Business avec l’Afrique : l’heure du New Deal
14 Table Ronde Finance
14 Table Ronde Finance
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00:00 Bonjour, bonjour à tous.
00:06 Très heureux de pouvoir animer cette table ronde qui va compléter, j'espère, tout ce
00:12 qu'on a entendu, tout ce qu'on a vu tout au long de la journée.
00:16 Une table ronde donc sur la finance, le financement des économies africaines.
00:21 Un sujet majeur, on le sait, pour permettre le développement du continent, la finance
00:27 dans toutes ses dimensions, la finance publique, la finance privée, la finance publique et
00:33 privée, la finance à l'intérieur d'un pays, celle qui vient de l'extérieur, comme une
00:39 rivière, ses affluents, de l'eau qui ruisselle jusqu'aux entreprises, jusqu'à l'économie
00:45 réelle, jusqu'à ceux qui vivent, ceux qui travaillent, celles et ceux qui travaillent.
00:50 Un sujet d'actualité avec la crise multiforme du moment, la hausse des taux d'intérêt,
00:58 l'endettement, l'inflation, l'assèchement des financements qui inquiètent le FMI, il
01:05 l'a dit dans ses prévisions de printemps pour l'Afrique.
01:07 On va débattre de tout ça et surtout avec nos invités ici, de trouver des solutions.
01:15 J'ai assez parlé, on va leur donner la parole pour cette table ronde.
01:19 Je vais d'abord vous les présenter.
01:21 J'accueille d'abord Ingrid Ebuka Babakas.
01:25 Bonjour.
01:26 Merci.
01:27 Avec le micro, c'est encore mieux.
01:30 Effectivement, vous êtes membre du gouvernement du Congo-Brazzaville.
01:34 Vous êtes ministre du plan de la statistique et de l'intégration régionale.
01:38 On accueille également Isabelle Bébéard.
01:41 Bonjour Madame.
01:42 Bonjour.
01:43 Isabelle Bébéard, directrice des affaires internationales et européennes de BPI France,
01:49 la banque publique d'investissement de l'État français.
01:52 Entre vous deux, il y a Gilles Bayet.
01:55 Bonjour.
01:56 Bonjour.
01:57 Ancien ministre des finances du Niger et pour le président de la République du Niger,
02:03 vous êtes le conseiller spécial pour les questions économiques et financières.
02:08 Je pense qu'on peut déjà rapidement les applaudir, les encourager.
02:14 La première question pour vous Madame la ministre Ingrid Ebuka Babakas, quels sont
02:20 aujourd'hui les besoins financiers du Congo-Brazzaville ? Dans quelle situation économique est votre
02:27 pays ? Une inflation maîtrisée par rapport à ses voisins ? On le sait, la question de
02:34 l'endettement qui est toujours là.
02:35 Comment passer de la phase d'endettement à la phase de développement ?
02:40 Merci beaucoup Monsieur le journaliste de me poser une question aussi directe, mais
02:46 je voudrais pouvoir profiter du fait que son excellence, Monsieur le président de la République
02:52 de mon Congo, s'est exprimé ce matin en disant que la situation économique est en
02:57 assez bonne santé.
02:58 C'est vrai, mon pays, à l'instar des pays de la sous-région de l'Azémac, a eu d'abord
03:05 à traverser une crise économique et financière très difficile.
03:08 Nous sommes rentrés en programme avec le Fonds Monétaire International pour trouver
03:12 la réponse adéquate à travers un train de réformes.
03:16 Nous avons dû aussi traverser la crise sanitaire, à l'instar de tous les pays de la planète,
03:23 et là nous avons compté essentiellement sur nos propres forces, notre capacité de
03:28 résilience, et enfin nous sommes en train de traverser cette crise induite par le conflit
03:36 russo-icrénien, et là aussi je crois que notre économie fait preuve de résilience
03:42 parce que nous avons mis en place un plan de résilience.
03:44 Donc la somme de tout cela nous permet de nous inscrire, dans ce cas dit son excellence
03:50 ce matin, nous avons une économie qui traverse, qui traverse les crises, et structurée autour
03:58 évidemment d'un objectif clair, renforcer cette résilience à travers différents piliers,
04:05 mais nous en parlerons certainement un peu plus tard.
04:07 Des besoins en investissement ?
04:09 Oui, oui, justement, donc pour être plus précise, nous avons actuellement un plan national
04:15 de développement qui est sur six piliers, l'agriculture, le tourisme, l'industrialisation,
04:21 bref, qui est autour de 8000 milliards de francs CFA.
04:25 On aurait donc besoin d'une telle ressource, mais évidemment il faut stratifier tout cela
04:31 en forme de projets marchands, projets non marchands, financements sur ressources propres,
04:37 financements sur ressources d'emprunt, enfin toute la panoplie des modalités de financement
04:43 est là et j'espère qu'on aura le temps d'en parler.
04:46 C'est même sûr.
04:48 Aider au financement des économies, les diversifier, c'est une des missions de BPI France, Isabelle
04:57 Bélaire, vous accompagnez les entreprises et les Etats pour développer leurs propres
05:04 outils de financement.
05:05 Expliquez-nous vos missions.
05:07 Oui, alors peut-être juste pour revenir sur la mission générale de BPI France, c'est
05:14 financer et accompagner les entreprises françaises, donc de la start-up jusqu'au très grand
05:17 groupe et on les accompagne aussi dans l'internationalisation et dans leur objectif d'exploitation.
05:27 On a une activité africaine qui est assez développée chez BPI France parce qu'on
05:38 a la conviction que les entreprises françaises doivent travailler plus et mieux en Afrique
05:45 avec des partenaires africains et pour cela on a développé plusieurs outils.
05:51 Alors bien sûr il y a toute la partie accompagnement et financement de l'entreprise, il y a l'outil
05:56 aussi de crédit export, donc on prête de l'argent à des entreprises publiques privées,
06:02 des institutions publiques privées qui achètent du matériel français.
06:06 Mais on a aussi des actions 100% africaines, donc on investit dans des fonds d'investissement
06:15 africains qui eux-mêmes investissent dans des start-ups, des PME africaines et qui
06:20 sont gérées par des équipes africaines indépendantes.
06:23 Il y en a certaines que vous connaissez certainement comme Amethyst, Afric Invest, Partech Africa
06:31 pour parler de la tech et d'autres encore.
06:34 Et ensuite on met en connexion les entreprises de ce portefeuille avec notre portefeuille
06:39 de clients français pour faire du business dans les deux sens.
06:43 Et puis enfin on a cette activité dont vous parliez à l'instant de conseils d'assistance
06:50 technique à des États qui voudraient créer des BPI.
06:54 Alors on travaille beaucoup avec l'Afrique, mais on travaille aussi avec l'Europe et
06:59 le Moyen-Orient.
07:00 Et là l'idée c'est vraiment de permettre à des pays de développer leurs propres outils.
07:06 Alors soit en les créant s'il n'existe rien, mais c'est assez rare en fait qu'il
07:10 n'existe rien dans tous ces pays, ou c'est développer quelque chose à partir de structures
07:18 déjà existantes.
07:20 Alors on ne fait pas une BPI d'un coup, nous on a mis des années en fusionnant nos
07:26 différents outils en France.
07:29 Mais en tout cas l'idée c'est de constituer un guichet unique vers lequel le chef d'entreprise
07:35 d'un pays peut venir se financer et se faire accompagner.
07:40 Et vous travaillez en parallèle avec l'AFD, l'Agence Française de Développement ?
07:44 Alors voilà l'idée, la maintenance qui a été lancée avec Choose Africa 2.
07:49 Alors déjà on travaille avec l'AFD et avec Proparco sur nos différentes activités
07:53 africaines.
07:54 Mais là l'idée avec Choose Africa 2 c'est qu'on fasse une sorte de tandem où on peut
08:03 proposer à des gouvernements de créer des structures ou de développer des structures
08:09 déjà existantes, BPI France en assistance technique et le groupe AFD en financement.
08:15 Donc voilà, Choose Africa 2 vient d'être lancé donc on commence à travailler ensemble
08:22 à ce sujet.
08:23 Merci Madame Bebert.
08:25 On a vu le Congo-Brasaville, un autre cas très intéressant c'est celui du Niger
08:31 que vous représentez Gilles Bayet, un pays sans accès à la mer, ça n'est pas anodin,
08:37 qui cherche à attirer des investisseurs privés.
08:41 Quelles nouvelles conditions pouvez-vous leur offrir ?
08:44 Qu'est-ce que vous avez à leur dire à ces investisseurs ?
08:47 Merci.
08:48 D'abord nous avons des critères du cadre macroéconomique qui sont bons.
08:58 Le Premier ministre vous a dévoilé un certain nombre.
09:02 La croissance du PIB 1,5% en 2021, 11,5% en 2022, projection 2023 7%, projection 2024
09:15 12,5%.
09:16 Première raison.
09:17 Deuxièmement, d'après ce que nous faisons, maîtriser l'inflation, maîtriser le déficit
09:28 budgétaire et maîtriser l'endettement.
09:30 Pour cela nous avons trois niveaux de filtrage, au niveau national, au niveau sur-régional
09:37 et au niveau international.
09:39 Donc tout le monde regarde ces critères à la loupe.
09:41 Je crois que les nôtres ne sont pas mauvais, ils sont bons.
09:45 Donc le thème qui nous réunit ici, faire le bon choix pour assurer le développement.
09:51 Ensuite, par rapport à ce que nous faisons.
09:53 Ce que nous faisons c'est quoi ? C'est améliorer la dépense, il faut que nous voulions avoir
09:59 une dépense de qualité et une dépense efficace.
10:03 Nous voulons améliorer la mobilisation des ressources internes d'abord et ensuite nous
10:09 voulons améliorer les critères, les incitations pour les entrepreneurs, à savoir les incitations
10:18 financières, les incitations fiscales et les incitations administratives.
10:23 Comme vous l'avez dit, le NGTP est un pays enclavé.
10:27 Aujourd'hui, pris comme ça, un investisseur préfère peut-être aller investir dans
10:31 les pays côtiers puisque nous sommes dans une union, nous sommes dans une phase d'intégration
10:37 économique plutôt que d'aller dans des pays intérieurs, Mali, Burkina et Niger.
10:42 Donc c'est sur le plan administratif et sur le plan juridique que nous pouvons, si vous
10:47 voulez, être des concurrents pour attirer ces investisseurs.
10:52 Nous sommes sur le chemin.
10:53 Simplifier les procédures.
10:55 Simplifier les procédures, donc inciter les investissements et ensuite développer les
11:02 nouvelles opportunités.
11:03 Vous savez, jusqu'aujourd'hui, dans le cadre de l'intégration, on a fait l'intégration
11:08 par les échanges.
11:09 À mon avis, qu'il n'y en a pour rien, il faut peut-être changer pour faire une intégration
11:13 par la production.
11:14 Et donc, par rapport à ça, je pense que nous, le Niger a de nouvelles opportunités,
11:19 soit dans le domaine minier, dans le domaine pétrolier, dans le domaine du secteur électricité,
11:27 etc.
11:28 Avec des incitations fiscales, douanières, des zones économiques spéciales ?
11:32 Avec des incitations fiscales, on vous a dit le matin, le code des investissements, le
11:34 code minier, le code pétrolier, qui donc donne des avantages aux investisseurs qui
11:41 sont intéressés par ce secteur.
11:43 Et maintenant, pour encourager les PME et PMI avec un fonds d'accompagnement qui vient
11:49 d'être mis en place.
11:50 Je me tourne à nouveau vers vous, Madame la Ministre, Ingrid Ebouka Babakas.
11:55 Dans votre région, l'Afrique centrale, il y a toujours un problème d'infrastructures,
12:01 les routes, l'électricité.
12:02 C'est le cas au Niger, dans bien d'autres pays africains.
12:06 Il y a des projets routiers, comme ce fameux pont entre Brazzaville et Kinshasa.
12:11 Comment est-ce qu'on finance tout ça ? Est-ce que le Congo Brazzaville peut le gérer seul ?
12:19 Est-ce qu'il faut s'appuyer sur les autres pays de la région ?
12:22 Merci.
12:23 En réalité, là, vous soulevez le problème déterminant pour combler le déficit en infrastructures.
12:31 Le déficit en infrastructures en Afrique, il est patent et tous les mécanismes de
12:38 financement sont intéressants.
12:40 Mais évidemment, il faut une adéquation entre ces mécanismes et la réalité d'un pays.
12:46 Voyez-vous, si je devais prendre l'exemple du Congo, nous savons que nous avons un endettement
12:54 qui nous conduit aujourd'hui à avoir très peu de marge budgétaire.
12:58 Et donc, nous devons orienter nos possibilités vers tout ce qui est innovant.
13:04 Et en matière de finances innovantes, on parle beaucoup du partenariat public-privé.
13:10 Et donc, vous comprenez aisément que nous sommes aujourd'hui en phase de mettre en
13:17 place tout un dispositif.
13:19 Nous avons une loi, nous allons prendre les textes d'application pour que tout le cadre
13:25 soit suffisamment attractif, suffisamment rassurant, parce qu'il faut un cadre juridique
13:31 qui soit à même de convaincre les investisseurs qu'aujourd'hui, demain, après-demain, la
13:37 ressource qu'ils auront investie au Congo le permettra d'avoir ce retour sur investissement.
13:44 Donc, les financements innovants.
13:45 Une autre qualité ou un autre modèle, c'est certainement les financements qui sont en
13:52 lien avec la capacité que le Congo a aujourd'hui de séquestrer le carbone pour le reste de
13:59 la planète.
14:00 Donc, vous voyez les financements verts.
14:01 Nous nous tournons aussi vers ces financements verts pour échapper à la contrainte de l'espace
14:08 budgétaire.
14:09 Donc, en réalité, les partenariats publics privés, les financements verts, tous ces
14:14 financements nouveaux qui nous permettent, au-delà de notre effort, parce que nous faisons
14:19 les réformes nécessaires, évidemment, pour avoir des ressources domestiques à hauteur
14:26 de nos ambitions, mais nous savons que les infrastructures, ça coûte cher.
14:29 Donc, en réalité, nous sommes dans une phase de développer tout ce qui va nous permettre
14:35 de contourner cette difficulté.
14:36 Alors justement, Isabelle Bébéard, comment vous jugez un projet ? Comment vous déterminez
14:45 sa faisabilité ? Est-ce que vous allez plus naturellement vers des projets innovants,
14:51 vers des projets plus respectueux de l'environnement ? Est-ce que ça fait partie des critères
14:56 pour BPI France ?
14:58 Alors bien sûr.
14:59 Alors d'abord, nous, quand on est en Afrique, on n'investit pas en direct, on investit de
15:05 manière indirecte, donc on passe par des fonds.
15:06 Mais avant d'investir dans les fonds d'investissement, bien sûr, on étudie la façon dont ces fonds
15:16 investissent, la façon dont ils accompagnent les entreprises dans lesquelles ils sont investisseurs,
15:20 et comment aussi la façon dont ils en sortent.
15:23 Et l'objectif, bien sûr, de développement durable, d'attention aux enjeux climatiques
15:35 est totalement intégré dans nos due diligence, dans les études que nous faisons.
15:39 Tous les gestionnaires dans lesquels on investit ont, à minima, une personne dédiée dans
15:47 leur équipe à ces sujets, font des reporting, fixent des objectifs aux entreprises dans
15:54 lesquelles ils investissent.
15:55 Et je dois dire que ces gestionnaires africains, en fait, sont au point depuis longtemps.
16:03 Ils sont assez précurseurs, et ils ne sont pas du tout, et au contraire, en retard par
16:08 rapport à ce qui se passe en Europe.
16:10 Ils ont été très poussés très tôt par les organisations internationales, en fait.
16:14 Et le capital investissement africain est tout à fait aux meilleures normes internationales
16:22 à ce niveau.
16:24 Puisqu'on était au Cogo-Brazaville, est-ce que l'Afrique centrale, aujourd'hui, cette
16:29 Afrique francophone-là, fait partie de vos zones à privilégier ? Comment est-ce que
16:36 vous répartissez votre action sur le continent ?
16:39 Alors, on n'a pas de zone privilégiée, en fait.
16:42 Pour nous, notre idée, c'est de couvrir toute l'Afrique francophone, anglophone, lusophone.
16:47 On investit dans des fonds qui sont plutôt panafricains, régionaux, donc ils couvrent
16:53 plusieurs pays, et des fonds qui, soit sont orientés start-up, soit orientés PME, grosse
17:01 PME africaine.
17:03 Alors, c'est vrai que malheureusement, l'Afrique centrale n'est pas très couverte par l'industrie
17:09 du capital investissement.
17:11 Il y a quelques opérations qui s'y passent, et surtout, il y a quelques entreprises qui
17:16 sont ciblées par ces outils de capital investissement qui ont des structures en Afrique centrale.
17:22 Mais c'est vrai que, pour l'instant, ce n'est pas une zone sur laquelle les équipes de
17:29 capital investissement africaines sont très présentes.
17:31 Et c'est quelque chose sur lequel, bien sûr, il faudrait travailler.
17:36 Il faudrait, je pense aussi, que les Etats africains y travaillent eux-mêmes, parce
17:41 que, nous, c'est ce qu'on a fait en France, c'est l'impulsion publique qui a permis de
17:45 développer l'industrie du capital investissement en France.
17:48 On aura noté que le président Macron était, il y a quelques semaines, en RDC.
17:52 Oui, oui, tout à fait.
17:54 Et au Congo-Brasaville.
17:55 Oui, oui.
17:56 Alors, justement, au Congo-Brasaville, alors, ce n'est pas sur la partie fonds propres pour
17:59 l'instant, mais au Congo-Brasaville, on a un partenariat avec la structure de financement,
18:05 de garantie congolaise, qu'on a accompagné, qu'on va continuer à accompagner, et qui
18:14 a très envie de devenir une BPI congolaise.
18:17 La partie fonds propres n'a pas encore été abordée, parce que ce n'est pas la partie
18:21 qu'on aborde en premier, mais ça peut être tout à fait la suite de tout ça.
18:31 Donc, en RDC, on a des discussions actuellement, mais pour l'instant, on n'a pas commencé
18:37 à faire d'instances techniques en RDC.
18:39 Gilles Bayet.
18:40 Oui, merci.
18:41 Je crois qu'il faut qu'on parle aussi de l'intégration au niveau continental.
18:46 Il y a ce projet de zone de libre-échange qui avance d'année en année.
18:51 Qu'est-ce que le Niger a gagné ?
18:54 Bien, si on doit faire l'intégration comme on l'a fait jusqu'à aujourd'hui, le Niger
18:59 n'a rien gagné.
19:00 Nous sommes dans l'Iwama, nous sommes dans la CEDIAO, et aujourd'hui, nous sommes un
19:05 portateur net.
19:06 Ce que ces deux initiatives nous ont amené, du point de vue développement, du point
19:11 de vue production, je me pose la question.
19:14 J'ai fréquenté ces réunions depuis 1975, et je sais de ce dont je parle.
19:23 Aujourd'hui, nous sommes à la porte de la ZREKAF.
19:26 Si cette histoire doit se répéter, eh bien nous n'aurons rien à gagner.
19:30 C'est pour ça que je pense, en dehors des trois, quatre produits agricoles porteurs
19:36 dont on a parlé ce matin, le Niger a plutôt intérêt à avoir du côté des mines et du
19:42 pétrole.
19:43 Le Niger est producteur du pétrole depuis 2011.
19:46 On consomme les raffinés, on en exporte un peu.
19:50 Dans six mois, on sera exportateur du brut.
19:52 Depuis que ce pétrole existe, depuis qu'on l'exploite, on n'a aucune industrie connexe,
20:04 dérivée du pétrole.
20:05 Donc, c'est-à-dire qu'il y a beaucoup de choses à faire à partir de ce moment-là.
20:09 Et l'intégration, on l'a fait jusqu'à présent par les échanges.
20:14 L'intégration par les échanges, ce n'est pas favorable aux pays qui sont enclavés,
20:19 parce qu'à condition égale, les investisseurs préfèrent aller au Bénin, en Côte d'Ivoire,
20:25 au Sénégal, au Nigeria, plutôt que de venir au Niger, au Mali, au Burkina.
20:29 Donc, il faut que cette intégration offre à ces pays enclavés quelque chose, une compensation
20:35 que j'appellerais une compensation économique.
20:37 Parce que nous sommes en intégration, donc les pays vont développer certaines industries
20:43 que les pays enclavés ne pourront pas faire.
20:45 Alors, dans ces conditions, il faut au moins qu'ils aient un certain niveau de développement,
20:50 un certain niveau de croissance pour ne pas obtenir le résultat inverse de ce qu'on cherche.
20:54 Parce que s'il y a des pays qui sont très développés et d'autres qui sont à la traîne,
20:58 il est évident que l'intégration ne réussira pas.
21:01 Donc, je pense qu'il faut qu'on change peut-être de méthode.
21:04 Il faut qu'on arrive à une intégration par la production.
21:07 Et je pense que c'est ce que la ZECAF va faire.
21:10 En tout cas, nous espérons que ce sera ainsi.
21:13 D'ailleurs, c'est la raison pour laquelle le Niger n'a pas d'appui avec l'Union européenne.
21:17 On n'a pas d'accord de partenariat économique parce qu'on n'a pratiquement rien à exporter,
21:20 rien à offrir.
21:21 Et ce sont des choses qui peuvent évidemment changer dans l'avenir.
21:26 Madame la ministre, cette intégration continentale,
21:30 quelles sont les complémentarités possibles entre un pays comme le vôtre,
21:34 le Congo-Brazaville, et des pays enclavés comme le Niger,
21:39 des pays peut-être plus industrialisés ?
21:43 Avec effectivement énormément de questions derrière,
21:48 les questions énergétiques,
21:49 la question de la circulation des hydrocarbures sur le continent,
21:54 la question de la libre circulation des biens et des personnes aussi.
21:59 Cette question est d'autant plus intéressante qu'elle est posée en fin de journée.
22:04 Et toute la journée, nous avons entendu les différents intervenants
22:09 dire à quel point il est important, il est essentiel
22:12 que l'Afrique fonde son décollage économique
22:16 sur la transformation de ses ressources naturelles.
22:21 Lorsque l'on transforme sur place et que l'on doit ensuite donc déplacer,
22:26 exporter, on comprend bien toute la place des différents corridors de transport.
22:31 Donc oui, nous nous sommes pour l'intégration régionale,
22:35 ne serait-ce que parce que contrairement au pays de mon voisin,
22:39 le Congo est un pays de transit.
22:41 Et donc nous avons ce fleuve Congo qui permet donc le transit
22:46 de toute la marchandise qui viendrait du nord des pays plus enclavés,
22:50 par exemple la RCA.
22:52 Donc il faut que cette intégration régionale puisse se faire
22:56 et nous saluons la ZCAF.
22:58 Nous nous y préparons parce que nous pensons que le Congo
23:03 va tirer son épingle du jeu.
23:05 Bien sûr, nous sommes aussi dans une dynamique de transformer sur place
23:09 les ressources naturelles.
23:11 Nous avons des mines, nous avons des mines solides,
23:14 nous avons des mines liquides, nous avons le bois au nord du Congo.
23:17 Nous avons tant d'atouts.
23:19 Mais ajouté à cela, nous avons le voisinage de pays
23:24 qui peut être en moins de possibilité de sortir leur production.
23:29 Notre voisin, vous parliez du Pan-Routrail.
23:32 Bien sûr que le Pan-Routrail est une aubaine pour le Congo,
23:36 mais c'est aussi une aubaine pour notre voisin.
23:39 Vous voyez, là, c'est un exemple d'intégration entre deux États de la CEAC,
23:45 la Communauté économique des États de l'Afrique centrale.
23:48 Mais il y a des exemples d'intégration entre des États de la CEMAC,
23:53 entre le Camerounais, nous, entre la RCA et nous,
23:56 avec toujours comme débouchés, par exemple,
23:59 le port en eau profonde que nous avons à Point-Noir.
24:02 Donc notre position géographique nous invite tout naturellement
24:07 à saluer tous les efforts d'intégration régionale.
24:10 Et je voudrais conclure en disant que je suis certes ministre du Plan,
24:13 mais je suis aussi le ministre de l'intégration régionale.
24:17 Que chacun exploite effectivement ses ressources,
24:21 que ce soit des ressources du sous-sol ou des ressources en infrastructure.
24:26 Madame Bébéard, il nous reste une minute trente.
24:28 Juste une conclusion.
24:29 Qu'est-ce qu'on peut attendre d'un sommet financier
24:34 comme celui qui se tiendra au mois de juin à Paris,
24:38 ce sommet pour un nouveau pacte financier
24:41 entre les pays du Nord et les pays du Sud ?
24:44 Ça sera fortement axé sur la question climatique,
24:48 mais on sent bien une volonté générale de changer la relation financière.
24:53 Alors, je vais beaucoup vous décevoir
24:55 parce que je ne suis pas du tout impliquée
24:56 dans l'organisation de ce sommet.
24:58 Mais vous pouvez avoir un regard dessus.
24:59 Voilà, exactement.
25:01 Et d'ailleurs, c'est un sommet qui ne va pas concerner que l'Afrique,
25:05 c'est plus large que ça.
25:08 Mais bien sûr, pour moi, ça doit être un sommet
25:12 où on peut partager des solutions
25:14 qui fonctionnent sur des continents
25:18 et qu'on pourrait essayer de reproduire et d'adapter sur d'autres.
25:22 Partager des expériences et faire des recommandations
25:26 par rapport à des expériences positives
25:29 parce que finalement, c'est les expériences terrain
25:32 qui vont nous donner les solutions.
25:34 Parce que par exemple, entre la France ou l'Europe et l'Afrique,
25:37 il y a des choses déjà qui fonctionnent
25:39 et qui ont déjà très bien fonctionné.
25:41 J'espère, oui, bien sûr.
25:44 Voilà, je pense qu'il est temps de vous remercier tous les trois
25:46 pour cette table ronde.
25:48 On a pu évoquer quelques sujets autour de la finance
25:53 et du développement sur le continent africain
25:55 en partant des exemples de vos deux pays,
25:57 Madame la Ministre et Monsieur le Conseiller du Président de la République.
26:01 Merci à tous.
26:03 Merci.
26:04 Merci.
26:06 [Musique]