Chez Verbaudet, c’est une grève historique qui est en train de se jouer au sein de la branche du siège social, plus précisément au dépôt logistique de Marquette-Lez-Lille. Verbaudet, c’est en tout 1000 salarié·e·s, en comptant la branche magasin. Ce mouvement de grève dure depuis un mois, soit depuis le 20 mars, dans une entreprise où 80% des travailleurs sont en réalité des travailleuses et dont les situations sont extrêmement précaires. Elles sont environ 80 sur un effectif de 255 personnes, soutenues par la CGT qui a refusé de signer l'accord validé par FO et la CFTC.
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00:00 Chez Verbaudet, c'est une grève historique qui est en train de se jouer au sein de la
00:04 branche siège social, plus précisément au dépôt logistique de Marquette-les-Lilles.
00:09 Verbaudet, c'est en tout 1000 salariés en comptant aussi la branche magasin.
00:13 Ce mouvement de grève dure depuis un mois, soit depuis le 20 mars, dans un dépôt où
00:18 80% des travailleurs sont en réalité des travailleuses et dont les situations sont extrêmement
00:23 précaires.
00:24 Elles sont environ 80 grévistes sur un effectif de 255 personnes soutenues par la CGT qui
00:30 a refusé de signer l'accord validé par FO et la CFTC.
00:33 Pour en parler, je reçois en visio Samuel Mijens de l'union locale CGT Tourcoing ainsi
00:40 qu'Emilie Vendelaine et Jennifer Liébard, toutes les deux ouvrières grévistes de Verbaudet
00:46 CGT.
00:47 C'est l'entretien express.
00:48 Bonjour Samuel, Emilie et Jennifer, merci beaucoup d'avoir accepté cet entretien.
00:56 Merci à vous.
00:57 Je vous le disais, ça fait un mois que vous êtes en grève.
01:02 Racontez-nous un petit peu comment a commencé votre mouvement.
01:06 Bonjour, notre mouvement a commencé le 20 mars.
01:11 Le lundi matin, il y a eu un blocage de la CGT et les salariés et nous-mêmes, on a
01:20 décidé de faire grève.
01:23 Et depuis cette date, on y est toujours.
01:25 Ça fait cinq semaines maintenant.
01:28 On a entamé la cinquième semaine.
01:30 D'accord.
01:31 Alors pour entrer un petit peu dans le vif du sujet, vous réclamez en premier lieu un
01:35 meilleur salaire parce que si j'ai bien compris, ça coince énormément en termes d'évolution.
01:39 C'est bien ça.
01:42 Que vous ayez un an d'ancienneté ou même 40 ans, on est tous payés au SMIC.
01:50 Donc, on a eu, bon, le pourquoi de la grève ? 0% d'augmentation de données par la société.
01:57 Oui, parce que vous parlez d'un accord qui a été signé par deux autres syndicats.
02:04 Bon, c'est des syndicats maison en l'occurrence.
02:06 C'est des syndicats de collaboration qui n'ont pas signé d'augmentation de salaire,
02:12 mais une prime, des primes et des jours de déménagement, un jour de congé pour déménagement,
02:18 un jour de congé pour enfants malades, un jour de congé pour ceci.
02:21 Et ça, ils le chiffrent et ils ajoutent à ça la prime Macron, ce qu'on appelle la
02:25 prime Macron.
02:26 Et ils arrivent à 650 euros que personne ne touche dans les faits concrètement.
02:29 C'est de la prime.
02:31 Ce que demandent les salariés, c'est des augmentations de salaire.
02:34 Oui, effectivement, la direction raconte que les salaires ont déjà été augmentés.
02:38 Mais vous, effectivement, comme il s'agit en réalité de prime, vous parlez de mensonge.
02:43 Oui, exactement.
02:44 Les salaires n'ont pas du tout été augmentés.
02:47 Donc, en fait, les 6% chiffres donnés par la direction, les 6%, c'est ça.
02:53 C'est un jour de déménagement, un jour enfant malade, un jour conjoint malade, la
02:58 PPV de 650 euros brut calculée au pro rata du temps de travail.
03:04 Donc, les salariés qui sont en 28 heures ou en contrat vacances scolaires n'auront
03:09 déjà pas les 650 euros.
03:11 Les trois quarts de la société n'auront pas ces 650 euros.
03:15 Mais le taux horaire n'a pas augmenté d'un iota.
03:19 D'accord.
03:20 Alors, en dehors du salaire, c'est aussi les conditions de travail que vous voulez
03:22 voir améliorées.
03:24 Dans un premier temps, c'est vrai qu'il y a évidemment les difficultés du travail
03:28 en entrepôt logistique.
03:29 Et il y a aussi le problème qu'il y a 80% du problème qui est féminin et donc énormément
03:35 de sexisme dans l'entreprise.
03:36 Oui, voilà, c'est ça.
03:37 On est en grande, grande majorité des femmes, donc des mères de famille ou des jeunes femmes,
03:43 des jeunes filles.
03:44 Et bien sûr, la direction, du coup, nous oppresse par rapport à ça le fait qu'il
03:48 y a beaucoup de femmes.
03:49 Donc, profite un peu pour pas nous maltraiter, mais pour avoir un peu de pouvoir qui n'aurait
03:56 pas si c'était une usine complètement d'hommes.
03:59 D'accord.
04:00 Alors, un autre sujet sur lequel je veux revenir quand même, parce que oui, c'est des femmes.
04:07 Vous avez dit au départ qu'il y avait 80 grévistes sur 250 salariés, ce qui est juste.
04:13 Sauf qu'il y a la moitié de ces salariés qui sont des intérimaires.
04:15 D'accord.
04:16 Et ça, ça pose une vraie question parce que l'entreprise a d'ores et déjà été,
04:20 je dirais, condamnée.
04:21 En tout cas, il y a des procédés à bout qui ont été dressés par l'inspection du
04:24 travail pour recours abusifs à l'intérim.
04:28 Ils ont remplacé des grévistes par des intérimaires.
04:32 Et tout le monde, tous ceux qui nous regardent, doivent bien comprendre que mettre une usine
04:36 en grève quand il y a la moitié des salariés qui sont intérimaires, c'est compliqué
04:39 parce qu'il y a forcément nécessairement la moitié des salariés qui vont rester
04:44 au travail.
04:45 Et je rajoute le second point du procès verbal de l'inspection du travail, c'est carrément
04:50 pour la direction, un faux et usage de faux.
04:53 C'est-à-dire qu'ils ont remis à l'inspection du travail un registre de personnel faux en
04:56 vue de truquer et de masquer le fait qu'ils faisaient recours à des intérimaires pour
05:03 remplacer les grévistes, ce qui nous ramène à une période lointaine de notre histoire.
05:07 C'est peut-être la page tournée par Macron, c'est une page tournée en arrière, c'est-à-dire
05:11 qu'on retourne vers le 19e siècle.
05:12 Et quand j'entends mes camarades à côté de moi et les autres grévistes parler de
05:17 la façon dont les petits chefs leur parlent, au point qu'il y en a un qui a osé dire
05:22 que les salariés, il y a des témoins donc on peut se permettre de le dire, les salariés
05:27 c'est comme la sodomie, si on ne met pas de vaseline, ça peut se décoincer, ou si
05:36 on ne met pas de vaseline, ça coince.
05:38 Voilà ce qu'entendent les ouvrières pour 1300 euros par mois, ce qu'elles entendent
05:44 au quotidien.
05:45 Pour certaines d'entre elles, elles font 25 km à pied dans l'entrepôt chaque jour,
05:48 elles font du sport et quand elles rentrent à la maison, c'est la double journée.
05:54 Il y a un moment, ça craque, ça pète et nous on appelle vraiment tous ceux qui nous
05:59 regardent et notamment toutes celles qui nous regardent.
06:02 On parle beaucoup de féminisme, mais parfois on parle de féminisme un petit peu bourgeois
06:06 j'ai envie de dire, sur les parités, la représentation des femmes, je ne dis pas
06:11 que ce n'est pas important, mais là on a le sujet féministe ouvrier, où comme l'a
06:17 dit Sophie Binet qui est venue nous rendre visite sur le piqué de grève, se mêle la
06:21 lutte des classes et la lutte féministe.
06:24 Et j'appelle donc toutes les femmes et les féministes qui nous regardent, je ne suis
06:28 pas le mieux placé, mais je les appelle quand même, à soutenir cette grève et notamment
06:33 à la soutenir financièrement, il existe une clé d'ordre en ligne sur le site Lich,
06:36 ça se trouve assez facilement.
06:37 Ok d'accord.
06:38 Alors un accord a été signé avec FO et la CFTC, je le disais en début d'entretien,
06:45 sur quelle base s'est fait cet accord et pourquoi la CGT refuse cet accord ?
06:48 Je vais vous l'expliquer, je pense que c'est qu'il y a 0% d'augmentation des salaires.
06:55 On est sur des négociations à niveau obligatoire qui sont souvent un piège en entreprise,
06:59 puisque ça semble signifier que chaque année on aurait le droit de discuter avec le patron
07:02 qui s'en fout complètement s'il n'y a pas de rapport de force.
07:04 Donc il n'y avait pas de rapport de force à ce moment-là, il y a eu 0% d'augmentation
07:09 et tout ce qu'ils ont donné, c'est ce qui a été dit tout à l'heure, c'est-à-dire
07:12 des jours de congés.
07:13 Si on veut vraiment gagner quelque chose avec CNAO, il faut travailler à plein temps,
07:19 il faut avoir un mari malade de temps en temps pour aller dans le bureau de visite à l'hôpital,
07:22 on aura un jour de congé, il faut déménager régulièrement parce qu'on a un jour de
07:24 congé par an pour déménagement, il faut avoir un enfant malade aussi.
07:28 Donc dans ce cas-là, on peut gagner un petit quelque chose quand même.
07:31 Sinon rien, zéro, rien non plus.
07:34 Aucune avancée qui se traduit ?
07:36 Oui, pardon ?
07:37 La direction soumet de ne pas augmenter nos salaires pour qu'on puisse toucher un peu
07:41 plus de CAF.
07:42 C'est ce qu'ils ont dit ?
07:43 C'est ce qu'il nous a dit, donc bon, merci la CAF.
07:47 Et vous vous faites grève en disant que si vous voulez gagner plus, il faut travailler
07:51 un petit peu moins, comme ça vous toucherez plus au niveau de la CAF.
07:55 Donc rien qui se traduise sur le salaire brut en tout cas.
07:58 Que fait la direction pour se défendre face à votre mouvement de grève en dehors de
08:02 faire appel à des intérimaires ?
08:03 Je n'ai pas bien compris.
08:06 J'ai dit, je demandais, que fait la direction pour se défendre en dehors de faire appel
08:11 à des intérimaires ?
08:12 Le problème c'est que la direction, elle a décidé d'une stratégie qui est la plus
08:19 brutale possible, c'est-à-dire le silence, c'est-à-dire l'ignorance, c'est-à-dire
08:25 le mépris, et parce que je pense qu'elle est composée, la direction bien sûr de bourgeois
08:31 et de petits bourgeois qui considèrent les gens d'en bas comme rien du tout.
08:36 Et vous savez, les ouvriers et les ouvrières, notamment en Vermonday, ils sont capables
08:41 de supporter beaucoup de choses au quotidien, les 25 km, les remarques désagréables, le
08:46 flicage permanent, les salaires baissés, etc.
08:49 Mais il y a un truc que la classe ouvrière déteste, c'est quand ceux d'en haut avec
08:53 leurs petits souliers vernis et leurs petits costumes et leurs petites manières, quand
08:56 ils vous regardent de très haut et qu'ils vous calculent plus.
08:59 Et ça, ça les amuse en colère.
09:01 D'accord.
09:02 Ben écoutez, merci beaucoup d'avoir accepté l'entretien et pour vos réponses.
09:06 Merci à vous.
09:07 Et on vous souhaite bon courage dans votre lutte.
09:10 Merci, ben on lâchera pas.
09:13 Merci.
09:14 Merci beaucoup.
09:15 Merci.
09:15 Merci.
09:16 Merci.
09:16 Merci.
09:17 Merci.
09:17 Merci.
09:19 Merci.
09:19 Merci.
09:21 Merci.
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09:23 [Explosion]