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Business avec l’Afrique : l’heure du New Deal

Clôture de la Matinée : itv du Président de la République du Congo, Denis SASSOU N'GUESSO

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Transcription
00:00 Voilà, merci beaucoup. Merci à Emmanuel Ducrot et à tous les participants de cette table ronde.
00:09 J'en profite pour remercier Pascal Ayrault, mais aussi Cécile Desjardins qui interviendra tout à l'heure,
00:14 et Olivier Bakuza qui ont animé au nom de l'opinion les différentes tables rondes.
00:19 Cet après-midi, vous aurez aussi le plaisir de voir apparaître des partenaires médias de RFI et de Euronews
00:25 qui nous ont accompagnés dans cet événement. Voilà. Je suis allé à Bras-à-Ville en fin de semaine.
00:33 Et samedi, j'avais un rendez-vous avec Denis Sassoon-Guesso, le président du Congo, pour une interview
00:39 que nous avons enregistrée, mise en boîte. Cette interview est diffusée intégralement.
00:43 Nous avons souhaité faire dans les conditions du direct. Et voici ce que nous a dit le président Sassoon-Guesso.
00:51 M. le président, bonjour. – Bonjour, monsieur.
00:53 – Merci de nous recevoir ici à Bras-à-Ville. On est dans votre palais.
00:55 Et vous nous recevez pour une vidéo qui va être diffusée en clôture de la première matinée du forum du Cian.
01:02 Cet enregistrement a lieu samedi matin. Nous sommes encore une fois à Bras-à-Ville.
01:07 D'abord un mot du pays. Comment va le pays aujourd'hui ?
01:10 Vous avez traversé comme la terre entière des périodes très difficiles, la pandémie.
01:15 Vous êtes vous aussi une victime collatérale de la guerre en Ukraine. Comment va le pays ?
01:19 – Le pays va assez bien. Et après avoir traversé, comme on vient de le dire, des périodes difficiles.
01:30 Vous vous souvenez de l'effondrement des prix de pétrole en 2014 ?
01:37 Et le Congo était naturellement très touché. En 2014 déjà, le Congo avait un taux de croissance de plus de 6%.
01:47 Avec cet effondrement, le Congo était entré en récession.
01:51 – Plusieurs années.
01:52 – Et une récession importante, au moins 10% du taux de croissance en 2016.
02:01 Mais nous avons développé beaucoup d'énergie pour faire face à cette situation de crise.
02:11 Et vers 2019, on commençait à redresser la tête puisque le Congo avait déjà un taux de croissance d'un pour cent.
02:24 De -10% à 1%.
02:26 – Et les prix du pétrole étaient repartis à la hausse ?
02:28 – Pas encore, mais c'est la pandémie de Covid qui nous a rattrapés en 2020
02:37 et qui a fait replonger le pays dans la récession, puisque je pense qu'en 2020, nous sommes retombés à -6%.
02:48 Mais notre peuple a fait preuve de résilience, et beaucoup de résilience pendant cette période.
02:57 Le gouvernement a pris des mesures très fortes pour faire face à cette situation,
03:04 des mesures pour protéger notre peuple, d'abord l'aider à garder la tête hors de l'eau,
03:10 des mesures fortes, des confinements de la population, des fermetures,
03:15 enfin toutes les mesures très fortes qui ont été prises.
03:18 – Et en sortant, vous avez eu, comme tout le monde, la guerre du crâne avec deux effets contradictoires,
03:23 un effet, si j'ose dire, positif, pardon, mais sur les prix du pétrole,
03:26 qui sont plutôt bons pour l'économie,
03:28 mais un effet plutôt négatif sur tout ce qui est denrées alimentaires.
03:31 – Voilà, et donc on est entré dans cette autre crise avec l'inflation,
03:38 mais là aussi, le gouvernement a pris des mesures fortes.
03:42 – Beaucoup d'aides ?
03:44 – Beaucoup d'aides, pas internationales, mais d'aides de gouvernement aux populations.
03:51 – Aux ménages, au climat énergétique.
03:53 – Oui, énergétique, l'eau, et même cette insubvention aux produits alimentaires,
04:04 la farine, le blé, etc.
04:07 – Et donc là, vous diriez, le taux de croissance, vous êtes confiant pour 2023 ?
04:12 – Pour 2022 déjà, à cause de ces mesures fortes prises,
04:19 le taux de croissance de notre pays est repassé au-dessus de 2%,
04:26 je crois qu'on est allé jusqu'à 2,5%.
04:28 Nous pensons qu'en 2023, on pourrait atteindre ou dépasser les 3%,
04:38 donc l'économie de notre pays est en train de remonter.
04:42 Et puis, on doit aussi dire que le pays est en paix,
04:47 et c'est très important qu'il y ait la paix dans le pays,
04:51 qu'il y ait la stabilité dans le pays.
04:54 Et en 2021, nous avions eu les présidentielles,
04:59 qui sont en déroule dans de très bonnes conditions,
05:01 suivies des législatives et des locales.
05:04 Et nos institutions fonctionnent normalement.
05:07 – On reviendra sur ces sujets, bien sûr, Monsieur le Président.
05:09 Parlons des relations avec la France.
05:10 D'abord, quel bilan tirez-vous de la visite,
05:14 la visite, j'allais dire éclair, du président Macron ?
05:17 – Eh bien, nous avons eu un bon entretien.
05:20 – C'était dans cette pièce ?
05:21 – Dans cette même pièce.
05:23 Et je pense que les relations entre la France et le Congo sont bonnes.
05:32 Nous avons des relations profondes, historiques,
05:39 et politiques, économiques, culturelles.
05:42 Et ici même, j'avais rappelé au président Macron
05:47 que le général de Gaulle, dans ce même bâtiment,
05:52 est venu au Congo trois fois.
05:55 Une fois en 1940, et ici, dans ce bâtiment,
06:02 il a déclaré Brazzaville la capitale de la France libre.
06:07 Et une deuxième fois, non loin d'ici, en 1944,
06:12 c'était la conférence de Brazzaville
06:15 pour esquisser la perspective des indépendances africaines.
06:20 Et puis en 1958, c'était le discours de la Fondation
06:25 des relations des pays indépendants en Afrique avec la France.
06:30 Et c'était une bonne discussion avec le président Macron.
06:33 On a eu de bonnes perspectives à notre coopération.
06:36 – Est-ce qu'il faut plus ou moins de France ?
06:39 – Plus ou moins, mais il vaut mieux qu'il y en ait plus.
06:44 – Je vous pose la question parce qu'on lit, on entend dire,
06:47 pas spécialement au Congo, mais un peu partout en Afrique francophone,
06:50 il y a un sentiment anti-français qui monte.
06:52 Est-ce que vous le ressentez ?
06:55 – Le sentiment anti-français, je ne peux pas le dire ainsi,
07:02 c'est la volonté d'établissement d'un type nouveau de relation,
07:11 gagnant-gagnant, peut-être oui,
07:15 mais le sentiment anti-français, je ne crois pas.
07:17 – C'est quoi, gagnant-gagnant ?
07:19 – Que dans les relations, les partenariats,
07:24 et que chaque parti trouve son compte.
07:27 – La France n'en fait pas assez ?
07:30 – Bon, pas assez, je ne peux pas le dire ainsi,
07:34 mais si le peuple le demande avec force,
07:37 c'est que peut-être quelque chose coince, non ?
07:41 – Oui. – Peut-être.
07:44 – C'est quoi, c'est une incompréhension
07:46 ou c'est qu'il faut fonder un peu différemment la relation ?
07:50 – Je pense qu'il faut la fonder différemment,
07:54 puisque en France, on dit que France-Afrique, ce n'est pas bon.
08:03 – C'est fini, dit-on.
08:04 – C'est fini, comme si c'était France-Afrique,
08:08 c'était un schéma monté au profit de l'Afrique,
08:13 je ne suis pas sûr que c'était le cas.
08:16 Alors, s'il n'y a plus de France-Afrique,
08:20 peut-être faut-il bâtir une autre relation, plus équilibrée,
08:26 plus respectueuse des identités des uns des autres,
08:32 et puis avec une belle vision pour l'avenir.
08:35 – Il y a un domaine dans lequel la France et le Congo sont alignés,
08:37 en tout cas, et ont un rôle commun,
08:40 c'est le combat pour la sécurité dans la région.
08:42 Est-ce que vous êtes inquiet pour la sécurité dans la région ?
08:47 Je pense par exemple aux affrontements qui ont lieu
08:49 dans le pays voisin, la République démocratique du Congo,
08:52 à la frontière à l'Est,
08:54 je pense aussi à la pression qui s'exerce au nord de votre région,
08:58 la pression qui vient du Mali, qui s'exerce par exemple sur le Niger,
09:02 est-ce que tout ça vous crée…
09:04 vous disiez "le pays est en paix",
09:05 est-ce qu'il y a derrière cette paix des raisons d'être inquiet ?
09:09 – Ah oui, il y a des raisons d'être inquiet,
09:11 nous souhaitons que tous les peuples d'Afrique et du monde vivent en paix.
09:17 Nous pensons que la situation qui prévaut par exemple en RCA depuis longtemps,
09:25 moi-même j'étais médiateur en RCA pendant quelques années,
09:30 nous souhaitons plus de stabilité et de paix,
09:34 de sécurité en RCA comme nous le souhaitons,
09:38 la même chose en RDC,
09:40 et oui, nous sommes plus occupés,
09:42 nous travaillons avec les autres dirigeants africains intensement sur ces questions-là
09:48 parce que nous sommes membres du Conseil de paix et de sécurité de l'Union africaine.
09:54 – D'autres grandes puissances jouent un rôle dans ces déstabilisations,
09:58 par exemple, on cite beaucoup la présence de troupes de Wagner
10:02 qui sont évidemment très proches de la Russie,
10:04 est-ce que vous pensez que ce pays a un rôle,
10:08 comment dire, trouble dans les troubles précisément ?
10:13 – Oui, en Afrique des rôles troubles,
10:17 oui, on en a connu plusieurs,
10:21 sinon la catastrophe de Libye n'aurait pas entraîné tout le désastre dans le Sahel
10:33 s'il n'y avait pas ici et là des rôles troubles.
10:37 – Vous travaillez beaucoup sur la paix en Libye ?
10:39 – Nous travaillons, oui.
10:40 – Vous avez un agenda, vous pensez que vous vous fixez un objectif,
10:43 parvenir à la paix dans quel calendrier ?
10:47 – L'Union africaine nous a confié,
10:50 dans le cadre du comité de haut niveau de l'Union africaine sur la Libye,
10:55 la mission d'organiser une conférence de réconciliation libyenne inclusive
11:03 et cette décision a été réaffirmée au dernier sommet de l'Union africaine
11:09 et nous nous attelons à organiser,
11:14 on souhaite que cela soit possible cette année ou cet été,
11:19 nous souhaitons, à la demande de l'Union africaine du reste,
11:23 organiser cette conférence libyenne de réconciliation nationale,
11:30 et que ce soit inclusif.
11:33 D'après l'Union africaine, et c'est aussi notre avis bien sûr,
11:38 ce serait préalable à l'organisation d'élections crédibles en Libye
11:46 dont les résultats pourraient être acceptés par les parties.
11:49 – Ce serait un calendrier serré, en tout cas une perspective formidable.
11:52 Vous êtes un des dirigeants les plus anciens de la planète,
11:56 vous avez connu les plus grandes autorités et les plus grands
12:00 et vous avez donc une voix qui porte.
12:02 Nous, Européens, nous sommes très inquiets de la guerre qui est à nos portes,
12:06 la guerre en Ukraine.
12:07 Vous vous êtes abstenu à deux reprises de condamner au Conseil de sécurité de l'ONU
12:12 l'agression de la Russie face à l'Ukraine. Pourquoi ?
12:19 – Parce que nous vivons cette situation en Ukraine comme un moment complexe
12:30 et nous pensons que c'est par la voie diplomatique des négociations
12:40 que l'on pourrait trouver une issue et non pas par la guerre
12:49 et la condamnation des parties ou l'exclusion des parties du débat international.
12:57 – Donc vous pensez que ça vous donne un statut particulier ?
13:01 – Nous pensons que si l'Afrique peut apporter sa voix à la recherche d'une solution en Ukraine,
13:10 pourquoi pas parce que nous en Afrique, nous sommes quand même habitués à la palabre,
13:17 à la négociation, à la recherche de solutions aux problèmes, pas le dialogue.
13:23 – Il y a une initiative de paix africaine pour la région,
13:26 est-ce que vous irez à Moscou, est-ce que vous irez à Kiev ?
13:30 – Une initiative de paix, si les deux parties acceptent une initiative africaine,
13:39 eh oui je serai partisan de la recherche de solutions par la négociation.
13:46 – Revenons sur les relations avec la France, mais surtout avec les entreprises françaises,
13:49 il y a dans la salle qui vous écoute, au moment où cette vidéo est diffusée,
13:52 beaucoup de chefs d'entreprises, de patrons d'entreprises françaises,
13:55 qu'est-ce que vous attendez de ces entreprises ?
13:57 Quel est le message que vous avez envie de leur passer ?
14:01 – Nous disons que le Congo a mis en place un plan de développement en 2022-2026,
14:14 j'ai parlé tout à l'heure d'un contexte national de paix, de sécurité,
14:20 et nous pensons que nous avons mis en place un dispositif qui peut rassurer
14:30 tous les investisseurs potentiels, nous avons fait adopter aussi par le Parlement
14:38 une loi qui définit les modalités de partenariat aussi, public-privé,
14:49 nous pensons que notre pays a un potentiel important,
14:55 nous mettons l'accent sur le développement agricole au sens large d'abord,
15:01 10 millions d'hectares de terres cultivables, il y a à peine 5% seulement à exploiter,
15:10 donc il y a d'énormes possibilités, nous mettons vraiment l'accent
15:15 sur le développement agricole au sens large,
15:18 nous mettons l'accent sur les zones économiques spéciales,
15:24 la zone économique spéciale de Pointe-Noire a démarré,
15:29 et nous mettons l'accent sur l'industrie,
15:33 la transformation des produits agricoles sur place,
15:36 la transformation sur place du bois, nous avons 22 millions d'hectares de forêts,
15:45 les 10% du bassin du Congo, nous mettons l'accent sur le numérique,
15:50 nous mettons l'accent sur les infrastructures de base dans la production des léticités,
15:58 donc un éventail assez important de possibilités,
16:02 il y aura des dispositions sur les protections d'investissement,
16:09 des répartiments, des profits, plus de 200 entreprises françaises existent au Congo,
16:17 travaillent au Congo, dont Total, qui est tête de file des producteurs de pétrole,
16:25 donc voilà, il y a beaucoup de possibilités.
16:28 – Vous évoquiez les partenariats publics-privés, les PPP comme on dit en français,
16:32 est-ce que vous avez déjà des résultats concrets,
16:35 puisque cette disposition est assez récente, est-ce qu'il y a déjà des résultats concrets ?
16:38 – Pas assez, mais on souhaite qu'il y en ait plus,
16:42 et voilà pourquoi je parle aux opérateurs économiques qui se joignent à nous pour cela.
16:47 Dans un secteur comme le tourisme, il y a l'éco-tourisme, il y a d'énormes possibilités,
16:56 le développement par exemple de la baie de Luango à Pointe-Noire,
17:01 c'est une baie magnifique, il y a beaucoup de possibilités.
17:05 – Et donc beaucoup d'espoir de créer de la croissance ?
17:08 – Absolument.
17:09 – Vous allez recevoir le sommet des trois bassins dans quelques semaines,
17:13 là aussi c'est un sujet qui préoccupe d'autres zones dans le monde,
17:19 la forêt, l'eau, vous-même vous voulez être une sorte de chef de file de ces mouvements ?
17:26 – Oui parce que nous sommes à la présence de la commission climat du bassin du Congo,
17:32 et c'est une décision de l'Union africaine,
17:35 et nous avons travaillé sur ces problèmes de climat depuis les années 80,
17:40 ce n'est pas nouveau, ce sera pour la deuxième fois
17:44 que nous organisons le sommet des trois bassins,
17:50 le bassin de l'Amazonie, de Borneo-Mekong et le bassin du Congo,
17:56 et le secrétaire général des Nations Unies est d'accord avec nous,
18:02 est très mobilisé pour que nous organisions ce sommet,
18:06 nous avons déjà pris contact avec le Brésil, les autorités brésiliennes,
18:11 les autorités indonésiennes, et nous mettons tout en œuvre,
18:16 ce ne sera peut-être pas dans quelques semaines, au mois de juin,
18:20 je crois que les consultations se poursuivent,
18:24 ce sera peut-être probable vers octobre, novembre,
18:31 et nous croyons qu'il est important
18:35 que ce deuxième sommet et les trois bassins se tiennent à Brazzaville.
18:39 S'il y a, M. le Président, une image que vous avez envie que les gens retiennent
18:46 quand ils pensent au Congo, c'est laquelle ?
18:50 Un pays, comme je l'ai dit tout à l'heure, un pays en paix,
18:55 avec des institutions stables, qui a un potentiel énorme,
19:01 une population jeune, scolarisée à plus de 80%,
19:10 et donc un pays qui a son avenir.
19:17 Merci beaucoup, M. le Président.
19:18 C'est moi qui vous remercie.
19:22 Voilà, merci d'avoir écouté avec attention cette interview du Président Sassoon Guesso.
19:27 Comme je vous l'ai dit, elle a été faite dans les conditions dits directs,
19:30 donc c'est vraiment l'ensemble du message qui a été délivré là.
19:33 Je vous donne rendez-vous à partir de 14h30 après le break pour le déjeuner.
19:38 Un autre temps fort, très important dans nos forums, se déroulera ici même,
19:44 la présentation du baromètre des affaires du Cian par Étienne Giraud,
19:47 le Président du Cian, et Sandrine Soriol, la Directrice Générale du Cian.
19:51 En attendant, passez un bon moment de networking,
19:54 puisque c'est aussi à ça que sert la rupture du déjeuner.
19:57 A tout à l'heure, 14h30, pour la séance générale et ensuite les ateliers.
20:01 Merci.

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