Face à l'Info du 17/04/2023

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Christine Kelly et ses chroniqueurs débattent de l'actualité dans #Facealinfo

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00:00:00 Bonsoir à tous, ravie de vous retrouver ce soir pour commencer la semaine.
00:00:04 Tout de suite, la Minute Info avec Mathieu Dewez et on revient.
00:00:07 Emmanuel Macron s'adressera aux Français dans une heure, une allocution que vous pourrez
00:00:14 bien sûr suivre en direct sur CNews.
00:00:16 Le chef de l'État tentera ainsi d'apaiser les tensions et de relancer son second quinquennat
00:00:21 après la promulgation de la réforme des retraites.
00:00:23 Et pour les leaders de la gauche, il n'est pas question de tourner la page, ils n'attendent
00:00:27 rien de l'allocution du président.
00:00:29 Après le scandale des pizzas buitonnies contaminées, Nestlé s'engage à indemniser des dizaines
00:00:35 de victimes.
00:00:36 Un accord a été signé qui clôture ce volet civil de l'affaire.
00:00:38 Il y a plus d'un an, le groupe avait fermé les deux lignes de production de l'usine
00:00:42 de Caudry après des cas d'intoxication par la bactérie E. coli.
00:00:46 Deux enfants sont morts et des dizaines d'autres sont tombés grièvement malades après avoir
00:00:51 consommé des pizzas de la gamme Fresh Up.
00:00:53 Le décollage de la plus grande et la plus puissante fusée du monde est reporté.
00:00:57 Starship, c'est son nom, un mastodonte noir et argenté de 120 mètres de haut destiné
00:01:02 à des voyages vers la Lune et Mars.
00:01:03 La méga fusée de SpaceX devait pourtant décoller en début d'après-midi, mais elle a rencontré
00:01:08 un problème technique durant les dernières minutes de préparatif.
00:01:11 Le lancement ne pourra pas être retenté avant au moins 48 heures.
00:01:15 Alors que le président de la République doit s'exprimer, dans un instant, ne feront ce
00:01:21 soir l'état des lieux du pays une photographie sociale, économique, politique, institutionnelle,
00:01:26 alors que tout peut s'effondrer.
00:01:27 Justement, au sommaire ce soir, juste avant le discours d'Emmanuel Macron, dans quelle
00:01:32 situation sociale se trouve la France ? Les Français redoutent que le pays s'enlise
00:01:37 dans les violences.
00:01:38 Près de 90% de la population pense que la casse et les heurts vont se systématiser,
00:01:43 selon un sondage fiducial pour le Figaro.
00:01:46 Manifestations sauvages n'importe où, n'importe quand.
00:01:49 Population contre la police, perte de la valeur travail, insécurité grandissant.
00:01:53 Pourquoi sommes-nous dans le chaos social ? Quel est le rôle d'Emmanuel Macron dans
00:02:00 ce déclin social ? L'éditeur de Mathieu Boquecote.
00:02:03 Juste avant le discours d'Emmanuel Macron, dans quelle situation financière se trouve
00:02:08 la France ? Notre pays est le plus endetté au monde, pays le plus taxé au monde, pays
00:02:13 qui en pointent le plus au monde.
00:02:15 Quel est le rôle d'Emmanuel Macron dans ce déclin économique et financier de la France
00:02:19 ? L'analyse de Dimitri Pavlenko.
00:02:22 Juste avant le discours d'Emmanuel Macron, dans quelle situation institutionnelle et
00:02:26 politique se trouve la France ? Le Parlement n'est pas respecté.
00:02:30 Les élus ne sont pas respectés.
00:02:32 Les maires jettent l'éponge.
00:02:33 Le Conseil constitutionnel n'est pas respecté.
00:02:35 Le Conseil d'Etat prend des décisions à l'encontre des valeurs de la France.
00:02:39 Le défenseur des droits outrepasse la justice.
00:02:41 La police n'est pas respectée.
00:02:43 La justice n'est pas respectée.
00:02:44 Les membres du gouvernement sont pour la plupart inconnus.
00:02:47 Quel est le rôle d'Emmanuel Macron dans cette situation d'instabilité ?
00:02:52 Juste avant le discours d'Emmanuel Macron, quels sont les signes pré-révolutionnaires
00:03:01 qui caractérisent la France aujourd'hui ? Quels sont les parallèles entre la période
00:03:06 pré-révolutionnaire de 1789 et aujourd'hui ? En quoi le peuple s'affirme comme acteur
00:03:11 politique essentiel aujourd'hui comme lors des différentes périodes pré-révolutionnaires
00:03:17 ? Quel est le rôle d'Emmanuel Macron dans cette période qui laisse apparaître des
00:03:21 signes pré-révolutionnaires de la France ? Marc Menand raconte.
00:03:25 Juste avant le discours d'Emmanuel Macron, dans quelle situation se trouve le président
00:03:31 lui-même ? Décrédibilisé, délégitimé, mal élu, en rupture avec les Français.
00:03:37 70% de Français sont mécontents de ses actions.
00:03:40 Sa cote de popularité est en chute libre.
00:03:43 Comment peut-on renouer le chef de l'État avec le rôle du président dans sa propre
00:03:50 impopularité ? L'édito de Mathieu Beaucoup.
00:03:52 Une heure pour prendre un peu de hauteur sur cette soirée très spéciale.
00:03:57 Avec Néo Mousquetaire, on commente, on écrit, on analyse et c'est parti.
00:04:01 Alors comment allez-vous ce soir pour commencer cette semaine Charlotte ?
00:04:06 Très bien.
00:04:07 Mon Marc ? Eh bien pas de déclin.
00:04:20 Et vous avez de la voix.
00:04:24 Oui.
00:04:25 Oh là.
00:04:26 Sauf que Mathieu n'a pas ce soir.
00:04:27 Alors ça va pas trop ça ? Ça va, ça va.
00:04:28 Un peu à fond c'est tout.
00:04:29 Vous avez un peu trop crié ce week-end.
00:04:30 Vous avez manifesté peut-être.
00:04:31 Un journée de bonheur probablement.
00:04:34 Mon cher Dimitri ?
00:04:36 Eh bien moi ça va, ma voix va bien.
00:04:38 Pareil comme Marc.
00:04:39 Pas de déclin en vue.
00:04:40 Une longue stagnation éventuellement mais c'est déjà pas mal.
00:04:44 Je vous déteste tous.
00:04:45 Mathieu toujours avec sa belle cravate et de loin.
00:04:49 Oui Mathieu on vous soutient Dimitri.
00:04:51 Oui jolie cravate aussi, tous les trois.
00:04:54 Mathieu est mon maître en la matière.
00:04:56 Vous savez qu'il y a quand même en ce moment même 281 manifestations devant les mairies
00:05:02 pour le conseiller de casserole à 20h.
00:05:05 C'est pas l'actualité.
00:05:06 C'est aussi l'actualité de l'hallucution d'Emmanuel Macron.
00:05:10 On va parler de tout ça.
00:05:11 Il y a 36 000 communes justement.
00:05:12 Mais on va faire un petit point sur le terrain au fil de cette émission.
00:05:16 Le chef de l'État n'en doit s'exprimer mais question Mathieu Beaucouté où en sommes-nous ?
00:05:20 Où est la France ? 48 heures après la promulgation de la loi sur les retraites.
00:05:25 K.O. Manifestations sauvages je disais.
00:05:27 N'importe où, n'importe quand.
00:05:29 Les syndicats plus unis que jamais.
00:05:31 Violence à répétition.
00:05:32 Perte de la valeur travail.
00:05:34 La France divisée peut-elle être réconciliée ?
00:05:37 Quel est le rôle du président de la République dans ce chaos ?
00:05:40 Je pense que pour dire à quel point la France, le devoir de réconciliation est là,
00:05:44 il faut noter d'abord à quel point la fracture est profonde.
00:05:47 Et si la fracture est profonde, c'est aussi parce qu'il y a une crise institutionnelle profonde.
00:05:52 Le propre d'une crise historique, c'est de faire remonter à la surface tous les problèmes
00:05:57 qui traversent un pays.
00:05:58 Mais là, le point d'origine de cette crise pour Emmanuel Macron,
00:06:02 et quoi qu'il en dise, et quoi qu'en disent ses partisans,
00:06:05 c'est qu'il a été tout simplement mal élu.
00:06:07 Il a été mal élu pourquoi et comment ?
00:06:09 Parce qu'il est le résultat d'un système politique, d'un système électoral
00:06:14 qui n'est plus capable de produire autre chose qu'une légitimité négative.
00:06:19 Une légitimité négative, c'est-à-dire ne votez pas pour moi,
00:06:22 ne votez pas pour mon programme, ne votez pas pour mes idées,
00:06:25 votez simplement pour moi parce que je ne suis pas le monstre que vous avez de l'autre côté.
00:06:29 Et en politique, si vous n'avez pas le choix entre deux projets, entre deux visions,
00:06:34 mais entre d'un côté le juste, le bien et le vrai,
00:06:37 et de l'autre côté le mal, l'extrême, l'antirépublicain et l'infréquentable,
00:06:41 vous tuez le jeu démocratique, vous tuez la possibilité,
00:06:45 non seulement d'avoir un choix pour les électeurs,
00:06:47 mais vous dévaluez votre propre mandat.
00:06:50 Et c'est ce qui est arrivé à Emmanuel Macron, qui en était un tant conscient.
00:06:54 On se rappellera, Emmanuel Macron, au moment de son élection,
00:06:57 il a dit « je sais que ceux qui ont voté pour moi n'ont pas voté pour ce que je représente,
00:07:01 mais contre la candidate d'en face ».
00:07:05 Mais il l'avait oublié. Il l'avait oublié pourquoi ?
00:07:08 Probablement parce qu'il n'a pas de troisième mandat à l'horizon,
00:07:11 parce qu'il se croit, et là on est dans cette impression,
00:07:15 qu'il veut aller jusqu'au bout d'une aventure personnelle.
00:07:18 Une aventure personnelle qui correspond à sa vision de la France, sa vision de l'Europe,
00:07:22 et comme d'une certaine manière il disait « il faut à tout prix aligner la France sur les codes de la modernisation européenne ».
00:07:29 Au terme de mon deuxième quinquennat, se dit-il, la France aura finalement pris le pas de l'Europe,
00:07:36 et pour cela je suis celui qui aurait été capable de la réformer, de la moderniser véritablement.
00:07:43 Une chose qui m'a beaucoup frappé ces derniers temps,
00:07:45 et on en parlait et on utilisait cette formule-là aussi sur le plateau,
00:07:48 on parlait de la chirurgisation possible d'Emmanuel Macron
00:07:51 s'il ne réussissait pas à imposer sa réforme.
00:07:54 Mais réfléchissons à cette formule qui est assez intéressante.
00:07:57 Quand on parle de chirurgisation, on fait référence évidemment à Jacques Chirac,
00:08:00 qui n'a pas été un grand président je crois,
00:08:02 nonobstant son rôle en 2003 qui a fait en sorte que la France n'ait pas basculé dans la guerre impériale américaine,
00:08:11 il n'en demeure pas moins que ça n'a pas été un grand président.
00:08:13 Mais il avait une vertu qui a peut-être manqué à ses successeurs,
00:08:16 c'est que Jacques Chirac connaissait le pays dans ses profondeurs,
00:08:20 il connaissait la psychologie politique des Français,
00:08:22 il savait que la France n'est pas un pays, on pourrait dire une social-démocratie réformiste sur le mode scandinave.
00:08:29 La France est un vieux pays conservateur qui de temps en temps se permet de donner un grand coup en avant,
00:08:34 se permet de donner une espèce de grand geste de volonté politique,
00:08:37 mais sinon toujours excité, agressé, les Français à coup de réforme que l'on juge chaque fois indispensable,
00:08:44 mais qui dans les faits déstabilise simplement la population.
00:08:47 Peut-être, peut-être que finalement un homme comme Chirac avait compris
00:08:50 que la France ne se gouverne pas à coup de réformes impulsives, de réformes à répétition.
00:08:55 Je ne fais pas l'éloge de Jacques Chirac ici,
00:08:58 je dis que manifestement le réformisme technocratique d'Emmanuel Macron avait ses limites.
00:09:03 Autre chose, il engage le projet sur les retraites et tout de suite,
00:09:07 tout de suite on comprend que la population n'y est pas favorable.
00:09:10 L'opposition est d'abord dans les sondages, elle est ensuite chez les syndicats,
00:09:14 elle est ensuite dans la rue, elle ira même jusqu'au Parlement.
00:09:18 Tout l'enjeu du 49-3 dont on a tant parlé ces dernières semaines,
00:09:21 c'est parce que c'était un aveu de la part du pouvoir,
00:09:24 que même au Parlement, il ne réussirait pas à avoir sa majorité.
00:09:28 Donc c'est un pouvoir qui en utilisant le 49-3, croyait faire un geste d'autorité,
00:09:32 cette réforme est tellement nécessaire qu'on l'impose malgré tout,
00:09:35 mais qui dans les faits dit, avouait à tous qu'il se savait minoritaire dans le pays,
00:09:40 qu'il se savait minoritaire, donc il s'était fait élire, je le redis,
00:09:43 sur un mandat négatif, il n'avait pas été capable d'obtenir sa majorité
00:09:47 aux élections législatives, et finalement quand vient le temps de faire une réforme
00:09:51 que le pays a jugée importante, même si d'autres disent que c'est une réforme mineure,
00:09:55 on en est plus dans, mais le pays a jugé que c'est une réforme importante,
00:09:59 et pour l'imposer, qu'est-ce qu'on fait? On se contente finalement
00:10:02 d'une espèce de tour de passe constitutionnel qui montre à quel point
00:10:06 la légalité et la légitimité étaient dissociées.
00:10:09 Pour une partie de la population, c'était la réforme de trop.
00:10:12 Il ne faut pas sous-estimer à quel point une partie importante de la population
00:10:15 entend le mot réforme et a soudainement un haut le coeur.
00:10:18 Le mot réforme, c'est vu comme une réforme de plus qui va nous enlever quelque chose,
00:10:23 une réforme de plus qui va nous détruire si on veut plus,
00:10:26 une réforme de plus qui va transférer un pouvoir à Bruxelles,
00:10:29 une réforme de plus pour donner du pouvoir aux technocrates,
00:10:31 une réforme de plus qui va gâcher l'art de vie à la française.
00:10:34 Et le mot réforme depuis 30 ans est un mot qui a été connoté très négativement
00:10:38 dans la classe politique française, dans la population française.
00:10:42 Mais ceux qui s'enorgueillissent d'être des grands réformistes
00:10:45 sont souvent des gens qui finalement ne comprennent pas la psychologie
00:10:47 de leur propre peuple. On le sait, le 49.3 a ouvert une nouvelle séquence,
00:10:51 celle de l'ultra-gauche. Et là, c'était la chance de l'exécutif.
00:10:55 On pouvait changer les termes du débat parce que l'ultra-gauche apparaît
00:10:59 dans le paysage, cherche à tout casser, cherche à tout briser,
00:11:01 cherche à faire une forme d'une situation insurrectionnelle.
00:11:04 Le pouvoir peut se dire parfait, on vient de changer le débat.
00:11:07 Mais les Français ne se sont pas laissés bluffer globalement.
00:11:10 Ils ont été capables de dissocier ce que le pouvoir voulait rassembler.
00:11:13 Les Français ont dit « Ah, mais on est absolument en désaccord
00:11:16 avec les violences de l'ultra-gauche. » Les black blocs, les encagoulés,
00:11:20 les cheveux bleus haineux, ces gens-là, c'est une chose.
00:11:23 Et de l'autre côté, on continue de s'opposer à la réforme.
00:11:26 Vous me direz peut-être, la mobilisation était moins vive.
00:11:29 C'est vrai. Mais l'opposition, pour peu qu'on prenne au sérieux
00:11:32 les sondages, l'opposition demeurait très nette.
00:11:35 Alors là, une dissociation des deux débats.
00:11:38 Finalement, l'exécutif est capable de reprendre la main pour 10 jours
00:11:41 en désignant les black blocs, en désignant la France insoumise,
00:11:44 en désignant Jean-Luc Mélenchon. Mais le résultat, au final,
00:11:47 c'est tout simplement un pays plus divisé que jamais,
00:11:50 où Emmanuel Macron doit multiplier les interventions,
00:11:53 doit faire une nouvelle intervention sur le mode
00:11:56 « Je vous ai compris, je vous comprends »,
00:11:59 mais combien peut-il lancer le message sur le mode « Je vous comprends »
00:12:02 avant de finalement voir que sa logique,
00:12:05 le regard des Français, dit « Vous ne m'avez pas compris,
00:12:08 et je vais encore une fois vous expliquer ».
00:12:11 Point de passage, le Conseil constitutionnel, ce n'était pas un détail,
00:12:14 mais quand on était rendu au Conseil constitutionnel, disons-le,
00:12:17 c'était un moment strictement politique. Ce n'était plus un moment juridique.
00:12:20 Celui qui allait l'emporter allait dire qu'il avait le droit avec lui.
00:12:23 Mais dans les faits, quand on était rendu au Conseil constitutionnel,
00:12:26 le résultat de cette crise, c'était tout simplement un pays
00:12:29 qui rejette une partie de ses institutions,
00:12:32 avec le contexte que vous avez évoqué, qui ne me semble pas négligeable,
00:12:35 un pays tendu, un pays qui flirte avec le chaos,
00:12:38 un pays où il y a toujours la possibilité que ça dégénère,
00:12:41 un pays où on s'habitue à la violence, et la violence qui prend plusieurs visages,
00:12:44 celle de l'ultra-gauche, celle de l'insécurité ordinaire,
00:12:47 et à quoi pourra-t-elle ressembler demain.
00:12:50 Donc vous voyez le paysage qui n'est pas enthousiasmant.
00:12:53 - Alors, situation de chaos social, on a beaucoup parlé du rapport trouble
00:12:56 aussi des Français au travail. Est-ce finalement un des faits sociaux
00:12:59 les plus importants révélés par cette crise?
00:13:02 - Je crois, je crois à ça. Alors, on a...
00:13:05 Là, je me mets dans la catégorie, les gens qui ont la chance
00:13:08 de gagner leur vie avec un travail qui les enthousiasme,
00:13:11 puis ils sont toujours très heureux quand on leur annonce qu'ils vont bosser le week-end,
00:13:14 puis vous allez bosser les jours fériés, formidable! J'ai la chance
00:13:17 de bosser cette journée-là aussi. Cette catégorie sociale a tendance
00:13:20 à présenter justement le travail comme une chance, une joie,
00:13:23 un bonheur, une liberté, c'est formidable, et ce l'est,
00:13:26 soit dit en passant, bien souvent. Mais l'erreur qui a été faite
00:13:29 par cette catégorie sociale à laquelle appartient non seulement
00:13:32 le président de la République, mais une partie importante de la Macronie,
00:13:35 c'est de croire que l'ensemble de la population voit son travail
00:13:38 de la même manière et se lève chaque matin en disant "formidable,
00:13:41 je vais aller relever d'exceptionnels défis". Non.
00:13:44 La France n'est pas "start-up nation", la France n'est pas un pays
00:13:47 dans cette psychologie-là pour plusieurs, pour plusieurs, et pour une majorité.
00:13:50 Pour la fameuse France périphérique, dont nous parle Christophe Guilhuis,
00:13:53 pour la France archipélisée, dont nous parle Jérôme Fourquet,
00:13:56 le travail est aussi, et peut-être quelques fois d'abord,
00:13:59 une alienation. C'est une corvée, c'est une tâche, on peut aimer ça
00:14:02 de temps en temps, mais c'est pas le moment de grand enthousiasme
00:14:05 qui permet de s'émanciper. De ce point de vue, vous noterez
00:14:08 que la France insoumise a trouvé quand même un slogan assez efficace
00:14:11 dans sa dénonciation de la réforme pour capter l'humeur des Français
00:14:14 quand on disait "on vous condamne presque à deux ans de bangue de plus".
00:14:17 On utilisait le vocabulaire carcéral, le vocabulaire pénitentiaire
00:14:20 ou le vocabulaire finalement de la prison pour dire aux Français
00:14:23 "vous prenez pour deux ans de plus à bosser".
00:14:26 Alors là, ça frappe comme imaginaire, parce qu'encore une fois,
00:14:29 ça nous montre à quel point il y a une dissociation entre la macronie,
00:14:32 qui est, comme j'aime dire, une classe sociale constituée
00:14:35 en partie politique, et une bonne partie de la population
00:14:38 qui, elle, ne vit pas sur le mode de l'enthousiasme,
00:14:41 l'idée de travailler juste sous les yeux de la tombe.
00:14:44 - Et pourquoi, Mathieu Bocoté, la prise de parole ce soir
00:14:47 est-elle importante dans cette situation de chaos social?
00:14:50 - Pour une raison toute simple. Il ne s'agit pas de savoir
00:14:53 si Emmanuel Macron sera cru ou sera convaincant.
00:14:56 La question est de savoir s'il peut encore être cru.
00:14:59 Parce que partout en Occident, aujourd'hui, il y a une délégitimation
00:15:02 de la parole politique. Présentez-moi des gens qui disent
00:15:05 "quand les politiques parlent, je les crois".
00:15:08 Ça n'existe plus. Le langage politique a été réduit
00:15:11 à la communication, qui n'est qu'une version médiocre
00:15:14 de la propagande. Donc, le langage politique
00:15:17 ne formule plus des visions du monde, ne permet plus
00:15:20 de nommer les passions, ne permet plus de formuler des projets.
00:15:23 La communication politique est une méthode pour gérer,
00:15:26 pour neutraliser une population que l'on souhaite
00:15:29 la plus docile possible. Alors, est-ce qu'Emmanuel Macron
00:15:32 peut sortir de cette logique, être capable de tendre la main?
00:15:35 Qu'est-ce que ça voudrait dire, tendre la main?
00:15:38 Ça voudrait dire une chose, sacrifier quelque chose d'important pour lui.
00:15:41 Autrement dit, dire "ça j'y tenais et je le sacrifie parce que..."
00:15:44 On ne sait même pas si ça fonctionnerait.
00:15:47 Mais c'est la condition pour qu'on prenne au sérieux sa parole.
00:15:50 Sinon, c'est encore une fois l'exercice du pédagogue déçu du mauvais élève
00:15:53 qui ne l'a pas encore compris. Et quand le pédagogue
00:15:56 sermonne les élèves en disant "ce que vous êtes bête, si vous m'écoutiez mieux,
00:15:59 vous comprendriez mieux", le pédagogue n'est pas nécessairement plus
00:16:02 convaincant. Donc, l'enjeu pour lui, c'est de restaurer la possibilité
00:16:05 d'une parole entendue, de restaurer une parole que l'on peut entendre.
00:16:08 Sinon, on bascule davantage dans cette idée que la parole politique,
00:16:11 c'est du bruit. C'est du bruit tout simplement.
00:16:14 Et le commun des mortels dit "parlez, parlez, parlez, vous ne m'intéressez plus".
00:16:17 - Alors, dans un instant, justement, nous irons après Dimitri à l'Élysée,
00:16:20 rejoindre Élodie Huchard, notre envoyée spéciale sur place,
00:16:23 pour justement savoir un peu que pourrait dire Emmanuel Macron,
00:16:26 comment pourrait-il renouer. C'est une question que je vous poserai aussi
00:16:29 dans un instant. Dimitri, on a vu la France disloquer.
00:16:32 On va poursuivre notre état des lieux en France avec vous.
00:16:35 On va parler des finances publiques, on va parler de la photographie,
00:16:38 de la cartographie économique. Les finances, elles sont, on le sait,
00:16:42 dans un état très dégradé. La France figure à la fois dans la catégorie
00:16:47 des pays les plus fiscalisés, c'est un des pays les plus endettés.
00:16:52 Quelle est la part, Dimitri, d'Emmanuel Macron dans ce déclin
00:16:56 économique et financier de la France ?
00:16:58 Oui, oui. Alors, pas tout, évidemment. Vous savez que la France va bientôt
00:17:02 fêter son jubilé du déficit public, puisque la première fois,
00:17:06 en 1975, depuis 1975, la France vit au-dessus de ses moyens.
00:17:10 Mais c'est vrai que c'est sous la présidence d'Emmanuel Macron
00:17:12 que la dette publique aura fait son bond le plus important depuis l'après-guerre.
00:17:16 Je mets à part les périodes de guerre qui sont des périodes où, évidemment,
00:17:18 l'endettement est maximum. Mais regardez sur le graphique,
00:17:21 vous allez le voir, vous avez la Bosse 2009-2010, classique.
00:17:25 Évidemment, c'est la conséquence de la crise financière.
00:17:29 Ensuite, vous avez cette espèce de long faux plat.
00:17:33 2017, arrivée d'Emmanuel Macron, c'est la courbe rouge.
00:17:36 Ça baisse un chouïa. Et puis 2020, vous avez compris,
00:17:39 le quoi qu'il en coûte, là, c'est une espèce de falaise
00:17:42 de dépenses publiques qui vient s'ajouter à notre dette,
00:17:46 qui culmine aujourd'hui, qui frise les 3 000 milliards d'euros.
00:17:50 On n'y est pas officiellement. Bon, mets ta vie que depuis le mois dernier,
00:17:54 on était à 2 950, etc. On ne doit plus être très loin
00:17:58 de ce seuil symbolique des 3 000 milliards.
00:18:01 Mais re-regardez, 1 500 milliards, je ne sais plus exactement quand c'est,
00:18:06 mais on franchit le cap des 1 500 milliards de dettes aux alentours de 2010.
00:18:13 Donc, on a quasiment doublé cette masse de dette publique
00:18:17 en l'espace de 12-13 ans. Ça va très vite.
00:18:21 Alors, où est-ce qu'on en est ? Les fameux critères de Maastricht.
00:18:25 Vous savez, c'est ces critères qui imposent normalement aux États membres
00:18:29 de la zone euro pas plus de 3 % de déficit primaire par an.
00:18:33 Déficit primaire, c'est-à-dire ce que vous gagnez moins ce que vous dépensez.
00:18:37 Et on met à part la charge de la dette, 3 % maximum, 60 % de dette maximum
00:18:42 par rapport aux PIB. Bon, ça, ça fait depuis trois ans, on ne regarde plus trop.
00:18:46 Le pacte de stabilité est suspendu. Et d'ailleurs, il se réactive normalement
00:18:50 au 1er janvier 2024. Donc, vous voyez, on va reparler de ces sujets
00:18:54 de dette publique très fort dans ces eaux-là.
00:18:57 La dépense publique, maintenant. Alors, la dépense publique, c'est ce qu'on dépense
00:19:00 en un an en France. Alors, elle est passée en 20 ans. Il y a 20 ans,
00:19:04 c'était 800 milliards dans l'année. Aujourd'hui, c'est 1 500 milliards.
00:19:07 Ces chiffres ne valent pas grand-chose en soi. On dirait, oh là là,
00:19:10 on a doublé notre dépense. Oui, mais notre PIB a cru en proportion.
00:19:13 Enfin, pas tout à fait, parce que la dépense publique,
00:19:16 quand c'était 800 milliards en 2002, c'était 51,7 % du PIB,
00:19:20 de la richesse nationale. Énorme. Aujourd'hui, c'est 58 %.
00:19:24 C'est-à-dire qu'on a dépensé encore plus que par le passé,
00:19:28 alors que nos recettes, en revanche, en proportion de la richesse nationale
00:19:31 créée chaque année, ont stagné. Donc, ne cherchez pas plus loin
00:19:36 le creusement de notre dette et de nos déficits qui se cumulent chaque année.
00:19:40 Alors, j'adore ce chiffre. Agnès Verdier-Mollinier, qui donne beaucoup
00:19:43 trop de chiffres quand elle parle, mais elle les maîtrise tellement mieux que moi,
00:19:46 elle a calculé que l'an dernier, le gouvernement a annoncé en moyenne
00:19:50 chaque semaine 1 600 000 000 d'euros de dépenses publiques nouvelles
00:19:54 qui n'étaient pas prévues dans le budget 2022, en plus de ce qu'on avait budgété,
00:19:59 ce qui nous fait un total à la fin de l'année de 82 milliards
00:20:02 de dépenses supplémentaires qui n'étaient pas prévues.
00:20:04 Évidemment, c'est l'année de l'inflation, donc les boucliers tarifaires,
00:20:07 les chèques carburants, etc. Mais vous vous rendez compte,
00:20:10 1,6 milliard en plus du budget que vous vous êtes fait.
00:20:13 Imaginez que vous, dans votre vie, vous avez votre budget,
00:20:15 vous vivez avec vos 1 500, 2 000 euros par mois, et puis vous dites
00:20:18 "Oh, allez, je vais rajouter 150 euros de dépenses par semaine en plus",
00:20:21 comme ça, chaque semaine pendant un an. C'est pas tenable.
00:20:23 Évidemment, c'est un État, ça n'est pas un ménage,
00:20:25 donc ça ne fonctionne pas tout à fait de la même manière.
00:20:27 Mais Dimitri, on aimerait comprendre où va l'argent ?
00:20:30 C'est ce qu'on ne comprend pas, c'est ce que les Français ne comprennent pas.
00:20:33 Mais où va l'argent ? C'est ça, c'est la question qui effare les Français.
00:20:36 Les dépenses d'investissement, un peu, les dépenses de fonctionnement,
00:20:39 beaucoup, et même de plus en plus.
00:20:41 Quand on fait des augmentations salariales aux fonctionnaires,
00:20:43 c'est de la dépense de fonctionnement, c'est du pouvoir d'achat pour les fonctionnaires,
00:20:47 mais c'est de la dépense publique supplémentaire.
00:20:49 Et puis surtout, les revenus de transfert.
00:20:51 Les revenus de transfert, c'est la redistribution,
00:20:53 c'est-à-dire, ce sont les prestations sociales, mais aussi les retraites.
00:20:57 Sur nos 1 500 milliards par an de l'année dernière,
00:21:00 vous en avez 8 à 900 milliards qui correspondent à ces dépenses de transfert.
00:21:04 C'est le modèle social français.
00:21:06 Alors, ce chiffre aussi, que je trouve intéressant,
00:21:09 le modèle social français, c'est 5 % du total mondial des dépenses sociales.
00:21:13 La France, c'est 0,8 % de la population mondiale.
00:21:17 Vous voyez, donc nous ne sommes pas à plaindre à tous ceux qui disent
00:21:19 que la France est un enfer ultra-libéral.
00:21:21 Du calme, les mecs. Franchement.
00:21:24 Il y a Mathieu qui a failli tomber dans les pommes. Heureusement qu'il n'a plus de voix.
00:21:27 Mais politiquement, regardez, c'est très intéressant.
00:21:29 Aujourd'hui, l'État fonde moins sa légitimité sur l'exercice de ses fonctions régaliennes,
00:21:35 on voit qu'il est en grande difficulté sur ce terrain-là.
00:21:38 Donc, la légitimité de l'État, elle est moins sur ce terrain-là que sur l'assistance sociale.
00:21:42 L'État nounou, comme on dit.
00:21:44 Et d'ailleurs, très intéressant, Olivier Véran, parmi les pistes qui sont dans l'air
00:21:48 depuis une semaine, 15 jours, où on demande au ministre
00:21:51 "mais qu'est-ce qu'il faudrait faire pour relancer le quinquennat ?"
00:21:54 Olivier Véran, qui est un peu grandiloquent dans l'expression,
00:21:57 considère que la mer des réformes, ce serait le versement à la source des prestations sociales.
00:22:04 Tiens, tiens, c'est intéressant ça.
00:22:06 Versement à la source des prestations sociales, c'est-à-dire que vous n'avez rien à faire,
00:22:08 rien à déclarer, pas un papier à envoyer de justification,
00:22:12 on vous envoie ça directement sur votre compte bancaire.
00:22:15 Alors, petite parenthèse politique.
00:22:17 Ce que les pouvoirs publics ont du mal à comprendre, c'est qu'en réalité,
00:22:20 le bénéfice politique de cette redistribution massive d'argent public, il est relativement faible.
00:22:25 Regardez, si vraiment, à chaque fois que vous donniez plus aux Français,
00:22:28 vous faisiez de plus en plus confiance, ça se saurait.
00:22:30 Et cet argent, en plus, a des effets pervers, parce que ça dévalue le travail.
00:22:35 Ça nourrit la critique de l'assistanat.
00:22:37 Celui qui est juste au-dessus de la tranche pour toucher telle et telle aide publique,
00:22:40 et qui voit que son voisin gagne autant que lui sans rien faire,
00:22:42 l'assistanat, ça devient quelque chose d'insupportable.
00:22:45 Ça stimule aussi le sentiment d'appauvrissement et de dépendance à la puissance publique.
00:22:50 Regardez les agriculteurs, ils ne sont pas heureux de vivre de l'argent de la PAC, par exemple.
00:22:53 Et ça affaiblit aussi le consentement à l'impôt.
00:22:57 Regardez ce baromètre publié l'an dernier par le Conseil des prélèvements obligatoires,
00:23:00 qui est un organe de la Cour des comptes, et qui nous apprenait la chose suivante.
00:23:04 Ça n'est pas surprenant, 3 Français sur 4 estiment que le niveau des impôts en France est trop élevé.
00:23:09 3 sur 4. Et dans ces gens-là, vous avez beaucoup de gens qui ne payent pas l'impôt sur le revenu, je le précise.
00:23:14 Et vous avez 2 Français sur 3 qui sont insatisfaits de l'utilisation de l'argent public.
00:23:19 D'ailleurs, pourquoi les gens qui ne payent pas d'impôt sont insatisfaits de l'impôt ?
00:23:22 Parce que le service public est pourri, tout simplement.
00:23:24 C'est ça aussi. Et alors, très intéressant, sur le consentement, je viens après sur les services publics.
00:23:29 Bercy va lancer dans les prochains jours une campagne de communication qui s'appelle "En avoir pour mes impôts".
00:23:34 Ça, c'est intéressant. Et l'expression, tenez-vous bien, viendrait en fait des syndicats du Trésor public,
00:23:40 dont un agent, rappelez-vous, a été assassiné au mois de novembre dans le nord de la France,
00:23:43 lors justement précisément d'un contrôle fiscal.
00:23:46 Alors justement, Dimitri, la France le dispute au Danemark pour la pression fiscale la plus élevée au monde.
00:23:52 Est-ce qu'on en a pour nos impôts, justement ?
00:23:55 Elle est bien la formule. Le taux de prélèvement obligatoire en France aujourd'hui, c'est 45,3 % du PIB.
00:24:02 C'est-à-dire, vous voyez, la richesse nationale, l'État en prend 45,3 %.
00:24:07 En impôts, nous avons payé collectivement, les entreprises, les ménages, 1195 milliards d'euros l'année dernière.
00:24:13 C'est pas mal, hein ? Belle somme, belle cuvée fiscale, si je puis dire.
00:24:17 88 milliards de plus que 2021. Bon, évidemment, l'inflation y est pour beaucoup.
00:24:21 Et d'ailleurs, vous avez remarqué que dans la communication politique, Bercy a mis en avant
00:24:24 "Oui, mais regardez, vous payez mon impôt, l'Ardevant Stelé, on l'a supprimé, la taxe d'habitation, merci,
00:24:31 le barème de l'impôt sur le revenu, on l'a relevé pour que vous ne vous retrouviez pas taxé
00:24:37 si, par exemple, vous avez vos salaires à augmenter."
00:24:39 Oui, mais est-ce qu'on commente un peu moins le fait que la TVA, le rendement de la TVA,
00:24:43 9 % de plus l'année dernière, 9 % de TVA supplémentaire, c'est plus que l'inflation.
00:24:48 Et d'ailleurs, j'ai vu que Leclerc a publié son chiffre d'affaires aujourd'hui, plus 8,5 %,
00:24:52 eux aussi, ils sont au-dessus de l'inflation.
00:24:54 On se consolerait de payer autant d'impôts si, en contrepartie, nos services publics étaient irréprochables
00:24:59 et que la France n'avait pas de surcroît à aller s'endetter sur les marchés.
00:25:03 Or, dans un cas comme dans l'autre, ça n'est pas le cas.
00:25:05 Le rapport qualité-prix de notre dépense publique n'est donc pas bon.
00:25:09 Si vous collectez beaucoup d'impôts et que malgré tout, ça ne suffit pas,
00:25:12 c'est que vous n'êtes pas bon dans ce domaine-là.
00:25:14 Je vous ai déjà donné ces chiffres, je vous les redonne parce que moi,
00:25:17 ils me choquent toujours.
00:25:18 La santé, 300 milliards de dépenses par an, nous sommes 20e sur la mortalité périnatale.
00:25:24 La dépense d'éducation, 170 milliards dépensés dans l'éducation en 2021
00:25:29 et nous sommes 23e mondial sur la qualité de l'enseignement,
00:25:33 21e sur 27 dans l'Union européenne en termes d'adéquation entre la formation et le marché de l'emploi.
00:25:39 Le RSA, 15 milliards par an pour 2 millions de foyers,
00:25:42 40% des allocataires n'ont pas de contrat d'accompagnement.
00:25:49 C'est obligatoire normalement quand vous êtes au RSA pour vous remettre en selle vers l'emploi.
00:25:54 Et le RSA, c'est aussi 10% a priori estimé de versements frauduleux.
00:25:59 Je ne vous parle pas de l'efficacité de la police, de la justice, etc.
00:26:01 Donc impôts partout, services nulle part.
00:26:04 Vincent Trémolet de Villers ce matin sur Europe 1 du Figaro nous dit cette phrase,
00:26:08 "Méditez là, le mal français ce n'est pas l'absence de réforme,
00:26:12 non non, c'est que ce qui existe ne fonctionne pas."
00:26:16 Je vous le redis, le mal français ce n'est pas l'absence de réforme,
00:26:19 c'est que ce qui existe ne marche pas, ne fonctionne pas.
00:26:22 Et ça Emmanuel Macron, à force d'être constaté, n'a pas su le réparer.
00:26:26 Dimitri, pour terminer sur ce sujet, sur cet étranglement économique que vous venez de décrivez,
00:26:32 les taux auxquels la France emprunte sur les marchés financiers ont beaucoup remonté.
00:26:38 Est-ce que là aussi, il faut s'inquiéter ?
00:26:40 Oui, il y a plusieurs titres.
00:26:42 Paris empruntait à 0% jusqu'en novembre 2021.
00:26:45 Aujourd'hui, on est autour de 3%, ce qui fait que le service de la dette,
00:26:49 rien que les intérêts, comme sur votre crédit bancaire, vous séparez les intérêts du capital.
00:26:54 Les intérêts, ça coûte 35 milliards par an en 2020.
00:26:57 Ce sera 70 milliards en 2027.
00:27:00 C'est dommage parce que c'est de l'argent qui serait bien utile ailleurs, ces 70 milliards d'euros.
00:27:05 Donc ça devrait commander un effort important d'investissement.
00:27:08 Seulement, nous n'en avons pas la culture.
00:27:10 Malheureusement, dès que vous dites réduction d'économie, on vous parle de rigueur
00:27:14 et avec toute la part de régression que ça suppose.
00:27:17 On note que l'époque n'est pas non plus vraiment au courage politique.
00:27:20 Et puis, il faut aussi dire que près de la moitié des crédits ministériels
00:27:23 aujourd'hui sont sanctuarisés dans des lois de programmation.
00:27:26 Sur la défense, sur la sécurité, sur la justice, sur l'éducation, etc.
00:27:30 Donc la nouvelle donne monétaire, disons qu'on l'aborde
00:27:33 dans un état un peu inquiétant d'impréparation, je trouve.
00:27:36 Chaos social, on l'a vu avec vous, étranglement économique.
00:27:39 Dans un instant, on voit le déclin institutionnel et politique.
00:27:43 Les signes pré-révolutionnaires, d'agitation pré-révolutionnaire.
00:27:47 Vous allez nous éclairer un peu sur tout ça.
00:27:49 Juste avant, on va faire un tour sur le terrain.
00:27:52 Elodie Huchard, vous êtes à l'Elysée.
00:27:55 On regarde tout ce qu'on voit ce soir et cette tension.
00:27:59 Que peut-on attendre d'Emmanuel Macron ce soir ?
00:28:02 Selon son entourage, on doit attendre deux choses
00:28:07 de cette allocution du chef de l'État.
00:28:09 Premièrement, il va dresser le bilan et faire son mea culpa,
00:28:13 peut-être parce qu'il doit donner un message d'apaisement
00:28:15 sur ces trois mois de crise.
00:28:17 Le président de la République qui veut montrer aussi
00:28:19 que certains dossiers ont avancé pendant qu'on était tous
00:28:22 finalement focalisés sur les retraites.
00:28:24 Deuxième angle de cette allocution, il veut donner des perspectives,
00:28:27 un nouveau cap, une nouvelle feuille de route,
00:28:29 nous dit-on dans son entourage.
00:28:31 Le président, comme sa première ministre d'ailleurs,
00:28:34 a mené un certain nombre de concertations.
00:28:36 Le président voulait des remontées de terrain.
00:28:38 On verra à 20h ce qu'il en a retiré.
00:28:40 On nous explique qu'il veut se recentrer aussi
00:28:42 sur le fameux triptyque qu'il avait mis en avant
00:28:44 pendant sa campagne, l'école, la santé, l'écologie.
00:28:47 Et puis surtout, il voudrait parler de sujets très concrets
00:28:49 pour les Français, notamment les salaires.
00:28:52 Il dira sans doute aussi un mot de la future loi travail,
00:28:54 celle qui doit compléter la réforme des retraites.
00:28:57 On l'a entendu ces derniers jours, tout comme sa première ministre,
00:28:59 Emmanuel Macron, dit qu'il faut continuer à avancer, à réformer.
00:29:03 En revanche, a priori, pas de grande annonce.
00:29:05 Le président de la République qui ne veut pas renverser la table,
00:29:08 il veut encore prendre un petit peu de temps.
00:29:10 Il sait sans doute aussi que la crise sociale n'est pas totalement terminée.
00:29:13 Et puis sur la durée de l'allocution, ce matin,
00:29:15 on nous annonçait plutôt 20 minutes de temps de parole.
00:29:17 Il aurait dit à La Réunion, à la mi-journée, avec ses ministres
00:29:20 et les piliers de la majorité, qu'il allait parler entre 10 et 15 minutes ce soir.
00:29:23 Merci Elodie Huchard.
00:29:25 En direct de l'Elysée, rappelons qu'Emmanuel Macron se rendra jeudi dans l'Hérault
00:29:29 pour tenter de renouer avec les Français un déplacement consacré à la ruralité.
00:29:35 Dans un instant, on continue la photographie du terrain.
00:29:41 Tout le monde se dit qu'on est en situation pré-révolutionnaire.
00:29:43 On vous attend absolument avec votre regard précis sur ce sujet.
00:29:47 Juste avant, Charlotte, la séquence est officiellement terminée.
00:29:50 Et c'est sans doute pour cela que le président de la République va prendre la parole.
00:29:54 Mais plus rien ne semble respecté par personne dans le pays.
00:29:59 Ni les institutions, ni les élus, ni le processus démocratique mis en place.
00:30:04 Dans quelle situation se trouve-t-on aujourd'hui au niveau politique et institutionnel ?
00:30:10 Et quel rôle a joué Emmanuel Macron dans ce déclin ?
00:30:13 Ce qui m'a le plus frappée dans cette séquence, au-delà de la question politique de fond,
00:30:18 c'est que tout le monde continue à se payer de mots pour ne pas affronter la réalité en face.
00:30:22 Chacun conteste la légitimité de celui d'à côté
00:30:26 sans comprendre que c'est le système institutionnel lui-même qui fonctionne correctement
00:30:30 mais qui tourne à vide parce qu'il ne produit plus lui-même la légitimité politique
00:30:34 sur laquelle normalement il repose.
00:30:36 Tout le monde va dire que le processus est tout à fait normal dans les institutions, ce qui est vrai.
00:30:43 En même temps, on va contester la légitimité du voisin.
00:30:46 Et vous voyez, ces 40 dernières années, l'abstention progresse de 13 points à la présidentielle,
00:30:51 de 30 points aux législatives et de 33 points aux municipales.
00:30:55 Je veux bien que les députés viennent nous expliquer qu'Emmanuel Macron
00:30:59 a une légitimité politique assez faible, mais la leur, c'est encore pire.
00:31:04 On fait comment ? On fait comment devant cette abstention ?
00:31:07 Alors soit tout le monde se dit que la légitimité politique globale
00:31:11 est remise en cause par le décrochage politique d'une partie de plus en plus grande des Français
00:31:16 qui n'y croient plus.
00:31:18 Vous pouvez dire tout ce que vous voulez, regardez la phrase qui revient à chaque fois.
00:31:21 Emmanuel Macron est grand spécialiste de ça.
00:31:23 À chaque fois qu'il prend la parole, il distribue dans les éléments de langage
00:31:26 qu'il va fixer un nouveau cap.
00:31:28 Excusez-moi, quelqu'un qui change de cap tous les trois mois, moi ça m'inquiète.
00:31:30 Donc un nouveau cap, ça veut dire quoi ?
00:31:32 Un nouveau cap, ça ne veut absolument rien dire.
00:31:34 Et par ailleurs, il nous explique dans le même temps qu'il ne va pas faire de grandes annonces
00:31:36 parce qu'il va réannoncer tout ce pour quoi il a déjà été élu.
00:31:39 Donc ça n'est pas un nouveau cap.
00:31:41 Rien ne veut rien dire. On utilise des mots pour faire croire en permanence.
00:31:44 Elisabeth Borne nous dit "on va accélérer les réformes".
00:31:48 Arrêtez avec ça. Arrêtez avec ça. Accélérer. Pourquoi accélérer déjà ?
00:31:52 Les réformes, quelles réformes ? Une réforme, ce n'est pas bon en soi.
00:31:55 Ça veut dire quoi ? Donc on peut peut-être déjà essayer de restaurer
00:31:58 ce qui en effet fonctionne mal avant de vouloir réformer toujours des choses
00:32:02 qui déjà fonctionnent mal.
00:32:05 Vous voyez, dans l'utilisation des mots,
00:32:07 franchement cette même question de la légitimité n'est pas prise au sérieux par tous les acteurs.
00:32:11 Donc en effet, ceux qui contestent la légitimité politique d'Emmanuel Macron,
00:32:16 le fait qu'il ait été mal élu, ont raison.
00:32:18 Le problème, c'est que tout le monde est mal élu dans ce pays.
00:32:21 Donc on fait comment ? Quelle légitimité prime sur l'autre ?
00:32:24 Et quel projet politique est véritablement choisi dans un monde
00:32:27 où n'importe quelle alternative politique est renvoyée de toute façon hors du cercle
00:32:31 du raisonnable, du fréquentable, du même, comment dire,
00:32:35 de la possibilité de le concevoir dans le débat public ?
00:32:38 Donc ça, c'est la première crise à mon avis institutionnelle
00:32:41 que personne ne prend réellement au sérieux.
00:32:45 Et cette crise a été un révélateur sur ce sujet. Pourquoi ?
00:32:48 Parce que vous avez une capacité, cette fois-ci, sur la réforme des retraites,
00:32:51 et je m'extrais du jugement de valeur politique, on va dire, de cette réforme.
00:32:55 Il y a une capacité du politique, cette fois-ci, à maintenir sa position malgré tout,
00:33:01 à voir toutes les planètes institutionnelles s'aligner pour un projet qui est contesté
00:33:05 à la fois dans la rue, dans les urnes, dans les sondages,
00:33:09 et à défendre une option qui est majoritairement contestée,
00:33:14 là où le politique se dit lui-même impuissant,
00:33:17 se dit lui-même contraint par les institutions,
00:33:20 sur des projets qui, à l'inverse, sont majoritairement plébiscités.
00:33:24 Donc c'est pour ça que c'est révélateur, au-delà de ce qu'on pense de cette réforme des retraites,
00:33:27 de la nécessité ou pas de la faire.
00:33:29 C'est que vous voyez que parfois, toutes les planètes institutionnelles
00:33:33 s'alignent contre la volonté populaire, et qu'à l'inverse,
00:33:36 quand par hasard vous avez un consensus politique dans le pays,
00:33:39 alors là vous avez mille entraves qui empêchent le politique d'agir.
00:33:42 Donc là aussi, à mon avis, ça aide au décrochage politique.
00:33:46 Et ensuite, il y a la question politique de fond,
00:33:48 puisque tout le monde a voulu faire de cette réforme un sujet hautement politique.
00:33:52 Il y a initialement, tout le monde a répété à l'envie,
00:33:55 tout le monde était d'accord d'un côté comme de l'autre pour dire,
00:33:57 il faut sauver le système par répartition,
00:34:01 système par répartition qui est pensé à la sortie de la guerre,
00:34:05 sur deux piliers.
00:34:06 Un, la natalité.
00:34:07 Deux, la solidarité intergénérationnelle.
00:34:09 Quand vous avez pris comme option politique, au fil des années,
00:34:13 un, l'individualisme que vous préférez sur le bien commun,
00:34:16 donc le droit individuel par rapport à la préservation d'un bien commun,
00:34:19 et deux, une politique antinataliste,
00:34:22 c'est-à-dire qu'en tout cas, vous considérez que c'est un gros mot
00:34:24 parce que ça dépend simplement d'un désir individuel
00:34:27 et non plus d'une politique collective.
00:34:30 Alors vous arrêtez de dire comme un mantra,
00:34:32 de tous les côtés du monde politique,
00:34:34 que vous voulez sauver un système qui précisément repose sur deux piliers,
00:34:37 que vous contestez.
00:34:39 Moi, je veux bien qu'on les conteste,
00:34:40 mais dans ces cas-là, on trouve un autre système.
00:34:42 Il y a plusieurs propositions,
00:34:43 on peut ne pas être d'accord sur l'alternative.
00:34:45 Mais là encore, on se paye deux mots
00:34:47 quand on veut sauver un système dont on détruit les piliers.
00:34:52 Donc là, évidemment, que peut dire le président de la République
00:34:55 au terme d'une séquence pareille, dans une situation pareille ?
00:34:58 Globalement, rien.
00:34:59 Donc il va nous annoncer qu'il poursuit sa politique
00:35:02 et que d'ailleurs, il n'y est pas vraiment pour grand-chose
00:35:04 et que d'ailleurs, si on regarde bien,
00:35:05 les institutions ont été parfaitement respectées,
00:35:08 ce qui est vrai sur la forme
00:35:09 et ce qui ne change rien à la crise politique de fond.
00:35:12 Alors justement, au-delà de la question de fond
00:35:14 à qui n'est pas abordée, Charlotte Darnelas,
00:35:16 il faut comprendre que rien ne soit respecté en France aujourd'hui.
00:35:19 Il y a le Conseil constitutionnel,
00:35:21 il y a le Conseil d'État, la police, la justice,
00:35:23 les ministres, les élus,
00:35:24 on ne sait plus justement par quel bout prendre le sujet,
00:35:27 plus rien n'est respecté.
00:35:28 C'est un constat grave aujourd'hui.
00:35:30 C'est un constat grave qui, à mon avis...
00:35:32 Alors bon, étant donné que je n'avais pas quatre heures et demie
00:35:35 pour faire thèse, antithèse, synthèse
00:35:37 sur tout ce qui ne fonctionne pas dans le pays...
00:35:39 Vous êtes toujours brillante.
00:35:40 Non, mais en fait, j'ai relevé deux choses qui, à mon avis...
00:35:42 Il y a d'abord la question de l'autorité.
00:35:44 On en a beaucoup parlé sur ce plateau pendant longtemps.
00:35:46 L'autorité même, la notion d'autorité,
00:35:48 a été sapée pour elle-même.
00:35:50 Il ne fallait plus d'autorité
00:35:52 parce que personne ne savait mieux que les autres.
00:35:54 Et on rêvait finalement d'un processus politique
00:35:58 très horizontal, beaucoup plus que vertical.
00:36:00 Donc l'autorité, mais la conséquence de ça,
00:36:03 c'est la dissolution de la responsabilité.
00:36:06 Puisque s'il n'y a plus d'autorité légitime,
00:36:08 la responsabilité est diluée par la force des choses.
00:36:12 Et vous préférez, dans le même temps,
00:36:14 des profils plutôt techno,
00:36:16 puisqu'il n'y a plus besoin d'autorité
00:36:18 pour imposer une vision politique qui a été choisie dans les urnes.
00:36:21 Tout est une seule question d'efficacité.
00:36:23 C'est ce que nous avait dit Emmanuel Macron.
00:36:25 Je vais dépasser les clivages politiques.
00:36:27 C'est le grand récit de la sortie de l'histoire,
00:36:29 là, pour le groupe politique.
00:36:31 Je vais dépasser les clivages qui n'existent plus.
00:36:33 Vous êtes avec moi, vous êtes pour l'efficacité
00:36:35 de la politique que je vais mener.
00:36:37 Oui, sauf que quand vous prenez une décision politique,
00:36:39 cette fois-ci, les clivages réapparaissent
00:36:41 puisque les gens ne sont pas d'accord,
00:36:43 nécessairement, ils sont d'accord ou pas d'accord,
00:36:45 mais ces clivages-là existent à chaque fois
00:36:47 que vous prenez une décision dans la vie.
00:36:49 Donc, il faut pouvoir l'assumer sur ce terrain-là.
00:36:51 Donc, le problème, c'est que, sur le terrain politique,
00:36:54 à la fois l'autorité et la responsabilité,
00:36:56 ça va de pair, ont fini par être contestés.
00:36:58 Pourquoi ? Parce que vous avez une variation
00:37:00 permanente des discours,
00:37:02 une impuissance confessée.
00:37:05 Oui, ça, je voudrais bien le faire,
00:37:06 mais de toute façon, c'est impossible.
00:37:08 Dans les débats, regardez à la prudentielle.
00:37:10 Chaque fois qu'il y a une question qui est posée,
00:37:12 on ne dit plus "je ne suis pas d'accord avec vous
00:37:14 sur la solution que vous proposez",
00:37:15 le meilleur argument, c'est de dire
00:37:17 "vous ne pourrez pas le faire, c'est impossible".
00:37:19 Donc, l'argument, c'est-à-dire que la contestation
00:37:22 de la politique d'en face, c'est simplement de dire
00:37:24 "vous ne pourrez pas le faire".
00:37:25 Pourquoi ? En raison de tel cours,
00:37:26 en raison de tel texte de loi,
00:37:28 comme si un texte de loi n'était pas fait
00:37:29 pour être changé précisément au Parlement,
00:37:32 comme si ce n'était pas son métier.
00:37:34 La trahison des promesses, évidemment,
00:37:35 la trahison du dernier référendum qui a été fait,
00:37:38 le changement de ton permanent,
00:37:40 le changement de cap en permanence
00:37:41 en fonction des situations,
00:37:43 l'intransigeance politique à géométrie variable,
00:37:45 il y a des moments, à ce que je disais tout à l'heure,
00:37:47 il y a des moments où la politique peut tout,
00:37:49 c'est la crise sanitaire, on a un exemple
00:37:51 absolument magnifique,
00:37:53 des moments où la politique peut tout à nouveau
00:37:55 par rapport au monde économique,
00:37:57 par rapport aux impératifs financiers,
00:37:59 par rapport à la question du droit individuel,
00:38:01 par rapport aux autorités juridiques,
00:38:04 aux libertés des uns et des autres.
00:38:07 Dans ces cas-là, le politique peut tout,
00:38:09 et pour le reste des choses qui feraient consensus
00:38:11 dans le pays, parce qu'on a tort de dire
00:38:13 le pays est ingouvernable et les Français ne sont pas d'accord,
00:38:15 il y a beaucoup de sujets sur lesquels
00:38:16 ils pourraient être d'accord.
00:38:17 Mais là, le politique se rend lui-même
00:38:19 et se dit lui-même impuissant.
00:38:20 Donc ça, évidemment, au bout d'un moment,
00:38:22 la confiance n'existe plus.
00:38:24 Sur l'école, vous voyez le discours
00:38:27 assez pervers qui s'est installé au fil des années.
00:38:30 À mesure qu'on a transformé l'instruction publique
00:38:32 en enseignement, c'est-à-dire en volonté
00:38:35 d'arracher les parents, je reprends les mots
00:38:37 de Vincent Pélland, ce ne sont pas les miens,
00:38:38 d'arracher les parents à leurs déterminismes familiaux
00:38:41 à l'école. À mesure qu'on a voulu remplacer
00:38:44 l'instruction par l'éducation,
00:38:46 on a en même temps contesté aux parents
00:38:48 le droit de rentrer dans l'école.
00:38:49 Mais précisément, si vous dites
00:38:51 qu'il y a une co-éducation avec les parents,
00:38:53 alors vous faites vous-même rentrer les parents dans l'école.
00:38:55 Donc là encore, il faut choisir.
00:38:57 Si vous vous reconcentrez sur la seule instruction,
00:39:01 alors là, vous êtes légitime de dire aux parents
00:39:03 chacun son boulot. Et en effet,
00:39:05 c'est beaucoup plus facile, on va dire,
00:39:07 de gérer cette question-là. Mais non !
00:39:09 On a un ministre de l'Éducation qui,
00:39:11 malgré tous les classements dans lesquels la France
00:39:13 nous explique que les petits Français ne savent plus lire,
00:39:15 plus écrire, plus compter, et il nous dit quoi ?
00:39:17 La première chose qu'on va faire,
00:39:19 c'est l'éducation sexuelle. Aujourd'hui,
00:39:21 il nous dit qu'on va installer la mixité sociale.
00:39:23 La mixité sociale, ça veut dire mettre,
00:39:25 on va dire répartir, notamment l'immigration
00:39:28 récente dans toutes les classes,
00:39:30 et notamment dans le privé. C'est-à-dire dire
00:39:32 tout ce qui ne fonctionnait pas partout,
00:39:34 on va le mettre bien partout, pour être sûr
00:39:36 que ça ne fonctionne pas mieux. Et il n'y a
00:39:38 aucun discours sur l'instruction de la part
00:39:40 de ce ministre depuis qu'il est nommé.
00:39:42 Comment voulez-vous que la confiance dans les politiques
00:39:44 sur la question de l'école revienne ?
00:39:46 Et on peut dire la même chose de tout,
00:39:48 la question de la police. Là, au moment où
00:39:50 Emmanuel Macron, et là c'est lui vraiment,
00:39:52 au moment où Emmanuel Macron a besoin
00:39:54 de la police pour régler, comme une question
00:39:56 de désordre dans la rue,
00:39:58 une question de désaccord politique,
00:40:01 au moment des Gilets jaunes, il nous dit
00:40:03 les violences policières ne peuvent pas
00:40:05 exister en démocratie. Mais là encore,
00:40:07 ce sont des mots, c'est-à-dire que si ça existe,
00:40:09 on n'est plus en démocratie, mais ce n'est pas parce qu'on
00:40:11 dit qu'on est en démocratie que ça n'existe pas.
00:40:13 C'est un argument très fallacieux. Donc il ne rentre
00:40:15 pas dans le dur du sujet, il le dit à ce moment-là,
00:40:17 là il nous le redit aujourd'hui, et entre les deux
00:40:19 il va chez Brut et il dit "si ça vous fait plaisir,
00:40:21 bien sûr que je peux dire qu'il y a des violences policières".
00:40:23 Mais alors c'est quoi le sujet ?
00:40:25 Quel est le cap du président sur cette question ?
00:40:27 Est-ce que ça peut exister ? Est-ce que ça existe ?
00:40:29 Est-ce que ça n'existe pas ? Est-ce que ce sont des policiers
00:40:31 qui dérapent ? Est-ce qu'il y a une question de violence ?
00:40:33 Est-ce qu'il assume la violence légitime ?
00:40:35 Ou est-ce qu'elle ne peut pas exister ?
00:40:37 On ne sait plus quel est le discours.
00:40:39 Alors les Français font comme Emmanuel Macron,
00:40:41 en fonction de leurs intérêts du moment,
00:40:43 ils adaptent leur discours sur la police.
00:40:45 C'est exactement la même chose. Quand on est dans une
00:40:47 manifestation, la police ce n'est pas des copains,
00:40:49 et le reste du temps, quand on est cambriolé
00:40:51 ou qu'on risque de se faire agresser dans la rue,
00:40:53 là on retrouve un intérêt à la police.
00:40:55 Donc c'est une question comme Emmanuel Macron.
00:40:57 Quand ils en ont besoin, ils s'adaptent.
00:40:59 Tout ça est très logique.
00:41:01 Donc ça c'est la question de l'autorité et de la
00:41:03 dissolution de la responsabilité qui amènent à un
00:41:05 effondrement de l'autorité et de la reconnaissance
00:41:07 de l'autorité du politique.
00:41:09 La deuxième chose, c'est l'instrumentalisation du droit.
00:41:11 Et l'instrumentalisation du droit, elle est dramatique
00:41:13 à tous les points de vue, notamment sur le terrain politique.
00:41:15 On vous dit en permanence, ça on ne peut pas le faire
00:41:17 parce que ce sera censuré par le Conseil d'État
00:41:19 ou le Conseil constitutionnel.
00:41:21 Mais vous voyez que quand une décision est prise,
00:41:23 on appelle et puis l'inverse est dit.
00:41:25 Donc c'est en fonction du droit ou de l'interprétation du droit
00:41:27 ou de la solidité des dossiers qui arrivent devant la Cour.
00:41:32 Donc quelle est pareil la lecture à faire du droit ?
00:41:35 - On a des non-lieux.
00:41:37 - Mais quelle est la lecture à faire du droit ?
00:41:39 Et par ailleurs, quand vous mettez toute la question politique
00:41:42 entre les mains du droit en expliquant que le droit n'est pas politique,
00:41:45 que l'interprétation du droit n'est pas politique,
00:41:47 vous discréditez également la question de la justice.
00:41:51 C'est-à-dire à force de se passionner pour les arguties du droit
00:41:55 et pour l'interprétation absolument illimitée des textes de droit
00:41:59 qui font jurisprudence permanente selon les cours par lesquels il est examiné,
00:42:03 la question même de la justice disparaît.
00:42:06 C'est-à-dire, et là encore une fois,
00:42:08 comment est-il possible de lire des décisions du Conseil constitutionnel
00:42:11 qui nous disent une fois dans la crise sanitaire
00:42:13 que les droits individuels ne sont rien devant la préservation du bien commun
00:42:17 et sur la question de la délinquance ou de la possibilité de manifester,
00:42:20 qui nous dit que le droit individuel des potentiels casseurs
00:42:23 est plus important que la préservation du droit de manifester.
00:42:26 Alors qui décide à quel moment le bien commun est plus fort que le droit des individus ?
00:42:31 Qui décide de ça ?
00:42:32 Normalement, il y a au moins la question du politique qui vient devant,
00:42:36 et bien non, maintenant on nous dit que c'est une question du droit.
00:42:38 Comment expliquer que le Conseil d'État soit incapable de se prononcer sur certaines choses,
00:42:44 mais par contre soit extrêmement intransigeant
00:42:46 au moment d'avoir une idée précise de ce qu'il faut faire d'une statue de Saint-Michel au Sape d'Olonne ?
00:42:49 Donc il entrave la question du politique.
00:42:52 Par contre, il a une idée bien précise d'une statue sur une place au Sape d'Olonne,
00:42:55 vu l'état du pays.
00:42:56 Comment expliquer par ailleurs que la question des 3% dont nous parlait Dimitri,
00:43:01 question des 3% qui depuis Maastricht c'était impossible de dépenser,
00:43:04 donc vous comprenez bien que les investissements dans la police, la justice,
00:43:07 et là encore une fois, ce n'est pas une question d'avis que j'ai sur les choses,
00:43:10 simplement le discours politique a été celui de "on ne peut pas dépasser les 3% dans les investissements"
00:43:15 puis tout à coup on les dépasse, puis le ciel ne nous est pas tombé sur la tête,
00:43:18 puis l'argent n'est pas magique, puis tout à coup il devient magique,
00:43:20 mais pas pour les sujets que vous voulez, pour d'autres en fait.
00:43:22 Donc on s'adapte, mais en fonction de ce que nous on veut faire,
00:43:25 pas de ce que les Français veulent faire en permanence.
00:43:28 Donc évidemment, là, la production de légitimité devient compliquée
00:43:31 quand vous liez la défaillance de votre propre autorité à une espèce d'adoration absolue du droit,
00:43:37 qui par ailleurs change en permanence, parce qu'on a une inflation législative
00:43:40 qui est quasiment quotidienne dans ce pays.
00:43:42 Donc le droit est sacralisé quand il s'agit de ne pas y toucher,
00:43:45 mais en revanche il change toute la journée, ce qui rend absolument illisible
00:43:49 la place même du droit dans la vie politique.
00:43:51 Lorsqu'on voit ce chaos politique, institutionnel, au niveau législatif,
00:43:56 est-ce que ce n'est pas encore pire lorsque une majorité est introuvable dans le pays ?
00:44:00 La majorité est introuvable en l'occurrence aujourd'hui à l'Assemblée nationale,
00:44:03 puisque vous avez des députés qui même quand ils sont d'accord
00:44:06 ne veulent pas voter ensemble sur une question de suivi.
00:44:09 On l'a vu au moment de la motion de censure,
00:44:11 si c'est celle d'un tel je vais le voter,
00:44:13 si c'est celle de la même écrite dans les mêmes termes et qui veut faire la même chose
00:44:16 mais proposée par un autre, je ne vais pas la voter.
00:44:18 Donc la majorité devient compliquée à l'Assemblée nationale.
00:44:20 Mais ce que je vous disais, il y a un véritable mythe
00:44:22 qui veut que les Français ne sont d'accord sur rien,
00:44:25 et que c'est très compliqué de proposer le moindre projet collectif
00:44:29 puisqu'ils ne sont d'accord sur rien.
00:44:31 Mais il y a évidemment des projets sur lesquels les Français sont majoritairement d'accord,
00:44:35 très majoritairement d'accord, et depuis très longtemps.
00:44:37 Donc on aurait eu le temps de travailler ces projets-là.
00:44:39 La restauration de l'école, je vous le disais tout à l'heure,
00:44:41 alors évidemment on ne va pas se contenter d'annoncer un prof par salle
00:44:44 comme l'a fait Emmanuel Macron.
00:44:45 Je vous rappelle qu'il l'avait promis déjà en septembre.
00:44:47 Donc là, en l'occurrence, il n'a pas changé de cap,
00:44:49 mais il nous avait dit en septembre ce sera fait.
00:44:51 Et puis là, c'est la nouvelle annonce incroyable, un prof par salle.
00:44:54 Je croyais que c'était fait en septembre.
00:44:56 Et à l'école, il va falloir un peu plus que ça.
00:44:58 Évidemment, la restauration de la justice,
00:45:01 ça veut dire ne plus voir des familles qui nous disent,
00:45:04 des familles de victimes, qui disent "nous n'existons pas dans le processus,
00:45:07 ça dure des heures", des magistrats qui nous disent
00:45:09 "on ne peut plus avoir de dossier prioritaire quand le gouvernement
00:45:11 change de priorité toutes les deux heures".
00:45:13 C'est impossible.
00:45:14 Les policiers qui vous disent la même chose, qui vous disent
00:45:16 "j'ai 700 dossiers et on m'explique tous les jours
00:45:18 que c'en est un qui est prioritaire et puis le lendemain c'en est un autre
00:45:20 et puis le troisième jour c'en est encore un autre",
00:45:22 c'est impossible de travailler.
00:45:23 La réindustrialisation du pays, ça pourrait être un débat
00:45:26 qui mettrait tout le monde d'accord.
00:45:27 Emmanuel Macron en a parlé par 11 ans, sérieusement.
00:45:29 Je ne dis pas que tous ces sujets sont faciles,
00:45:31 mais là il pourrait y avoir une majorité très claire dans le pays.
00:45:34 La maîtrise de l'immigration, évidemment, c'est le premier sujet
00:45:36 qui a sauté après la réforme des retraites.
00:45:37 C'est sans doute le sujet sur lequel les Français sont le plus d'accord
00:45:40 avec la question de la sécurité et enfin la question de la redistribution.
00:45:44 En effet, cette question de "où va notre argent",
00:45:46 alors là on pourrait peut-être mettre les choses à plat.
00:45:48 La redistribution, c'est aussi bien en effet la question des prestations sociales
00:45:52 par rapport à la question de la pression fiscale,
00:45:55 mais c'est aussi par exemple la question des subventions aux associations.
00:45:58 Excellente question posée par Gérald Darmanin dans la séquence.
00:46:01 Si ça pouvait servir à autre chose qu'une communication
00:46:04 pour faire bloc contre l'ultra-gauche dans la rue,
00:46:07 ce serait bien que ça devienne une véritable question politique.
00:46:10 Et là je pense aussi qu'une majorité pourrait se distinguer.
00:46:13 Bref, devant l'angoisse sourde du pays qu'on connaît
00:46:15 et qu'on arrive quand même à dessiner de mieux en mieux depuis quelques années,
00:46:20 ce serait bien de passer à autre chose que de la communication
00:46:22 et à autre chose qu'une intransigeance sur les seuls sujets
00:46:25 qui intéressent le gouvernement et contre lesquels
00:46:28 une majorité de Français s'égosient désespérément.
00:46:31 Chaos social, on l'a vu avec vous, étranglement économique,
00:46:35 explosion de toutes les institutions et de tout le système politique.
00:46:39 Avez-vous, Marc, maintenant plusieurs questions.
00:46:42 On a évidemment votre regard justement sur l'histoire
00:46:46 et sur ce qui se passe maintenant, c'est capital.
00:46:48 Quels sont les parallèles entre la période pré-révolutionnaire de 1789 et aujourd'hui ?
00:46:54 En quoi le peuple s'affirme comme acteur politique essentiel aujourd'hui,
00:46:58 comme l'homme des différentes périodes pré-révolutionnaires ?
00:47:00 Et puis quel est le rôle d'Emmanuel Macron dans cette période
00:47:04 qui laisse apparaître des signes de pré-révolution ?
00:47:08 Pour répondre à votre question, la première chose,
00:47:10 et là c'est pour compléter ce que disait Charlotte,
00:47:13 ou disons d'être légèrement décalé, la colère ce n'est pas une question de droit.
00:47:19 À un moment donné, le peuple il n'en peut plus, il gronde
00:47:22 et il oublie toutes les règles.
00:47:25 Sous la royauté, on n'avait pas le droit de manifester
00:47:27 et pour autant les révoltes elles n'ont cessé de se multiplier.
00:47:31 Je vais les écriner dans deux secondes.
00:47:33 Et puis n'oublions pas non plus, dans le parallèle,
00:47:36 aujourd'hui on ne cesse d'évoquer le réchauffement climatique.
00:47:40 N'oublions pas la petite ère glaciaire qui commence en l'an 1000,
00:47:45 qui culmine au moment de Louis XIV et qui se prolonge jusqu'à Louis XVI.
00:47:51 Ça veut dire cette période qui agit sur le climat et donc notre ressenti, la météo,
00:48:00 des étés caniculaires où il n'y a pas de récolte,
00:48:05 des hivers où on crève de froid et les épidémies qui peuvent ainsi se répandre
00:48:10 avec une population qui est laminée par la météo.
00:48:14 Alors je ne vais pas tous les égrener, mais les grandes révoltes,
00:48:17 vous avez celle des croquants, 1624, on n'a pas le droit de manifester,
00:48:22 mais les croquants ils n'en peuvent plus.
00:48:24 Il y a trop d'impôts, on a faim, il nous faut maintenant nous entendre.
00:48:28 Et forcément la réplique du pouvoir c'est de tirer sur eux,
00:48:34 d'exécuter aussi quelques meneurs.
00:48:36 On retrouve ça avec les nu-pieds en 1639.
00:48:41 Après il y a les lustes du cru, oh non ça n'a rien à voir avec l'épate,
00:48:45 ce n'est pas pour vous épater, lustes du cru, lustes du cru.
00:48:50 Voilà, lustes du cru que ça se passerait comme ça.
00:48:53 Et là nous sommes en 1662, toujours le même principe, le peuple,
00:49:00 et ça vient des régions.
00:49:02 Très intéressant.
00:49:03 Oui, des régions, toujours.
00:49:05 Les bonnets rouges, c'est la légende, les fameux bonnets rouges,
00:49:08 c'est de la Bretagne.
00:49:10 En réalité c'était des bonnets bleus d'ailleurs, mais bon,
00:49:12 bonnets bleus, bonnets rouges, la même chose, c'est la révolte.
00:49:16 Et que trouve-t-on dans ces chaos sociaux ?
00:49:20 Vous croyez que ce ne sont que des agités ?
00:49:22 Non, non, non.
00:49:23 On voit les femmes, on voit les enfants, on voit les vieillards,
00:49:27 les petits artisans et tous sont là.
00:49:30 Ils ne se préoccupent plus du tout de ce qui doit être respecté,
00:49:34 ils sont simplement dans la clameur de la famine.
00:49:38 Ils réclament leur dû.
00:49:40 Alors ça c'est les antécédents, si je puis dire,
00:49:43 et les bonnets rouges, ça se termine là encore avec des exécutions.
00:49:47 Et il y a toujours une élite qui est en dehors de la réalité.
00:49:51 On se réjouit souvent de voir les pendus.
00:49:54 Ah ah, ces gaillards qui ont voulu menacer notre ordre,
00:49:58 qu'écrit la marquise de Sévigné.
00:50:00 Je l'ai noté parce que, donc vous avez les pendus,
00:50:02 et en voyant qu'ils terminent comme ça, elle dit
00:50:05 "La penderie me paraît maintenant un rafraîchissement."
00:50:09 C'est-à-dire que dès lors qu'il y a un gueulard
00:50:12 qui fait valoir ses droits parce que ses pauvres gamins
00:50:15 sont de véritables squelettes, qu'il n'y a plus rien dans l'existence,
00:50:20 eh bien forcément les violences, et quand on réprime,
00:50:24 on trouve ça un rafraîchissement parce que ça permet,
00:50:28 on l'espère du moins, de maintenir l'ordre.
00:50:31 Alors le toxin, il sonne, il sonne à chaque fois
00:50:34 pour accompagner ces mouvements-là.
00:50:36 Voyons maintenant ce qui se passe en 1774.
00:50:41 En 1774, vous voyez, on s'approche de la Révolution,
00:50:45 et là on a Turgot qui est ministre des Finances.
00:50:49 J'ai évoqué la météo, cette météo pourrie,
00:50:53 deux étés qui ont été plus que caniculaires,
00:50:57 que quelques grains qui sont sortis,
00:50:59 des hivers où la nature encore était en souffrance,
00:51:03 et les hommes aussi, donc la récolte.
00:51:05 Elle est chimérique. Alors que fait Turgot ?
00:51:09 Eh bien il dit « soyons libéraux pour maintenir les prix,
00:51:13 libérons le prix du grain ».
00:51:15 Ah bah oui, libère les prix du grain, forcément,
00:51:17 c'est la flambée du pain, et là, eh bien,
00:51:20 il n'y a plus du tout le peuple à rester sage,
00:51:24 ce peuple, il est obligé de descendre dans la rue,
00:51:27 et forcément on a la répression.
00:51:31 Le peuple a faim.
00:51:32 Le peuple a faim, mais alors,
00:51:33 encore je vous ai dit la province,
00:51:35 Dijon, Beaumont-sur-Oise, La Roche-Guillon,
00:51:37 la Normandie, Beauvais, et puis ça gagne Paris en 1775.
00:51:42 Là le roi aurait dû faire attention,
00:51:44 nous sommes avec Louis XVI là maintenant.
00:51:46 Je note justement toutes les régions grognes,
00:51:49 les connexions avec le peuple, le peuple a faim.
00:51:51 Je note, hein, pour moi.
00:51:53 Le 2 mai, alors, le 2 mai, à peine un an après,
00:51:57 la contagion.
00:51:59 Nous sommes à Versailles et on voit quoi ?
00:52:02 La foule qui déferle, qui secoue les grilles.
00:52:05 Mais ça, ça annonce quoi ce qui se passera en 1789 ?
00:52:10 On vivra exactement cette situation-là.
00:52:14 Et entre 1779 et 1789…
00:52:20 10 ans.
00:52:21 10 ans.
00:52:22 Combien d'émeutes, d'après vous ?
00:52:23 Avec la violence adéquate, les répressions,
00:52:27 les gens qui sont là, qui sortent les fourches,
00:52:31 qui sortent les faux, qui sortent les pics,
00:52:33 qui prennent tout ça, combien de révoltes dans ces 10 ans ?
00:52:36 979.
00:52:39 979 !
00:52:41 Avant la révolution.
00:52:42 Avant la révolution.
00:52:43 En 10 ans.
00:52:44 En 10 ans.
00:52:45 Et là, bondissons en 1789, début d'année.
00:52:49 Entre le 1er janvier et le mois d'avril,
00:52:53 combien de révoltes ?
00:52:55 36.
00:52:57 Et tout ça, ça ne change rien.
00:53:00 Pour autant, le roi, après que Barnave et Mounier
00:53:05 aient appelé à la révolte contre les impôts,
00:53:08 en disant que tout le pays doit refuser de payer les impôts,
00:53:12 il convoque les États généraux.
00:53:16 Et ces États généraux sont sentis écouter le peuple,
00:53:21 prendre des décisions.
00:53:22 Mais le roi, il se contente de changer de ministre.
00:53:25 On l'éprouvait, il y a une sorte, là encore, d'effet miroir.
00:53:29 Les uns et les autres se succèdent, canonnent.
00:53:34 Et aucun ne trouve la solution.
00:53:38 Alors que se passe-t-il ?
00:53:40 Au mois d'avril, c'est à Paris qu'à nouveau les gens descendent dans la rue.
00:53:46 Et en particulier, on va voir ça, rue du Faubourg-Saint-Antoine.
00:53:50 Que se passe-t-il rue du Faubourg-Saint-Antoine ?
00:53:53 Le pain. Donc on est dans la famine.
00:53:57 Et puis on a un patron qui s'appelle Jean-Baptiste Réveillon.
00:54:01 C'est un homme qui fait du papier pain.
00:54:03 Il est connu parce qu'il avait accueilli Montgolfier et son bateau dans sa cour
00:54:07 pour le préparer avant que ce ballon s'envole devant le roi.
00:54:11 Et il a tenu à l'Église les propos suivants.
00:54:14 Il a dit "mais pour lutter contre cette situation terrible où les gens ont faim,
00:54:20 il faut fixer le prix du pain, qu'il soit suffisamment bas.
00:54:23 Et à ce moment-là, comme il sera suffisamment bas, je pourrai diminuer les salaires.
00:54:28 Et en diminuant les salaires, on pourra diminuer le coût de production
00:54:32 et on relancera la machine de la consommation.
00:54:36 Ah ben tu penses ! Quand les uns et les autres apprennent ça, ça veut dire quoi ?
00:54:40 C'est un affameur, on a oublié que c'était le prix du pain qui était fixé.
00:54:44 Et là, la révolte, elle éclate véritablement.
00:54:47 Je ne vais pas tout refaire, mais la première révolte,
00:54:50 c'est en ce mois d'avril de 1789.
00:54:54 Là encore, il y a 25 morts chez les émeutiers, 12 chez les gardes royaux
00:55:01 et on exécute un garçon de 26 ans, un autre de 16 ans pour la forme, pour les calmer.
00:55:08 Et puis il y aura forcément le 14 juillet.
00:55:12 Ouh là, au départ, ça part d'une kermesse et puis ça s'embrase.
00:55:16 Mais il n'y avait pas la volonté de la révolution.
00:55:18 C'est toujours une contagion.
00:55:20 Très intéressant. Multiplication exponentielle des révoltes,
00:55:23 la déconnexion entre le peuple et les élites, le peuple qui a faim.
00:55:27 En tout cas, on est à quelques minutes de la prise de parole du chef de l'État
00:55:31 que vous allez suivre en direct sur CNews.
00:55:33 Deux questions, Mathieu Bocoté, rapidement.
00:55:35 La crise actuelle, on l'a dit, est aussi celle du président
00:55:38 dont la côte d'impopularité explose et dont la côte de popularité s'effondre.
00:55:42 Comment comprendre cette situation? Est-elle exclusivement due à la crise présente
00:55:47 ou s'explique-t-elle aussi par une certaine tendance politique beaucoup plus profonde?
00:55:51 Alors, j'oserais une thèse audacieuse.
00:55:53 On se dit comment Emmanuel Macron pourrait-il renouer avec les Français.
00:55:57 La question est de savoir s'il a déjà noué ce premier lien avec les Français
00:56:01 ou si finalement c'est une histoire qui est construite sur un malentendu,
00:56:04 comme dirait l'autre.
00:56:06 Alors, sur un malentendu, il s'est fait élire, on pourrait dire.
00:56:08 2016, rappelons-nous le contexte.
00:56:10 Quand Emmanuel Macron émerge, c'est globalement un technocrate de haut niveau
00:56:14 du socialisme réformiste qui peut bien s'entendre avec le centre-droite,
00:56:19 le centre-gauche, il peut s'entendre.
00:56:21 C'est un jeune technocrate supérieurement intelligent, très doué.
00:56:24 Et qu'est-ce qu'il va faire?
00:56:26 On va dire que dans un système politique qui se décompose,
00:56:28 il ne faut pas sous-estimer, devant la crainte aussi de Marine Le Pen,
00:56:31 devant un système que l'on sent en émulition,
00:56:36 on peut dire qu'Emmanuel Macron va être brandi à la manière d'un étendard
00:56:39 de renouvellement pour un système politique en crise
00:56:42 et ça va être l'illusion du renouvellement du système politique.
00:56:45 Regardez, il est jeune, regardez, il est beau, regardez, il est diplômé,
00:56:48 regardez, il est probablement riche.
00:56:50 Il est mis devant tous avec cette idée que lui va être capable
00:56:54 de donner l'impression du renouvellement d'un système politique en panne.
00:56:58 D'une certaine manière, il se présentera comme le successeur de François Hollande,
00:57:02 qui aura comme principale vertu de ne pas lui ressembler.
00:57:04 Premier élément, il se fera élire, puis ensuite, ça va être, n'oublions pas,
00:57:08 la Macronie première version, c'est le canot de sauvetage de plusieurs ratés,
00:57:11 c'est-à-dire des gens qui globalement se disent, ils sont foutus.
00:57:14 Vous savez, la bourgeoisie est toujours comme ça.
00:57:15 Quand la bourgeoisie sent que le pouvoir lui échappe,
00:57:17 elle se trouve un nouveau chef et se donne à lui en disant,
00:57:19 sauve-nous, sauve nos postes, sauve nos privilèges.
00:57:22 2017, il se fait élire contre Marine Le Pen,
00:57:25 nous le savons dans les circonstances que nous connaissons
00:57:27 et c'est le premier moment de cette légitimité négative depuis 2002.
00:57:31 Et là, il a un très gros score, 65 % environ,
00:57:34 mais ce n'est pas un score programmatique, encore une fois.
00:57:37 Il va avoir quelques mois de grâce, où tout le monde va être émerveillé par lui,
00:57:40 tout le monde, je voudrais dire de Philippe de Villiers à la gauche raccardienne,
00:57:43 tout le monde va lui trouver des qualités pendant un temps,
00:57:46 ou chercher à lui trouver des qualités.
00:57:48 Au bout d'un an, on sent que le charme se dissipe, le sort se dissipe,
00:57:53 et là, ça va nous conduire quelques semaines, quelques mois plus tard,
00:57:56 au gilet jaune, une insurrection comme on n'en avait pas vue en France depuis longtemps.
00:58:01 Une insurrection telle qu'elle n'a jamais été réparée pour la suite.
00:58:04 On a été capable de calmer la chose, mais les causes profondes
00:58:07 qui avaient conduit au gilet jaune n'ont jamais été réparées,
00:58:10 on le dirait ainsi. Alors, et qu'est-ce qu'on a vu en 2022?
00:58:13 Reconduction de cette légitimité négative, avec une absence de cap fascinant.
00:58:17 Tout ça réincarné dans le fait qu'on a pu passer de Jean-Michel Blanquer
00:58:21 à Papandiaïe comme ministre de l'Éducation.
00:58:24 Quand on a ce choix 1 et ce choix 2, et ce sont des choix contraires idéologiquement,
00:58:29 c'est bien la preuve que dans votre rapport au pouvoir,
00:58:32 votre orientation est approximative.
00:58:34 Pendant que vous parlez, on regarde à l'image, à une minute de la prise de parole
00:58:39 du chef de l'État, le concert des Castrols, qui a commencé normalement devant 281 mairies de France.
00:58:47 Dernière question rapide avant la locution. Emmanuel Macron doit-il moins renouer avec le pays
00:58:55 que le rencontrer finalement une première fois?
00:58:57 Vous savez, pour moi, il y a un péché originel du macronisme.
00:59:00 Il n'y a pas de culture française et il n'y a de culture en France.
00:59:04 Un président qui se fait élire en décrétant l'inexistence du peuple qu'il veut gouverner
00:59:09 est un président qui commence son mandat sur un étrange pari.
00:59:12 Donc il s'agit peut-être moins pour lui, justement, pour reprendre vos mots,
00:59:15 pour redécouvrir la France, que de le découvrir pour une première fois dans ses profondeurs.
00:59:18 On lui souhaiterait bonne chance. Il serait temps. Pendant son mandat, par exemple.
00:59:21 Merci beaucoup, Mathieu Beaucotter, pour ce regard.
00:59:25 Merci, Marmenand, Charlotte, Dimitri. Dans un instant, Pascal Praud,
00:59:29 pour le débrief de la locution du chef de l'État.
00:59:32 Mais direction tout de suite à l'Élysée pour cette locution qui n'est pas en direct
00:59:36 et qui devrait durer entre 15 à 20 minutes, a priori. Direction l'Élysée.
00:59:42 13 minutes.
00:59:45 Françaises, Français, mes chers compatriotes.
01:00:03 Comme vous le savez, ce vendredi 14 avril, le Conseil constitutionnel a validé,
01:00:07 pour l'essentiel, la loi sur nos retraites et je l'ai donc logiquement promulguée.
01:00:12 Les évolutions prévues par cette loi entreront en vigueur progressivement à partir de cet automne.
01:00:18 Adoptées conformément à ce que prévoit notre Constitution,
01:00:22 ces changements étaient nécessaires pour garantir la retraite de chacun
01:00:26 et pour produire plus de richesses pour notre nation.
01:00:30 Car en effet, alors que le nombre de retraités augmente,
01:00:34 que notre espérance de vie s'allonge, la réponse ne pouvait pas être de baisser les pensions.
01:00:39 Elle ne pouvait pas être non plus d'augmenter les cotisations de ceux qui travaillent.
01:00:43 Et elle ne pouvait pas être, comme je l'ai beaucoup entendu, de ne rien faire.
01:00:48 Car c'était alors laisser les déficits s'accumuler et notre dette augmenter pour les générations futures.
01:00:54 Ces changements étaient donc nécessaires et constituent un effort, c'est vrai.
01:00:59 Mais il est accompagné de mesures de justice, d'améliorations concrètes
01:01:04 pour ceux qui ont eu des carrières longues, exercé des métiers les plus durs
01:01:09 ou qui perçoivent des petites retraites.
01:01:12 Travailler tous progressivement un peu plus, comme l'ont d'ailleurs fait tous nos voisins européens,
01:01:17 c'est aussi produire plus de richesses pour notre pays tout entier.
01:01:21 Et c'est ce qui nous permet d'être plus forts, d'investir pour notre quotidien et pour notre avenir.
01:01:26 Et nous en avons besoin.
01:01:29 Pour autant, cette réforme est-elle acceptée ?
01:01:33 A l'évidence, non.
01:01:36 Et malgré les mois de concertation, un consensus n'a pas pu être trouvé.
01:01:41 Et je le regrette. Nous devons en tirer tous les enseignements.
01:01:46 J'ai entendu dans les manifestations une opposition à la réforme des retraites,
01:01:52 mais aussi une volonté de retrouver du sens dans son travail, d'en améliorer les conditions,
01:01:57 d'avoir des carrières qui permettent de progresser dans la vie.
01:02:00 Plus généralement, c'est une colère qui s'est exprimée.
01:02:04 Colère face à un travail qui, pour trop de Français, ne permet plus de bien vivre,
01:02:09 face à des prix qui montent, qu'il s'agisse du plein, des courses, de la cantine.
01:02:13 Car malgré une mobilisation de l'État inédite en Europe,
01:02:17 l'augmentation des prix pèse sur nos vies quotidiennes.
01:02:20 Cette colère, c'est aussi une colère parce que certains ont le sentiment de faire leur part,
01:02:26 mais sans être récompensés de leurs efforts, ni en aide, ni en service public efficace.
01:02:33 C'est toute cette colère que de très nombreux Français ont exprimée en manifestant,
01:02:37 et pour l'immense majorité, dans le calme et le respect de nos institutions.
01:02:43 Personne, et surtout pas moi, ne peut rester sourd à cette revendication de justice sociale
01:02:48 et de rénovation de notre vie démocratique, en particulier exprimée par notre jeunesse.
01:02:54 La réponse ne peut être ni dans l'immobilisme, ni dans l'extrémisme.
01:03:01 Face à ces colères, à ce sentiment de déclassement, d'abandon,
01:03:06 nous devons agir ensemble, au-delà des clivages, comme j'ai toujours cherché à le faire,
01:03:12 au service d'un cap clair, celui de notre indépendance et de la justice.
01:03:17 Oui, notre indépendance d'abord pour la France et pour l'Europe.
01:03:21 Nous sommes un peuple qui entend maîtriser et choisir son destin.
01:03:25 Nous ne voulons pas dépendre de qui que ce soit, ni des forces de la spéculation,
01:03:30 ni des puissances étrangères, ni d'autres volontés que la nôtre.
01:03:33 Et nous avons raison. Mais l'indépendance ne se décrète pas.
01:03:37 Elle se bâtit par des ambitions, des efforts, au niveau national et européen,
01:03:43 sur le plan du savoir, de la recherche, de l'attractivité, de la technologie,
01:03:48 de l'industrie, de la défense. Et elle se finance aussi collectivement par le travail.
01:03:53 Cette indépendance française et européenne est justement celle qui nous permettra d'obtenir plus de justice.
01:04:00 Que chacun récolte davantage de tous ses efforts,
01:04:03 que les inégalités de départ soient mieux corrigées,
01:04:06 que les vies soient moins empêchées, que les plus démunis soient davantage aîtés.
01:04:10 C'est là le grand projet que je porte devant vous et avec vous.
01:04:15 Reconstruire et retrouver l'élan de notre nation.
01:04:19 Ne rien céder aux divisions et au contraire tenir ce cap pour notre indépendance
01:04:25 au service de cette idée de la justice si française.
01:04:29 Et ouvrir ou reprendre pour cela trois grands chantiers.
01:04:33 D'abord le chantier du travail.
01:04:36 Face au chômage, nous avons des résultats inédits et indiscutables.
01:04:39 C'est le fruit des transformations de ces dernières années et de nos efforts à tous.
01:04:45 Oui, nous avons créé en six ans 1,7 millions d'emplois pour notre pays.
01:04:52 Après le succès de l'apprentissage pour nos jeunes,
01:04:55 je veux désormais engager la réforme du lycée professionnel
01:05:00 pour que le plus grand nombre de nos adolescents et de nos jeunes
01:05:03 accèdent soit à des formations vraiment qualifiantes, soit à l'emploi.
01:05:06 Nous redoublerons aussi d'efforts pour ramener vers le travail
01:05:11 le plus de bénéficiaires du revenu de solidarité active
01:05:14 en les accompagnant mieux de manière très concrète dans leur vie.
01:05:18 Le travail doit aussi mieux payer.
01:05:22 En six ans, nous avons décidé des hausses conséquentes du salaire minimum
01:05:26 ou de la prime d'activité, mais face à la situation que je viens de décrire,
01:05:30 au colère que je viens de rappeler, nous devons agir de manière encore plus vigoureuse.
01:05:35 C'est pourquoi j'ai proposé de recevoir les organisations patronales et syndicales
01:05:40 dès demain matin pour celles qui y sont prêtes, et la porte sera toujours ouverte.
01:05:45 Et cela afin d'ouvrir, sans aucune limite, sans aucun tabou,
01:05:50 une série de négociations sur des sujets essentiels.
01:05:54 Améliorer les revenus des salariés, faire progresser les carrières,
01:05:59 mieux partager la richesse, améliorer les conditions de travail,
01:06:03 trouver des solutions à l'usure professionnelle,
01:06:06 accroître l'emploi des seniors et aider aux reconversions.
01:06:10 Ce nouveau pacte de la vie au travail sera construit dans les semaines et les mois qui viennent
01:06:18 par le dialogue social et les accords très concrets au niveau national,
01:06:23 mais aussi au plus près du terrain, que les organisations syndicales et patronales seront trouvées.
01:06:29 Plus largement, c'est par la réindustrialisation que nous retrouverons notre force
01:06:35 et que nous créerons des emplois mieux payés.
01:06:38 Là aussi, nous avons des résultats tangibles, inédits.
01:06:43 En France, dans des vallées et des cantons, des usines ouvrent à nouveau, 200 depuis deux ans.
01:06:50 Là où notre pays s'était habitué à la désindustrialisation,
01:06:55 nous recréons de l'emploi industriel et nous sommes devenus le pays le plus attractif en Europe pour les investissements.
01:07:02 Notre nouvelle économie, plus verte, respectueuse de nos terres et de nos paysages,
01:07:07 n'est pas un rêve, mais une réalité qui nous permet de créer des emplois et de tenir nos engagements pour le climat.
01:07:14 Grâce à la planification écologique qui sera dévoilée d'ici l'été,
01:07:18 nous irons vers un nouveau modèle productif et écologique.
01:07:23 Dans l'agriculture, le bâtiment, l'économie circulaire, les transports, l'énergie et les technologies.
01:07:30 Un cadre aussi avec lequel nous serons mieux parés face aux événements climatiques, comme la sécheresse estivale.
01:07:39 Le deuxième chantier est celui de la justice et de l'ordre républicain et démocratique.
01:07:45 L'État de droit est notre socle.
01:07:48 Et il n'y a pas de liberté sans loi, ni sans sanction envers ceux qui transgressent le droit des autres.
01:07:55 Dans ce but, nous continuerons à recruter plus de 10 000 magistrats et agents,
01:08:00 continuerons d'améliorer le fonctionnement de notre justice
01:08:04 et nous sommes en train de créer 200 brigades de gendarmerie dans nos campagnes.
01:08:09 Lutter contre toutes les formes de délinquance, contre toutes les fraudes, qu'elles soient sociales ou fiscales,
01:08:14 sera aussi au cœur de l'action du gouvernement, avec des annonces fortes dès le début du mois de mai.
01:08:21 Nous renforcerons aussi le contrôle de l'immigration illégale,
01:08:25 tout en intégrant mieux ceux qui rejoignent notre pays.
01:08:30 Rénover l'ordre républicain et démocratique signifie également que nous devons lutter contre le sentiment persistant que voter ne serait plus décidé.
01:08:40 Je proposais à cet égard, en lien avec la présidente de l'Assemblée nationale, le président du Sénat,
01:08:46 le président du Conseil économique, social et environnemental,
01:08:49 des grandes pistes pour que le fonctionnement de nos institutions gagne en efficacité,
01:08:54 mais aussi en participation citoyenne, comme nous venons d'ailleurs de le faire avec la Convention citoyenne sur la fin de vie.
01:09:02 Le troisième chantier, enfin, est celui du progrès. Progrès pour mieux vivre.
01:09:10 Je veux que chacun d'entre vous retrouve la certitude que nos enfants pourront bâtir une vie meilleure.
01:09:16 Et ce sont nos services publics qui devront porter cette espérance, de la petite enfance au grand âge.
01:09:23 Dès lors, l'éducation nationale doit renouer avec l'ambition d'être l'une des meilleures d'Europe.
01:09:28 Dès la rentrée, notre école va changer à vue d'œil.
01:09:31 Pour les enseignants qui seront mieux rémunérés, pour les élèves qui seront davantage accompagnés en français et en mathématiques,
01:09:37 pour leurs devoirs et pratiqueront plus de sport à l'école,
01:09:40 pour les parents qui verront le remplacement systématique des enseignants absents.
01:09:45 Notre système de santé sera aussi profondément rebâti.
01:09:49 Depuis six ans, 11 millions de Françaises et de Français ont pu bénéficier du reste à charge zéro
01:09:55 de leurs lunettes, de leurs appareils auditifs ou de leurs prothèses dentaires.
01:09:59 Nous avons mis fin au numerus clausus et nous avons massivement investi dans notre hôpital.
01:10:04 Mais il faut des résultats concrets et à court terme.
01:10:07 D'ici la fin de cette année, 600 000 patients atteints de maladies chroniques qui n'ont pas de médecin traitant en disposeront.
01:10:15 Et d'ici la fin de l'année prochaine, nous devrons avoir désengorgé tous nos services d'urgence.
01:10:23 Et pour les quelques 10 millions d'entre vous qui vivez dans les quartiers les plus défavorisés,
01:10:28 dans les zones rurales les plus en difficulté, dans nos territoires d'outre-mer,
01:10:33 nous trouverons là encore des solutions concrètes pour améliorer la vie quotidienne.
01:10:40 Mes chers compatriotes, ensemble, nous avons fait face à l'épidémie, à de nombreuses crises depuis six ans, à tant de périls.
01:10:47 À chaque fois, j'ai cherché à libérer les énergies, à protéger les plus faibles, à tenir l'unité du pays.
01:10:55 Avec le seul intérêt de la nation comme guide.
01:11:00 C'est le même esprit de responsabilité qui doit nous animer.
01:11:03 Au moment où nous avons à relever sans attendre les défis du changement climatique, du vieillissement, des désordres géopolitiques,
01:11:10 des révolutions technologiques comme l'intelligence artificielle ou les algorithmes.
01:11:16 Je me rappelle, il y a quatre ans, presque jour pour jour, je m'exprimais sous cette forme devant vous.
01:11:24 Notre-Dame de Paris venait de brûler.
01:11:26 Et je vous disais, dès le lendemain, que nous rebâtirions en cinq ans.
01:11:32 Que n'avais-je alors entendu ?
01:11:35 Et tous les commentateurs nous ont dit "impossible, pourquoi ce cap, intenable ?"
01:11:42 Eh bien, nous allons le faire.
01:11:44 Nous allons le faire parce qu'une décision a été prise, mais surtout parce qu'il y a eu la volonté de chaque jour et la mobilisation de tous.
01:11:53 Parce qu'il y a eu des milliers de femmes et d'hommes partout à travers le pays pour oeuvrer ensemble et rebâtir.
01:12:00 Eh bien, il doit en être de même pour les grands chantiers de la nation.
01:12:05 Et c'est pourquoi je sollicite toutes les forces d'action et de bonne volonté.
01:12:08 Nos maires, nos élus, nos forces politiques, nos syndicats, tous ensemble.
01:12:13 Je compte mieux les associer en relançant dès le mois de mai des coalitions et alliances nouvelles sur les bases solides du Conseil National de la Refondation, au plus près du terrain.
01:12:23 Et chacun d'entre vous avait un rôle à jouer.
01:12:27 Il nous faut moins de lois, moins de bureaucratie, plus de liberté d'action, d'expérimentation, de pouvoir d'initiative à l'échelle de nos vies.
01:12:36 Oui, c'est cet élan national auquel je crois.
01:12:41 Et ces trois chantiers prioritaires constituent la feuille de route du gouvernement que la Première ministre détaillera dès la semaine prochaine.
01:12:50 Ces trois chantiers doivent nous rassembler, rassembler les principaux responsables de la nation.
01:12:57 Je m'y impliquerai.
01:12:59 Et le 14 juillet prochain doit nous permettre de faire un premier bilan.
01:13:04 Nous avons devant nous 100 jours d'apaisement, d'unité, d'ambition et d'action au service de la France.
01:13:14 C'est notre devoir.
01:13:16 Et je vous fais confiance.
01:13:18 Je nous fais confiance pour y arriver.
01:13:21 Vive la République et vive la France.
01:13:25 (Musique)
01:13:32 Bonsoir à tous, Gilles-William Gollnadet, Geoffroy Lejeune, Olivier Dartigas.