La France fait-elle encore rêver les grandes entreprises ?

  • l’année dernière
Les Vraies Voix avec Philippe Bilger, René Chiche, Tom Connan et Eric Delannoy, économiste et président-fondateur de Tenzing Conseil.

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##LE_GRAND_DEBAT_DES_VRAIES_VOIX-2023-05-12##
Transcript
00:00 - C'est dur là, c'est dur !
00:02 - Le grand débat du jour.
00:03 84% des dirigeants d'entreprises étrangères implantées dans l'Hexagone
00:07 estiment que le pays est redevenu attractif.
00:10 La France grimpe les marges du podium des pays européens
00:13 qui accueillent le plus d'entreprises étrangères.
00:15 - Les investissements étrangers en France, c'est d'abord des investissements européens.
00:18 Un investissement sur cinq vient aussi des Etats-Unis.
00:21 - Alors les investissements étrangers c'est quoi ? C'est des usines, mais pas seulement !
00:23 C'est aussi des banques, des services divers, des entrepôts logistiques.
00:26 - La France est très bien située géographiquement pour attirer les entreprises étrangères
00:31 qui veulent se déployer en Europe.
00:33 - Et Emmanuel Macron est à Dunkerque aujourd'hui pour visiter une usine de batterie électrique
00:41 créatrice d'au moins 3000 emplois.
00:43 Le président de la République a une nouvelle fois affirmé l'urgence de réindustrialiser le pays.
00:47 Le chef de l'État a promis de simplifier et d'accélérer les procédures d'implantation industrielle en France
00:53 afin de faire face à la concurrence des Etats-Unis et de la Chine.
00:57 - Que dit-il ? Réindustrialiser la France, c'est créer du pouvoir d'achat,
01:01 financer notre modèle social, réduire le déficit du commerce extérieur.
01:06 Et le président de la République s'appuie sur une bonne dynamique.
01:09 La France attire les grandes entreprises, elle séduit les investisseurs étrangers
01:13 pour la quatrième année consécutive.
01:16 Tenez-vous bien, nous sommes leaders sur le continent européen pour l'attractivité économique.
01:22 D'où la question, Cécile.
01:23 - Absolument. La France fait-elle encore rêver les grandes entreprises ?
01:25 Pour l'instant, vous dites non à 90% avec notre numéro de téléphone 0826 300 300.
01:30 Et notre invité ce soir, Éric Delenoy, qui est avec nous.
01:33 Bonsoir, merci d'être avec nous. Économiste et président fondateur de Tenzing Conseil.
01:38 Merci d'être là. Philippe Bilger, l'attractivité de la France,
01:42 réindustrialiser, c'est ce qu'on attendait depuis très longtemps.
01:46 Et on a l'impression finalement que ça se catapulte avec l'écologie.
01:50 - Oui, alors il y a quelque chose de surprenant et dont je m'accable, peut-être moi-même.
01:57 J'avais le sentiment qu'Emmanuel Macron ne tirait jamais les leçons de crise ou de catastrophe sur la santé, par exemple.
02:06 On n'avait pas l'impression qu'il avait réellement remis en marche tout ce qui n'allait pas.
02:12 Sur l'industrialisation, il en a parlé. J'avais l'impression que, comme toujours,
02:18 avec beaucoup d'habileté, il récupérait ce qui lui avait été imposé,
02:23 donc il n'avait pas tiré les conséquences. Et pourtant, et je termine là-dessus,
02:28 il faut croire que l'analyse que vous venez de communiquer montre qu'il y a une effectivité du succès de la France
02:38 et que peut-être derrière cette politique qui apparaît parfois trop contrastée, trop simultanée, ambigüe, il y a des résultats.
02:47 C'est une question que je...
02:49 Bizarrement, je trouve que dans ce pays, il y a plein de problèmes, il y a des manifs sans arrêt,
02:53 il y a quand même des difficultés qui s'accumulent depuis des années, depuis les Gilets jaunes notamment,
02:57 mais c'est vrai qu'il y a une résilience. Et j'ai l'impression que c'est en fait dû d'une certaine façon aux difficultés qu'on a.
03:03 Les difficultés, c'est notamment des dépenses publiques très importantes, des inégalités,
03:08 on pourrait parler de plein de sujets différents, mais en même temps, ça sert de matelas amortisseurs.
03:13 En économie, c'est vrai que c'est quelque chose d'assez important.
03:15 On voit que l'épisode du Covid, peu importe quel est l'argument, quels sont les arguments qu'on a là-dessus,
03:21 quel est le jugement qu'on en tire quelques années après,
03:23 mais c'est vrai que toutes les aides ont quand même permis aux entreprises et à pas mal de ménages de survivre,
03:28 en tout cas pour le gros des bataillons, et donc derrière de pouvoir continuer et reprendre, on pourrait dire, une activité économique normale.
03:35 Alors que dans d'autres pays, c'est le cas avec l'Angleterre, évidemment pour le Brexit notamment,
03:39 mais aussi qui a subi les effets de la crise du Covid plus durement.
03:42 On est résilients, on résiste aux crises, même si on va peut-être plus lentement que les autres.
03:46 - Non mais c'est ce que je disais il y a 15 jours, il se passe des choses bien en France,
03:50 il n'y a pas que des manifestations, des casseroles, donc c'est un fait.
03:53 La France est un pays qui attire les investisseurs étrangers.
03:56 Il ne faut pas oublier non plus que la région Ile-de-France, c'est je crois la première région européenne,
03:59 qui a même dépassé la région du Grand Londres en matière d'investissement.
04:03 - L'Ile-de-France, sur les numéros. - Si je ne me trompe pas, exactement.
04:05 Il y a pourtant des handicaps au niveau de l'économie française et au niveau de l'attirance des investisseurs étrangers.
04:12 La France a quand même une fiscalité qui est très prenante
04:16 et il y a aussi un manque de souplesse dans le droit du travail qui pourrait décourager les investisseurs étrangers.
04:22 Mais il y a d'autres avantages dont on reparlera avec notre invité tout à l'heure, qui ont des choses à dire.
04:26 Donc moi je trouve que c'est un fait et il ne faut pas oublier non plus qu'Emmanuel Macron,
04:30 c'est un président, il ne faut pas l'oublier, pro-business.
04:33 - Éric Delanois, économiste et président fondateur de Tenzing Conseil, est donc avec nous.
04:37 Alors Éric Delanois, il y a une question qu'on voudrait vous poser,
04:40 parce que ces bons résultats sont souvent mis en avant sur déjà le travail anticipé de François Hollande.
04:50 Alors, à qui finalement les lauriers ? Plus à François Hollande ou plus à Emmanuel Macron ?
04:55 - Vous savez qu'il y a quand même une tradition depuis quelques années,
04:57 c'est que Macron n'a fait que des choses mauvaises, pour beaucoup de médias.
05:01 Donc c'est forcément soit c'est pari de l'Etat, soit...
05:04 - Pour beaucoup de médias, les médias se font l'écho.
05:06 - Oui, ils se font l'écho. En tout cas ils cristallisent beaucoup de choses qui sont complètement fausses.
05:09 Et évidemment, il y a eu François Hollande qui avait démarré,
05:12 notamment sur la réindustrialisation de la France, beaucoup de choses,
05:16 qui avait mis en place les lois El Khomri, qui était déjà une réforme du travail,
05:19 mais qui sont des, j'ai envie de dire, des bombes à mèche lente en fait.
05:25 Et personne ne se rappelle qu'il n'a pas été, il ne s'est pas représenté uniquement
05:30 parce qu'il n'avait pas réussi à inverser la Cour du chômage.
05:32 Alors qu'aujourd'hui le chômage n'a fait que baisser, depuis maintenant quasiment 7 ans,
05:37 et que plus personne n'en parle.
05:39 Enfin, je veux dire, on parle de plein emploi, ça ne choque personne.
05:42 - Donc non-tact, non-tact pour François Hollande.
05:44 - Mais oui, donc oui, il y a eu des choses, maintenant ça fait 7 ans.
05:47 - Après, il y a plein de gens qui ont une lecture de la Cour du chômage un peu différente.
05:51 - Mais on peut toujours avoir des lectures de tous les chiffres,
05:53 mais le problème c'est qu'effectivement on en fait ce qu'on veut.
05:56 Maintenant il y a une chose qui est évidente, c'est qu'après 6 ans de pouvoir,
05:58 on ne peut pas dire qu'on est encore dans l'héritage de François Hollande.
06:02 Donc à ce titre-là, il y a quand même eu des lois de travail qui ont été faites quand il est arrivé.
06:06 Il y a eu cette fameuse loi Pacte qui a simplifié considérablement la vie des PME.
06:10 Et puis, effectivement, il y a eu une logique pro-business depuis le début,
06:13 qu'on lui a reproché d'ailleurs, cette politique de l'offre,
06:16 le sentiment d'avoir une politique ultra-libérale.
06:20 Moi j'ai entendu ça, la France est un pays ultra-bilibéral,
06:22 mais qu'est-ce que ça veut dire une France ultra-libérale
06:24 quand on a 56% de prélèvements obligatoires,
06:28 pas très long, de dépenses publiques ?
06:30 C'est absurde.
06:32 - Philippe Hulger qui voulait vous poser une question.
06:34 - D'abord, je ne crois pas, mais ça n'est pas central,
06:40 que François Hollande ait été obligé de ne pas se représenter
06:45 uniquement à cause du chômage.
06:47 Il y a eu d'autres problèmes politiques beaucoup plus sérieux.
06:50 - Mais surtout, il n'a pas assumé cette politique, François Hollande.
06:54 - Absolument. Si vous le voulez bien, c'est autre chose qui m'intéresse.
06:58 Comment alors, à partir de votre analyse,
07:01 en disant que ça a commencé à s'améliorer avec François Hollande
07:05 et qu'Emmanuel Macron aurait poursuivi un processus,
07:09 comment fait-il que beaucoup de Français,
07:11 notamment avec la pandémie, aient eu le sentiment,
07:14 et le pouvoir lui-même le disait,
07:17 que l'industrialisation était en panne sèche chez nous ?
07:20 - Parce que les problématiques d'industrialisation
07:22 sont des problématiques qui se voient sur 10 ans.
07:25 On le voit, l'implantation d'un site industriel, c'est 18 mois.
07:29 Aujourd'hui, c'était plus que ça.
07:31 Souvenez-vous, quand il y a eu la crise du Covid,
07:34 on s'est dit, ça manque de paracétamol en France.
07:36 On ne produit plus de paracétamol en France.
07:38 Donc on s'est dit, on va produire du paracétamol en France.
07:40 C'était en 2020.
07:41 - Les sujets de la souveraineté nationale.
07:43 - En 2022, les sites qu'ils devaient produire
07:45 ne sont toujours pas opérationnels.
07:47 Parce qu'on n'arrive pas à débloquer
07:49 un certain nombre de processus administratifs
07:51 qui sont extrêmement longs.
07:52 - Et on n'arrive pas à embaucher non plus.
07:54 - Et on n'arrive pas à embaucher.
07:55 Alors ça, c'est un deuxième sujet
07:56 qui n'est pas vrai dans toutes les régions.
07:58 Il faut savoir que, bizarrement et paradoxalement,
08:00 un des aspects de l'attractivité de la France,
08:03 c'est son chômage qui reste élevé.
08:05 Parce qu'un chômage élevé fait qu'on a moins besoin
08:08 de trouver de personnes qualifiées,
08:10 surtout dans le cadre d'usines.
08:12 C'est un problème de manque de personnes
08:14 sur les personnes très qualifiées.
08:16 - Ce qui est le contraire de l'Allemagne en l'occurrence.
08:18 - Est-ce que vous ne pensez pas que, d'une certaine façon,
08:20 c'est le malheur des uns qui fait le bonheur des autres ?
08:22 Parce qu'on a l'impression que, d'un côté,
08:24 il y a eu la loi El Khomri il y a quelques années
08:26 et qui avait justement suscité beaucoup de contestations.
08:28 Récemment, la réforme des retraites, également.
08:30 Les gilets jaunes, tout ça.
08:31 En tout cas, pour les deux derniers exemples,
08:33 ce sont quand même déroulés sous le mandat de Macron,
08:35 le premier, puis après le deuxième.
08:36 Et donc, est-ce que, justement,
08:38 le malheur des investisseurs,
08:40 ce n'est pas justement le malheur,
08:42 ou la tristesse, ou le regret, la contestation
08:44 d'autres personnes dans la société ?
08:46 Et donc, le gilet de Président des riches
08:48 serait conforté, d'une certaine façon, par l'analyse ?
08:50 - Je ne souscris pas du tout à cette analyse.
08:53 Parce que d'abord, le Président des riches,
08:55 ça a été une fabrication de gens qui n'ont pas supporté
08:57 qu'il se fasse évincer par quelqu'un qui n'est nulle part.
08:59 Il y a quand même eu ça pendant quelques années.
09:01 Et rappelons quand même que le Président des riches,
09:03 c'est celui qui a fait le plus pour les classes populaires
09:05 et pour la diminution de la pauvreté depuis 30 ans.
09:08 Donc, il faut quand même s'en souvenir, ça.
09:10 On a dit que c'était le Président des riches,
09:11 parce que la première mesure qu'il a fait, effectivement,
09:13 ce qui n'était peut-être pas très habile politiquement,
09:15 mais c'était très utile économiquement,
09:17 c'est qu'il a supprimé l'ISF.
09:18 C'est venu que de là.
09:19 - En fait, vous nous expliquez le mécanisme,
09:21 c'est-à-dire, je renforce les riches
09:23 pour mettre un dynamisme au service des pauvres.
09:25 - Alors, je renforce les riches, j'enlève...
09:27 - Schématiquement.
09:28 - J'enlève un ISF qui n'a jamais fait la démonstration
09:30 que c'était économiquement viable.
09:32 Pour ça, on a eu un reflux de personnes
09:34 qui étaient capables de pouvoir mettre en place
09:36 une dynamique d'entreprise.
09:38 Il a soutenu l'entreprise.
09:40 Rappelons quand même que le taux de l'impôt sur les sociétés,
09:42 il a baissé de 33 à 25 %,
09:44 ce qui est une baisse considérable.
09:46 Il a permis de reconstituer les marges des entreprises,
09:49 ce qui a permis de relancer l'investissement.
09:51 Et sachez bien aujourd'hui que une des critiques
09:53 que l'on fait sur la réindustrialisation
09:55 qui est en train de se faire,
09:57 c'est qu'elle n'est pas pourvoyeuse
09:59 de très forts emplois. Pourquoi ?
10:01 Parce que la France est un paradis fiscal
10:03 pour la recherche et développement.
10:05 Nous avons en France beaucoup de sièges de recherche et développement
10:07 qui s'installent, mais qui sont plus technologiquement fournis
10:09 qu'en main d'oeuvre.
10:11 Et ça, c'est un vrai sujet.
10:13 - Oui, mais ce qui pose une question sur les filières,
10:15 sur les formations...
10:17 Parce que c'est très bien de réindustrialiser,
10:19 mais derrière, il va falloir du personnel.
10:21 - C'est pour ça que ce qui me plaît dans la séquence d'aujourd'hui,
10:23 puisqu'on parle de séquence politique,
10:25 c'est quand même une forme de cohérence
10:27 que nous n'avions pas vue dans l'annonce des gouvernements.
10:29 La cohérence, c'est quoi ?
10:31 C'est qu'on parle de réindustrialisation,
10:33 mais en même temps, on sort d'une séquence sur le lycée professionnel.
10:35 Et on est bientôt sur une séquence
10:37 sur France Travail.
10:39 Et donc, associer la formation
10:41 à la reconstitution de filières,
10:43 avec en plus l'énergie décarbonée,
10:45 où on remet au goût du jour le nucléaire
10:47 après une longue tergiversation
10:49 qu'on lui a reproché à juste titre.
10:51 Le nucléaire qui provoque de l'énergie
10:53 décarbonée qui intéresse les investisseurs étrangers
10:55 est un facteur clé de l'attractivité de la France.
10:57 Avant d'aller au 0,826, 300, 300, René Chich.
10:59 Je suis en fait d'accord avec vous sur le taux de chômage.
11:01 Effectivement, l'Allemagne ayant moins
11:03 de chômeurs qu'en France,
11:05 attire moins visiblement les investisseurs étrangers.
11:07 Et d'ailleurs, c'est pour ça aussi qu'il y a certaines régions,
11:09 comme les Hauts-de-France, qui attirent beaucoup d'investisseurs.
11:11 Il y a beaucoup de chômage là-bas.
11:13 Par contre, j'aurais une question à vous poser.
11:15 Est-ce que vous pensez quand même que les investisseurs étrangers
11:17 peuvent être sensibles aux tensions politiques
11:19 et sociales qui existent actuellement en France ?
11:21 Imaginons qu'un pouvoir qui ne serait pas du tout
11:23 un pouvoir un petit peu pragmatique et pro-business
11:25 comme Macron, qui a quand même,
11:27 quoi qu'on l'aime ou qu'on l'aime pas,
11:29 une certaine crédibilité dans ce domaine.
11:31 Est-ce que vous pensez par exemple que s'il y avait
11:33 quelqu'un comme Marine Le Pen au pouvoir dans 4 ans maintenant,
11:35 est-ce que vous pensez que les investisseurs étrangers
11:37 seraient moins tentés d'investir en France
11:39 parce que ça serait Marine Le Pen au pouvoir ?
11:41 Moi, je n'en suis absolument qu'un vécu.
11:43 Pour le coup, c'est pour ça qu'on ne peut pas parler
11:45 que de l'héritage de François Hollande.
11:47 Emmanuel Macron a mis en place
11:49 une dynamique business et incarner
11:51 la dynamique business. Marine Le Pen
11:53 n'incarne rien de tout ça. Enfin, je veux dire,
11:55 il faut quand même le voir. Donc, moi, je suis
11:57 convaincu que pour deux raisons majeures,
11:59 il y aurait un effondrement de l'attractivité de la France.
12:01 Première raison, c'est effectivement
12:03 le sentiment que c'est quelqu'un qui n'y connaît rien
12:05 au phénomène économique et qui ne va pas rassurer
12:07 sur la cohérence fiscale, la cohérence
12:09 business des sujets. Et la deuxième
12:11 raison, c'est que ça va tellement faire peur
12:13 aux investisseurs qu'on va avoir une hausse des taux
12:15 considérable avec une prime de risque qui sera payée
12:17 sur la dette et qui fait que ça va
12:19 provoquer un vrai problème
12:21 en termes de soutenabilité des dépenses.
12:23 Ça serait pareil si c'était Mélenchon, non ?
12:25 - Allez, 0826-300-300,
12:27 Hector est avec nous.
12:29 Hector, vous voulez réagir ?
12:31 - Oui, je ne suis pas un grand spécialiste
12:33 de l'économie, mais
12:35 j'entends parler. Bonjour à vous, déjà.
12:37 Vous avez l'air très calé en économie.
12:39 Mais bon, vous brandissez
12:41 un peu l'espèce de marotte en disant
12:43 "Ah, si c'est Marine Le Pen ou autre chose
12:45 qui est président,
12:47 on va payer... Vous avez dit quoi ?
12:49 On va payer les risques, on va jouer sur nos
12:51 taux d'intérêt." Ça veut dire quoi ? Ça veut dire que le
12:53 peuple français est soumis, en fait,
12:55 à une politique des taux d'intérêt qui va
12:57 être imposée par qui, en fait ?
12:59 - Allez, réponse de
13:01 Rien ne doit pas. Ah non, continuez.
13:03 - Je n'ai pas fini. - Allez-y, Hector.
13:05 - Je ne suis pas du tout un spécialiste,
13:07 mais au bout d'un moment, ça fait combien
13:09 d'années que la France est, soit disant, gérée
13:11 par des économistes ? Et là, en fait,
13:13 on nous dit "On va continuer à gérer
13:15 avec des économistes." Avec le succès
13:17 qu'on a, on parle de réindustrialisation,
13:19 d'accord, du moment que ça
13:21 garantisse notre indépendance nationale,
13:23 hein, évidemment,
13:25 les batteries, les semi-conducteurs, ça, c'est
13:27 important, mais je pense qu'il serait bon
13:29 aussi de faire de l'industrie un peu plus lourde, voire
13:31 même, pourquoi pas, dans le secteur de l'armement,
13:33 on ne fabrique plus une seule cartouche
13:35 en France pour nos forces armées. - C'est vrai, ça, c'est vrai.
13:37 - Et je suis ancien militaire ayant connu
13:39 le front. Donc,
13:41 je me pose des questions, donc, continuez, messieurs
13:43 les économistes, c'est très efficace
13:45 de le faire présent. - Bon, alors, Éric Delanois
13:47 vous répond, sachant qu'il y a plusieurs écoles d'économistes,
13:49 hein, donc ils ne pensent pas tous la même chose,
13:51 non plus, hein. - Et puis, c'est effectivement pas les économistes,
13:53 je vous rejoins sur le fait que ce ne sont pas les économistes
13:55 qui créent la réindustrialisation. Les économistes
13:57 peuvent éventuellement donner quelques principes intéressants
13:59 pour savoir où il faut investir.
14:01 Donc, c'est vraiment pas le sujet.
14:03 En revanche, sur la première question, sur la problématique
14:05 des taux d'intérêt, effectivement, la France,
14:07 70% de la dette de la France,
14:09 est détenue par des investisseurs étrangers.
14:11 Il est bien évident que si on a des taux d'intérêt qui augmentent
14:13 parce que les investisseurs demandent des garanties
14:15 et les garanties en économie,
14:17 ça veut dire des taux d'intérêt élevés,
14:19 eh ben, on aura beaucoup de mal à avoir
14:21 des finances publiques qui soient soutenables.
14:23 Et ça, ça va poser des vrais problèmes
14:25 de trajectoire budgétaire et économique.
14:27 Ça, c'est le premier point. Le deuxième point, vous avez raison
14:29 sur l'industrie lourde et sur l'industrie.
14:31 Le problème de l'industrie lourde,
14:33 il est double. D'abord, ça demande
14:35 énormément de temps pour les mettre en place
14:37 et ensuite, ça demande des compétences
14:39 qu'on n'a plus. Une des raisons pour lesquelles on a du mal
14:41 à redémarrer la filière nucléaire, qui est un des axes clés,
14:43 sur lequel, en plus, on a été un champion mondial
14:45 sur la filière nucléaire.
14:47 Mais c'est parce qu'on ne trouve pas de soudeurs.
14:49 Des soudeurs.
14:51 Parce qu'une soudure dans une centrale nucléaire,
14:53 ça n'a pas la même conséquence en termes de sécurité
14:55 que sur n'importe quelle autre industrie.
14:57 - Il y a un besoin énorme de compétences dans les industries nouvelles.
14:59 - Absolument. D'où
15:01 la nécessité de mettre en place un plan
15:03 autour de la formation, notamment
15:05 la réforme du lycée professionnel qui est annoncée.
15:07 Et c'est pour ça que je parlais d'une séquence assez
15:09 cohérente dans ce qui est annoncé aujourd'hui.
15:11 - Allez, 0826 300 300,
15:13 je crois qu'il y a encore quelqu'un qui voulait
15:15 réagir. Bonsoir. - Bonsoir.
15:17 - Bienvenue. Je n'ai pas votre prénom,
15:19 pardon. - Jean-Paul. - Jean-Paul.
15:21 - Et vous avez d'où, Jean-Paul ?
15:23 - D'Agen. - Agen.
15:25 Allez-y, question !
15:27 - Alors, question, voilà.
15:29 Je voudrais simplement réagir
15:31 par rapport aux chiffres du chômage.
15:33 Parce que je me suis retrouvé,
15:35 justement, au début de l'année, je me suis retrouvé,
15:37 mon entreprise a été en liquidation.
15:39 Et la personne
15:43 de Pôle emploi m'a dit que
15:45 les personnes qui étaient
15:47 en liquidation, on est comme dans
15:49 un CSP,
15:51 un truc spécial de Pôle emploi.
15:53 On n'était pas comptabilisés dans le chômage.
15:55 Donc le chômage peut baisser, mais
15:57 quand on voit toutes les entreprises qui
15:59 ferment et que le chômage baisse, j'ai du mal
16:01 à saisir, moi. - C'est pour ça que je disais,
16:03 ça dépend de la lecture qu'on a du chômage.
16:05 - De la lecture qu'on a
16:07 ou de la lecture qu'on a en accord. - Oui, c'est ça.
16:09 - Tom ? - Moi, de manière générale, je me demande si c'est
16:11 viable, effectivement. Parce que là, Macron, il est en place,
16:13 il est peut-être pro-business, etc. Mais effectivement,
16:15 d'un autre côté, il y a quand même un délitement
16:17 de la société, on le voit avec la réforme
16:19 des retraites qui, quand même, hystérise beaucoup
16:21 les débats. Et surtout, prenez même
16:23 des exemples très concrets du milieu même du business
16:25 comme Fichte, qui récemment
16:27 a dégradé la note de la France en disant
16:29 qu'il y avait notamment une instabilité politique.
16:31 Moi, je me demande, effectivement, si c'est vraiment pertinent
16:33 sur le long terme. Parce qu'à un moment donné, même si on fait des réformes
16:35 qui sont "pro-business" ou dans le
16:37 bon sens pour les affaires, si la société
16:39 n'est pas d'accord avec ça, sur le long terme, personne
16:41 n'y sera gagnant. Et notamment, justement,
16:43 les investisseurs. - Notre économiste, Eric Delannoye.
16:45 - Quand on dit que la société
16:47 n'est pas d'accord, il y a un vrai problème de déclassement
16:49 dans les régions,
16:51 notamment, que seule la
16:53 réindustrialisation peut
16:55 amener à limiter. Enfin, une des raisons
16:57 pour lesquelles, aujourd'hui, il y a une forme de désespérance,
16:59 c'est qu'il n'y a plus d'usines, il n'y a plus de boulots.
17:01 Il n'y a que des services publics. Et encore des services publics
17:03 qui disparaissent et qui fonctionnent mal.
17:05 Donc, la seule manière de redonner de l'espérance
17:07 à des Français qui n'en ont plus aujourd'hui, c'est de leur
17:09 donner du boulot là où ils sont. Donc, de
17:11 réindustrialiser. - Oui, mais est-ce qu'on est capable
17:13 de donner vite fait du boulot à des gens
17:15 qui n'ont pas été formés ? Parce qu'entre les
17:17 boulots d'hier et les boulots de demain,
17:19 il y a toute une frange de la population. - Absolument. - Qu'est-ce qu'on va en faire ?
17:21 - C'est pour ça que ça prend
17:23 du temps. Il n'y a pas de solution magique, sinon ça aurait été
17:25 fait. C'est la raison pour laquelle la réforme
17:27 France Travail va être
17:29 mise en place, qui consiste à mettre en place
17:31 une réforme la plus efficace
17:33 possible pour répondre aux nouveaux besoins des entreprises.
17:35 Et quant au chiffre du chômage,
17:37 le problème de ce que dit
17:39 votre interlocuteur, c'est que
17:41 cette erreur-là, elle existe depuis toujours.
17:43 Donc, en fait, ce qui est intéressant, c'est de voir l'évolution
17:45 sur des problématiques qui existent,
17:47 qui sont toujours les mêmes. La comptabilité n'a pas
17:49 changé. Et donc, on voit que les chiffres,
17:51 avec les mêmes erreurs, sont quand même
17:53 meilleurs. - Merci en tout cas.
17:55 - C'est bien l'économiste clair.
17:57 - Merci. - C'était très intéressant.
17:59 - C'est bien la première fois.
18:01 - C'est bien la première fois.
18:03 Économiste et président fondateur de Tenzing
18:05 Conseil, vous restez avec nous dans un instant.
18:07 Le Kikadishow, les amis ! - Ouais !

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