Ce mercredi, le département des Pyrénées-Orientales passe en niveau de crise sécheresse. Niveau qui implique de nouvelles restrictions d’usage de l’eau, mais parmi toutes les mesures, aucune ne concerne le tourisme. Pour Brice Sannac, président de l’Union des Métiers et des Industries de l’Hôtellerie dans le département, il faut préserver cet argument commercial du département.
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00:00 Et dans ce plan sécheresse, un secteur qui passe entre les gouttes, c'est celui du tourisme. On en parle avec votre invité Simon Colbert.
00:07 - Bonjour Brice Sanac, vous êtes hôtelier à Bagnouls, vous êtes président aussi de l'UMI66, c'est le principal syndicat
00:12 de la profession dans notre département. Et c'est vrai, on a beau chercher, éplucher ces nouvelles restrictions d'eau, Brice Sanac,
00:19 il n'y a rien pour le secteur du tourisme. Feu vert par exemple pour les piscines dans les hôtels,
00:22 celle des campings aussi, pas de jauge non plus sur le nombre de touristes.
00:26 - Vous êtes soulagé ce matin ? - Alors on est soulagé et puis surtout on est satisfait du travail qui a été apporté depuis de nombreux mois.
00:32 La crise de l'eau, nous la découvrons pas aujourd'hui, ça fait plusieurs mois que nous travaillons avec les services de l'état
00:37 à mettre en place un protocole. Un protocole qui a déjà permis d'économiser plus de 80 000 m3 dans l'hôtellerie
00:43 et restauration des Pyrénées-Orientales, et un nouvel engagement à travers ce passage en niveau 2
00:49 d'un plan de crise qui contient quatre niveaux que nous avons créé
00:54 et qui économisera à nouveau 20 000 m3 supplémentaires. Donc c'est une satisfaction mais également
01:00 de la concentration et du travail pour que cette saison se fasse, pour que tout le territoire
01:05 bénéficie de cette saison touristique à venir. - Mais rien du tout, pas de nouvelles restrictions pour le secteur de l'hôtellerie par exemple alors que les
01:11 agriculteurs doivent encore couper le robinet, ça vous semble juste ? - Alors nous avons de nouvelles restrictions, nous avons des restrictions sur l'eau de loisir.
01:17 Il y a un travail qui a été fait au niveau des spas où nous mettons en place la ré-hutte, donc nous allons réutiliser l'eau des spas
01:24 des spas, c'est des bains bouillonnants, on peut appeler ça comme on veut, des jacuzzis,
01:28 qui ont besoin d'être vidés assez régulièrement. Elle sera
01:31 réutilisée, elle sera mise à disposition d'agriculteurs dans un cadre plus vertueux pour qu'une eau de loisir puisse servir deux fois. - Hier vous avez aussi sauvé
01:39 vos piscines, est-ce que les piscines on est vraiment obligé ? Je prends l'exemple de votre établissement à Banyuls, les Elm, une plage magnifique
01:44 20 mètres en face de votre hôtel, est-ce que c'est si important que ça une piscine chez vous ? - Alors
01:50 prenez l'exemple de mon établissement, je vous remercie, j'ai une piscine qui fait 5 mètres par 4, qui est une piscine qui est entretenue par un
01:56 pisciniste professionnel et un employé d'entretien
01:59 professionnel formé là-dessus, donc il n'y a pas de vidange,
02:05 il y a un traitement qui est hyper minutieux pour éviter la déperdition,
02:08 il y a une couverture aux heures chaudes de la journée, ce sont des engagements qu'a pris Lumi pour éviter les vapeaux transverses. - Mais la plage est magnifique, elle est 20 mètres
02:15 devant chez vous, on en a besoin sinon les touristes ne viennent pas chez vous par exemple ?
02:20 - Je pense que c'est un argument commercial pour le département, pour mon établissement je ne vais pas en parler, je ne pense pas que ce soit un
02:25 argument si important que ça en plein été, mais je pense que c'est un argument commercial et c'est surtout un indicateur.
02:31 Si on coupe les piscines ici, vous savez ce week-end j'étais à Cadaquès,
02:34 ils ont les mêmes problèmes de sécheresse que nous, toutes les piscines sont débordantes.
02:37 On va se retrouver en déséquilibre commercial et de communication
02:42 qui peut nous amener dans le mur, le but c'est quand même pas d'amener le département dans le mur. - Mais il y a des symboles qui comptent aussi,
02:47 même si c'est effectivement peu d'eau, vous disiez 5 mètres par 4,
02:49 c'est pas ça qui va sauver l'agriculture du département, votre piscine en tout cas de votre établissement, mais il y a des symboles qui comptent.
02:54 Qu'est ce qu'on peut dire à un agriculteur qui va voir ses arbres mourir cet été quand il va voir des images de touristes qui pataugent,
03:00 qui font trempette dans une piscine alors que la mer est à 20 mètres ? - Très clairement on n'est pas dans le conflit d'usage, je pense que chaque
03:07 secteur professionnel apporte sa pierre à l'édifice, le tourisme en fait partie.
03:11 - Mais qu'est ce qu'on peut dire aux agriculteurs ? - Je crois qu'il y a le préfet qui vient après, c'est lui qui doit parler au niveau des agriculteurs.
03:19 Nous au niveau des agriculteurs, je pense qu'on est des ambassadeurs, on est des ambassadeurs de leurs produits, on met en place
03:25 de la promotion de produits, l'abricot du roussillon, la cerise de serré, mais ce sont des produits qu'on retrouve partout.
03:31 On est dans une crise de sécheresse, c'est compliqué pour tout le monde, il y a des arbitrages qui ont été faits et je veux bien dire que
03:36 le monde du tourisme a fait les efforts nécessaires, on va travailler en mode dégradé tout cet été dans nos entreprises,
03:42 l'objectif c'est quand même de faire la saison parce que dans ce cas là on ferme les frontières comme certains élus et certains s'amusent
03:48 à le dire. - Justement il y en a qui disent "il faut des jouges, on ne peut pas accueillir tout le monde", est-ce que c'est raisonnable ça ?
03:52 D'accueillir autant de monde, d'accueillir de nouveau, car je laisse, passe par exemple de 10 000 habitants
03:57 l'hiver à 150 000 l'été, est-ce que dans le contexte actuel c'est encore raisonnable ?
04:01 - Moi j'ai une question, est-ce que le département a les moyens, qui est un des plus pauvres de France,
04:05 de se permettre de passer sur une saison touristique ?
04:07 Je vous pose la question, est-ce que demain vous irez justifier à cette antenne
04:10 40-50 000 demandeurs d'emploi supplémentaires ?
04:13 Est-ce que demain vous irez justifier 1,7 milliard de PIB en moins pour le département qui est un des plus pauvres de France ?
04:19 Il faut le rappeler, si nous passons à côté de la saison touristique, ce sont des milliers d'emplois qui vont disparaître et puis
04:25 j'entends parfaitement le coup de l'agriculture parce que vraiment on échange et on
04:30 travaille en toute transparence avec les agriculteurs et on essaie d'être à leur côté et mais à un moment
04:35 il y a aussi les hôtels, il y a aussi les restaurants, il y a aussi les chefs d'entreprise qui se sont endettés,
04:39 qu'est-ce que je leur dis ? Je leur dis d'aller se jeter d'un pont ?
04:42 - Mais il y a aussi les indemnités a priori qui vont être versées aux agriculteurs s'ils perdent leur récolte, pourquoi il n'y aurait pas des indemnités
04:48 aussi pour les hôteliers
04:49 qui s'engageraient à accueillir moitié moins de monde cette année compte tenu de la sécheresse ? Est-ce que ça c'est un dispositif qui n'est pas exploré ?
04:55 - Pour l'instant c'est une fin de non recevoir et très honnêtement je suis chef d'entreprise
05:00 c'est pas mon style de parler de demander des indemnités, je me lève le matin et je vais bosser et
05:05 après c'est qu'après qu'on va voir
05:07 ce qui s'est passé. Pour l'instant on essaie de faire la saison, on essaie de travailler certes en mode dégradé
05:11 mais on essaie surtout d'offrir un beau visage à notre département. Ce plan que nous proposons, on propose un plan de résilience, on propose un plan
05:18 pour permettre à notre département dans les cinq prochaines années d'investir massivement,
05:21 je préfère les demander de l'argent à l'état pour investir dans nos établissements pour les rendre encore plus vertueux
05:27 plutôt que demander de l'argent pour nous alimenter au jour le jour.
05:30 Nous devons créer dans ce département une filière du tourisme vert, le tourisme le plus écolo de France.
05:36 Ce sera un argument marketing mais ce sera aussi un argument pour faire encore mieux cohabiter les habitants du département
05:41 avec les professionnels du tourisme. - Merci Brice Sanac, hôtelier à Banyuls et donc président de l'UMI 66, le principal syndicat
05:48 de la restauration et de l'hôtellerie en pays catalan. Bonne journée à vous et bon été évidemment.