CLIMAT - « La rébellion est nécessaire», scandaient 1000 scientifiques début 2020, dans une tribune choc publiée par Le Monde. L’appel, disruptif au sein d’un monde de la recherche dordinaire plus réservé, a visiblement été entendu. Ces derniers mois, en France et ailleurs dans le monde, des chercheurs sont sortis de leur laboratoire pour arroser de peinture le siège d’une banque investissant dans les énergies fossiles ou se coller la main au sol d’un musée Porsche.
Derrières ces actions, le mouvement international « Scientifiques en rébellion », inspiré par les méthodes d’Extinction Rebellion, fait des émules. Vendredi 12 mai, au Havre, la branche française a organisé sa plus importante action dans l’Hexagone, réunissant plusieurs dizaines de personnes sur différents points de blocages ou de manifestation autour de la raffinerie Total de Normandie.
Derrières ces actions, le mouvement international « Scientifiques en rébellion », inspiré par les méthodes d’Extinction Rebellion, fait des émules. Vendredi 12 mai, au Havre, la branche française a organisé sa plus importante action dans l’Hexagone, réunissant plusieurs dizaines de personnes sur différents points de blocages ou de manifestation autour de la raffinerie Total de Normandie.
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00:00 La chance, elle n'a jamais été neutre.
00:01 Elle a un effort d'objectivité
00:03 qu'on pourrait vouloir confondre avec de la neutralité,
00:06 mais ça n'a rien à voir.
00:07 Est-ce qu'on peut être scientifique et activiste ?
00:10 Face au changement climatique,
00:11 des chercheurs sortent de leurs laboratoires,
00:13 délaissent leur neutralité pour alerter la population
00:16 et parfois même participer à des actions de désobéissance civile.
00:19 En Seine-Maritime, certains d'entre eux,
00:21 avec l'aide d'autres militants,
00:23 ont décidé aujourd'hui d'organiser un blocage
00:25 près de la raffinerie totale de Normandie,
00:27 la plus grande de France,
00:28 pour alerter sur les projets métalliers et gaziers de l'entreprise française.
00:32 La science est claire !
00:41 La science est claire.
00:45 La science dit qu'il faut sortir tout de suite
00:47 et le plus rapidement possible des énergies fossiles.
00:49 On ne peut pas investir dans un terminal métallier
00:52 et dire qu'on sort des énergies fossiles.
00:53 C'est impossible.
00:54 On ne veut pas de gaz !
00:59 On ne veut pas de gaz !
01:00 Qu'est-ce qu'on veut ?
01:02 La justice !
01:03 Qu'est-ce qu'on veut ?
01:04 L'art !
01:05 Qu'est-ce qu'on veut ?
01:07 L'économie !
01:08 Qu'est-ce qu'on veut ?
01:10 La justice !
01:12 À partir de quand, quand on est scientifique,
01:14 on vient s'attacher comme ça avec un cadenas autour du cou ?
01:16 À partir du moment où on a remarqué qu'il n'y a rien d'autre qui pouvait marcher,
01:19 donc maintenant, malheureusement, on est là, on est dans la rue,
01:21 avec nos pancartes, nos banderoles,
01:22 à essayer de faire comprendre aux gens
01:24 aux politiques,
01:25 aux grandes entreprises,
01:26 qu'il faut absolument changer, c'est dans l'intérêt de tout le monde.
01:28 Je crois qu'on n'a plus vraiment le choix,
01:29 qu'en fait,
01:31 les scientifiques ne sont plus écoutés par les pouvoirs publics.
01:33 Faire de la science dans nos labos n'a plus beaucoup de sens, je crois.
01:36 Les scientifiques se sacrifient parce qu'ils ne sont pas entendus.
01:39 Les scientifiques le disent,
01:40 il faut rester en 1,5°C.
01:42 Investir dans un terminal métallier,
01:44 c'est avoir des énergies fossiles encore pour 10 ou 15 ans.
01:47 Il faut en sortir.
01:48 Ces scientifiques dénoncent aussi un projet majeur de Total en Afrique,
01:52 le projet E-COP, le plus long oléoduc chauffé au monde,
01:55 qui reliera d'ici 2025 les ressources pétrolières du lac Albert, en Ouganda,
01:59 au port tanzanien de Tanga, sur les rives de l'océan Indien.
02:03 Des forages sont prévus dans des aires protégées
02:05 et le tracé de 1 400 km prévoit l'expropriation de milliers de personnes
02:10 selon des rapports des ONG.
02:12 Est-ce que c'est une décision difficile pour un scientifique
02:14 de faire des actions comme celle-ci ?
02:15 Ce n'est pas évident,
02:16 parce que je crois que le scientifique, de manière générale,
02:18 a l'habitude d'être un petit peu le bon élève,
02:21 qui respecte bien toutes les règles.
02:23 Et là, effectivement, en faisant de la débaissance civile,
02:25 on sort de ce rôle.
02:26 Est-ce qu'on sort d'un rôle de neutralité ?
02:28 Je ne crois pas qu'on soit jamais véritablement neutre.
02:31 Le scientifique est aussi un citoyen.
02:33 La science, elle n'a jamais été neutre.
02:35 La science, elle a un effort d'objectivité
02:38 qu'on pourrait vouloir confondre avec de la neutralité,
02:40 mais ça n'a rien à voir.
02:41 La science, elle est faite par des scientifiques.
02:43 Les scientifiques, ce sont des êtres humains.
02:44 Les êtres humains, ils travaillent toujours dans un contexte.
02:46 Ils sont financés par des gens.
02:48 Ils sont dans une société avec une certaine culture,
02:50 une certaine valeur.
02:50 Une science qui ne dit rien sur ces questions-là,
02:52 c'est une science qui est d'accord avec le statu quo.
02:54 C'est une science qui est d'accord pour documenter
02:55 la destruction du monde vivant
02:57 et la destruction de l'habitabilité de la planète,
02:59 pendant qu'on le fait.
03:01 Ce qui me semble complètement absurde.
03:03 Aujourd'hui, on bloque cet éclude
03:05 pour empêcher le tanker Superiority de passer.
03:08 Notre objectif, on se met aujourd'hui ici
03:12 pour empêcher ce tanker de passer.
03:15 [Musique]
03:19 [Musique]
03:22 Merci.