BE SMART - Emission du vendredi 21 avril

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Vendredi 21 avril 2023, BE SMART reçoit Boris Lombard (président, KSB France) , Lauren Weber-Staricky, (Directrice Générale, ROSA RISE) , Agathe Sanson (directrice dialogue parties prenantes, communication et mécénat Groupe, CNP Assurances) et Anne Charlès-Pinault (Directrice générale, Lactel)

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Transcription
00:00 [Musique]
00:08 Bonjour à tous, bienvenue dans Bismarck, l'émission.
00:11 Alors aujourd'hui, on va parler d'industrie,
00:14 l'industrie qui revient au cœur des préoccupations avec notamment le plan Industrie Verde.
00:18 J'ai voulu partir à la rencontre d'un dirigeant qui est au cœur d'une entreprise franco-allemande.
00:25 Ça permettra d'avoir un regard un petit peu européen sur l'ensemble de ces questions.
00:29 On parlera des nouveaux lieux de travail, comment réenchanter des sièges d'entreprise,
00:34 comment donner envie aux collaborateurs de revenir.
00:37 CNP Assurance vient justement de changer de siège il y a six mois,
00:40 donc on fera un petit retour d'expérience en compagnie de la directrice communication du groupe.
00:46 On sera également avec la patronne de Lactel pour faire le point sur tous les enjeux de la filière lait en France.
00:53 Une filière qui, vous le savez, est très challengeée par la baisse des volumes, par la baisse du bio également.
00:57 On en parlera dans quelques instants.
00:59 Et puis on terminera par parler des sujets qui vous tiennent à cœur, notamment les réseaux sociaux.
01:04 Comment est-ce qu'aujourd'hui un dirigeant peut travailler son personal branding, son social branding ?
01:09 Est-ce qu'une agence peut l'accompagner sur ces sujets ?
01:12 On sera avec la directrice générale de Rosa Rice dans quelques instants.
01:16 C'est Bismarck, l'émission, c'est parti.
01:24 Pour commencer cette émission, je vous propose de parler d'industrie.
01:27 J'ai le plaisir de recevoir Boris Lombard. Bonjour.
01:30 Bonjour Aurélie Pladex.
01:31 Vous êtes le président de KSB.
01:34 Alors KSB, c'est une entreprise allemande, 2 milliards et demi d'euros de chiffre d'affaires,
01:38 quelque chose comme ça, à peu près 16 000 salariés.
01:40 Et on est dans le domaine des pompes et de la robinetterie industrielle.
01:43 Peut-être que vous pouvez un peu préciser déjà ce que c'est que KSB, même si je viens de donner des grandes lignes.
01:47 C'est une entreprise familiale allemande qui est née en 1871.
01:51 On vient de fêter les 150 ans du groupe. Il n'y a pas si longtemps que ça.
01:55 C'est une entreprise présente mondialement effectivement dans les pompes et la robinetterie.
02:00 Et les services associés avec une présence très forte en France.
02:03 On est en France depuis 1951.
02:05 Nous disposons de 4 usines sur le territoire français et de 17 ateliers de services.
02:11 Donc on est quelque part aussi une entreprise française puisque nous exportons 80% de ce que nous fabriquons en France à l'étranger.
02:19 80% ?
02:21 Oui.
02:22 Mais c'est quoi ? C'est des vannes industrielles ? On est sur quel type de... ?
02:25 Alors on adresse divers types de marchés. Le bâtiment, l'industrie, le cycle de l'eau, le domaine de l'énergie également.
02:34 Et c'est vrai qu'on est sur des vannes assez techniques.
02:36 Pour vous donner un exemple très clair, dans notre usine de La Roche-à-Laye en Dordogne,
02:40 on fabrique des vannes qui sont installées sur des métaniers par exemple.
02:44 Pour le transport du gaz naturel liquéfié à des températures cryogéniques.
02:48 À -163°C.
02:50 Oui parce que quand on pense robinetterie, on pense eau mais pas nécessairement en fait.
02:54 Oui alors essentiellement c'est de l'eau tout de même ce que l'on véhicule à la fois au travers de nos robinets industriels et au travers de nos pompes.
03:02 En tout cas moi je vous ai fait venir pour qu'on parle de l'industrie parce que l'industrie est de nouveau un petit peu au cœur des préoccupations
03:11 ou en tout cas des attentions médiatiques depuis le Covid en tout cas.
03:14 On parle beaucoup de réindustrialisation, de relocalisation, maintenant d'industrie verte.
03:19 Est-ce qu'il était temps qu'on remette un petit peu l'industrie au centre du jeu ?
03:23 Je crois qu'on a gagné quelque part la bataille des esprits dans l'industrie, on en parle depuis maintenant.
03:28 2018 c'était la première édition d'un événement auquel nous avons participé d'ailleurs de manière très active chez KSB qui était l'usine extraordinaire.
03:36 Bien sûr.
03:37 Et qui nous a beaucoup mobilisés et qui au travers des dernières éditions,
03:40 notamment celle de Viva Fabrica à Lyon au mois de février, nous a également fortement mobilisés.
03:45 Donc l'industrie quelque part est redevenue au centre du débat en France et je crois que c'est positif.
03:52 On s'est aperçu à quel point la désindustrialisation avait été délétère pour le pays
03:57 et à quel point il était important de regagner des parts de PIB dans l'industrie.
04:03 On a une industrie qui est à peu près à la moitié de ce qu'elle représente à Dallemagne
04:08 et il faut véritablement qu'on gagne cette bataille avec des opportunités aujourd'hui
04:13 que nous donne à la fois la relocalisation des chaînes de valeur et puis également la décarbonation.
04:19 Vous évoquiez l'Allemagne. Quelle est la vision allemande de l'industrie par rapport à la France ?
04:25 À Dallemagne, l'industrie est quelque part le bien commun.
04:29 C'est quelque chose pour lequel les syndicats, le patronat, les politiques se sont tout le temps battus et ça continue encore aujourd'hui.
04:36 L'Allemagne n'a jamais abandonné son industrie parce que je crois qu'elle y croit fortement d'une part.
04:43 Elle voit cela comme un secteur porteur, un secteur d'avenir dans lequel les jeunes,
04:48 notamment au travers de l'apprentissage qui est très développé à Dallemagne, ont à cœur de se développer.
04:54 Et donc de ce point de vue-là, je pense que l'Allemagne nous offre quelque part un exemple de ce qu'il faudrait faire en France.
05:02 En France, l'Allemagne a aussi l'avantage d'être portée par beaucoup d'entreprises familiales.
05:06 C'est le cas de KSB. Et cet attachement viscéral au territoire, à l'industrie a peut-être été finalement le garde-fou
05:14 qui a empêché que l'industrie allemande, à l'instar de l'industrie française, délocalise massivement dans les 40 dernières années.
05:22 Aujourd'hui, il faut arriver à remobiliser les jeunes vers ces filières-là. Il y a eu beaucoup d'efforts faits.
05:28 Vous citiez l'apprentissage en Allemagne qui est à un niveau bien plus élevé qu'en France.
05:32 Mais néanmoins, on a franchi un gros gap, je crois, en termes de contrat avec des niveaux records.
05:37 Il faut continuer dans cette voie-là. Qu'est-ce qu'on peut faire pour rendre cette industrie française plus attractive pour les jeunes aujourd'hui ?
05:45 Je crois qu'il faut convaincre les jeunes de la nécessité pour eux de rejoindre l'industrie, pour la transformer.
05:51 Ils ont à cœur souvent de participer à la décarbonation, de participer à cette transformation écologique.
05:58 Ils peuvent y participer de l'intérieur, en quelque sorte, lorsqu'ils rejoignent l'industrie.
06:02 Et je crois que c'est un des arguments forts que l'on peut mettre au-devant des jeunes pour les attirer dans nos secteurs.
06:10 Il faut aller les convaincre sur place. Alors, je parlais de Viva Fabrica tout à l'heure.
06:13 On peut le faire comme on le fait chez KSB en allant dans les lycées.
06:17 J'ai été frappé de constater lors d'une enquête récente qui a été commandée, je crois, par l'ENSAM,
06:22 que 72 % des lycéens ont aujourd'hui une opinion positive de l'industrie.
06:27 72 %, oui !
06:28 Ce qui est quand même pas mal.
06:30 Ce qui prouve que les mentalités ont évolué de manière très positive ces dernières années.
06:34 Malgré tout, 42 % seulement envisagent de travailler dans l'industrie.
06:38 Ce qui prouve qu'on a encore du chemin à faire, peut-être parce qu'ils ne connaissent pas assez bien les métiers de l'industrie.
06:43 Ils ont du mal à se projeter dans ces métiers-là.
06:47 Donc, à nous aussi de leur faire comprendre que l'industrie, c'est un travail d'équipe,
06:51 c'est un creuset formidable qui agrège des gens de talents différents, d'horizons différents,
06:58 autour de projets très concrets.
07:00 Et c'est une formidable manière de faire carrière et de s'épanouir.
07:05 Vous parliez de décarbonation et du rôle que peut jouer l'industrie dans la décarbonation.
07:10 Comment ça se traduit par exemple dans une entreprise comme la vôtre, le chantier de la décarbonation ?
07:14 Quels sont les sujets que vous adressez ?
07:16 Nous avons une particularité et le bilan carbone très récent que nous avons réalisé le démontre,
07:23 c'est que 98 % de l'empreinte carbone que nous laissons est liée à l'usage de nos produits.
07:29 Une pompe, ça tourne pratiquement tout le temps, pour certaines en tout cas, et ça consomme beaucoup.
07:34 Donc le premier chantier auquel nous sommes attelés, depuis très longtemps d'ailleurs,
07:37 on a travaillé sur la réglementation européenne avec l'ensemble de la profession dès 2013,
07:43 donc ça remonte déjà à il y a 10 ans, a consisté à élever le taux d'efficience des produits que nous mettions sur le marché.
07:52 Et ce faisant, nous avons réalisé collectivement à peu près 30 TWh d'économie en Europe.
07:59 30 TWh, c'est à peu près la consommation d'un pays comme l'Irlande.
08:03 C'est énorme ! Donc nous avons énormément contribué justement à l'efficience des produits,
08:08 à la diminution de la consommation énergétique, et c'est vraiment le premier levier auquel on peut avoir recours dans notre secteur pour décarboner.
08:15 Et puis il y a aussi ce qu'on appelle de manière un peu technique les scopes 1 et 2,
08:19 c'est-à-dire la consommation énergétique à l'intérieur de l'entreprise, l'empreinte carbone liée à nos propres opérations.
08:27 Chez KSB, depuis 2018, nous achetons de l'énergie verte, nous avons pris cette décision, de l'énergie renouvelable.
08:34 Donc nous avons un scope 2 qui est égal à zéro, et puis on met en place un certain nombre de mesures de sobriété.
08:41 Vous vous rappelez que le gouvernement avait demandé 10% d'économie au mois de septembre de l'année dernière.
08:47 À l'approche d'un hiver que l'on craignait rigoureux et difficile, on a réalisé 20%.
08:52 C'est-à-dire qu'avec quelques mesures de bon sens, tout simplement abaisser la consigne de température dans les locaux,
09:00 19° dans les bureaux, 18° dans les usines, en fermant aussi le chauffage dans quelques locaux qui étaient peu utilisés.
09:08 On est arrivé à un niveau de sobriété, à des économies qui sont deux fois supérieures à la demande du gouvernement.
09:14 Ce qui laisse augurer, si maintenant on double cela avec des investissements que nous prévoyons de faire d'ailleurs,
09:20 d'isolation de panneaux solaires, de gestion automatisée des bâtiments, des potentiels d'économie encore plus importants.
09:28 On parlait tout à l'heure d'industrie verte et du plan qui est en cours avec la loi qui est en cours de préparation sur ce sujet.
09:36 Comment est-ce que vous regardez ça ? Est-ce que vous dites ça y est on va avoir une conscience collective qu'il faut prendre ces enjeux-là en considération
09:45 et on va avoir un coup de main pour les réaliser ou vous dites non finalement j'ai déjà mis en place beaucoup de choses et ce plan-là ne va rien changer pour moi ?
09:53 On a besoin d'un plan et on a besoin collectivement de travailler justement la décarbonation.
09:58 Les objectifs européens sont assez ambitieux en la matière. On parle de moins 55% d'émissions de CO2 par rapport au niveau de 90
10:08 et quand on regarde ce qui a été fait jusqu'à présent on s'aperçoit qu'on a atteint à peu près la moitié de l'objectif en 30 ans
10:13 et qu'il nous reste moins de 10 ans pour faire la suite.
10:17 Donc il y a encore beaucoup de pain sur la planche et le cadre réglementaire est un levier évidemment très puissant et nécessaire pour ce faire.
10:24 Néanmoins la difficulté et c'est là qu'il faut que ce genre de processus soit réalisé de manière coordonnée et concertée avec les entreprises
10:37 c'est faire en sorte que ce cadre réglementaire puisse être géré d'une manière économiquement soutenable par les entreprises.
10:45 Donc j'appelle moi personnellement au niveau européen parce que je pense que c'est là que se jouent les enjeux essentiels de la décarbonation
10:53 un cadre réglementaire clair, stable, défini qui pour l'instant reste très flou toutefois concerté avec les entreprises
11:02 à l'instar de ce que nous avons fait dans le domaine des pompes et que je mentionnais tout à l'heure dès 2013
11:07 puisque les réglementations qui ont conduit à ces économies sont des réglementations qui à l'époque avaient été définies par la profession
11:14 et par l'Union Européenne et je crois que c'est typiquement le type d'approche vertueuse qu'il faudrait mettre en place pour atteindre ces objectifs.
11:25 Une réglementation harmonisée mais est-ce que vous attendez aussi des aides ou des dispositifs fiscaux comme un peu ce qui se fait aux Etats-Unis ?
11:34 On parle beaucoup de l'IRA et je crois que c'est le président de France Industrie Alexandre Sobo qui disait
11:38 il faut que la France et l'Europe assument une réponse claire parce que dans les grandes zones économiques du monde aujourd'hui
11:44 rivalisent les subventions pour accélérer cette transition. Vous est-ce que c'est quelque chose que vous réclamez également ?
11:51 Je crois que c'est pas dans l'ADN des entrepreneurs que de réclamer des subventions très honnêtement. Après c'est une question d'équilibre.
11:59 S'il faut forcer la marche, évidemment qu'il faut des aides pour accélérer et pour justement rendre cette transition économiquement soutenable encore une fois.
12:11 On est dans un espèce effet de ciseaux aujourd'hui. On a une inflation très forte qui pèse sur les augmentations de salaires.
12:17 On a une croissance qui est plutôt en berne et nous nous retrouvons face à des investissements massifs à réaliser pour pouvoir gérer justement cette décarbonation.
12:27 Pour que cette équation soit gérable, il faudra très certainement que les pouvoirs publics également, en fonction de la vitesse à laquelle on veut parvenir à cette transformation,
12:38 injectent effectivement un certain nombre d'aides sous la forme par exemple de défiscalisation. D'autant plus que maintenant, effectivement aux Etats-Unis,
12:46 l'RA change un peu la donne et est une formidable pompe à aspirer des investissements et un véritable danger pour l'Europe.
12:57 Donc on est dans l'obligation d'avoir une réponse européenne à ce dispositif.
13:03 Merci beaucoup Brice Lombard. Je rappelle que vous êtes le président de KSB.
13:13 Maintenant, on va parler de lieux de travail et comment finalement réinventer ces lieux de travail. On a beaucoup parlé de tous les bouleversements liés au Covid.
13:21 Aujourd'hui, certaines entreprises ont mis en place de nouvelles pratiques, de nouveaux lieux. Comment ces lieux finalement servent-ils à recréer du lien entre les collaborateurs ?
13:30 On en parle avec Agathe Samson. Bonjour. Bonjour. Vous êtes directrice Dialogue, Parti prenant de communication et mécénat groupe chez CNP, donc un assureur.
13:38 Vous avez inauguré, pris vos places dans un nouveau siège, je crois que c'était au mois de décembre, c'est ça ? Vous avez à peu près six mois de recul.
13:46 D'abord, avant qu'on en tire un peu les enseignements, j'aimerais savoir ce qui a motivé comme ça la création d'un nouveau siège ?
13:52 Pour être honnête, c'était vraiment une opportunité simplement de se dire qu'en fait on avait un immeuble qui était au-dessus de la gare Montparnasse,
14:00 qui était déjà assez ancien, on devait faire des travaux, donc l'idée était de se dire qu'en fait on avait besoin aussi de rassembler toutes les équipes franciliennes,
14:11 donc on avait envie de trouver un autre lieu qui permettait tout ça. Ça, c'était avant le Covid. D'accord. Ah oui, c'était avant.
14:18 C'était avant le Covid et en fait on avait déjà un jour de télétravail, mais suite au Covid, on a fait un accord pour nos collaborateurs de trois jours de télétravail.
14:30 Et là, ça change complètement la donne. Eh oui, bien sûr. Alors d'abord, on a vécu quelques années avant que le nouvel immeuble soit livré.
14:39 On a vécu dans un immeuble qui était fait pour que tout le monde soit là, dans des bureaux fermés, avant le Covid et avant le télétravail.
14:46 Alors là, c'était juste l'horreur parce qu'on pouvait passer des journées entières sans voir personne. Eh oui, j'imagine.
14:51 Et donc, entre ces années de confinement, ces mois de confinement et cette période-là, c'était super important que les collaborateurs,
14:59 et de concevoir un lieu pour que les collaborateurs se retrouvent. Et d'ailleurs, c'est ça qu'il y a, on en parlera tout à l'heure sur les enseignements, mais qu'il y a le plus-plus.
15:07 En fait, la façon dont on a conçu cet immeuble, on l'a fait vraiment de façon hyper collaborative avec l'ensemble des différents métiers.
15:17 Ça devait vraiment correspondre à un projet d'entreprise, un projet de management, qui est celui de Stéphane Dedeye, notre directeur général,
15:24 qui a, si je devais faire les choses très simples, doit vraiment donner beaucoup plus d'autonomie, beaucoup plus de responsabilité
15:32 et beaucoup plus de collaboratif avec d'autres espaces collaboratifs pour nos collaborateurs.
15:39 Donc ça change beaucoup de choses parce que qui dit donner de l'autonomie et de la responsabilité au plus près du terrain, c'est que les collaborateurs,
15:45 entre eux, vont travailler, collaborer pour trouver la solution aux problèmes qu'ils se posent au service de leurs clients, de leurs partenaires.
15:54 On pense que c'est vraiment les collaborateurs au plus près du terrain qui ont la plupart des solutions.
16:00 Ça peut être des idées hyper pragmatiques, ça peut être des grands défis qu'on a envie de se donner, mais ça, ça suppose des lieux différents.
16:10 Mais c'est ça, parce que ça marche ce genre de brainstorming. On sait bien qu'en termes de créativité, on est plus efficace quand on est tous dans la même pièce,
16:17 et pas à distance non plus.
16:19 En fait, il y avait deux enjeux. Avec les trois jours de télétravail, ça suppose de définir quels sont les types de tâches que l'on fait chez soi
16:27 et quels sont les types de tâches que l'on fait quand on se retrouve tous ensemble.
16:30 Parce que si c'est pour se retrouver tous ensemble et enchaîner les réunions Teams, on s'y bien resté chez soi.
16:37 Donc nous, vraiment, l'aménagement qu'on a fait avec l'agence W et la fabrique, c'était vraiment de se dire, en fait, il y a des lieux,
16:45 il y a des endroits dans l'immeuble où on est là pour travailler sur son ordinateur, mais il y a surtout beaucoup d'endroits de collaboratifs,
16:52 de réunions, de petits salons, de cafétarias, et pour qu'en plus les gens puissent se retrouver, discuter.
16:59 Ce côté, en plus, hyper informel, qui est très important. Ça, on a tous vu, je crois, qu'avec la Covid, on a...
17:05 On va y revenir, mais moi, je voudrais comprendre d'abord, avant qu'on voit comment ils ont utilisé vos lieux aujourd'hui,
17:10 comment vous les avez construits ? C'est-à-dire, vous me dites que c'était collaboratif, d'accord, mais concrètement, comment ?
17:14 En fait, déjà, vous vous dites... C'est quand même une forme de révolution d'organisation, en tout cas d'évolution du fonctionnement, au moins.
17:25 À partir du moment où vous vous dites ce qui est intéressant, qu'est-ce qui se fait à la maison et qu'est-ce qui se fait quand on se retrouve tous ensemble,
17:32 alors finalement, de quoi avez-vous besoin ? Donc on a fait des ateliers, on a rassemblé pratiquement, sur 3000 collaborateurs en France,
17:42 6600 collaborateurs qui ont travaillé à des ateliers. Vous avez besoin de quoi ? Qu'est-ce que vous avez envie d'améliorer ?
17:48 Comment vous voyez votre... Qu'est-ce qui, aujourd'hui, fonctionne et qu'est-ce qui, aujourd'hui, ne fonctionne pas ?
17:53 Si vous devez vous projeter dans un lieu hyper chaleureux, convivial, dans lequel vous allez avoir envie de venir, ça veut dire quoi ?
18:00 Quel type de lieu va correspondre à vos valeurs ? Parce que ça, c'était un des points très très importants.
18:05 Notre nouvel immeuble, il est à énergie positive. Les collaborateurs, vraiment, ça a été pour eux un élément très important.
18:11 Comment ils allaient vivre ce nouvel immeuble, y compris en matière de bon fonctionnement, de bas carbone ?
18:20 Évidemment, la cantine, vous imaginez bien, elle est ultra bio, ultra circuit court. Tout ça, c'était des choses qu'ils ont n'hésitez pas.
18:27 - Vous leur en demandez. - Donc aussi bien sur le convivial que sur l'utilité et la façon de travailler, on leur a demandé leur avis.
18:36 Et à partir de là, on a conçu des espaces qui permettaient de répondre le plus possible à tous ces standards.
18:42 Parce qu'il y avait un maître mot que notre directeur général nous disait tout le temps, c'était « on est en compét' avec le domicile ».
18:50 - Et bien sûr. - Bien sûr.
18:52 - Donc en fait, vous vous êtes dit, si on ne répond pas à leurs envies, personne ne viendra.
18:55 - Exactement. Il fallait leur donner envie de revenir, besoin et envie de revenir.
19:00 Et ça, c'était à partir de là, ça voulait dire plusieurs choses. Ça voulait dire des lieux très conviviaux, chaleureux, beaux.
19:07 Parce que l'œil à sa part, comme on dit. - Oui, c'est sûr.
19:10 - Confortable. Et ça, on a vraiment poussé, je crois, les feux assez fortement. Mais on considérait que c'était vraiment important.
19:18 Et puis, on a aussi fait en sorte que ce soit très facile de travailler. Donc la digitalisation, c'est important, ça, quand même.
19:29 Parce qu'on est un groupe international. Donc comment est-ce qu'on pouvait recréer aussi des standards de formes de réunion ultra,
19:38 d'une technologie extraordinaire qui permet quasiment de considérer que vous êtes en réunion avec vos collègues alors qu'ils sont au Brésil.
19:45 - D'accord. - Ça, c'était vraiment à des points importants.
19:49 On veut vraiment aussi intégrer beaucoup nos parties prenantes ou leurs représentants dans notre façon de travailler.
19:56 Donc ça voulait dire des lieux ouverts où on pouvait faire venir plein de personnes, discuter avec elles.
20:01 Ça, c'était aussi... Voilà. Donc c'est les lieux de travail, les lieux de convivialité, les lieux aussi le plus possible tournés vers l'extérieur.
20:09 C'est un peu comme ça qu'on a conçu le projet. - Vous êtes à quel pourcentage en termes de flex office ?
20:15 - 0,5, ce qui était assez... - Ah oui ? - Ce qui était assez... - C'est-à-dire il y a une demi-place par personne.
20:20 - Alors en fait, justement, puisqu'on parlait de nouveaux fonctionnements, on a fait des quartiers.
20:26 Donc chacune des directions, des BU, des services se retrouve dans un même lieu.
20:32 Donc c'est un semi-flex quand même. C'est important parce que c'est une façon quand même de se retrouver.
20:36 On est toujours un peu grégaires quand même, de se retrouver dans son espace.
20:41 En revanche, il n'y a pas de place attribuée.
20:45 Et ce 0,5 en place de travail fixe, on va dire, est totalement compensé par 0,5 de place collaborative, conviviale.
20:54 Encore une fois, de petits salons, de salles de réunion, à deux, à quatre, à un, pour s'isoler, travailler, passer un petit coup de fil.
21:03 Et ça, c'était vraiment indispensable parce que ça permettait du coup d'allier à la fois le travail traditionnel, on va dire, et surtout le travail collaboratif.
21:12 Et je précise un point parce que dans ces cas-là, c'est l'exemplarité qui est aussi la plus importante.
21:17 Parce qu'au début, quand on a dit à tout le monde, plus de bureau attribué, plus de bureau individuel, ça a eu un petit peu de mal à passer.
21:22 Ils se sont dit, bon, ça voulait dire aussi que et le DG et le COMEX, c'était la même chose.
21:27 Ah, le DG et le COMEX aussi ?
21:29 Le DG et le COMEX, on a, comme les autres, un quartier qui est là où on se retrouve, là où on travaille, mais il n'y a pas de bureau individuel.
21:37 Et ça ne pose pas des soucis en termes de confidentialité des échanges ?
21:41 Non, parce qu'à partir du moment où vous avez la possibilité de vous isoler, comme pour tous les collaborateurs, dans un endroit pour passer un coup de fil ou une salle de réunion pour recevoir quelqu'un, là, il n'y a aucun problème.
21:54 Et c'est incroyable le nombre de dossiers qui se règlent en trois secondes parce qu'on a croisé notre collègue, alors même que d'habitude, on aurait fait monter une réunion, l'agenda est compliqué, c'est pendant 15 jours.
22:08 Là, en cinq minutes, on a posé une question, on a réglé un sujet.
22:12 Ça rend le travail, d'une certaine manière, beaucoup plus fluide.
22:17 Comment l'ont vécu vos collaborateurs ? Parce qu'effectivement, c'est à la fois une révolution de travail et puis c'était aussi une révolution géographique puisque vous étiez au cœur de Paris, là vous êtes en banlieue parisienne.
22:27 Comment est-ce qu'ils ont vécu tout ça ? On sait très bien qu'à chaque fois qu'il y a un déménagement, en général, ça râle un peu. Comment ça s'est passé ?
22:34 C'est vrai qu'au départ, l'idée de partir de Montparnasse, on était là depuis des décennies, l'idée d'avoir quelque chose qui était forcément beaucoup plus avec le flex, ça passait, être très honnête avec vous, moyen.
22:51 C'est aussi pour ça qu'on a vraiment voulu faire en sorte que tout le process, on a mis un an et demi avant d'emménager, on les a énormément questionnés, embarqués et prouvé qu'on allait les écouter.
23:03 Ce n'était pas uniquement pour faire de la communication interne. Donc ça, on a vraiment vu entre le début des travaux collaboratifs avec eux, on va dire un an et demi, et 3-4 mois avant, même plus, 5-6 mois avant d'arriver, ça y est, tout était d'une certaine manière aplani,
23:21 ils avaient collaboré, ils savaient exactement, on les informait de toutes les décisions qui étaient prises, qui étaient bien souvent conformes à ce qu'ils souhaitaient, pas toutes, on n'avait pas forcément la possibilité de faire tout quand même, mais enfin beaucoup d'entre elles.
23:36 En plus, encore une fois, puisqu'on était en compète avec le domicile, il fallait que l'endroit soit beau, qu'il soit accueillant, qu'il soit chaleureux.
23:46 Et alors, on a fait notre première semaine où on les a accueillis par petits groupes, et là, à la première minute, c'était "Waouh", en fait, franchement, c'est exactement ce qu'on voulait, on ne s'attendait pas à ça.
23:59 Et ils ont eu une vraie surprise, puisque, évidemment, leur crainte, c'était la place. Est-ce que je vais avoir assez de place pour travailler ? Cette histoire de 05, c'est quand même compliqué, avant j'avais un bureau tout seul, je vais devoir écouter mes collègues, ça c'était important, il fallait vraiment que toutes les installations soient au plus haut standard.
24:15 Et par exemple, l'acoustique, qui est un des éléments, on le sait bien, compliqués des open space, nous, on a vraiment des standards assez extraordinaires qui font que, franchement, ça le fait, comme on dit, et c'est vraiment, c'est vraiment très, enfin, manifestement très faisable.
24:31 Et puis, je crois que tout le monde aussi a eu, tout d'un coup, ce qu'on a le plus entendu les premières semaines, c'est "Ah, je suis enfroi des gens, j'ai recroisé un tel, je ne l'avais pas vu depuis 6 mois, j'ai pu poser la question à X parce que je l'ai croisé à la cafette".
24:49 Et ça, c'est vrai que ce capital relationnel, c'est quand même ce qui fait, quelquefois aussi un peu le salle de la vie, mais aussi le salle du travail. Donc, entre les lieux et les différentes possibilités de se retrouver, de discuter, c'est quelque chose qui, je crois, leur a beaucoup plu.
25:07 Vous parlez beaucoup d'être en compète avec le domicile, mais aujourd'hui, vous êtes aussi en compète avec tous les autres employeurs. Avoir des lieux comme ça, aujourd'hui, ça devient... Et des accords comme celui que vous venez d'écrire sur le télétravail, ça devient indispensable ?
25:21 Oui, c'est vraiment... Dans une société de service comme la nôtre, les talents, comme on dit, les "people", c'est vraiment notre or noir. Nous, où on garde nos collaborateurs, où on ne les garde pas, où on arrive à les attirer, où on n'arrive pas. Et s'ils ne sont pas chez nous, ils sont chez les autres. Donc, c'est un enjeu.
25:42 Et comme tous les secteurs, évidemment, on a le sujet de la difficulté, en fait, à trouver, à recruter, tout simplement. Et donc, attirer les collaborateurs, attirer les jeunes, particulièrement, ça, c'était vraiment aussi un de nos enjeux.
26:00 Et donc, si on a... Parce que c'est vrai qu'on a quitté le Cœur de Paris pour aller à Issy-les-Moulineaux. Ça va, c'est pas trop loin. Mais tout dépend où on habite, c'est toujours pareil.
26:10 Tout dépend où on habite. Alors ça, on avait fait très attention, évidemment. Au tout départ, on avait fait la cartographie de où habitaient nos collaborateurs.
26:16 Ah oui, vous l'aviez fait en amont.
26:18 En amont pour voir, en gros, quel était l'endroit de Paris qui était le plus supportable. Dans l'étude qu'on a faite, ça a augmenté en moyenne. Donc la moyenne, c'est toujours pareil.
26:28 Ça veut pas dire grand-chose. Mais enfin, il faut bien avoir un indicateur. Ça a augmenté le temps de trajet de 10 minutes, 12 minutes. Donc, voilà, on s'est dit c'est probablement, en tout cas, l'endroit le moins difficile.
26:43 Mais c'est vrai que, et c'est aussi pour ça qu'on avait fait les 3 jours de télétravail, puisque nous, on a beaucoup de femmes et de gens qui travaillaient très loin.
26:51 Donc, leur permettre aux gens de bénéficier, si j'ose dire, de ces quelques fois 2 heures dans la journée qui sont consacrées au temps de travail, ça vaut très très cher.
27:02 Oui, bien sûr. Souvent, quand on fait de tels chantiers, on fait la corrélation avec une transformation d'entreprise.
27:09 C'est à la fois un nouveau siège, c'est à la fois un nouveau mode de travail, mais c'est aussi une transformation de l'entreprise.
27:15 Dans quelle mesure est-ce que ce nouveau siège-là, il reflète la transformation de CNP aujourd'hui ?
27:20 On a un projet de développement qui est... Donc, nous, notre modèle, c'est on est un assureur, un modèle multipartenarial.
27:27 Donc, on travaille avec différentes typologies de partenaires en France et à l'international. Et on a un gros développement international qui est en cours.
27:38 Donc, par définition, tout ce qui permet... Donc, ça, c'est la partie développement économique, on va dire business.
27:45 Et la partie transformation, on va dire culturelle, même si le terme peut regrouper beaucoup de choses, c'était justement d'amener le plus possible les collaborateurs
27:56 à ce travail collaboratif, à cette interdépendance entre les métiers, à cette créativité pour trouver les meilleures solutions pour le client et pour le partenaire.
28:07 Et donc, ça, ça suppose des espaces collaboratifs, tout simplement. Ça suppose l'envie de se retrouver, l'envie de discuter avec un collègue, dire « Tiens, j'ai une idée, qu'est-ce que t'en penses ? »
28:17 C'est tous ces sujets-là. Et puis, c'est évidemment le sujet de pouvoir interagir avec nos fidèles à l'étranger de façon la plus fluide possible.
28:24 Et dans des conditions de quasi réunion, on a le sentiment de pouvoir discuter avec elles de façon la plus simple qui soit.
28:34 Et puis, on a aussi fait un projet qui a été très important pour nous et qui était finalement en lien avec toute cette transformation culturelle.
28:44 Nos 6000 collaborateurs partout dans le monde, alors en partie en visio, on a organisé un grand débat entre collaborateurs sur les priorités stratégiques,
28:55 sur la façon dont on voulait vivre les choses, sur ce qu'étaient des irritants, quels étaient leurs envies, leurs défis, leurs besoins.
29:04 Et ça, ça s'est déroulé sur six séances ou dans une salle à plat, si j'ose dire. On a animé un débat entre eux et l'EDG et le COMEX a écouté.
29:14 Pour l'inverse, ils ne parlaient pas. Au début, c'était bizarre. Et pour ceux qui devaient parler, pour ceux qui disaient « C'est bizarre, on a plein de questions, ils ne nous répondent pas ».
29:24 Non, parce que justement, on a voulu vraiment qu'ils se…
29:27 Il n'y avait pas de droit de réponse immédiat.
29:28 Alors si, on l'a fait bien sûr aussi quand même. Mais ce qui était très puissant, c'était qu'ils puissent discuter entre eux.
29:36 Où tous les métiers étaient au même niveau, discuter aussi bien de business que d'organisation, que d'envie, que de valeur, que d'identité.
29:47 Et ça, c'était vraiment très puissant. Et ça a probablement aussi… En tout cas, ça fait vraiment partie du projet d'entreprise, d'un travail plus général sur la façon dont on peut libérer la créativité, l'énergie.
30:03 Et en général, moi j'avais… Comme on dit, il y a beaucoup plus d'idées dans deux têtes que dans une.
30:10 C'est sûr.
30:11 Et c'est comme ça qu'on est vraiment particulièrement créatifs et performants.
30:15 En fait, tout ce que vous nous décrivez, c'est un peu les fondations d'une nouvelle culture d'entreprise en fait.
30:20 Oui. En tout cas, nous, c'est les fondations d'une nouvelle culture d'entreprise. Évidemment, c'est quand même lié à nos valeurs qui sont de toujours.
30:31 D'inclusivité, de durabilité. Donc forcément, il faut que ça corresponde. C'est à la fois une transformation, peut-être une évolution de fonctionnement, on va dire.
30:43 Mais ça doit quand même correspondre à un ADN, à des valeurs très fortes. Parce que c'est ça quand même qui permet de pouvoir engager les gens sur le long terme, je pense.
30:53 Merci beaucoup, Agathe Samson. Je rappelle que vous êtes directrice partie prenante communication et mécénat groupe de CNP.
31:00 Et on va maintenant parler des défis de la filière lait en compagnie d'Anne-Charles Espinaud. Bonjour.
31:10 Bonjour.
31:11 Vous êtes directrice générale de Lactel. Alors, c'est une filiale de Lactalis qui a publié hier une hausse de son chiffre d'affaires de 28 %, là où le bénéfice était en baisse d'à peu près 14 %.
31:20 Et 2022 a été une année difficile, a dit le patron de Lactalis, Emmanuel Bénier. Moi, je voulais savoir qu'est-ce qu'il en était précisément pour Lactel.
31:29 Alors, Lactel, effectivement, comme le groupe, je dirais, a eu une année un petit peu compliquée dans le sens où on a été confronté à une forte inflation sur les coûts de production de nos produits.
31:40 Deux choses essentielles à retenir sur cette inflation. La première, c'est le prix du lait payé aux producteurs, ce qu'on appelle la matière première agricole.
31:48 Donc cette matière première agricole, elle a effectivement augmenté de 25 % en 2022. Et puis il y a l'ensemble des autres coûts de production que sont les matières, les MPI.
31:58 Alors, c'est un petit peu technique. Les matières premières industrielles, ce sont à la fois l'énergie qui fait fois 2. C'est l'emballage qui fait...
32:05 Nous, on est essentiellement vendu dans une bouteille en plastique, donc en matière, ce qu'on appelle du PEHD. Donc c'est un type de résine plastique qui protège le lait.
32:14 Cette matière, elle a fortement augmenté. C'est +6 %, et puis la revalorisation des salaires, bien évidemment, de nos collaborateurs, qui font qu'effectivement,
32:21 l'ensemble de ces coûts ont été assez difficiles à répercuter. Et donc l'année a été, on va dire, un petit peu compliquée. Ce qui est à noter également, c'est le marché du lait.
32:31 Mais oui, j'allais vous poser la question. Effectivement, le marché du lait, je crois qu'en volume, on est en baisse. C'est ça, si j'ai bien tout compris.
32:36 Alors qu'en revanche, en termes de valeur, on est en hausse.
32:40 Exactement. C'est ça. C'est exactement ça. Donc en fait, le marché du lait, déjà, il faut savoir que le lait est un produit du quotidien des Français.
32:47 Ça, c'est vraiment important. C'est un marché, je dirais, qui s'adresse aux Français tous les jours, par la quotidienneté, par l'usage au petit déjeuner le matin et en cuisine.
32:57 Ce marché, effectivement, est un marché de volume puisque 75 litres de lait, c'est en moyenne ce que les Français achètent par an.
33:06 Ça fait plus d'une bouteille par semaine.
33:08 Voilà, exactement. Donc c'est assez significatif. Et donc ce marché, il représente 2 milliards de litres vendus en 2022.
33:15 Donc c'est effectivement un chiffre assez significatif. Et pour autant, vous aviez raison de le souligner, c'est un marché qui recule de l'ordre de 3,5% en volume en 2022
33:25 et qui se valorise à plus de 4,2% de progression en chiffre d'affaires. Alors pourquoi il se valorise, ce marché ? Eh bien parce que l'offre se diversifie.
33:35 Nous, chez Lactel, ce que l'on fait, c'est qu'effectivement, on a élargi notre gamme de références. On a plus de 40 références dans notre portefeuille.
33:43 Mais alors c'est ça que j'ai découvert. Mais moi, pardon, mais moi, j'ai été très, très stupéfaite parce que, K, je me dis, du lait, c'est du lait, bêtement.
33:49 Je me dis, du lait, c'est du lait. Il doit y avoir à l'aider 3 références, une pour les enfants et puis après, écrémé, demi-écrémé, et puis ça s'arrête là.
33:55 Mais pas du tout. Comment vous avez 40 références ? Alors oui, comment on a 40 références ? Eh bien parce qu'on s'adresse aux attentes du consommateur.
34:01 On l'écoute, ce consommateur. Et ce consommateur, il évolue. Vous avez raison. Avant, on était sur un lait demi-écrémé, plutôt en briques.
34:07 Et puis Lactel a inventé la bouteille, il y a plus de 30 ans. Donc quelque chose d'assez pratique, qui se referme, qui est facile à verser.
34:13 Et puis ensuite, on a inventé du lait biologique. C'est-à-dire qu'on est allé sur des offres de lait biologique.
34:19 Ça fait 30 ans, cette année. En ce moment même, on fête nos 30 ans. On est présents partout, dans les hypermarchés, les supermarchés, avec le lait Lactel bio engagé.
34:29 Donc effectivement, pour fêter ses 30 ans autour du bio. Et puis on a aussi développé des laits sans lactose.
34:35 Puisqu'en fait, on a une partie de la population qui, effectivement, digère moins bien le lait. Notamment quand on est un peu adulte, on a tendance à dire que le lait, finalement, c'est un peu lourd le matin au petit-déjeuner.
34:47 Donc on s'est dit comment on peut répondre aussi à ces attentes-là.
34:51 C'est quoi du lait sans lactose ? C'est du lait végétal ?
34:53 Ah non, pas du tout. C'est du lait. Déjà, c'est du lait, c'est pas du jus. C'est du lait. Ça reste du lait. Ça a tous les bienfaits du lait.
34:59 Et on enlève le lactose pour, effectivement, éviter ces petites sensations de lourdeur, de digestion qu'on peut avoir au petit-déjeuner.
35:07 Et c'est Matin Léger qui, aujourd'hui, répond à cette offre et à cette attente consommateur. On est leader du marché du lait sans lactose aujourd'hui en France.
35:15 C'est presque 100 millions de litres de lait vendus à la marque Lactel avec du lait sans lactose.
35:20 Et puis on a aussi des laits de chèvre et des laits de brebis parce que, des fois, on veut varier les plaisirs.
35:24 Et puis on veut changer, effectivement, de goût et on veut aussi ou travailler en cuisine parce que c'est très intéressant de travailler, notamment, avec le lait de chèvre en cuisine
35:32 ou le lait de brebis pour faire des yaourts, notamment. Donc on a, effectivement, travaillé l'offre et vraiment valorisé ce marché avec une gamme très large de produits
35:41 qui correspond vraiment à toutes les attentes des consommateurs. Et on a également des laits aromatisés pour, on va dire, les jeunes ados ou les adultes avec des cafés lattés, par exemple,
35:50 qui sont aussi en longue conservation, donc pas besoin de le mettre au frigo. On peut le mettre dans le sac, l'emporter avec soi, soit au travail, soit à l'école, donc sans problème.
35:59 Vous parliez de l'augmentation des prix que j'imagine vous avez dû donc répercuter en partie quand vous avez été face à cette augmentation des coûts.
36:06 Quelles sont les solutions que vous pouvez proposer aux consommateurs qui, lui, se trouvent aussi dans une phase de baisse de pouvoir d'achat ?
36:13 Alors vous avez raison. Nous, aujourd'hui, on vend du lait. On est en lien assez étroit avec le producteur, puisque c'est un des produits les moins transformés, le lait, l'LHT.
36:22 Et ce lait, comme je vous le disais, il a augmenté auprès du producteur de l'ordre de 85 euros des 1000 litres, soit 8,5 centimes sur un litre de lait.
36:31 Donc c'est effectivement assez significatif en 2022. Et donc nous, aujourd'hui, ce qu'on fait, c'est qu'on s'adresse aux familles.
36:37 L'Actel, c'est une marque familiale qui vraiment s'adresse aux familles, avec des enfants. Donc on est le lait de tous les consommateurs.
36:45 Et donc pour continuer à accompagner le consommateur, on va continuer à l'accompagner à travers des offres promotionnelles, dans les hypermarchés, dans les supermarchés,
36:53 mais aussi en drive, puisqu'aujourd'hui, c'est un mode de consommation qui est assez développé sur le lait UHT.
36:58 Donc on va aller effectivement travailler le drive également avec des offres promo. Donc les offres promotionnelles, c'est des offres par 8, des packs de 8 litres,
37:08 des packs de 10 litres. Et on va donc avoir une réduction de prix quand on va acheter ces formats un petit peu plus importants en magasin.
37:14 Et puis, comme je vous le disais tout à l'heure, on fait nos 30 ans, 30 ans du bio. Donc là, en ce moment, on va faire des offres par 8 litres de lait bio,
37:22 où on va effectivement, par exemple, faire un pack acheté, le deuxième à moitié prix, pour justement aussi les familles, les gros consommateurs de lait,
37:28 qui vont trouver, je dirais, la bonne affaire en magasin avec ces offres commerciales.
37:33 Parler du bio, là aussi, c'est un marché qui est difficile en ce moment. On a beaucoup parlé de la baisse des ventes du bio, et notamment le fait que certains volumes
37:44 de lait bio étaient vendus en lait classique, faute de débouchés. Comment vous regardez ça ? Est-ce que c'est des choses que vous constatez aussi, j'imagine, de votre côté ?
37:52 Effectivement, le lait n'échappe pas à cette tendance du recul de consommation des produits biologiques sur l'alimentaire en général.
37:59 Donc on est confronté à cette baisse de volume. Si on doit retenir un chiffre, c'est de l'ordre de -10% de ventes voluminelles.
38:05 Mais ce n'est pas négligeable.
38:06 C'est très significatif, vous avez raison de le souligner. Nous, aujourd'hui, on a toujours cru dans le bio. On a 30 ans dans le bio.
38:13 Il y a 30 ans, on a du mal à se reprojeter dans l'offre alimentaire bio, mais elle était finalement assez faible, cette offre alimentaire en bio.
38:20 Donc nous, on y a toujours cru. On a toujours accompagné nos producteurs. On a fait le choix, en 2019, de travailler même un cahier des charges un petit peu supérieur
38:30 au Label AB, en travaillant trois axes, que sont l'alimentation verte, c'est-à-dire qu'on va travailler l'alimentation des animaux pour favoriser
38:39 principalement l'herbage, qui est vraiment l'accessibilité à une alimentation la plus simple et la plus saine. Ensuite, on a travaillé sur le bien-être animal.
38:50 Alors comment on fait ça concrètement ? C'est-à-dire que Lactel s'engage à mettre à disposition des producteurs des formations avec des cabinets vétérinaires.
38:58 Donc on finance en fait les formations. Et puis, les producteurs de lait sont libres de venir ou pas suivre cette formation pour travailler notamment sur des médecines alternatives.
39:07 Par exemple, on sait qu'aujourd'hui, dans la filière agricole biologique, on essaye de ne pas mettre d'antibiotiques. Comment on fait pour soigner les animaux et en prendre soin ?
39:16 Donc c'était effectivement l'idée de ces formations. Et puis la troisième dimension, c'est la biodiversité, par exemple. Donc nous, on est vraiment positionnés sur Lactel Bio,
39:25 engagés pour la biodiversité. Et la biodiversité, c'est quoi concrètement ? Eh bien, c'est notamment planter des haies. C'est-à-dire qu'avec les producteurs, on va financer des plantations de haies.
39:38 Et ça, les plantations de haies, ça a plein de vertus en fait. Déjà, ça protège les animaux. C'est-à-dire que quand il fait froid, qu'il y a du vent, qu'il y a de la pluie, les vaches,
39:47 si vous faites attention dans les campagnes, quand vous vous baladez, elles vont s'abriter assez simplement derrière ces haies qui sont plantées. Donc ça, c'est important.
39:55 Et il faut dire qu'aujourd'hui, on a eu tendance quand même un peu à déboiser nos campagnes. Donc ça, c'est une vocation qu'on a qui est assez intéressante.
40:02 Ensuite, eh bien, ces petites haies qu'on met dans les campagnes, elles viennent abriter notamment les oiseaux. Ça fait des petits nichoirs pour les oiseaux.
40:10 Et puis ça fait aussi des refuges pour les insectes. Donc on a décidé effectivement de travailler là-dessus. Aujourd'hui, c'est 40 000 arbres qui ont été plantés.
40:19 Donc c'est loin d'être négligeable. Et donc c'est sur la base du volontariat. Donc les producteurs se portent volontaires. Ils nous proposent un plan de plantation.
40:27 Et nous, on finance ces plantations. Et puis là, on a décidé pour l'avenir de s'associer à l'Association nationale d'agroforesterie pour effectivement aller un petit peu plus loin
40:36 parce que planter, c'est bien. Mais des fois, ça ne marche pas. On peut avoir essayé soi-même et finalement, on n'a pas réussi. Donc il faut avoir quelques conseils
40:46 pour travailler les essences, avoir des conseils pour entretenir ces arbres pour qu'ils soient durables et qu'ils s'inscrivent dans le temps.
40:53 Donc c'est effectivement tout ce que l'on fait, nous, pour la filière. Donc on y croit. On y a toujours cru. C'est un passage. Aujourd'hui, je pense que notamment sur le lait,
41:01 il y a deux éléments. Il y a un élément structurel et un élément conjoncturel. L'élément structurel de recul sur le marché du lait, c'est que l'offre s'est diversifiée.
41:09 C'est-à-dire qu'à côté, entre le lait demi-écrémé qu'on évoquait tout à l'heure et le lait biologique, sont arrivées des offres un peu entre deux, je dirais,
41:16 qui sont soit sans OGM, par exemple. Donc c'est-à-dire c'est une promesse qui n'est pas bio, mais qui est un petit peu supérieure à un lait conventionnel et qui trouve
41:23 finalement un consommateur qui adhère à cette offre et qui est un petit peu moins cher. Et puis là, je dirais à court terme, d'un point de vue conjoncturel, ce marché du lait bio,
41:32 comme tous les autres marchés alimentaires, il est un petit peu confronté au problème de l'inflation et le consommateur fait quelques arbitrages. Donc je pense que ça n'est pas durable.
41:39 On va retrouver une dynamique, mais ça prendra un petit peu de temps. Donc nous, Lactel, en tous les cas, on y croit et on s'engage pour soutenir cette filière.
41:45 Vous parliez en début d'interview des coûts industriels de votre production et notamment l'emballage. On sait aujourd'hui que, comme tous les industriels,
41:54 vous êtes forcément confronté à des problématiques RSE et de transformation et d'emballage plus durable. Comment est-ce que vous travaillez ces questions chez Lactel ?
42:04 Vous avez raison. Être leader d'une catégorie, c'est exigeant. Il faut répondre sur tous les sujets et on est conscient qu'on doit répondre sur les engagements RSE pour toutes
42:12 nos parties prenantes et en particulier nos consommateurs. Donc aujourd'hui, ce n'est pas nouveau chez Lactel. On a toujours travaillé de manière responsable.
42:21 Mais il y a 4 ans, on a souhaité structurer un peu nos engagements. On s'est dit qu'il faut donner du sens, il faut donner du corps à notre façon de travailler.
42:31 Donc on a structuré nos engagements autour d'un projet. Je vous donne le nom de code, parce que c'est un nom interne, mais ça s'appelle L'Essentiel. Donc Lactel L'Essentiel.
42:40 Je trouve que ça sonne plutôt pas mal. Et puis on a effectivement 3 engagements forts, que sont l'humain, c'est-à-dire prendre soin des hommes et des femmes.
42:48 C'est quand même notre premier capital aujourd'hui au sein de l'entreprise. Deuxièmement, c'est réduire notre impact sur la planète, prendre soin de la planète.
42:55 Et troisièmement, c'est prendre soin du lait, parce qu'on sait que c'est une matière fragile qu'on doit protéger. Alors qu'est-ce qu'on fait, notamment, vous parliez de l'emballage.
43:02 Alors l'emballage, il vient s'inscrire dans la réduction de notre impact sur la planète. Et clairement, on doit travailler sur la circularité de notre emballage.
43:11 Donc on est vendu dans une bouteille plastique. Et bien cette bouteille plastique, qui a été inventée il y a plus de 30 ans, elle est fabriquée dans nos laiteries.
43:18 Pas anodin, c'est-à-dire que dès le départ, on a pensé à ne pas transporter du vide. Parce que ce serait dramatique de mettre beaucoup de camions sur la route avec des emballages vides.
43:27 On viendrait remplir avec un petit robinet de lait. Donc on a fait le choix de fabriquer nos bouteilles dans nos laiteries.
43:33 Donc on a deux ateliers. Un atelier de fabrication de bouteilles et un atelier de conditionnement du lait. Et puis on a travaillé régulièrement cet emballage.
43:41 C'est-à-dire qu'on l'a optimisé, on a réduit son poids. On a réduit son poids depuis sa création de l'ordre de presque 10%.
43:47 10% en moins de plastique dans la bouteille. Pour vous donner un chiffre, c'est 23 millions de bouteilles en moins par an mises sur le marché.
43:53 Donc c'est quand même pas neutre. Donc c'est des petits pas, mais des petits pas qui sont très importants pour la planète.
43:58 Et puis vous savez, le lait, c'est souvent vendu en regroupement par film, avec un film plastique de 6 bouteilles, 8 bouteilles, comme je vous disais tout à l'heure sur la promotion.
44:07 Ce film plastique, on a été la première marque en 2016 à intégrer de la matière recyclée dedans, à concurrence de 20% de matière recyclée dans le film plastique.
44:16 Et aujourd'hui, en 2023, on est très fiers parce qu'on a bien progressé. Nous sommes à 50% de matériaux recyclés dans ce film plastique.
44:23 Donc c'était vraiment un travail qui continue chez nous d'optimisation de l'emballage. Et puis il y a quelque chose qui est important, c'est la fin de vie de cet emballage.
44:30 Une fois qu'on a vidé notre bouteille, qu'est-ce qu'on fait de cette bouteille de lait ?
44:34 La balle est dans le camp du consommateur.
44:37 Et du consommateur citoyen. Ce consommateur citoyen doit effectivement mettre cette bouteille dans le bac jaune, parce qu'en fait, cette bouteille de lait est 100% recyclable.
44:45 On la fabrique dans nos laiteries et elle est 100% recyclable. Dès le départ, on a voulu que cet emballage soit 100% recyclable.
44:52 Donc il faut absolument la mettre dans le bac jaune. Alors pour ça, on a une opération qui s'appelle, petit jeu de mots, "recycler".
44:59 Recycler, L-A-I-T, mais recycler ces bouteilles. Ce serait bien que tu y penses et que tu mettes ta bouteille dans le bac jaune.
45:05 Je vous en ai amené une, je la montre à nos téléspectateurs. Vous me parliez tout à l'heure du demi-crémé et crémé entier.
45:13 Donc vous voyez, mon bouchon, il est jaune. En fait, d'habitude, il est bleu, rouge ou vert.
45:17 Et là, on a mis un bouchon jaune pour interpeller un peu notre consommateur.
45:21 Pourquoi un bouchon jaune ? Eh bien tout simplement, parce que c'est la couleur du bac jaune.
45:25 Donc on a une petite opération ici, bien évidemment, c'est expliqué sur l'étiquette.
45:29 Et on explique l'importance pour nous, en tant que fabricants, et on compte sur nos consommateurs,
45:34 pour qu'effectivement, ils soient responsables et qu'ils nous mettent la bouteille dans le bac jaune pour collecter cette matière et la recycler.
45:40 Et pourquoi c'est important de la recycler ? Parce qu'effectivement, nous, aujourd'hui, on travaille depuis deux ans avec notre partenaire,
45:47 qui s'appelle INEOS, qui est notre fournisseur de plastique. Et on travaille sur ce qu'on appelle un plastique recyclé.
45:54 Je vous parlais tout à l'heure où je suis en mesure aujourd'hui de réinjecter de la matière recyclée dans mon film plastique.
46:01 Et demain, je veux pouvoir en injecter dans ma bouteille, parce que ce sera effectivement intéressant de pouvoir travailler,
46:07 non pas avec de la matière vierge, mais avec de la matière recyclée. Et donc, en 2021, on a fait un premier test.
46:13 On a fabriqué 140 000 bouteilles avec du plastique recyclé. C'est tout petit à l'échelle de ce que l'on fabrique.
46:19 Mais par contre, là, cette année, on va être en capacité d'en mettre sur le marché 7 millions de bouteilles déjà.
46:25 Donc c'est vraiment important qu'on puisse récupérer cette matière dans ce bac jaune, qui ensuite va aller au centre de tri,
46:31 et qu'on va pouvoir récupérer, recycler, et dans lequel on va pouvoir reconditionner du lait demain.
46:36 Donc voilà effectivement le type d'action que Lactel mène pour réduire son impact, en particulier sur les emballages, et pour protéger la planète.
46:45 Merci beaucoup Anne-Charlotte Espinaux. Je rappelle que vous êtes directrice générale de Lactel.
46:49 Et pour finir cette émission, je vous propose de parler de Personal Branding des dirigeants et des managers, en compagnie de Lorraine Weber-Starecki. Bonjour.
47:02 Bonjour Anne.
47:03 Alors vous êtes directrice de la communication de l'agence Rosa Paris, directrice générale de Rosa Rise.
47:08 Alors Rosa Rise, c'est une offre de Personal et de Social Branding à destination des dirigeants et des managers.
47:14 Et Rosa Paris d'habitude fait plutôt dans la publicité.
47:17 Moi je me posais la question, parce que dans ma tête, évidemment quand je pense Rosa Paris, je pense à des campagnes qu'on a tous vues,
47:25 Ouigo, Pierre et Vacances par exemple, et là le Personal Branding des dirigeants, pourquoi aller sur ce segment-là Lorraine ?
47:32 C'est vrai que c'est une très bonne question, parce que finalement c'est assez rare que les agences de communication se lancent sur cette expertise-là,
47:37 voire je crois pas qu'il y en ait du tout.
47:39 En fait nous on trouvait ça intéressant parce que finalement nous on accompagne depuis toujours les marques sur tous leurs points de contact,
47:44 dans les différents médias, les territoires d'expression sur tous les points de contact.
47:48 Et finalement le Personal Branding c'était un point de contact supplémentaire, une façon différente de s'adresser aux consommateurs,
47:53 de manière plus authentique, plus transparente, et c'est typiquement ce que les consommateurs demandent aujourd'hui,
47:58 c'est vraiment d'avoir des marques qui communiquent avec eux directement, qui soient authentiques.
48:02 Donc c'est en ça qu'on trouvait ça très important.
48:04 J'ai noté que c'était Personal Branding et Social Branding, alors quelle est la différence entre les deux ?
48:10 Parce que j'ai presque envie de dire l'un va pas sans l'autre.
48:12 Oui, en fait nous la différence c'est que pour nous le Personal Branding on l'a plutôt orienté sur la prise de parole dans les médias,
48:18 là où le Social Branding c'est vraiment sur l'accompagnement, sur les réseaux sociaux, que ce soit principalement LinkedIn et Twitter.
48:23 Mais finalement parfois on dit que Personal Branding et ça englobe tout.
48:27 Donc nous on a précisé les deux, mais finalement Personal Branding intègre aussi la partie réseaux sociaux.
48:32 Vous dites essentiellement Twitter et LinkedIn, ça veut dire que le dirigeant n'a pas sa place sur tous les réseaux sociaux aujourd'hui ?
48:40 On ne met pas un dirigeant sur TikTok pour schématiser ?
48:42 En fait ça dépend des clients, et regardez Emmanuel Macron qui s'est lancé sur TikTok,
48:47 parce que tout dépend de son dirigeant, du dirigeant et de la cible qu'il veut adresser.
48:50 C'est vrai que LinkedIn aujourd'hui est le réseau social de prédilection des dirigeants,
48:54 parce que c'est le réseau où il y a le plus fort taux de conversion, au niveau business c'est hyper intéressant,
49:01 mais c'est le réseau aussi où il y a le taux d'incitation à l'achat le plus fort.
49:06 Donc LinkedIn est vraiment hyper performant.
49:08 Après pour d'autres secteurs comme la mode ou d'autres secteurs d'activité, Instagram peut être très pertinent.
49:13 Je pense à la fondatrice de Respir, Justine Utho, qui s'est fait connaître sur LinkedIn,
49:17 mais très vite a pris le relais avec Instagram et a permis vraiment de développer sa communauté.
49:21 Donc c'est vrai que de base on préfère LinkedIn et Twitter,
49:25 mais en fonction des clients on peut très bien aller sur Instagram ou TikTok.
49:28 Comment vous les accompagnez ces dirigeants ?
49:31 Parce que moi j'en reçois beaucoup de directeurs de la communication qui me parlent des prises de parole de leurs dirigeants
49:35 et qui me disent à quel point ils sont authentiques, qu'ils écrivent eux-mêmes leur tribune sur LinkedIn.
49:40 Je me dis si on met une agence de communication dans la boucle qui fait filtre, on perd cette authenticité.
49:44 Donc comment est-ce que vous répondez à ça ?
49:46 C'est une bonne question également.
49:48 Nous ce qu'on propose c'est vraiment, on arrive avec des clés, avec une méthodo, avec des grands angles d'axes de prise de parole.
49:54 On leur propose vraiment tous les outils pour leur permettre d'émerger à la fois dans les médias et sur les réseaux sociaux.
49:58 Mais c'est un vrai travail de co-création.
50:00 Évidemment on ne va pas aller poster quelque chose sans l'accord du client, ça évidemment, mais sans aussi un travail de sa part.
50:06 Nous généralement on propose des wordings, des postes clés en fonction des actualités de l'entreprise ou des marronniers du secteur.
50:12 Et le dirigeant repasse derrière, ajoute sa patte, parce que quelque chose de très important sur les réseaux sociaux
50:17 c'est de garder, comme vous le disiez, le côté authentique et naturel.
50:20 Et si un dirigeant qui ne serait pas authentique sur LinkedIn ne percerait pas, ça se verrait.
50:25 Donc nous on a un travail de co-création.
50:27 Nous on arrive avec des outils parce que ça demande quand même des skills particulières.
50:30 Il y a des tips à connaître en fonction des réseaux, à quelle heure poster, quel type de format, etc.
50:35 Donc nous on leur amène une expertise et après on travaille avec eux main dans la main.
50:40 J'ai vu que ça s'adressait pas qu'aux dirigeants mais aussi aux managers. Pourquoi aux managers ?
50:44 Parce que finalement le personal branding c'est utile pour tout le monde pour travailler la notoriété de la marque
50:51 et l'e-réputation du dirigeant sur les réseaux sociaux.
50:53 Et les managers peuvent être pertinents en fonction de leur secteur d'activité.
50:58 Par exemple un directeur de la RSE, pour s'exprimer de sujets en lien avec la RSE,
51:02 sera très pertinent pour prendre la parole sur les réseaux sociaux.
51:04 Tout comme un directeur marketing pour prendre la parole sur une stratégie de communication, sur des nouvelles campagnes.
51:09 Je pense que le personal branding s'adresse à tous les types de profils.
51:14 C'est vrai que le dirigeant c'est quand même lui qui incarne la marque et qui devient l'ambassadeur de la marque.
51:18 Donc il y a peut-être un temps d'avance pour ces postes là.
51:22 Mais je pense que ça va s'ouvrir de plus en plus à plein de profils.
51:25 Et même maintenant il y a un terme qu'on utilise de plus en plus qui s'appelle "employés et advocacy".
51:29 C'est un peu les employés en tant qu'ambassadeurs de leur marque.
51:33 C'est-à-dire qu'aujourd'hui la valeur des employés est presque aussi importante que la prise de parole des dirigeants.
51:40 Donc ça c'est quelque chose qui va beaucoup se développer et sur laquelle je pense qu'on va aller aussi.
51:43 Justement c'est toujours un risque d'aller s'exposer sur des réseaux sociaux,
51:47 de prendre la parole quand on est dirigeant, manager ou employé.
51:50 Puisque effectivement de plus en plus aujourd'hui les employés prennent la parole.
51:54 Comment est-ce qu'on cadre ça ? Comment on fait en sorte que le discours de marque n'échappe pas
51:58 et de ne pas se prendre un retour de bâton qui peut être parfois très très violent ?
52:02 Tout à fait. On a tous dans la tête des exemples de bad buzz de dirigeants
52:07 qui ont pris la parole sur des sujets super polémiques
52:10 et qui ont vraiment créé une déferlante de haine sur les réseaux sociaux.
52:13 Donc on a tous ça en tête.
52:15 Mais à contrario, j'ai un exemple de Michel-Edouard Leclerc par exemple
52:19 qui lui est vraiment un peu le pape du personal branding en France,
52:22 qui s'est toujours exprimé dans les médias, sur ses réseaux sociaux et même via son blog personnel.
52:27 Lui, comme thématique de prédilection "la défense du pouvoir d'achat",
52:30 lui typiquement, il va faire des postes engagés, des postes parfois polémiques,
52:34 mais parce que c'est dans son ADN, c'est dans l'ADN de sa marque.
52:37 Donc ça ne choque ras personne et c'est même ce que les consommateurs demandent.
52:41 Donc là ça fonctionne très bien.
52:42 Mais c'est vrai que tous les dirigeants ne peuvent pas se positionner sur des sujets poil à gratter.
52:48 Et d'ailleurs, ce n'est pas une obligation parce qu'on peut très bien rester très corporate
52:51 sans être dans des sujets polémiques et percer et être efficace sur LinkedIn.
52:55 Donc en tout cas, ce qu'on peut dire, c'est qu'il y a quand même des sujets qu'on va éviter.
52:59 Donc la défense, la politique, la religion, qui sont des thèmes qu'il faut éviter d'aborder
53:03 aussi bien dans les médias que sur les réseaux sociaux.
53:05 Les dirigeants qui viennent vous voir aujourd'hui, ils viennent avec quelles problématiques ?
53:09 Plusieurs problématiques.
53:10 En fait, on définit vraiment des objectifs business au début de relation avec les clients.
53:14 Donc ça peut être des objectifs de notoriété, des objectifs de marque employeure,
53:17 parce que c'est vrai que LinkedIn est aussi un outil, un réseau hyper pratique pour la marque employeure.
53:23 Parce qu'aujourd'hui, quand un candidat veut se renseigner sur une entreprise avant de postuler,
53:28 son premier réflexe, ça va être de googliser l'entreprise et de regarder qu'est-ce que raconte le dirigeant.
53:33 Donc c'est vrai que pouvoir maîtriser cette parole-là, c'est un plus.
53:36 Donc ça peut être marque employeure, notoriété, ça peut être aussi le résultat business.
53:41 Ce que je disais en début d'émission, c'est la plateforme avec le meilleur taux de conversion.
53:47 Donc ça montre aussi qu'il y a des vrais enjeux business.
53:49 C'est un truc qu'on n'entend pas beaucoup, je trouve, effectivement, le réseau social comme levier business.
53:55 Tout à fait. Et surtout que les gens pensent souvent que c'est à tort, que c'est Facebook ou Instagram.
53:59 Plus maintenant, c'est LinkedIn.
54:01 Est-ce que finalement, le dirigeant ou le manager va demain devenir un influenceur comme un autre, Lorraine ?
54:08 Tout à fait. Pas tous, mais il y en a certains qui le sont déjà.
54:10 On parlait de Michel-Edouard Leclerc, Elon Musk, il y a quand même plein de dirigeants.
54:14 Steve Jobs, un peu avant, il y a énormément de dirigeants qui sont devenus des influenceurs.
54:20 Maintenant, il y aura toutes sortes de profils.
54:22 Je pense qu'il y a des dirigeants qui n'ont pas la personnalité non plus pour devenir des influenceurs.
54:26 Et pas le temps, parce que ça prend énormément de temps.
54:29 Mais en tout cas, ils auront un rôle d'ambassadeur de leur marque et de transmettre les valeurs.
54:35 Parce qu'une fois de plus, c'est quelque chose que les consommateurs réclament aujourd'hui.
54:38 Donc je pense que ça ne va faire qu'exploser.
54:40 D'ailleurs, c'est une activité qui existe depuis très longtemps aux Etats-Unis.
54:43 Nous, on est un peu en retard en France.
54:45 Ça commence à faire son chemin, mais on s'y est mis un peu plus tard que les Etats-Unis.
54:50 Pour les dirigeants qui nous regardent ou les managers qui ont envie de se lancer, s'ils ne l'ont pas encore fait,
54:55 quels seraient vos conseils, les choses à faire et les choses à surtout ne pas faire ?
54:59 Alors surtout, ne pas hésiter à se lancer, justement.
55:02 Parce que souvent, il y a des très bonnes qui sont en fait de très mauvaises excuses.
55:05 « Mais je n'ai rien à dire », « Mais je n'ai pas le temps », « Mais j'ai peur du jugement des autres ».
55:09 En fait, on se rend compte qu'une fois qu'on a fait la première réunion, on casse toutes ces craintes-là.
55:14 Donc ne pas hésiter de se rapprocher de professionnels qui vont justement les aiguiller, les aider.
55:18 Et puis aussi avoir un regard extérieur sur leur business, ça peut être utile.
55:21 Et puis après, les erreurs à éviter, c'est des petits tips LinkedIn.
55:25 Je ne vais pas tous les dévoiler, sinon je vais perdre des clients.
55:28 Mais ne pas poster plus de trois fois par semaine parce qu'un poste en chasse un autre.
55:33 Bien travailler l'accroche de son poste LinkedIn parce que finalement, sur LinkedIn,
55:37 8 utilisateurs sur 10 ne vont lire que les deux premières phrases.
55:41 Donc on a intérêt à bien travailler ces deux premières phrases pour donner envie de lire la totalité du contenu.
55:46 Ne pas mettre de lien vers l'extérieur parce que l'algorithme LinkedIn n'aime pas.
55:50 Voilà, des petits conseils comme ça. Et je leur dirais surtout de m'appeler.
55:53 Merci, Lorraine, le message est passé je crois.
55:56 Lorraine Webers-Tarekhi, directrice de la communication de Rosa Paris et directrice générale de Rosa Rise.
56:01 C'est la fin de cette émission. Merci de nous avoir suivis.
56:04 Alors la semaine prochaine, Be Smart l'émission prend quelques congés.
56:08 Du coup, vous aurez le plaisir de retrouver des best-of de Stéphane Soumier toute la semaine.
56:13 Et une rediffusion également des meilleurs moments pour vendredi.
56:17 D'ici là, n'hésitez pas à nous retrouver sur besmart.fr, en replay ou sur toutes vos plateformes de podcast.
56:23 Et bien sûr, on vient d'en parler sur tous les réseaux sociaux.
56:25 À très vite sur Be Smart.
56:27 [Musique]

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