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Christine Kelly et ses chroniqueurs débattent de l'actualité dans #Facealinfo

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00:00 Pas bonsoir.
00:02 On gagne du temps.
00:04 On a beaucoup de sujets.
00:06 La minute off au Adrien Spiteri.
00:08 Emmanuel Macron chahuté à Celesta en Alsace.
00:16 De retour sur le terrain après trois mois de crise.
00:18 Le chef de l'État était hué par certaines personnes présentes sur place.
00:22 Quelques heures plus tôt, Emmanuel Macron a visité une usine.
00:26 Une centaine de manifestants étaient sur place pour l'accueillir au son des casseroles.
00:32 Le blocage à l'université de Caen est terminé.
00:35 La fac a été occupée depuis six semaines par des étudiants opposés à la réforme des retraites.
00:41 Ils ont été évacués.
00:43 Le coût de remise en état est estimé à plusieurs centaines de milliers d'euros.
00:47 Et puis le verdict est tombé au procès du Rodéo à Villefontaine.
00:51 Sur les onze motards, deux avaient pu être identifiés et interpellés.
00:56 Ils sont condamnés à 18 mois et 12 mois de prison, dont 9 et 6 mois avec sursis.
01:01 L'un est âgé à 18 ans, l'autre de 22 ans.
01:04 Les faits s'étaient déroulés le 8 avril dernier.
01:07 Au sommaire ce soir, premier déplacement d'Emmanuel Macron pour aller à la rencontre des Français
01:15 depuis la promulgation de la loi sur les retraites.
01:18 C'était en Alsace, accueil houleux, électricité coupée sur place par la CGT.
01:23 "Ce ne sont pas des casseroles qui feront avancer la France", a déclaré Emmanuel Macron combatif.
01:29 Alors que tout semble se compliquer sur le terrain,
01:32 alors que le chaos social, économique, politique et institutionnel guettent la France,
01:36 une question, les politiques ont-ils intérêt à vouloir le chaos dans le pays ?
01:42 L'édito de Mathieu Beaucoup.
01:46 Chaos dans le pays, mais comment en sortir ?
01:49 Et si le dossier immigration était utilisé comme la bouée de sauvetage pour Emmanuel Macron ?
01:54 Ou bien est-ce possible que ce soit le boulet qui le ferait accouler ?
01:58 Le président peut-il se servir du dossier d'immigration pour se relancer ?
02:02 Pourrait-il provoquer un référendum sur l'immigration pour s'en sortir ?
02:07 L'analyse de Guillaume Bigot.
02:09 Chaos dans le pays, mais comment en sortir ?
02:13 Et si le dossier de lutte contre les fraudes sociales était utilisé comme la bouée de sauvetage pour Emmanuel Macron ?
02:19 Les propos de Bruno Le Maire sur les aides sociales envoyées au Maghreb ne passent pas à gauche.
02:25 Une gauche qui dénonce une tentative de stigmatisation du ministre de l'économie
02:29 pour faire diversion de la réforme des retraites.
02:32 La Macronie prend-elle conscience de la droitisation de son électorat ?
02:37 Le décryptage de Charlotte Dornéas.
02:40 Quand les enfants vont mal, faut-il les aider avec des psychotropes ?
02:45 Non, selon le rapport du Conseil de l'enfance et de l'adolescence,
02:49 qui déplore l'augmentation continue de ces prescriptions chez les enfants et adolescents.
02:55 Oui, répondent 42 jeunes psychiatres qui défendent des traitements dans une tribune dans Le Monde.
03:01 Que comprendre ? Pourquoi nos enfants vont mal ?
03:04 Sur les 10 dernières années environ, on constate une augmentation de 98% d'administration de psychotropes chez les 6-11 ans.
03:12 Pourquoi nos enfants sont-ils sous influence chimique ?
03:16 Marc Menand démontre.
03:18 Et puis le mémorial de Svitsch a réagi après la publication sur Twitter d'une photo montrant une jeune femme
03:25 prenant la pause sur les rails qui mènent à l'entrée de l'ancien camp de concentration.
03:31 Est-ce un décor pour mettre en scène sa vie de vacancière ?
03:35 Jusqu'où ira l'indécence ? L'édito de Mathieu Bobcoté.
03:40 Une heure avec nos mousquetaires, c'est maintenant.
03:45 Ravi de vous revoir tous ce soir.
04:00 Bonsoir quand même !
04:02 Oui bonsoir quand même.
04:04 Quand je ne dis pas bonsoir, c'est quand même bonsoir. Je vous adore.
04:07 Alors que le président de la République a effectué son premier déplacement à la rencontre des Français
04:12 depuis la promulgation de la loi, Mathieu Bobcoté, il était en Alsace, accueille très chahuté,
04:17 des critiques et des polémiques qui révèlent un contexte social, économique, politique particulièrement tendu,
04:23 un pays également embourbé dans l'ultra-violence des contestataires.
04:27 Les politiques ont-ils intérêt au chaos ?
04:30 Cette question, Mathieu, peut sembler absurde ou bien exagérément cynique,
04:35 pourtant c'est l'actualité qui nous l'inspire.
04:37 Emmanuel Macron peut-il se reconstruire politiquement en profitant de la peur du chaos,
04:44 quitte à l'organiser ou du moins quitte à l'exagérer ?
04:48 Je pense que pour répondre adéquatement à cette question,
04:51 il faut adopter une grille de lecture très réaliste de la politique.
04:55 C'est-à-dire qu'on doit se dégager des considérations morales,
04:58 le chaos c'est mal, la violence c'est mal, l'ordre c'est bien, la gentillesse c'est bien.
05:03 Il faut avoir une lecture très réaliste de ce qu'est le chaos,
05:06 de ce que sont les périodes de crise, les périodes de tension en politique,
05:09 pour voir ce que ça peut donner et voir ce que font les grands politiques de ces tensions,
05:13 qui sont de toute manière inévitables.
05:15 Alors, dans le contexte actuel, on l'aura compris, Emmanuel Macron joue cette carte.
05:19 Lorsqu'il dit aux joueurs de casserole « ce n'est pas ça qui va faire avancer la France »,
05:23 il dit qu'on est dans une situation de bascule.
05:26 Il joue lui-même avec cet imaginaire.
05:28 Et on comprend sa stratégie.
05:30 Sa stratégie consiste à dire « si ce n'est pas moi, le pays part en déglingue,
05:35 si ce n'est pas grâce à ça, si je ne suis pas là, le pays se décomposera,
05:39 donc tournez-vous vers moi, je suis l'homme de l'ordre dans ce moment où tout pourrait se décomposer ».
05:44 C'est une stratégie qui se défend politiquement.
05:46 Je laisse faire à côté la dimension morale.
05:49 Mais les deux autres grandes forces politiques dans le pays peuvent aussi utiliser cette stratégie.
05:55 C'est le cas de la France insoumise, qui est dans une stratégie,
05:58 pire encore qu'une stratégie, une culture insurrectionnelle.
06:01 La France insoumise s'ennuie quand ça va bien.
06:04 Elle s'excite, elle a un rapport presque érotique à la tension politique
06:08 et elle veut en profiter dans ces moments-là.
06:10 Elle se dresse, si vous me permettez l'image.
06:13 Dans le cas du RN, même chose, même chose.
06:16 Le RN peut dire « si tout se décompose, le pays ne se contentera plus d'un renouvellement dans la classe politique,
06:22 mais va vouloir changer de classe politique,
06:24 il va vouloir donner sa chance à la contre société qui se prépare qui s'appelle le RN,
06:29 ou un autre modèle de société, un autre leadership, de nouvelles élites.
06:32 Donc on est devant trois parties qui pourraient théoriquement profiter de ces tensions,
06:38 de cette possibilité du chaos.
06:40 Quand on parle de chaos, on comprend que la politique ne se réduit pas
06:44 à une forme de psychologie tranquille de social-démocrate réformiste.
06:47 Ceux qui s'imaginent que la politique c'est une affaire de technicien
06:50 ne comprennent pas que la politique c'est passion, chaos souvent, violence,
06:55 réconciliation, décision, ordre, autrement dit tout un univers
06:59 qui dépasse largement l'univers comptable des technocrates qui nous gouvernent aujourd'hui.
07:04 D'ailleurs, si on se détache un instant de la France,
07:06 et on fait un petit parcours du 20e siècle,
07:09 qu'est-ce qu'on constate?
07:10 C'est que les grands, grands événements politiques qui souvent nous inspirent,
07:13 qui souvent ont donné de grandes choses,
07:15 sont souvent nés de périodes que l'on pourrait dire de chaos.
07:19 Premier exemple, la Ve République.
07:21 La Ve République naît dans un moment où la France est menacée
07:25 de la possibilité de guerre civile, où elle est...
07:27 C'était la crise algérienne, mais possibilité de guerre civile.
07:30 Le général de Gaulle, n'oublions jamais de le rappeler,
07:33 fonde la Ve République, modèle démocratique,
07:35 en jouant discrètement de la menace des commandos,
07:38 avec l'opération résurrection.
07:40 On est avec le général de Gaulle, qui lui-même joue la carte
07:44 de la peur et de la possibilité du chaos,
07:46 pour être celui qui récupère la situation à son avantage.
07:48 À ce que j'en sais, ça en fait pas un moins bon démocrate.
07:51 Là, je donne d'autres exemples ailleurs dans le monde.
07:53 L'indépendance irlandaise ne serait pas possible
07:56 dans les années 1917, 1921, 1923,
07:59 si les indépendantistes les plus ardents en Irlande
08:02 ne décident pas de provoquer une situation de tension
08:04 et de chaos si extrême que les Britanniques sont obligés
08:07 de négocier avec eux.
08:09 L'effondrement de l'Union soviétique,
08:11 c'est parce que l'Union soviétique s'effondre
08:13 qu'il est possible pour tous les pays qui étaient prisonniers
08:16 du glacis soviétique de s'en libérer.
08:19 Chaos, possibilité du chaos, possibilité d'un effondrement
08:22 qui entraînerait le monde vers sa chute,
08:24 mais chacun en profite pour jouer sa propre carte.
08:26 Autre exemple, moins sympathique que celui-là,
08:29 l'invasion de l'Irak en 2003.
08:31 C'est pas sympathique du tout,
08:33 mais il faut voir les néoconservateurs américains,
08:35 si on garde ça à l'esprit, en 2000,
08:37 les néoconservateurs sont complètement rayés de la carte.
08:39 Tout le monde s'est dit qu'ils sont foutus.
08:41 Vous savez, ceux qui aiment bombarder les pays
08:43 pour imposer la démocratie.
08:45 Mais en 2001, 11 septembre, ils sont préparés,
08:47 ils ont une grille de lecture prête pour répondre aux circonstances.
08:50 Personne d'autre n'a de grille.
08:52 Et eux, leur réponse, c'est qu'il faut non seulement
08:54 l'Afghanistan, mais il faut attaquer l'Irak, et ainsi de suite.
08:57 Ils s'emparent d'une crise chaotique
08:59 pour imposer leur programme.
09:01 Alors, qu'est-ce que ça veut dire?
09:03 Pourquoi je donne ces exemples-là, positifs et négatifs?
09:05 Parce que la politique, à l'échelle de l'histoire,
09:07 les choses ne se jouent pas avec une musique d'ascenseur.
09:09 Ceux qui s'imaginent que la politique,
09:11 c'est la grande politique, la vraie politique,
09:13 P majuscule, ça se joue avec la musique de chambre,
09:15 avec une musique d'ascenseur, avec des compliments doux
09:17 sous le signe de la tendresse, ne comprennent rien à la politique.
09:20 La politique, c'est justement cet univers
09:22 qui est une forme de guerre civilisée.
09:24 Ah, j'ajoute qu'il y a aussi des chaos manqués,
09:26 des occasions manquées. Vous savez, c'est une formule
09:28 qu'on utilise souvent. Il ne faut jamais gaspiller
09:30 une bonne crise. Et de ce point de vue,
09:32 sans cynisme, encore une fois, on peut croire
09:34 qu'à suite aux attentats à répétition
09:36 qui ont frappé la France à partir de 2015,
09:38 même avant ça, 2012, si on commence avec Mérat,
09:40 on pourrait dire que la France a manqué à ce moment-là
09:42 l'occasion d'en profiter pour frapper vraiment l'islamisme.
09:45 Donc quand on ne profite pas de ces événements-là,
09:47 qui créent un moment possible de décision politique forte,
09:50 pour être capable de casser une situation,
09:52 d'en imposer une nouvelle, mais vous êtes,
09:54 dans ce moment-là, un mauvais politique.
09:56 J'ajoute une dernière chose.
09:58 Le commun des mortels l'a compris depuis longtemps, d'ailleurs.
10:00 Le commun des mortels, quel est-ce qu'il se dit
10:02 après le 11 septembre? Il dit que c'est organisé
10:04 par quelqu'un d'autre, c'est planifié,
10:06 on planifie la catastrophe pour se donner le droit,
10:08 ensuite, d'envahir le monde. La COVID, la lecture
10:10 était la suivante pour donner des gens.
10:12 On a provoqué une telle crise pour être capable
10:14 d'imposer la dictature sanitaire.
10:16 Je ne dis pas que c'est vrai, mais je dis que la grille
10:18 des lectures du commun des mortels,
10:20 elle a compris ça. Les grandes choses ne se font jamais
10:23 par temps calme, c'est ainsi.
10:26 - Mais quelles sont les qualités
10:28 soudainement revalorisées par le chaos?
10:31 - Ce ne sont pas les qualités des technocrates.
10:33 Vous me permettrez d'y revenir. Qu'est-ce qu'un vrai politique?
10:35 C'est d'abord quelqu'un qui sent au-delà des individus,
10:38 il sent les courants profonds qui font un peuple.
10:40 Il sent les tensions, il sent les passions qui font un peuple.
10:44 Donc, un grand politique, d'abord et avant tout,
10:46 il sent venir la crise. Il sent qu'une crise peut venir
10:49 et venant de cette crise, il sait qu'il peut s'en emparer.
10:52 Le grand politique, cela dit, ne se précipite pas
10:56 sur la crise avant le temps parce qu'il aura seulement
10:59 l'air d'un excité ou d'une forme de prophète
11:02 un peu toujours en avance ou un peu en retard.
11:04 Prenez l'exemple de Jean-Pierre Chevènement,
11:06 grande figure politique en France,
11:08 mais toujours un ton un peu apocalyptique.
11:10 En dernière instance, il aura passé sa vie
11:12 à être en réserve de la République sans jamais pouvoir servir.
11:15 Pourquoi? Parce qu'il ne s'empare pas des circonstances
11:17 lorsqu'elles se présentent à lui.
11:19 En politique, il faut savoir lire les circonstances,
11:21 il faut être capable de frapper lorsqu'il le faut,
11:23 il faut être capable de jouer des passions
11:25 et il faut savoir aussi être patient de temps en temps.
11:27 L'excité, le surexcité qui veut à tout prix y aller
11:29 en toutes circonstances parce qu'il sent
11:31 qu'il ne peut pas s'empêcher d'être au cœur du théâtre,
11:33 celui-là sera balayé.
11:35 Le grand politique en situation de chaos,
11:37 et là j'ajoute une chose qui me semble importante,
11:39 il voit une crise.
11:41 Ça peut être l'Algérie en 1958 pour de Gaulle.
11:43 Encore une fois, je ne pose pas un jugement moral.
11:45 De Gaulle, qu'est-ce qu'il fait?
11:47 Il s'empare de la question algérienne
11:49 avec l'intention de la liquider
11:51 pour se consacrer ensuite à la question
11:53 de la réforme des institutions,
11:55 de la 5e République.
11:57 Il instrumentalise la crise algérienne
11:59 pour tout autre chose. Bien ou mal,
12:01 ce n'est pas mon jugement, mais il prend...
12:03 Autrement dit, il s'en sert comme un levier.
12:05 Est-ce qu'aujourd'hui, dans la crise que connaît la France,
12:07 un politique pourrait s'emparer de la crise née des retraites
12:09 pour imposer une réforme plus vaste
12:11 attendue par le pays? On verra.
12:13 Je l'ai dit, il y a trois grandes propositions
12:15 qui circulent. Autre chose absolument nécessaire,
12:17 il faut accepter d'être détesté.
12:19 Si vous n'acceptez pas
12:21 qu'environ presque inévitablement le tiers de la population
12:23 vous déteste absolument,
12:25 qu'une partie significative des élites vous maudit,
12:27 et plus largement que, je dirais,
12:29 dans certains moments, vous êtes condamné
12:31 à être seul et incompris par tous,
12:33 vous n'êtes pas fait par la politique.
12:35 Ou alors, je le dis, vous êtes fait par la politique
12:37 par temps calme. Quand j'étais plus jeune,
12:39 il y a de cela très longtemps, et je m'imaginais un jour
12:41 premier ministre du Québec, mon insulte préférée
12:43 pour insulter les gens qui arrêtaient avec moi,
12:45 c'était premier ministre de temps de paix.
12:47 Ça, c'était le sommet de l'insulte disponible.
12:49 Je pense qu'aujourd'hui, on pourrait l'utiliser à nouveau.
12:51 - Vous semblez avoir une vision, Mathieu,
12:53 de côté presque positive du chaos.
12:55 Est-ce que vous n'êtes pas en train, peut-être,
12:57 de jouer avec le feu en parlant ainsi?
12:59 - Non, je ne pense pas. Je n'idéalise rien.
13:01 Je décris les choses, je crois, telles qu'elles sont.
13:03 Et c'est vraiment mon souci avec cela.
13:05 Ce n'est pas de dire ce que c'est beau,
13:07 ce que ce n'est pas beau. Non, non.
13:09 C'est qu'il faut voir comment l'histoire s'écrit
13:11 au-delà de nos prescriptions morales.
13:13 Ensuite, il faut espérer le chaos qui est mal maîtrisé,
13:15 le chaos qui est mal pris en charge politiquement.
13:17 C'est un chaos qui peut tous nous attirer,
13:19 dans les abîmes, qui peut tous nous attirer
13:21 dans une situation de crise où tout le monde sera abîmé.
13:23 Mais on y revient, il faut aborder cette question-là
13:25 du point de vue des grands mammifères politiques
13:27 qui nous gouvernent. Qu'est-ce qu'ils ont?
13:29 Ce ne sont pas des gens normaux. En soyons honnêtes,
13:31 un grand politique, ce n'est pas quelqu'un de normal.
13:33 Il n'est pas heureux quand ça va bien.
13:35 Quand tout va bien, il s'ennuie.
13:37 Quand tout va bien, il sent qu'on n'a pas besoin de lui.
13:39 C'est-à-dire, le général de Gaulle était bouleversé
13:41 de 46 à 58, quand les choses allaient bien,
13:43 il fonde un parti politique, le R.S.
13:45 a été un parti politique,
13:47 quand les choses allaient bien, il fonde un parti politique.
13:49 Le RPF, ça ne fonctionne pas.
13:51 Il guette les circonstances démocratiques ordinaires,
13:53 ça ne fonctionne pas. Il guette le moment
13:55 où le pays aura froid, il guette le moment
13:57 où le pays sera bouleversé
13:59 pour ensuite se présenter comme le sauveur.
14:01 Telle est la psychologie des grands animaux politiques
14:03 qui nous dirigent. Et soyons honnêtes,
14:05 même nous, les temps trop ordinaires,
14:07 trop tranquilles, finissent par nous lasser
14:09 et on en vient quelquefois à désirer
14:11 que quelque chose se passe,
14:13 cela dit, proverbe ou maxime chinoise
14:15 que j'ai envie de citer à la fin,
14:17 craignait de vivre dans des temps intéressants.
14:19 Il se pourrait que les temps présents
14:21 soient intéressants.
14:23 - Crise = opportunité.
14:25 Merci Mathieu Bocote-Puissant.
14:27 Au lendemain de son allocution,
14:29 Emmanuel Macron
14:31 semble privé d'autorité,
14:33 Guillaume Bigot.
14:35 Certains dossiers refont surface,
14:37 comme les fraudes sociales,
14:39 on en parle dans un instant,
14:41 l'immigration, avec vous,
14:43 on en parle à des fraudes sociales.
14:45 Le président peut-il se servir,
14:47 en rebondissant un peu sur ce qu'elle dit...
14:49 - C'est quasiment des travaux pratiques de l'art.
14:51 - Exceptionnel, très intéressant.
14:53 Peut-il se servir du dossier
14:55 de l'immigration pour se relancer ?
14:57 - Alors d'abord,
14:59 je crois qu'il ne faut vraiment pas
15:01 sous-estimer que pour le président
15:03 de la République, ce ne sont pas les temps ordinaires du tout.
15:05 Il y a une double crise d'autorité qui est très forte,
15:07 qui démonétise le président de la République.
15:09 Une crise d'autorité politique parce qu'il n'a pas
15:11 de majorité présidentielle au Parlement.
15:13 Une crise d'autorité aussi symbolique
15:15 et morale parce que ce n'est plus
15:17 le président de tous les Français.
15:19 C'est devenu, depuis la crise des retraites,
15:21 vraiment le père fouettard de la nation.
15:23 Donc là, il faut vraiment qu'il frappe très fort
15:25 pour espérer rétablir son autorité.
15:27 Est-ce qu'il peut se servir du dossier,
15:29 on va dire, radioactif
15:31 de l'immigration
15:33 pour faire ça ? Oui, c'est possible.
15:35 Et je pense que lui-même,
15:37 il pense très fort. D'ailleurs,
15:39 c'est ce qu'il a semblé dire dans son allocution
15:41 de lundi soir, puisqu'il a cité
15:43 dans sa to-do list des 100 jours,
15:45 ses trucs de manager,
15:47 il a dit "contrôler l'immigration
15:49 illégale et mieux intégrer ceux qui nous rejoignent".
15:51 Le problème, c'est que la manière dont
15:53 il compte s'y prendre pour l'instant en gérant
15:55 ce dossier d'immigration ne me semble pas,
15:57 ne me laisse pas penser qu'il va
15:59 réussir à utiliser cette immigration
16:01 comme autre chose qu'une espèce de bouée
16:03 pour surnager. D'abord,
16:05 l'immigration figurait déjà dans
16:07 l'agenda de l'exécutif, avec la fameuse
16:09 loi Dussopt d'Armanin.
16:11 Mais comme Mme Borne a dit qu'elle
16:13 n'utiliserait plus l'article 49.3,
16:15 alors ça veut dire que pour faire
16:17 passer cette loi, ils vont avoir besoin
16:19 de chercher des majorités de circonstance.
16:21 Donc ils vont couper cette loi en deux.
16:23 Ils vont faire d'un côté la jambe gauche
16:25 pour les gentils clandestins
16:27 qui vont occuper des métiers sous tension,
16:29 ce sera la loi Dussopt, et puis ils vont faire
16:31 la jambe droite avec les méchants clandestins
16:33 qui n'ont pas de travail ou qui
16:35 commettent des actes
16:37 répréhensibles et qui seront renvoyés chez eux,
16:39 avec la loi d'Armanin. Mais justement,
16:41 le ministre de l'Intérieur, Gérald Darmanin,
16:43 ne veut pas qu'on vende sa loi à la découpe
16:45 au Parlement.
16:47 Et peut-être est-il en train d'utiliser cet
16:49 argument comme une espèce d'échelle
16:51 d'abordage pour remplacer Mme Borne
16:53 à Matignon. Alors il y a un autre personnage
16:55 qui se profile et qui essaye d'exploiter
16:57 ces circonstances, c'est M. Véran.
16:59 Alors qu'est-ce qu'il vient faire là, celui-là ?
17:01 C'est le ministre du Renouveau Démocratique.
17:03 Vous ne savez pas ce que c'est ? Bah lui, je ne sais même pas
17:05 si c'est ce que c'est vraiment. Enfin si, c'est ce que c'est.
17:07 Le Renouveau Démocratique, c'est, vous savez,
17:09 les réunions tupperware
17:11 avec des vrais gens
17:13 pour... Voilà, c'est les comités,
17:15 les conventions citoyennes. Donc il veut utiliser
17:17 l'immigration pour faire une nouvelle convention
17:19 citoyenne. Bon, en résumé,
17:21 c'est plutôt pas très bien parti pour que le président
17:23 de la République utilise l'immigration
17:25 comme une bouée. Ça va plutôt être un boulet, ça va plutôt
17:27 le faire couler. - Mais que devrait
17:29 faire le président, justement, pour se
17:31 désembomber grâce à l'immigration,
17:33 voire pour en faire
17:35 un booster, même ? - Pourquoi pas ?
17:37 La première chose qu'il devrait faire, et c'est la suite logique
17:39 de ce que je vous ai essayé de vous expliquer,
17:41 c'est qu'il doit, à mon avis, n'envoyer pas être
17:43 son entourage. C'est ni Mme Borne,
17:45 ni messieurs Darmanin ou Véran
17:47 qui ont la solution. Je pense que la voie parlementaire
17:49 de toute façon me semble beaucoup trop
17:51 étroite et beaucoup trop risquée pour utiliser
17:53 cette affaire de l'immigration.
17:55 Le problème numéro un
17:57 du président de la République, c'est de renouer
17:59 la confiance avec les Français.
18:01 Parce que cette confiance, elle n'a pas seulement été
18:03 rompue par la crise des retraites. La crise
18:05 des retraites, ce n'est qu'un épisode
18:07 d'un phénomène qui est beaucoup plus
18:09 long que ça sur le temps long.
18:11 C'est que la classe dirigeante, les notables,
18:13 veulent forcer la main des Français en leur
18:15 imposant des décisions dont les
18:17 Français pensent qu'elles ne sont pas dans leur intérêt. Et ça
18:19 fait des dizaines et des dizaines d'années que ça dure.
18:21 Or, justement, l'immigration, c'est
18:23 l'exemple parfait, c'est l'illustration
18:25 parfaite de ce problème.
18:27 En 1978,
18:29 Valéry Giscard d'Estaing s'était déjà rendu compte
18:31 que ça pouvait poser problème. Il a essayé de stopper
18:33 le regroupement familial. Et là, le Conseil d'État
18:35 a régistré, en 1978,
18:37 il a dit "non, c'est interdit, vous ne pouvez pas
18:39 stopper le regroupement familial".
18:41 Et depuis, les juges, la construction
18:43 européenne, les
18:45 associations de dames patronnistes et
18:47 notables, etc., ont épaissi et ont
18:49 durci la chape de béton. Mais est-ce qu'on se
18:51 rend compte seulement de l'incroyable violence
18:53 démocratique ? C'est comme un espèce de viol de
18:55 domicile. Vous ne pouvez pas empêcher les gens de rentrer.
18:57 Non, parce qu'il y a une toute petite partie de la
18:59 classe dirigeante qui dit "non, c'est pas convenable,
19:01 on va le laisser faire quand même". C'est quand même
19:03 incroyable. Et les Français n'ont jamais
19:05 été consultés sur ce sujet. Donc, effectivement,
19:07 c'est l'occasion ou jamais, ce sujet
19:09 est l'occasion ou jamais, pour le Président de la République
19:11 de frapper fort et de renouer
19:13 avec le peuple français. Utiliser l'article 11 du
19:15 référendum avec
19:17 un projet dont l'objet serait assez simple,
19:19 limiter vraiment drastiquement le droit
19:21 d'asile qui est détourné aujourd'hui, et ensuite
19:23 conditionner le regroupement familial
19:25 et évidemment les aides sociales,
19:27 comme l'ont fait des pays scandinaves comme le Danemark
19:29 qui ne me semble pas être la dictature
19:31 la plus noire sur Terre, qui dit quoi ?
19:33 Grosso modo, vous ne pouvez avoir des aides sociales
19:35 que si vous avez travaillé
19:37 dans le pays et si vous avez des moyens
19:39 de ressources, sinon vous ne pouvez pas faire venir
19:41 vos parents. Seul un référendum sur
19:43 l'immigration finalement permettrait
19:45 de penser ou de refermer la plaie démocratique
19:47 d'une certaine façon, et permettrait
19:49 aussi au Président de la République de recharger
19:51 ses accus en fait politique,
19:53 cette légitimité politique qui vient du suffrage
19:55 diversel. Et il n'y aurait même pas besoin
19:57 de renoncer à son en même temps parce que tous les sondages
19:59 montrent que les Français, quels que soient leurs origines,
20:01 qu'ils soient de droite ou qu'ils soient de gauche,
20:03 ont maintenant envie de stopper,
20:05 de contrôler en tout cas, cette immigration.
20:07 Il y avait des notes de la fondation
20:09 Jean Jaurès, une récente, avec un sondage
20:11 50% des gens de gauche veulent
20:13 contrôler l'immigration, même 40%
20:15 des électeurs LFI sont pour contrôler l'immigration.
20:17 Je ne sais pas si vous vous en rendez compte. Et Fabien Roussel
20:19 lui-même dit que les frontières sont devenues
20:21 des passoires. Donc le moment est
20:23 vraiment venu.
20:25 Ça fait quand même bon de dire, lorsqu'on parle de référendum d'immigration,
20:27 certains disent effectivement que ça permettrait
20:29 de trancher en sortant
20:31 d'un débat idéologique, mais vous croyez
20:33 qu'Emmanuel Macron
20:35 pourrait provoquer
20:37 un référendum sur l'immigration ?
20:39 Pour traduire
20:41 la question autrement, est-ce que
20:43 Emmanuel Macron est un technocrate ou est-ce que
20:45 c'est un chef d'État ? Moi j'ai ma petite idée là-dessus,
20:47 je pense que non en réalité. Il ne peut pas,
20:49 parce qu'il ne veut pas faire l'histoire, parce qu'il ne peut
20:51 pas faire l'histoire, parce qu'il ne sent pas les courants
20:53 populaires, parce qu'il n'est pas dans l'histoire.
20:55 C'est quelqu'un qui a été porté
20:57 par la classe dirigeante pour...
20:59 En fait le système c'est lui, comme
21:01 Flaubert disait de Mme Bovary,
21:03 voilà, c'est moi.
21:05 Donc d'abord, il y a des raisons qui sont
21:07 probablement des raisons assez mineures
21:09 qui font qu'il pourrait
21:11 pas le faire. D'abord on dit
21:13 oui, mais sa crédibilité serait entamée, ce serait
21:15 un volte-face par rapport à ce qu'il a fait d'habitude.
21:17 Je ne reprends pas la démonstration brillante de
21:19 Mathieu, mais c'est vrai que c'est ça précisément
21:21 un grand politique, c'est quelqu'un qui fait ce qu'on n'attend
21:23 pas qu'il fasse précisément.
21:25 Et quant au volte-face, soyons sincères, depuis
21:27 2017, est-ce que M. Macron a fait autre chose
21:29 que des volte-faces ? Je rappelle que ce monsieur
21:31 voulait fermer les centrales nucléaires, ce monsieur
21:33 voulait grosso modo baisser le budget de l'armée,
21:35 ce monsieur voulait rembourser
21:37 à toute force la dette, enfin,
21:39 il ne voulait par exemple, surtout pas
21:41 de réforme des retraites paramétriques par exemple.
21:43 Passons. Alors on va dire "oui, mais alors
21:45 s'il fait ça, c'est très dangereux, le parti présidentiel
21:47 Renaissance va s'écrouler". Ah bon ?
21:49 Mais enfin, chez Renaissance, à part des gens
21:51 qui ont trahi leur parti politique, à part des rastignacs
21:53 aux petits pieds, à part des arrivistes de la société civile
21:55 qui ne croient à aucune idéologie
21:57 et qui sont totalement dans le pragmatisme
21:59 et qui d'ailleurs voient Emmanuel Macron comme un gourou, il y a qui ?
22:01 Il n'y a personne, non. Ça va passer crème
22:03 en réalité. Non, en réalité, on nous
22:05 dit aussi "mais attention, si le président de la République
22:07 faisait ça, il légitimerait
22:09 Marine Le Pen et le Rassemblement national". Mais précisément
22:11 pas. Il lui couperait justement l'herbe
22:13 sous le pied, il la priverait d'un oxygène
22:15 politique, de son principal oxygène
22:17 politique. En fait, les véritables
22:19 raisons pour lesquelles le président de la République
22:21 ne le fera pas, je pense que je
22:23 peux vous les donner, c'est que ce référendum
22:25 d'abord mettrait en évidence
22:27 quelque chose qui se voit comme le nez au milieu
22:29 du visage mais dont on ne parle pas, entre
22:31 soi, entre notables. C'est-à-dire que l'État
22:33 n'a quasiment plus de prise. Ce sont aujourd'hui
22:35 les immigrés qui font la politique migratoire,
22:37 ce sont les associations qui font la politique migratoire,
22:39 ce sont les juges surtout
22:41 qui ont contourné la Constitution,
22:43 les juges qui s'appuient sur des traités, une
22:45 interprétation très caoutchouteuse de la Constitution
22:47 et qui d'une certaine façon forcent
22:49 la main du peuple. Mais surtout, surtout
22:51 le patronat veut
22:53 des emplois. Il veut des emplois
22:55 bon marché, dans des secteurs
22:57 qui certes recrutent mais qui ne sont pas
22:59 attractifs. Donc il y a deux solutions, soit
23:01 on élève les salaires et on peut embaucher des Français
23:03 ou des immigrés qui sont déjà là, soit on ne veut pas
23:05 élever les salaires et on fait venir des immigrés.
23:07 En fait, ce référendum
23:09 toucherait le nerf de là-dedans. Il irait
23:11 au cœur du problème
23:13 finalement démocratique français qui s'appuie
23:15 sur la construction européenne pour
23:17 privilégier quoi ? L'épargne au détriment
23:19 d'investissement, là
23:21 finalement la consommation au détriment
23:23 de la production et surtout les aides sociales
23:25 au détriment des salaires. C'est la maire de
23:27 Biarritz qui dit ça. Il y a une tension
23:29 énorme dans ma ville, dit-elle, sur l'hôtellerie,
23:31 la restauration, le BTP, les services
23:33 à la personne. Par contre, des profs de yoga,
23:35 des profs de pilates, des coachs en bien-être,
23:37 j'en ai dans tous les quartiers.
23:39 Et l'historien Pierre Vermeuren explique
23:41 très bien les 85% d'immigrants
23:43 annuels qui sont des immigrants
23:45 qui ne sont pas des immigrants
23:47 qui vont travailler, participent d'une étrange
23:49 économie sociale hors marché qui
23:51 tire la croissance par la consommation
23:53 sans production suffisante en face.
23:55 Donc ce référendum,
23:57 ce serait évidemment renverser
23:59 ce système mortifère.
24:01 Mais ce n'est pas possible de le renverser sans le remplacer
24:03 par quelque chose d'autre. Ce quelque chose d'autre,
24:05 c'est forcément réindustrialiser
24:07 la France, forcément
24:09 reprendre la production, donc
24:11 forcément rompre avec ce libre-échange unilatéral
24:13 imposé par l'Europe. C'est forcément
24:15 probablement recontrôler notre
24:17 taux de change, c'est-à-dire baisser la valeur de la monnaie.
24:19 Ce n'est pas possible, il y a l'euro. Donc voyez bien
24:21 que ça fait une erreur système. Dès que vous posez
24:23 cette question, les gens qui proposent
24:25 de régler le problème de l'immigration ou tout autre problème
24:27 en France sans s'attaquer à l'Union européenne
24:29 sont évidemment des idiots. Ce n'est pas possible.
24:31 Et M. Macron n'est pas un idiot.
24:33 Donc il ne veut pas changer le système parce que le système,
24:35 c'est lui.
24:37 - Merci pour votre regard,
24:39 Guillaume Bigaud. Dans un instant,
24:41 on va marquer une pause et juste après,
24:43 avec vous, Charles Dernelas,
24:45 après avoir vu le dossier immigration,
24:47 le dossier fraude sociale. Et si c'était la solution
24:49 pour sortir de la crise, on en parle
24:51 dans un instant.
24:53 Retour sur le plateau de Face à l'Info.
24:57 N'oubliez pas, ce soir,
24:59 21h, un an après
25:01 la présidentielle de 2022, vous allez
25:03 profiter pour plonger dans
25:05 un long format. À 21h,
25:07 trois fois 20 minutes, un long format
25:09 signé Louis Morin sur les
25:11 coulisses de la campagne électorale
25:13 d'Éric Zemmour. Vous allez tout savoir.
25:15 J'ai été interrogé, nananaire.
25:17 (Rires)
25:19 - Vous avez dit "bonsoir" ?
25:21 (Rires)
25:23 - Et si
25:25 le dossier de lutte
25:27 contre les fraudes sociales
25:29 était utilisé comme la bouée
25:31 de sauvetage pour Emmanuel Macron ?
25:33 Hier, Bruno Le Maire a fait énormément
25:35 réagir, Charles Dernelas, en parlant du
25:37 ras-le-bol des Français sur la fraude sociale.
25:39 Disons, ils n'ont aucune envie de voir
25:41 que des personnes
25:43 peuvent bénéficier d'aide, les renvoyer au
25:45 Maghreb ou ailleurs, alors qu'ils n'y ont pas droit.
25:47 Comment comprendre
25:49 cette déclaration et l'indignation
25:51 qu'elle a suscitée à gauche ?
25:53 - Alors, il est clair,
25:55 Guillaume vient de nous parler de l'immigration,
25:57 il est clair que là, le gouvernement, à port d'envoyer
25:59 tous les ministres, doit aller parler de tous les sujets
26:01 possibles, sauf la réforme des retraites, qui
26:03 n'existe plus dans le discours du gouvernement.
26:05 Voilà, et ils sont les seuls, peut-être, dans le
26:07 pays, mais ils sont clairement passés à autre chose.
26:09 Et c'est la volonté
26:11 affichée, parce qu'en l'occurrence, Bruno
26:13 Le Maire est venu nous en parler, Gabriel Attal
26:15 lui-même en a parlé, et il avait déjà
26:17 dit, avant qu'on parle de la réforme
26:19 des retraites, qu'il travaillait sur ce
26:21 sujet des fraudes fiscales
26:23 et sociales, et qu'il avait des propositions
26:25 à faire, et il nous a rappelé ces jours-ci
26:27 qu'il les ferait bientôt. Alors, évidemment, ce
26:29 sujet-là, de la même manière que
26:31 l'immigration, il fait peut-être beaucoup hurler
26:33 dans certains milieux, notamment dans les milieux
26:35 qu'on appelle ceux des élites, mais il est beaucoup
26:37 plus consensuel dans la population, donc ce gouvernement
26:39 n'est pas fou. S'il revient sur le terrain
26:41 avec la question de l'immigration, avec la
26:43 question de la fraude, de manière générale,
26:45 c'est parce qu'il sait, notamment
26:47 auprès des actifs qui sont les plus
26:49 hostiles
26:51 à la réforme des retraites, que ce
26:53 sujet est quand même assez consensuel
26:55 dans la population.
26:57 Alors, en revanche, il a fait hurler la gauche, ça c'est
26:59 sûr. On a eu trois sortes de hurlements,
27:01 qu'on connaît un peu par cœur,
27:03 mais qui, quand même, sont
27:05 toujours intéressants. Un, on nous a dit, c'est une
27:07 diversion. Alors, oui, non, enfin, oui, c'est
27:09 un peu une diversion par rapport... En fait,
27:11 tout est diversion quand la personne d'en face
27:13 ne parle pas de ce dont vous voulez vous parler.
27:15 Donc, oui, c'est une diversion pour tous les gens
27:17 qui voudraient continuer le débat sur la réforme
27:19 des retraites. Et d'un autre côté, si on se place du point de vue
27:21 du gouvernement, ils n'ont pas le choix que de parler
27:23 d'autre chose. Donc, bon, voilà,
27:25 cet argument-là, c'est un argument très utilisé
27:27 en politique, il n'est pas faux, mais bon,
27:29 il ne fait pas avancer de chemin de brique non plus, c'est pas vraiment
27:31 un argument de fond.
27:33 Ensuite, on a eu l'accusation
27:35 en racisme, en division
27:37 et en xénophobie, évidemment,
27:39 parce que c'est la phrase
27:41 "l'argent renvoyé au Maghreb",
27:43 c'est le mot "Maghreb" qui, en fait, a fait disjoncter
27:45 tous les gens qui écoutaient Bruno Le Maire.
27:47 C'est d'ailleurs probablement pour ça qu'il a été prononcé
27:49 par Bruno Le Maire. Et on a...
27:51 Alors, j'ai pris le tweet de Jean-Luc Mélenchon, parce qu'il y a eu
27:53 beaucoup de réactions assez diverses,
27:55 mais Jean-Luc Mélenchon
27:57 me semblait très représentatif. Jean-Luc Mélenchon,
27:59 on lui parle de la fraude
28:01 sociale, éventuelle de certaines personnes
28:03 qui sont donc des fraudeurs, et qui éventuellement
28:05 renverraient leur argent au Maghreb ou ailleurs.
28:07 Et Jean-Luc Mélenchon réagit.
28:09 "Chers compatriotes musulmans ou originaires
28:11 comme moi du Maghreb, préparez-vous."
28:13 Pour faire diversion, le gouvernement
28:15 annonce par la voix de Bruno Le Maire une nouvelle
28:17 campagne pour vous montrer du droit, du doigt,
28:19 sans froid.
28:21 Alors, Jean-Luc Mélenchon, il a toujours le même genre de réaction.
28:23 C'est-à-dire que quand on parle
28:25 de la délinquance qui existe
28:27 en particulier dans certains quartiers,
28:29 notamment dans les banlieues, Jean-Luc Mélenchon,
28:31 on a l'impression qu'il ne finit pas
28:33 considérer la banlieue que comme habitée par des délinquants.
28:35 Donc, la banlieue, le vrai problème
28:37 de la banlieue, c'est que les gens ont peur de la police.
28:39 Alors, objection. Il y a énormément de gens
28:41 en banlieue qui ne supportent plus
28:43 la présence des délinquants et qui rêveraient
28:45 précisément d'avoir la police. Mais lui, Jean-Luc Mélenchon,
28:47 il nous dit "en banlieue, les gens ont un problème
28:49 avec la police". Non, les délinquants ont un problème
28:51 avec la police. L'immense majorité des délinquants
28:53 a un gros problème avec la police, en effet.
28:55 Mais c'est lui qui réduit sa
28:57 manière de voir les choses, notamment dans ces
28:59 quartiers-là, et qui essentialise
29:01 en ne parlant que de cette question-là. Et bien là,
29:03 Jean-Luc Mélenchon réagit exactement de la même manière.
29:05 Quand on vise... Parce qu'on peut discuter,
29:07 moi je serais assez prête à dire, avec Martine Panot,
29:09 ça ne m'arrivera pas souvent, que la ficelle est un peu
29:11 grosse dans la déclaration de Bruno Le Maire. On y reviendra.
29:13 Il dit ça,
29:15 évidemment, pour attirer l'attention
29:17 d'une partie des Français. C'est parfaitement vrai.
29:19 Simplement, quand on vise
29:21 la fraude, qu'elle soit...
29:23 que l'argent soit envoyé au Maghreb ou ailleurs,
29:25 on ne vise pas les compatriotes
29:27 musulmans. On vise les fraudeurs.
29:29 On vise les fraudeurs. Et parmi les fraudeurs, certains
29:31 renvoient de l'argent au Maghreb, très bien. Mais en l'occurrence,
29:33 les compatriotes musulmans, il y en a
29:35 beaucoup, et Jean-Luc Mélenchon devrait s'en rendre compte,
29:37 qui payent des impôts, qui sont actifs, et qui
29:39 probablement n'en peuvent plus de la fraude non plus.
29:41 Comme tout le reste des Français, en réalité.
29:43 Puisque les compatriotes musulmans,
29:45 s'ils sont compatriotes, ils sont d'abord français.
29:47 Donc, Jean-Luc Mélenchon ne peut pas à la fois
29:49 dire "vous les voyez toujours différemment",
29:51 et en même temps les voir, lui, systématiquement
29:53 différemment, et si possible, les réduire
29:55 à ce qu'il y a,
29:57 là, en l'occurrence, de fraudeurs
29:59 parmi cette population.
30:01 Donc, évidemment, l'accusation à racisme est pénible,
30:03 parce qu'elle est systématique,
30:05 et là, en l'occurrence, la question
30:07 est beaucoup plus la fraude
30:09 que la question du Maghreb. Et ensuite, la troisième
30:11 question, dont nous parle aussi,
30:13 enfin, la troisième accusation, la troisième indignation,
30:15 dont nous parle aussi Jean-Luc Mélenchon, c'est
30:17 "vous divisez le pays", et le vrai
30:19 sujet, de toute façon, c'est la fraude fiscale.
30:21 Alors, bon, si on divise
30:23 le pays en parlant de la fraude sociale, probablement
30:25 on divise aussi le pays en parlant de la fraude fiscale, si je me mets
30:27 dans leur cerveau, mais c'est pas grave. Donc,
30:29 dans un sens, parce que diviser le pays, dans
30:31 un sens, ça marche, mais dans l'autre sens, ça marche plus.
30:33 Bon, très bien. Mais dans un sens
30:35 ou dans un autre, cette partie de ping-pong
30:37 qui dure depuis des années et qui empêche tout le monde
30:39 d'agir concrètement sur les fraudes
30:41 fiscales et sociales qui existent toutes les deux,
30:43 est assez pénible. Évidemment
30:45 que les deux, la fraude fiscale
30:47 et la fraude sociale, pèsent,
30:49 notamment sur les
30:51 impôts des Français, pour faire un raccourci,
30:53 et exaspèrent de la même manière,
30:55 mais de la même manière que toutes les dépenses,
30:57 toutes les gabegies, on va dire,
30:59 financières de l'État, qui sont tirées
31:01 des impôts des Français.
31:03 Donc, lutter contre la fraude
31:05 tout court, ne divise pas
31:07 le pays. Elle l'unit,
31:09 sauf peut-être, si on considère
31:11 les fraudeurs. Alors, c'est sûr, ça divise
31:13 le pays contre les fraudeurs, mais ça, à la limite,
31:15 c'est quand même le rôle du politique
31:17 d'éviter qu'il y ait des fraudeurs.
31:19 Vous voyez, ces trois arguments sont assez connus,
31:21 ils sont assez répétitifs, mais ils ne répondent
31:23 pas à la seule vraie question qui
31:25 devrait être posée, même par les oppositions,
31:27 par rapport à ce que dit Bruno Le Maire, à savoir
31:29 est-ce qu'il existe ou non un problème
31:31 de fraude sociale, est-ce qu'il existe ou non
31:33 un problème de fraude fiscale, et est-ce
31:35 que l'évocation du Maroc a un sens
31:37 dans cette phrase ? C'est la seule question.
31:39 Il pourrait poser des arguments sur ces
31:41 questions-là, ils ne le font pas.
31:43 Alors, justement, pourquoi est-ce que
31:45 Bruno Le Maire évoque le Maghreb,
31:47 et est-ce qu'on ne peut pas s'accarder à dire
31:49 quand même que malgré tout, c'est une manière étrange,
31:51 peut-être, d'aborder le sujet ?
31:53 La ficelle, en fait, c'est
31:55 dans la réduction que Bruno Le Maire fait,
31:57 parce qu'il sait qu'on évoque pas simplement
31:59 le Maghreb ou ailleurs, dit-il.
32:01 Il y a beaucoup de gens qui comprennent ce qu'il veut dire.
32:03 Pourquoi ? Parce que la question
32:05 de l'immigration pèse
32:07 en partie sur la question de la fraude sociale,
32:09 puisque c'est celle-là qu'il évoque, et que
32:11 nous avons un lien particulier dans notre immigration
32:13 avec le Maghreb. Voilà la réduction que
32:15 Bruno Le Maire fait, il évoque pas l'immigration,
32:17 il évoque pas tous les pays d'origine
32:19 dans lesquels repartent une partie
32:21 de ces aides, et il dit le Maghreb,
32:23 et vous avez tous compris qu'en fait je voulais
32:25 parler du poids de l'immigration sur la fraude
32:27 sociale. Voilà ce qu'il dit,
32:29 il y a beaucoup de Français chez qui ça va
32:31 résonner en effet, et c'est là où
32:33 la ficelle en effet est un peu grosse.
32:35 Mais Gabriel Attal avait déjà... Pourquoi est-ce
32:37 qu'il évoque ça ? Malgré tout. Gabriel
32:39 Attal avait déjà annoncé qu'à partir du 1er
32:41 juillet, il sera impossible
32:43 de verser une allocation,
32:45 quelle qu'elle soit, sur un compte
32:47 à l'étranger, hors Union européenne.
32:49 Apparemment c'est plus l'étranger, l'Union européenne, bon.
32:51 Donc il sera impossible de le faire. Pourquoi ?
32:53 Parce que ces allocations ne sont versées qu'à des gens
32:55 qui sont censés résider en France.
32:57 Donc on se dit, si les comptes sont
32:59 à l'étranger, c'est déjà peut-être une manière
33:01 de restreindre cet argent qui sort
33:03 et qui ne devrait pas sortir. C'était déjà une
33:05 information pour beaucoup d'ailleurs. C'était déjà
33:07 une information pour beaucoup, évidemment.
33:09 Et alors, il existe en réalité
33:11 un sujet sur la prise en charge, notamment par le
33:13 biais de l'assurance maladie,
33:15 de gens qui en effet existent à l'étranger.
33:17 C'est un sujet qui existe
33:19 notamment avec le Maghreb,
33:21 et encore plus précisément avec l'Algérie, puisque
33:23 vous savez qu'avec l'Algérie,
33:25 ça relève même
33:27 d'exceptions
33:29 qui sont faites par les fameuses conventions
33:31 que nous avons avec eux, notamment sur le terrain des soins.
33:33 Il y avait cette question du minimum
33:35 vieillesse également, qui est de
33:37 personnes qui touchent le minimum vieillesse,
33:39 qui sont censées habiter en France, et qui
33:41 pour partie viennent en France une fois
33:43 par an et habitent à l'étranger.
33:45 C'est notamment le cas des fameux retraités
33:47 algériens. C'est une des présidentes
33:49 de la Cour des comptes qui, il y a quelques
33:51 années, avait évoqué ce sujet. Ça avait
33:53 focalisé l'attention de beaucoup de gens, et donc c'est un exemple
33:55 qui est revenu souvent. Voilà pourquoi
33:57 il en parle. Mais au-delà de ça,
33:59 on a la Cour des comptes qui, dans un rapport en
34:01 2020, affirme
34:03 qu'il existe 75,3
34:05 millions d'assurés sociaux
34:07 dans un pays de 67 millions
34:09 d'habitants. Donc pardonnez-moi,
34:11 on a un problème. Je veux dire, c'est
34:13 évident qu'il y a un problème. Il y a beaucoup plus d'assurés
34:15 sociaux que de personnes qui vivent dans ce pays.
34:17 Donc, soit les gens sont à l'étranger,
34:19 soit ils n'existent pas. Dans les deux cas,
34:21 il est temps de se pencher sur le problème.
34:23 Ensuite, dans un rapport encore plus frais,
34:25 de mai 2022, cette fois-ci,
34:27 la Cour des comptes nous affirme que
34:29 ce qu'était autrefois la CMU,
34:31 donc désormais la Puma, donc la couverture
34:33 médicale universelle, est toussé
34:35 - essayez-vous bien -
34:37 par 2,5 millions de personnes
34:39 qui ne sont pas, au plus, censées
34:41 être sur le territoire français. C'est pas
34:43 20 000 personnes, hein. 2,5
34:45 millions de personnes qui, donc, ont des
34:47 frais, enfin, peuvent être
34:49 soignées avec l'aide
34:51 sociale qui va avec, en gros,
34:53 de la France. Et évidemment, il y a la complémentaire
34:55 qui va avec avec ça. Et on apprend,
34:57 par ailleurs, dans ce rapport, que Pôle emploi
34:59 ne vérifie pas que les gens vivent
35:01 encore en France lorsqu'ils touchent
35:03 l'allocation chômage. Alors là, ça n'est pas chiffré,
35:05 mais là, la Cour des comptes nous dit "on a un
35:07 énorme problème, il n'y a aucune vérification
35:09 qui est faite, vous pouvez toucher l'allocation chômage
35:11 en étant reparti vivre
35:13 ailleurs ou en étant parti vivre ailleurs
35:15 puisque ça peut être le cas pour certains expatriés.
35:17 Donc, cette question, elle existe
35:19 sur l'étranger. Alors, le Maghreb
35:21 est évidemment très présent
35:23 dans l'imaginaire français quand on parle d'immigration
35:25 parce qu'il est très représenté
35:27 dans l'immigration tout court
35:29 et on pourrait même ajouter à cette question
35:31 de ce qu'on appelle la fraude sociale
35:33 tout simplement la question de l'immigration clandestine
35:35 et de ces personnes qui travaillent parfois avec
35:37 de faux papiers. On a eu un exemple très récemment,
35:39 une personne qui a pris des dizaines de milliers d'euros d'allocation
35:41 qui travaillait avec un faux passeport
35:43 en l'occurrence, alors là c'était une personne
35:45 mais il y a énormément de cas comme ça.
35:47 Donc, vous voyez que ce sujet existe.
35:49 Il devrait être possible pour tous
35:51 les hommes politiques de se dépassionner
35:53 en l'abordant quand on sait que cet argent
35:55 est celui du contribuable français
35:57 qui n'en peut plus précisément
35:59 de payer des impôts et de poser
36:01 la question à répétition sans cesse
36:03 de dire "mais à quoi sert
36:05 cet argent ? Les gens veulent bien payer des impôts,
36:07 évidemment, mais à quoi sert-il ?"
36:09 En l'occurrence, ce sujet-là existe.
36:11 - Alors ces sujets engendrent toujours
36:13 Charlotte Dornelas des débats sans fin
36:15 autour des chiffres,
36:17 fraude sociale, fraude fiscale,
36:19 est-ce seulement possible
36:21 de s'y retrouver ? - C'est très difficile
36:23 parce que par définition la fraude n'est pas chiffrée,
36:25 les gens ne déclarent pas très précisément
36:27 ce qu'est la fraude. Alors, on a la fraude fiscale,
36:29 il y a un chiffre qui est toujours cité,
36:31 celui du syndicat solidaire Finances Publiques
36:33 qui dit entre 80 et 100 milliards d'euros,
36:35 entre 80 et 100 milliards d'euros,
36:37 le problème c'est que,
36:39 très précisément, ce chiffre recoupe
36:41 tous les manquements fiscaux.
36:43 Donc vous avez des divergences d'appréciation entre
36:45 le fisc, en gros, et la personne,
36:47 des erreurs qui sont faites, et la fraude.
36:49 Alors on a un chiffre un peu plus précis, c'est Gabriel Attal
36:51 qui nous annonçait qu'il y avait eu 14 milliards de redressements,
36:53 il annonçait ça il y a quelques temps,
36:55 dont 5 milliards concernés par la fraude fiscale.
36:57 Il y a un rapport du fisc lui aussi
36:59 qui nous dit qu'il y a entre 20 et 25%
37:01 des dossiers qui concernent
37:03 la fraude fiscale, ce qui veut dire
37:05 qu'on arrive quand même à 30
37:07 milliards de fraude fiscale.
37:09 Donc c'est un chiffre énorme, donc évidemment
37:11 qu'il faut s'occuper de la question de la fraude fiscale.
37:13 Donc vous voyez, ce sont des proportions énormes.
37:15 Sur la fraude sociale, on a toujours tendance à dire
37:17 que ça n'a absolument rien à voir
37:19 avec la fraude fiscale.
37:21 Non mais ce sont des chiffres
37:23 beaucoup plus bas. Alors la fraude sociale,
37:25 il y a beaucoup moins
37:27 d'évaluation de la fraude sociale,
37:29 c'est beaucoup plus difficile,
37:31 mais ça commence à venir depuis quelques temps.
37:33 Or, on a deux sortes de fraude sociale, la fraude aux cotisations.
37:35 Alors là,
37:37 il y a l'Ursaf qui nous dit que c'est 9 milliards d'euros
37:39 la fraude aux cotisations.
37:41 Et c'est Charles Pratt, vous savez,
37:43 le magistrat qui a énormément travaillé là-dessus,
37:45 qui lui dit qu'à l'époque où il travaillait à la Cour
37:47 des Comptes, la Cour des Comptes
37:49 évaluait ça à 25 milliards d'euros
37:51 pour la fourchette haute en 2012.
37:53 Vous voyez, les fourchettes sont très larges, mais quoi qu'il arrive,
37:55 il y a beaucoup d'argent. Et ensuite, il y a la fraude
37:57 aux prestations sociales
37:59 cette fois-ci. Alors là, les évaluations
38:01 existent encore moins, puisque vous savez,
38:03 quand on parle des fraudes aux prestations,
38:05 c'est là où on nous dit "vous voulez attaquer les pauvres
38:07 comme si les pauvres étaient des fraudeurs". Non, les pauvres
38:09 ne sont pas des fraudeurs. Par contre, il existe des
38:11 fraudeurs parmi les riches, il existe des fraudeurs parmi
38:13 les pauvres. Voilà, c'est deux choses assez différentes.
38:15 Et là, on a, je vais vous donner
38:17 simplement deux exemples,
38:19 les allocations
38:21 familiales. Il y a quelques années, ils nous disaient
38:23 que c'était 600 millions de fraude.
38:25 Et là, cette année, ils reconnaissent un taux
38:27 de fraude de 3,6 %, c'est-à-dire
38:29 2,8 milliards.
38:31 Ça veut dire qu'il y a beaucoup plus de fraudeurs, ça veut dire que l'évaluation
38:33 est plus précise et à mesure qu'elle se précise,
38:35 elle augmente. Et les assurances
38:37 maladies, ils viennent d'évaluer 19
38:39 milliards des 244 milliards
38:41 de dépenses qu'ils font chaque année, et ils
38:43 arrivent à peu près à un taux de 5 %.
38:45 Or, dans tous les organismes, on vous dit
38:47 "le taux de fraude, il est en gros de 5 %,
38:49 le vrai problème qu'on a en France,
38:51 c'est que si vous faites 5 % de toutes
38:53 les dépenses de protection sociale en France,
38:55 vous arrivez à 45 milliards
38:57 d'euros". Évidemment que c'est énorme. Pourquoi ?
38:59 Parce que le taux de dépense
39:01 de protection sociale en France,
39:03 il est de 900 milliards
39:05 d'euros. Donc même à 5 %
39:07 de fraude, ça veut dire qu'il y a une petite
39:09 minorité de fraudeurs, évidemment,
39:11 mais ça fait tout de suite des sommes énormes.
39:13 Et donc c'est là où on a envie de dire à Bruno Le Maire
39:15 "le montant de la fraude est énorme", parce que
39:17 les dépenses le sont, et que c'est peut-être
39:19 là qu'il faudrait mettre son nez. Parce que
39:21 les Français, quand ils disent qu'ils
39:23 n'en peuvent plus de payer des impôts et de ne pas
39:25 comprendre, ils recouvrent beaucoup plus de choses
39:27 que la seule fraude. Il y a le fonctionnement
39:29 de l'État, la fraude évidemment,
39:31 et c'est un sujet auquel il faut s'attaquer,
39:33 les prestations sociales tout court,
39:35 et leur mode d'attribution. Donc c'est évidemment
39:37 un dossier beaucoup plus large que
39:39 la simple phrase que Bruno Le Maire a
39:41 dite pour faire réagir
39:43 beaucoup de Français, à raison en l'occurrence,
39:45 mais c'est un peu court, jeune homme, je dirais.
39:47 - Merci pour votre regard,
39:49 Charlotte. Dans un instant, avec
39:51 Mathieu Bocoté, on fera un tour à Osvitch,
39:53 et puis la culture du selfie,
39:55 et de l'indécence, jusqu'où on peut aller
39:57 dans cette indécence, juste avant
39:59 un dossier très particulier
40:01 et sensible, Marc Menand.
40:03 Quand les enfants vont mal, faut-il
40:05 les aider avec des psychotropes ?
40:07 Non, selon le rapport
40:09 du Conseil de l'enfance
40:11 et de l'adolescence, qui déplore
40:13 l'augmentation continue
40:15 de ces prescriptions chez l'enfant,
40:17 chez les adolescents, mais oui,
40:19 répondent 42 jeunes
40:21 psychiatres qui ont signé une note immune dans le monde.
40:23 Alors, on aime à comprendre, parce que
40:25 un chiffre, comme ça, sur les dix dernières
40:27 années environ, on constate une augmentation
40:29 de 98%
40:31 d'administration de psychotropes chez les 6-11 ans.
40:33 - Michel
40:35 Lecendreux, qui est à l'hôpital
40:37 Robert-Debré,
40:39 pédopsychiatre, est pour
40:41 la multiplication
40:43 de l'administration
40:45 des psychotropes. Il estime qu'on ne
40:47 détecte pas assez de
40:49 cas d'hyperactivité,
40:51 ce fameux syndrome
40:53 qui est apparu depuis quelques années.
40:55 - TDAH.
40:57 - TDAH.
40:59 Notez qu'à l'hôpital
41:01 Robert-Debré, à Paris,
41:03 il y a eu,
41:05 entre 2019
41:07 juillet et avril
41:09 2021,
41:11 plus 299
41:13 cas d'admission
41:15 de jeunes de moins
41:17 de 16 ans, qui avaient
41:19 fait une tentative
41:21 de suicide.
41:23 Plus de 299%.
41:25 Et ça veut dire
41:27 que là, on leur administre,
41:29 oui, les psychotropes. Il vous faudra
41:31 maintenant essayer de comprendre si ces psychotropes
41:33 ont une action ou
41:35 n'ont pas d'action, et si on doit se ranger
41:37 plutôt du côté
41:39 de Michel Lecendreux
41:41 et de ces jeunes psychiatres,
41:43 ou au contraire, être dans l'alerte
41:45 du Haut Conseil
41:47 de la jeunesse
41:49 et de la famille. - De l'enfance.
41:51 - Il faut savoir
41:53 que les psychotropes
41:55 ne sont pas la panacée
41:57 telle qu'on peut nous la montrer
41:59 quand on regarde l'ensemble.
42:01 Alors, on les utilise,
42:03 entre autres, depuis 1954
42:05 et l'apparition
42:07 d'une molécule qui est considérée comme miraculeuse,
42:09 que l'on appelle la ritaline.
42:11 Au départ, la ritaline
42:13 c'est, et bien
42:15 tout simplement, une sorte
42:17 d'excitant, et qui
42:19 est considérée comme une drogue.
42:21 Et ceux qui la mettent
42:23 sur le marché reconnaissent qu'on
42:25 ne connaît pas les effets
42:27 à long terme. En revanche,
42:29 lors d'une prescription,
42:31 il est recommandé que
42:33 cette administration soit
42:35 très courte. Or, aujourd'hui,
42:37 plus de
42:39 70%
42:41 des jeunes à qui on administre
42:43 le traitement sont sans cesse
42:45 renouvelés, jusqu'à 7 ans et demi.
42:47 C'est-à-dire que pendant 7 ans
42:49 et demi, vous êtes sous
42:51 cette administration.
42:53 - Et pardon,
42:55 qui considère que la ritaline est
42:57 comme une drogue ?
42:59 Ceux qui l'ont lancée sur le marché.
43:01 - Ceux qui l'ont lancée.
43:03 - Donc il faut la limiter. - Voilà.
43:05 Et alors,
43:07 après, il faut s'intéresser sur
43:09 les maladies,
43:11 les pathologies
43:13 dites de la psyché.
43:15 Notons que le DSM,
43:17 qui est la Bible des psychiatres,
43:19 la première Bible apparaît
43:21 en 1955, et on considère...
43:23 - Des psychiatres. - Voilà, des psychiatres.
43:25 Et on considère qu'il y a,
43:27 qu'il y a, à cette époque-là,
43:29 600 pathologies
43:31 répertoriées.
43:33 Alors, c'est une publication
43:35 qui se fait à peu près tous les 15 ans,
43:37 et le dernier DSM,
43:39 qui a été publié en 2015,
43:41 lui, maintenant, reconnaît
43:43 plus de 4 000
43:45 pathologies sur
43:47 8 880 pages.
43:49 Et alors,
43:51 qu'y a-t-il comme pathologie ?
43:53 Le deuil est une pathologie.
43:55 La tristesse est une pathologie.
43:57 L'humeur, un peu faible,
43:59 est une pathologie. Alors, on
44:01 administre, on administre avec
44:03 les conséquences épouvantables
44:05 et des lâches de 4 ans.
44:07 - Une crise des émotions. - Voilà.
44:09 C'est-à-dire qu'on veut, aujourd'hui,
44:11 être régulé par la chimie.
44:13 D'être... Alors là, si je peux faire
44:15 une analogie avec Mathieu, tout à l'heure, qui disait
44:17 "Ce qui est formidable, c'est quand
44:19 il y a un peu d'agitation." Eh bien, on veut non !
44:21 Que l'être humain soit là,
44:23 comme ça, une sorte de
44:25 zen perpétuel, grâce
44:27 à la chimie. Mais c'est épouvantable,
44:29 parce que les conséquences
44:31 montrent quoi ? Eh bien,
44:33 la montée de la violence.
44:35 C'est-à-dire que des études
44:37 ont mis en exergue
44:39 que des médicaments qui sont
44:41 l'équivalent de l'arytaline,
44:43 donc sous le même principe d'amphétamine,
44:45 le zoloft, le praxil,
44:47 faisaient
44:49 qu'il y avait un désir
44:51 d'autodestruction ou de destruction
44:53 d'autrui, à partir
44:55 de cette absorption. Aux États-Unis,
44:57 on vous fait remplir, dans les écoles,
44:59 une sorte de quiz.
45:01 Et avec ce quiz, si vous avez une mauvaise note,
45:03 vous vous précipitez chez le psychiatre,
45:05 ça vaut Dieu de diagnostic,
45:07 et on vous met sous
45:09 zoloft, sous praxil.
45:11 Le résultat, les 15 grandes
45:13 tueries dans les universités,
45:15 tous les adolescents,
45:17 étaient sous traitement,
45:19 sous zoloft ou sous praxil.
45:21 Mais ça va plus loin que ça. On a de plus
45:23 en plus de jeunes qui sont dans
45:25 l'intention de suicide quand ils
45:27 prennent ces molécules.
45:29 Alors, il faudrait s'interroger, qu'est-ce
45:31 qui fait qu'il y ait autant
45:33 d'enfants perturbés ? Forcément, les dernières
45:35 circonstances, que ce soit le Covid,
45:37 la guerre en Ukraine,
45:39 que ce soit cette
45:41 espouvante de la
45:43 crise climatique, où on vous dit "ça va
45:45 brûler de partout, on n'aura plus d'eau",
45:47 etc. Vous êtes gamin,
45:49 ça vous traumatise. Et les petits gamins
45:51 qui ont été là face à des masques pendant
45:53 trois ans, donc tout ça, ça les a laminés,
45:55 ce qui fait que l'on est passé à plus
45:57 de 5% des enfants qui
45:59 sont maintenant sous traitement.
46:01 Mais, quand on regarde,
46:03 c'est beaucoup plus complexe que ça,
46:05 les enfants, et tout
46:07 d'autre, chacun mange de plus en plus de sucre,
46:09 boit de plus en plus
46:11 de soda. Or là, c'est l'un
46:13 des éléments
46:15 qui perturbent la psy, chez les étudiants.
46:17 Les études sont très précises.
46:19 Par exemple, on a un professeur qui s'appelle
46:21 Sean Toller, qui, aux États-Unis,
46:23 a pris des adolescents.
46:25 Il a supprimé
46:27 le soda, il a supprimé
46:29 le sucre. Ces enfants qui avaient
46:31 des troubles de l'attention, qui étaient dans
46:33 l'hyperactivité, eh bien, se sont
46:35 retrouvés soudain des enfants
46:37 qui avaient une progression de... en trois
46:39 semaines, une progression de
46:41 30% sur
46:43 leurs résultats scolaires.
46:45 Et ça va plus loin que ça. Il a pris
46:47 des gens dans les
46:49 pénitentiaires, volontaires.
46:51 Alors là, l'amélioration est encore plus phénoménale.
46:53 82%
46:55 d'agressions
46:57 en moins. 27%
46:59 de vols en moins.
47:01 66%
47:03 de refus d'obéissance en moins.
47:05 Alors, quand on voit tout ce que l'on nous rapporte
47:07 dans les écoles, de castagne,
47:09 d'agressions, de ceci,
47:11 de cela, et que l'on a
47:13 dans les hypermarchés,
47:15 constamment des ruptures de Coca-Cola,
47:17 de pschitt, ou je ne sais trop quoi,
47:19 toutes ces boissons dont les
47:21 gamins se gavent,
47:23 il nous faut nous interroger.
47:25 Et les prescriptions devraient
47:27 tenir compte de ça. Il semblerait
47:29 que les médecins oublient.
47:31 Mais il y a aussi le sport
47:33 qui permet de réguler
47:35 les... - Les comment ?
47:37 - Les neurones. - Bien sûr.
47:39 - Il y a la thérapie, l'art-thérapie,
47:41 c'est quelque chose d'extrêmement efficace.
47:43 On voit des enfants qui étaient en difficulté
47:45 de concentration, vous les placez
47:47 à faire du dessin, de la musique,
47:49 etc., etc. Il y a même
47:51 également le contact avec les animaux.
47:53 Il y a des centres
47:55 équestres qui se sont spécialisés
47:57 avec ces enfants
47:59 qui sont en difficulté d'intégration
48:01 et ils s'apaisent.
48:03 Donc, vous voyez, les solutions sont nombreuses
48:05 et arrêtons de croire
48:07 que la chimie va nous gouverner,
48:09 que nous serions que des
48:11 petites machines. Voilà.
48:13 Je traite tout ça dans mon livre
48:15 parce que je croyais que c'était un travail
48:17 très important. - C'est intéressant
48:19 parce que régulièrement,
48:21 avec Charlotte, on a déjà abordé aussi
48:23 cette déprime, cette santé
48:25 mentale en détresse, justement,
48:27 chez les jeunes. Et j'ai trouvé que c'était
48:29 intéressant de s'arrêter, justement,
48:31 après cette tribune de 42 jeunes
48:33 psychiatres qui incitent justement à prendre
48:35 des mesures propres. - Et là, on se dit, c'est fou. - Alors, l'inquiétante
48:37 histoire des vaccins, heureusement, vous ne parlez pas que des vaccins.
48:39 - Non, non, il y a deux tiers sur la médecine.
48:41 - Voilà, donc, merci beaucoup,
48:43 Marc Monant, pour ce regard.
48:45 On va s'arrêter sur
48:47 l'émission sur
48:49 une photo qui a
48:51 suscité un grand témoin
48:53 sur Twitter ces derniers jours. On y voit une jeune
48:55 femme à Auschwitz, le plus
48:57 connu des camps nazis
48:59 prendre la pose,
49:01 faire un selfie, comme si
49:03 elle se trouvait là, Mathieu Bocoté,
49:05 dans un décor pour mettre
49:07 en scène sa vie de vacancière.
49:09 J'en ai des frissons, hein, quand je vous parle.
49:11 Ils furent nombreux à
49:13 s'indigner jusqu'aux responsables
49:15 du camp aujourd'hui. Qu'est-ce que cet événement
49:17 nous dit sur notre époque,
49:19 au-delà de la colère des uns et des autres?
49:21 - Je pense que, franchement, si on voulait résumer
49:23 ça d'une formule, on pourrait penser
49:25 de l'expansion immodérée
49:27 de la bêtise. C'est-à-dire, on a
49:29 quelques fois l'impression
49:31 que se déploie aujourd'hui
49:33 une armée de zombies
49:35 criticisés, qui sont dans un désir
49:37 permanent de mise en scène
49:39 de soi et qui ont embolé jusqu'au décor
49:41 où ils se mettent en scène.
49:43 C'est ma première impression. Mais on peut aller au-delà
49:45 de la première impression. On s'entend, là.
49:47 Il ne s'agit pas de faire le procès
49:49 du selfie en soi. On pouvait
49:51 en faire le procès il y a quelques années,
49:53 mais on constate qu'on y a tous cédé d'une manière ou de l'autre.
49:55 On finit tous par céder à ce vilain
49:57 petit plaisir vaniteux.
49:59 Et c'est très bien. Ce n'est pas de cela
50:01 dont on parle ici. Ce dont on parle,
50:03 c'est qu'il y a des lieux qui, fondamentalement,
50:05 dans l'existence
50:07 d'une manière ou de l'autre,
50:09 devraient nous obliger. Par exemple,
50:11 on ne prend pas un selfie joyeux
50:13 sur le mode « que la vie est belle »
50:15 à l'enterrement de sa grand-mère.
50:17 On ne fait pas ça. D'ailleurs, à l'enterrement de sa grand-mère,
50:19 on essaie de ne pas s'habiller avec un T-shirt
50:21 troué. C'est comme ça.
50:23 Des lieux nous obligent.
50:25 Il y a des lieux qui sont propres à la fête.
50:27 Il y a des lieux qui sont propres au recueillement.
50:29 Il y a des lieux... prendre la peine
50:31 de le dire, ça nous dit à quel point on est rendu dans un monde
50:33 qui tourne un peu, qui...
50:35 qui marche sur la tête.
50:37 Qu'est-ce que Auschwitz, de ce point de vue,
50:39 c'est un lieu qui a eu
50:41 pris une charge sacrée
50:43 depuis la prise de conscience
50:45 de l'horreur absolue des crimes
50:47 de la Deuxième Guerre mondiale? Qu'est-ce que c'est?
50:49 On pourrait dire que c'est une forme de temple
50:51 négatif, en quelque sorte,
50:53 qui permet à l'homme, lorsqu'il s'y rend,
50:55 de méditer sur la part
50:57 démoniaque qui habite le cœur humain.
50:59 La capacité, dans le cœur humain,
51:01 d'anéantir la possibilité
51:03 même de l'humanité.
51:05 Qui va à Auschwitz à cette conscience
51:07 minimale lorsqu'il s'y présente.
51:09 S'il ne l'a pas,
51:11 s'il ne l'a pas, c'est soit le signe
51:13 d'une absence de sens du sacré,
51:15 quelquefois c'est possible. On a une jeune génération
51:17 qui a été élevée tellement dans un univers virtuel,
51:19 maudire les jeunes, c'est une tâche des gens
51:21 qui ont à peu près mon âge aujourd'hui. On voit ceux qui ont 20 ans
51:23 on se dit ils sont tous fous, mais il arrive qu'ils soient tous fous.
51:25 (rires)
51:27 Et ils vivent dans un environnement, je dirais,
51:29 où le réel, le virtuel,
51:31 le vrai et le faux en sont venus à se confondre
51:33 toutes et quelques fois. - Mais c'est quoi? C'est pas de morale?
51:35 C'est de l'indécence? - Avant même de se rendre là!
51:37 L'indécence présuppose que vous ayez
51:39 un sens de la décence.
51:41 L'indécence consiste à dire j'arrive
51:43 au funérail de votre grand-mère et je prends
51:45 effectivement un selfie sur le mode joyeux
51:47 parce que je veux vous choquer.
51:49 Mais on peut supposer,
51:51 et je vais donner quelques exemples, qu'ils ne savent
51:53 pas qu'ils choquent.
51:55 Et c'est ça qui est intéressant, ils voient simplement un décor
51:57 parmi d'autres, donc un décor pour
51:59 mettre en scène leur... Dans ce cas-là,
52:01 c'est la pose du vacancier.
52:03 Est-ce que c'est nouveau? Pas vraiment.
52:05 Pas vraiment. 2019.
52:07 On remonte quelques années plus tard.
52:09 Ensuite, j'aurai un exemple encore pire.
52:11 Mais 2019, les autorités
52:13 du camp, du mémorial
52:15 mettent en garde, déjà on le voit
52:17 la photo à l'écran, contre les jeunes
52:19 crétins qui ont pris une nouvelle habitude,
52:21 c'est le selfie du moment, c'est marcher
52:23 sur les rails à Auschwitz.
52:25 Donc il faut montrer qu'on est capable
52:27 de marcher en bon équilibre
52:29 sur les rails dans les...
52:31 sur les trains qui conduisent...
52:33 Les rails qui conduisent les trains du camp de la mort.
52:35 - Bien sûr. - Et c'était l'occasion
52:37 de se mettre en scène. Et les gens d'Auschwitz disent
52:39 à ce moment-là, les responsables du mémorial,
52:41 vous savez, il y a un million de personnes
52:43 qui ont été tuées ici, respectez leur mémoire,
52:45 il y a de meilleurs endroits où apprendre
52:47 à marcher en équilibre
52:49 sur des rails que dans
52:51 un endroit qui a été consacré à la déportation,
52:53 au massacre, à la destruction
52:55 de tant d'êtres humains.
52:57 Vous me direz, bon d'accord, le selfie,
52:59 les rails, mais est-ce qu'on a déjà été encore plus imbéciles?
53:01 Bien sûr que oui.
53:03 L'imbécilité humaine n'a pas de limite.
53:05 2016, rappelez-vous,
53:07 je sais pas si on s'en souvient, c'était la chasse
53:09 aux Pokémon. Vous vous souvenez de cette
53:11 manie un peu étrange avec nos téléphones?
53:13 Les gens cherchaient un peu partout des Pokémon,
53:15 une espèce de créature bizarre. Vous vous souvenez du jeu?
53:17 Je le rappelle pour ceux qui ont marqué Pokémon
53:19 sur Google et vous serez terrifiés.
53:21 Ah ben... Ah ben c'était de la mode du moment.
53:23 Et qu'est-ce qu'on avait découvert?
53:25 Que les gens partaient à la chasse aux Pokémon,
53:27 des créatures artificielles qui étaient liées
53:29 à un jeu d'ordinateur. Eh ben ils partaient
53:31 aller à la chasse aux Pokémon à Auschwitz.
53:33 Il y avait des Pokémon à Auschwitz
53:35 qu'on pouvait attraper. Donc là, il y avait eu un moment
53:37 quand même, parce qu'il y en avait un peu partout.
53:39 Il y en avait à Paris, il y en avait sur le Mont-Royal,
53:41 à Montréal, il y en avait au Musée de l'Holocauste à Washington,
53:43 soit dit en passant. Il y en avait à Paris, il y en avait à Londres.
53:45 Et il y en avait à Auschwitz.
53:47 Et à ce moment-là, encore une fois,
53:49 avec quelques exaspérations,
53:51 les gens du camp
53:53 avaient dit, pourriez-vous, s'il vous plaît,
53:55 ne pas chasser de Pokémon à Auschwitz?
53:57 Pourriez-vous, s'il vous plaît,
53:59 respecter, encore une fois,
54:01 les lieux sur le signe de la décence?
54:03 Mais je reprends votre question pour y répondre
54:05 à nouveau parce que ça me semble essentiel.
54:07 Quand vous vous posez la question de la décence,
54:09 vous vous situez dans un monde où il y a une conscience
54:11 de la marque sacrée d'Auschwitz.
54:13 Quand on est rendu, je crois,
54:15 à jouer aux Pokémon là-bas, quand on décide
54:17 de jouer à marcher en équilibre sur les rails
54:19 ou à prendre le selfie du moment, c'est qu'on est même
54:21 plus conscient que c'est indécent.
54:23 - Mais qu'est-ce que cela dit
54:25 de la psychologie de notre temps?
54:27 - Ah, ça, je crois qu'il y a une chose qui est très claire,
54:29 l'instagrammisation du monde.
54:31 Ça fait que l'Instagram devient
54:33 le principal espace de déploiement
54:35 de la subjectivité. Qu'est-ce que ça veut dire?
54:37 Ça veut dire que tout devient décor,
54:39 tout devient décor pour l'expression,
54:41 pour l'expansion, pour le déploiement du moi.
54:43 Donc tout devient théâtre du moi.
54:45 Tout devient scène
54:47 pour le déploiement du moi.
54:49 Un moi tyrannique, un moi impérial,
54:51 un moi majusculaire,
54:53 un moi tout-puissant
54:55 et un moi qui devient absolument indifférent.
54:57 Je dirais que l'environnement
54:59 qui nous entoure devient un pur prétexte.
55:01 Vous noterez, soit dit en passant,
55:03 que dans certaines applications aujourd'hui,
55:05 pour prendre des selfies, des photos,
55:07 vous pouvez la modifier sur le mode Beria.
55:09 C'est-à-dire que vous pouvez bieffer ce qui, dans la photo,
55:11 ne cadre pas avec l'image idéale que vous voulez projeter.
55:13 Vous devenez vous-même un agent-correcteur soviétique.
55:15 Alors, de ce point de vue,
55:17 qu'est-ce qu'on voit? C'est la mise en scène du moi
55:19 qui trouve le décor approprié
55:21 pour exprimer qui je suis
55:23 avec cette espèce de démocratisation malsaine
55:25 et pathologique de la célébrité.
55:27 Et là, on dit que moi aussi, j'aurai cette scène.
55:29 Le réel n'existe plus, le monde n'existe plus,
55:31 le monde n'est plus qu'un décor,
55:33 le monde n'est plus qu'un théâtre,
55:35 le monde n'est plus qu'un environnement extérieur
55:37 et moi, je m'en empare et je l'écrase
55:39 de ma subjectivité.
55:41 Alors, qu'est-ce que ça nous dit?
55:43 On a souvent parlé de l'individualisme.
55:45 L'individualisme, ça n'a pas que du mauvais, soit dit en passant.
55:47 D'être responsable de soi-même, d'être responsable de sa vie,
55:49 d'être responsable de ses choix,
55:51 mais il y a un individualisme pathologique.
55:53 L'individualisme pathologique, c'est un narcissisme majusculaire.
55:55 C'est un narcissisme qui fait en sorte
55:57 que le monde n'existe plus qu'à travers
55:59 le nombril sacralisé,
56:01 au nombril, lui, majusculaire.
56:03 Ce sont les pathologies de l'individualisme contemporain
56:05 et ces pathologies culminent
56:07 dans la culture de l'instagramisation du monde
56:09 qui culmine dans cette espèce
56:11 de personne peu recommandable
56:13 qui a décidé de faire son selfie
56:15 fièrement à Auschwitz.
56:17 Et puis notre rapport à l'histoire.
56:19 Ah mais bien sûr, qui est complètement abonné là-dedans.
56:21 Tous les dimanches 11h,
56:23 notre rapport à l'histoire sur CNews.
56:25 Merci à tous.
56:27 Tout de suite, la minute d'info de Mathieu Dewez,
56:29 et ensuite Pascal pour le produit. A demain.
56:31 [Musique]
56:33 Laurent Berger annonce son départ
56:35 de la CFDT.
56:37 Le secrétaire général du 1er syndicat français
56:39 quittera ses fonctions le 21 juin.
56:41 A la tête de la CFDT depuis 2012,
56:43 il sera remplacé par l'actuel numéro 2
56:45 Marie-Lise Léon.
56:47 Une décision attendue mais qui tombe en pleine crise
56:49 liée à la réforme des retraites.
56:51 Même si l'exécutif a eu des relations parfois tendues
56:53 avec Laurent Berger, Emmanuel Macron assure
56:55 avoir du respect et de l'amitié
56:57 pour le syndicaliste.
56:59 Le chef de l'État a pu prendre la mesure
57:01 aujourd'hui de son impopularité.
57:03 En déplacement en Alsace, il a été accueilli sous les huées
57:05 de manifestants hostiles à la réforme des retraites.
57:07 Le président de la République a ensuite
57:09 vu sa visite d'usine perturbée
57:11 par une coupure de courant.
57:13 Une coupure revendiquée par la CGT
57:15 sans toutefois plonger les lieux dans l'obscurité.
57:17 Gérald Darmanin
57:19 annonce que les petits excès de vitesse
57:21 ne seront plus sanctionnés par un retrait
57:23 de points et ce à compter du 1er janvier 2024.
57:25 Concrètement,
57:27 les excès de vitesse inférieurs à 5 km/h
57:29 ne seront plus sanctionnés
57:31 par un retrait de points sur le permis de conduire.
57:33 Une amende sera cependant
57:35 toujours appliquée en 2020
57:37 sur les 12 millions de contraventions
57:39 pour excès de vitesse contrôlés par des radars.
57:41 58% concernés des excès
57:43 inférieurs à 5 km/h.
57:45 ♪ ♪ ♪