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00:00 Ce matin, 20 départements sont soumis à des restrictions d'eau en France.
00:03 Ça ne concerne pas la Dordogne, mais nous ne sommes pas épargnés par la sécheresse
00:07 et les agriculteurs s'adaptent.
00:09 On en parle avec notre invité ce matin, le président de la Chambre d'agriculture de la Dordogne.
00:14 Il répond à vos questions.
00:15 Louis de Bergevin.
00:16 - Bonjour Jean-Philippe Granger.
00:17 - Bonjour.
00:18 - On dit qu'en 2050, on fera du vin en Angleterre parce que le climat se sera réchauffé.
00:22 On a une idée de l'évolution du climat en Dordogne.
00:24 On va se retrouver avec un climat méditerranéen.
00:27 - Oui, oui, oui.
00:30 Aujourd'hui, dans les prévisions, c'est le climat de la Méditerranée, voire de l'Espagne.
00:34 - D'accord.
00:35 Donc plus chaud et avec des changements.
00:39 Est-ce qu'on aura par exemple de l'huile d'olive en Dordogne à la place de l'huile de noix ?
00:43 Ça, c'est des choses qui sont possibles ?
00:44 - Tout est possible.
00:45 Tout est possible aujourd'hui.
00:46 Si vous voulez, c'est...
00:50 Aujourd'hui, on a la problématique des gels qui fait qu'on ne peut pas encore cultiver
00:55 de l'olive, mais sinon on a tout à fait les températures, tout ça.
00:59 Après, le changement climatique, c'est plus un réchauffement climatique aujourd'hui, avec
01:04 des conséquences qui sont dramatiques pour notre agriculture.
01:06 - Justement, sur les évolutions de cultures, on a diffusé il y a quelques jours sur Fonze
01:11 le Périgord le reportage d'un pommiculteur corézien qui a planté des amandillés plus
01:16 résistants à la chaleur.
01:17 C'est une solution facile à mettre en place de changer les cultures ? Est-ce qu'il suffit
01:23 de les planter et de replanter ?
01:24 - Si vous voulez, tout le problème est là.
01:26 Aujourd'hui, dans les travaux que nous avons menés dans le cadre de ces appels à projets
01:30 européens, l'agriculture est capable de modifier, de s'adapter.
01:36 Par contre, quand elle s'adapte, ça veut dire que derrière, il y a toute une chaîne.
01:39 Aujourd'hui, on fait du blé, il y a des meuniers, il y a des boulangers.
01:43 Demain, si on fait des olives, il faudra des presses, il faudra transformer l'huile.
01:47 C'est-à-dire que toute la chaîne de l'industrie agroalimentaire derrière doit se modifier,
01:51 mais il faut aussi que le consommateur modifie ses pratiques.
01:54 Nous, on est le premier meilleur dans la chaise.
01:56 On a des techniques, mais ça demande un bouleversement de tout l'ensemble de notre société.
02:01 - Et vous travaillez justement avec les industriels, avec les pouvoirs publics pour avancer là-dessus ?
02:08 - Nous, au niveau de la chambre d'agriculture, malheureusement, peut-être pas assez.
02:11 C'est vrai qu'on est plus, nous, à travailler sur le sol.
02:15 La capacité, par nos pratiques, à permettre au sol de capter plus d'eau.
02:21 Voilà, puisque le problème du réchauffement climatique, aussi, c'est un problème par rapport à l'eau.
02:25 Vous l'avez très bien dit.
02:27 Donc voilà, nous, on est plus sur la technique, peut-être pas assez sur la communication.
02:30 - Et c'est heure 48 sur France Le Périgord et sur France 3, Jean-Philippe Granger
02:35 est le président de la chambre d'agriculture de Dordogne et répond à vos questions ce matin.
02:39 Louis de Bergevin.
02:40 - Le mois dernier, une délégation a donc participé au séminaire européen
02:43 sur l'adaptation au changement climatique à Bruxelles.
02:45 Vous avez travaillé, vous l'avez dit, sur la sécheresse.
02:48 Comment on lutte contre la sécheresse ou plutôt comment on s'adapte à la sécheresse ?
02:53 - Alors, nous, notre travail par rapport à ce qu'appelle un projet,
02:57 comme je le disais tout à l'heure, c'était plus par rapport aux techniques culturales
03:01 qui permettaient au sol d'être vivant.
03:03 Un sol qui est vivant, c'est un sol qui stocke plus d'eau.
03:07 Par contre, voilà, aujourd'hui, le constat qu'on fait,
03:10 c'est qu'on a des techniques pour stocker plus d'eau dans le sol, mais ça ne suffira pas.
03:13 Donc se posera aussi le problème du stockage de l'eau en dehors du sol.
03:18 - Justement, le stockage de l'eau, ça fait écho à une actualité.
03:22 Il y a quelques semaines, il y a eu en Haute-Vienne des affrontements
03:26 contre les forces de l'ordre d'opposants aux bassines.
03:30 Qu'est-ce que vous en dites, notamment les agriculteurs
03:33 qui ont parfois l'impression d'être mal aimés, d'être les boucs émissaires ?
03:37 On parle d'agribashing. Là-dessus, vous pensez qu'on a du mal à avancer, justement ?
03:43 Et quel est le sentiment des agriculteurs ?
03:46 - Alors, le sentiment des agriculteurs, il y a beaucoup d'incompréhension.
03:50 Moi, je suis beaucoup plus pragmatique.
03:52 Le stockage de l'eau, c'est une évidence quand on la gaspille.
03:56 Je prends l'exemple, le Grand Périgueux qui a besoin de 200 hectares
03:59 demain d'artificialisation supplémentaire.
04:02 Ces 200 hectares artificialisés représentent à peu près, par la plusiométrie,
04:07 le stockage de l'eau pour irriguer 1 000 hectares.
04:11 Qu'est-ce qui va se passer ? On ne va pas stocker cette eau,
04:13 on va la renvoyer dans des tuyaux qui vont surcharger les rivières,
04:15 qui vont aller directement à l'océan.
04:17 Donc, je veux dire, le stockage, c'est une question, je dirais, de bon sens.
04:20 Autrefois, les anciens, ils faisaient une citerne à la descente des dalles de leur maison.
04:25 Donc, c'est du bon sens.
04:26 - Je crois que c'est à Bergerac où on utilise désormais les eaux usées
04:31 pour nettoyer la ville et on pourrait les utiliser pour irriguer,
04:36 pour arroser les cultures.
04:37 Ça, c'est une solution d'essayer de travailler avec les villes, par exemple ?
04:42 - Tout à fait.
04:42 C'est des travaux qui sont en cours aujourd'hui,
04:45 des réflexions qui sont en cours.
04:46 Après, il faut faire attention à voir la qualité de l'eau
04:49 et les métaux lourds qu'il pourrait y avoir dedans.
04:53 Mais au-delà de ça, oui, c'est une très bonne idée
04:55 et c'est des travaux qui sont en cours.
04:57 - Et je reviens sur le sentiment des agriculteurs.
05:00 Est-ce qu'ils ont l'impression d'être pris entre le marteau et l'enclume ?
05:03 D'un côté avec des efforts à faire, etc.
05:07 et d'un autre côté avec certaines solutions qui sont rejetées par la société ?
05:11 - Si vous voulez, le problème, il est complexe.
05:15 Vous avez le coup près du climat.
05:18 C'est-à-dire qu'aujourd'hui, vous semez dans de très bonnes conditions.
05:21 Aujourd'hui, on a des conditions pour semer, par exemple, le maïs,
05:24 qui fait tant débat, dans de très bonnes conditions.
05:26 Moi, le maïs, il va servir à nourrir mes vaches.
05:28 Donc aujourd'hui, tout est au vert pour que mes vaches aient de la qualité d'alimentation.
05:33 S'il ne pleut pas au mois de juillet ou au mois d'août, je vais tout perdre.
05:36 Ça veut dire que je n'ai plus d'alimentation.
05:37 Donc, économiquement, je suis mort.
05:40 Donc, il y a ce problème économique.
05:42 Et après, il y a ce problème de dire les gens qui ne connaissent pas forcément,
05:46 qui vont critiquer l'agriculteur.
05:47 - Parce que le maïs, c'est une culture qui consomme beaucoup d'eau.
05:50 - Non, c'est celle qui consomme le moins d'eau, malheureusement.
05:53 Elle en a besoin quand il n'y en a pas beaucoup.
05:55 - D'accord. Donc, c'est une culture qu'on doit irriguer, c'est ça ?
05:57 - Alors, oui, disons que n'importe quelle plante, à un moment donné,
06:02 pour produire, elle a besoin d'eau.
06:04 Si la nature ne lui amène pas l'eau au moment voulu, au moment critique,
06:09 eh bien, il faut lui amener.
06:11 Aujourd'hui, on irrigue du blé.
06:14 Demain, on irriguera peut-être la vigne en meurgerac.