L'interview de David Le Bars

  • l’année dernière
Commissaire de Police SCPN UNSA, David Le Bars, était l’invité de Laurence Ferrari dans #LaMatinale sur CNEWS.

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Transcript
00:00 8h15, Laurence, vous recevez le commissaire de police David Lebar.
00:03 Bonjour commissaire, bienvenue dans la matinale de CNews.
00:05 On va commencer par les vives inquiétudes autour de la journée du 1er mai.
00:09 Une journée à haut risque côté manifestation.
00:12 Selon un document du renseignement territorial, la mobilisation s'annonce très importante,
00:16 avec un esprit vengeur, c'est ce qui est dit dans cette note.
00:19 80 000 à 100 000 personnes sont entendues dans les rues de la capitale.
00:22 Ça veut dire un dispositif policier très important aussi.
00:25 Oui, il sera sans doute calibré de façon exceptionnelle,
00:28 mais comme souvent le 1er mai, ce sont souvent des gros cortèges.
00:31 Effectivement, dans le contexte actuel, il y a plusieurs risques.
00:33 D'abord, une foule très importante.
00:35 Donc ça, on sait parfaitement faire en France comme ailleurs.
00:38 On aura les effectifs pour faire en sorte que le cortège arrive à terme.
00:41 Mais ce qui est ennuyeux, c'est le nombre de radicaux, c'est-à-dire Black blocs, anarchistes,
00:45 tous ceux qui vont venir pour des intentions qui ne sont pas celles du 1er mai,
00:48 qui veulent venir casser ou en découdre.
00:49 Et là, les chiffres sont assez inquiétants.
00:51 On annonce beaucoup de monde et il va falloir faire face.
00:53 1 000 à 2 000 éléments à risque, 1 500 à 3 000 gilets jaunes dans des ultra jaunes.
00:57 C'est quasiment deux à trois fois plus que lors des dernières manifestations.
01:00 Oui, c'est beaucoup.
01:01 Ça veut dire qu'il va falloir être extrêmement réactif, mobile.
01:04 Et il va falloir aussi protéger le cortège.
01:07 On pense souvent qu'il faut empêcher de casser.
01:09 Non, il faut d'abord et avant tout protéger la tête de cortège,
01:11 qui est un cortège syndical.
01:13 Les autorités de la préfecture de police discutent.
01:15 Mais ensuite, ces gens-là viennent semer le bazar.
01:17 Il va falloir qu'on s'en prenne à eux.
01:18 Il n'y a pas d'autre mot.
01:20 Qu'on sépare le Black bloc, s'il y en a un, du cortège
01:22 et qu'on fasse en sorte de les empêcher de nuire au maximum.
01:25 Donc ça va être un 1er mai sous haute tension.
01:27 Les renseignements parlent aussi de Black bloc venu de l'Europe entière.
01:30 Est-ce que ça, c'est un risque majeur pour vous ?
01:32 C'est un risque.
01:33 Après, être certain qu'ils viennent, c'est jamais une science exacte.
01:36 Mais on a ce risque qu'ils puissent venir.
01:38 Ce sont des rendez-vous.
01:39 On sait que ça tourne selon les manifestations
01:41 qu'il peut y avoir ici ou là dans différents pays.
01:43 Mais le 1er mai en France, c'est une date de rendez-vous.
01:45 C'est une date potentiellement capable d'attirer des gens
01:47 qui viennent d'autres milieux et effectivement de l'étranger.
01:49 Ce qui est très compliqué pour les Français,
01:51 c'est qu'ils ne comprennent pas comment on peut savoir
01:53 qu'il y aura autant de Black bloc qui viennent,
01:55 savoir qu'ils viennent de tel ou tel pays
01:57 et ne pas pouvoir les arrêter avant qu'ils ne perturbent les manifestations.
02:00 Oui, et tout en même temps, dans l'opinion publique,
02:02 beaucoup contestent l'idée même qu'on puisse interpeller préventivement.
02:05 Mais fort heureusement, on n'est pas dans les films avec Tom Cruise.
02:07 On ne fait pas d'interpellation préventive.
02:09 On applique des textes de loi.
02:10 Si on les voit se réunir, se rassembler,
02:12 il y a une loi dans le Code de procédure pénale
02:14 qui permet de les interpeller quand il y a un groupement en vue de commettre.
02:17 Mais en dehors de ça, quand on le fait pour les stades de foot
02:20 ou quand on le fait pour les gens qui ne doivent plus aller jouer dans les casinos,
02:23 c'est des enceintes fermées.
02:24 Or là, c'est la liberté de manifester, c'est la voie publique.
02:26 On n'enferme pas les gens avant que des gens puissent venir manifester,
02:29 qui est un droit fondamental.
02:30 Mais on connaît leur technique au Black bloc.
02:32 D'abord, ils viennent la veille ou deux jours avant,
02:34 cacher des armes par destination sur le parcours de la manifestation.
02:38 Il se change ensuite.
02:39 On n'a pas moyen de faire des repérages.
02:40 La police n'a pas les moyens de faire les repérages.
02:42 Alors ça, on le fait.
02:43 Et c'est justement dans ces affaires là,
02:44 quand on fait ces repérages là, qu'on peut interpeller les gens.
02:47 Mais même cette procédure là est contestée parfois par une partie de l'opinion publique.
02:51 Parfois, c'est un peu délicat vis-à-vis de la justice
02:53 qui considère que ces éléments là, finalement,
02:55 ne sont pas suffisants pour poursuivre de façon plus sévère.
02:58 Mais on le fait.
02:58 Mais l'intérêt, quand on arrive à le faire,
03:00 c'est déjà d'écarter ces personnes là, de les placer en garde à vue
03:02 sur la fameuse infraction du groupement en vue de commettre des infractions.
03:05 Et quand ils sont en garde à vue,
03:06 au moins, ils ne sont pas dans le cortège pour nous semer le chaos.
03:08 Et après, la réponse pénale, est-ce qu'elle est à la hauteur ?
03:11 Énormément de comparations immédiates se terminent par des relax.
03:13 C'est aussi une critique qu'on nous fait, mais il faut aussi savoir dire pourquoi.
03:17 On n'a parfois pas le temps en 48 heures de rassembler les preuves.
03:20 Il faut aussi rappeler à ceux qui nous écoutent qu'une infraction, c'est individuel.
03:24 Le droit pénal, c'est une peine, une personne.
03:26 Et quand on attrape des groupes qui sont cagoulés, qui sont gantés,
03:29 c'est toujours assez difficile d'attribuer les infractions à des individus à titre personnel.
03:33 Notre système juridique en France est très protecteur des droits,
03:36 mais ce n'est pas toujours facile pour nous, policiers, d'établir les infractions.
03:38 Est-ce qu'il ne faut pas simplifier les procédures ?
03:40 Certains de vos collègues étrangers arrivent beaucoup plus facilement,
03:43 à faire condamner ceux qui les interpellent.
03:45 Moi, j'en rêve et je le clame depuis longtemps.
03:47 Il faut à la fois simplifier les procédures, mais surtout dire pourquoi.
03:50 Ce n'est pas pour faire plaisir aux policiers,
03:51 c'est pour nous permettre de mieux lutter contre le crime
03:53 et donc de protéger les innocents et les victimes.
03:55 D'accord. Donc des peines plus rapides et une paperasserie un peu réduite pour les policiers.
03:59 Une procédure, avant même d'aller devant la justice, qui soit plus rapide.
04:02 Je donne toujours l'exemple des Pays-Bas.
04:03 Les Pays-Bas, sur des manifestations qui dégénèrent, vous interpellez des individus.
04:06 L'interpellateur, le policier, met un serre-flex sur la personne interpellée.
04:10 Il met son nom, son matricule.
04:11 Un petit bout de plastique, c'est ça ?
04:12 Oui, il entrave. Il met son nom, son matricule, l'heure d'interpellation.
04:15 Et ça vaut PV d'interpellation, ça évite aux policiers d'aller ensuite dans les commissariats
04:19 pour faire des procédures alors qu'on a besoin de ces policiers sur le terrain.
04:22 Ça, c'est un exemple de simplification.
04:23 Vous parlez du matricule.
04:25 Gérald Darmanin a rappelé aux policiers et gendarmes
04:27 qu'il fallait qu'ils portent leur RIO, leur matricule d'identification,
04:31 lors des opérations de maintien de l'ordre en permanence.
04:33 Vous y êtes favorable ? Ils ne le font pas systématiquement.
04:35 J'y suis favorable. Il faut le faire systématiquement.
04:37 Et puis cette polémique-là, il y a une façon de l'éteindre.
04:39 Il y a certains de nos voisins européens qui ont adopté une technique beaucoup plus simple.
04:42 Le RIO est dans le dos, il fait 20 cm, on le voit de loin.
04:45 Si ça peut satisfaire nos détracteurs, il faut le faire.
04:48 Mais après, il ne faut pas ignorer le fait que nos détracteurs,
04:51 parfois, sont des gens très politisés qui ne rêvent que d'une chose,
04:53 c'est de mettre les policiers en difficulté et de multiplier les procédures contre les policiers.
04:57 Quand on n'a rien à se reprocher, une police républicaine doit porter son RIO.
05:00 Et si on doit le porter de façon plus grande dans le dos, faisons-le.
05:03 Les manifestations, ce n'est pas seulement le 1er mai,
05:06 ce sont aussi ces déplacements mouvementés de tous les ministres,
05:09 secrétaires d'État et du président de la République.
05:11 Ils seront aujourd'hui dans le dos pour commémorer l'abolition de l'esclavage.
05:15 La préfecture a interdit les manifestations.
05:18 Les ustensiles sonores portatifs sont également non autorisés.
05:24 Est-ce que ça complique ce type de manifestation, le travail des forces de l'ordre ?
05:28 Oui, c'est délicat parce que quand vous êtes policier,
05:30 vous avez des gens qui sont finalement là pour faire du bruit sur une casserole,
05:33 empêcher le bruit ou empêcher les gens d'approcher, c'est délicat.
05:36 Ça met encore une fois la police ou les gendarmes,
05:38 selon les territoires, dans des situations un peu compliquées avec les gens.
05:41 Après, ce qu'il faut quand même rappeler, c'est que la vie citoyenne,
05:44 c'est aussi pour les gens du gouvernement, quels que soient les bords politiques,
05:47 de se déplacer et d'aller là où ils doivent se déplacer.
05:50 Donc il faut trouver la juste mesure.
05:51 Ce sont des services parfois délicats parce que dans ces services-là,
05:54 vous avez face à vous des gens qui sont de bonne foi, qui contestent,
05:56 ils ont le droit après tout, mais il y a aussi ceux qui viennent semer le désordre
05:59 et qui font en sorte que ça dégénère, de pousser les barrages.
06:01 Et c'est cet équilibre-là qui est difficile à trouver.
06:04 Et puis encore une fois, ça nous met toujours sous tension.
06:06 Parce que ça consomme beaucoup d'effectifs, police et gendarmes aussi.
06:09 Encore plus qu'avant. Parce que maintenant que ces déplacements sont sensibles et à haut risque,
06:12 ils sont pistés sur Internet, vous vous rendez compte.
06:13 C'est-à-dire qu'un ministre qui se déplace aujourd'hui,
06:15 il a des comités d'accueil à l'arrivée, il en a au retour.
06:17 Ça veut dire qu'il faut densifier les services d'ordre pour protéger le ministre,
06:20 qui est la moindre des choses, parce qu'un ministre ne doit pas être agressé
06:22 quand on est dans une république comme celle de la France.
06:25 C'est juste inacceptable.
06:26 – Autre moment d'inquiétude, samedi, la finale de la Coupe de France.
06:29 Les cartons rouges pourraient être distribués en amont, des sifflets aussi aux spectateurs.
06:34 Il y a un dispositif de barrière qui va être mis en place
06:36 pour qu'on empêche les intrus de pénétrer sur la pelouse.
06:39 Le président de la République est censé venir au début du match et à la fin du match.
06:43 Il y a un risque pour vous ?
06:44 – Il y a un risque, je connais bien l'endroit.
06:46 J'ai été commissaire de Saint-Denis, je connais bien le stade de France.
06:49 Quand vous avez une foule de 80 000 personnes qui vient,
06:51 si vous avez une organisation qui vise à distribuer des sifflets ou des cartons rouges,
06:55 forcément on aura un risque qu'une partie de ce public fasse dégénérer le match.
07:00 Moi je rappelle que c'est du sport.
07:01 Il va y avoir des millions de Français qui veulent voir du sport.
07:03 Ils n'ont peut-être pas envie de voir une séquence politique.
07:05 Donc à ceux qui font ça, de réfléchir à ne pas gâcher le sport.
07:08 – D'accord.
07:09 Il y a aussi les compteurs électriques qui seront gardés par des policiers
07:13 parce qu'il y a ce risque de coupure d'électricité.
07:16 On met les policiers absolument partout en vérité.
07:18 – Oui mais là, il faut aussi dénoncer ceux qui se permettent de faire des coupures ciblées
07:22 parce qu'il faut rappeler une chose, quand on fait des coupures ciblées,
07:24 ça veut dire que ceux qui ont accès aux compteurs ont aussi accès aux données nominatives
07:28 pour savoir à qui on coupe l'électricité, c'est extrêmement grave.
07:30 Alors couper l'électricité du Stade de France, on peut se dire c'est un lieu public.
07:33 Non, d'abord c'est grave parce que ça peut mettre en danger un événement public.
07:36 Il faut quand même se rappeler qu'on est dans une période de menace.
07:38 Mais quand il y a des coupures d'électricité qui visent à couper le courant d'un ministre,
07:42 d'un parlementaire, ça veut dire qu'ils ont en plus l'accès aux données nominatives.
07:46 Ça va aller jusqu'où ? C'est extrêmement grave, il faut empêcher ça.
07:49 – Un drame dans l'actualité, on l'a évoqué ce matin,
07:51 dans les Vosges une petite fille de 5 ans a été découverte dans un sac poubelle.
07:55 C'est un adolescent de 15 ans qui a été placé en garde à vue.
07:58 Il était déjà mis en examen dans le cadre d'une information judiciaire
08:01 pour viol et agression sexuelle sur mineurs.
08:04 L'effet remonte à un an, février 2022, un peu plus d'un an.
08:08 Il a passé 11 mois en centre éducatif fermé,
08:10 puis il a été relâché avec visiblement quand même une obligation de suivi.
08:14 Est-ce qu'il y a eu dysfonctionnement a priori ?
08:16 Est-ce qu'on peut éviter ce genre de drame ?
08:18 – De toute façon, vu l'horreur du drame,
08:20 on ne peut pas dire autre chose qu'il y a un dysfonctionnement.
08:22 Parce que s'il est dans la nature et qu'il peut commettre ce crime,
08:25 il y a un dysfonctionnement.
08:26 Après, est-ce que la chaîne pénale aurait permis de faire autrement ?
08:29 Les deux points faibles que je vois, et je n'ai pas accès au dossier,
08:31 c'est ce lien entre la psychiatrie et les capacités de l'État français
08:35 à faire suivre psychiatriquement des individus,
08:37 si toutefois c'est psychiatrique, et la justice.
08:39 Voilà, cet individu est dehors, il a a priori déjà commis des crimes atroces.
08:43 Ensuite, je serai prudent parce que comme tout criminel,
08:46 il a le droit à la présomption d'innocence,
08:48 mais le résultat est absolument épouvantable.
08:50 Et quand on se met dans la situation des parents,
08:52 moi je suis père de famille, imaginez qu'un gamin de cet âge-là
08:54 ait pu commettre un crime pareil,
08:56 alors qu'il en a déjà commis précédemment, c'est juste inacceptable.
08:58 Donc il faut un minima qui ait une étude complète de ce qui a pu défaillir,
09:02 et il faut en trouver les solutions.
09:04 On ne peut pas comme ça renvoyer la balle entre les centres éducatifs,
09:06 la psychiatrie, la prison, on ne peut pas enfermer tout le monde.
09:09 Mais le minimum, c'est le suivi, c'est la façon dont on regarde de près
09:12 le comportement d'un individu quand il n'est pas fiable.
09:15 - Le centre éducatif fermé, il sert à quoi ?
09:16 Là, il y a passé 11 mois, c'est le maximum qu'on peut maintenir
09:21 un jeune de cet âge-là en ce moment ?
09:22 - C'est la durée maximum, ça a été annoncé, je vais vous dire,
09:25 il y est resté 11 mois, mais vous savez que le centre éducatif fermé
09:28 n'a de fermé que du nom, puisque ça n'est pas un centre pénitentiaire,
09:31 et que s'il en était sorti avant parce qu'il avait décidé de ne pas y rester,
09:34 il n'y a pas la contrainte.
09:35 Donc il faut aussi qu'on questionne ce que sont ces centres éducatifs.
09:38 Est-ce qu'il ne faut pas créer un nouveau modèle qui soit plus contraignant,
09:42 mais on se rapprocherait d'un système pénitentiaire ?
09:44 Mais ce sujet-là revient souvent, et on voit bien qu'il a ses faiblesses.
09:47 Moi, j'ai connu des gamins qui étaient des voyous réitérants,
09:49 qui allaient dans des centres éducatifs fermés,
09:51 et le lendemain, ils revenaient sur les lieux de leur délinquance
09:53 parce qu'ils avaient décidé de ne pas y rester,
09:54 les éducateurs sont démunis, ils n'ont pas le pouvoir de contrainte,
09:57 ça n'est pas une prison, on ne ferme pas à clé les portes.
09:59 - Il n'y a pas assez de centres éducatifs fermés,
10:01 à peine une cinquantaine sur le territoire,
10:02 même pas un par département, il faut en construire ?
10:04 - Oui, mais il faut dire pourquoi il n'y en a pas assez.
10:06 Parce que parfois, il y a des élus qui n'en veulent pas,
10:08 parce qu'il n'y a pas assez d'éducateurs,
10:09 parce qu'il n'y a pas assez de personnel,
10:10 ce n'est pas qu'un problème d'argent,
10:11 c'est aussi parfois un problème politique.
10:13 Vous savez, dans beaucoup de territoires,
10:15 il y a des élus qui ne veulent ni de prison,
10:16 ni de centres éducatifs fermés
10:17 parce qu'ils pensent que c'est une mauvaise population.
10:19 Il faut raisonner autrement, il faut en créer plus,
10:21 puis il faut créer des vocations, des filières
10:23 qui permettent d'avoir les gens pour encadrer ces jeunes délinquants.
10:26 - Autre sujet qui revient régulièrement dans l'actualité,
10:29 ce sont les rodéos sauvages.
10:30 Là, on a une épidémie de rodéos dans des centres commerciaux,
10:33 avec tous les risques que ça fait encourir
10:35 aux personnes qui font leurs courses, tout simplement.
10:37 Le syndicat de police à l'alliance demande
10:39 à ce que les policiers français puissent aller au contact,
10:41 c'est-à-dire avec leur voiture, pousser la moto des délinquants.
10:45 Est-ce que vous y êtes favorable ?
10:46 - Non, je ne le suis pas, mais je vais vous dire pourquoi.
10:48 Parce que cette affaire-là de rodéo,
10:50 où certains auraient envie qu'on pousse
10:52 et qu'on fasse du contact tactique,
10:53 c'est un peu le réveil des instincts primaires.
10:56 Si on est derrière sa télé, qu'on est citoyen,
10:58 et qu'on se dit, après tout, si les flics
10:59 peuvent aller pousser ces voyous et les faire tomber,
11:02 ça leur fera les pieds.
11:03 Oui, sauf que si on demande aux policiers de faire ça,
11:06 c'est la responsabilité morale et pénale
11:08 qu'on va faire peser sur des policiers.
11:09 Vous vous rendez compte, vous allez faire tomber un véhicule de roue
11:12 sur lequel il y aura un jeune, un délinquant,
11:14 peu importe son palmarès, il tombe, il chute,
11:16 il a un trauma crânien, il décède.
11:18 Quelle est la suite ?
11:19 Le policier va se retrouver seul face à ses juges.
11:21 On aura réveillé les instincts primaires d'une société,
11:23 puis on laissera un policier aller seul devant ses juges.
11:25 Et puis ensuite, il faut arrêter de mentir à l'opinion publique.
11:27 En Angleterre, cette loi, elle existe pour les crimes,
11:29 c'est-à-dire les vols à l'arraché, qui sont des affaires graves,
11:32 et dans certains cas, extrêmement réglementés.
11:34 Et les policiers britanniques ne sont pas exempts
11:36 de cette responsabilité pénale.
11:38 Donc, ce n'est pas la bonne idée.
11:39 Nos policiers sont déjà suffisamment montrés du doigt,
11:41 on ne va pas leur faire porter cette responsabilité supplémentaire,
11:43 ce n'est pas leur rôle.
11:44 À Marseille, un homme de 63 ans est mort.
11:47 Il jouait aux cartes dans un restaurant
11:49 lorsqu'il y a eu un règlement de compte.
11:51 Il y a deux bandes rivales qui s'affrontent
11:54 sur le fonds de trafic de stupéfiants.
11:57 La police est impuissante, on ne peut pas arrêter ces règlements de compte ?
12:00 Elle n'est pas impuissante, mais elle est extrêmement mise sous tension.
12:04 Juste la semaine passée, sept règlements de compte,
12:06 c'est-à-dire un par jour.
12:07 Qu'est-ce qui se passe à Marseille ?
12:08 Vous l'avez dit, c'est qu'au-delà des bandes rivales, il y a deux clans.
12:10 Deux clans, à la tête de chacun d'eux,
12:12 il y a deux ce qu'on appelle "parrains de la drogue",
12:14 parce que ça n'a pas d'autre mot.
12:16 Et c'est effectivement une guerre des territoires.
12:17 Et qu'est-ce qui se passe en dessous ?
12:19 C'est que dans ces bandes, vous avez maintenant
12:20 des gamins de 15-16 ans qui n'ont absolument rien dans la tête,
12:22 qui ont des kalachnikovs,
12:24 et qui finalement viennent faire des démonstrations de force
12:26 et font un arrosage.
12:27 C'est-à-dire, ils vont sur un point de dîle,
12:28 ils arrosent, ils montent la force.
12:30 Et qu'est-ce qui s'est passé ?
12:31 C'est un monsieur qui n'a strictement rien à voir là-dedans,
12:33 qui joue à hockey, qui a 63 ans et qui est décédé.
12:35 Donc c'est le crime sans aucun raisonnement
12:38 de ce que peut être la chaîne pénale derrière,
12:40 puisque après tout, quand on tue quelqu'un,
12:41 il faut rappeler que c'est de l'homicide volontaire,
12:43 c'est des peines qui vous amènent à 30 ans de réclusion criminelle.
12:46 Donc la PJ travaille de façon extrêmement forte sur cette matière.
12:51 Il faut se rappeler quand même que Marseille,
12:53 le crime n'est pas nouveau, sauf qu'il prend de l'ampleur,
12:54 le trafic de drogue prend de l'ampleur,
12:56 et qu'il faut mettre tous les moyens à Marseille.
12:57 Il faut renforcer en policier, il faut renforcer en magistrat,
13:00 puis après, il faut aussi rappeler autre chose.
13:02 Quand on entend des gens se plaindre que dans le quartier,
13:04 c'est dangereux, que les gamins ont des armes, etc.,
13:06 il faut rappeler aussi que derrière, c'est jeunes qui sont des voyous,
13:08 il y a des parents, et qu'à un moment, le devoir civique,
13:10 le devoir citoyen, c'est peut-être aussi qu'il y a des collectifs
13:12 qui aident les institutions, police, justice,
13:14 à mettre des noms sur les auteurs et à nous aider à éradiquer le crime.
13:17 Mais c'est l'OMERTA qui règne, par peur de représailles.
13:20 Il y a l'OMERTA parce qu'il y a la peur de dénoncer,
13:21 mais il y a des process qui permettent de dénoncer tout en restant anonyme.
13:24 Moi, je rappelle que la police, elle est toujours ouverte aussi
13:26 à avoir des informations, elle a besoin aussi de la population,
13:29 non pas pour qu'elle fasse le boulot à la place de la police,
13:31 mais qu'elle donne des informations.
13:33 Moi, j'en ai assez parfois des marches blanches
13:34 où tout le monde s'étonne, alors que tout le monde sait parfaitement
13:36 dans le quartier qui fait quoi.
13:38 L'immigration, la loi immigration a été repoussée par Elisabeth Borne,
13:42 faute de majorité, elle estime que ça fracturerait les Français.
13:45 Or, les Français sont assez clairs sur ce thème-là.
13:48 Selon un sondage CSA pour CNews, 8 Français sur 10 sont favorables
13:51 à une loi qui durcit les expulsions.
13:53 Dans ce contexte, les arrivées de migrants à la frontière franco-italienne
13:57 s'intensifient de façon exponentielle.
13:59 Elisabeth Borne a annoncé hier le déplacement de 150 policiers
14:02 et gendarmes supplémentaires dans les Alpes-Maritimes.
14:04 Est-ce que c'est suffisant ?
14:05 Est-ce que les points de passage, on peut avec 150 policiers et gendarmes
14:10 arriver à contrôler tous les points de passage ?
14:11 Bien sûr que non, parce que dans ces cas-là,
14:13 si on résonne sur toute la chaîne montagneuse,
14:14 évidemment qu'on ne pourra pas tout contrôler,
14:16 mais il faut du renfort, il faut des effectifs supplémentaires.
14:18 J'ai entendu parler d'une task force qui mélangerait gendarmes, policiers,
14:21 douanes, peut-être l'armée.
14:23 Il faut impérativement de toute façon renforcer cette zone géographique,
14:26 parce que c'est là où il y a la plus forte pression migratoire.
14:29 Ça commence à être extrêmement compliqué.
14:31 Et puis, on peut même anticiper l'avenir.
14:32 Il suffit de regarder du côté italien la densité de population
14:35 qui veut monter en Europe du Nord,
14:36 que ce soit pour la France ou pour l'Angleterre.
14:39 C'est devenu l'autoroute de l'immigration irrégulière.
14:41 Il faut absolument y faire face.
14:42 Les points de passage, c'est la montagne, c'est le train, c'est tout ?
14:45 C'est partout. Tous les moyens sont bons.
14:46 Ça peut être une cabine de camion, ça peut être à pied par la route,
14:49 ça peut être dans des véhicules, ça peut être par la montagne,
14:51 avec des randonnées, avec des gens qui aident à trouver des chemins
14:54 et qui permettent de passer.
14:55 On ne fera jamais l'immigration irrégulière zéro.
14:58 La zone est beaucoup trop grande,
14:59 mais il faut la contrôler de façon plus dense.
15:01 La pression migratoire va s'intensifier ?
15:03 On est au printemps, au début des beaux jours, ça va s'intensifier ?
15:06 Je ne sais pas s'il y a une période climatique plus favorable.
15:11 Bien sûr que si, quand c'est enneigé et qu'il fait très froid.
15:13 Mais ce qui m'inquiète surtout, c'est le long terme.
15:14 C'est-à-dire qu'on sait tous que d'une manière générale,
15:16 cette migration irrégulière va prendre de l'ampleur
15:19 pour des phénomènes économiques, climatiques, etc.
15:21 Donc de toute façon, il faut nous donner les moyens humains
15:24 et puis il faut nous donner les moyens juridiques.
15:25 Cette loi, sur le volet pénal,
15:27 quand on regarde les taux de reconduite et nos procédures en France,
15:30 on a un système procédural qui est extrêmement lourd,
15:33 qui est extrêmement susceptible de recours.
15:36 Et on voit après le taux de reconduite qui est absolument désastreux,
15:38 alors que l'activité policière pourtant,
15:40 qui est celle qu'on nous demande, est de qualité en termes d'effort.
15:43 Donc il faut encore une fois regarder
15:44 où est-ce qu'on peut améliorer le système, si c'est en amont ou en aval.
15:47 Merci beaucoup, commissaire Lebar.
15:49 C'est être venu ce matin faire ce constat avec nous sur l'insécurité.
15:52 À vous Romain Nézade pour la suite de la matinale.
15:55 [Musique]
15:58 [Sous-titres réalisés para la communauté d'Amara.org]

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