
01:55 Donc il tire des balles dans une planche de bois, puis il tire des balles sur des carcasses d'animaux
02:00 et les recherche à l'aide de sa machine.
02:02 Le résultat est concluant.
02:04 Alors, il l'applique sur le corps de vétérans de la guerre de Sécession
02:08 qui ont encore des fragments de balles dans l'organisme.
02:12 Et là, apparemment, ça fonctionne.
02:14 Il est temps d'essayer sur le président.
02:17 Bon, la première tentative est un flop parce que Bell a ajouté à son appareil un condensateur.
02:23 Oh là, de quoi s'agit-il là non plus ?
02:25 Ne me le demandez pas !
02:26 Et le bruit du condensateur empêche d'entendre le fameux "clic-tic"
02:30 qui devrait révéler la présence ou pas de métal.
02:33 De plus, le lit du président a des armatures métalliques.
02:38 Alors apparemment, ça crée des interférences avec l'appareil.
02:41 Bon, donc Bell va revoir sa copie.
02:44 Il bricole à nouveau son appareil dans un coin.
02:47 Il revient au chevet du président et là, on entendrait une mouche voler.
02:51 Silence complet.
02:53 On retient son souffle, on met le Garfield sur le flanc
02:56 et son médecin, le docteur Bliss, passe la bobine le long de sa colonne vertébrale.
03:00 Bell se dit "c'est quand même bien étrange tout ça parce que la balle a dû traverser l'organisme
03:05 donc elle doit se retrouver quelque part dans l'abdomen.
03:08 Pourquoi est-ce que Bliss ne cherche que sur la colonne vertébrale ?
03:11 C'est absurde !"
03:12 Mais enfin, d'autre part, Bliss, c'est lui le médecin, c'est pas bel !
03:15 Un très mauvais médecin qui a déjà maintes fois examiné la plaie du président
03:20 avec les mains non lavées et des instruments non stériles.
03:23 Bon, échec, on ne trouve pas le projectile.
03:26 Cependant, Garfield reprend un peu de poil de la bête
03:29 donc on le transporte au bord de la mer dans le New Jersey.
03:32 Il semble un petit peu récupéré.
03:34 Mais ça n'est qu'un faux espoir car le 19 septembre 1881,
03:39 soit deux mois et demi après l'attentat, il meurt d'une septicémie.
03:43 Ah ça, ces médecins n'y sont pas pour rien.
03:47 Son autopsie va permettre de retrouver la balle.
03:50 Elle était à l'opposé, très exactement à l'opposé de l'endroit où Bliss avait passé l'appareil,
03:55 du côté du pancréas.
03:57 Elle n'avait lésé aucun organe.
03:59 Donc si ces médecins n'avaient pas été aussi mauvais,
04:01 s'ils n'avaient pas trifatouillé la plaie avec leurs mains sales,
04:05 le président Garfield aurait pu survivre.
04:07 Mais au fait, qui était son assassin ?
04:10 Et quel était le mobile du crime ?
04:12 Il se nommait Charles Guiteau.
04:14 Je trouve ça très inquiétant parce que c'est un nom qui me paraît très français,
04:18 mais je n'ai pas réussi à retrouver son origine.
04:20 Alors le jour du drame, un policier l'a arrêté
04:23 alors qu'il allait s'enfuir très tranquillement au calèche.
04:26 C'était un avocat raté qui a fait plusieurs fois faillite et c'était un plagiaire.
04:30 Et comme il avait écrit un vague discours de soutien à l'investiture de Garfield,
04:35 un discours que d'ailleurs il n'avait jamais eu l'occasion de prononcer,
04:39 eh bien il considérait que son travail d'écriture
04:41 devrait lui valoir au moins un consulat ou une ambassade.
04:45 Il briguait le consulat des États-Unis à Paris.
04:48 Alors il a commencé à faire le siège de la Maison-Blanche quasiment quotidiennement.
04:52 Garfield l'a reçu une fois.
04:54 Et puis vite il a demandé à ce qu'on le débarrasse de cet importun
04:57 qui tenait plus du clochard que de l'avocat.
04:59 Les fonctionnaires de la Maison-Blanche en avaient tellement marre de ce gars-là
05:03 que le 13 mai 1881, ils le font expulser de la salle d'attente de la Maison-Blanche.
05:08 Et ben résultat, voyons, il l'a contrarié.
05:10 Un mois et demi plus tard, Guiteau a tiré sur le président.
05:14 Durant son procès, il va prétendre qu'il a agi sur ordre de Dieu
05:17 et qu'il était fou à ce moment-là.
05:19 Vrai ou faux, en tout cas, il envisageait sérieusement, après sa libération,
05:22 de donner des conférences et de se présenter aux présidentielles de 1884.
05:26 Mais à ce moment-là, il avait déjà été pendu haut et court depuis belle lurette.
05:30 Malgré tout, l'affaire Guiteau est l'un des tout premiers cas
05:34 dans l'histoire de la justice américaine
05:36 où l'irresponsabilité pour cause de folie fut examinée.
05:40 - Merci Clémentine !
05:42 - Mais alors cette machine ne marchait pas !
05:44 - Mais si elle marchait ! - Ils n'ont pas trouvé la balle !
05:46 - Il fallait la passer sur tout le corps !
05:49 Là, il est resté uniquement sur la colonne vertébrale.
05:52 Donc ça n'a pas fonctionné.
05:54 S'il l'avait laissé allongé sur le dos,
05:57 qu'il était passé du côté du vedon à sur le flanc,
06:00 ben on aurait trouvé la balle !
06:02 - Parce qu'un corps, c'est pas si grand que ça,
06:04 il faut faire un petit effort de passer devant aussi !
06:06 - Ben c'était peut-être des cossards que vous voulez vous qui me disent !