À 58 ans, Gaetan Bohler, alias @papy_gaga, a réalisé l'un de ses rêves : faire Paris-Dakar à pied. Pour neo, il raconte sa merveilleuse aventure.
Category
🗞
NewsTranscript
00:00 Salut Néo, je m'appelle Gaëtan et j'ai décidé de faire un truc de fou, Paris-Dakar à pied.
00:04 Et aujourd'hui, je vais raconter mon histoire.
00:06 Il y a 5 ans, j'étais patron d'une entreprise et je bossais comme un fou.
00:09 Ma fille me dit "écoute papa, le monde est grand, la vie est petite, réfléchis papa".
00:12 C'est à partir de ce moment-là que j'ai décidé de lever un peu le pied, prendre du recul.
00:14 Le pire c'est que mon fils après me dit "papa t'es gros, t'es pas sportif".
00:17 Alors j'ai acheté un sac à dos et j'ai fait le GR20 en Corse.
00:19 Et puis ça m'a plu, donc le GR20, après j'ai traversé la Réunion, j'ai traversé tous les Pyrénées.
00:23 Et mon médecin du sport a dit "écoute, t'as de l'arthrose, le dénivelé c'est pas bon". Alors j'ai dit "j'ai trouvé un truc, je vais faire Paris-Dakar".
00:29 Parce que là c'est plat, c'est bien.
00:30 J'ai décidé de partir le 6 juillet 2022 de Paris et je suis arrivé 231 jours plus tard à Dakar.
00:36 Le nord de l'Espagne, Compostelle, Porto, Lisbonne, Faro et après il y a 1700 km de désert.
00:41 On arrive en Mauritanie, il n'y a rien, il y a une ville tous les 300-400 km.
00:45 Et ça pendant à peu près un mois et demi jusqu'à Noichoc.
00:48 Et après on arrive au Sénégal et puis là c'est la grande fête.
00:50 On n'est pas seul, on est avec soi-même et là on est très bien dans la tête.
00:53 On est en train de se vider complètement l'esprit, on pense à rien et ça c'est génial.
00:56 Quand je suis parti, je n'avais pas grand chose et c'est ça qui était intéressant.
00:59 Fin de compte, j'ai mon sac à dos mais de petites bouteilles de vent, le petit gobelet, un petit panneau solaire, un sac de couchage.
01:04 Et j'ai rencontré des gens sur mon parcours, ils n'avaient rien, ils avaient tout.
01:08 Alors qu'ici dans les pays européens, on a tout et on veut encore plus, on n'est jamais content.
01:11 Quand je suis parti de Paris, j'avais ma petite tante et en fin de compte, j'ai traversé toute la France et j'ai dormi deux fois sous la tente.
01:16 Parce que le reste du temps, c'est les gens qui m'invitaient.
01:17 Au départ, j'avais un peu peur de la Mauritanie, du Sahara occidental.
01:21 Et quand j'ai avancé, j'ai discuté beaucoup avec les gens et puis les gens me disaient, tu verras, il y a une route, tu restes sur la route, il n'y a pas de danger.
01:26 Et puis les camions te jetteront des bouteilles d'eau.
01:28 Le retour, il est assez difficile parce qu'on est en train de se vider la tête pendant huit mois.
01:31 On est heureux, on est bien, il n'y a pas de soucis.
01:33 C'était les plus beaux jours de ma vie.
01:35 Je n'avais pas d'informations, pas d'informations négatives.
01:37 Je n'avais que les sourires des gens.
01:38 Moi, j'étais beaucoup sur les réseaux sociaux.
01:40 J'ai beaucoup communiqué pour dire où j'étais.
01:41 Et puis les gens, ils étaient très contents de me suivre.
01:44 Au bout d'un mois, il y a Hassan de Nouatchok qui me dit, quand tu descends à Dakar, tu passeras par Nouatchok.
01:48 J'ai une super aide, tu passes me voir.
01:51 Alors je lui ai répondu OK.
01:52 Ce qui était assez marrant, c'est que cinq mois plus tard, je suis allé à la porte de la super aide.
01:55 Je lui ai dit, bonjour Hassan.
01:56 Ah bon, mais tu es qui? Qu'est ce que vous voulez vous?
01:58 Tu m'as dit de passer, je suis passé.
02:00 Et le lendemain, il m'a invité chez lui.
02:01 Il avait une belle villa avec piscine et tout.
02:02 Il m'a fait visiter tout Nouatchok, etc.
02:04 C'était vraiment super.
02:05 Il ne croyait pas, mais c'était génial.
02:08 Quand on fait un long voyage comme ça pendant huit mois, on n'a pas envie d'arriver.
02:11 On avait rendez-vous avec la presse, avec les locaux, avec des amis qui étaient là-bas à 18h.
02:15 Et exprès, je suis arrivé à 18h45.
02:17 Je n'avais vraiment pas envie de terminer.
02:18 Et ils ont fait un super accueil.
02:20 C'était vraiment super. C'était génial.
02:22 Au bout de deux mois, quand on marche comme ça, on flotte.
02:24 Et je n'avais pas envie que ça se termine.
02:26 On m'a dit, quand tu reviendras en France, tu vas voir, ça sera très difficile.
02:28 Il y a des grèves, il fait froid, les gens sont stressés.
02:31 Et moi, j'ai dit non, je veux être un problème.
02:32 J'arrive en France. Qu'est-ce qu'il y a de bien en France ?
02:34 Il y a du fromage. Moi, pendant six, sept mois, je n'avais pas de fromage.
02:37 Il ne fait pas trop chaud.
02:38 Quand je vais marcher à Paris, je ne transpirerai pas.
02:40 Mais effectivement, quand je suis arrivé dans le métro,
02:42 je crois que c'est le premier moment où je n'étais pas trop à l'aise.
02:44 J'ai vu qu'il y a plein de gens que j'ai réussi à inspirer, qui commencent à marcher.
02:47 Il y en a d'autres qui ont arrêté la drogue, qui se sont mis à marcher grâce à moi.
02:49 Je suis vraiment fier de ça.
02:51 Il y en a même un qui m'a dit, j'ai envie de passer l'autre côté.
02:53 Et là, il va faire Jérusalem à pied la année prochaine à partir de Paris.
02:56 J'ai 58 ans et j'ai fait le calcul, il me reste à peu près 15 000 jours à vivre.
02:59 Donc tout ce qui m'embête, je le vis, c'est simple.
03:01 Moi, j'ai commencé ma carrière comme un simple ouvrier.
03:03 J'étais très timide.
03:04 J'avais monté mon entreprise, ça avait super bien marché.
03:06 J'avais 30 salariés, je bossais, je bossais, je bossais.
03:08 J'ai vu que j'étais capable de faire des choses.
03:10 Et le fait de partir marcher comme ça, c'est surtout le mental qui m'a aidé à faire ça.
03:13 Ma femme me disait, de toute façon, mon mari, il est têtu, il arrivera à Dakar.
03:16 Il mettra un an, deux ans, mais je sais qu'il y arrivera.
03:19 Au Maroc, il y a un proverbe qui dit, derrière chaque grand homme, il y a une femme.
03:22 Et moi, personnellement, derrière chaque grand homme, il y a deux femmes.
03:25 Il y a ma femme, mon épouse, qui m'a beaucoup aidé.
03:27 Quand je me suis mis à mon compte, c'était quand même risqué et tout.
03:29 Et ma fille m'a beaucoup aidé quand elle a dit, papa, le monde est grand, la vie est petite.
03:33 Réaliser ses rêves, c'est un choix et une date.
03:34 Et si tu ne le fais pas maintenant, tu ne le feras jamais.
03:36 [Sonnerie]
03:38 [SILENCE]