Gwendoline Hamon dans « Maman, ne me laisse pas m’endormir » sur France 2 : « Je n’avais jamais joué un rôle si difficile »
Cette fiction bouleversante et d’utilité publique alerte sur l’addiction aux médicaments. Un fléau qui tue chaque jour 5 personnes en France.
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00:00 Bonjour Céline Bidarco, votre invitée média et comédienne, elle est la commissaire Cassandre
00:04 de France 3, mais ce soir on pourra la voir sur France 2 dans le téléfilm « Maman,
00:08 ne me laisse pas m'endormir », téléfilm qui aborde l'addiction aux médicaments.
00:12 Bonjour Gwendoline Amon, merci d'être avec nous.
00:14 C'est d'abord une histoire vraie que Juliette Boudre a racontée dans un livre autobiographique
00:19 éponyme.
00:20 Elle s'est battue pour sortir son fils de la dépendance.
00:22 Joseph avait 18 ans lorsqu'il est mort victime d'une overdose de médicaments.
00:26 Vous interprétez le rôle de cette maman dans la fiction de France 2 et il se trouve que
00:29 vous la connaissez, c'est l'une de vos amies.
00:31 C'est vous qui avez œuvré pour que ça devienne un film ?
00:34 Non, pas du tout.
00:35 Juliette a eu besoin d'écrire pour parler de ce drame et essayer de sauver d'autres
00:41 enfants et d'alerter d'autres parents.
00:43 Elle a eu envie que ce soit un film et pour la télévision parce qu'elle voulait que
00:46 ça soit vu par le plus grand nombre.
00:48 Mais effectivement, elle avait très envie que je le joue puisque j'ai vécu cette histoire
00:51 à ses côtés.
00:52 Oui, donc du coup ça vous a demandé de la préparation ou alors puisque vous aviez vécu
00:56 ce drame avec elle, c'était naturel de jouer ce rôle ?
00:59 Ça ne m'a pas demandé de préparation mais j'ai abordé Juliette comme un personnage
01:06 et pas comme Juliette.
01:07 J'étais de toute façon nourrie de la femme qu'elle est, que je connais très bien puisqu'on
01:13 est vraiment très amis.
01:14 Et puis très bien dirigée par Sylvie Testu qui elle avait une vision aussi assez précise
01:21 de ce qu'elle voulait raconter.
01:22 Et Juliette était là sur le tournage pour vous guider ?
01:24 Oui, Juliette est venue 3-4 fois, sa soeur est venue, son fils, son deuxième fils Max
01:29 était troisième assistant, c'est une histoire de famille.
01:31 Vous avez déjà joué un rôle aussi difficile, celui d'une maman qui voit son enfant s'enfoncer
01:36 et qui n'arrive pas à le sauver ?
01:37 Non, j'ai joué des rôles d'alcoolique, de dépressive mais pas aussi difficile.
01:41 Et je dois vous avouer que là je vous parle, j'ai l'air d'une petite fille depuis que
01:44 je fais cette promotion parce que je suis tout le temps en larmes en fait.
01:47 Ça m'émeut à chaque fois.
01:49 En fait je ne supporte pas cet enfant qui est mort comme ça et j'ai l'impression que
01:53 tous les enfants peuvent mourir demain.
01:54 C'est particulier parce que oui je suis très proche de cette femme et que je me suis beaucoup
01:59 identifiée et je ferai un transfert.
02:00 On va écouter un extrait, votre personnage Gwendoline Hamon vient de découvrir des plaquettes
02:04 de médicaments vides dans les affaires de son fils.
02:07 Il vient de trouver ça dans ses affaires.
02:09 Il n'a même pas pris la peine de les jeter.
02:12 Il en est partout.
02:13 Qu'est-ce que c'est ?
02:14 Il se shoot avec ça.
02:15 Des médicaments ? Mais comment c'est possible ?
02:19 Si on m'avait dit votre fils boit attention, il fume beaucoup de pétards, on a trouvé
02:24 de la coke, je me serais inquiétée, j'aurais compris malheureusement.
02:27 Il a des médocs.
02:29 Tu deviens accroquée avec n'importe quelle drogue.
02:31 Il a à peine 17 ans.
02:33 Je suis passée à côté, complètement plantée.
02:38 Mais non tu t'es pas plantée, on s'est tous plantés.
02:40 Comment est-ce qu'on aurait pu imaginer qu'ils se défonçaient avec des médicaments ?
02:44 J'ai pas vu que c'était grave.
02:46 Alors c'est vrai que l'herbe, l'alcool, même la cocaïne, tous les parents y pensent,
02:53 les redoutent pour leurs enfants, mais l'addiction aux médicaments ça ne vient pas forcément
02:56 à l'esprit.
02:57 Qu'est-ce qu'il doit alerter ? Là dans le cas de Joseph, ça commence par des angoisses.
03:00 Un psy lui prescrit des anxiolytiques.
03:02 Ça commence par des pétards qui lui créent des crises d'angoisse.
03:05 Sa mère l'emmène chez un psy qui lui prescrit du Xanax.
03:09 Et en fait, il aime l'effet planant et il va commencer à gober des cachets, des tablettes
03:14 entières.
03:15 Il va se faire des fausses ordonnances parce qu'on en trouve dans toutes les pharmacies
03:18 aussi et dans toutes les maisons de famille.
03:20 Et puis petit à petit il plane et c'est une polyaddiction qui va se développer ensuite
03:24 avec plusieurs drogues et il est mort d'une surdose de benzodiazépine, donc la molécule
03:28 du Xanax, du Lixanxia, du Lexomil et de Fentanyl qui est un analgésique 100 fois plus puissant
03:33 que la morphine qu'il a acheté dans une fête foraine.
03:35 Parce que ça s'achète aussi maintenant, il y a des dealers qui vendent des benzos,
03:39 qui vendent des médicaments.
03:40 Prince est mort de Fentanyl sans le savoir, en pensant prendre autre chose.
03:45 Et puis il y a tous ces rappeurs américains qui sont arrivés avec leur Lean, leur Purple
03:50 Drink, leur machin, la codéine qu'on mélange.
03:52 Il y a le tramadol qui est un scandale aussi, la codéine, parce que c'est souvent trop
03:57 prescrit trop longtemps.
03:58 Il faut que les jeunes le voient.
04:00 Il faut absolument que les jeunes le voient.
04:02 C'est un film que les jeunes, en tout cas que les jeunes que je connais ont vu, ont
04:06 aimé et qu'il aura vraiment parlé.
04:08 Parce que Nemo Schiffman est extraordinaire, le jeune homme qui joue Joseph.
04:10 Il a reçu le prix du meilleur comédien au festival à la Rochelle.
04:14 Mais il est incroyablement Joseph.
04:16 On en avait des frissons sur le plateau.
04:18 Il a tout compris du gamin.
04:19 Il est lui-même un jeune homme.
04:22 Donc il a su complètement faire exister qui était Joseph.
04:27 Ça parle aux momos.
04:28 Il y a Gérard Lanvin, il y a Michael Youn, il y a Sylvie Testuf, il y a Marilyn Canto,
04:32 il y a Luna Espinosa.
04:34 Vous avez un fils de l'âge qu'avait Joseph au moment de sa mort.
04:39 Il a vu ce film ?
04:40 Il a vu ce film et il est sorti en larmes.
04:42 Alors que je l'ai traîné pour y aller.
04:44 Il est sorti en larmes en me disant "c'est trop dur maman, il faut absolument que tous
04:47 mes copains le voient".
04:48 Et mon fils, il est vacciné du coup.
04:51 Mais Juliette, c'est une femme.
04:52 Qu'est-ce que vous voulez ?
04:53 Juliette, elle aura toujours une petite mort en elle.
04:54 Heureusement, elle a deux autres enfants, Max et César.
04:56 C'est une fille qui aime la vie.
04:58 Et voilà, elle va continuer à avancer.
05:02 Et ce film, c'est un très bel hommage à Joseph.
05:04 C'est un très bel hommage à Joseph.
05:05 C'est une façon qu'il ne meurt pas vraiment.
05:08 Parce qu'on parle de lui.
05:09 C'est pour elle aussi une façon de sauver d'autres enfants, d'alerter les parents.
05:14 Attention, dès que le momo a un regard un peu cédant le regard, qu'il se passe quelque
05:17 chose, un regard un peu vide, un peu morne, c'est la mauvaise humeur du matin.
05:21 Alors ça ne veut pas dire que si votre fils est de mauvaise humeur ou votre fille, il
05:23 est drogué du tout.
05:24 Mais d'essayer d'avoir l'oeil ouvert et aguerri pour voir à quel point son enfant
05:29 peut changer.
05:30 Un ado, ça ment et c'est normal.
05:31 Et ça a besoin de s'émanciper.
05:32 Ça ne dit pas tout aux parents.
05:33 Ça peut être influençable.
05:35 Et c'est immortel.
05:37 Ça n'a pas la conscience de la dangerosité des choses.
05:39 Donc il faut garder ce lien, le dialogue.
05:41 Le dialogue.
05:42 Essayer de parler avec ses enfants, essayer de leur dire "oui j'ai été jeune, oui
05:45 je comprends".
05:46 Comment entendre que tu as envie de fumer des pétards ou de faire le con.
05:48 Mais attention.
05:49 Attention.
05:50 Ça va très très vite et tu ne peux pas tout maîtriser.
05:53 Je profite de votre venue Gwendolyn Hamon pour vous parler en une minute de Cassandre
05:59 qui est le flic que vous incarnez depuis 2015 sur France 3 avec succès.
06:03 Vous êtes à chaque fois leader des audiences.
06:04 Vous ne pensez pas encore lui dire adieu ?
06:06 Non, parce que moi je suis une fidèle et je l'ai dit à France Télévisions, c'est
06:10 Cassandre qui me dira adieu.
06:11 Ce n'est pas moi qui lui dirai adieu.
06:13 Même si ça prend du temps, même si rien d'ailleurs.
06:16 Parce qu'en fait je m'amuse encore.
06:17 Et je remercie France Télé et Anne Holmes de m'avoir offert ce rôle parce que je m'éclate
06:23 en fait.
06:24 Il y a plein de guests extraordinaires.
06:25 Et puis on fait quand même un métier pour les autres, pour le public.
06:28 Et quand le public vous adoube et est heureux, même si on dit "ah c'est du polar familial",
06:32 et bien oui mais c'est du polar familial très bon qui contente beaucoup de gens.
06:35 Ça vous a apporté une nouvelle popularité on peut le dire.
06:38 Bien sûr.
06:39 Je ne comprends pas très bien d'ailleurs parce que je crois rester là même.
06:42 Je m'étonne toujours, je prends le métro tous les jours, les gens me regardent un peu
06:45 bizarrement.
06:46 Ben oui mais en fait je ne vois pas pourquoi je changerais.
06:48 Une popularité qui m'emmène à d'autres rôles aussi, qui m'offre d'autres rôles
06:52 comme celui-là.
06:53 Peut-être que si je n'avais pas fait Cassandre, on n'aurait pas fait confiance pour jouer
06:56 dans Maman ne me laisse pas m'endormir.
06:57 Et qui oui, qui me permet de faire mon métier.
06:59 Et c'est la plus belle des choses.
07:00 On vous souhaite une très belle continuation.
07:02 Merci beaucoup d'être venue Gwendoline Hamon.
07:04 Merci à vous.
07:05 Maman ne me laisse pas m'endormir, c'est à voir.
07:07 Donc ce soir à partir de 21h10 sur France 2 et ce sera suivi d'un débat animé par
07:11 Julien Bugier.
07:12 Un débat consacré notamment à la dépendance aux médicaments.