SMART JOB - Le cercle RH du lundi 24 avril 2023

  • l’année dernière
Lundi 24 avril 2023, SMART JOB reçoit Thierry Denjean (Président Fondateur, Denjean & Associés) , Pierre Guillet (Président, EDC) et Myriam de Gaudusson (avocate en droit social)

Category

🗞
News
Transcript
00:00 [Musique]
00:12 Le Cercle RH, notre débat quotidien, on parle du partage de la valeur.
00:15 Alors vous en avez entendu parler un petit peu, mais là vous allez en entendre beaucoup parler
00:19 parce que le gouvernement, eh bien, entend utiliser ce texte qui est en préparation
00:23 comme un véritable levier, je dirais, de relance en termes d'images, en termes de politique sociale,
00:30 de partage des richesses, parce que le débat sur le salaire des grands patrons,
00:33 sur le pouvoir d'achat et l'augmentation des prix dans l'alimentation,
00:36 tous ces sujets finalement sont connexes à ce débat sur le partage de la valeur.
00:41 On va tout vous expliquer avec mes invités, avec une vraie question pour les PME
00:45 parce que ce texte va concerner les petites entreprises.
00:48 Les grosses ont déjà quelques outils, mais les petites vont devoir partager la valeur
00:53 avec leurs salariés. Myriam de Gauduçon, ravie de vous accueillir.
00:55 - Bonjour à vous.
00:56 - Ravie. Avocate en droit social au cabinet Franklin et on fera le point évidemment
01:00 sur les questions de droit. Pierre Guillet est avec nous. Bonjour Pierre.
01:04 - Bonjour.
01:05 - Vous êtes le président des EDC, les entrepreneurs et dirigeants chrétiens
01:08 et par ailleurs à la tête d'une entreprise, d'une PME.
01:11 - Tout à fait.
01:12 - Et vous intervenez, je le redis à chaque fois, notamment en milieu carcéral
01:15 avec des propos du garde des Sceaux et Thibaut Guilloui récemment.
01:19 On veut accélérer le travail en maison d'arrêt, en centre de détention.
01:24 Merci en tout cas d'être là et vous serez concerné, j'imagine,
01:27 et vous l'êtes par cette question du partage de la valeur.
01:30 - Tout à fait.
01:31 - Thierry Dangean, ravi de vous accueillir.
01:32 - Bonjour à vous.
01:33 - Vous êtes fondateur du cabinet Dangean Associé et on fera le point avec vous aussi
01:37 sur le regard que vous portez, l'accompagnement que vous allez faire
01:39 auprès de vos clients qui commencent déjà en anticiper les conséquences.
01:43 - Absolument.
01:44 - Ils se disent "mais attendez concrètement, qu'est-ce que je vais devoir payer ?
01:46 Comment ça marche ?" Il y a un peu d'angoisse quand même là, non ?
01:48 - Il y a un peu d'angoisse mais il y a beaucoup de chefs d'entreprise effectivement
01:53 qui se posent réellement la question et qui souhaitent des outils
01:57 et des expériences vécues pour pouvoir mettre en place des systèmes d'actionnariat
02:01 au sein de l'entreprise, même si dans le privé il y a déjà beaucoup d'entreprises
02:06 qui sont actionnaires salariés.
02:07 - Absolument et qui sont souvent des grandes entreprises.
02:10 Là, l'intérêt de cette affaire, c'est que ça touche les petites et les petites entreprises.
02:13 1 à 49 salariés, on est d'accord ?
02:15 Juste un mot politique, Pierre Guillet, puisque vous vous représentez,
02:18 alors vous n'êtes pas un syndicat représentatif, vous êtes une organisation d'entreprise,
02:21 mais on voit quand même le coup à deux bandes, c'est-à-dire on enjambe les retraites
02:27 et puis l'exécutif dit "bon attendez, on va régler plein de choses,
02:30 on va faire une loi travail d'un côté, on va régler le partage de la valeur
02:33 pour donner plus de pouvoir d'achat aux salariés
02:35 et puis la France va continuer à marcher sur ses deux jambes".
02:38 Vous le ressentez ça ou pas ? Ou c'est plus sérieux que ça ?
02:42 Nous, c'est vrai qu'on est déconnecté du cadre politique de ces sujets
02:47 qui sont des sujets qui nous concernent, parce que que l'on parle de retraite,
02:52 que l'on parle de valeur, que l'on parle de travail plus globalement,
02:58 c'est vraiment l'essentiel de notre ADN.
03:04 Et on touche du doigt des sujets sur lesquels nous, on a envie de se positionner,
03:08 on a envie de donner notre position, parce qu'on s'inspire du christianisme social.
03:14 Et donc le partage, ça vous dit quelque chose ?
03:18 Évidemment, si on veut être en cohérence avec sa foi,
03:21 le partage de la valeur c'est naturel.
03:24 Donc pour nous, c'est un vrai message d'espérance que de s'engager
03:28 dans un partage de la valeur, voire des valeurs,
03:32 parce qu'on va au-delà d'une valeur financière,
03:35 sur les valeurs, il y a plus que la valeur financière en tant que tel,
03:39 et là on a un peu refermé le sujet et le débat
03:42 autour de quelques mécanismes techniques,
03:45 et en fait on peut aller bien au-delà,
03:47 et ça je pense que c'est intéressant de creuser ça ce matin.
03:49 Mettons les pieds dans le plat, parce que l'expertise comptable,
03:51 évidemment, c'est en première ligne, les avocats aussi,
03:53 consultés par leurs entreprises, ils ont des filiales,
03:56 ils ont des petites entreprises,
03:58 quand même, il y a un document que j'ai récupéré en préparant l'émission,
04:00 parce que je voulais quand même comprendre comment tout ça marchait,
04:03 il y a eu un travail de fait par les syndicats,
04:05 qui ont planché sur ce sujet,
04:07 tous n'ont d'ailleurs pas signé le document,
04:09 mais en tout cas la CFE CGC l'a signé,
04:11 la CFE dans son document sur ce partage de la valeur,
04:14 elle dit "cet accord dédié principalement au PME
04:17 ne doit pas faire oublier que le sujet du partage de la valeur
04:19 est en priorité un sujet de grandes entreprises",
04:22 et écoutez ce qu'elle nous dit, chiffre de l'INSEE,
04:25 datant de 2020, "sur le partage de la valeur,
04:28 ce document démontre que les PME versent
04:30 à proportion de valeurs ajoutées identiques
04:32 46% d'impôts sur les sociétés de plus
04:36 que les grandes entreprises".
04:38 Quand je lis ça, je me dis quand même, incroyable,
04:41 ça veut dire qu'une PME,
04:43 par l'organisation de sa fiscalité,
04:45 se retrouve à payer beaucoup plus
04:47 qu'une grande entreprise.
04:49 Qu'est-ce que vous en pensez ?
04:51 Alors moi j'ai une petite explication technique.
04:53 La notion d'épargne salariale,
04:55 elle a été mise en place pour les entreprises
04:57 qui disposaient d'un CSE,
04:59 donc à partir de 50 salariés.
05:01 Donc aujourd'hui, on se retrouve face à une flopée
05:04 de PME qui n'ont pas de dispositif adapté
05:07 pour bénéficier de systèmes permettant aux salariés
05:10 d'avoir de la rémunération nette de charges
05:13 et pour la société nette d'impôts.
05:15 Donc le coût est lié surtout aux grandes tailles.
05:17 Donc maintenant, si jamais on adapte la taille,
05:19 alors il y a des dispositifs qui avaient été mis en place
05:21 avec les ordonnances Macron,
05:23 pour permettre de mettre en place des accords d'intéressement
05:25 dans les entreprises de moins de 50 salariés,
05:27 la participation reste loquée à 50,
05:29 le PE reste loqué à 50.
05:31 Donc en fait, il faut élargir ces dispositifs
05:34 et ces moyens exonératoires aux entreprises de plus petite taille.
05:38 Quand même, parce que là je me tourne vers vous,
05:40 vous avez un réseau international par ailleurs,
05:42 donc vous avez aussi un regard panoramique sur d'autres pays
05:44 qui ont peut-être déjà engagé un partage de valeurs.
05:46 Mais en France, là je me tourne vers l'expert,
05:48 les grandes entreprises, ça c'est un vieux sujet,
05:50 payent souvent moins d'impôts,
05:52 en sorprise du cas qu'en particulier que les PME
05:54 qui aillent l'été à 33 sont passées aujourd'hui
05:56 à 29 ou à 25, puisqu'on est arrivé à 25.
06:00 C'est injuste.
06:02 Et pourtant, on évoque le partage de la valeur
06:04 en disant à la petite entreprise,
06:06 "Bon ben écoute, il faut que tu t'y mettes aussi,
06:08 parce que tout le monde s'y est mis, tu dois y aller."
06:10 Je prends le problème à l'envers, vous avez remarqué.
06:12 Alors la petite entreprise, oui, il faut qu'elle s'y mette.
06:14 C'est vrai qu'elle paye beaucoup d'impôts
06:17 par rapport à des grands groupes,
06:19 parce qu'elle a des dispositifs fiscaux
06:21 qui sont moins harmonisés,
06:23 qui sont moins européens.
06:25 Elle est moins conseillée également sur le plan fiscal.
06:29 Donc effectivement, il y a une charge d'impôt qui est importante.
06:32 Maintenant, le frein important aussi pour ces petites entreprises,
06:35 c'est qu'il faut ouvrir l'actionnariat,
06:37 c'est-à-dire qu'il faut dépasser le stade de l'intéressement,
06:39 dépasser le stade de la participation.
06:41 Et ces chefs d'entreprise sont souvent réticents
06:45 à ouvrir leur capital, parce qu'ils pensent
06:48 que le salarié est quelqu'un qui va les embêter sur le long terme.
06:54 Donc il y a beaucoup de freins psychologiques à lever,
06:56 au-delà de la loi, au-delà de la fiscalité.
06:58 Thierry, c'est impropre de dire "dividende salarial",
07:00 parce que c'est un peu bizarre ce mot qui est sorti.
07:02 Parce que "partage de la valeur", ça je comprends,
07:04 mais le dividende salarial, juridiquement, ça n'existe pas.
07:06 C'est "surtout pas".
07:08 C'est un non-sens.
07:10 Il y a des sociétés qui ouvrent leur actionnariat
07:13 et leur capital au salarié.
07:15 Moi, les exemples que j'ai, ça se passe plutôt très bien.
07:19 C'est surtout dans les sociétés de gestion
07:22 et des sociétés financières, c'est vrai.
07:24 Mais ça se passe plutôt très bien.
07:26 Le dividende, c'est l'inverse du salaire.
07:28 Le salaire, c'est, dans le Code de la Sécurité Sociale,
07:31 la contrepartie d'un travail.
07:33 Le dividende n'est pas lié au travail,
07:35 elle est liée à la prise de valeur.
07:37 Je tenais juste à apporter une petite précision.
07:39 Il y a la prime de partage de la valeur,
07:41 qui est le projet en discussion,
07:43 et la prime de partage de la valeur ajoutée,
07:45 qui permet l'actionnariat,
07:47 et qui est destinée à partager la revente,
07:50 la plus-value de la revente d'une société.
07:52 - Les syndicats ont bien travaillé sur le partage de la valeur.
07:55 - Tout court.
07:56 C'est un peu compliqué d'utiliser des primes
07:58 qui ont quasiment la même valeur.
08:00 - Et en plus, s'ajoute un travail,
08:02 ou un texte sur le partage de la valeur ajouté.
08:04 - Oui, je pense que ça peut entraîner pas mal de problèmes.
08:06 - Juste pour passer d'un sujet à l'autre,
08:08 mais restons sur le partage de la valeur,
08:10 quand même, il y a eu un débat,
08:12 et vous parliez de la valeur et du partage
08:14 au sens presque philosophique et religieux,
08:16 au-delà même de l'aspect purement financier,
08:18 et même de l'augmentation du salaire
08:20 des grands patrons du CAC.
08:22 Vous êtes dans votre réseau
08:24 avec des entreprises de taille moyenne.
08:26 Est-ce que ça vous choque, cet écart,
08:28 parfois hallucinant,
08:30 entre le plus bas salaire de l'entreprise
08:32 et ce que peut toucher le PDG d'une entreprise du CAC,
08:34 en rémunération, en variables,
08:36 et parfois même en dividendes ?
08:38 - Bien sûr, parce que quand on parle
08:40 du partage de la valeur,
08:42 c'est ce qui reste.
08:44 Et ce qui reste après avoir payé.
08:46 Donc, vous en parliez, les taxes et impôts,
08:48 parce que l'entreprise contribue
08:50 au développement du pays
08:52 au travers de toutes ces taxes et impôts
08:54 qui amputent, en fait,
08:56 la valeur ajoutée d'une somme très importante.
08:58 C'est une contribution à la valeur
09:00 de l'entreprise.
09:02 Et puis, après,
09:04 il faut que l'entreprise dégage un bénéfice
09:06 pour pouvoir partager.
09:08 Si, au-delà du bénéfice, avant le bénéfice,
09:10 il y a des salaires induits, injustes,
09:12 là, il y a un problème de rémunération juste,
09:14 et là, évidemment,
09:16 nous, ça, c'est des sujets qu'on parle,
09:18 c'est qu'une rémunération
09:20 doit être liée à une certaine forme
09:22 de justice dans l'entreprise.
09:24 - Vous avez un coefficient ?
09:26 Le salaire ne doit pas dépasser tant ?
09:28 Il y a eu pas mal de débats sur cette question.
09:30 Le salaire maximal doit être supérieur
09:32 à x20, x30 ?
09:34 - Je pense que, en fait,
09:36 selon le secteur d'activité de l'entreprise,
09:38 il peut y avoir des variables un petit peu différentes
09:40 entre le plus bas salaire et le plus haut salaire.
09:42 Dans les sociétés financières,
09:44 je pense qu'il y a peu de très bas salaires
09:46 qu'on peut trouver, par contre, dans l'industrie
09:48 ou dans l'agriculture.
09:50 Mais qu'il y ait un rapport
09:52 et qu'il soit défini,
09:54 je pense que c'est bien.
09:56 Et je dirais même que ça renvoie
09:58 au sujet que vous avez commencé un peu à aborder,
10:00 quand on parle d'actionnariat salarié,
10:02 on parle de rapport
10:04 au risque, en fait.
10:06 Parce qu'un salarié,
10:08 il touche un revenu qui est
10:10 lisible, sauf si l'entreprise
10:12 est défaillante, évidemment,
10:14 mais qui est lisible, invariable,
10:16 par définition, si l'entreprise ne dégage pas de bénéfices,
10:18 il n'y a pas de variable.
10:20 Et sur un petit salaire,
10:22 ça a un impact beaucoup plus important.
10:24 Et donc, après, je pense qu'on en parlera
10:26 sans doute, il y a ce sujet
10:28 de l'actionnariat salarié qui, nous, nous intéresse
10:30 beaucoup, puisque
10:32 très rapidement, on a fait une petite enquête
10:34 parmi nos membres, qui sont plutôt
10:36 des entreprises moyennes.
10:38 Sur 60% ont mis en place
10:40 des dispositifs,
10:42 de toutes ces entreprises.
10:44 Sur ces 60%, il y en a
10:46 à peu près 90% qui ont mis plusieurs
10:48 dispositifs en place, et il y en a un quart
10:50 qui ont mis en place l'actionnariat salarié.
10:52 - En donnant des actions
10:54 à leurs salariés. - Exactement.
10:56 Et l'actionnariat salarié présuppose
10:58 en fait, de l'éducation,
11:00 de la transparence,
11:02 et donc, une gouvernance
11:04 qu'il faut là, vraiment, aborder.
11:06 - Et ça, vous l'avez fait, ça aussi, je ne donne pas en l'américain du tout,
11:08 sur l'aspect juridique. - On l'a fait chez Dangereux Associés,
11:10 effectivement, on est des premiers à l'avoir fait
11:12 dans une profession réglementée, ce qui est
11:14 énorme.
11:16 Vous le dites fort justement,
11:18 l'actionnariat salarié, ça oblige
11:20 à une éthique dans les affaires,
11:22 ça oblige à une communication
11:24 de la marge des affaires
11:26 vis-à-vis de ses salariés. - Évidemment.
11:28 - Il faut quand même considérer que dans nos entreprises,
11:30 sur toutes services, nos entreprises n'existent que
11:32 grâce à nos salariés. - Bien sûr.
11:34 - Il faut arrêter de considérer qu'un salarié
11:36 ne doit pas être un actionnaire,
11:38 au contraire. - Vous avez vu, on a fait basculer sur la valeur ajoutée,
11:40 déjà, on est parti sur la valeur ajoutée, c'est intéressant,
11:42 parce qu'on sent bien que chez vous,
11:44 se levier aussi de dire
11:46 "Vous êtes des acteurs essentiels de mon entreprise,
11:48 et donc, de fait, au-delà du salaire,
11:50 je vous en donne un petit morceau,
11:52 vous en êtes aussi un peu les propriétaires,
11:54 c'est ça, je crois que ça a été passé. - Oui, vous en êtes les propriétaires,
11:56 vous contribuez à la rentabilité,
11:58 vous êtes impliqué dans l'entreprise,
12:00 donc c'est autant de facteurs
12:02 qui contribuent à rendre l'entreprise plus vertueuse,
12:04 plus importante, plus bénéficiaire,
12:06 et utile
12:08 pour l'ensemble de ses actionnaires.
12:10 - Je me fais l'avocat du diable, il faut préciser quand même que
12:12 si ce texte passe, parce qu'il sera débattu à l'Assemblée,
12:14 il y aura des amendements, c'est la vie parlementaire,
12:16 il faut avoir fait
12:18 trois ans de bénéfices, on est d'accord,
12:20 ce n'est pas à la première année,
12:22 c'est ça la règle. - Oui, mais c'est assez normal,
12:24 parce que vous ne pouvez pas offrir une entreprise,
12:26 pardonnez-moi, à vos actionnaires, à vos salariés,
12:28 si elle n'a pas une certaine linéarité,
12:30 si elle n'est pas solide, si elle n'a pas
12:32 des bénéfices suffisants et recurrents
12:34 sur les années qui viennent. On ne peut pas engager nos salariés
12:36 dans des combats
12:38 et dans des entreprises qui seraient défaillantes sur le monde.
12:40 - Alors, attendez, les députés macronistes
12:42 expliquent la majorité que ça prouve
12:44 que le dialogue social est fort en France à travers ce texte,
12:46 et puis il y a quand même des députés de l'opposition,
12:48 notamment Eva Sass, une écologiste,
12:50 qui quand même pointe du doigt des difficultés sur ce texte,
12:52 sur le rapport de la valeur,
12:54 elle parle des difficultés
12:56 notamment liées à l'optimisation
12:58 de la fraude fiscale, et c'est-à-dire
13:00 en un mot, pour le dire un peu plus directement,
13:02 tout le monde va avoir intérêt à mettre un peu
13:04 la poussière sur le tapis pour donner le moins possible.
13:06 Je me fais l'avocat du diable.
13:08 Est-ce que je me trompe ou pas, Myriam ?
13:10 Est-ce qu'il y a des tentatives
13:12 ou tentations de se dire "Bah nous, on est tout à fait
13:14 d'accord pour partager, mais pas trop".
13:16 - Il y aura des dispositifs
13:18 de contrôle, comme tout nouveau dispositif,
13:20 je pense que les inspecteurs
13:22 ont à cœur
13:24 de venir vérifier
13:26 si le texte a été bien implémenté.
13:28 Il faut savoir que ce dispositif
13:30 permet aux entreprises de verser
13:32 sans charge et sans impôts
13:34 une rémunération aux salariés nette
13:36 entre 3 000 et 6 000 euros.
13:38 Est-ce qu'il n'y aurait pas un détournement à terme
13:40 d'un dispositif de bonus pur et simple
13:42 qui est soumis à charge et impôts
13:44 au profit de ce type de dispositif ?
13:46 Je pense qu'effectivement, il faut faire
13:48 attention à la motivation
13:50 sur le recours à ce dispositif.
13:52 - Donc un contournement de règles
13:54 qui normalement serait chargé en CSG, CRDS
13:56 si je comprends bien, et en charge et en impôts,
13:58 et qui permettrait...
14:00 Je ne sais pas, le chef d'entreprise que vous êtes,
14:02 et vous êtes tous les deux des chefs d'entreprise,
14:04 très engagés sur ces sujets, mais là aussi,
14:06 sur les questions d'éthique, j'évoquais tout à l'heure
14:08 la disparité entre ce que payait une petite boîte
14:10 et les grosses 46% de plus
14:12 pour les PME, là aussi,
14:14 vous dites qu'il faut être vigilant, parce que nous,
14:16 on est très engagés, on y croit, on a la main sur le cœur.
14:18 Est-ce qu'il peut y avoir des moments
14:20 comme ça où on met la poussière sur le tapis
14:22 pour donner le moins possible ?
14:24 - Dans notre enquête, 60% des dirigeants
14:26 membres des EDC
14:28 ont décidé à un moment ou à un autre
14:30 de leur vie professionnelle de ne pas se rémunérer
14:32 pour faire face aux difficultés de l'entreprise.
14:34 - C'est eux qui se sacrifiaient ?
14:36 - C'est eux qui ont décidé de ne pas se rémunérer.
14:38 Donc, je pense que...
14:40 - C'est très PME, ça, si je peux me permettre.
14:42 - Mais oui, et globalement, toutes les entreprises sont vertueuses,
14:44 et les dirigeants
14:46 cherchent à contribuer,
14:48 à apporter de la valeur,
14:50 à avoir une singularité,
14:52 et réfléchissent à leur raison d'être.
14:54 Mais il y a toujours des gens qui vont forcément essayer...
14:56 Et il ne faudrait pas que ce...
14:58 - Elle parle d'optimisation fiscale,
15:00 c'est-à-dire de procédés très organisés,
15:02 structurés par des avocats qui vont organiser,
15:04 finalement, le...
15:06 - Pas forcément par des avocats.
15:08 - Mais bien sûr, qu'est-ce que je suis en train de raconter ?
15:10 - Pourquoi les très grandes entreprises,
15:12 je dégage plus de dispositifs,
15:14 mettent en place plus de dispositifs d'intéressement,
15:16 de participation, voire d'autres dispositifs ?
15:18 - Non, il y a peut-être de l'optimisation fiscale
15:20 qui leur permet de maximiser leur rentabilité.
15:22 - Bien sûr.
15:24 - Donc forcément, d'avoir plus de capacités à distribuer.
15:26 Les PME, c'est clair, on paie beaucoup d'impôts,
15:28 on paie beaucoup de taxes,
15:30 et je dirais ça, c'est un vrai sujet
15:32 de...
15:34 je dirais de marge de manœuvre
15:36 pour pouvoir après
15:38 redistribuer sous une forme ou sous une autre
15:40 auprès des salariés.
15:42 - Donc vous nous dites, avant de parler du partage de la valeur,
15:44 qu'il fallait réfléchir déjà au montant de l'impôt.
15:46 C'est un bon débat.
15:48 - Alors le montant de l'impôt, on peut en discuter,
15:50 mais il a quand même pas mal diminué ces dernières années.
15:52 On a quand même un taux, même s'il reste élevé
15:54 par rapport aux autres pays européens,
15:56 qui est devenu un peu plus attractif.
15:58 - On a un taux de prélèvement obligatoire
16:00 qui est quand même historiquement haut.
16:02 - En revanche, le taux de prélèvement et libératoire
16:04 au sens général est plus important,
16:06 mais pour nos entreprises, on peut considérer
16:08 qu'il y a quand même eu pas mal de chemins de faits.
16:10 Le taux d'impôt sociétal a diminué,
16:12 on va supprimer la CVAE,
16:14 donc il y a quand même pas mal de choses qui se passent.
16:16 Maintenant, la fraude fiscale, effectivement...
16:18 - Les impôts baissent, vous nous le dites,
16:20 et c'est officiel,
16:22 mais en même temps,
16:24 les prélèvements obligatoires continuent à progresser.
16:26 Enfin, je cherchais l'erreur.
16:28 - Sur les personnes physiques, effectivement.
16:30 - Oui.
16:32 - On a essayé quand même de sauver un peu nos entreprises,
16:34 et on peut dire que ça fonctionne.
16:36 Maintenant, il y aura toujours un peu de fraude,
16:38 mais je crois que quand on met en place
16:40 des systèmes d'intéressement,
16:42 de participation obligatoire,
16:44 ou d'un actionnariat,
16:46 ça nous rend vertueux obligatoirement.
16:48 - Oui, puis vous gardez vos collaborateurs aussi.
16:50 - On ne peut pas faire qu'on les fidélise.
16:52 - On ne l'a pas dit, mais c'est ça la finalité, quand même.
16:54 - C'est des convictions, ça fidélise les collaborateurs,
16:56 ça permet d'attirer des talents,
16:58 et puis surtout, ça vous oblige
17:00 à rendre compte de la marge de vos affaires.
17:02 Et c'est ça qui est vertueux,
17:04 c'est que vos salariés, vos actionnaires,
17:06 ils vous suivent, ils comprennent ce que vous faites,
17:08 ils adhèrent à votre stratégie,
17:10 ils sont dans le cœur du réacteur de l'entreprise,
17:12 et ça ne pas exclut de prise de décision,
17:14 tout en gardant l'éducation que vous évoquiez.
17:16 C'est important quand on est actionnaire,
17:18 il y a quand même une confidentialité,
17:20 il y a des choses que l'on dit, il y a des choses que l'on garde.
17:22 Avant de vous quitter, quand même Myriam,
17:24 vous avez dit un truc très intéressant,
17:26 il y a le partage de la valeur,
17:28 ça c'est le dossier très médiatique porté par Bruno Merckx
17:30 et le président Macron, puis il y a le partage de la valeur ajoutée.
17:32 Ça, il va arriver comment ? Vous avez des infos ?
17:34 - Oui, alors c'est un dispositif qui existe depuis plusieurs années,
17:36 généralement lorsqu'on opère une opération de LBO,
17:38 de Private Equity.
17:40 Tout à fait, donc là il y a une prise de valeur de la société,
17:42 si la société, enfin les actionnaires,
17:44 dégagent une plus-value,
17:46 dans le cas de la revente de leur structure,
17:48 ils ont le droit de donner une partie de cette plus-value,
17:52 et de la partager avec les salariés.
17:54 Et c'est un dispositif qui est très intéressant,
17:56 puisque précédemment des sociétés le faisaient,
17:58 mais sous forme de prime,
18:00 donc chargée et imposée.
18:02 Avec ce nouveau dispositif,
18:04 c'est un vrai partage de la prise de la valeur ajoutée de la structure.
18:08 - En cas de reprise par exemple ?
18:10 - Oui, en cas de revente.
18:12 - En revente, mais qui permet aussi aux salariés de pouvoir éventuellement...
18:14 - Pour les remercier pour tout le travail qu'ils ont effectué.
18:16 - Et de la plus-value.
18:18 - C'est vrai que c'est peu usité et peu répandu.
18:20 - En fait, il faut avoir une vision globale de tous ces systèmes-là.
18:22 - Pierre, il n'y a qu'un seconde, on est en retard,
18:24 mais je vous donne la parole.
18:26 - Un autre dispositif qui n'est pas légal,
18:28 mais que 46% des membres des EDC pratiquent,
18:30 c'est le don des oeuvres.
18:32 - Une philanthropie directe.
18:34 - En accord avec les salariés,
18:36 voire l'embauche d'une personne fragile
18:38 qui n'est pas nécessaire à la production,
18:40 mais qui donne de la cohésion.
18:42 - Et de la valeur, pas.
18:44 - Et de la valeur, évidemment.
18:46 - Partagée.
18:48 - Evidemment, ça va diminuer le résultat,
18:50 ça va diminuer la capacité à distribuer,
18:52 mais par contre, on partage autre chose.
18:54 C'est ça, les valeurs.
18:56 - La notion de valeur hors financière.
18:58 - Exactement.
19:00 - On en saura plus, probablement, la semaine prochaine,
19:02 puisque Elisabeth Borne va faire des annonces concrètes
19:04 sur tous les sujets qui ont été portés
19:06 dans la locution du président Macron.
19:08 Merci Myriam de Gaudisson.
19:10 - Merci.
19:12 - Cabinet Franklin, avocate en droit social.
19:14 Merci à vous Thierry Dangen.
19:16 Cabinet Dangen et associé,
19:18 cabinet international, faut-il le rappeler.
19:20 Combien de collaborateurs, vous ne nous l'avez pas dit ?
19:22 - 200 à peu près.
19:24 - 200 collaborateurs, et donc actionnaires.
19:26 - Oui, tout le monde est actionnaire.
19:28 - Tout le monde, à la tête d'entreprise,
19:30 très engagé, évidemment, je le redis,
19:32 dans l'accompagnement des détenus salariés
19:34 qui travaillent en détention.
19:36 Merci à vous trois.
19:38 On termine avec Fenêtre sur l'emploi.