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Dans Historiquement Vôtre, Clémentine Portier-Kaltenbach vous raconte le fauteuil du révolutionnaire Georges Couthon (1755-1794). Avocat originaire de Clermont-Ferrand et paralytique, ce dernier est devenu l’un des acteurs les plus féroces de la terreur révolutionnaire.
Retrouvez "Dans l'intimité de l'Histoire" sur : http://www.europe1.fr/emissions/dans-lintimite-de-lhistoire

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Transcription
00:00 nous raconte des histoires dont elle seule a le secret.
00:02 Et aujourd'hui Clémentine, après Madame Roland, on reste au temps de la Révolution
00:09 puisque vous nous racontez le destin de l'avocat Georges Couton
00:12 qui lui ne tenait pas salon mais a pris part au mouvement sur son fauteuil
00:16 en s'opposant à l'ancien régime et en prenant en même la terreur.
00:19 - Vous avez raison Stéphane, mais enfin comme on parle salon aujourd'hui
00:23 je vais m'intéresser d'ailleurs davantage au fauteuil à roulettes de Couton
00:26 qu'à Couton lui-même, figurez-vous.
00:28 Ce fauteuil d'ailleurs est aujourd'hui la propriété du musée Carnavalet
00:32 je suppose que vous l'avez déjà vu Stéphane, vous naturellement et vous Jean-Luc, le fauteuil de Couton ?
00:36 - Non pardon, pardon. - Non, ça vous dit rien ?
00:38 Bon alors, vous avez encore la vie devant vous pour aller le voir.
00:41 - Surtout qu'il a été complètement refait le musée Carnavalet.
00:44 - Ah je voyais le fauteuil, non ce serait dommage.
00:46 - Ah bah peut-être que le fauteuil faudra le refaire aussi parce que
00:49 il était jadis sans doute dans une très jolie couleur jaune citron
00:53 et puis la couleur a évidemment un petit peu passé avec le temps
00:55 donc c'est un fauteuil à trois roues et c'est un objet qui fait une très forte impression
01:02 parce que voyez-vous, tout infirme et souffrant que fut Couton
01:06 eh bien il a en effet été l'un des grands pourvoyeurs de la guillotine
01:11 il était très proche de Robespierre et de Saint-Just
01:13 avec lesquels il a constitué une sorte de triumvirat
01:18 et c'est lui qui a institué la grande terreur.
01:21 Alors on ne sait pas au juste de quoi souffrait Couton
01:25 pourquoi était-il en fauteuil roulant ?
01:27 La légende, ça c'est la petite histoire, prétendait qu'il était au lit avec sa maîtresse
01:33 et puis ils entendent que le mari s'apprête à revenir
01:36 alors il se précipite, passe par la fenêtre, se cache au fond d'un puits
01:42 et il aurait passé la nuit dans l'eau froide jusqu'au cou
01:46 et voilà et par la suite il s'est retrouvé paralysé.
01:48 Le célèbre docteur Cabanes à la fin du 19ème
01:53 a émis un diagnostic un petit peu plus sûr
01:56 celui d'une pachy-méningite chronique d'orso-lombaire
02:00 primitivement localisé aux racines du plexus lombo-sacré
02:03 bon, ce qui vous l'avouez nous fait une belle jambe à nous
02:06 mais enfin lui, ça lui a privé des dossiènes.
02:09 Et les dernières théories en date considèrent que c'est un homme
02:12 qui depuis l'enfance avait dû contracter à la suite d'un coup de froid
02:17 des rhumatismes articulaires
02:19 et des rhumatismes qui sont aggravés avec le temps.
02:23 Alors quoi qu'il en soit, Couton était privé de l'usage de ses membres inférieurs
02:29 mais il avait une activité tout à fait extraordinaire
02:33 d'ailleurs au début de la révolution il continuait en fait à marcher un petit peu
02:37 il avait une ou deux béquilles
02:39 et à chaque fois il va loger tout près des tuileries
02:43 pour avoir à marcher, à se déplacer avec le moins de difficultés possibles.
02:47 Mais bientôt, hélas, ses souffrances s'aggravent
02:50 et ses jambes lui refusent tout service
02:53 malgré des bains de boue répétés
02:55 il prenait aussi les os, mais tout ça ça servait à rien du tout
02:58 et donc il doit se faire porter
03:00 jusqu'au jour où là il se présente en fauteuil roulant.
03:04 Alors il faisait avancer lui-même son fauteuil
03:06 c'est pour ça que je demandais tout à l'heure à Stéphane
03:08 s'il savait tirer la bobinette pour faire chouard la chevillette ou réciproquement
03:12 parce que, en fait, voyez-vous, il actionnait lui-même son fauteuil
03:16 au bout des accoudoirs il y avait un petit peu comme un moulin à café à l'ancienne, voyez
03:20 il y avait une sorte d'engrenage qui transmettait le mouvement aux roues
03:25 c'est comme s'il avait eu un moulin à café au bout de chaque main
03:28 et il le tournait comme ça tout à l'heure pour pouvoir avancer
03:31 - Comme des pédales manuelles, presque
03:33 - Très très juste, c'est très juste, c'était des pédales manuelles
03:37 En effet, en tout cas le voir arriver avec ça à la convention
03:41 ça devait quand même être assez impressionnant
03:43 et ça a été décrit par un historien ainsi
03:45 cet homme roulant avec un bruit de cresselle
03:49 les bras agités d'un perpétuel mouvement de rotation horizontale
03:53 le tronc penché en avant
03:55 les jambes mortes enveloppées de couverture
03:57 suant, criant gare
03:59 emporté par sa machine à travers la foule qui s'écartait
04:02 stupéfaite, déconcertée du contraste entre l'aspect pitoyable de cet homme
04:08 et la terreur qu'inspirait son nom
04:10 plus redouté peut-être que celui de Robespierre
04:13 Couton, c'est Couton
04:16 En tout cas, il devait avoir une énergie et une ténacité hors du commun
04:19 pour avoir pu occuper un premier rôle
04:21 dans une période où on a l'impression que tous les protagonistes importants
04:25 étaient particulièrement vivants, extrêmement énergiques, agités
04:30 les images qu'on a en tête c'est des tribuns qui se précipitent à la tribune
04:34 on est là à grimper, à faire assaut pour pouvoir placer un mot
04:38 comment fait-on pour obtenir et pour occuper un poste de premier plan
04:44 quand on est cloué dans un fauteuil comme l'a fait Couton
04:46 fallait quand même qu'il ait une sacrée personnalité
04:48 Bon, sa fin, le 9 Termidor est tragique
04:53 parce que tout se passe à l'hôtel de ville pour lui d'ailleurs
04:56 comme pour ses acolytes et Robespierre en particulier
04:59 mais lui on l'avait porté sur place, on le met dans un coin
05:02 on le laisse en fait un peu comme un paquet de linge sale
05:05 on le pose sur le palier de l'escalier parce qu'il ne peut pas se mouvoir
05:08 donc il va tomber, dégouliner dans les marches
05:11 il essaie de ramper, on le retrouve au petit matin
05:15 dans une petite cour de l'hôtel de ville
05:17 et là il faisait semblant d'être mort
05:19 il était tout recroquevillé dans un coin
05:21 et il s'est dit peut-être qu'il échappait
05:23 mais bon finalement il a été arrêté
05:26 il est guillotiné le 10 Termidor
05:28 c'est épouvantable parce que les deux comiques sans son doivent le prendre
05:32 par les pieds et l'autre par les bras
05:35 et on doit le tordre dans tous les sens
05:37 il souffre mort et passion avant de passer sous la lame de la guillotine
05:42 mais enfin il y avait d'autre part envoyé tellement de monde
05:46 alors à ce moment là le mobilier national a réclamé le fauteuil à sa femme
05:51 parce que la chose ayant été examinée
05:54 en fait l'objet venait de Versailles
05:56 et il avait été utilisé à Versailles par la belle-sœur de Louis XVI
06:00 la femme du comte d'Artois et oui c'était son fauteuil
06:03 donc mobilier national vous êtes prié de le rendre madame
06:05 mais madame Couton était déjà repartie dans son village d'Orsay
06:09 près de Clermont-Ferrand
06:10 et on a gardé le fauteuil dans la famille
06:13 et c'est son arrière petite fille qui a offert le fauteuil au musée Carnavalet
06:17 en 1899
06:19 ce qui est étonnant d'ailleurs c'est que ce fauteuil a son frère jumeau
06:22 donc le jour où vous irez voir au musée Carnavalet le fauteuil du Couton
06:25 vous pouvez faire un petit détour, aller au château de Breteuil
06:28 voir le fauteuil du roi fauteuil Louis XVIII
06:31 - Le roi Podague - Voilà le roi Podague, lui il était dans un fauteuil magnifique
06:37 signé du grand ébéniste Jacob des Maltais
06:40 recouvert de cuir vert, monté sur trois roues et très large
06:44 voilà lui-même s'appelait le roi fauteuil, il s'était intitulé comme ça Louis XVIII
06:48 - Il avait de la goutte - Oui il avait de la goutte
06:51 puis il avait une malformation congénitale des hanches
06:53 enfin il pouvait plus du tout marcher
06:55 et aux Tuileries il y avait une espèce de schlitz
06:57 vous voyez ce que c'est qu'une schlitz ?
06:59 c'est pour faire descendre des traîneaux de bois dans les Vosges
07:02 on appelle ça une schlitz en Alsace aussi
07:04 il y avait ça aux Tuileries, on posait son fauteuil dessus
07:06 et c'est comme ça qu'il arrivait dans son fauteuil
07:09 où on avait ménagé un espace assez large
07:11 donc il y a des histoires de fauteuils
07:12 puis il y a celui aussi du grand dauphin chez Jacques Garcia au château de Champs-de-Bataille
07:16 - C'est formidable - On pourrait faire une histoire des fauteuils