Une enseignante giflée pour avoir demandé à une élève de retirer son voile

Sud Radio

Avec Jean-Rémi Girard, président du SNALC (Syndicat national des lycées et collèges)  Abonnez-vous pour plus de contenus : http://ow.ly/7FZy50G1rry  ______________________________________   Retrouvez nos podcasts et articles : https://www.sudradio.fr/  ______________________________________   Nous suivre sur les réseaux sociaux   ▪️ Facebook : https://www.facebook.com/SudRadioOfficiel  ▪️ Instagram : https://www.instagram.com/sudradioofficiel/  ▪️ Twitter : https://twitter.com/SudRadio  ▪️ TikTok : https://www.tiktok.com/@sudradio?lang=fr   ##SUD_RADIO_VOUS_EXPLIQUE-2024-10-09##

Transcript

00:00— Le Grand Matin Sud Radio, 7h-9h, Jean-Jacques Bourdin.

00:03— Jean-Rémi Girard, bonjour. — Bonjour.

00:05— Vous êtes président du Syndicat national des lycées et collèges.

00:09Regardons ce qui s'est passé à Tourcoing. C'était lundi, en fin de cours, lycée...

00:15Le lycée de Tourcoing, comment s'appelle ce lycée ? C'est Vignier, voilà.

00:18À Tourcoing, une jeune fille de 18 ans sort des courses,

00:22s'apprête à quitter l'établissement. Elle met son voile dans l'établissement.

00:26Une professeure lui fait la remarque, lui demande d'ôter ce voile,

00:30d'attendre qu'elle soit dehors. La jeune fille proteste.

00:34Altercation entre les deux. La jeune fille frappe l'enseignante, qui réplique.

00:39Ensuite, la jeune fille lui porte des coups. Et puis elle s'en va.

00:44Elle rentre chez elle. Elle est arrêtée chez elle. Elle est en garde à vue.

00:49Ça ne vous surprend pas, j'imagine ? — Non, c'est pas très surprenant,

00:53parce que des incidents dans nos établissements scolaires,

00:56on a des enquêtes du ministère qui montrent que c'est plutôt en augmentation,

01:00et qu'effectivement, une partie concerne les adultes, les professeurs,

01:05les personnels de l'éducation nationale. Donc la violence dans les établissements scolaires,

01:09je ne vous dis pas qu'il y en a autant que dans la société, mais oui, il y en a.

01:12— Il y en a, évidemment. Alors, les enseignants sont mis en retrait.

01:16Vous les avez eus ? Non, même pas.

01:19— Alors ils ne sont même pas mis en retrait, puisque la chef d'établissement

01:22a banalisé, en fait, la journée avant même qu'il y ait finalement une réaction.

01:26— C'est-à-dire banaliser la journée ? — C'est-à-dire elle a annoncé qu'il n'y aurait pas cours le lendemain.

01:31Donc j'allais dire qu'elle a prévenu le droit de retrait.

01:34— Elle a prévenu le droit de retrait. Alors depuis l'interdiction de la baïa,

01:40est-ce que les incidents se sont multipliés ou pas dans les établissements scolaires ?

01:46— Alors en fait, il y a souvent des pics à certains moments, notamment quand il y a eu cette circulaire sur la baïa.

01:51Là, il y a eu une très forte hausse des signalements, qui étaient quasi exclusivement

01:58des signalements sur les questions de tenue religieuse, c'est-à-dire qu'en fait,

02:01des élèves testaient tout simplement la mise en œuvre, l'application.

02:05Et ensuite, évidemment, ils sont redescendus. Je dirais que globalement,

02:08ils sont au même niveau cette année que l'an dernier. Donc il y en a plusieurs centaines par mois

02:14des incidents liés à la laïcité. C'est quelque chose de continu.

02:19— De récurrent, de continu. Ce sont les élèves qui sont impliqués le plus souvent,

02:26mais il arrive que ce soient les parents d'élèves.

02:30— Oui, ça peut arriver effectivement qu'il y ait des questions avec les parents.

02:34Alors les parents ne sont pas soumis aux mêmes règles que les enfants.

02:37Ça dépend du cadre dans lequel ils sont.

02:41Mais là, pour le coup, c'était effectivement une élève, une élève majeure d'ailleurs.

02:46Et voilà, tout au passage, le SNALC apporte évidemment tout son soutien

02:52à la communauté éducative, à l'ensemble des personnels du lycée Saint-Germain.

02:57— Oui, et à cette enseignante, Jérémie Girard.

03:00Ces atteintes à la laïcité, parce que ce sont des atteintes à la laïcité qui sont volontaires,

03:07évidemment, les enseignants les craignent, j'imagine.

03:13Est-ce qu'aujourd'hui, ils se sentent mieux soutenus par les autorités ?

03:17Est-ce qu'aujourd'hui, ils portent l'affaire sur la place publique

03:22ou du moins sur le terrain disciplinaire, plus qu'avant, plus facilement qu'avant ?

03:27— Oui. Alors il faut rappeler que là, effectivement, il y a une atteinte à la laïcité.

03:31Ce qui va être porté devant la justice, c'est le fait que l'enseignante a été agressée.

03:35— Oui. Ça, c'est autre chose. — Voilà. Maintenant, effectivement,

03:39il y a effectivement davantage de plaintes, il y a davantage de demandes

03:43de ce qu'on appelle la protection fonctionnelle.

03:45C'est-à-dire que quand un enseignant personnel est agressé,

03:48il peut demander la protection de son employeur, ce qui prend en charge les frais d'avocat,

03:53mais ce qui oblige aussi l'État à le protéger, à faire en sorte qu'il ne soit pas soumis

03:58au risque qui est supposé arriver. Et ça, on a des chiffres, effectivement.

04:02Le nombre de demandes de protection fonctionnelle augmente chaque année.

04:05Et le nombre de protections fonctionnelles accordées augmente lui aussi chaque année.

04:08— Les enseignants parlent plus facilement qu'avant de ces questions-là ?

04:11— Les enseignants parlent plus facilement qu'avant parce que, j'ai envie de dire,

04:15il y a quand même un avant et un après Samuel Paty.

04:17Il y a quand même quelque chose qui s'est produit. — Ou Dominique Bernard.

04:22— Voilà. Et Dominique Bernard, bien entendu. Et sur les questions de laïcité,

04:26mais de manière plus générale sur, effectivement, le climat scolaire global.

04:30On est dans un établissement, le lycée Sévigné, où c'est quand même pas simple

04:34et c'est pas que des questions de laïcité. Globalement, le climat scolaire de l'établissement

04:38est pas évident. Donc il y a tout un ensemble de choses. Et c'est important quand même

04:41qu'on en parle parce qu'on a la charge de faire de nos élèves de futurs citoyens.

04:48On est parfois un petit peu seuls pour y arriver. Et c'est important que tout le pays

04:53et toute la communauté nous soutiennent. — Évidemment. Jean-Rémi Girard,

04:58ça touche les lycées, mais plus encore les collèges.

05:02— Oui. Alors, quand on regarde les données sur ces choses-là, effectivement,

05:07c'est plus en collège qu'en lycée. C'est davantage en lycée professionnel

05:10que dans d'autres types d'établissements. — Oui, qu'en lycée classique ou qu'en lycée...

05:13— C'est des chiffres qui sont pas forcément extrêmement surprenants de ce point de vue-là,

05:18puisque les lycées professionnels, c'est là où il y a le plus d'incidents par élève.

05:21Il y a des tas de choses qui expliquent ça. C'est effectivement des endroits

05:26avec beaucoup d'élèves qui sont en échec scolaire, qui sont en difficulté.

05:29Et effectivement, c'est malheureusement pas surprenant que ce type de choses survienne.

05:36— Merci, Jean-Rémi Girard, d'être venu nous voir. Merci.

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