Magazine: MUTENGENE, le Commerce les Pieds dans l'Eau du 25 Avril 2023 sur la CRTV

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00:00 Le jour se lève progressivement sur la porte d'entrée du Sud-Ouest.
00:17 C'est déjà la grande affluence dans les rues de Mutengene.
00:22 Avec le mercredi, le samedi et jour de marché, sur les étals, un peu de tout.
00:30 Les produits quittent les champs pour les comptoirs et avec la diversité, chacun trouve son compte.
00:38 Des vivres frais, mais aussi des épices, des légumes, des fruits en grande quantité.
00:48 Situé dans la commune de Tiko, Mutengene est le premier grenier et le carrefour des affaires du Sud-Ouest par le littoral.
00:57 L'histoire de Mutengene, que moi j'ai connu, que j'ai compris,
01:02 c'est qu'on est arrivés à Bukarifula.
01:06 Un chasseur, quand il chassait, il la chassait jusqu'à elle être fatiguée, malaisée.
01:13 Elle est posée pour faire son petit machin à manger.
01:18 Et c'est posé là où il y a le carrefour.
01:22 Et un autre qui montait, venant de direction Tiko, l'autre montait,
01:28 le deuxième, le troisième, il est allé au carrefour et il a dit que "Tengene, Tengene".
01:35 Ce n'était pas Mutengene, c'était "Tengene, Tengene".
01:39 Ça veut dire que ce n'était pas tout droit, c'était sa commune.
01:43 Et le nom là venait du carrefour.
01:45 Aujourd'hui, on comprend que ça vient du mot "Tengene".
01:49 10 heures et déjà 36 degrés à Londres.
01:57 La mer fait grimper le mercure dans la ville et l'affluence donne le vertige.
02:02 Avec un atout majeur, une population cosmopolite.
02:07 Je dirais même une mosaïque, car nous y retrouvons pratiquement l'ensemble des ressortissants
02:16 de quatre coins du territoire national.
02:20 La ville de Mutengene, qui est essentiellement au centre et au cœur de l'arrondissement,
02:27 mais aussi du département du Fakou.
02:31 Parce que pour y arriver au chef-lieu du département, qui est Limbe,
02:37 vous êtes obligés de passer par Mutengene, dans l'arrondissement de Tiko.
02:41 Pour arriver au chef-lieu de la région, il faut également passer par Mutengene pour y arriver.
02:47 Donc Mutengene, dans l'arrondissement de Tiko, est principalement cette ville carrefour,
02:54 stratégique, des affaires et beaucoup d'opportunités.
03:01 Notre balade à Mutengene s'étend sur la nationale n°3 et au point de départ de la nationale n°8.
03:12 C'est par ce tronçon que transite l'essentiel de la marchandise, des denrées alimentaires
03:18 et des touristes qui entrent dans le département du Fakou.
03:22 Du fait de la crise sociopolitique, les affaires font grise mine.
03:28 En 2016, les champs des riverains servaient de base arrière à l'obscurantisme.
03:34 Des assaillants qui rejettent la République profitaient de ces espaces pour cacher leurs captifs.
03:40 Ils pillaient les récoltes et réclamaient une rançon.
03:44 Mais depuis un an, grâce au courage des riverains et leur collaboration avec les forces de défense,
03:51 le mal a pris la poudre d'Escampette.
03:54 Et malgré le climat de suspicion qui demeure, la vie à Mutengene a redémarré.
04:02 Au marché du bœuf, sur le tronçon qui mène à Oumbe, difficile de s'entendre parler.
04:13 Le marché est bondé.
04:16 Les charcuteries souffrent en spectacle sur les comptoirs et les bouchers se frottent les mains.
04:22 En ce moment, nous agrogeons 3 à 4 bœufs par jour.
04:30 On s'est rendu compte que lorsqu'on tuait plus de 6 bœufs, la viande reste invendue.
04:37 Et elle perd en qualité.
04:40 La demande est grande et parfois, on n'a pas beaucoup de bœufs à les donner.
04:45 Le kilo se vend à 2 500 francs le kilo avec os et 3 000 le kilo sans os.
04:52 Ça fait 20 ans qu'Emmanuel est bouché.
05:00 Le vendeur remarque tout de même que la crise a eu un impact sur la filière bovine.
05:06 Nous avons quelques problèmes dans le secteur.
05:12 On doit mieux aménager notre marché.
05:15 De plus, on pense que l'État doit nous donner une compensation financière pour nous qui sommes en zone de crise.
05:22 Pour que la viande se vende mieux.
05:25 Ils doivent respecter les chèvres avant de les tuer.
05:29 Quand ils savent que les chèvres ont été tués, ils viennent comme ça.
05:35 Le marché de la viande
05:39 La viande de bœuf est prisée dans le sud-ouest.
05:47 Mais il y a aussi la star des emplettes, le koumba bread.
05:51 La brique de pain a son marché.
05:54 Sur la pente, à 800 mètres du carrefour Mutengene,
05:58 de petits hangars en bois et en tol,
06:01 une dizaine regroupées au bord de la route où s'expose l'un des produits les plus consommés de la région.
06:08 Il n'y a pas une heure précise pour commencer la vente du koumba bread.
06:19 Les pains sont produits ici à Mutengene dans des boulangeries spéciales.
06:25 Chaque boulangerie met des insignes sur le pain pour qu'on puisse le reconnaître.
06:32 Il est très nourrissant et se vendait mieux avant la crise.
06:37 Mais ça nous permet de joindre les deux bouts.
06:40 Mais ces derniers temps, le business n'est pas très encourageant.
06:45 Ils ne sont pas vraiment encouragés.
06:47 Ils se sont juste arrêtés à acheter.
06:49 Par exemple, ce type de pain, je le vois.
06:51 Ils se sont juste arrêtés à acheter.
06:53 Ils ne sont pas vraiment encouragés.
06:55 Courir après les véhicules ou vendre la brique de pain au marché du koumba bread,
07:02 on ne se fait pas de cadeau.
07:04 Les clients qui viennent ici pour acheter le koumba bread connaissent le procédé.
07:12 Quand vous avez votre client habituel, personne d'autre ne le discute.
07:18 Mais s'il s'agit d'un simple client inconnu à bord d'un véhicule,
07:24 tous les vendeuses ont la possibilité de l'approcher.
07:28 Ça permet au client de faire son choix et dans ce cas, il n'y a pas de problème entre les vendeuses.
07:37 Parfois même, il nous arrive de tomber en courant après le client.
07:43 Mais pas de choix, c'est ça les contraintes de notre business.
08:04 En 2017, 2018 et 2019, le prix de la farine de blé a gonflé du fait de la crise.
08:12 Certaines boulangeries qui produisaient le koumba bread ont dû fermer car ciblées par les attaques.
08:19 Heureusement, la sérénité se réinstalle progressivement.
08:23 C'est aussi grâce à la présence du centre d'instruction et d'application de la police.
08:29 La sécurité s'en trouve renforcée dans toute la ville.
08:32 Le centre assure la formation professionnelle des sous-officiers de la police,
08:37 ainsi que la spécialisation et la qualification dans le domaine du maintien de l'ordre.
08:43 Mais les affaires à Mutengene, c'est aussi l'industrie.
08:52 Un secteur qui a connu de beaux jours il y a encore 10 ans,
08:56 mais le climat de tension ces dernières années a quelque peu grippé le secteur.
09:02 J'ai vécu des hauts et des bas, en commençant par la période où j'ai créé ma structure.
09:08 Après la liquidation de la société pharmaceutique Plantekam,
09:11 je me suis dit que compte tenu des atouts, de la qualité de la main d'oeuvre,
09:17 de la qualité des gens qui sont ici, je pouvais bien m'en sortir,
09:21 rien qu'avec les clients que j'avais immédiatement au bout de mes bras.
09:26 Donc à cette époque, c'était la belle époque, on a commencé,
09:30 et la société a évolué très, très progressivement.
09:33 Le chiffre d'affaires a augmenté progressivement jusqu'à un certain niveau.
09:37 Maintenant, on tombe dans l'époque où la crise commence.
09:40 L'un de nos plus grands clients, le premier c'était l'État,
09:43 mais on avait d'autres structures comme la PAMOL, la CDC, l'Université de Béla.
09:50 C'était une commune comme la commune de Idinao, la commune de Moundamba,
09:55 la commune de Kondotiti. Vraiment, on ne pouvait plus fonctionner comme avant.
10:00 Toujours est-il qu'on s'est débrouillé à vouloir maintenir la structure en vie,
10:04 mais ça n'a pas été évident parce que j'étais obligé à un moment donné
10:08 de mettre en chômage technique tous mes employés.
10:12 Vous connaissez la famille africaine, même être en chômage technique,
10:16 les gens quand ils ont des problèmes, la première personne qui vient dans leur tête,
10:20 c'est leur employeur, c'est leur patron.
10:23 Donc les charges ne faisaient qu'augmenter et puis il n'y avait plus de recettes.
10:28 Le propriétaire d'une société de métallurgie et de forage des puits
10:32 se remet à Palan, désastre de la crise.
10:36 C'est vrai qu'on peut faire un peu plus aujourd'hui qu'on pouvait faire il y a un an ou deux ans.
10:42 On peut faire un peu plus, on peut se sentir un peu plus en sécurité,
10:50 mais toujours est-il que c'est difficile de dire que les affaires sur le plan purement
10:57 a fait que les choses vont beaucoup mieux.
11:00 La sortie progressive de Moutenguene de la crise sociopolitique
11:05 est avant tout liée à la résilience et au désir de paix de sa population.
11:10 On a enregistré comme IDP plus de 5000 personnes.
11:14 Il y a tous les différents gens ici.
11:17 On peut dire qu'en pratique, c'est que le chef de l'État nous a dit "living together".
11:23 La crise est là, oui, ça a dérangé une ou deux choses, oui, mais la population est calme.
11:30 Il faut que je lance un mot aussi à nos frères qui sont en bourse,
11:36 qu'il est nécessaire qu'ils quittent la bourse et viennent en ville
11:41 pour que nous puissions recommencer encore là où les choses étaient gâtées, n'est-ce pas, pour arranger notre vie.
11:52 Les forces vives de cet arrangement ont pris un engagement solennel.
11:57 Cet engagement de faire en sorte que nous tournons la page à cet épisode qui est cette crise,
12:05 qui est véritablement une réalité,
12:07 mais d'aller vers la recherche de l'amour de soi-même et l'amour du prochain.
12:17 Voilà ce que nous avons prêché.
12:19 Nous avons appelé à nos compatriotes, nous avons appelé à ces populations
12:25 de comprendre la nécessité de donner la paix à eux-mêmes.
12:31 Je crois que le message est passé.
12:33 Un dynamisme et une joie de vivre qui favorisent la circulation des dévises dans les bars,
12:39 les marchés, les hôtels qui meublent cette cité économique.
12:43 Depuis 2020, Moutenguene a plus que jamais le business dans la peau.
12:48 Ouh !
12:48 ♪ ♪ ♪