Patrick Sébastien "Quand je vois le salaire des infirmières, c'est honteux !"

  • l’année dernière
Les médecins demandaient 25 euros d’augmentation pour la consultation, ce sera 1,50 euros ! Avec Patrick Sébastien et Dr Sophie Bauer, Président du syndicat des médecins libéraux.


Retrouvez Parlons Vrai chez Bourdin du lundi au vendredi de 10h30 à 12h30 sur #SudRadio.
---
Abonnez-vous pour plus de contenus : http://ow.ly/7FZy50G1rry

———————————————————————

▶️ Suivez le direct : https://www.dailymotion.com/video/x75yzts
Retrouvez nos podcasts et articles : https://www.sudradio.fr/

———————————————————————

Nous suivre sur les réseaux sociaux

▪️ Facebook : https://www.facebook.com/SudRadioOfficiel
▪️ Instagram : https://www.instagram.com/sudradioofficiel/
▪️ Twitter : https://twitter.com/SudRadio
▪️ TikTok : https://www.tiktok.com/@sudradio?lang=fr
———————————————————————

☀️ Et pour plus de vidéos Parlons vrai chez Bourdin : https://www.youtube.com/playlist?list=PLaXVMKmPLMDQkzX4JBcyhPDl9yzBynYbV

##SAVOIR_ET_COMPRENDRE-2023-04-25##

Category

🗞
News
Transcription
00:00 Emmanuel Macron sera dans une maison de santé pluridisciplinaire.
00:04 Avec nous le docteur Sophie Boer qui est présidente du syndicat des médecins libéraux.
00:09 Sophie Boer, bonjour.
00:10 - Bonjour monsieur Bourdin.
00:12 - Merci d'être avec nous.
00:13 D'abord qu'attendez-vous de cette visite du président de la République
00:16 qui va parler santé et notamment, notamment, lutte contre les déserts médicaux ?
00:21 - Écoutez, soyons clairs, notre président de la République est certes un expert en tout,
00:28 mais il est clair que sur la médecine, ce que nous souhaiterions c'est qu'il nous écoute un peu plus
00:36 parce que nous avons des solutions à proposer mais elles sont assez systématiquement écartées par les tutelles malheureusement.
00:43 - Bien, alors à propos des déserts médicaux, il y a des parlementaires transpartisans de tous les partis réunis
00:50 qui sont en train de travailler, qui organisent d'ailleurs des débats ici ou là.
00:54 L'objectif c'est d'inciter les médecins à s'installer dans des zones sous-dotées.
00:59 L'idée c'est de limiter l'installation des médecins dans les zones où il y en a le moins besoin.
01:08 N'est-ce pas une bonne idée ?
01:10 - Bien sûr que non, parce que ce qu'on risque c'est de pousser effectivement les médecins à aller vers le salariat.
01:18 Or les centres de santé sont déjà tous déficitaires parce que justement ils engrangent les consultations des médecins
01:26 et ils payent les secrétariats, les murs et les médecins.
01:29 Et on voit bien qu'avec les prix actuels de la consultation, ces centres sont chroniquement déficitaires.
01:34 Donc on n'a pas du tout intérêt à pousser les jeunes à aller vers le salariat plutôt que vers l'installation libérale.
01:40 Donc ce qu'il faut c'est un vrai choc d'attractivité plutôt que d'aller vers la contrainte qui de toute façon ne fonctionnera pas.
01:47 Elle n'a fonctionné dans aucun pays où elle a été essayée.
01:49 Donc c'est vraiment une très mauvaise idée.
01:51 Et puis si vous enlevez un médecin dans une zone où soi-disant il y en a suffisamment,
01:56 vous la mettez en zone sous-dotée et vous n'avez pas pour autant en face, là où vous l'avez mis, une zone surdotée.
02:03 On voit bien que le problème c'est que la ressource elle-même est rare
02:07 et ce qu'il faut en fait c'est permettre aux médecins d'avoir des assistants médicaux
02:11 qui permettra de les décharger de toute la surcharge de travail administratif qui s'est accumulée au fil des années.
02:20 C'est comme ça qu'il faut faire.
02:22 On est plein de contraintes, on n'y arrivera pas.
02:25 - Oui. Sophie Bouer, je vais parler de contraintes.
02:28 Tiens, je salue l'ami Patrick Sébastien qui est là.
02:31 - Bonjour M. Bourdin.
02:32 - Qui est entré dans le studio. Bonjour Patrick.
02:34 - Ça va ? Ça se passe bien sur Sud Radio ?
02:35 - Oui, très bien.
02:36 - C'est des gens bien, on peut dire ce qu'on veut.
02:37 - Ah ben ça je suis d'accord.
02:38 D'ailleurs je suis en train de parler des déserts médicaux.
02:41 - Oh je connais.
02:42 - Tu connais ça ? Dans ta région, Brice, en Corrèze ?
02:45 - On m'entend là ?
02:46 - Vas-y, vas-y, tu peux ouvrir.
02:48 - Dans le Lot ?
02:49 - Oui.
02:50 - T'es dans le Lot maintenant ?
02:51 - Oui, j'ai toujours été dans le Lot.
02:52 - Ah je croyais que t'étais en Corrèze.
02:54 - Ils ont recentré les gens dans un centre médical où il y a tout le monde.
02:57 J'ai des toubibs formidables.
02:59 - Mais ça marche donc les centres médicaux.
03:01 Vous voyez docteur Bouer, les centres médicaux ça marche.
03:04 - Chez moi à Martel, avant il y avait le toubib qui avait sa maison, etc.
03:09 Et ils ont tout regroupé dans un lieu là, et apparemment ça fonctionne bien.
03:15 Mais non c'est vrai que c'est compliqué.
03:17 Je m'en suis aperçu avec mes potes aussi, faut pas tomber malade un week-end.
03:22 - Ça fonctionne si c'est libéral.
03:24 Ça fonctionne pas si c'est salarié.
03:27 Parce que si c'est salarié, ça coûte extrêmement cher à la collectivité.
03:31 Et puis comme l'a dit M. Sébastien, le souci c'est que vous concentrez tous les soignants dans un seul lieu.
03:37 C'est-à-dire que ça fait pompe aspirante et qu'autour c'est encore un peu plus des articles.
03:41 - Pompe aspirante ou pas, ça permet à chacun de trouver...
03:45 - C'est marrant parce que je suis en train d'écrire un bouquin où j'en parle.
03:48 Je parle un peu de nostalgie, mais les toubibs,
03:52 avant moi j'avais mon docteur, il se déplaçait, etc.
03:56 - Et il travaillait 70 heures par semaine.
03:58 - J'habite à Boulogne, SOS Médecins ne vient plus à Boulogne.
04:03 Ils ne viennent plus et ils vous disent "appelez le SAMU, on va vous faire une consultation en visio".
04:07 Je te jure. Et ça, je trouve que de déshumaniser cette fonction, ça m'embête.
04:12 Moi j'aimais bien quand le docteur me faisait un diagnostic.
04:16 - Oui mais Patrick, à l'époque, tu appelais ton médecin à 20h ou 21h à la campagne,
04:22 il venait où tu allais le voir. Tu le connaissais.
04:24 Maintenant c'est fini Sophie Bauer.
04:26 Les médecins, je comprends aussi, ne veulent plus travailler comme les anciens 60 ou 62h.
04:32 - Moi j'ai de la chance d'avoir des potes médecins.
04:34 - Oui, d'accord, mais toi c'est privilégié.
04:36 - Nous on est des privilégiés par rapport à tout le monde.
04:38 - Le problème que vous voulez, c'est qu'avant, un médecin pouvait faire vivre avec ses émoluments médicaux toute sa famille,
04:45 et donc en général, c'était sa conjointe, puisqu'à l'époque c'était plutôt des hommes, il faut bien le dire,
04:52 qui organisait le secretariat, etc. Donc tout tournait autour de l'activité médicale.
04:56 On a voulu en faire un métier comme un autre, et bien dont acte.
05:00 Donc effectivement, les médecins maintenant veulent voir grandir eux-mêmes leurs enfants,
05:04 ils veulent pouvoir de temps en temps aller les chercher à l'école,
05:06 et donc ils veulent une qualité de vie à côté de la...
05:10 - Parélogique Sophie Bauer, mais c'est l'évolution de la société ça.
05:13 - C'est l'évolution de la société, donc il faut faire avec.
05:16 Il faut former davantage de médecins, ou leur permettre encore une fois d'avoir des assistants médicaux
05:22 de façon beaucoup plus facile, de façon à ce qu'ils se déchargent de tout ce qui est administratif,
05:26 ce qui est devenu insupportable.
05:28 - De ce côté-là, il y a vraiment des soucis.
05:31 - On a 30% de notre facilité.
05:33 - J'ai des infirmières qui viennent à la maison, quand je vois comment sont payées les infirmières,
05:37 c'est honteux de voir le peu de considération qu'ont ces gens-là.
05:44 - C'est ça c'est sûr.
05:46 - Sophie Bauer, autre chose.
05:49 - Je vous laisse poursuivre votre entretien.
05:51 - Merci Patrick.
05:52 - Je ne veux pas polluer votre débat.
05:54 - Non, mais tu ne pollues pas, puisque tu viens témoigner.
05:57 - Je viens témoigner.
05:58 - C'est comme ça ici.
05:59 - Je suis en bonne santé, les médecins par bonheur sont occupés de moi.
06:02 - Moi ?
06:03 - Je me guéris de deux cancers où je n'ai plus rien, je suis nickel et tout.
06:06 - Ah ça c'est...
06:07 - Et c'est des gens, j'ai beaucoup d'amis dans la profession, c'est des gens formidables,
06:10 qui font ce qu'ils peuvent, mais à un moment c'est vrai qu'ils ont envie de penser à leur propre vie.
06:13 Tu as raison quand tu disais qu'avant tu appelais le tout-vibre à 1h du matin, mais qu'il venait.
06:16 - Ah bien sûr.
06:17 - C'est bon, ça va.
06:18 - C'est fini ça.
06:19 - Voilà.
06:20 - Bon, merci Patrick.
06:21 - Bon, merci.
06:22 - Salut à toi.
06:23 - Salut à toi.
06:24 - Sophie Bauer, j'ai deux questions encore.
06:27 - Bon, vous dites, quelle est la solution pour pousser les médecins à s'installer dans des zones sous-dotées ?
06:35 - Alors déjà, il faut un vrai choc d'attractivité.
06:38 Deuxièmement, il faut un réaménagement du territoire.
06:43 En fait, beaucoup de ces zones sous-dotées sont non plus d'administration, non plus d'école,
06:51 donc beaucoup de ces zones sont des zones rurales un peu en déshérence des services publics,
06:58 et donc le médecin c'est probablement le dernier qui est parti, on va dire.
07:03 - Ben oui, mais il faut bien que dans ces zones, il y ait une offre médicale.
07:09 Alors les maisons de santé publicitaires, c'est une bonne idée.
07:12 Bon, moi j'ai une autre question à vous poser concernant les rendez-vous non honorés.
07:19 27 millions de consultations perdues chaque année.
07:23 Le président de la République est favorable à des sanctions,
07:26 à sanctionner les patients qui n'honorent pas les rendez-vous médicaux.
07:31 Est-ce que vous y êtes favorable ou pas ?
07:34 - Alors le problème si vous voulez, c'est que c'est devenu un sport national.
07:37 C'est-à-dire que les gens prennent plusieurs rendez-vous, en gardent un,
07:41 ne vont pas aux autres, n'annulent pas les autres, on amène des rendez-vous.
07:44 Tenez-vous bien pris par l'intermédiaire de la régulation,
07:47 c'est-à-dire des consultations non programmées prises par la régulation
07:51 où les patients ne se présentent pas à la consultation.
07:53 Donc c'est vrai qu'en Belgique, ils ont réglé le problème
07:56 en faisant payer une partie de la consultation d'avance.
07:59 C'est peut-être une piste.
08:02 On comprend bien que les gens puissent vouloir finalement avoir le rendez-vous
08:07 le plus rapide possible, mais encore faut-il,
08:10 lorsqu'ils sont sur des listes d'attente de médecins,
08:12 qu'il y a un rendez-vous qui se libère,
08:13 qu'ils pensent à s'enlever des autres rendez-vous.
08:17 C'est souvent les premières consultations où on a faim,
08:20 donc en plus c'est la double chance...
08:22 - Mais alors payer une partie de la consultation en avance,
08:27 c'est une bonne idée ça, non ?
08:28 - C'est ce qu'ont fait les Belges, ils n'ont plus de lapin, comme on dit.
08:31 - Ils n'ont plus de lapin, c'est sympa.
08:33 Et puis c'est une façon de responsabiliser,
08:35 parce que s'il y a un mot que je trouve oublié aujourd'hui dans notre société,
08:39 c'est le mot responsabilité.
08:41 Et c'est une façon de responsabiliser le patient.
08:45 - C'est le problème, parce qu'on est tous à prendre des consultations,
08:50 quelquefois on déborde, on prend des soins non programmés en plus,
08:54 des consultations non programmées en plus,
08:56 on les met "aux chausses-pieds" entre nos consultations déjà pleines,
09:00 on fait vraiment tout notre possible,
09:02 et quand après ça on a des patients qui ne viennent pas, qui ne préviennent pas,
09:06 c'est vrai que c'est un peu désespérant si vous voulez.
09:09 - Bien évidemment, évidemment.
09:10 Bien, nous attendrons les informations
09:15 que va donner le président de la République cet après-midi à Vendôme,
09:17 nous verrons bien et nous ferons réagir,
09:19 je pense que demain entre 11h et 12h nous organiserons un débat
09:23 autour de la médecine, des soins, de la santé.
09:26 Merci docteur Sophie Bouer.

Recommandations