SMART TECH - Emission du mardi 25 avril

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Mardi 25 avril 2023, SMART TECH reçoit Thomas Guenoux (Président, Yelda) , Vianney Raskin (Fondateur, Citron) , Manu Reynaud (adjoint au maire de Montpellier) et Carole Chartier-Djelaïbia (juriste, membre fondateur et secrétaire générale, Cercle de la donnée)

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00:00 [Musique]
00:08 Bonjour à tous, à la mairie de Plaisir, c'est une intelligence artificielle maintenant qui répond au téléphone.
00:13 C'est intéressant de voir comment on apprend de plus en plus à communiquer, à collaborer, à travailler avec des IA
00:20 et puis voir aussi le chemin qu'il reste à parcourir.
00:23 À la une de Smartech, on parlera également des technologies qui sont utiles aux politiques locales.
00:29 Comment les collectivités territoriales s'approprient ce numérique et puis aussi quelles sont les limites.
00:35 On aura rendez-vous en deuxième partie de l'émission avec le monde de la donnée.
00:39 On s'intéressera là aux données de surveillance et de traçage versus, j'ai envie de dire, la liberté d'expression,
00:46 la liberté de circulation et la vie privée.
00:49 Et puis on terminera cette édition avec notre chronique "Où va le web et le passeport numérique qui arrive pour des bouteilles de vin".
00:56 Mais d'abord, interview avec une IA qui répond au téléphone à la mairie de Plaisir.
01:01 Sur le plateau de Smartech aujourd'hui, Vianney Raskin, vous êtes le fondateur de la startup Citron
01:12 et puis également adjoint au maire de la ville de Surenne.
01:15 On va débattre ensemble avec Manu Reynaud, adjoint au maire de Montpellier,
01:20 de ces technologies qui s'avèrent réellement utiles à mener des politiques locales.
01:25 On va voir comment aussi les décideurs locaux s'approprient ce numérique et quelles en sont les limites.
01:31 Parce qu'il y a des technologies utiles et puis parfois il y a aussi un surplus technologique
01:34 qui va à l'encontre, je dirais, des politiques de sobriété.
01:37 Donc on va étudier tout ça ensemble dans le TED Talk.
01:40 Mais d'abord, je propose que l'on découvre cette IA qui répond au téléphone à la mairie de Plaisir.
01:45 Bonjour Thomas Genoux.
01:46 Bonjour.
01:47 Vous êtes le président de Yelda.
01:49 C'est vous qui êtes derrière cette intelligence artificielle qui répond maintenant à l'appareil.
01:55 Ça se passe à la mairie de Plaisir dans les Yvelines en Ile-de-France.
01:59 Vous appelez ça, vous, un callbot, c'est-à-dire en fait un chatbot, un robot logiciel avec lequel je peux discuter
02:06 mais dont le travail principal est vraiment de répondre au téléphone.
02:11 De quoi sont capables ces robots vocaux aujourd'hui ?
02:14 Aujourd'hui, une intelligence artificielle va comprendre un certain nombre d'intentions
02:18 et pas 100% des intentions de l'utilisateur pour pouvoir répondre aux questions les plus courantes.
02:24 Le but n'étant pas de répondre à 100% des questions mais bien des questions les plus récurrentes
02:29 et celles qui sont les plus automatisables, comme par exemple les questions liées aux demandes de passeport,
02:34 aux demandes de carte d'identité, l'inscription des enfants à l'école ou un problème avec sa poubelle.
02:38 Voilà des questions qui arrivent souvent et finalement dont la valeur...
02:41 C'est très différent du répondeur vocal qu'on connaît tous et qui est parfois très désagréable d'ailleurs à utiliser.
02:47 C'est vrai que le serveur vocal interactif classique, on tape 1, tape 2, tape 3 et on est censé être redirigé vers le bon service.
02:54 Or là, la promesse des nouvelles IA vocales, c'est l'IA pouvoir donner un premier niveau de réponse.
03:00 Donc des fois, plus besoin d'un interlocuteur humain.
03:03 D'accord. Et comment vous gérez la fluidité de la conversation avec cette intelligence artificielle ?
03:10 Parce que les gens qui appellent n'ont pas appris à utiliser l'outil.
03:14 C'est vrai. C'est vrai qu'il y en a un certain nombre qui sont surpris et qui ne comprennent pas forcément qu'il y a un robot qui peut comprendre.
03:20 On essaie d'être didactique, pédagogique en disant par exemple, en quelques mots ou une phrase courte,
03:25 "donnez la raison de votre appel", ce qui permet aux gens de dire par exemple,
03:29 "je veux refaire mon passeport" ou ne pas sortir une très longue phrase qui n'est pas très bien gérée à ce stade par les IA.
03:36 C'est vrai, les intelligences conversationnelles ne savent pas encore gérer les très longues phrases.
03:40 Et alors, quelle est la machinerie derrière ? Expliquez-nous votre technologie.
03:45 Alors avant tout, sans rentrer dans les détails très techniques, il y a un système de base de connaissances.
03:50 On va faire apprendre finalement à une intelligence artificielle plein d'informations sur une mairie ou sur une autre organisation.
03:57 Là, on l'espèce une mairie, la mairie de plaisir. On va lui expliquer tout ce qui est relatif par exemple au thème des passeports, des cartes d'identité.
04:04 On va lui expliquer tout ce qui est relatif à l'école, aux déchets et puis à tout un tas d'autres choses spécifiques à la mairie de plaisir.
04:10 On lui apprend du vocabulaire. Donc comme finalement, Google sait faire la différence entre un chat et un chien, c'est à force d'avoir des données.
04:19 Donc il faut beaucoup de données pour entraîner. Donc là, c'est notre rôle.
04:22 Et c'est le personnel de la mairie qui a travaillé à entraîner cette IA ?
04:27 Alors nous, on fait déjà ce travail au préalable. Notre entreprise le fait.
04:31 Néanmoins, effectivement, la mairie de plaisir est mise à contribution pour donner les subtilités liées à la mairie de plaisir.
04:38 Par exemple, le nom d'un théâtre, le nom d'une rue, le nom des personnes qui travaillent peuvent être reconnus.
04:44 Parce qu'effectivement, sinon, si je dis je veux refaire mon passeport, ça je peux le comprendre pour n'importe quelle mairie de France, bien sûr.
04:50 Mais il faut un petit temps de chaque personne de la mairie.
04:53 Et aujourd'hui, ce sont des personnes de l'accueil usagé qui ont entraîné, qui ont amélioré le système.
04:58 Et est-ce que chaque coup de fil qui est passé à cette IA permet d'améliorer le système ?
05:03 Est-ce qu'elle est apprenante ?
05:05 Ou est-ce que c'est un système fermé qui fonctionne, que vous livrez, en travaillant peut-être à côté sur des améliorations ?
05:13 Mais est-ce qu'il y a une évolution ? Si j'appelle, je ne sais pas, cette IA aujourd'hui et dans trois jours, est-ce qu'elle aura grandi ?
05:20 Bien sûr. Le principe étant qu'à force d'avoir des appels, elle va apprendre.
05:25 Mais alors elle va apprendre si seulement il y a un humain qui va venir regarder ce qui se passe.
05:29 Et c'est ce qui se passe aujourd'hui à la mairie de Plaisir.
05:31 Il y a des personnes qui travaillent au standard qui désormais ne sont plus seulement des gens qui décrochent le téléphone,
05:36 mais qui sont aussi des gens qui vont être sur leur logiciel, Yelda, pour regarder ce qui s'est passé, regarder ce qui s'est mal passé, et le corriger ou finalement amender.
05:45 C'est-à-dire que si on pose une question dont l'IA n'a pas la réponse dans la base de connaissances, il faut un humain pour rajouter cette information.
05:51 Donc là, il y a quelqu'un, un humain qui va dire, tiens, sur cette question-là, je vais rajouter la réponse.
05:56 Désormais, demain, quelqu'un qui rappelle aura finalement la bonne réponse.
06:00 Et alors, question piège peut-être, mais quel est l'intérêt ?
06:04 Alors, aujourd'hui, bien sûr, l'intérêt très fort, c'est qu'aujourd'hui, il y a un certain nombre de collectivités et d'entreprises,
06:11 même dans le secteur privé, on travaille beaucoup avec le secteur privé, qui ne peuvent pas répondre à 100% des appels parce qu'il n'y a pas le temps,
06:17 il n'y a pas les moyens, il n'y a pas l'organisation.
06:20 Donc là, par exemple, à la Mairie de Plaisir, l'année dernière, c'était 35% des appels qui étaient décrochés.
06:25 Deux fois sur trois, ça sonne dans le vide. Pourquoi ?
06:28 Ce n'est pas parce que les personnes de l'accueil ne veulent pas répondre, c'est parce qu'il y a trop de gens qui appellent, il y a plein de sujets.
06:34 Les gens, suite au Covid, ont pris le réflexe d'appeler.
06:37 Paradoxalement, effectivement, le bon vieux téléphone est devenu un canal encore plus populaire.
06:41 Les gens ne se déplacent plus et appellent.
06:44 Même avant de venir, ils appellent pour vérifier.
06:47 Et donc, on se retrouve effectivement avec trop d'appels et on ne décroche pas tout le monde.
06:50 Donc là, problème, les gens ne sont pas satisfaits.
06:54 Donc notre solution, c'est de dire on va répondre à 100%.
06:56 Là, ça veut dire qu'on remplace aussi un service qui était proposé par des humains.
07:01 Eh bien non, parce que par définition, il n'y avait pas de service.
07:05 Pour 65% des gens qui appelaient, il n'y avait pas de service.
07:07 Et donc nous, aujourd'hui, il y avait deux personnes à la Mairie de Plaisir.
07:10 Il y a toujours deux personnes.
07:12 Simplement, aujourd'hui, elles peuvent se concentrer sur les appels.
07:14 À l'accueil, vous voulez dire ?
07:15 Pardon, il y a deux personnes à l'accueil du standard, qui est différent de l'accueil physique.
07:19 C'est souvent dans les grandes mairies, 35 000 habitants à Plaisir.
07:21 Donc deux personnes qui, aujourd'hui, peuvent se concentrer sur les appels qui ont vraiment du sens,
07:26 là où elles apportent de la valeur.
07:27 Parce qu'effectivement, quand quelqu'un appelle et qu'il demande quels sont les horaires de la mairie
07:31 ou comment faire mon passeport, elle fait plus de réflexe.
07:34 La valeur ajoutée n'est pas évidente.
07:36 Est-ce qu'on peut appeler le chatbot, du coup, à n'importe quelle heure, n'importe quel jour ?
07:40 Est-ce que la mairie est plus disponible ?
07:42 Bien sûr, la promesse est de répondre 24/7, notamment à la pause méridienne,
07:46 puisqu'effectivement, il y a des pauses et il n'y a personne qui répond le midi.
07:49 On a beaucoup d'appels entre midi et deux qui sont maintenant pris en charge.
07:52 Donc évidemment, c'est important de pouvoir répondre à tout moment.
07:56 Ça fonctionne bien 24/7.
07:58 Et ça coûte combien ?
07:59 Ça coûte cher ? C'est un gros investissement pour une mairie ?
08:01 Alors non, ce n'est pas un gros investissement dans le sens où, d'une part,
08:04 l'ordre de grandeur a commencé à environ 700 à 800 euros par mois.
08:10 Et qu'en plus, souvent, pour une mairie, il peut y avoir des aides au niveau régional.
08:14 C'est le cas de la mairie de Plazirs.
08:16 Donc c'est quand même vraiment intéressant de s'équiper de ce genre d'outils,
08:18 puisque de toute façon, par rapport à l'apport que ça apporte aux usagers,
08:23 pour nous, c'est extrêmement intéressant,
08:25 puisque ce n'est pas si cher et ça apporte une vraie plus-value aux usagers.
08:29 On a voulu quand même tester votre Rial, lui passer un coup de fil.
08:33 Je dois dire pas très sympathique, parce qu'on lui a posé une question compliquée,
08:37 mais on voulait aussi pouvoir tester jusqu'où est capable d'aller l'intelligence artificielle
08:42 et peut-être aussi démystifier certaines choses.
08:45 On va écouter, c'est Marie qui a passé ce coup de fil pour l'équipe de Smartech.
08:49 Bienvenue à la mairie de la ville de Plazirs.
08:52 Je suis Optimus, votre nouvel assistant conversationnel.
08:58 A des fins d'amélioration continue de notre service,
09:01 je vous informe que cet appel est susceptible d'être enregistré.
09:04 La mairie vous accueille le lundi de 13h30 à 19h30,
09:08 du mardi au vendredi de 9h à midi et de 13h30 à 17h30
09:12 et le samedi matin de 9h à 11h45.
09:15 Le jeudi, la mairie ouvre à 10h.
09:17 Afin de mieux vous servir, pouvez-vous m'indiquer,
09:20 en quelques mots ou une phrase courte, le motif de votre appel.
09:24 Après le 10, c'est à vous.
09:26 Bonjour, j'ai entendu dire à la télé qu'on allait couper le réseau cuivre.
09:30 Quand est-ce que notre commune sera concernée ?
09:33 Je n'ai pas encore la réponse à cette demande pour le moment.
09:38 Pouvez-vous reformuler votre demande ?
09:40 Comme le réseau cuivre va s'arrêter,
09:43 est-ce que je risque de ne plus avoir d'accès au téléphone ?
09:46 Quel service souhaitez-vous joindre ?
09:49 Est-ce que je risque de ne plus avoir accès à Internet
09:52 et qui peut me renseigner à la mairie, s'il vous plaît ?
09:55 Je ne reconnais pas ce service.
09:58 Quel service souhaitez-vous joindre ?
10:00 Si vous ne savez pas, dites "accueil".
10:02 Accueil.
10:04 Je transfère votre appel à l'accueil de la mairie.
10:08 Alors, ce n'était pas une question facile.
10:12 L'IA a eu du mal à s'en sortir.
10:14 Mais ce qui est intéressant, c'est qu'on ne reste pas dans l'impasse.
10:17 À la fin, il nous propose de discuter avec un humain à l'accueil.
10:21 Donc ça, c'est plutôt positif.
10:23 Ça montre aussi que quand il n'est pas programmé
10:26 pour répondre à certaines questions,
10:28 on ne peut pas le pousser beaucoup plus loin.
10:30 Bien sûr, puisque ce cas-là, précisément,
10:34 n'était pas inclus dans la base de connaissances
10:37 de l'assistant virtuel, de l'agent virtuel.
10:40 Alors, qu'est-ce qui se passe dans ce cas-là ?
10:42 Effectivement, il va finir par rediriger vers l'accueil.
10:44 Ça ne veut pas dire qu'on n'a pas compris.
10:46 Ça peut vouloir dire simplement que la réponse n'est pas encore disponible.
10:50 Et typiquement, pour une question très spécifique liée à l'actualité,
10:53 il faudrait finalement qu'on ait les éléments de langage
10:57 de la part de la mairie pour mettre à jour le système,
10:59 pour donner une réponse.
11:00 Parce qu'effectivement, sinon, si on laissait l'agent virtuel
11:04 inventer une réponse, qui est techniquement possible,
11:07 aujourd'hui on le voit avec les "try to be petty",
11:09 on peut inventer des réponses.
11:10 Mais il pourrait très bien décider que oui, ça va se terminer demain
11:15 ou que non, ça ne va pas se terminer demain.
11:17 Mais si ça n'a pas été validé par la mairie,
11:20 on n'a pas envie d'assainer une réponse.
11:23 On ne sait pas d'ailleurs si à l'accueil, on aurait eu la réponse à notre question.
11:26 Il va falloir travailler dessus aussi avec la mairie de plaisir.
11:30 Et puis il y a cette difficulté de décrypter aussi ce que disent les gens.
11:35 Parce que le serveur vocal peut avoir appris des mots à l'écrit,
11:39 à l'oral avec certaines voix, mais pas forcément comprendre
11:42 toutes les voix, tous les accents,
11:44 toutes les façons qu'on a chacun de nous exprimer.
11:47 C'est vrai qu'aujourd'hui, on passe toujours par une transcription,
11:50 la plupart du temps, orale à l'écrit.
11:52 On va essayer de transcrire et ensuite on va analyser ce qui a été dit
11:55 en fonction de la transcription écrite qu'on a reçue.
11:58 Aujourd'hui, ce stade-là est vraiment à un niveau très bon.
12:03 On n'a pas beaucoup de loupés.
12:05 Si on va regarder dans les logs, dans les écrits de ce qu'on a récupéré
12:09 suite à votre appel, on verra ce qui a été écrit,
12:12 on a bien compris, c'est quasiment sûr.
12:13 On a sans doute aussi compris le thème.
12:16 Mais encore une fois, ici, finalement, quand le bot a regardé
12:20 dans sa base de connaissances, il n'a rien vu par rapport à ça,
12:23 donc il n'a pas pu y répondre, donc il a voulu transférer un service.
12:26 Ça vous intéresse pour la mairie de Suresnes ?
12:28 Ce qui est sûr, c'est qu'à Suresnes, on réfléchit beaucoup
12:32 à ce type de solution.
12:33 On re-challenge énormément l'accueil des usagers à la mairie
12:37 dans les différents services.
12:39 Après, c'est une vraie réflexion de fond parce qu'effectivement,
12:41 on ne peut pas faire dire n'importe quoi à une intelligence artificielle.
12:44 On a besoin de maîtriser notre discours et tous les services
12:47 ne sont pas forcément accessibles.
12:49 Il y a des services, il y a des questions sur lesquelles
12:51 quelqu'un des services ne saura pas répondre,
12:54 n'aura pas la réponse et n'aura peut-être même pas vocation
12:56 à répondre.
12:57 Là, on a eu une réponse, une question très concrète,
13:00 mais les questions peuvent être d'ordre personnel, etc.
13:02 Donc, on aurait plutôt tendance à challenger beaucoup l'outil
13:05 avant de le déployer, mais clairement, ça fait partie
13:08 des solutions d'aujourd'hui et de demain sur lesquelles
13:10 on se penche très sérieusement pour étudier leur pertinence.
13:13 C'est une bonne introduction pour notre talk ensemble
13:16 sur ces technologies qui sont utiles ou non aux politiques locales.
13:21 Quel rapport les collectivités territoriales entretiennent
13:28 avec les technologies ? Quels sont ces techs qui sont réellement
13:31 utiles pour les politiques locales ? On en parle avec, d'abord,
13:35 mes deux invités qui sont restés en plateau, Thomas Genoux,
13:38 Yelda, c'est une IA que vous avez proposée à la mairie de plaisir
13:42 et qui, aujourd'hui, répond au téléphone aux usagers.
13:45 Et puis, Vianney Raskin, fondateur de Citron,
13:48 start-up française qui travaille avec des entreprises
13:50 et des collectivités. En Ile-de-France, on peut citer
13:53 ici les Moulineaux, par exemple. Qui d'autres ?
13:55 - Oui, tout à fait. Où, la région de l'Espagne ?
13:56 - Alfortville, la région.
13:57 - Le département de l'Essonne, des villes comme Agnières, etc.
14:00 - Donc, vous leur proposez d'accélérer leur transition énergétique
14:04 en utilisant une plateforme de pilotage, finalement,
14:07 des consommations et des ressources.
14:10 Et puis, je précise que vous êtes également adjoint au maire
14:13 de la ville de Surènes. Avec nous, à distance,
14:16 Manu Reynaud, adjoint au maire de Montpellier,
14:18 président du groupe politique "Choisir l'écologie à Montpellier",
14:21 conseiller de Montpellier Méditerranée Métropole.
14:24 Bonjour. Vous avez pris la décision à Montpellier d'interdire
14:28 l'usage de 4G PT en interne dans les services de la ville.
14:32 Comment est-ce que vous abordez cette question
14:34 de l'adoption des technologies pour les politiques publiques et locales ?
14:38 - Alors, avec un grand intérêt, parce que la métropole de Montpellier
14:42 est d'ailleurs très en avance sur les questions d'IoT,
14:44 l'Internet des Objets, donc nous avons beaucoup d'expérience là-dessus.
14:48 Et concernant ce chapte GPT, c'est plutôt une mesure conservatoire
14:51 et c'est plutôt une interrogation qu'on s'est posée
14:53 en rapport avec notre rapport à la technologie,
14:56 comment ces robots conversationnels, comment ces IA
14:59 allaient pouvoir accéder à nos données,
15:01 quels problèmes juridiques, quels problèmes ça posait à nos agents.
15:04 Alors, on a pris une mesure conservatoire qui est de dire
15:06 qu'on fait attention, on respecte la loi sur les données confidentielles,
15:09 sur les usages, et on demande à nos agents et à ceux qui travaillent avec nous
15:13 de faire attention à ne pas utiliser les données de la collectivité
15:15 le temps qu'on ait étudié la chose.
15:17 Ce n'est pas du tout un sentiment de défiance vis-à-vis de la technologie,
15:20 au contraire, c'est une attention de prudence légale
15:25 au regard de nos responsabilités en tant que collectivités,
15:28 mais c'est aussi un regard extrêmement bienveillant sur les apports
15:31 que pourrait apporter la technologie et quels usages elle pourrait avoir.
15:35 On a donc entrepris avec un groupe d'experts au niveau montpelierin,
15:38 puisqu'on a sur l'écosystème des entreprises, des chercheurs,
15:42 un tas de gens qui travaillent là-dessus, qui l'utilisent déjà,
15:45 pour voir comment on pourrait s'y avancer au mieux
15:48 et quels usages on pourrait en faire au mieux,
15:50 notamment concernant toutes ces questions de l'IA.
15:52 Il est question de prendre ce tournant de l'IA de façon positive,
15:55 mais une IA choisie et non subie,
15:58 pas via des systèmes qui nous sont imposés,
16:01 mais plutôt des systèmes qu'on va apprendre à utiliser.
16:04 - Je vais vous raconter que ça pose des questions aussi de souveraineté,
16:07 mais on va y revenir.
16:09 Vous, vous adressez la question, Vianney, de la transition énergétique.
16:14 On doit aller vers plus de sobriété.
16:18 À quel point les décideurs locaux sont enthousiastes
16:22 quant à l'idée d'aborder ce sujet à travers des technologies ?
16:27 Parce que ça peut aussi être un frein, finalement, de se dire
16:30 qu'on ne va pas en rajouter sur la consommation énergétique,
16:34 qu'on ne va pas rajouter des technos alors qu'on essaie d'être plus sobre.
16:38 - Déjà, pour la consommation, on peut avoir les technologies
16:41 qu'on utilise dans le cadre de la transition énergétique.
16:44 Ce qu'il faut avoir en tête, c'est qu'elles vont avoir un impact positif,
16:47 ou plutôt, entre guillemets, négatif.
16:49 Elles vont diminuer la consommation bien plus que ce qu'elles ne vont consommer.
16:52 Ce sont des technologies qui consomment très peu d'énergie
16:54 et qui, par contre, peuvent avoir un impact très important
16:56 sur le patrimoine immobilier.
16:58 - Vous leur faites la démonstration ?
17:00 - Bien sûr. Chez Citron, on a développé une plateforme web
17:04 qui va servir à collecter toutes les données liées à l'énergie
17:06 dans un patrimoine immobilier.
17:08 C'est-à-dire qu'on va avoir des robots qui vont, d'eux-mêmes,
17:10 aller régulièrement sur le site Internet du fournisseur d'énergie
17:14 pour télécharger les factures, les lire, les comprendre,
17:16 et intégrer les données qui se trouvent dessus,
17:18 des adresses de livraison, des données de consommation, de coût, etc.,
17:21 dans une base de données qui sera après accessible à son utilisateur,
17:24 un responsable technique, un responsable fluide d'une collectivité,
17:27 ou même d'une entreprise, ou d'un professionnel de l'énergie.
17:30 En ayant accès à ces outils de suivi,
17:33 en ayant accès à des outils, même, d'analyse,
17:36 qui vont savoir appeler régulièrement l'exploitant
17:40 en charge de la maintenance d'une chaufferie, par exemple,
17:42 ou d'un système technique, parce qu'on aurait pu observer
17:44 qu'il consomme trop ou que l'impact, par exemple,
17:46 la température dans les locaux de la mairie
17:49 ne sont pas au niveau attendu,
17:51 on va, du coup, pouvoir avoir une maîtrise très fine de ces sujets-là.
17:54 Le fait de mieux maîtriser, d'un côté, le confort,
17:56 mais surtout la performance énergétique,
17:59 ça va permettre, en général, d'économiser entre 5 et 10 %
18:02 sur les consommations énergétiques du patrimoine immobilier.
18:05 Imaginez la consommation que représentent en face
18:09 les serveurs qui vont être utilisés par la machine.
18:13 C'est ridicule à côté.
18:15 - Manu Reynaud, vous, du côté aussi de la métropole de Montpellier,
18:18 vous êtes engagé dans un plan de sobriété,
18:21 de transition énergétique.
18:23 Ça passe par quelle technologie ?
18:26 - Vous savez que la question des gaz à effet de serre
18:29 et l'impact de la sobriété énergétique,
18:32 c'est principalement sur le matériel,
18:34 qu'on le fait dans l'usage des matériels,
18:36 les équipements, les smartphones, les ordinateurs,
18:38 et ainsi de suite.
18:39 Donc, c'est une vraie politique d'achat.
18:41 Mais si on parle de l'IoT, par rapport à l'Internet des objets,
18:44 effectivement, ce que disait monsieur,
18:46 sur l'usage qu'on peut en avoir pour contrôler,
18:49 par exemple, la consommation des bâtiments, des luminaires,
18:52 on a plein de plateformes là-dessus,
18:54 on est relativement en pointe avec une plateforme de données,
18:57 c'est sur la base d'un réseau LoRa,
18:59 qui est un réseau basse fréquence,
19:00 donc il y a des choix à la base,
19:02 qui sont des choix de sobriété sur l'utilisation même des réseaux,
19:05 et après, dans l'utilisation des objets,
19:08 il faut toujours faire attention au retour sur investissement.
19:10 On peut toujours vous faire miroiter,
19:12 et c'est une bonne chose,
19:13 beaucoup de retours sur investissement,
19:15 sur intégrer et capter des données pour en avoir un usage
19:18 et avoir des bénéfices directs.
19:20 Ce n'est pas toujours le cas.
19:21 Ça a été, à un moment donné, il y a quelques années,
19:23 une vraie politique qui était quand même très communicationnelle,
19:27 on va dire.
19:28 Nous, on a une approche très itérative,
19:30 et au cas d'usage par cas d'usage,
19:32 et sur chaque objet,
19:33 et Dieu sait si on en a sur beaucoup de thématiques,
19:35 que ça soit sur le stationnement d'un côté,
19:37 sur la question de l'éclairage,
19:39 sur la question de la sobriété des bâtiments,
19:41 on a expérimenté,
19:42 et au fur et à mesure, expérience après expérience,
19:45 validé les process pour voir effectivement
19:47 le retour potentiel sur investissement,
19:49 sachant que parfois, il peut y avoir des effets contre-intuitifs
19:52 où on pense que c'est une bonne idée,
19:54 mais ça n'en est pas forcément une.
19:55 Je pense qu'il est fini le temps de « on collecte pour collecter »
19:58 et on verra après ce qu'on en fait.
20:00 Donc nous, la démarche, c'est via une plateforme de données,
20:02 sur la base notamment d'une récupération
20:04 d'un réseau basse fréquence,
20:05 de dire « on le fait au cas par cas »
20:07 et on étudie le rendu en fonction du cas d'usage
20:10 au fur et à mesure.
20:12 La folie du big data,
20:15 on ne savait plus quoi faire de toutes ces datas,
20:16 c'est vraiment derrière nous, c'est clair.
20:18 Ce n'est pas simple non plus pour une startup
20:20 de travailler avec des collectivités locales
20:22 parce qu'elles sont en première ligne pour appliquer
20:24 les mesures de sobriété, de transition énergétique,
20:26 mais elles ont quand même des moyens très limités,
20:29 des moyens financiers, je veux dire.
20:31 Oui, tout à fait.
20:32 Alors, ça dépend beaucoup des collectivités locales
20:35 et de leurs compétences,
20:36 mais il ne faut pas voir cette démarche comme un coup.
20:39 C'est-à-dire qu'effectivement, quand on réfléchit...
20:41 Au départ, quand même, ils vous donnent un petit budget.
20:43 Oui, tout à fait.
20:45 Il y a une dépense initiale,
20:47 mais qui est très rapidement rentable
20:49 et donc du coup, le retour sur investissement,
20:51 comme disait monsieur, est très rapide.
20:53 Typiquement, quand on rentre, comme la ville de Montpellier,
20:56 dans des démarches où on met des objets connectés,
20:58 où on met des technologies,
21:00 ce qu'on pourrait qualifier de hardware,
21:02 d'équipement physique.
21:03 Là, il y a des frais d'achat du matériel,
21:05 d'installation, de déplacement, etc.
21:07 Ça peut avoir un impact assez important
21:10 d'un point de vue acquisition,
21:12 capex, opex, ou fonctionnement et investissement.
21:16 Pour faire des choses moins onéreuses.
21:18 Bien sûr. En fait, aujourd'hui, il y a des technologies
21:20 et des données qui sont déjà présentes.
21:22 Par exemple, on a beaucoup entendu parler du compteur Linky à une époque.
21:25 Maintenant qu'il est déployé, mais servons-nous-en,
21:27 collectons les données qui sont issues
21:29 de ces gestionnaires de réseaux de distribution,
21:31 Dénédis à 95% sur le territoire,
21:33 mais de manière globale par les concessionnaires,
21:35 qui possèdent la donnée.
21:36 C'est une donnée macroscopique, d'abord.
21:38 Une donnée qu'on pourrait qualifier de haut compteur.
21:41 On n'est pas encore du sous-comptage,
21:43 sur la mesure des températures ou de la qualité d'air.
21:46 Mais on a déjà une donnée qui nous permet, par exemple,
21:48 d'observer si un talon de consommation nocturne,
21:51 par exemple dans une école,
21:53 si ce n'est pas le même sur deux jours d'inoccupation,
21:58 on sait qu'il y a un gaspillage énergétique.
22:00 On va pouvoir aller creuser pour essayer de détecter
22:02 quel est ce gaspillage énergétique.
22:04 Donc là, on a juste besoin de la plateforme logicielle
22:06 qui va collecter les données
22:08 et nous proposer des graphes d'analyse.
22:10 Bien sûr. La plateforme logicielle
22:12 va savoir déjà vous donner de l'information
22:14 parce qu'il y a des données qui sont déjà existantes sur le marché.
22:16 J'ai parlé des factures tout à l'heure.
22:18 On va lire automatiquement les données qui sont présentes dessus.
22:21 Il y a le compteur Linky, mais il y a aussi des données
22:23 très intéressantes et assez exogènes.
22:25 Météo France va savoir nous donner la température extérieure.
22:27 On va pouvoir la comparer à la consommation,
22:29 par exemple, de gaz d'un bâtiment,
22:32 ce qui correspond globalement au chauffage du bâtiment, souvent.
22:35 Donc on va pouvoir vraiment mesurer l'impact
22:37 d'une consommation d'énergie
22:39 et détecter un gaspillage énergétique.
22:41 Je souscris tout à fait à ce qu'a dit mon collègue
22:43 de la Ville de Montpellier,
22:45 qui est de dire qu'une fois qu'on a fait une première étape,
22:48 il faut continuer à avancer.
22:50 Mais là, l'investissement va être porté
22:52 par les économies qu'on a faites précédemment.
22:54 Ça va être ce qu'on appelle une stratégie d'intracting.
22:57 On va aller chercher à financer les prochains investissements
23:00 avec les économies réalisées
23:02 et donc à avancer pas à pas.
23:04 Alors, de quelle façon, plus largement,
23:09 le numérique est utilisé par vos équipes
23:12 pour piloter des politiques locales ?
23:15 Et peut-être revenir aussi, Manu,
23:18 sur la question de la souveraineté.
23:20 On a commencé à l'évoquer avec ChatGPT,
23:22 qui est un outil américain.
23:25 Comment est-ce que vous réfléchissez
23:27 à la fois le numérique comme outil de politique locale,
23:31 mais aussi comme outil de souveraineté numérique ?
23:35 Nous, on a fait des choix qui sont clairement depuis plusieurs années,
23:39 notamment en matière de souveraineté,
23:41 notamment sur la question de la responsabilité de la donnée,
23:44 de la propriété de la donnée,
23:46 puisque via cette plateforme de données dont vous parlez,
23:48 je pense qu'on parle des mêmes choses, dans les mêmes solutions.
23:50 Nous aussi, on a un projet d'allier avec les compteurs Linky,
23:53 Gaspard et nos propres compteurs d'eau,
23:56 puisque l'eau est en régie publique de l'eau,
23:58 et justement d'avoir un domaine applicatif
24:00 pour les usagers qui leur permettent
24:02 de modifier leur comportement
24:04 et de permettre à la puissance publique,
24:06 en l'occurrence la régie publique de l'eau et la métropole,
24:08 d'avoir une politique de l'eau,
24:09 parce que vous avez le comportement individuel
24:11 que vous pouvez modifier en fonction des données,
24:14 qu'on va mettre à disposition,
24:15 et vous voyez de façon globale.
24:16 Et puis vous avez la politique globale de la collectivité
24:19 qui, grâce à cette plateforme de données,
24:21 et grâce à ce qu'on appelle parfois l'informatique décisionnelle
24:25 au niveau de la collectivité,
24:27 mais grâce à ces tableaux de bord
24:29 qui nous permettent aussi d'avoir une politique.
24:30 Par exemple, sur la politique de l'eau,
24:32 il y a des compteurs connectés qui sont associés,
24:34 qui sont pour l'instant principalement sur des grands comptes,
24:37 c'est-à-dire des grands comptes d'entreprises
24:39 ou de gros consommateurs d'eau,
24:42 et nous allons petit à petit les mettre en place
24:44 chez tous les individuels,
24:46 il n'y a aucun souci là-dessus,
24:48 mais ça nous permet à la fois de piloter au niveau global
24:51 une politique publique de l'eau.
24:52 Par exemple, nous avons décidé que pour les particuliers,
24:55 les 15 premiers mètres cubes seraient gratuits.
24:58 Jusqu'à 120 mètres cubes, c'est un certain tarif,
25:00 mais au-delà, comme on considère que ça n'est plus
25:02 les 15 premiers mètres cubes gratuits,
25:04 l'eau est gratuite parce que c'est les besoins humains
25:06 de consommation d'eau pour boire, pour se laver.
25:10 Au-dessus, c'est une consommation qui conforte du confort,
25:13 et au-dessus de 120 mètres cubes,
25:14 on considère que c'est des usages qu'on doit payer plus cher.
25:17 Tout ça a du sens quand non seulement,
25:20 vous attendez un retour sur investissement,
25:22 sur les économies d'eau,
25:23 mais qui pour nous ont du sens entre l'économie de la ressource
25:26 en elle-même,
25:27 je suis président du groupe Ecolo,
25:28 donc je peux d'autant mieux vous en parler.
25:30 Donc ça nous permet à la fois de modifier les comportements
25:32 du côté consommateur,
25:33 et ça nous permet, qui est volontaire de leur part,
25:36 avec une politique publique qui est appuyée
25:38 sur une question de tarification,
25:39 et avec des dashboards qui permettent à un moment de vue
25:44 d'analyser de façon macro les politiques publiques
25:47 et les consommations qu'on peut avoir.
25:49 - Sur la question de la souveraineté,
25:51 vous disiez que vous faisiez attention à ce point.
25:54 Comment on fait pour garder la main sur nos données,
25:57 qui sont les données de tous les concitoyens ?
25:59 - Alors on la garde de façon juridique,
26:02 et on la garde de façon technique.
26:03 Il y a les deux aspects qu'il faut voir techniques.
26:05 Le réseau Lora, par exemple,
26:07 qui est le réseau qui collecte les données,
26:08 nous appartient juridique,
26:10 parce qu'on a des contrats avec nos opérateurs.
26:12 Alors c'est parfois des opérateurs publics
26:14 qui nous appartiennent,
26:15 comme la Régie publique de l'eau,
26:16 comme la SPL TAM,
26:18 qui est l'opérateur de mobilité
26:19 pour le tram et les transports publics,
26:21 mais ça peut être aussi avec des opérateurs privés,
26:23 dans lesquels nous on a des contrats
26:24 qui nous lient pour l'appropriation de la donnée.
26:26 Mais pour les serveurs physiques,
26:28 pour les installations techniques,
26:30 et notamment de réseau,
26:31 ils nous appartiennent.
26:32 - Parce qu'il y a la difficulté des moyens
26:35 alloués aux collectivités territoriales,
26:37 mais il y a la difficulté aussi
26:39 de travailler dans un environnement
26:40 où ce sont des données critiques,
26:41 des données sensibles que l'on manipule.
26:44 - Bien sûr.
26:45 C'est un sujet qu'on regarde de très près.
26:48 Mais aujourd'hui, il existe un certain nombre de technologies
26:51 qui nous permettent à la fois de protéger les données,
26:53 qui peuvent être personnelles de temps en temps,
26:55 mais aussi les données d'une collectivité.
26:58 Et évidemment, c'est un sujet de tous les jours.
27:00 C'est pour cette raison-là d'ailleurs
27:01 qu'on a rapatrié nos data centers en Ile-de-France.
27:06 - D'accord.
27:07 Et alors là, quand on vous écoute,
27:08 on se dit "mais c'est merveilleux".
27:10 On pense qu'on a tous les arguments
27:12 pour convaincre les décideurs locaux
27:14 d'utiliser davantage de technologies
27:16 au service de politiques locales
27:19 et notamment de sobriété énergétique.
27:21 Pour autant, ça reste compliqué de les convaincre.
27:24 Vous êtes deux exemples, parce que vous êtes dans Smartech.
27:27 Donc un peu spécifique quand même.
27:29 - Alors, ce n'est pas si difficile que ça de les convaincre.
27:31 Ce qui est difficile, c'est de leur parler à tous en même temps.
27:33 Mais aujourd'hui, on a par exemple le décret tertiaire,
27:36 qui est une contrainte réglementaire légale
27:38 qui impose à tous les propriétaires et les locataires
27:41 de bâtiments de 1000 m² et plus
27:44 de suivre et de réduire leur consommation d'énergie.
27:46 Cette réglementation, elle permet de sensibiliser
27:49 très largement toutes les collectivités
27:51 qui sont du coup assujetties.
27:53 Parce que très souvent, propriétaires et régulièrement aussi,
27:56 locataires de bâtiments à usage tertiaire.
27:59 Une école par exemple, une crèche, un gymnase, des bureaux,
28:02 un hôtel de ville, tout ça, ce sont des bâtiments
28:04 qui en général ne font plus 1000 m²
28:06 et qui sont à usage tertiaire.
28:08 Elles ont donc d'abord une obligation réglementaire
28:10 de mettre en place des systèmes de suivi et d'amélioration
28:12 de leur performance énergétique.
28:13 Ensuite, il y a aussi un driver qui est très fort,
28:16 qui est l'impact environnemental qui est lié
28:18 à ces consommations énergétiques.
28:20 Au-delà de la consommation qu'on peut avoir
28:22 des ressources naturelles qui ne sont pas éternelles,
28:24 on va avoir également des émissions de gaz à effet de serre
28:27 qui sont très importantes et qui sont liées justement
28:29 à ces consommations d'énergie.
28:31 On va du coup avoir un facteur déterminant
28:33 qui va être les urnes
28:35 et les habitants d'une collectivité
28:37 qui sont sensibilisés de plus en plus
28:39 à ces sujets-là et qui souhaitent protéger
28:41 leur environnement et qui du coup demandent
28:43 à leurs représentants, aux élus et aux services
28:45 qui travaillent pour la ville de travailler sur ce sujet-là.
28:47 Et dernièrement, il y a un sujet financier,
28:49 réduire ses consommations énergétiques.
28:51 Aujourd'hui c'est rentable.
28:53 Oui, c'est presque une urgence.
28:55 Merci beaucoup. Je n'ai pas eu le temps de vous faire réagir Thomas Genoux.
28:57 Vous avez eu votre temps dans la partie interview.
28:59 Merci Thomas Genoux,
29:01 Yelda d'être restée avec nous jusqu'au bout.
29:03 Merci à Manu Reynaud qui était connecté
29:05 à distance depuis la ville de Montpellier
29:07 et Vianney Raskin de la start-up Citron.
29:09 Juste après la pause, on va parler des données
29:11 de surveillance, de traçage.
29:13 Comment est-ce qu'on peut concilier ça
29:15 avec la protection de la vie privée ?
29:17 [Musique]
29:23 Et vous voilà de retour sur le plateau
29:25 de Smartech, votre quotidienne sur l'innovation,
29:27 le numérique, les technologies.
29:29 On parle ici beaucoup du monde de la donnée.
29:31 On va regarder d'un point de vue juridique
29:33 avec Carole Chartier, JLI-BIA.
29:35 Vous êtes juriste, membre fondatrice
29:37 et secrétaire général du Cercle de la Donnée.
29:39 Bonjour Carole.
29:41 Bonjour.
29:43 Et donc aujourd'hui on va s'intéresser aux données de surveillance, de traçage.
29:45 Est-ce que selon vous,
29:47 ces dérives, on va dire,
29:49 intrusives des technologies sont quand même
29:51 conciliables avec
29:53 un certain niveau de protection de notre vie privée ?
29:55 D'un côté,
29:57 on a ce principe fondamental
29:59 qui est la protection de nos vies privées
30:01 qui a été donc érigé
30:03 en droit dans la Déclaration
30:05 des droits de l'homme
30:07 qui est un principe qui permet la protection
30:09 de l'individu, donc de sa sécurité,
30:11 de sa dignité, de la liberté
30:13 de penser, la liberté
30:15 d'expression, la liberté de circulation.
30:17 C'est vraiment quelque chose qui est assez
30:19 prégnant dans notre société. Et puis c'est vrai
30:21 que d'un autre côté, fort heureusement, on vit dans
30:23 une société où les technologies
30:25 sont partout avec une forte innovation
30:27 et qui permettent aujourd'hui de
30:29 traiter de plus en plus de données. Donc c'est vrai
30:31 qu'on va se retrouver avec des technologies
30:33 qui sont parfois invasives, comme vous l'avez dit.
30:35 Et donc la difficulté, c'est toujours
30:37 la mise en balance
30:39 de ces deux principes
30:41 et l'image qui me vient, c'est un peu
30:43 comme un funambule
30:45 qui serait sur son fil avec son balancier.
30:47 Et quand il est question
30:49 de données personnelles, souvent c'est la CNIL
30:51 qui fait office un peu
30:53 de garant pour mettre en balance
30:55 et essayer de trouver l'équilibre nécessaire entre les deux.
30:57 Alors on va s'intéresser,
30:59 parce qu'on en parle beaucoup avec l'arrivée des Jeux Olympiques
31:01 2024 et
31:03 un amendement qui a été pris récemment,
31:05 à ces caméras
31:07 augmentées, qu'on dit
31:09 intelligentes. Est-ce qu'on peut
31:11 peut-être rappeler la différence entre ces caméras
31:13 augmentées et la reconnaissance
31:15 faciale ? Oui, alors la reconnaissance
31:17 faciale, comme son nom l'indique,
31:19 elle vise à reconnaître une personne. C'est en fait un
31:21 dispositif biométrique
31:23 qui
31:25 vraiment a pour but de reconnaître
31:27 une personne. Alors qu'une caméra augmentée, c'est
31:29 simplement un dispositif de surveillance
31:31 qui est couplé
31:33 à un logiciel d'intelligence artificielle
31:35 qui a pour but de reconnaître des images
31:37 mais pas forcément de chercher à reconnaître
31:39 des individus. Par exemple,
31:41 une caméra augmentée
31:43 pourra servir à
31:45 détecter des bagages
31:47 abandonnés dans une gare,
31:49 alors qu'un dispositif de reconnaissance
31:51 faciale, lui, cherche vraiment
31:53 à reconnaître par exemple un individu
31:55 fiché. Et cette distinction
31:57 juridique, elle est importante,
31:59 elle a des conséquences ? Elle a des conséquences parce que
32:01 quand il s'agit de traiter des données
32:03 biométriques, dans certains cas, c'est interdit
32:05 notamment par la loi informatique et liberté, donc il va falloir
32:07 des autorisations très spéciales pour pouvoir le faire.
32:09 Et alors justement, quelle est la position
32:11 de la CNIL par rapport à ces caméras ?
32:13 Alors la CNIL, elle avait
32:15 eu l'occasion de se prononcer déjà
32:17 lors d'une position qu'elle avait prise en
32:19 juillet 2022, et là, par rapport
32:21 au projet de loi sur les Jeux Olympiques,
32:23 qui ouvre cette possibilité
32:25 de faire appel à des caméras
32:27 augmentées
32:29 lors de cet événement des Jeux Olympiques.
32:31 Oui, c'est sur une période bien définie.
32:33 Voilà, et bien en fait, la CNIL
32:35 a estimé que les principes
32:37 qu'elle avait énoncés
32:39 dans sa position de
32:41 juillet 2022
32:43 avaient bien été pris en compte
32:45 puisque, comme vous l'avez dit, il s'agit d'un
32:47 déploiement limité dans le temps
32:49 et dans l'espace, qui sera simplement
32:51 à titre expérimental,
32:53 pour certaines finalités spécifiques
32:55 qui correspondent à des risques graves
32:57 pour les personnes, c'est-à-dire certains
32:59 types de manifestations qui présenteraient
33:01 des risques graves pour l'ordre public.
33:03 Elle a aussi souligné le fait
33:05 qu'il n'y avait pas de traitement de données
33:07 biométriques, pas de rapprochement
33:09 avec d'autres fichiers, elle est assez attentive
33:11 au croisement de fichiers, et aussi une absence
33:13 de décision automatique, c'est-à-dire
33:15 que le dispositif est là
33:17 pour signaler des situations,
33:19 mais après, il y a un humain derrière qui va
33:21 prendre le relais et qui va
33:23 analyser la situation. Et donc, en fait,
33:25 la CNIL, ce qu'elle essaye de faire
33:27 à travers tout ça, c'est de tracer une ligne rouge
33:29 et de faire en sorte que ces caméras
33:31 ne soient pas utilisées, par exemple,
33:33 à des fins de notation
33:35 sociale, comme c'est le cas, par exemple,
33:37 en Chine. - Alors, là, on parle
33:39 d'acteurs publics,
33:41 il y a aussi des dispositifs qui sont mis en place
33:43 par des acteurs privés ? - Oui, tout à fait,
33:45 il y en a pas mal, et donc, si on
33:47 se base à nouveau sur
33:49 des délibérations récentes de la CNIL,
33:51 il y a eu une délibération qui date de mars
33:53 dernier, qui était relative à un contrôle
33:55 qu'elle a effectué au sein
33:57 de la société CityScoot. Donc, c'est une société
33:59 qui propose de la location
34:01 de scooters
34:03 en free floating, on appelle ça,
34:05 et donc, à travers une application,
34:07 vous pouvez louer un scooter électrique,
34:09 et le service est facturé à la minute.
34:11 Et lors de son contrôle, la CNIL
34:13 s'est aperçue que cette société
34:15 relevait
34:17 la géolocalisation, les points de géolocalisation
34:19 toutes les 30 secondes,
34:21 donc, quand le scooter était loué
34:23 par une personne, et qu'en plus,
34:25 elle conservait traces
34:27 de ses trajets.
34:29 Donc, en fait, elle a estimé que c'était
34:31 intrusif, parce que
34:33 pour les finalités collectées
34:35 qui étaient le traitement des infractions
34:37 au code de la route, le traitement des réclamations
34:39 clients, le support aux utilisateurs,
34:41 ou la gestion des sinistres et des vols,
34:43 la CNIL a considéré qu'il n'y avait pas besoin
34:45 de faire un traçage aussi fin, et que le service
34:47 pouvait tout à fait être rendu
34:49 sans avoir recours
34:51 à ce type de dispositif.
34:53 Donc, en fait, elle a estimé qu'il y avait manquement
34:55 au principe de minimisation des données,
34:57 c'est un principe qui est dans le
34:59 RGPD, la loi informatique et liberté,
35:01 selon lequel les données
35:03 collectées, elles doivent être adéquates,
35:05 pertinentes et non excessives
35:07 par rapport à la finalité
35:09 visée. Ce n'était pas le cas en l'espèce.
35:11 - Donc, la CNIL, vraiment,
35:13 c'est son cœur de métier,
35:15 le centre de ses préoccupations. Est-ce que
35:17 vous pensez qu'on va avoir de plus en plus de contrôles
35:19 de ce type ?
35:21 - Ce qui est sûr, c'est que la CNIL, elle va assurer
35:23 un suivi, parce que, pour les caméras
35:25 augmentées, comme on l'a dit,
35:27 ça faisait déjà partie de ses
35:29 actes prioritaires en 2022,
35:31 2023, puisqu'il y a eu cette position,
35:33 et avant ça,
35:35 elle avait fait une
35:37 consultation publique,
35:39 et puis, elle a annoncé
35:41 qu'en 2023, les caméras augmentées
35:43 seraient un axe prioritaire de contrôle.
35:45 Donc là, on peut s'attendre, parce qu'elle va contrôler
35:47 que les pouvoirs publics
35:49 soient corrects, que cet usage soit correctement
35:51 encadré, donc on peut s'attendre à ce qui
35:53 est potentiellement des sanctions.
35:55 Et donc, pour ce qui est de la géolocalisation,
35:57 pardon,
35:59 là, dans le cadre de son
36:01 accompagnement sectoriel, la CNIL
36:03 a créé ce qu'elle appelle
36:05 un club de conformité, auquel
36:07 elle a invité tous les acteurs de l'écosystème,
36:09 de mobilité,
36:11 des véhicules connectés. Mais alors là,
36:13 le but, ce n'est pas forcément de sanctionner,
36:15 ce sera plutôt d'accompagner vers
36:17 une meilleure utilisation
36:19 de la géolocalisation,
36:21 pardon, c'est pas un terme
36:23 facile à dire, par
36:25 tous ces acteurs. - Alors,
36:27 donc on a la CNIL qui veille au grain,
36:29 j'imagine que cette position,
36:31 elle est saluée, ou en tout cas, dans la ligne
36:33 de ce que vous faites au Cercle de la Donnée.
36:35 - Oui, tout à fait. C'est déjà
36:37 très important d'avoir, il me semble,
36:39 un cadre technologique
36:41 qui soit sûr et fiable
36:43 pour tout un chacun. Et puis, comme vous le savez,
36:45 nous, au Cercle, on est très attachés à la
36:47 souveraineté numérique. Et cette
36:49 souveraineté, elle passe aussi par la
36:51 souveraineté individuelle et par le respect
36:53 des valeurs. C'est-à-dire que nos données,
36:55 c'est quand même le prolongement de nous-mêmes.
36:57 Et donc, il est vraiment très important
36:59 de veiller à ce que ces données,
37:01 elles ne soient pas usurpées par des tiers,
37:03 ou instrumentalisées au détriment
37:05 de nos libertés individuelles. - Donc, vous êtes
37:07 dans la même ligne. - Tout à fait.
37:09 - Merci beaucoup, Carole
37:11 Chartier-Jelaïbia, du Cercle
37:13 de la donnée pour votre analyse
37:15 sur cette manière dont
37:17 on peut concilier finalement l'évolution
37:19 technologique et puis la protection
37:21 de la vie privée. Juste
37:23 à suivre, c'est la dernière séquence de Smartech.
37:25 On va regarder où va le web.
37:27 [Musique]
37:29 [Bismart]
37:31 Alors, aujourd'hui, Eva s'est intéressée
37:33 à la naissance d'un passeport numérique
37:35 pour bouteilles de vin.
37:37 - Quand le vin rencontre le Web3,
37:39 ça donne "wine in block".
37:41 La start-up française fait le pari
37:43 de mettre la blockchain et les NFT
37:45 au service des producteurs
37:47 de vin. Elle a élaboré
37:49 un passeport numérique
37:51 unique à chaque bouteille.
37:53 Ce passeport, c'est en fait une puce placée
37:55 sous l'étiquette. Il est inscrit
37:57 sur la blockchain et il contient
37:59 toutes les informations sur le vin
38:01 en question, domaine, région,
38:03 année, cépage.
38:05 Vous trouverez même des conseils de dégustation
38:07 à consommer avec
38:09 modération, évidemment.
38:11 Il suffit juste de scanner
38:13 l'étiquette avec son smartphone.
38:15 Mais le plus important ici, c'est bel et bien
38:17 de pouvoir tracer et
38:19 authentifier sa bouteille de vin.
38:21 Vous l'avez peut-être compris, mais l'ambition
38:23 de la start-up est de lutter contre la
38:25 contrefaçon. En Europe,
38:27 les pertes de la filière viticole à cause de la
38:29 contrefaçon sont estimées à
38:31 2,4 milliards d'euros par an.
38:33 Parmi les pratiques les plus
38:35 courantes, copier l'étiquette
38:37 d'un grand vin et la placer sur une bouteille
38:39 pas chère. Autre technique,
38:41 récupérer une vraie bouteille
38:43 de qualité, dans un restaurant par exemple,
38:45 et en changer le contenu.
38:47 Alors, pour la start-up,
38:49 au même titre que d'autres produits de
38:51 luxe, le vin doit être
38:53 protégé. Wine in Block
38:55 travaille aussi actuellement au développement d'une
38:57 marketplace pour proposer
38:59 son propre lieu d'échange sécurisé
39:01 dédié à la revente de vin
39:03 sur le marché secondaire.
39:05 - Voilà, ça peut faire un nouveau sujet
39:07 pour le cercle de la donnée.
39:09 Les métavers sont une mine
39:11 d'or de réflexion au sujet de la
39:13 protection des datas.
39:15 - Tout à fait, il n'y a pas qu'on s'y attelle
39:17 parce qu'à mon avis, il y a quand même pas mal de choses à dire,
39:19 que ce soit au plan juridique, au plan de la souveraineté,
39:21 il y a énormément
39:23 de... même si les
39:25 principes qui existent actuellement, je pense,
39:27 peuvent être transposés, il y a quand même
39:29 matière à voir comment
39:31 cela doit être fait. - Ça pose quand même de nouveaux
39:33 enjeux. Merci beaucoup, Carole
39:35 Chartier, Djella Ibia,
39:37 juriste, membre fondatrice et secrétaire générale
39:39 du cercle de la donnée. Et puis,
39:41 merci à vous de nous suivre fidèlement dans
39:43 Smartech. On se retrouve évidemment
39:45 dès demain sur la chaîne Bismarck
39:47 dès 11h le matin ou aussi en replay
39:49 et en podcast, comme vous voulez,
39:51 pour de nouvelles discussions sur la tech.
39:53 C'est ici que ça se passe.
39:55 (générique)
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