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Christine Kelly et ses chroniqueurs débattent de l'actualité dans #Facealinfo

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00:00 Bienvenue à tous dans Face à l'Info, ravie de vous retrouver ce soir.
00:04 Tout de suite, la Minute Info, Somaïa Labiti.
00:07 Le discours d'Emmanuel Macron perturbé par des manifestants à la haie.
00:14 Où est la démocratie française ? ont-ils crié tout en déroulant une banderole
00:18 sur laquelle était inscrit en anglais "président de la violence et de l'hypocrisie".
00:22 C'est très important d'avoir un débat social, a répondu le président
00:26 lorsqu'il a pu reprendre la parole après une minute d'interruption.
00:30 La RATP va-t-elle se frotter à la concurrence ?
00:34 Valérie Pécresse, présidente d'Ile-de-France Mobilité, se dit prête à une mise en œuvre
00:38 progressive de l'ouverture à la concurrence des bus parisiens.
00:42 Elle estime que reporter s'est renoncé et propose la date du 1er janvier 2025
00:46 à nos confrères du Figaro. La fin du monopole de la société
00:50 prévue fin 2024 pourrait entraîner un conflit social majeur
00:54 pendant les JO 2024.
00:58 Et puis c'est la journée mondiale de la maladie de Parkinson.
01:02 Près de 50 événements sont organisés un peu partout dans le France.
01:06 Pour rappel, cette maladie neurodégénérative se caractérise par la destruction
01:10 de neurones spécifiques et pour laquelle il n'existe pas de traitement curatif.
01:14 En France, 200 000 personnes en sont atteintes, soit un adulte
01:18 sur 250.
01:22 En sommaire ce soir, alors que les syndicalistes se préparent
01:26 à une nouvelle journée de mobilisation contre la réforme des retraites
01:30 dans 48 heures, alors que la décision du Conseil constitutionnel
01:34 est attendue vendredi, les regards se tournent vers les tensions
01:38 entre l'Elysée et Matignon. En quoi Emmanuel Macron
01:42 peut-il encore composer avec Elisabeth Borne ?
01:46 Après Edouard Philippe, le général de Villiers, le préfet Comet, peut-il encore exister
01:50 face à Elisabeth Borne, une femme de tête au caractère éruptif ?
01:54 L'édito de Mathieu Boccoté.
01:58 Comment la France se tire-t-elle une fois encore une balle dans le pied ?
02:02 Les exportations de céréales françaises sont interdites à partir
02:06 du 25 avril en dehors de l'Europe. Décision spécifiquement
02:10 française, contrairement aux autres pays donc. Décision de l'Agence
02:14 nationale de sécurité sanitaire alimentaire en cause. Un insecticide
02:18 que la France interdit. Conséquence, 11 millions et demi de tonnes
02:22 vont manquer dans plusieurs pays du monde qui sont
02:26 en souffrance alimentaire. Qui prendra la place de la France à l'exportation ?
02:30 A priori, la Russie. L'analyse,
02:34 Dimitri Pavlenko. Le rapport sur la gestion
02:38 du Covid par le gouvernement est enfin rendu public.
02:42 C'est contre la volonté du gouvernement que la justice a finalement ordonné
02:46 l'accrédit dernier sa publication. Aucun acteur rencontré n'a semblé
02:50 avoir une vision claire et exhaustive. Le centre de crise sanitaire s'est
02:54 rapidement trouvé submergé. Plusieurs défaillances comme l'oubli au début
02:58 de la crise des quelques 611 000 seniors résidant
03:02 dans les maisons de retraite. Pourquoi le gouvernement voulait-il
03:06 cacher ce rapport ? Le décryptage de Charlotte Dornelas.
03:10 À l'heure où Dalaï-Lama est en pleine polémique, que sait-on
03:14 réellement de lui ? Qui est-il ? Ce chef spirituel des Tibétains bouddhistes
03:18 aujourd'hui âgés de 87 ans a été reconnu suite à des visions
03:22 comme étant la réincarnation du 13e Dalaï-Lama
03:26 alors qu'il n'avait que deux ans, Mark Menon raconte.
03:30 Et puis de plus en plus de sympathisants de gauche jugent qu'il y a
03:34 trop d'immigrés en France. Selon une étude de l'institut BVA
03:38 publiée par l'Opinion, ils sont 48 %, soit 20 % de plus
03:42 par rapport à une précédente étude menée il y a 5 ans. Pourquoi l'opinion
03:46 publique semble plus unie que les élus sur ce sujet de l'immigration ?
03:50 Est-ce une méconnaissance de l'électorat ? Est-ce la preuve de la déconnexion
03:54 de certains élus avec le peuple ? L'édito de Mathieu Beaucoup.
03:58 Et là, pour prendre un peu de hauteur sur l'actualité, on commente, on décrive, on analyse
04:02 et c'est maintenant.
04:04 [Musique]
04:16 - Voilà, à partir d'aujourd'hui, on est au régime, pour information, on a mangé des pâtes carbonara
04:20 hier soir, on a mangé du chocolat toute la journée
04:24 du dimanche et à partir d'aujourd'hui, régime !
04:28 On veut être svelte, pourquoi ? - Les légumes à la phosphine !
04:32 - On va en parler justement dans un instant. Ravie de vous retrouver, ma belle Charlotte,
04:36 mes amis, c'est parti. Dans un instant, on va faire un tour de table
04:40 à propos, on avait beaucoup de sujets, on a choisi Adrien Quatennens, est-ce une gifle
04:44 à la gauche, son retour dans l'hémicycle ? On en parle
04:48 dans un instant. Pour commencer, Mathieu Beaucoup, 48 heures avant
04:52 la prochaine mobilisation et 3 jours avant la décision du Conseil constitutionnel,
04:56 nous allons nous intéresser à la tension ouverte au sommet de l'exécutif
05:00 entre Emmanuel Macron et Elisabeth Borne. Le premier croit en la France
05:04 capable de soutenir une nouvelle poussée de réforme, la seconde
05:08 croit que la France doit reprendre son souffle, le premier se reconstruit
05:12 politiquement à l'international en ce moment, et ça bouge quand même
05:16 à l'international, et la seconde espère faire atterrir une fois pour toutes
05:20 la réforme des retraites. Est-ce que ces tensions, selon vous, sont appelées à se
05:24 radicaliser ? - À tout le moins, on ne les voyait pas émerger il y a quelques
05:28 semaines à peine. Il faut bien poser le paysage politique, le paysage au sommet
05:34 pour comprendre la nature de cette tension. D'un côté, Emmanuel Macron,
05:38 on doit se mettre dans son esprit. Il vient de gagner. Il lui suffit de
05:42 franchir le cap du Conseil constitutionnel et ensuite, il pourra dire
05:46 « J'ai réussi », ce que personne n'a réussi, une réforme sociale d'inspiration
05:52 libérale d'envergure, malgré l'opposition de la population, mais j'aurais
05:57 réussi. Pourquoi ? Parce que je m'en tête et l'histoire me donnera raison.
06:01 On comprend son logiciel. Rappelez-vous, on en avait parlé ici il y a quelques
06:04 semaines, quand ses conseillers à l'Élysée disent « Vous êtes un personnage
06:07 de roman qui affronte le destin, qui affronte les intempéries, le capitaine
06:11 dans son navire, et l'histoire vous donnera raison. » Alors, c'est son récit,
06:16 et de ce point de vue, puisqu'il a franchi cette étape, aujourd'hui, il cherche
06:19 à se déployer, d'autant qu'il ne veut pas se représenter, il ne faut jamais
06:22 l'oublier, il cherche à se déployer à un nouveau niveau. Donc, comme s'il
06:25 s'était libéré des tracasseries françaises habituelles, il se déploie,
06:29 dans son esprit, à l'international. Il commente la politique entre la Chine
06:34 et les États-Unis, il intervient, on le voit, il se projette dans son rêve
06:39 de souveraineté européenne, d'une manière ou de l'autre, et il croit
06:42 désormais être seul maître. Il a réussi ! Alors, pour plusieurs, ils se disent
06:46 « Emmanuel Macron est en rupture ! » Non ! Dans son esprit, il a réussi,
06:50 et cette réussite lui donne le droit, finalement, de consacrer son mandat
06:53 à la grandeur de la France, et peut-être la sienne, dans son esprit, il est possible
06:56 que cela se confonde, avec une boussole, un cap, l'Europe. De l'autre côté,
07:01 Elisabeth Borne, qui est une techno, il ne faut pas l'oublier, c'est un personnage,
07:05 c'est une techno qui a été choisie parce qu'elle ne prenait pas la lumière,
07:09 c'est-à-dire qu'on l'a choisie pour sa sobriété, on l'a choisie pour sa
07:13 fadeur relative, on l'a choisi parce qu'on ne lui prêtait pas de charisme,
07:18 et telles étaient ses qualités. Bon, on se mettra d'avoir d'autres,
07:21 on se mettra d'avoir d'autres, dans la vie en général. Mais ce qui est intéressant,
07:24 c'est que les circonstances lui donnent désormais un charisme inattendu,
07:28 selon certains, pas selon tous, mais selon certains, et quel est ce charisme ?
07:31 C'est le charisme de l'opiniâtreté, c'est le charisme de celle qui était capable
07:35 de tout piloter sans perdre ses nerfs, celle qui était capable de mener
07:39 la réforme et qui, aujourd'hui, se constitue comme seule figure capable
07:44 de s'opposer à Emmanuel Macron. Quand on regarde la macronie, généralement,
07:48 on a des gens qui ont plutôt le réflexe du « oui, patron ».
07:51 Mais là, on est plutôt avec une dame qui se constitue en disant « j'ai un autre
07:55 point de vue sur l'avenir du pays, je suis en position quiconque,
07:59 et vous ne pouvez pas me dégommer comme ça, on sait qu'Emmanuel Macron,
08:02 moi je crois que c'était dans le Figaro, s'est infiltré récemment,
08:05 dit « on m'avait vanté une femme d'exception et regardez avec quoi
08:08 je me suis retrouvé ». Des mots de peu de tendresse.
08:11 Mais là, aujourd'hui, elle se permet de le contredire, et le contredisant,
08:14 elle se donne un espace politique qu'elle n'avait pas jusqu'à tout récemment.
08:17 Alors, si on aime un peu les comparaisons historiques,
08:20 j'ai l'impression qu'on est en train de voir apparaître, on verra si ça tient,
08:23 une forme de Raymond Barre de gauche. Donc la techno qui devient politique
08:27 et qui se crée une légitimité par ses compétences techniques.
08:30 Alors ça, en gros, c'est la scène qui se présente devant nous.
08:34 S'ajoute un élément, c'est qu'il y a une hiérarchie naturelle
08:37 entre l'un et l'autre. Une hiérarchie naturelle, une hiérarchie formelle,
08:40 une hiérarchie constitutionnelle. Et Emmanuel Macron n'aime pas
08:43 particulièrement avoir d'autres figures politiques que lui dans la macronie.
08:46 On le sait d'ailleurs, la vertu, je le disais, de ce que j'ai dit
08:49 d'Elisabeth Borne, on pourrait le dire, de la plupart des ministres, pas de tous.
08:52 Mais la plupart des ministres, ils ont été justement choisis
08:55 parce que ce sont des anonymes interchangeables que l'on peut congédier
08:58 sans que personne ne s'en rende compte. Or, à part quelques-uns,
09:01 Bruno Le Maire, Darmanin, des figures qui existent,
09:04 mais la majorité des macronistes de gouvernement sont de sympathiques anonymes.
09:08 Alors là, qu'est-ce qu'on voit dans cette scène très particulière?
09:11 Une figure politique émerge. Est-ce que ça va déranger Emmanuel Macron?
09:15 Est-ce que ça va l'embêter? Est-ce qu'il va se dire
09:18 « Je ne peux pas tolérer cette figure » ou peut-il s'appuyer sur elle
09:21 parce que là, ça pose un autre problème? Elisabeth Borne figure plutôt
09:24 de centre-gauche, quoi qu'on en dise. Emmanuel Macron aussi, soit dit en passant.
09:27 Ils ont le même ancrage mental. Leur divergence, en ce moment,
09:30 ce n'est pas sur le contenu des réformes, c'est sur la méthode des réformes.
09:34 Mais il y a plusieurs appels qu'on entend en ce moment.
09:37 Il faudrait réancrer la majorité à droite, la minorité ou la majorité relative,
09:40 à droite parce que le socle sociologique du macronisme se serait déplacé.
09:44 Donc, il faudrait un nouveau PM, un nouveau premier ministre,
09:47 un nouveau premier ministre issu des Républicains.
09:49 Là, c'est la petite musique qui tourne en ce moment. Lequel?
09:52 Lequel? Bruno Le Maire, Gérald Darmanin, quelqu'un qui vient directement des Républicains.
09:56 - Le cornu? - Oui, parmi d'autres.
09:59 Observez mon politique, je n'ai jamais rencontré quelqu'un
10:01 qui ne se croyait pas appelé aux plus hautes responsabilités.
10:03 Je pense que ça fait partie du métier.
10:05 - Non, mais ce sont des noms qu'on prête. - Bien sûr, bien sûr.
10:07 Ce qui est intéressant dans le scénario actuel, c'est que là,
10:10 Emmanuel Macron marque l'ancrage au centre-gauche de la macronie,
10:14 dans l'esprit de ceux qui s'y rassemblent.
10:17 Et de l'autre côté, s'il y a une main tendue au LR,
10:20 alors là, Élisabeth Borne, c'est l'obstacle qui empêcherait le renouvellement de la macronie.
10:25 Et en plus, n'oubliez pas la discussion qui est déjà ouverte aussi
10:27 sur le successeur d'Emmanuel Macron, moins d'un an après l'élection présidentielle.
10:30 Ayons tout ça à l'esprit, on peut se demander si Emmanuel Macron
10:33 voit désormais Mme Borne comme du poil à gratter.
10:37 - Il va appeler à se jouer le 14 lorsque le Conseil constitutionnel sera amené à trancher.
10:42 - Effectivement. On est dans ce moment où les spéculations s'additionnent
10:46 sans qu'on ait l'élément central. Qu'est-ce qui se passe?
10:49 Parce qu'il faut comprendre, le pays globalement est épuisé.
10:51 Il est épuisé politiquement. Je dirais qu'il est fatigué.
10:54 Fatigué politiquement. Parce que toute cette contestation,
10:56 il y a beaucoup d'énergie politique qui a été mobilisée là-dedans.
10:59 On doit toujours penser en termes d'énergie politique.
11:01 Toute cette énergie politique pour faire avorter le projet,
11:04 pour le bloquer, pour l'empêcher, qui globalement avorte.
11:07 Qui globalement avorte et ne donne pas de résultat pour l'instant.
11:10 L'exécutif a gagné. Plus encore, la gauche sort plus divisée de cette crise
11:17 qu'elle n'était au tout début. On le voit en ce moment avec le...
11:20 - Grosse surprise, c'est vrai.
11:21 - Oui, mais l'espèce de duel sur le mode Far West entre Fabien Roussel
11:25 et Jean-Luc Mélenchon, pour savoir. Et les deux dégainent les premiers,
11:28 mais ils se manquent mutuellement. C'est particulier.
11:30 Ou alors ils s'abattent les deux. C'est pas impossible non plus.
11:33 Mais dans le fond, on a cette espèce de crise dans la gauche qui sort assez abîmée.
11:39 Ajouter un autre élément, la seule opposition qui s'en tire bien en ce moment,
11:42 parce qu'il n'y a pas d'opposition de rechange au macronisme pour l'instant,
11:45 c'est le RN. Mais le RN, c'est l'opposition interdite.
11:48 Donc ça amplifie la crise dont on parlait déjà.
11:51 Donc vous l'avez dit, il y a le 14, le Conseil constitutionnel, ça tombe.
11:55 Alors quels sont les scénarios? La réforme est validée.
11:58 Alors là, c'est un problème aussi pour la gauche de la rue.
12:01 La CFDT et M. Berger ont dit on accepte si le Conseil constitutionnel dit c'est passé,
12:05 ça passe, c'est réglé. On accepte, c'est réglé, on n'en parle plus.
12:09 Mais là, quels sont les syndicats? Les autres syndicats vont peut-être
12:12 vouloir mener encore la bataille. Gardons ça à l'esprit.
12:15 Si, si, c'est retoqué en partie ou en totalité, en partie ou en totalité,
12:21 alors là, d'un coup, c'est la relance du mouvement, je pense qu'on peut s'y attendre,
12:25 de contestation et c'est aussi l'occasion, soit dit en passant pour Mme Borne,
12:28 peut-être de proposer une solution politique nouvelle dans cette crise
12:32 parce qu'on comprend qu'une divergence aussi probablement à l'exécutif
12:35 sur la bonne manière d'opérer la suite des choses.
12:38 Donc là, une rupture, cela dit, dans les syndicats,
12:40 mais excusez-moi, je dis rupture dans les syndicats si le Conseil constitutionnel
12:44 endorse le tout, sinon, sinon, je pense que c'est véritablement,
12:47 c'est la possibilité d'une nouvelle séquence de mobilisation
12:50 qui va fatiguer tout le monde dans un pays déjà fatigué.
12:53 Dernière considération qu'on ne doit pas oublier,
12:55 la question du référendum d'initiative partagée.
12:57 Je prends la formule de Sonia Mabrouk ce matin à Europe 1
12:59 qui disait « c'est un poison lent qui pourrait véritablement
13:03 paralyser ou déformer le pays ».
13:06 Donc, regardez, tout n'est pas terminé.
13:08 Si le 14, autrement dit, si tout n'est pas légitimé,
13:10 il y a une forme de séquence politique épuisante qui commence,
13:12 et pour un bon moment.
13:14 Et en dernière instance, un tout petit mot,
13:16 est-ce qu'Emmanuel Macron, dans tout ça, peut se relancer ?
13:18 Est-ce qu'il peut se reconstruire ? Est-ce qu'il peut se rebâtir ?
13:20 A-t-il une carte secrète dans son jeu ?
13:22 C'est la question que tout le monde se pose.
13:24 - Justement. Qu'est-ce que vous pourriez répondre à cette question ?
13:27 Est-ce qu'Emmanuel Macron peut se relancer à l'heure qu'il est ?
13:30 Avec les différents scénarios que vous avez...
13:32 - Je vais y aller sur le mode très spéculatif.
13:35 Ce serait possible théoriquement,
13:37 parce que ça va mal pour lui en ce moment, quoi qu'il en pense.
13:39 Mais selon quelles conditions ?
13:41 Ce renseignement politique, ce n'est pas une performance artistique.
13:44 Ce n'est pas dire « regardez-moi, puis trouvez-moi aussi beau
13:46 que je me trouve beau moi-même ».
13:48 Ça ne suffit pas. Le fait de se désirer soi-même
13:50 ne suffit pas à susciter le désir chez les autres.
13:53 C'est l'élément qui compte.
13:55 Mais ce relancement politique, c'est trouver une majorité,
13:58 être capable d'activer des possibilités dans le pays,
14:01 une majorité potentielle qu'on pourrait faire apparaître
14:04 et qui pour l'instant est invisible.
14:06 Il y a une majorité en France. On dit toujours que la France est ingouvernable.
14:09 Il y a une majorité qui est disponible en France
14:11 pour celui qui sera capable de la former politiquement.
14:13 Une majorité pour stopper l'immigration massive,
14:15 une majorité pour tenir tête à l'islamisme
14:17 et plus encore à l'islamisation des mœurs dans le pays,
14:19 une majorité contre les violences d'ultra-gauche,
14:21 une majorité contre le wokeisme et ses délires,
14:23 une majorité pour réformer la justice
14:25 et avoir une vraie politique de fermeté devant tous ceux
14:27 qui d'une manière ou de l'autre se permettent de gâcher la vie des Français.
14:30 Cette majorité est disponible.
14:32 Est-ce qu'Emmanuel Macron veut de cette majorité?
14:35 Je n'en suis pas certain.
14:37 C'est une majorité qui lui pose problème.
14:39 J'ajoute que c'est une majorité qui est prisonnière en partie de l'existence du RN,
14:42 donc qui est divisée politiquement contre elle-même.
14:45 Mais cette majorité, elle est là,
14:47 et c'est probablement ce qui nous ramène à la crise politique française en profondeur,
14:50 il y a un pays qui, globalement, sait ce qu'il veut depuis longtemps.
14:54 Il y a un pays qui connaît les grandes orientations.
14:56 Il y a un pays qui sait fondamentalement ce qu'il souhaite pour son avenir.
15:00 Et on a une élite qui ne veut pas la même chose que son peuple.
15:03 On a une élite qui trouve que les préférences populaires sont problématiques.
15:07 On a une élite qui trouve que les préférences populaires
15:09 sont des préférences vieillies, dépassées, désuètes, surannées.
15:12 Et l'existence de cette majorité durable,
15:15 qui ne parvient jamais à se traduire politiquement,
15:18 là, c'est la crise politique française,
15:20 la fameuse crise démocratique dont on parle.
15:22 Est-ce qu'Emmanuel Macron, après quelques semaines de silence,
15:24 voudrait tendre la main à cette majorité en disant
15:26 « Je vous ai compris, après tout ça, j'ai compris le malheur de mon pays
15:29 et j'embrasse sa douleur et je porte cette politique de redressement »,
15:32 vous me direz peut-être que je viens de basculer dans la science-fiction.
15:35 - Merci. D'ailleurs, on verra dans votre deuxième édito
15:37 comment il y a de plus en plus de personnes, de Français à gauche,
15:41 qui jugent justement qu'il y a trop d'immigration en France.
15:45 Et là, est-ce qu'ils écoutent aussi le peuple ?
15:48 Est-ce qu'il y a une majorité d'élus qui écoutent le peuple ?
15:50 On en parle dans un instant. Dimitri, merci beaucoup.
15:53 Le 25 avril, mardi, dans deux semaines,
15:55 il ne sera plus possible pour la France
15:58 d'exporter des céréales hors de l'Union européenne.
16:02 Bon, la raison est administrative.
16:04 C'est l'ANSES, le gendarme des pesticides,
16:06 qui interdit l'usage d'un insecticide
16:09 qui sert à traiter les cargaisons de grains dans les bateaux.
16:12 Vous allez nous expliquer tout ça.
16:14 Comment, Dimitri, une décision sanitaire
16:17 pour un seul produit chimique
16:19 peut-elle avoir des conséquences aussi lourdes pour la France,
16:22 encore pour notre souveraineté ?
16:24 Oui, d'abord, pour préciser que la phosphine,
16:27 c'est un produit qui est très toxique pour les poumons,
16:29 pour le foie, pour les reins, dans la fiche descriptive,
16:31 est abominable, très inflammable.
16:34 Et la phosphine n'est plus autorisée en France depuis 2016.
16:38 Elle n'est plus autorisée, mais des exceptions subsistent.
16:41 Elles ont été conservées pour des cas très spécifiques,
16:44 comme la lutte contre les taupes,
16:47 et en biocide, c'est-à-dire pour lutter contre les insectes,
16:51 notamment dans ce cas précis, du transport de récolte par bateau.
16:55 La phosphine, à ce moment-là, c'est des petites tablettes
16:58 qu'on va mélanger au grain dès lors qu'il est déversé dans la cale du bateau.
17:02 Et au contact de l'air, la plaquette va se désagréger
17:06 et ça devient un gaz, le gaz de phosphine,
17:09 qui est plus lourd que l'air, et donc mélangé au grain,
17:13 il va tuer tous les insectes, y compris sous forme larvaire,
17:17 parfois logée à l'intérieur même du grain.
17:20 Et donc ça garantit d'éviter la prolifération,
17:23 des contaminations d'écosystèmes dans les phases d'exportation.
17:27 Donc vous voyez, ça s'appelle une technique de fumigation,
17:30 c'est assez classique, et c'est une obligation sanitaire
17:33 de traiter votre grain à la phosphine,
17:36 si vous voulez l'expédier dans un certain nombre de pays,
17:38 donc par exemple l'Algérie, qui est le premier acheteur du blé français,
17:42 c'est l'État algérien qui achète le grain,
17:44 et bien Alger impose aux exportateurs, à ceux qui exportent vers l'Algérie,
17:48 que le grain, avant d'entrer dans ses ports,
17:51 au départ, dans le port de départ, soit traité à la phosphine.
17:54 C'est pareil en Côte d'Ivoire, c'est pareil au Maroc, c'est pareil en Tunisie, etc.
17:57 Donc des nations qui sont autant de bons clients des céréales françaises.
18:00 Alors ce qu'a fait l'ANSES fin octobre, vous allez voir, c'est assez subtil,
18:03 c'est pas véritablement une interdiction,
18:05 c'est le renouvellement d'une autorisation de mise sur le marché de la phosphine
18:10 pour ces cas très particuliers que je vous ai décrits,
18:12 sauf au contact direct avec les céréales.
18:15 On a créé une exception qui fait tomber l'autorisation de mise sur le marché,
18:19 lorsqu'il revient techniquement pour les usagers, les céréaliers,
18:24 à interdire la phosphine pour fumigation des grains,
18:27 dans ce cas précis d'exportation.
18:29 Quelles conséquences cela va avoir pour les céréaliers français qui gruellent ?
18:34 C'est une catastrophe.
18:35 C'est-à-dire que du jour au lendemain, ils sont incapables...
18:38 Vous avez une agence sanitaire en France qui leur interdit d'utiliser la seule substance
18:43 qu'imposent les importateurs étrangers de céréales françaises.
18:48 On ne peut pas remplir les conditions exigées par nos clients internationaux,
18:51 c'est ça que ça veut dire très concrètement.
18:53 Or les céréales, c'est la locomotive à l'export de l'agriculture française.
18:56 Avec les vins espiritueux, la France est quatrième exportateur mondial de céréales
19:01 et en moyenne c'est la moitié de ce que l'on produit chaque année en céréales dans le pays
19:07 qui part comme ça à l'exportation.
19:09 Et là en l'occurrence, c'est quelque chose comme près de 4 milliards d'euros de devises
19:13 qui sont en jeu avec cette interdiction de la phosphine.
19:17 Et ce grain, il faut bien comprendre que nos clients étrangers, à commencer par l'Algérie, l'attendent.
19:22 Et ce qu'il faut rappeler quand même, les tensions mondiales qu'on a depuis un an
19:25 sur les céréales pour diverses raisons.
19:27 La guerre en Ukraine, mais pas seulement aussi, les conditions climatiques, etc.
19:30 Que l'Ukraine, justement numéro 2 mondial des céréales, n'est plus en mesure de servir le monde
19:35 comme il le faisait avant la guerre.
19:37 Et la seule puissance de substitution aux céréales françaises, c'est qui ?
19:41 C'est la Russie.
19:42 Donc c'est un magnifique cadeau fait à Vladimir Poutine cette histoire.
19:46 Et donc il faut se souvenir aussi que ce blé français qui va manquer au marché mondial,
19:51 s'il vient à manquer au marché mondial, risque aussi de faire bondir les cours.
19:54 Et la dernière fois que le monde a eu faim, que le monde a manqué de céréales,
19:58 c'est 2007-2008, c'est les émeutes de la faim, c'est le printemps arabe.
20:02 Les printemps arabes, ce sont des vagues migratoires.
20:05 Vous voyez, le grain, ce n'est pas que de l'alimentation, c'est de la géopolitique réellement.
20:08 Donc je ne pense pas que l'Anses ait mesuré tout ça lorsqu'elle a pris sa décision,
20:12 sa petite décision autour de cette petite substance, la phosphine.
20:16 Alors c'est intéressant, mais pourquoi l'Agence a-t-elle statué de la sorte sur la phosphine ?
20:19 Est-ce qu'il y avait une urgence sanitaire environnementale sur le sujet ?
20:23 Mais même pas, mais même pas. C'est ça qui est le plus fou.
20:25 C'est que la phosphine en fait...
20:26 On ne comprend rien du tout.
20:27 Vous allez comprendre.
20:28 La phosphine en fait, elle est homologuée partout dans l'Union européenne à ce stade.
20:32 Et il n'y a que l'Anses, l'Agence nationale française de sécurité sanitaire,
20:37 qui a trouvé à redire, et sachant que l'Anses a fait pareil il n'y a pas très longtemps
20:40 sur une autre substance, un herbicide qui s'appelle le S-méthylachlore,
20:44 que l'Union européenne est en train de réévaluer,
20:47 mais l'Anses l'a interdit depuis le 15 février.
20:50 Interdiction d'utiliser ça sur le sol français.
20:52 Et ça, vous savez, c'est typiquement français.
20:54 Ça surtranspose toutes les directives sanitaires européennes.
20:58 Et évidemment, les agriculteurs français s'en plaignent beaucoup.
21:01 C'est-à-dire qu'en termes de dosage, etc., la France veut toujours faire mieux
21:05 que la moyenne de l'Union européenne.
21:06 Et parfois, ça nous nuit en termes concurrentiels.
21:09 Si je vous prends l'exemple des pommes, par exemple,
21:11 nos producteurs de pommes ont des conditions d'utilisation des pesticides
21:14 beaucoup plus dures que nos voisins.
21:16 Et ils perdent des parts de marché.
21:18 C'est pour ça que vous trouvez beaucoup plus de pommes étrangères aujourd'hui
21:21 qu'il y a quelques années, que la pomme française est en recul.
21:23 Vous voyez, ça tue littéralement notre agriculture.
21:26 Et Elisabeth Borne, au Salon de l'agriculture, le mois dernier,
21:30 dit que ce temps de surtransposition,
21:33 la France qui veut jouer à la meilleure élève, c'est terminé, c'est fini.
21:36 Désormais, on ne surtranspose plus, on s'en tient aux règlements européens.
21:43 Et donc, l'ANSES vient de la détromper, la première ministre, illico, dans sa décision.
21:49 Et le plus troublant, pour revenir à la fausse cible,
21:52 l'ANSES a affirmé il y a deux semaines, devant l'Assemblée nationale,
21:55 question posée par des députés, que c'est le fabricant de la phosphine
21:59 qui aurait lui-même demandé à ce que son produit ne soit plus homologué.
22:02 C'est quand même un peu bizarre, vous voyez.
22:04 Alors l'industriel, d'ailleurs, a démenti devant des ministres,
22:06 avoir demandé ça. C'est quand même bizarre,
22:08 quand vous commercialisez un produit.
22:10 - Quelle histoire ! - Voilà, quelle histoire.
22:11 Donc il y a un mystère à percer autour de ça.
22:13 Et l'industriel qui fabrique la phosphine, en fait, se retrouve aujourd'hui
22:17 à devoir bâtir un énorme dossier affolant des tas de documents
22:20 pour renouveler son autorisation de mise sur marché.
22:23 Et cette opération peut prendre assez longtemps.
22:25 Le plus choquant, en fait, c'est quoi ?
22:26 En fait, l'ANSES, qu'est-ce que c'est ?
22:28 C'est une agence, au départ, d'évaluation.
22:30 Ce sont des scientifiques qui émettent des avis techniques
22:33 sur des substances chimiques qu'on leur soumet.
22:36 Est-ce que c'est toxique ? Est-ce que ce n'est pas toxique ?
22:39 Mais depuis 2015, ce qui s'est passé, la loi Avenir sur l'agriculture,
22:42 qui était à l'époque portée par Stéphane Le Foll,
22:44 va doter notre agence d'évaluation, donc, d'un pouvoir de régulation.
22:49 C'est-à-dire qu'en fait, l'ANSES se retrouve à devoir prendre les décisions
22:53 d'interdire ou d'autoriser les substances qu'elle est chargée elle-même d'évaluer.
22:57 Autrement dit, l'ANSES se retrouve à la fois juge et parti dans cette affaire-là.
23:02 Et est-ce que des scientifiques en blouse blanche chargés d'évaluer la toxicité d'un produit
23:07 sont à même d'établir la balance bénéfice-risque
23:09 dans des décisions qui sont des décisions politiques ?
23:11 C'est le politique qui doit prendre ce genre de décisions.
23:14 Et c'est assez effarant.
23:16 Alors, vous avez le lobby des phytosanitaires qui nous dit, en fait,
23:19 si Stéphane Le Foll, à l'époque, a pris cette décision,
23:22 de conférer ce pouvoir de décision à l'ANSES,
23:24 c'est sous pression des écologistes et de générations futures, notamment.
23:27 Bon, c'est peut-être aussi un petit peu par lâcheté,
23:30 parce que vous savez, des décisions à assumer du style
23:32 « soit je tue les abeilles, soit je tue la filière colza »,
23:35 politiquement, ce n'est pas évident, en fait, à admettre.
23:37 Et donc, l'ANSES, aujourd'hui, c'est un pouvoir immense,
23:40 sans contre-pouvoir.
23:42 Et d'ailleurs, elle se retrouve régulièrement au cœur de la polémique.
23:45 Par exemple, le glyphosate.
23:47 Pour le glyphosate, d'autres institutions scientifiques,
23:49 je pense à l'Inserm, notamment,
23:51 avaient trouvé que le jugement de l'ANSES sur le glyphosate
23:53 était un peu léger, que sans doute le glyphosate
23:55 était plus dangereux que nous le disait l'ANSES.
23:57 Et bien là, quelque part, aujourd'hui, elle fait le contraire.
23:59 L'ANSES, elle est mieux disante sur la dangerosité
24:02 de telle ou telle substance que l'Union européenne,
24:04 homologue aujourd'hui, sans problème.
24:05 - Dernière question en attendant.
24:07 Qu'est-ce qui va se passer pour la phosphine ?
24:08 - Alors, ça s'est débloqué, apparemment, cet après-midi,
24:10 à savoir arbitrage politique de la Première ministre,
24:12 qui a été annoncé par deux ministres à l'Assemblée nationale,
24:16 Marc Fesneau, le ministre de l'Agriculture,
24:18 et Olivier Becht, qui s'occupe, lui, du commerce extérieur.
24:20 À savoir que, techniquement, la phosphine,
24:22 elle est autorisée dans l'Union européenne,
24:24 elle est autorisée par les acheteurs, so what ?
24:26 Il n'y a pas de problème.
24:27 Pourquoi l'ANSES viendrait nous dire
24:29 qu'en fait, il faudrait l'interdire ?
24:31 Mais voyez, on a l'ANSES, instance technocratique,
24:34 que le politique a investi de certains pouvoirs,
24:36 et bien aujourd'hui, le pouvoir se rebiffe,
24:38 il a l'intention de lui retirer ses pouvoirs.
24:40 Il y a vraiment un sujet de philosophie du pouvoir
24:42 derrière tout ça, et je pense un peu de l'acheter politique.
24:45 Les politiques se trouvant rattrapés, finalement,
24:47 par des décisions qu'ils ont jugées pertinentes
24:49 quelques années en arrière.
24:51 Vous me permettez un instant le comble.
24:53 Le soja brésilien, qu'on fait venir, 2 millions de tonnes,
24:55 ben lui, il est aspergé de phosphine
24:57 au départ du Brésil pour arriver en France,
24:59 mais l'ANSES ne trouve absolument rien à redire.
25:01 - Excellente analyse.
25:03 On va faire une pause, on revient dans un instant.
25:05 Retour sur le plateau de Face à l'Info.
25:11 Dans un instant, on parle des électeurs de gauche
25:13 et de l'immigration.
25:15 Oui, ils veulent l'immigration à 88...
25:17 Non, à 48 %, ne rêvez pas.
25:19 (Rires)
25:21 Tout le monde a le bon.
25:23 On va parler du Dalai Lama.
25:25 Qui est-il avec Marc Menand ?
25:27 Et avec Charlotte, on va s'arrêter sur le Covid.
25:30 Alors là, Charlotte, passionnante.
25:32 Le tribunal administratif de Paris
25:34 vient d'exiger la publication du rapport
25:36 sur la gestion de la crise du Covid
25:38 que le ministère de la Santé refusait de publier.
25:41 Avant de s'arrêter sur le contenu du rapport,
25:43 d'abord, comment expliquer ce brin de fer
25:45 d'ailleurs entre le gouvernement et la justice
25:47 sur la publication de ce rapport ?
25:49 - Alors, l'histoire, c'est que ce rapport
25:51 a été commandé par le ministère de la Santé.
25:53 Il a été commandé en juin,
25:55 que je vous dise pas de bêtises,
25:57 oui, en juin 2020.
25:59 Vous voyez, sur la première page,
26:01 sur la première phase,
26:03 la première vague de cette période Covid.
26:06 Et il a été rendu en novembre de la même année.
26:08 Et ce qu'il s'est passé à l'époque,
26:10 c'est que c'est le Parisien,
26:12 donc on frère du Parisien,
26:14 qui ont demandé à avoir accès à ce rapport.
26:16 Ce qui leur a été refusé par le ministère de la Santé,
26:18 qui disait qu'en gros, dans le rapport
26:20 qui était jugé confidentiel,
26:22 c'est écrit sur chaque page,
26:24 dans ce rapport-là, il y avait des préparations
26:26 de décisions administratives et que donc,
26:28 il ne pouvait pas être livré au grand public.
26:30 On comprend bien qu'à l'heure de la transparence
26:32 pour tous et de la transparence sans cesse
26:34 proclamée par les acteurs politiques eux-mêmes,
26:37 surtout au moment de faire des campagnes,
26:39 en général, beaucoup plus qu'au moment d'être au pouvoir,
26:41 mais au moment où vous parlez de transparence
26:43 du matin au soir, dans une crise pareille,
26:45 évidemment, le fait de refuser
26:47 la publication de ce rapport a éveillé
26:49 la suspicion de tout le monde.
26:51 Donc le Parisien l'a demandé
26:53 depuis deux ans en réalité,
26:55 en février 2021, vous voyez, à la fin,
26:57 on va dire, de la première vague,
26:59 on demande ce rapport, ça leur est refusé
27:01 par différentes instances,
27:03 ils font un recours devant le tribunal administratif,
27:05 ça va jusqu'au Conseil d'État, ça revient
27:07 au tribunal administratif,
27:09 et le Parisien a finalement eu accès au rapport,
27:11 ils en ont diffusé certaines feuilles
27:13 en janvier dernier, et la justice
27:15 leur a donné raison en février,
27:17 il y a quelques jours,
27:19 disant qu'après étude de ce rapport,
27:21 il n'y avait absolument rien de confidentiel
27:23 qui ne pouvait pas être publié.
27:25 Donc vous voyez que c'est le bras de fer
27:27 et même entre le Parisien et le gouvernement,
27:29 et le tribunal administratif,
27:31 après étude,
27:33 a fini par l'obtenir.
27:35 Alors il est désormais public ce rapport,
27:37 il fait 205 pages, il analyse, alors le but
27:39 initialement, il nous disait, c'était
27:41 d'identifier les réussites, les difficultés
27:43 et les lacunes. C'est vraiment un rapport
27:45 qui s'attarde sur la gestion de crise
27:47 par l'État,
27:49 en gros, et par les différents organismes
27:51 qui sont prévus, précisément
27:53 pour réagir en temps de crise,
27:55 prévus au milieu de la crise,
27:57 et comment est-ce que cette crise a été gérée
27:59 pendant cette première vague, donc à la fois
28:01 avec la surprise, mais en même temps,
28:03 avec des organismes
28:05 au sein de l'État qui étaient
28:07 justement prévus pour une crise imprévue.
28:09 Donc vous voyez que c'est beaucoup plus
28:11 de l'analyse de gestion, beaucoup plus que le
28:13 Covid, enfin le discours
28:15 sur le Covid lui-même
28:17 ou les différents outils, même médicaux,
28:19 qui ont été utilisés. Je suis désolée Marc,
28:21 ce rapport-là n'est pas encore
28:23 sorti.
28:25 Alors qu'est-ce qu'on apprend dans ce rapport
28:27 que le ministère souhaitait garder
28:29 pour lui, et comment expliquer la peur
28:31 de la publication du rapport ?
28:33 Il y a une analyse qui est très
28:35 personnelle, on va dire, qui pourrait être
28:37 contredite, mais je pense que, comme dans
28:39 cette crise, le gouvernement aurait très bien pu dire
28:41 dès le début, c'est une crise d'une
28:43 telle ampleur par laquelle nous avons été surpris
28:45 avec une
28:47 énorme inconnue à l'échelle mondiale
28:49 et donc, on t'attonne,
28:51 sauf que ce gouvernement n'a jamais
28:53 accepté, à aucun moment, dans la
28:55 crise et même au plein cœur de la crise, la moindre
28:57 remise en question. Alors, le rapport est
28:59 assez sévère dans l'organisation
29:01 de l'État pendant cette crise, donc
29:03 évidemment, la première chose qui vient à l'esprit
29:05 c'est qu'ils n'avaient pas très envie que ce soit étalé sur la
29:07 place publique, notamment leur
29:09 inorganisation. Par ailleurs,
29:11 quand vous avez une période,
29:13 aujourd'hui avec le recul, c'est quand même une période
29:15 qui a été marquée par un autoritarisme
29:17 complètement dingue,
29:19 et forcément, quand vous découvrez dans ce rapport
29:21 qu'il y avait une impréparation
29:23 et un flou artistique absolu
29:25 dans la gestion même des outils,
29:27 ça devient encore
29:29 plus insupportable, et bien au-delà de la question
29:31 même du Covid, c'est-à-dire de se dire
29:33 que vous avez des acteurs à la tête de l'État
29:35 qui n'ont même pas
29:37 accepté, on va dire, dans le débat public,
29:39 la moindre interrogation, la moindre discussion
29:41 de n'importe quelle décision,
29:43 et que vous découvrez à posteriori
29:45 qu'en fait, ils naviguaient à vue,
29:47 et que vous vous dites que c'est un peu inquiétant sur ce sujet
29:49 comme sur d'autres. Il y avait déjà des doutes au départ,
29:51 mais là, ça confirme
29:53 les doutes de la population.
29:55 Et si je puis me permettre, ça
29:57 interroge sur la manière dont l'État gère lui-même
29:59 ses propres outils, et ça interroge
30:01 aussi sur
30:03 l'insolence légitime absolument
30:05 perdue du monde médiatique,
30:07 qui lui-même n'a pas
30:09 encouragé à simplement
30:11 accepter que des questions soient posées
30:13 sur les décisions qui étaient prises.
30:15 Alors, le rapport lui-même,
30:17 il décortique l'organisation
30:19 des services du ministère, qui se mettent
30:21 en branle dès le début de cette
30:23 crise, on parle de janvier 2020
30:25 en l'occurrence, quand la fameuse cellule
30:27 de crise interministérielle se met
30:29 en place, et alors là, on nous parle
30:31 en effet d'impréparation,
30:33 de confusion, d'un ministère absolument
30:35 submergé, et surtout
30:37 d'une dissolution, on va dire, des responsabilités,
30:39 tant
30:41 les organigrammes changeaient en permanence,
30:43 et on a ajouté des acteurs
30:45 aux acteurs, il y avait des doublons partout,
30:47 personne ne savait qui gérait quoi exactement,
30:49 pour vous donner une idée, parce que je ne vais pas
30:51 rentrer dans un détail assez technique dans la
30:53 gestion de cette crise, mais on a eu
30:55 entre mars et juin
30:57 25 organigrammes différents
30:59 qui ont été sortis pour savoir qui s'occupait de quoi,
31:01 et c'est comme ça qu'on arrive à notre
31:03 question initiale des seniors,
31:05 et en effet le rapport dit, c'est par la
31:07 fragmentation du pilotage de la crise,
31:09 le changement permanent des responsables,
31:11 et de responsables absolument illisibles, donc personne
31:13 ne savait qui gérait quoi très
31:15 exactement, et bien que 600 000
31:17 personnes dans les EHPAD ont tout simplement été oubliées
31:19 dans l'organigramme, parce que quand vous avez des responsabilités
31:21 qui sont diluées en permanence partout,
31:23 chacun est dans son couloir de nage,
31:25 sans avoir la vision globale, et le rapport
31:27 nous parle d'absence de vision globale,
31:29 de tous les acteurs qu'ils ont
31:31 audités, qu'ils ont
31:33 entendus pour faire ce rapport,
31:35 et ils ont entendu 375
31:37 personnes, on a des cadres qui travaillent
31:39 dans les ministères, des directeurs d'agences
31:41 régionales de santé, d'hôpitaux
31:43 ou d'EHPAD, du personnel soignant,
31:45 des préfets, des élus, tous les
31:47 acteurs de l'État qui ont eu à un moment ou à un autre
31:49 à
31:51 agir, on va dire, dans
31:53 ce dispositif, donc c'est comme ça qu'ils
31:55 expliquent la question des seniors,
31:57 et là vous vous dites, là encore dans la crise,
31:59 au début, ils disparaissent des
32:01 radars dans la gestion de la crise, et puis
32:03 ensuite tout se retourne, et ils
32:05 deviennent l'argument moral
32:07 absolument incapacitant
32:09 dans toute la crise, en se disant "mais vous ne voulez quand même pas
32:11 faire mourir des personnes âgées". Donc vous voyez
32:13 qu'on se rattrape, on va dire, d'un propre
32:15 oubli dans la gestion, en le basculant
32:17 pour rendre indiscutable toutes les
32:19 décisions qui sont prises derrière. Ensuite
32:21 il y a quelque chose, enfin il y a
32:23 une partie du rapport qui s'attarde aussi sur
32:25 la question de la recherche, alors là aussi c'est très
32:27 sévère, puisque le rapport
32:29 est intéressant sur
32:31 la manière dont, en revanche, sur le terrain,
32:33 que ce soit localement ou dans les hôpitaux
32:35 avec les soignants, il y a eu une très forte
32:37 dynamique de prise d'initiative
32:39 de gens qui n'avaient plus le choix. C'était tellement
32:41 le flou dans la décision
32:43 que sur le terrain, tout à coup, un peu
32:45 quand on a
32:47 redonné la responsabilité
32:49 par la force des choses aux personnes qui étaient
32:51 directement responsables, et bien ça se passait
32:53 mieux. Si on pouvait y réfléchir
32:55 un peu, sur ça comme sur d'autres choses,
32:57 ce serait formidable.
32:59 Donc le rapport sur la question de la recherche
33:01 pointe un très fort dynamisme des
33:03 acteurs de la recherche
33:05 gâchés par une dispersion des projets,
33:07 un manque de coordination et de
33:09 coopération. En clair, ils expliquent
33:11 qu'il y a eu beaucoup trop de financements
33:13 donnés à beaucoup trop d'acteurs différents
33:15 qui étaient investis partout,
33:17 notamment sur les mêmes sujets
33:19 avec des financements qui n'avaient pas
33:21 nécessairement de cohérence ni de suivi,
33:23 et beaucoup d'essais qui ont été
33:25 financés par l'argent public, mais qui n'ont
33:27 pas pu aboutir, parce qu'il n'y avait même
33:29 pas les passions nécessaires
33:31 dans ces projets. Et le rapport nous dit
33:33 qu'à la fin du mois d'août 2020,
33:35 2,5% des patients hospitalisés
33:37 ont en effet participé aux essais cliniques,
33:39 parce que là encore, personne
33:41 n'avait de visibilité sur ce qui était financé
33:43 ou non, quels patients pouvaient accéder
33:45 à tel projet clinique ou non. Donc vous voyez
33:47 là encore, une désorganisation
33:49 malgré l'investissement des
33:51 acteurs premiers de cette recherche.
33:53 Et ensuite, il y a quelque chose sur lequel
33:55 je me suis arrêtée,
33:57 parce que ça m'intéressait aussi. Alors, ils s'attardent
33:59 beaucoup sur les affrontements qu'il y a eu
34:01 entre les différents organismes
34:03 à la tête de l'État, qui étaient chargés
34:05 de prendre des décisions,
34:07 notamment, vous savez, dans l'importation de matériel
34:09 au début, pour les soignants, le psychodrame,
34:11 on se souvient des masques, mais dans les
34:13 hôpitaux, ils n'avaient pas de blouse, pas de surblouse,
34:15 pas de gants. - Ils avaient des sacs poubelle.
34:17 - Voilà, ils avaient des sacs poubelle à la place de leur blouse.
34:19 Et là, on découvre que Santé Publique
34:21 France avait été investie de la mission d'importation
34:23 du matériel, mais ils n'avaient pas les moyens,
34:25 notamment logistique, parce que ça n'était pas
34:27 officiellement leur métier. Donc, il y a d'autres
34:29 organismes qui sont rentrés dans le jeu,
34:31 mais qui étaient donc défiés
34:33 par Santé Publique France, qui leur demandaient
34:35 toujours plus de rapports à remplir,
34:37 de contrats,
34:39 de lettres de saisine à chaque fois qu'ils devaient
34:41 prendre une décision. Et là, il y a un observateur
34:43 qui est cité dans un
34:45 des papiers, justement,
34:47 du Parisien, qui a beaucoup analysé le rapport,
34:49 et qui dit, au milieu de la tempête,
34:51 il aurait mieux
34:53 valu dire aux acheteurs et aux fonctionnaires mis sous
34:55 pression, "faites comme vous pouvez,
34:57 dérogez aux règles en restant honnêtes,
34:59 on ne viendra pas vous chercher des poux".
35:01 Et cette phrase, elle m'a intéressée, parce que
35:03 je me suis dit, même au plein cœur de la crise,
35:05 il a fallu qu'il y ait des
35:07 technos quelque part pour expliquer, "vous remplissez
35:09 bien le PVE, vous mettez
35:11 votre signature à chaque ligne", et évidemment,
35:13 tout le monde a eu peur qu'on lui demande des comptes,
35:15 parce qu'au milieu d'une crise, vous n'avez pas très envie qu'on vienne
35:17 vous chercher trois mois après en disant, "excuse-moi,
35:19 mais là, à ce moment-là, je n'aurais pas fait ça comme ça".
35:21 Et donc, tout le monde se planque, et il n'y a plus
35:23 de responsables dans une crise, quand vous n'avez
35:25 plus personne qui décide d'endosser
35:27 une responsabilité, c'est évidemment le pire qui
35:29 puisse vous arriver, et c'est un peu
35:31 ce qu'on a retrouvé. Donc, au-delà de la
35:33 question de la gestion du Covid elle-même,
35:35 ce rapport est intéressant, parce que malheureusement,
35:37 on retrouve beaucoup de mots,
35:39 MAUX, bien français.
35:41 - Alors, que retenir de ce
35:43 rapport, justement ? Quelles leçons attirer ? Est-ce qu'on
35:45 a changé, justement, certains comportements
35:47 depuis que ce rapport existe ?
35:49 - Alors, les comportements ne sont pas encore changés,
35:51 parce qu'on nous explique que ce n'est pas le moment,
35:53 parce que ce n'est évidemment jamais le moment. Dans le rapport, il y a
35:55 32 recommandations assez précises, justement,
35:57 sur la gestion, mais on a
35:59 surtout une identification,
36:01 justement, de problèmes que l'on
36:03 retrouve chez tous les acteurs de l'État.
36:05 Vous pouvez prendre la justice,
36:07 vous pouvez prendre la police, vous pouvez prendre l'école,
36:09 vous pouvez prendre l'hôpital, de manière générale,
36:11 vous avez exactement le même
36:13 genre de
36:15 critiques,
36:17 hors période de crise. Donc, c'est pour ça
36:19 que ce rapport pourrait servir de refondation,
36:21 on va dire, de manière générale, de la manière dont se comporte
36:23 l'État, sur tous ces sujets-là.
36:25 Je vous redonne les gros
36:27 sujets. Désorganisation,
36:29 dissolution de la responsabilité,
36:31 des chaînes de décision,
36:33 organismes chargés de doublons, parce que plus
36:35 personne n'y voit rien, gaspillage d'argent
36:37 public, évidemment.
36:39 Et alors là, je vais me contenter de citer l'urgentiste
36:41 Gérald Kirzak. Vous savez qu'on a vu
36:43 pas mal pendant cette crise,
36:45 parce que je trouve qu'il résume assez bien la situation.
36:47 Il dit "cette crise du Covid a été
36:49 gérée sur le terrain avec des ordres et
36:51 des contre-ordres venant du haut".
36:53 Là, c'est pareil. Quasiment tous les fonctionnaires
36:55 des missions, notamment régaliennes de l'État,
36:57 vous disent la même chose. Comme c'est le
36:59 cas d'ailleurs hors crise, on a
37:01 un empoisonnement par la technostructure
37:03 qui est inefficace et inopérante.
37:05 Oui, il y avait l'excuse de la situation
37:07 exceptionnelle en 2020,
37:09 mais c'est ce que l'on constate malheureusement au quotidien
37:11 aujourd'hui. C'est un des éléments
37:13 clés de la crise du système de santé.
37:15 Ordres et contre-ordres en permanence,
37:17 déconnexion du terrain, médecins de santé publique
37:19 qui n'ont parfois de médecins
37:21 que le nom, c'est dramatique.
37:23 Je pense qu'au-delà de la question
37:25 du Covid, je le disais tout à l'heure,
37:27 que cette crise nous serve de leçon sur
37:29 la manière dont on se comporte et dont on accepte
37:31 toutes les décisions comme si elles étaient
37:33 de droit divin, comme si ces gens-là
37:35 avaient beaucoup plus,
37:37 même beaucoup plus de
37:39 vision que ce qu'ils peuvent avoir dans une crise.
37:41 Et là, je suis,
37:43 je leur accorde le bénéfice
37:45 de la crise qui les a surpris.
37:47 Et au-delà de ça, en effet, il y a la question
37:49 de la gestion même de l'État qui,
37:51 évidemment, en pleine crise, est accentuée
37:53 et c'est ce que l'on découvre
37:55 sans trop de surprises malheureusement dans ce rapport.
37:57 Merci beaucoup
37:59 pour l'analyse de ce rapport.
38:01 Dans un instant, on parlera d'Adrien
38:03 Quatennens.
38:05 45 ont voté pour qu'il puisse revenir
38:07 à l'Assemblée nationale, 15 contre,
38:09 2 abstentions. On fera un tour de table.
38:11 Mais avant, marmenons à l'heure où le Dalai Lama
38:13 est en pleine polémique,
38:15 que sait-on de lui ? Qui est-il ?
38:17 Ah ! Quelle histoire !
38:19 Alors déjà, c'est difficile
38:21 pour nous avec notre culture.
38:23 Là, je pense à vous trois,
38:25 à vous quatre. C'est-à-dire que
38:27 lorsque
38:29 on utilise ce mot très souvent,
38:31 on a
38:33 dans notre crâne cette idée
38:35 de notre propre
38:37 imprégnation. Là,
38:39 le propre du bouddhisme
38:41 remonte au XIIe siècle.
38:43 Je parle
38:45 sur la tradition du Dalai Lama.
38:47 Et depuis le XIIIe siècle,
38:49 il y a
38:51 un personnage qui s'appelle
38:53 le Dalai Lama, il y avait
38:55 quatre courants dans le bouddhisme,
38:57 et le Grand Khan a estimé
38:59 qu'il y avait un de ces courants
39:01 qui était le courant de l'abondance,
39:03 d'où Daï et Lama,
39:05 le moine.
39:07 Et le personnage qui a été
39:09 désigné comme étant le représentant
39:11 se réincarne,
39:13 c'est-à-dire qu'il ne meurt jamais.
39:15 Depuis le XIIe siècle,
39:17 c'est le même qui se retranche
39:19 de son enveloppe corporelle
39:21 et qui après,
39:23 doit réapparaître dans un autre
39:25 individu. - Avant le XIIe siècle,
39:27 il n'existait pas.
39:29 - Cette
39:31 lignée-là n'existe
39:33 que depuis le XIIe siècle.
39:35 Parce qu'on peut,
39:37 lorsqu'on est Dalai Lama,
39:39 estimer à un moment donné,
39:41 arrêter la réincarnation.
39:43 Mais si on a la volonté d'apporter
39:45 la lumière et la joie,
39:47 on s'inscrit dans ce besoin
39:49 de donner
39:51 à l'humanité et à ce monde.
39:53 Le XIIIe Dalai Lama,
39:55 en 1913,
39:57 dit "le Tibet,
39:59 dorénavant, est indépendant.
40:01 Il règne
40:03 et il meurt
40:05 en 1933.
40:07 Il a 58 ans."
40:09 C'est celui qui a précédé
40:11 le Dalai Lama
40:13 d'aujourd'hui.
40:15 Alors, que se passe-t-il à ce moment-là ?
40:17 Dans l'entourage,
40:19 vous avez celui qui tient les oracles.
40:21 C'est un monde, là encore,
40:23 il faut essayer de forcer et ne pas
40:25 en rire. C'est-à-dire que c'est une
40:27 manière d'envisager
40:29 l'existence
40:31 sans notre matérialité
40:33 profonde. Donc, pour eux,
40:35 on peut avoir
40:37 des visions, on peut avoir des
40:39 sensibilités et,
40:41 à partir de là, elles doivent
40:43 guider l'ensemble de la
40:45 communauté. L'oracle
40:47 est celui qui essaie
40:49 de voir comme ça quels sont
40:51 les éléments qui indiquent
40:53 le chemin à suivre.
40:55 Le Dalai Lama
40:57 vient de se retirer, eh bien,
40:59 il tient oracle.
41:01 Et il faut savoir
41:03 quand et où
41:05 il va se réincarner.
41:07 Et là, on observe
41:09 la dépouille de celui
41:11 qui a décidé de quitter
41:13 ce corps
41:15 et on le place
41:17 dans une position
41:19 et on s'aperçoit que
41:21 quelle que soit la position,
41:23 et si on bouge la tête,
41:25 elle reprend toujours une direction.
41:27 Et en l'occurrence,
41:29 la direction de l'Est.
41:31 Et quelques temps plus tard,
41:33 on partira
41:35 avec une effigie
41:37 à un lieu qui est un lac sacré
41:39 entouré de moulins
41:41 à prière. On lance
41:43 cette effigie
41:45 dans les eaux et on
41:47 attend que celui qui est
41:49 l'oracle ait les visions.
41:51 Et de ces visions,
41:53 sortent une image,
41:55 un monastère,
41:57 avec des éléments
41:59 comme des chiffres.
42:01 On arrive à déterminer où est ce monastère,
42:03 la région
42:05 et la maison
42:07 où se situera
42:09 le futur d'Alaï Lama
42:11 qui est donc le même, mais qui se réincarne
42:13 ailleurs. Et trois ans plus tard,
42:15 eh bien, nouvelle
42:17 oracle et on décide
42:19 qu'il y a
42:21 un petit groupe
42:23 mené par ce personnage
42:25 déterminant puisqu'il a les visions,
42:27 qui se rend vers le lieu
42:29 qu'on a plus ou moins estimé
42:31 puisqu'on connaît la direction,
42:33 que l'on connaît le village,
42:35 la maison, on en a eu
42:37 l'apparence et c'est au fond
42:39 du Neuf-Valais.
42:41 Et lorsqu'ils arrivent
42:43 dans ce village
42:45 avec très peu de maisons,
42:47 il y a bien la maison qui correspond
42:49 à la vision de notre oracle.
42:51 On se présente
42:53 sans dire qui l'on est
42:55 et on a besoin
42:57 de passer une nuit.
42:59 Et on a un couple
43:01 qui s'agit avec une petite fille,
43:03 mais pas de petit garçon.
43:05 On s'étonne. Reste
43:07 qu'au Tibet,
43:09 un jeune garçon dans ses premières années
43:11 a un lieu qui s'appelle le Kang,
43:13 une sorte de petite taverne en argile
43:15 et en boue,
43:17 pour qu'il se tienne
43:19 un peu plus au chaud
43:21 dans les hivers extrêmement rigoureux.
43:23 Je passe les détails.
43:25 Au bout du troisième jour,
43:27 on voit apparaître ce petit bonhomme
43:29 qui reconnaît sur le moine
43:31 qui accompagne l'oracle
43:33 un collier
43:35 qui appartenait
43:37 à celui qui a disparu.
43:39 Et puis après,
43:41 on va avoir différents objets comme ça
43:43 et le petit, qui n'a que 5 ans,
43:45 qui ne connaît que
43:47 l'idiome régional,
43:49 se met à parler en tibétain
43:51 et il évoque
43:53 les différents objets qui viennent
43:55 d'être tendus. C'est comme ça
43:57 que l'on authentifie le Dalai Lama.
43:59 On le conduira
44:01 jusqu'à Lhasa avec sa famille
44:03 et il devient sa sainteté
44:05 et celui qui règne encore
44:07 après avoir été chassé par les Chinois.
44:09 - Merci beaucoup pour les secrets
44:11 qui se cachent derrière le Dalai Lama.
44:13 Merci beaucoup, Marc Menand.
44:15 Avant de parler de la gauche et de l'immigration,
44:17 c'est une certaine nouveauté,
44:19 on va faire un tour de table sur
44:21 Adrien Quatennens. Alors écoutez, regardez
44:23 par exemple un tweet d'Anne Hidalgo.
44:25 "La honte, voilà le patriarcat,
44:27 comment peut-on en être encore là en 2023 ?"
44:29 Anne Hidalgo qui réagit
44:31 au retour d'Adrien Quatennens à l'Assemblée nationale
44:33 ou encore Marlène Schiappa
44:35 de la même façon,
44:37 condamnation également du Parti Socialiste
44:39 puisque 4 ans après sa
44:41 condamnation pour violence conjugale,
44:43 Adrien Quatennens est réintégré
44:45 au sein du groupe LFI, 45 pour,
44:47 15 contre, 2 abstentions.
44:49 Réaction, Dimitri.
44:51 - Ça m'inspire une phrase
44:53 de Léo Ferré qui disait "les gens qui pensent en rond
44:55 ont les idées courbes" et ce qui me frappe,
44:57 vous citez le tweet d'Anne Hidalgo,
44:59 c'est de la pensée automatique,
45:01 c'est-à-dire en fait on a des concepts clés, patriarcat,
45:03 et on juge tout comme ça,
45:05 toutes les situations avec ce qu'on a dans la tête.
45:07 Alors évidemment c'était couru d'avance
45:09 que ça allait fracturer la NUPES,
45:11 c'est-à-dire la réintégration d'Adrien Quatennens.
45:13 J'ai noté une petite remarque
45:15 qui m'a fait rire,
45:17 c'était Sandrine Rousseau qui disait "le peuple
45:19 ne supportera pas la réintégration
45:21 d'Adrien Quatennens". Le peuple,
45:23 la convocation du peuple, la France entière s'indigne
45:25 de la réintégration d'Adrien Quatennens
45:27 dans le groupe LFI.
45:29 Je pense que c'est très très excessif, ça en dit long
45:31 finalement les réactions des différentes
45:33 protagonistes de la gauche
45:35 sur leur logiciel interne plus que l'affaire en soi.
45:37 Je trouve qu'il y a
45:39 à la limite effectivement un problème
45:41 de gestion interne à la NUPES.
45:43 A titre personnel, ça me choque qu'il soit
45:45 réintégré. Je dirais que la justice a parlé.
45:47 Je dirais que la justice a parlé.
45:49 Est-ce que quelqu'un qui frapperait sa femme
45:51 et qui serait condamné pour cela, qui ferait
45:53 amende honorable publiquement, parce que c'est ce qu'a fait Adrien Quatennens,
45:55 on l'empêcherait de retourner travailler pour ça ?
45:57 Dans le privé ?
45:59 C'est ça aussi la question.
46:01 En effet, la question c'est qui décide
46:03 des peines ajoutées aux peines
46:05 qui sont prononcées et quelle est la limite de ça ?
46:07 Il faut s'extraire de ce cas-là en particulier
46:09 et se dire qui décide de quoi
46:11 désormais dans les métiers
46:13 en effet privés ou dans la vie
46:15 publique de manière générale. Évidemment, les urnes
46:17 seront une sanction
46:19 ou pas pour Adrien Quatennens la prochaine fois.
46:21 La seule chose qu'on peut dire
46:23 sur ce dossier-là, et on le dit depuis le début,
46:25 c'est que les gens n'aiment pas trop les arroseurs arrosés.
46:27 C'est ça l'énorme problème qu'ils ont à gérer.
46:29 C'est qu'ils en ont tellement fait
46:31 sur ce sujet, et Adrien Quatennens le premier,
46:33 que forcément derrière ça passe très très mal.
46:35 - Moi, ce qui me frappe, c'est la diversité
46:37 des cultures politiques à l'intérieur
46:39 de la UPS. Et surtout,
46:41 chez LFI,
46:43 quoi qu'on en dise, une forme
46:45 de logique, je dirais pas sectaire,
46:47 pas mafieuse, mais une logique
46:49 clannique. C'est-à-dire, il est des nôtres
46:51 et c'est plus important
46:53 que tout dans les circonstances.
46:55 Il est des nôtres alors qu'il y a des...
46:57 Je dirais que, alors qu'il y a LFI,
46:59 pourtant, si ça conservait
47:01 quelqu'un d'un autre parti,
47:03 Adrien Quatennens,
47:05 je sais pas, Écolo, Quatennens de droite,
47:07 alors là, il y a aucun doute
47:09 que les normes ne seraient pas les mêmes,
47:11 la condamnation serait immédiate
47:13 et on jugerait cet gifle à jamais
47:15 impardonnable et devons le condamner
47:17 à jamais à la mort sociale.
47:19 Mais puisque c'est un des leurs,
47:21 c'est un autre système de justification sociale
47:23 qui apparaît, c'est un autre système de justice
47:25 et c'est intéressant. Je pense
47:27 que c'est ce qu'il faut noter sur le plan,
47:29 comme je dis, politique. C'est l'existence d'une justice
47:31 différente pour les membres du parti élu.
47:33 - Marc, et ensuite, Charlotte.
47:35 - Nous avons Mélenchon
47:37 qui ne cesse d'évoquer Robespierre.
47:39 On est bien avec Robespierre,
47:41 c'est l'époque de la terreur.
47:43 Vous savez, il n'est pas question de quoi que ce soit,
47:45 on décide, mais ce n'est pas la justice.
47:47 C'est entre gens,
47:49 je reprends le terme de Mathieu,
47:51 sectaires, qui ont déterminé
47:53 une ligne, cette ligne, elle doit être appliquée.
47:55 La justice, c'est quand même la base de la démocratie.
47:57 Si la justice n'a plus
47:59 aucune force en démocratie,
48:01 il faut tirer le rideau et passer à autre chose.
48:03 Et là, je pense
48:05 qu'en prenant
48:07 ce type d'attitude,
48:09 que ce soit Hidalgo et autres,
48:11 eh bien, pour moi, ils se mettent en dehors
48:13 de la démocratie et j'espère
48:15 que les électeurs penseront à eux
48:17 quand ils se représenteront.
48:19 - Je réagissais juste sur ce que disait Mathieu
48:21 parce qu'il a tellement raison sur l'idée
48:23 qu'il y a un traitement très différent
48:25 de qui est de la famille et qui ne l'est pas,
48:27 que pour accuser dans d'autres
48:29 camps que les leurs, ils n'ont même pas besoin de condamnation.
48:31 C'est-à-dire qu'ils n'ont même pas besoin
48:33 de condamnation pour expliquer qu'un tel est ci, ça, ça,
48:35 même quand la justice ne s'est pas prononcée.
48:37 Et je crois que c'est là qu'il faut rappeler que tout le monde a la raison.
48:39 C'est que nous avons tous des intuitions
48:41 par rapport aux idées politiques qu'on a,
48:43 tendance à juger beaucoup plus sévèrement
48:45 celui avec qui on n'est pas d'accord que celui
48:47 qui est de la famille politique. Donc, il faut se fixer
48:49 des limites objectives.
48:51 Seule la justice peut le faire sur des dossiers
48:53 pareils, c'est aussi simple que ça.
48:55 - C'est intéressant de voir qu'on a remarqué aussi,
48:57 vous avez fait le sujet sur le défenseur des droits.
48:59 Beaucoup se substituent à la justice.
49:01 Qu'est-ce que la justice aujourd'hui?
49:03 Qu'est-ce qu'elle est devenue?
49:05 Qui est-ce qui lui donne encore une place?
49:07 - C'est pour ça qu'il faut peut-être la réarmer
49:09 de manière très, très, très urgente
49:11 pour éviter que tout le monde se croie...
49:13 - Une chose qui me frappe, par ailleurs,
49:15 c'est l'esprit de prudence et de modération
49:17 de la France insoumise lorsque vient le temps
49:19 d'expliquer la situation de ses membres
49:21 qui tombent dans de mauvaises situations.
49:23 Je me rappelle avec M. Coquerel,
49:25 qui était accusé d'avoir un comportement...
49:27 - Déplaisant avec les femmes.
49:29 - Déplaisant avec les femmes.
49:31 Et on se souvient que dans la logique,
49:33 dans la logique du néo-féminisme,
49:35 eh bien, il suffit d'être...
49:37 La drague lourde nous conduit presque inévitablement
49:39 à l'agression, si ce n'est au viol et tout ça.
49:41 Et je me souviens de M. Bonpard
49:43 qui a défendu M. Coquerel en disant
49:45 "Mais là, il faut distinguer entre la drague lourde
49:47 et puis la drague trop insistante
49:49 et puis le harcèlement et l'agression."
49:51 C'est un esprit de finesse juridique
49:53 qu'on ne leur connaît pas en général.
49:55 Il faudrait leur demander, ensuite,
49:57 s'ils sont prêts à l'appliquer à des gens
49:59 qui, je le disais, ne sont pas de la secte.
50:01 - Merci pour votre regard, en tout cas,
50:03 sur cette actualité du jour. Il y avait
50:05 beaucoup d'actualités à traiter,
50:07 mais on va garder quelques sujets pour demain.
50:09 Il y en a un sur lequel on veut quand même s'arrêter,
50:11 puisque de plus en plus de sympathisants de gauche,
50:13 Mathieu Bocote, jugent qu'il y a trop d'immigrés en France.
50:15 Selon une étude de la situ BVA, pour l'opinion,
50:17 ils sont 48 % des immigrants du Bloc québécois.
50:19 Ils sont à 20 % de plus qu'il y a cinq ans,
50:21 lors d'un sondage. Et pourquoi l'opinion publique
50:23 semble plus unie que les élus
50:25 sur ce sujet de l'immigration?
50:27 Est-ce que c'est une méconnaissance
50:29 de l'électorat? Est-ce que c'est la preuve
50:31 de la déconnexion de certains élus
50:33 par rapport à leur peuple?
50:35 - Je pense qu'on peut en convenir immédiatement.
50:37 Qui n'est pas capable de constater cela
50:39 devrait se bannir à jamais lui-même
50:41 du commentaire politique.
50:43 Ça, je pense que c'est un principe de méthode.
50:45 Le premier élément qui est intéressant, je pense,
50:47 c'est de noter ce qu'on entend par "gauche".
50:49 Je pense que c'est le point de départ
50:51 de cette réflexion.
50:53 Qu'est-ce qu'être de gauche?
50:55 Je dirais que pour le commun des mortels,
50:57 quand on quitte les milieux privilégiés
50:59 de la gauche académique, universitaire,
51:01 intersectionnelle, postgenrée,
51:03 diversitaire, ce milieu,
51:05 globalement, l'homme ordinaire
51:07 ou la femme ordinaire qui se dit de gauche,
51:09 c'est généralement que les riches
51:11 doivent payer davantage,
51:13 il faut répartir les richesses,
51:15 il faut faire une compartition plus équitable
51:17 de la richesse, de la prospérité.
51:19 Donc, être de gauche,
51:21 c'est être contre les patrons,
51:23 c'est être contre les puissants,
51:25 c'est être contre les très riches
51:27 avec cette idée que les petits
51:29 se font exploiter par les gros.
51:31 Globalement, l'affect de gauche,
51:33 la sensibilité, la culture...
51:35 Les intuitions, pour en prendre
51:37 la formule de Charlotte de Gauche,
51:39 ce sont celles-là.
51:41 Les gens de gauche, il y a une forme
51:43 de gauche qui est construite institutionnellement,
51:45 la gauche médiatique et la gauche
51:47 du commun des mortels, donc le commun des mortels
51:49 qui, en plus, par ailleurs, subit
51:51 l'immigration massive dans ses différentes dimensions.
51:53 Parce que là, il y a une dimension sociologique,
51:55 ici. Si vous êtes dans
51:57 les grandes métropoles, dans ce progressisme
51:59 urbain, ce progressisme métropolitain,
52:01 ce progressisme bon chics,
52:03 bon genre, qui a identifié
52:05 pendant un temps la gauche, leur gauche,
52:07 leur progressisme, c'était l'ouverture des frontières,
52:09 l'abolition...
52:11 Enfin, je dirais, c'est l'ouverture des frontières
52:13 à la fois pour les biens,
52:15 les personnes, c'était la logique des droits
52:17 qui se substituaient aux politiques.
52:19 Et dans cela, c'était la ville qui se substituait
52:21 à la nation, la métropole qui se substituait à la patrie.
52:23 On avait besoin d'un personnel pour faire
52:25 le travail. C'était le traitement d'une partie
52:27 de l'immigration comme les nouveaux domestiques
52:29 de la bourgeoisie mondialisée.
52:31 Il faut quand même le rappeler. Ces gens qui ont grand cœur
52:33 ont surtout quelquefois soucis monétaires inavoués.
52:35 Quoi qu'il en soit, il y a ça.
52:37 Et il y a le commun des mortels qui le subissait,
52:39 qui était obligé quelquefois de quitter la ville,
52:41 quitter la... s'éloigner toujours plus...
52:43 s'éloigner, dire "je suis toujours plus loin en banlieue"
52:45 pour avoir accès à la propriété.
52:47 Ces gens qui continuent de se dire de gauche
52:49 et lorsqu'ils viennent à Paris, quelquefois, ils sont inquiets.
52:51 Et pas seulement à Paris, ils sont inquiets
52:53 parce qu'ils font l'expérience du lien indéniable
52:55 qui n'épuise pas la réalité, mais entre délinquance
52:57 et immigration. On sait que l'une n'épuise pas l'autre,
52:59 mais il y a un lien, ils en font l'expérience.
53:01 Ça devient compliqué. Donc ça existe.
53:03 Ça existe tout simplement.
53:05 Et le réel reprend ses droits de temps en temps.
53:07 Mais qu'est-ce qui se passe, cela dit,
53:09 c'est que regardez ce que veut dire...
53:11 Je reviens sur ce que veut dire être de gauche aujourd'hui.
53:13 Imaginez quelqu'un qui, globalement, dit
53:15 il faut taxer les riches à 90%.
53:17 Ce quelqu'un est très ardent dans son militantisme syndical.
53:19 Ce quelqu'un pense que...
53:21 Il est très écologiste aussi, notre quelqu'un en question.
53:23 Ce quelqu'un...
53:25 Et là, faites la liste, il y a tous les traits
53:27 de l'homme de gauche.
53:29 Mais notre quelqu'un,
53:31 il pense que l'immigration, il y en a vraiment beaucoup trop.
53:33 Il faut peut-être même fermer les frontières.
53:35 Et le quelqu'un sera déporté symboliquement
53:37 à l'extrême droite.
53:39 Il a beau avoir tous les traits de l'homme de gauche,
53:41 si sur l'immigration, il ne dit pas bravo, encore plus,
53:43 s'il vous plaît, il en manque, il n'en a pas assez,
53:45 le monde ne s'est pas encore assez transformé,
53:47 eh bien, on dira, vous êtes d'extrême droite.
53:49 Donc tous les marqueurs idéologiques
53:51 qui servaient à définir la gauche traditionnellement
53:53 sont bannis désormais.
53:55 Le seul qui compte, en dernière instance,
53:57 c'est le rapport à l'immigration massive.
53:59 Alors vous me direz, qu'est-ce que ça veut dire
54:01 tout ça politiquement? Mais regardez un peu
54:03 ce qui se passe avec Fabien Roussel ces jours-ci.
54:05 C'est intéressant, Fabien Roussel met en scène
54:07 de plus en plus son désaccord
54:09 avec Jean-Luc Mélenchon.
54:11 Il avait joué la présidentielle
54:13 sur le mode communisme béret-baguette.
54:15 Il avait joué sur le... qu'est-ce que c'est le communisme?
54:17 On s'en souvient, c'était presque un champ de guerre.
54:19 Une bonne viande, un bon fromage, un bon vin.
54:21 - Un bon gastronomie.
54:23 - On était à la veille de croire que le communisme,
54:25 c'était d'abord un plaisir de table.
54:27 On ne l'a quand même pas pensé.
54:29 La blague en Union soviétique, qu'est-ce que c'est un sandwich?
54:31 C'était un ticket de jambon entre deux tickets de pain.
54:33 Mais quoi qu'il en soit,
54:35 c'est une forme de communisme béret-baguette.
54:37 Et il y a le souci de l'autorité.
54:39 Par rapport aux violences dans la rue,
54:41 quelquefois, il dit "moi je dénonce pas
54:43 des violences policières".
54:45 Fabien Roussel qui construit ce programme-là
54:47 et de l'autre côté, la France insoumise
54:49 qui est dans son carnaval. Ce qui est intéressant,
54:51 c'est que le dernier élément de rupture
54:53 pour que Fabien Roussel construise
54:55 son identité de gauche républicaine
54:57 classique presque conservatrice,
54:59 c'était d'embrasser la question de l'immigration.
55:01 C'est ce qu'il a fait ces jours-ci,
55:03 en disant que nos frontières étaient
55:05 désormais traitées comme des passoires.
55:07 Et là, on lui reproche des frontières passoires
55:09 de manière à dire finalement
55:11 "vous êtes vous aussi désormais un homme de droite,
55:13 presque d'extrême droite". La question identitaire
55:15 clive les gauches.
55:17 - Alors une gauche contre l'immigration massive,
55:19 est-ce que c'est imaginable?
55:21 - Je vous dirais qu'il y en a une qui, à mon avis,
55:23 autour de 88 députés à l'Assemblée nationale.
55:25 On appelle ça une rassemblement nationale,
55:27 mais il y a un mauvais esprit. C'est-à-dire,
55:29 oublions qu'il a été établi que ce parti
55:31 était à jamais d'extrême droite.
55:33 Et regardons simplement son programme,
55:35 regardons son électorat,
55:37 regardons sa sensibilité, regardons sa sociologie.
55:39 C'est globalement un parti de gauche
55:41 classique, mais avec
55:43 un programme identitaire que l'on peut dire
55:45 fort. Bon, eh bien ça,
55:47 qu'est-ce que c'est? On pourrait dire traditionnellement
55:49 que c'était d'ailleurs l'espace presque du Parti communiste,
55:51 que le Parti communiste veut peut-être gagner aujourd'hui.
55:53 Si je laisse de côté le mauvais esprit,
55:55 regardez ce qui se passe simplement
55:57 au Danemark aujourd'hui. Au Danemark, on s'est dit
55:59 qu'on ne peut pas conserver tout à la fois
56:01 l'immigration massive et l'État-providence.
56:03 Si vous voulez l'État-providence, vous ne pouvez
56:05 plus avoir l'immigration massive. Si vous voulez
56:07 l'immigration massive, vous n'aurez plus d'État-providence.
56:09 Pourquoi? Parce qu'une société trop morcelée,
56:11 trop disloquée, trop hétérogénéisée
56:13 culturellement, est une société qui ne génère
56:15 plus assez de confiance entre
56:17 les citoyens, entre les individus,
56:19 assez de confiance en ce qui compose la
56:21 nation pour vouloir partager.
56:23 Si vous n'avez plus de société commune,
56:25 si vous n'avez plus de commun, c'est difficile
56:27 d'avoir du bien commun. Or, qu'est-ce qu'on voit
56:29 avec l'immigration massive aujourd'hui?
56:31 C'est la fracture, la possibilité quelquefois
56:33 du commun, parce que nos sociétés ne sont plus
56:35 capables d'intégrer tellement le nombre,
56:37 le nombre et le nombre pèsent.
56:39 Conclusion de tout cela, quel sort pour ces électeurs
56:41 de gauche attachés à la question identitaire?
56:43 - Sans élus, presque.
56:45 - Sans élus ou avec des élus qu'ils ne désirent pas?
56:47 Ou alors des élus qui ne portent plus le nom de gauche?
56:49 Est-ce qu'ils le trouveront, Fabien Roussel?
56:51 - Exactement. Et là, c'est le problème.
56:53 C'est-à-dire qu'on a un système qui sert à nommer
56:55 les acteurs politiques qui est complètement désuet.
56:57 Objectivement, ce qu'on a nommé historiquement
56:59 une sociologie de gauche, tout ça,
57:01 avec un attachement patriotique, je l'ai dit,
57:03 ça se retrouve un peu au RN. Je ne dis pas
57:05 que le RN est un parti de gauche, je ne sais pas l'idée.
57:07 Certains le disent, je ne le reprendrai pas.
57:09 Mais je dis simplement que cet électorat a trouvé
57:11 un véhicule politique, et pour l'instant,
57:13 on lui interdit son véhicule politique.
57:15 Ce n'est pas sans intérêt de le noter.
57:17 - Merci beaucoup à tous. Excellent suite de programme.
57:19 On vous retrouve tout de suite. La Minute Info,
57:21 Mathieu Dewez, avant l'heure des Pro 2, avec Pascal Praud.
57:23 - Salah Abdeslam affirme avoir voulu rejoindre la Syrie
57:28 après les attentats du 13 novembre 2015 à Paris.
57:31 Le seul membre encore en vie des commandos djihadistes
57:34 l'a affirmé aujourd'hui devant la cour d'assises de Bruxelles.
57:37 Il est jugé en Belgique avec 8 co-accusés
57:39 pour les attentats de mars 2016 à Bruxelles.
57:41 Salah Abdeslam a déjà été condamné en France
57:43 à la perpétuité incompressible pour son rôle
57:46 dans les attentats de novembre 2015 à Paris.
57:49 Un gendarme est mort aujourd'hui après un accident
57:51 de la route dans les Landes. L'accident s'est produit
57:53 peu avant 16h sur une route départementale
57:55 entre les communes de Sabres et Solferino.
57:57 Selon le journal Sud-Ouest, plusieurs véhicules
58:00 sont impliqués dans le sinistre, dont une voiture
58:02 de gendarmerie qui aurait percuté frontalement
58:05 un tracteur agricole, et un deuxième gendarme
58:07 se trouve actuellement entre la vie et la mort.
58:10 Au Royaume-Uni, des milliers de jeunes médecins
58:12 ont débuté une grève de 4 jours,
58:14 350 000 rendez-vous pourraient être reportés.
58:17 En pleine crise du coût de la vie, les internes
58:19 réclament de meilleurs salaires.
58:21 Alors que l'inflation a dépassé les 10% en février,
58:23 ils disent avoir perdu 26% de rémunération depuis 2008.
58:27 de 2008.
58:28 ♪ ♪ ♪

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