Dans Historiquement Vôtre, Clémentine Portier-Kaltenbach vous emmène en visite dans la fameuse Chambre d’ambre du roi de Prusse Frédéric-Guillaume Ier. Offerte en 1716 au tsar de Russie Pierre le Grand, la chambre est démontée pour être transportée jusqu’au Palais d'hiver de Saint-Pétersbourg. Durant la Seconde Guerre mondiale, on perd sa trace...
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00:00 Europe 1, historiquement votre, avec Stéphane Berne.
00:04 Tous les jours, vous le savez, historiquement votre,
00:06 on vous raconte l'histoire sans se la raconter,
00:07 avec Jean-Luc qui vient tout juste de mettre le point
00:10 d'interrogation finale de son quiz à suivre.
00:13 Oui, alors là je vous dis tout de suite,
00:14 je ne me suis pas fatigué pour un indice musical,
00:16 j'ai pris dans votre playlist personnelle.
00:18 Non.
00:18 Si, écoutez.
00:19 Et c'est avec émotion, que je douche au fruit de la passion.
00:24 Vas-y tranquille, c'est bon.
00:26 Vas-y tranquille, c'est bon.
00:28 C'est votre playlist Stéphane ?
00:29 Non, pas vraiment, mais c'est sympa.
00:31 La spéciale soirée coquine à Tirongardé.
00:33 Non, on adorerait, mais non.
00:36 Dites-moi, vous allez parler de quoi ?
00:39 Vas-y tranquille, c'est bon.
00:41 Il y avait un gros indice quand même, d'après vous.
00:43 Tu veux un Frank Sinatra ?
00:44 Non, pas du tout.
00:45 Non, mais de quoi il parlait le monsieur ?
00:47 Non, les fruits de la passion.
00:48 Les fruits de la passion, ça sera le sujet, exactement.
00:51 Ah, vous faites dans la botanique maintenant.
00:53 Exactement, on varie les plaisirs.
00:55 Eh bien, avant l'affrontement avec Clémentine,
00:58 je vais lui laisser la parole parce qu'elle nous raconte
01:00 des histoires dont elle seule a le secret.
01:02 Aujourd'hui Clémentine, le secret est bien gardé,
01:07 peut-être mieux que le trésor lui-même.
01:08 Vous nous racontez ce trésor que renfermait jusqu'en janvier 1943
01:13 le palais Catherine de Tsarskoï-Selo en Russie.
01:15 La fameuse chambre d'ambre que les nazis ont hélas démontée et emportée.
01:20 Oui, dites donc Stéphane, j'aimerais bien être la seule à en avoir le secret.
01:24 Je ne serais pas ici à jouer les chroniqueuses.
01:26 Je ne sais pas où je serais d'ailleurs, mais bon.
01:28 Alors en tout cas, cette chambre d'ambre,
01:31 qui a été son commanditaire, quelle est son histoire ?
01:33 C'était le roi de Prusse, Frédéric-Guillaume Ier.
01:35 Il voulait, c'est comme Ramsès, quand vous êtes roui,
01:39 vous pouvez en faire des projets.
01:40 Alors lui, il voulait, dans son beau château de Charlottenburg,
01:43 avoir une belle chambre dorée, c'est normal,
01:46 c'est dans la nature des choses quand on est souverain.
01:48 Et cette chambre a demandé quand même six ans de travail.
01:52 Elle a été commencée en 1701.
01:55 Elle a été réalisée par des artisans d'ambre,
01:58 c'est-à-dire vraiment des spécialistes de cette matière qui est fragile,
02:02 et qui était pour l'essentiel allemand et danois.
02:05 Ce sont d'immenses panneaux d'ambre,
02:07 agrémentés de miroirs dorés à la feuille d'or,
02:11 et de mosaïques en pierre semi-précieuses.
02:14 Des milliers d'heures de travail,
02:17 six tonnes d'ambre pour réaliser ce chef-d'œuvre.
02:20 Et on raconte, alors vous Stéphane, vous avez vu sa copie, je vais y venir,
02:24 mais on raconte que lorsque l'on allumait
02:27 des centaines de flambeaux dans la pièce,
02:29 ils se reflétaient dans les panneaux d'ambre et dans les miroirs,
02:33 et la pièce semblait littéralement prendre vie.
02:35 Ça devait créer une sorte de, vous voyez,
02:39 d'ondulation, de vague lumineuse.
02:41 Ça devait être absolument sublime.
02:42 Et je pense que l'éclairage électrique aujourd'hui
02:45 ne doit pas pouvoir produire ce genre d'impression.
02:48 Alors comment est-elle arrivée en Russie ?
02:50 C'est parce qu'en 1716, Pierre le Grand était de passage à la cour du roi de Prusse,
02:54 ils avaient à l'époque, ils sont tous les deux hostiles à la Suède,
02:57 ils sont alliés contre la Suède,
02:59 donc l'aide du tsar est extrêmement précieuse,
03:02 ça vaut bien un petit cadeau significatif.
03:04 Oui, comme Pierre le Grand est tombé en arrêt devant cette chambre d'ambre,
03:09 eh bien, Frédéric Guillaume du Dieu, coup de pierre, cette chambre te plaît,
03:12 mais je te l'offre, je te l'offre, grand seigneur munificent, on la démonte.
03:16 Elle fait le voyage donc en pièce détachée jusqu'à Saint-Pétersbourg,
03:20 au palais d'hiver.
03:21 Et 40 ans plus tard, 1755,
03:24 on la transporte au palais Catherine à Tsarkoye-Selo,
03:28 à la demande de l'impératrice Elisabeth Petrovna.
03:32 Elle est alors agrandie,
03:33 et elle va atteindre jusqu'à 55 mètres carrés, c'est une grande pièce.
03:38 Vient la seconde guerre mondiale,
03:40 la chambre va immanquablement attirer l'attention des nazis,
03:43 d'autant qu'à l'origine c'est quand même une production allemande.
03:46 Alors comme elle est intransportable, elle est quand même trop délicate,
03:49 on l'avait fait, on avait fait le voyage, mais enfin,
03:51 on se dit on va pas la démonter complètement, on essaie de la cacher,
03:56 on l'escamote, on la dissimule derrière des papiers peints.
03:59 Mais ça n'est pas suffisant,
04:01 évidemment les nazis la trouvent,
04:03 et en moins de deux jours, ils la démontent,
04:06 ils transportent les panneaux dans des caisses,
04:08 jusqu'au château de Königsberg, aujourd'hui Kaliningrad,
04:11 et là, ils l'exposent.
04:12 Hitler se dit qu'il la verrait bien à Berlin en 43,
04:15 il demande à ce qu'on la lui apporte,
04:17 mais hélas, bombardement, raids aériens,
04:20 le château de Königsberg est réduit en pièces.
04:24 Alors, la chambre a-t-elle été détruite par ce bombardement ?
04:28 Où avait-elle déjà été mise à l'abri par les troupes allemandes ?
04:32 Il faut croire, parce que quand les Russes ont pris le château de Königsberg,
04:35 ils n'ont pas trouvé de traces de la chambre d'ambre.
04:38 Où est-elle cette chambre ?
04:40 Certains pensent que des parties de la chambre sont cachées dans des caisses,
04:44 quelque part à Kaliningrad,
04:46 d'autres pensent que les panneaux ont été transportés vers Berlin,
04:50 dans un train secret,
04:51 ou encore que tout a été perdu en mer,
04:54 ils seraient au fond de la Baltique.
04:56 Il y a une autre théorie qui soutient que ces pièces ont été vendues
04:59 à travers le monde par des soldats allemands qui étaient là,
05:01 on se dit "bon allez, on se chope un petit panneau de mosaïque florentine,
05:05 on va revendre ça".
05:06 Et il y a même une théorie selon laquelle
05:09 les Russes, ayant peur que les nazis volent la chambre d'ambre,
05:12 ils en auraient déjà fait une copie,
05:14 à la demande de Staline,
05:16 et que la vraie serait quelque part en Russie,
05:18 dans des caisses dont nul ne se souvient où elles ont été cachées.
05:22 En tout cas c'est un trésor qui enflamme les imaginations,
05:25 on estime que la chambre originale devrait valoir dans les 400 millions d'euros tout de même.
05:29 Par deux fois, l'émotion a été très vive.
05:32 En mai 97, la ville de Bonn en Allemagne a restitué à la Russie
05:37 une authentique mosaïque de la chambre d'ambre,
05:40 mesurant 55 sur 70 centimètres,
05:43 elle a été retrouvée chez un notaire à Brême,
05:46 et c'était donc un vrai morceau de l'authentique chambre d'ambre.
05:49 On a aussi retrouvé un coffre qui faisait partie de la chambre.
05:52 En tout cas, quand même, une dernière petite précision
05:55 pour les amateurs de chasse au trésor.
05:56 "Chambre d'ambre" se dit en allemand "Bernsteinzimmer".
06:02 Hmmmm, troublante homonymie.
06:05 - Comme par hasard.
06:05 - Et si la chambre d'ambre n'était ni à Kaliningrad,
06:10 ni au fond de la mer Baltique,
06:12 mais tout simplement chez Monsieur Berne,
06:16 à Tiron-le-Gardin ?
06:17 - Non, non, non, ne rêvez pas.
06:19 - Je crois ça.
06:19 - J'adorerais, non.
06:20 - Ah quand même, "Bernsteinz" moi,
06:23 vous ne me montrez pas de l'idée qu'il y a quelque chose qui cloche là-dedans.
06:25 - Non, ça veut dire la pierre.
06:27 - Oui, oui, oui, oui.
06:29 - Faut renouer le poisson, mais elle a raison Clémentine.
06:31 - Mais non.
06:32 Merci Clémentine, maintenant c'est le moment de l'émission.
06:34 Vous le savez, chers auditeurs, je ne contrôle plus rien.
06:36 C'est vous Jean-Luc qui prenez la main pour le quiz "Bern to be alive".
06:40 Mais d'abord, on écoute Julien Doré sur Europe 1 Nous.