Pionnière de la chimie verte dans le secteur de la cosmétique, l'entreprise est spécialisée dans l’extraction de produits naturels. Grâce à ses procédés innovants, elle offre aux industriels une trentaine d’ingrédients biobasés pour la formulation de compositions plus naturelles.
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00:00 Bonjour à toutes et à tous et bienvenue au Péninsula à Paris dans votre émission Les entreprises à succès.
00:04 Bonjour à vous Emmanuel Pellin.
00:06 Bonjour.
00:07 Vous êtes agronome de formation et c'est avec beaucoup de conviction que vous êtes devenu le directeur général de Minasolv,
00:13 une marque spécialisée dans les bio-ingrédients et d'origine végétale.
00:17 Tout à fait, Minasolv est assez unique en son genre puisque nous sommes un vrai pionnier de la chimie biobasée.
00:22 On ne parle que de la biomasse et exclusivement de la biomasse.
00:25 La chimie verte, que l'on peut appeler aussi, est un sujet très peu connu du grand public et pourtant ça nous touche tous et toutes directement.
00:33 On va en parler plus posément ?
00:34 Volontiers.
00:35 Allez c'est parti.
00:49 Emmanuel, nous le savons aujourd'hui, les cosmétiques traditionnels sont problématiques pour la santé de l'homme et l'environnement également,
00:56 notamment à cause des perturbateurs endocriniens, mais pas seulement.
01:00 La chimie verte est devenue une solution alternative majeure pour proposer des produits propres.
01:05 Alors est-ce que vous pourriez nous expliquer quelles sont les trois innovations basées sur la chimie verte que propose Minasolv ?
01:11 Oui, nous avons commencé, nous avons chaque fois été la première société mondiale à lancer ces ingrédients-là,
01:16 à avoir des ingrédients de substitution d'un ingrédient de l'industrie pétrochimique,
01:20 puisque l'origine, si on peut dire, la majeure partie des ingrédients cosmétiques, c'est une origine pétrochimique qui est problématique.
01:27 Et donc on a lancé le paint d'hylène glycol d'abord, on a suivi avec un phénylpropanol naturel également, donc d'origine biomasse,
01:36 et on a terminé maintenant récemment avec l'octanediol.
01:39 Donc autant d'ingrédients qui ont fait l'objet de prix internationaux.
01:43 Alors pour ceux qui ne le savent pas, quand on parle de biomasse, c'est la matière organique d'origine végétale,
01:48 animale, bactérienne ou fongique, qu'on va utiliser comme source d'énergie, c'est ça ?
01:53 Comme matière première en fait, mais chez nous, plus particulièrement, on se concentre exclusivement sur la biomasse d'origine végétale.
02:00 Alors la biomasse d'origine végétale, ça peut soit être un déchet végétal qui est inemployé ou inemployable,
02:07 à partir duquel on peut encore extraire toute une série de choses.
02:10 Comme quoi par exemple, comme déchet végétal ?
02:12 Ça peut être ici par exemple, le pentylène glycol, on emploie de la bagasse de canne à sucre,
02:17 donc quand on extrait le sucre de la canne à sucre, il reste vraiment tous ces fragments de cellulose qui sont inutilisables.
02:24 Et pour nous, dans notre entreprise, on est capable d'en extraire beaucoup d'autres éléments, dont notamment le pentylène glycol.
02:32 Et pour ensuite en créer des cosmétiques ?
02:34 Alors c'est un ingrédient, dans ce cas-ci, c'est un ingrédient de conservation des formules cosmétiques,
02:39 et c'est vraiment ce qu'on appelle dans le jargon un "me too", c'est-à-dire que c'est exactement la même molécule que celle qui est d'origine pétrochimique.
02:45 D'accord, et le principe c'est que vous n'avez plus besoin de dépolluer ensuite ?
02:49 On n'a plus besoin, non.
02:51 Donc la contrainte de la chimie verte, c'est que dès l'instant où on extrait l'ingrédient qu'on veut extraire,
02:56 c'est qu'il faut valoriser tous les coproduits.
02:58 Et ça c'est vraiment notre force, il faut les valoriser pour ne pas que ce soit des déchets, d'une part,
03:02 pour qu'économiquement ce soit rentable, et d'autre part pour minimiser notre impact.
03:06 Et donc on a des applications très variées en dehors du champ cosmétique avec le pôle chimie verte.
03:11 Pour tout le procédé d'extraction verte, vous collaborez avec Eco-Extract, c'est ça, une société ?
03:18 Oui, c'est une société du groupe également.
03:20 Donc on a un procédé qui a fait l'objet d'un brevet mondial d'extraction alternative, si je peux dire,
03:27 parce que dans la majeure partie des cas, les extractions sont faites à partir d'hexane.
03:30 Et encore une fois, l'hexane est un solvant d'origine pétrochimique.
03:34 On s'est rendu compte, et l'Europe a publié récemment sur ce sujet,
03:37 que l'hexane s'accumule dans l'organisme et qu'il est neurotoxique.
03:41 C'est extrêmement dommageable pour la santé humaine, et particulièrement dans l'alimentation,
03:47 puisque les gens qui consomment vegan accumulent, sans le savoir, des fractions d'hexane qui sont utilisées.
03:53 On a un solvant alternatif qui permet de faire ça.
03:55 On utilise ce solvant pour les ingrédients cosmétiques, mais on a également tout un volet alimentation,
04:01 qui est un petit peu en dehors du champ du groupe Minafim.
04:05 Et on cherche maintenant des investisseurs externes qui pourraient contribuer sur ce projet
04:10 et qui pourraient nous accompagner pour le développement du projet dans la partie alimentation.
04:14 D'accord, donc vous commencez à vous déployer aussi sur d'autres secteurs, ce qui est tout aussi important.
04:19 Vous avez aussi une très belle éthique et une culture d'entreprise très forte chez Minasolv.
04:24 Qu'est-ce que votre slogan "Green Solving Attitude" veut dire pour vous ?
04:28 C'est beaucoup plus qu'un simple slogan marketing en réalité,
04:32 parce que c'est vrai que le fondement de base de Minasolv, c'est de travailler à partir de la biomasse,
04:37 mais ça ne s'arrête pas là.
04:39 On veut vraiment être beaucoup plus intégré, on veut avoir un impact aussi sur le mode de vie,
04:44 sur le changement, sur tous les défis auxquels il faut faire face.
04:47 Et donc le personnel de Minasolv adhère aussi à une forme de charte
04:51 dans laquelle il s'engage à avoir un comportement différent,
04:54 un comportement qui soit beaucoup plus respectueux de toute une série de choses.
04:57 Et ça va même jusque dans les moindres détails sur le comportement quand nous voyageons,
05:02 évidemment, parce qu'on ne peut pas éviter de voyager,
05:04 mais ça a aussi un impact là-dessus sur notre attitude.
05:07 Donc c'est bien au-delà de la production.
05:09 Il me semble que vos employés aussi ont une démarche autant professionnelle que personnelle,
05:15 même chez eux, on essaie d'adapter.
05:17 Oui, c'est exact. C'est une anecdote qui est intéressante,
05:20 c'est que le responsable des ventes m'a un jour dit "je ne travaille pas pour Minasolv, je travaille pour ma fille".
05:24 Il avait tout résumé dans le concept de Minasolv, c'est très important.
05:27 Parce que c'est vrai que l'impact sur le changement d'attitude du personnel qui travaille pour Minasolv,
05:31 ça ne s'arrête pas au personnel même, ça va sur la famille, ça va sur les enfants,
05:36 ça fait un effet boule de neige.
05:38 Et même sur la planète.
05:39 Et sur la planète, c'est comme ça qu'on peut alors avoir une contribution,
05:42 aussi modeste soit-elle, à un changement pour faire face à tous les défis auxquels on est confrontés.
05:47 Et c'est tout à votre honneur.
05:49 L'un de vos objectifs est de contribuer au développement de petites sociétés en Afrique,
05:54 en leur donnant accès à vos technologies d'extraction brevetées.
05:57 Expliquez-nous pourquoi vous souhaitez vous installer en Afrique d'abord,
06:00 et quels seraient les bénéfices humains et environnementaux de cette collaboration ?
06:05 Donc on participe depuis peu à la chaire UNESCO qui a été lancée par le professeur Farid Kemmat,
06:11 le regretté professeur Farid Kemmat malheureusement,
06:14 qui a lancé la chaire sur la chimie du végétal et de l'extraction.
06:19 Et un des objets de cette chaire, c'est de participer avec des universités en Afrique,
06:25 de les aider à s'équiper, de les aider à se développer dans ces matières d'extraction,
06:30 puisqu'elles ont une diversité végétale qui est absolument incroyable et qui est très intéressante.
06:34 Et de notre côté, nous avons décidé d'ouvrir nos technologies qui sont brevetées,
06:38 pour stabiliser notamment les extraits ou pour fournir les solvants.
06:42 Et ces petites sociétés pourront se développer à partir de nos technologies.
06:46 Ça nous permettra un jour d'avoir un réseau de petits producteurs,
06:50 et probablement de pouvoir alors se sourcer chez eux.
06:54 Et ce qui va changer radicalement notre conception, notre organisation,
06:58 puisqu'on ne va plus aller chercher une plante ou une biomasse qu'on va faire venir sur une usine
07:03 pour en extraire ce qu'on veut extraire, mais au contraire, on va demander localement,
07:08 à partir d'une biomasse locale, de faire un extrait et qu'on va ensuite amener chez nos clients.
07:13 En termes de bilan carbone, par exemple, ça aura déjà des effets considérables,
07:17 mais également en termes de redistribution des richesses,
07:20 puisque notre objectif est de payer un juste prix auprès des petits producteurs qui se lanceront dans l'aventure.
07:26 Du coup, derrière Minasov se cache une nouvelle approche écologique, économique, sociétale.
07:32 Si nous pouvons contribuer à un changement, nous essaierons de le faire,
07:36 en tout cas, c'est clairement la volonté de Minasov.
07:39 Donc l'ensemble des entreprises qui sont axées sur la chimie verte dans le groupe
07:43 génèrent un chiffre d'affaires d'environ 100 millions d'euros.
07:47 C'est donc bien la preuve aujourd'hui qu'une entreprise peut être vecteur,
07:50 ou des entreprises peuvent être vecteurs de bonne santé environnementale, sociétale et financière.
07:55 Merci beaucoup Emmanuel Pelins d'avoir participé à cette interview.
07:58 Merci à vous.
07:59 Et je vous dis à très bientôt pour un nouveau numéro des entreprises à succès.
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