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Au lendemain du 1er mai, et avant la prochaine journée d’action et de mobilisation que l’intersyndicale prévoit pour le 6 juin, nous avons voulu lancer une série d’entretiens de fond avec des figures centrales de la NUPES et de l’intersyndicale, les deux étant en première ligne dans la bataille contre la réforme des retraites façon Macron-Borne. Et nous avons commencé avec la députée Mathilde Panot, présidente du groupe parlementaire La France insoumise. L'intégralité des échanges est disponible sur le replay du "Toujours debout" du 3 mai dernier.

https://youtube.com/live/rVBP6V1mbOM

Nous vous proposons ici un extrait où Mathilde Panot réagit à la charge virulente du ministre de l'Intérieur Gérald Darmanin, qui accuse quasi ouvertement sa formation politique d'appeler à la violence contre les forces de l'ordre. "Le seul responsable" du "chaos", affirme-t-elle, c'est Gérald Darmanin. "Ce qui est dangereux avec ces gens est qu'ils commencent à instiller l'idée qu'il y aurait deux camps dans ce pays (...) Ils sont obligés d'être dans une vision manichéenne où on ne peut rien dire sur la police (...) Leur pouvoir ne tient que par la répression aujourd'hui", a ajouté la présidente du groupe parlementaire La France insoumise, qui était interviewée par Théophile Kouamouo.

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Transcription
00:00 Quand vous arrivez à des épisodes de violence comme ça dans un pays, ça vient de quelque chose.
00:05 Et ça vient notamment du fait que vous avez un président de la République,
00:08 c'est comme si on utilisait cette image-là parce que je crois que tout le monde comprend,
00:11 c'est comme s'il avait allumé un feu à un endroit et ensuite il avait bouché toutes les issues démocratiques,
00:16 les unes après les autres et qu'il ne restait rien.
00:18 Je voudrais dire encore une fois, parce qu'on ne l'a pas beaucoup entendu
00:27 et j'ai bien regardé vos plateaux de télévision hier soir,
00:29 des condamnations notamment venant de l'extrême gauche, venant de la France insoumise,
00:33 venant de M. Mélenchon qui lui appelle quasiment à la sédition.
00:36 Vous trouvez qu'il y a une forme d'ambiguïté, qu'il n'y a pas eu suffisamment de condamnations ?
00:40 C'est entre l'ambiguïté et la complicité au moment où nous parlons.
00:43 Où est la condamnation contre les gens qui attaquent les forces de l'ordre ?
00:46 La Côte d'Autrel, le Tif ?
00:47 M. Mélenchon va à la télévision, il a été candidat à l'élection présidentielle.
00:52 Il excite tout le monde, on l'a vu en direct sur vos plateaux de télévision.
00:56 Ah bah la Mauvaise République, voilà quand même des propos extrêmement dérangeants.
00:59 Pour que ceux qui nous écoutent et nous regardent comprennent,
01:02 il parlait à ce moment-là de la Ve République et faisait une sorte de prévoyé pour la VIe République.
01:07 Moi j'ai surtout compris que M. Mélenchon, lui, tout était bon pour faire la démagogie,
01:12 pour exciter juste avant la manifestation une partie de la population.
01:16 Une réaction Mathilde Panot ?
01:18 Ces gens sont absolument dangereux.
01:20 Bon Darmanin, on a bien compris quel rôle il jouait dans le gouvernement.
01:23 Il est celui qui fait la courte échelle et la drague à l'extrême droite
01:29 en essayant d'être dans une campagne présidentielle pour 2027.
01:32 Bon, on a bien compris quel était le rôle que se donnait Gérald Darmanin
01:37 pour ensuite aller dire à Marine Le Pen qu'elle était trop molle, qu'il pouvait signer son livre
01:41 et encore beaucoup d'autres choses pour montrer des signes,
01:44 pour dire que lui est bien compatible avec l'extrême droite dans son pays.
01:49 Bon, c'est simple. Le seul responsable aujourd'hui de la manière dont se passent les manifestations
01:54 et de l'ONU qui alerte sur l'usage disproportionné de la force,
01:59 de la Défenseur des droits qui alerte, de toutes les associations des droits humains qui alertent sur cette question,
02:04 du Conseil de l'Europe et de Jean Passe, encore aujourd'hui c'était la contrôleure générale
02:09 des lieux de privation de liberté qui alertait sur l'usage disproportionné de la force,
02:14 le seul responsable c'est M. Darmanin.
02:17 Et donc en quelque sorte il cherche un bouc émissaire avec des choses absolument lamentables,
02:21 vous vous rendez compte que même M. Duhamel est obligé de lui dire "ben je comprends pas M. le ministre
02:24 ce que vous êtes en train de dire parce que ça ne fonctionne pas".
02:27 Donc en fait il cherche juste une diversion au fait d'endosser une responsabilité
02:31 qui est que c'est lui qui est responsable du chaos.
02:33 Et moi je vais vous dire ce que je trouve très très dangereux dans ce qu'il essaye d'instiller.
02:37 Dans ce qu'il essaie d'instiller à force de "condamnez-vous, condamnez-vous"
02:40 alors que nous n'avons jamais appelé à brûler un policier.
02:44 Je peux vous le dire très tranquillement, je ne suis pas d'accord avec le fait
02:47 qu'un policier se retrouve blessé dans une manifestation,
02:51 comme je ne suis pas d'accord avec le fait qu'un manifestant soit blessé,
02:54 comme je ne suis pas d'accord avec le fait qu'un journaliste soit blessé.
02:58 Et ce qui est dangereux avec ces gens c'est qu'ils commencent à instiller l'idée dans le pays
03:03 qu'il y aurait deux camps dans ce pays.
03:05 C'est ce que le préfet Didier Lallement avait dit à l'époque.
03:09 Mais il n'y a pas deux camps dans ce pays, il n'y a qu'un camp.
03:12 Et c'est celui du peuple.
03:14 Et c'est ça qui est dangereux en fait dans ce qu'ils sont en train de faire.
03:17 Parce que je n'ai jamais entendu M. Darmanin sur cette mère de famille à ESH
03:21 qui a perdu un pouce en manifestation.
03:23 Je ne l'ai jamais entendu sur cette jeune fille de 17 ans.
03:25 Et donc ça serait normal de n'avoir rien à dire sur eux.
03:28 Et je vais vous expliquer pourquoi.
03:30 Ils sont obligés d'être dans une sorte de vision manichéenne
03:32 où on ne peut rien dire sur la police.
03:34 Où jamais vous ne les entendrez dire des choses sur les mains arrachées,
03:37 une testicule explosée ou ces choses-là. Pourquoi ?
03:39 Parce que quand vous n'avez un pouvoir qui ne tient plus que sur la répression,
03:44 alors vous êtes obligés d'être dans cette vision manichéenne
03:47 où vous ne pouvez plus rien dire
03:49 et vous devez absolument faire en sorte que la police tienne sur cette question.
03:53 Parce que leur pouvoir ne tient que par la répression aujourd'hui.
03:57 – Au sujet des violences policières justement couvertes ou non par l'exécutif,
04:00 on se souvient que vous avez essayé d'imposer un débat sur la dissolution de la BRAV-M,
04:05 la brigade de répression des actions violentes motorisées dans l'hémicycle.
04:08 Alors qu'est-ce qui n'a pas marché ? Et qu'est-ce que cet échec nous enseigne ?
04:12 – La première chose, qu'est-ce qui n'a pas fonctionné ?
04:14 Vous avez des macronistes qui ont décidé d'enterrer la pétition le plus vite possible.
04:18 J'explique aux gens qui nous écoutent, à l'époque on nous avait dit,
04:21 il y a quelques années, regardez nous allons ouvrir grand
04:25 les portes de l'Assemblée nationale aux citoyens.
04:27 Et donc si 100 000 personnes signent une pétition,
04:29 alors nous pouvons en discuter en commission.
04:31 Si 500 000 personnes signent la pétition, alors nous aurons un débat en hémicycle.
04:36 On parle d'un débat, c'est quand même pas un truc extraordinaire
04:39 de débattre dans une République, dans une démocratie et dans une Assemblée.
04:44 Que s'est-il passé ? Ils ont donc inscrit à l'ordre du jour,
04:47 puisque ça avait dépassé pour la première fois de l'histoire parlementaire 100 000 signataires.
04:51 Ils l'ont donc examiné en commission et ont décidé immédiatement qu'ils la classaient
04:56 et donc ont bloqué le nombre de signataires pour que pas qu'elles ne puissent
05:00 aller jusque 500 000, ce qu'elles allaient faire de toute évidence.
05:03 Alors là, il y a une deuxième pétition qui a été faite, etc.
05:06 Moi, j'ai demandé est-ce que ça soit quand même inscrit à l'ordre du jour,
05:08 parce que c'était possible de la part de la conférence des présidents
05:11 et, une surprise incroyable, la Renaissance a refusé, les Républicains ont refusé,
05:17 aidés bien sûr toujours par le Rassemblement national,
05:20 qui aussi ont refusé qu'on ait une discussion sur cette question.
05:23 Qu'est-ce que ça veut dire de tout cela ?
05:24 C'est que même si même une pétition qui provoque juste un débat,
05:28 où chacun s'exprime sur cette question,
05:30 tout le monde a le droit de ne pas être d'accord avec le fait qu'on fasse disparaître les voltigeurs,
05:34 mais au moins qu'on puisse en débattre, puisque c'est un débat qui anime le pays,
05:38 lorsqu'on refuse même ça, c'est la preuve éclatante de ce qu'on dit depuis très longtemps,
05:43 mais que je pense beaucoup de gens comprennent aujourd'hui,
05:46 qui est que vous avez une Ve République qui est faite pour exclure systématiquement les citoyens de la décision politique.
05:53 Et la Ve République, elle est faite pour que vous ayez une sorte de roi républicain,
05:57 Emmanuel Macron, qui est dans son arrogance absolument pure,
06:00 peut croire qu'il peut être tout seul et avoir raison tout seul contre tout un peuple.
06:05 Et que même un débat, même un référendum d'initiative partagée, etc.,
06:10 et bien même ça, on nous le refuse.
06:12 Alors Mathilde Planot, la question qui se pose après le 1er mai,
06:15 alors que la prochaine échéance de l'intersection électorale est prévue le 6 juin,
06:18 c'est que faire ? Comment ne pas s'enliser ?
06:21 D'autant plus qu'on apprend tout de suite que le Conseil constitutionnel
06:26 a rejeté la 2e demande de référendum d'initiative partagée sur la réforme des retraites.
06:32 On a l'impression que tout est bouclé, verrouillé.
06:34 Comment sortir de la nasse ?
06:36 Bon, alors, il y a plusieurs choses.
06:38 Déjà, le Conseil constitutionnel, vous vous y attendiez peut-être ?
06:41 Oui, on n'avait pas trop...
06:43 Enfin, le Conseil constitutionnel regarde par rapport à la Constitution de la Ve République,
06:47 avec des gens qui sont choisis par les pouvoirs depuis plusieurs années.
06:51 Donc, il n'y a pas de surprise spécifique au fait qu'une nouvelle fois,
06:55 il refuse le référendum d'initiative partagée,
06:58 si ce n'est que c'était une manière de sortir par le haut le pays
07:02 de la situation d'impasse dans laquelle le président nous a mis.
07:05 Parce que ce qu'il faut comprendre, c'est que quand vous arrivez à des épisodes de violence
07:10 comme ça dans un pays, ça vient de quelque chose.
07:13 Et ça vient notamment du fait que vous avez un président de la République,
07:16 c'est comme s'il n'en utilise cette image-là,
07:18 parce que je crois que tout le monde comprend,
07:20 c'est comme s'il avait allumé un feu à un endroit,
07:22 et ensuite il avait bouché toutes les issues démocratiques,
07:25 les unes après les autres, et qu'il ne restait rien.
07:27 Et je vais vous dire pourquoi je pense qu'Emmanuel Macron a fait une grave erreur
07:31 en jouant le pourrissement.
07:32 Parce que nous, on nous rappelle depuis janvier que ça va s'essouffler.
07:35 Ensuite, il y a le 49-3, on nous a dit "bon, c'est fini,
07:37 49-3, adopter sans vote, ça va s'essouffler".
07:40 Puis ensuite, le Conseil constitutionnel, c'est fini, ça va s'essouffler.
07:44 Eh bien, ce n'est pas ce qui se passe.
07:45 Et là où il a fait une grave erreur, en pensant que les gens allaient abandonner,
07:49 en pensant que les gens allaient, en quelque sorte, tourner la page,
07:53 c'est d'abord, un, que nos vies ne sont pas des pages qu'on tourne,
07:58 et là on parle d'une réforme qui touche les gens dans leur chair.
08:00 J'étais avec des égoutiers récemment, qui eux, ont 17 ans d'espérance de vie
08:05 en moins que le reste de la population.
08:06 Donc si vous pensez que ces gens vont s'arrêter, ils se trompent.
08:09 De même avec les éboueurs qui ont 7 ans d'espérance de vie en moins que les autres.
08:13 De même avec les aides à domicile, qui doivent porter des corps toute la journée
08:16 et qui ne peuvent pas continuer jusqu'à 64 ans.
08:18 Donc un, nos vies ne sont pas des pages qu'on tourne.
08:21 Et la deuxième chose d'avoir joué le pourrissement, c'est qu'à la fin,
08:24 quand vous entendez notamment ce pourquoi les gens sont dans la rue le 1er mai,
08:27 et ce pourquoi les gens veulent continuer,
08:29 ce n'est plus uniquement sur la réforme des retraites.
08:31 Les gens parlent d'augmentation des salaires, les gens parlent de leur travail,
08:35 les gens parlent de démocratie et de qui décide dans ce pays.
08:38 Et donc c'est finalement l'ensemble du monde d'Emmanuel Macron que les gens rejettent.
08:42 L'intersyndical a fait son travail, la NUPES a fait son travail.
08:46 Grâce à l'intersyndical, pas que, mais qui a mis des millions de gens dans la rue chaque semaine,
08:52 il y a eu des grèves, il y a eu... Il n'y a aucune légitimité populaire à ce texte.
08:56 Et grâce à la NUPES, il n'y a aucune légitimité parlementaire à ce texte.
09:00 Donc nous avons fait notre travail, et moi je n'aimerais pas qu'on se flagelle sur je ne sais quoi.
09:04 Dans n'importe quelle démocratie normale, le président aurait cédé.
09:07 C'est parce que vous avez Emmanuel Macron, qui pense qu'il peut continuer tout seul,
09:11 mais je vais vous dire que nous ne savons peut-être pas comment nous allons nous en sortir,
09:16 mais ils ont déjà été battus. Ils ont déjà été battus, et maintenant il faut qu'on arrive à emporter cette victoire.
09:21 Et je vous dis juste dans les points de faiblesse qui me semblent intéressants de la part de ce gouvernement,
09:25 vous n'avez pas un seul déplacement du président évidemment, mais de la ministre,
09:30 de secrétaire d'État jusqu'au parlementaire, sans que les gens soient là pour demander des comptes.
09:35 Que ça soit par des casseroles, des sifflets, par tout ce qu'ils peuvent pour exprimer leur voix.
09:39 Et quand je vois le nombre de parlementaires qui sont aujourd'hui à l'Assemblée macroniste,
09:43 et ce depuis le 49.3, je vous assure qu'ils ont déserté les bancs.
09:46 Et que ça annonce des nouveaux échecs pour la Macronie.
09:49 (Bruit de bouche)
09:51 (Bruit de bouche)
09:53 (Bruit de bouche)
09:55 (Bruit de bouche)
09:57 (Bruit de bouche)
09:59 (Bruit de bouche)
10:01 [SILENCE]

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