• il y a 2 ans
Bonjour tout le monde et bienvenue pour ce nouvel Instant Porcher !
Je suis ravie de vous retrouver ! L’Instant Porcher c’est un petit moment qu’on se prend, entre nous, avec Thomas Porcher, chaque semaine pour décrypter l’actualité. Avec la multitude des discours qu’on entend de part et d’autre, se poser, connaître et comprendre est une véritable arme démocratique.

Au programme aujourd'hui,

Nouvelles annonces d’Emmanuel Macron tout en se félicitant sur son premier bilan, entre emplois, économie, changement climatique autour de l’industrie.
La réindustrialisation. C’est le plan annoncé par Emmanuel Macron jeudi dernier. Industrie, ce mot un peu galvaudé, qui ne paraît pas intéressant, pas sexy. Et si c’était le cœur de nos maux ?
La désindustrialisation : ce qui a vidé nos petites villes et villes moyennes, appauvrit les classes prolétaires et moyennes, nous a rendu dépendant de l’extérieur et on l’a vu pendant les crises et, a détruit notre pouvoir d’achat.

Entrons dans la stratégie et le plan d’Emmanuel Macron pour réindustrialiser la France.
Tout d’abord le Président partage ce constat de la désindustrialisation, et affirme que la France a le bonnet d’âne par rapport à ses voisins.
Constat posé. Alors, comment on fait ?
On entend “à cause des réformes qu’on n’a pas faites”. Vous le voyez venir.
Dans ce discours, Emmanuel Macron avance un plan sur 4 piliers :
l’investissement, l’Europe, un pilier territorial et surtout, la compétitivité.
Emmanuel Macron se félicite je cite, “d’une vraie politique de compétitivité : de baisser le coût du travail et du capital”.

Aujourd'hui on développe et décrypte le discours d'Emmanuel Macron sur ce plan pour la réindustrialisation. Que se cache-t-il derrière ? Plan qui dévoile ce qui nous attend, et révèle une nouvelle fois la vision néo-libérale du Président de la République, qui manie le fameux "en même temps" dont il est indispensable de déconstruire. C'est l'Instant Porcher.

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00:00 gens là, les patrons que j'ai cités là, de ces grandes entreprises qui étaient
00:02 encore des leaders mondiaux, Péchinet, Alstom, etc. Ils sont tous partis avec des
00:05 dividendes de plusieurs millions d'euros. Après 2008, il y a encore des gens qui
00:09 se sont beaucoup enrichis, qui n'ont pas connu la crise. Et ça il faut le dire.
00:12 Aujourd'hui on pourra pas baisser les salaires plus. Faut arrêter. Les salaires
00:15 ne payent plus, le pouvoir d'achat baisse. Donc il faut se concentrer sur la
00:18 compétitivité produit. Faut identifier les voies d'avenir. Donc c'est très bien
00:21 de dire "vive l'apprentissage". Mais quand on a l'honnêteté, on dit "vive
00:23 l'apprentissage", mais aussi pour ses propres enfants, pas que pour les enfants
00:25 de pauvres. Bonjour tout le monde et bienvenue pour ce nouvel Instant Porcher. Je
00:30 suis ravie de vous retrouver. L'Instant Porcher c'est un petit moment qu'on se
00:33 prend entre nous avec Thomas Porcher. Chaque semaine pour décrypter l'actualité
00:37 avec la multitude des discours qu'on entend de part et d'autre. Se poser,
00:40 connaître et comprendre est une véritable arme démocratique. Et si
00:43 l'Instant Porcher débarquait à la télévision, vous le savez ce programme
00:46 s'inscrit dans notre grande ambition. Débarquer à la télé aux côtés des
00:49 chaînes des milliardaires pour s'imposer et proposer un autre traitement de
00:52 l'information. Le projet avance mais certains opérateurs restent encore
00:55 réticents. Notre modèle économique qui n'est fondé ni sur de riches actionnaires
00:59 ni sur de puissants annonceurs serait fragile. Nous avons répondu que nous
01:03 avons plus qu'une poignée d'investisseurs et qu'un ensemble de
01:06 marques partenaires. Nous leur avons dit qu'il y a dans ce pays des dizaines, voire
01:09 des centaines de milliers de citoyens qui pensent que le paysage audiovisuel
01:12 français a besoin d'une chaîne d'info et de combat comme Le Média. Pour le leur
01:16 prouver, signez notre pétition sur unetélépourvous.lemediatv.fr. Au
01:21 programme de l'instant Porcher aujourd'hui, nouvelles annonces d'Emmanuel
01:25 Macron tout en se félicitant sur son premier bilan entre emploi, économie,
01:28 changement climatique autour de l'industrie.
01:32 La réindustrialisation, c'est le plan annoncé par Emmanuel Macron jeudi
01:40 dernier. Industrie, ce mot un peu galvaudé qui ne paraît pas intéressant, pas sexy.
01:45 Et si c'était le coeur de nos mots ? La désindustrialisation, ce qui a vidé nos
01:49 petites et moyennes villes, appauvrit les classes prolétaires et moyennes, nous a
01:52 rendu dépendants de l'extérieur, on l'a vu pendant les crises, et a détruit notre
01:56 pouvoir d'achat. Thomas, jeudi dernier Emmanuel Macron adressait un état de la
02:01 désindustrialisation en France, une dynamique depuis 40 ans. Avant d'entrer
02:05 dans le plan du président, peux-tu, toi, nous présenter l'état de l'industrie
02:08 française et en quoi elle est centrale dans nos vies quotidiennes et en lien
02:11 avec toutes les questions qui font problème aujourd'hui ?
02:13 La France a connu ces 30, 40 dernières années une forte
02:17 désindustrialisation, beaucoup plus forte que certains de ses voisins, beaucoup
02:21 plus forte que les Etats-Unis, beaucoup plus forte que l'Allemagne, mais moins
02:25 forte quand même que le Royaume-Uni ou que l'Italie. Alors, cette désindustrialisation,
02:29 elle est due à quoi ? Elle est due à la première chose, la financiarisation de
02:32 l'économie. C'est-à-dire que le mode de fonctionnement de l'économie a
02:35 radicalement changé. Vous avez l'entreprise qui s'est mise à travailler
02:38 beaucoup plus pour l'actionnaire que pour le reste des parties prenantes.
02:42 C'est-à-dire que vous aviez le dirigeant qui avant avait un salaire
02:45 normal et qui avait des plans pour l'entreprise, parfois des plans de
02:48 long terme et puis l'actionnaire récupérait une partie du profit. Et tout
02:51 fonctionnait assez bien comme ça. Les actionnaires ont cru que le manager
02:55 allait servir son propre intérêt plutôt que leur intérêt à eux. Donc, ils ont
02:59 inventé une rémunération du dirigeant en fonction de ce qu'on leur donnait aux
03:04 actionnaires. Donc là, le sort du dirigeant a été
03:06 relié à celui des actionnaires. Or, les actionnaires ont une volonté d'avoir des
03:10 gains sur le court terme et parfois une entreprise nécessite des investissements
03:13 de long terme. Donc à partir de ce moment là, c'est là qu'on est entré dans cette
03:16 logique actionnariale qui a visé à compresser les coûts. C'est par exemple à
03:20 faire que quand on avait des grandes industries comme des conglomérats, on les
03:23 divise en entités homogènes et on élimine l'entité la plus faible, celle
03:27 qui fait le moins de bénéfices, même si parfois elle fait des bénéfices,
03:30 pour faire plus de profit et faire remonter la valeur de l'action qui
03:33 profite à l'actionnaire. Et donc le résultat est là sous nos yeux. C'est que
03:37 vous regardez entre 1981 et 2000, on a perdu pratiquement 10 points sur
03:42 l'emploi. On est passé de 22 à 12% la part de l'emploi industriel. Vous avez eu
03:48 depuis 2008 936 usines qui ont fermé, c'est à dire à peu près 5 par mois dans
03:52 la différence générale. Je parle d'usines de plus de 50 salariés. Et puis par
03:56 rapport à 99, quand on regarde aujourd'hui, on a moins d'industries comme
04:00 1999, alors que certains pays comme les Etats-Unis ou d'autres en ont plus, bien
04:06 sûr. Donc il y a eu une très forte désindustrialisation. Et puis derrière ça,
04:09 il ne faut pas oublier de dire que ça a joué contre nos champions nationaux,
04:13 parce qu'on avait un certain nombre de champions nationaux qui étaient des
04:16 leaders au niveau mondial. Je peux citer par exemple Arcelor, Pechinet, Alstom,
04:20 Technic, Lafarge, Alcatel, qui ont été des entreprises qui ont été vendues à la
04:25 découpe, où les actionnaires ont gagné énormément d'argent et y compris les
04:29 dirigeants d'entreprises et où des usines ont été supprimées. Alcatel, par
04:33 exemple, entre 1995 et 2013, a supprimé quasiment une usine par an. C'est ça le
04:37 résultat de 40 ans de logique actionnariale dans l'industrie.
04:40 Entrons dans la stratégie et le plan d'Emmanuel Macron pour réindustrialiser
04:44 la France. Tout d'abord, le président partage ce constat de la
04:47 désindustrialisation et affirme que la France a le bonnet d'âne par rapport à
04:51 ses voisins, comme tu l'as dit. Il y a eu une prise et une désindustrialisation qui a
04:55 frappé beaucoup d'économies, mais nous avons subi une désindustrialisation
04:59 plus importante. Parfois, on l'a laissé faire. Il y a eu un choix presque
05:04 idéologique de dire que l'industrie, ce ne sont pas les bons emplois. Il vaut mieux
05:08 aller vers le service, être un pays au fond de service et de tourisme.
05:12 Et puis, ça a été aussi subi. Et vous le voyez, on a perdu 12 points à part de
05:18 l'industrie dans le PIB français en un peu plus de 40 ans et, en effet, des
05:24 pertes d'emplois industriels qui vont avec. Et donc, cette
05:28 désindustrialisation fait que, depuis la fin 2000 jusqu'à l'été 2017, nous
05:32 avons perdu chaque trimestre des emplois industriels et qu'il y a eu, au fond,
05:37 près d'un million d'emplois industriels en moins durant cette période.
05:41 Constat posé, alors comment on fait ? On entend "à cause des réformes qu'on n'a
05:45 pas faites", vous le voyez venir. Dans ce discours, Emmanuel Macron avance un plan
05:48 sur quatre piliers, l'investissement, l'Europe, un pilier territorial et
05:52 surtout la compétitivité. Bien souvent, il y avait une forme
05:55 d'incohérence dans le débat public français. Il faut être honnête, c'est-à-dire
05:58 qu'on défendait tous l'industrie, mais on était contre les réformes qui
06:02 le permettaient. On était pour l'industrie, mais pour taxer beaucoup
06:05 plus le capital. On était pour l'industrie, mais pour complexifier le
06:08 droit du travail. L'expérience a été faite, ça ne marche pas.
06:11 Si vous avez un droit du travail plus compliqué que les voisins, si vous taxez
06:15 plus le travail et le capital, vous créez moins d'emplois parce que les
06:18 industriels vont s'installer ailleurs. Et je le dis ici avec beaucoup de clarté,
06:22 j'entends les gens qui disent "il faudrait un tournant, ça, c'est un cela". Ce qui
06:26 marche le mieux, c'est de ne pas le casser. Je vous le dis en toute sincérité.
06:30 Donc j'aurai une politique de constance sur le plan macroéconomique. Qu'a besoin
06:38 de faire notre pays ? De continuer d'être compétitif sur le capital, le travail,
06:41 l'innovation, de continuer d'être fiable et clair sur sa stratégie et d'augmenter
06:46 la quantité de travail. Et c'est dans cette stratégie que s'inscrit la
06:50 réforme des retraites. Je le dis aussi avec beaucoup de clarté, en l'assumant de
06:54 manière très claire et très tranquille. Si la France s'est désindustrialisée
06:58 à une faiblesse par rapport aux voisins, et les 10 points de PIB par habitant d'écart
07:03 avec l'Allemagne, c'est que nous travaillons moins que nos voisins dans
07:06 le cycle de vie. C'est qu'il y a moins de jeunes qui sont dans l'emploi, c'est qu'on
07:10 travaille moins dans les âges clés et c'est qu'on travaille moins longtemps. Et
07:14 c'est pas vrai qu'on réindustrialisera si on concentre ça. Et c'est pas vrai
07:18 qu'on aura le modèle social le plus ambitieux d'Europe si on dit "c'est
07:21 formidable et ça va vivre de toute éternité". Non. Donc on doit aussi
07:24 réussir la bataille pour aller vers le plein emploi et plus d'emplois. Mais donc
07:28 on doit aussi avoir une industrie compétitive. Nous allons donc tenir la
07:31 ligne des baisses d'impôts, confirmer la baisse de la CVAE, offrir de la visibilité
07:36 aux industriels pour qu'ils bénéficient d'une électricité décarbonée à des prix
07:41 compétitifs. Et ça s'appuie sur des politiques ciblées d'aide quand il y a
07:45 des envolées à très court terme, ce qu'on a assumé, une politique de réforme du
07:50 marché européen qui est indispensable parce qu'elle va permettre d'éviter la
07:53 volatilité, parce que compte tenu de notre structure de production et de nos
07:57 coûts de production, il n'y a aucune raison qu'on ait de la volatilité nous en
08:00 France. Et donc la réforme du marché de l'électricité européen nous permettra
08:04 de réduire la volatilité des prix et de les rapprocher des coûts de production
08:06 et de notre mix électrique. Simplement il faut faire le pont jusqu'à
08:11 début d'année prochaine quand elle rentrera en vigueur. Et c'est le
08:14 déploiement de notre stratégie propre qui est de continuer d'avoir de la
08:18 production souveraine décarbonée, nucléaire et renouvelable.
08:22 Emmanuel Macron se félicite aussi d'une vraie politique de compétitivité, de
08:25 baisser le coût du travail et du capital entre les réformes, on l'a entendu, qui
08:29 ont été bénéfiques selon lui et en citant aussi la formation professionnelle et le
08:33 mix énergétique sur l'énergie, on y reviendra après. Mais qu'est ce que tu
08:36 penses de ces extraits et son avis surtout sur la compétitivité comme une
08:40 des solutions ? Alors déjà je vais revenir sur le premier extrait. Sur le
08:44 premier extrait, ce qui est intéressant parce que grosso modo il n'y a pas de
08:47 responsable, il n'y a pas de coupable, il n'y a pas de gens qui se sont enrichis avec
08:50 la fermeture des usines. C'est un espèce d'état naturel qui serait dû au fait
08:53 que voilà on avait un droit du travail trop rigide, on avait des normes trop
08:57 compliquées sur le marché du travail, sur le droit du travail, il y avait trop
09:00 d'impôts et donc les entreprises partaient comme ça, les pauvres elles
09:03 s'échappaient. Alors que c'est faux, il y a eu quand même une théorie à un
09:06 moment de ce que j'ai dit dans la première question, c'est à dire une
09:09 théorie du changement de l'entreprise qui était une entreprise qui était moins
09:12 managériale mais plus actionnariale où il fallait dégager sur du court terme de
09:16 la valeur qui profitait majoritairement aux actionnaires et tout ça a été
09:19 théorisé. Je veux dire, le patron d'Alcatel, Serge Chourouk, qu'est ce qu'il avait
09:23 dit ? Il a dit publiquement, il rêvait d'une entreprise sans usines, c'est à dire
09:27 qu'il voulait une holding financière, des sous-traitants et plus d'usines.
09:30 Donc qu'est ce que vous faites ? Vous fermez toutes les usines, vous les délocalisez à
09:34 l'étranger où vous trouvez des sous-traitants à l'étranger, donc vous n'avez plus de
09:36 coûts, vous avez baissé majoritairement les coûts, ce qui fait que vous faites un
09:39 plus grand profit sur le court terme, un plus grand profit sur le court terme qui
09:43 profite aux actionnaires. Et ces gens là, les patrons que j'ai cités là, de ces
09:46 grandes entreprises qui étaient encore des leaders mondiaux, Peshinet, Alstom
09:48 etc, ils sont tous partis avec des dividendes de plusieurs millions d'euros.
09:52 Donc ça veut dire qu'il y a un moment des gens qui ont théorisé ça, des dirigeants
09:56 d'entreprises, des dirigeants politiques qui ont laissé faire en disant "bah c'est
09:59 comme ça que ça fonctionne aujourd'hui donc il ne faut pas faire autre chose" et
10:02 que nous avons perdu des géants de l'industrie et avec ces géants là nous avons perdu
10:05 les PME qui travaillaient avec ces géants. Parce que vous savez Alcatel c'était numéro
10:09 1 de la fibre optique, aujourd'hui on a besoin de la fibre optique, c'était un acteur
10:12 majeur de la téléphonie. Aujourd'hui quand on voit qu'on a que des téléphones américains
10:16 ou coréens ou chinois et qu'on est incapable de faire un téléphone potable en Europe,
10:20 il faut s'interroger aussi là-dessus. C'est la vision de court terme qui a enrichi un
10:23 petit nombre d'individus qui s'est fait contre la vision de long terme et les salariés
10:26 puisque les usines ont été fermées. Donc c'est ça qui s'est passé. Donc il y a
10:29 des responsables, il y a des gens qui ont théorisé ça, des économistes qui ont dit
10:34 qu'il fallait se concentrer et même de gauche, je n'ai pas envie de citer de nom parce
10:36 qu'on va être gentil, qui ont dit qu'il fallait théoriser en fait les emplois sur
10:41 les secteurs à forte valeur ajoutée, le marketing, le digital, la recherche et que
10:47 le reste fallait tout délocaliser comme si on était dans un monde où il n'y avait
10:50 pas de rapport de force et pas de géopolitique. Heureusement je ne sais pas de cela et la
10:54 constance ça fait du bien parfois. Donc tout ça, ça a été théorisé par des classes
10:58 intellectuelles et des dirigeants politiques et des dirigeants d'entreprises qui en profitaient.
11:03 D'accord ? Ça c'est la première chose. Ce n'est pas un état de fait de la nature.
11:06 Donc ça il faut le rappeler. La deuxième chose sur la compétitivité. Emmanuel Macron
11:10 quand il dit après 2008 il y a plus d'entreprises qui ont quitté notre territoire. Mais il
11:14 faut comprendre ce qui s'est passé à ce moment-là. Encore une fois, il y a eu des
11:16 dirigeants qui en ont profité. Qu'est-ce qui s'est passé en 2008 ? Il y a eu une
11:19 crise majeure. Cette crise majeure a fait que l'économie a été en récession. Comme
11:24 elle a été en récession, l'argent public a soutenu un certain nombre de secteurs.
11:27 Par exemple le secteur automobile avec de l'argent public. Qu'ont fait une grosse
11:31 partie des dirigeants avec cet argent ? Ils ont récupéré l'argent, ce qui leur a permis
11:34 de combler l'effet de la baisse du carnet de commandes. Mais comme il fallait encore
11:41 faire des économies, ils ont délocalisé en même temps. Ils ont même délocalisé
11:44 parfois en Europe. Parce qu'en Europe on peut délocaliser facilement. Donc ils ont
11:49 profité d'un état qui était plutôt sympathique, un état protecteur en France, tout en de
11:54 l'autre côté délocalisant pour faire encore plus de bénéfices. Et donc ils ont profité
11:58 finalement de l'argent de l'État sans vouloir payer les impôts qui étaient dus.
12:01 Et elles sont délocalisées. Ce qui fait que dans cette affaire-là, après 2008, il y
12:06 a encore des gens qui se sont beaucoup enrichis, qui n'ont pas connu la crise. Et ça il faut
12:09 le dire. Qui n'ont pas été fair-play. Et ça il faut le dire. Et là Macron, là il
12:13 a encore une fois, il oublie de rappeler qu'il y a des gens qui en profitent. C'est assez
12:17 bizarre. Et enfin la dernière chose que j'aimerais dire, et après je répondrai à ta question,
12:21 c'est que Macron il n'a jamais parlé d'industrie en 2017. Il a parlé de la Start-up Nation.
12:25 La Start-up Nation c'est quoi ? C'est plein de petites entreprises, plein de petites PME,
12:28 plein de petites micro-entreprises, l'ubérisation de l'économie. Il a théorisé ça, il n'a
12:32 pas parlé de l'industrie. Or l'industrie était importante. Et elle est toujours importante.
12:36 Elle est importante en termes d'emplois, parce que c'est quasiment 50% des emplois
12:40 quand on prend les très grandes entreprises et les moyennes entreprises. Et Macron n'en
12:43 a pas parlé. Donc là il se rattrape en disant oui l'industrie c'est important, rien n'est
12:48 de ma faute et je vais garder une constance. Mais la réalité c'est que l'industrie n'intéressait
12:51 pas trop avant, c'était plutôt la Start-up Nation. Sur la compétitivité. La compétitivité
12:56 que voit Macron, il n'en voit qu'une seule, c'est la compétitivité coût. Il y a deux
12:59 types de compétitivité. Il y a la compétitivité sur les coûts, je veux baisser mes coûts
13:04 pour être plus compétitif que mon voisin. Et la compétitivité sur les produits. Je
13:07 veux avoir un produit de meilleure qualité que mes voisins vont demander. Par exemple,
13:13 quand vous comparez une Mercedes et une Renault, la Mercedes là c'est une compétitivité
13:18 produit, elle est plus chère que la Renault, pourtant les gens veulent plus d'une Mercedes
13:21 que de la Renault. Donc c'est un produit de meilleure qualité. Donc quand on veut
13:25 être un pays en général émergent ou pauvre, on se concentre sur la compétitivité coûts.
13:29 On baisse nos coûts massivement pour attirer nos investissements directs étrangers. Quand
13:33 on a un pays qui veut être en amont de l'innovation, c'est plutôt l'inverse. Il faut aller plutôt
13:37 sur la compétitivité produits. Et ça, ça nécessite quoi ? Des investissements publics
13:41 forts en amont de la chaîne de production pour créer de l'innovation, type Internet,
13:46 énergie renouvelable et ainsi de suite. Et il faut un état stratège, choisir des gagnants.
13:50 Ce n'est pas qu'une question de "je baisse les coûts". Parce que à ce jeu là, on va
13:53 baisser les coûts pour être plus compétitif que la Roumanie, puis après plus que la Chine.
13:57 Puis après, il faut fabriquer des vêtements moins chers que chez EIN et ainsi de suite.
14:00 Parce qu'en fait, ce que font les Chinois aujourd'hui, c'est qu'ils nous prennent
14:03 à notre propre jeu de la compétitivité. Voilà, vous êtes venu chez nous fabriquer
14:06 moins cher. Nous, on fabrique chez nous maintenant avec nos propres marques encore moins cher
14:09 que vous. C'est ça qu'ils nous disent. Est-ce que c'est une bonne issue ? Non, ce n'est
14:13 pas une bonne issue pour les droits sociaux. Ce n'est pas une bonne issue pour l'environnement.
14:17 Donc la compétitivité coûts, elle a ses limites. Aujourd'hui, on ne pourra pas baisser
14:21 les salaires plus. Il faut arrêter. Les salaires ne payent plus, le pouvoir d'achat
14:24 baisse. Donc il faut se concentrer sur la compétitivité produit. Sauf que ça, ça
14:27 demande un peu plus de réflexion. Et c'est beaucoup plus compliqué que de casser le
14:30 droit du travail ou de baisser les impôts.
14:32 Il parle aussi d'apprentissage, de formation professionnelle avec la réforme du lycée
14:36 professionnel, les filières courtes universitaires pour, je cite, "rapprocher les étudiants
14:40 des entreprises et orienter sur les métiers d'avenir de l'industrie adaptés aux besoins
14:45 dans tous les territoires avec un investissement de 700 millions d'euros pour une carte des
14:49 besoins et des formations adaptées selon eux." Qu'est-ce que tu penses un peu de ce volet ?
14:53 - Moi, je me dis très bien, c'est sympathique. Alors ça, c'est encore des grands mots.
14:56 Alors métier d'avenir. OK, très bien. Une fois qu'on a dit ça, lesquels ? Quelles
15:00 filières ? Citez-moi les filières. Parce que Macron, on a eu du mal parfois à voir
15:04 l'avenir sur cinq ans. Vous savez, entre ce qu'a dit Macron, par exemple, sur le nucléaire,
15:07 si l'an 2017, ce n'était pas une filière d'avenir, il y avait des éoliennes dans son
15:11 clip de campagne. Puis maintenant, c'est une filière d'avenir. Donc citez-moi une
15:14 filière d'avenir. Parce qu'un processus d'études, c'est à peu près cinq ans. Et
15:17 puis après, il faut moins dix ans, grosso modo. Donc, qu'on m'identifie, moi, très
15:20 clairement, avant que je mette mon enfant de 12 ans dans une filière professionnelle,
15:24 parce que c'est à 12 ans que ça se fait l'arbitrage, qu'on me dise quelles sont les
15:26 filières d'avenir. Parce que là, c'est pas clair. Alors on va me dire "oui, l'industrie,
15:29 c'est l'avenir". OK, mais c'est quoi dans l'industrie ? C'est les usines qui font les
15:33 roues des trains qui sont en train de fermer l'avenir ? Bizarrement, non. Donc c'est quoi ?
15:37 Il faut nous dire c'est quoi. Donc, identifions les secteurs d'avenir. Il faut avoir confiance
15:41 dans la stratégie du politique. Parce que moi, je pense que si on avait un stratège
15:45 à la tête de l'État, peut-être qu'on y... Mais là, c'est pas le cas. Voilà. Et puis
15:49 ça risque de changer. Donc, moi, je trouve que l'apprentissage et les filières professionnalisantes,
15:54 c'est une bonne chose. Elles ont souvent eu une mauvaise réputation. Mais pourquoi elles
15:58 ont eu une mauvaise réputation ? Parce que les orientations se font souvent trop tôt.
16:01 Enfin, aujourd'hui, comment on peut orienter un enfant de 13 ans dans une filière professionnelle ?
16:05 Qui, à 13 ans, dans les classes dirigeantes, est capable de dire ce qu'il va faire ? Même
16:11 quand des gens rentrent en première année d'études à l'université, certains ne savent
16:14 pas ce qu'ils veulent faire, même parfois en master. Donc quoi, vous allez orienter
16:16 un jeune de 12 ans dans des voies de garage ? Donc il faut assurer... Il faut que des
16:21 voies professionnalisantes, mais il faut leur assurer une possibilité de changer. Ce qui
16:24 n'est jamais le cas, parce qu'on les spécialise très, très tôt. Et puis après, il faut
16:27 identifier les voies d'avenir. Parce qu'on a sacrifié combien de jeunes en les mettant
16:30 dans des CAP, etc. où aujourd'hui, on n'a plus besoin d'eux. Parce que les usines,
16:34 elles se sont localisées en même temps. Combien on a sacrifié de jeunes ? Donc c'est très
16:38 bien de dire "vive l'apprentissage". Mais quand on a l'honnêteté, on dit "vive l'apprentissage",
16:41 mais aussi pour ses propres enfants, pas que pour les enfants de pauvres. Et jusqu'à
16:44 aujourd'hui, ça a été beaucoup pour les enfants de pauvres.
16:45 Sur les autres piliers, il y a l'investissement, où le président met en avant les batteries.
16:51 Justement, tu parlais de filières. Les batteries, l'intelligence artificielle, l'industrie
16:54 pharmaceutique, l'agroalimentaire. Avec le plan France relance, Macron annonce 800
16:59 projets de relocalisation. L'Europe, l'autre pilier, le président veut une politique européenne
17:04 industrielle forte et unie. Et le dernier pilier, c'est territorial. Macron parle du
17:08 programme Territoire d'Industrie, avec un investissement de 100 millions d'euros cette
17:11 année, avec des projets de réindustrialisation à fort impact territorial. En prenant des
17:16 exemples réussis de ces dernières années, comme Dunkerque, le président fait valoir
17:20 la création ou le maintien d'environ 16 000 emplois sur 10 ans, alors que la ville avait
17:23 perdu près de 6 000 emplois industriels en 20 ans. Et je le cite, avec France relance
17:29 et nos coques bleues de la French Fab venus irriguer tout cela. En effet, le président
17:33 félicite notre pays devenue entrepreneurial, où l'on est en tête des créations de start-up
17:38 et entreprises, et parle même de start-up industriel. On a un peu vu toute la stratégie
17:43 d'Emmanuel Macron. Est-ce que tu peux nous l'expliquer ? Qu'est-ce qu'il est en train
17:45 de mettre en place ? Et qu'est-ce que tu en penses ?
17:47 Alors, il faut faire attention à plusieurs choses. Dans les créations d'entreprises,
17:50 déjà, il faut faire attention, parce qu'il y a effectivement beaucoup de créations d'entreprises,
17:53 mais beaucoup de créations de très petites entreprises. Alors, je n'ai rien contre, mais
17:57 souvent, c'est plus un choix contraint qu'un choix réel. Par exemple, si vous créez
18:01 votre auto-entreprise chez Uber, on voit très bien que c'est une forme de salariat caché.
18:05 Donc, derrière l'auto-entrepreneuriat, il y a beaucoup aussi la précarité, quelque
18:09 part. Et le fait que certaines entreprises ne veulent pas embaucher dans des salaires
18:13 fixes et préfèrent avoir recours à des prestataires, parce qu'elles n'ont pas d'impôt
18:16 à payer, c'est le prestataire qui paie les impôts. Donc, il faut faire attention à ce
18:20 qui se cache derrière la création d'entreprises. Mais effectivement, s'il y a une création
18:23 d'entreprises et que les gens sont heureux de créer leur PME, tout va bien, parce que
18:26 les PME sont très importantes. C'est le tissu économique de notre pays.
18:32 Maintenant, sur le plan de transition, moi, je fais très attention à cette espèce de
18:36 saupoudrage où on mettrait plein de filières comme ça à droite et à gauche et où derrière,
18:40 il n'y a pas les moyens. Alors, bien sûr, il y a des chiffres qui ont été annoncés.
18:43 Il y a quelques moyens qui ont été annoncés, mais c'est important de voir sur combien
18:47 de temps et est-ce que ça va vraiment être fait ? Il nous a dit "je vais faire les réformes".
18:50 Après, il y aura le plan d'investissement. Le plan d'investissement, il y a eu le Covid,
18:53 etc. Mais il n'a pas eu lieu. Mais les réformes, elles, ont bien été faites. Donc, il faut
18:57 faire attention à ce qui est mis dedans. Et puis après, sur les usines, effectivement,
19:01 là on crée plus d'usines qu'on en perd. Et c'est une bonne nouvelle. Mais il faut
19:06 voir tout ce qu'on avait perdu en 2008. C'est aussi ça, en fait. Emmanuel Macron,
19:10 il s'accapare souvent des résultats qui sont plutôt de l'ordre du phénomène de rattrapage
19:13 que dû à sa propre politique. Ils sont là. Ses résultats sont clairs. Mais quand vous
19:18 avez, par exemple, Emmanuel Macron aime bien dire "nous avons créé 1,7 million d'emplois".
19:21 Très bien. Mais entre 2008 et 2015, il y a eu 1,5 million d'emplois détruits. Donc,
19:27 l'économie a plongé. Elle se redresse. Et quand elle se redresse, ses emplois se recréent.
19:30 Mais il n'a pas créé 1,7 million d'emplois sur une situation qui était stable. Il l'a
19:34 créé sur une perte d'1,5 million d'emplois. Ce qui n'est pas pareil. Et pour les usines,
19:38 c'est pareil. Il y avait toujours moins d'usines en 2016 qu'en 2008. Il y avait moins d'usines
19:43 en France en 2016 qu'en 2008, qu'avant la crise de 2008. Donc, lui, là, effectivement,
19:46 il y a un phénomène de rattrapage maintenant. Et donc, il crée des usines plus qu'à l'époque.
19:50 Mais il les crée sur une forte baisse. Donc, il ne faut pas confondre effet de rattrapage
19:54 et résultat d'une politique économique qui serait adéquate. Peut-être que même sans
19:59 rien changer, le phénomène de rattrapage aurait été tout aussi bon. On ne pourra
20:04 jamais le savoir. Mais Macron est arrivé sur une situation de crise. Et derrière une
20:07 crise, il y a toujours une légère remontée. C'est normal.
20:10 Nous avons des résultats. Un chômage qui recule, je le disais, d'un peu plus de 2
20:14 points. Une croissance qui reste solide. 1,7 million d'emplois qui ont été créés.
20:19 Et surtout, on recrée de manière nette des usines. 200 créations nettes d'usines
20:24 en 2021-2022, 300 depuis 2017. Ce qui veut dire qu'on a réparé la moitié des destructions
20:30 d'usines faites depuis la crise financière. Et environ 90 000 emplois industriels créés
20:36 depuis 2017. Ce qui fait que si on poursuit ces efforts, au fond, on aura réparé les
20:41 conséquences de la crise financière et du décrochage post-crise financière à horizon
20:46 2027. Ma conviction, c'est que, compte tenu de l'accélération que j'évoquais, on peut
20:51 et on doit aller beaucoup plus loin sur de nombreux territoires à horizon 2030.
20:54 Ensuite, on a des vrais résultats en matière d'attractivité. Le fruit de cette politique,
21:00 c'est ce qu'on voit à travers Choose France, ce qu'on verra avec les ministres
21:03 encore lundi. Pour la quatrième année consécutive, nous sommes le pays le plus attractif d'Europe
21:08 en termes d'investissement. Et je pense qu'on dépassera lundi les records d'investissement.
21:14 75% de ces investissements et leurs conséquences en termes d'emploi se sont dans des villes
21:20 moyennes de province et dans tous les territoires. Et donc, ce sont des vies qu'on change un
21:27 peu partout sur notre sol.
21:28 Justement, Emmanuel Macron, en arborant ces chiffres, etc., a dit qu'il faut casser les
21:32 représentations et qu'il y a des centaines de milliers d'emplois qui nous attendent
21:36 dans l'industrie. T'y crois ou pas ?
21:37 Il faudrait, parce que ce que constataient beaucoup d'économistes dans les chiffres
21:40 et ce que beaucoup de gens avaient dit depuis longtemps, qu'il fallait réindustrialiser,
21:44 qu'il fallait un état stratège, que l'industrie n'était pas l'ennemi de la transition écologique.
21:48 C'est à peu près tout ça qu'on dit les économistes atterrés. D'autres disaient
21:51 non, non, c'est fini, on ne va pas ressortir les vieilles productions à l'ancienne. L'usine,
21:56 c'est germinal. Il fallait se concentrer sur les services et sur la start-up nation.
22:01 Lui, Emmanuel Macron, ce n'est pas ce qu'il disait. Mais c'est pendant le Covid qu'on
22:04 a vu que l'industrie était nécessaire, avec la production de masques, de respirateurs,
22:09 de médicaments. On était un des plus grands producteurs de médicaments au monde. Aujourd'hui,
22:12 on a délocalisé quasiment toutes nos productions en Inde. Et on s'est rendu compte que les
22:16 pays, eux, ils avaient une politique nationale et qu'ils ne pensaient pas que c'était
22:19 que des ateliers pour l'Europe. Macron, quelque part, a été le vecteur de cette politique
22:23 et il n'a fait qu'encourager avec ses réformes plus de flexibilité et moins d'intervention
22:29 sur l'économie. Or, l'économie, elle est dans le sens de la délocalisation. Dans un
22:33 monde parfait où il y aurait un état stratège d'investissement public important et un vrai
22:37 plan stratégique qui viserait à combiner entre elles les entreprises importantes,
22:41 celles qui vont fabriquer, par exemple, je ne sais pas moi, des rails, du fer et ainsi
22:44 de suite, avec le développement du rail. Enfin, vraiment une vision à 180 degrés
22:50 de l'objectif final que l'on veut en termes industriels. Bien sûr qu'il y a beaucoup
22:55 d'emplois qui vont être créés. Bien sûr que c'est important. Mais comme je sais
22:58 qu'on a un gouvernement qui est plus dans l'effet d'annonce et qui annonce souvent
23:01 des coquilles vides, non financées ou très peu financées, et pour avoir après une belle
23:06 feuille de route et dire "regardez j'ai fait ci, ci, ci, ci, ça", j'ai du mal à y croire.
23:10 L'industrie, on est sur des post-it très long, on est sur du 10 ans. Si on était
23:13 vraiment dans un monde parfait, ce serait génial parce que vous dites par exemple "telle
23:16 filière, l'état va être derrière elle, on va l'encourager, on va créer une espèce
23:20 de Silicon Valley, je ne sais pas moi, de la production d'éoliennes ou de panneaux
23:23 solaires, faites tant d'études, on a besoin de tel type de travaux, faites telle étude,
23:28 telle étude, telle étude, telle étude", là vous pouvez créer en 10 ans, effectivement,
23:32 en encourageant les gens, des filières ultra compétitives. Mais je ne suis pas sûr que
23:36 ce soit la volonté du président de la République qui n'est là que depuis 4 ans. Et les "stop
23:42 and go" ont montré en fait dans les années précédentes que les politiques pouvaient
23:45 changer comme des girouettes et on pouvait abandonner des filières, et quand on abandonne
23:48 les filières, on abandonne les formations qui vont avec et les gens qui se sont formés
23:51 à ça.
23:52 Dans son discours, Emmanuel Macron dit qu'on ne peut pas avoir un modèle social fort en
23:55 désindustrialisation. On vient de voir en quoi consistaient ces solutions selon lui.
24:00 Dans ce discours, Emmanuel Macron parle beaucoup de changement climatique, d'énergie décarbonée,
24:05 de géopolitique avec la politique des Etats-Unis, de prioriser leur industrie nationale et que
24:10 la réindustrialisation présente des enjeux économiques, nationaux, territoriaux, géopolitiques.
24:15 Qu'est-ce qu'il veut dire dans tout ça selon toi ?
24:18 En fait moi, ce que je ne peux plus supporter avec tous ces politiques, c'est qu'ils découvrent
24:23 tout au dernier moment, alors que tout ça était prévisible. Alors après, ils font
24:26 toujours les malins en disant "ben fallait me le dire avant". Vous savez, quand il y
24:29 a eu ce tournant dans les années 90, c'est ce qu'apprennent tous les économistes à
24:33 l'époque. La mondialisation, le libre-échange amène à un conflit d'intérêts. Il amène
24:38 un conflit d'intérêts entre les gens qui profitent de l'exportation, de l'ouverture.
24:42 Quand vous êtes sur un marché porteur, vous allez exporter à d'autres pays. Donc là,
24:45 ceux qui travaillent dans ces industries-là, ils sont gagnants parce qu'ils ont accès
24:48 à des nouveaux marchés, ils gagnent plus d'argent. Et ceux qui subissent l'importation,
24:51 quand vous travaillez dans un bien, je ne sais pas moi, du textile et que vous subissez
24:54 des importations de textiles venant du Bangladesh, là vous avez des chocs de compétitivité
24:58 et vous subissez la mondialisation. Donc dans la théorie, dans la théorie sur le libre-échange,
25:03 vous avez dès le début des gagnants et des perdants. Et les perdants, c'était ceux
25:07 qui subissaient les importations. Donc les perdants, c'est toutes les usines que nous
25:10 avons vues. Et c'est le cas depuis des années. Alors, les gens ont choisi la mondialisation
25:14 en se disant que ça allait porter à atteinte une partie de la population, mais que dans
25:17 l'ensemble, tout le monde allait être gagnant parce qu'on allait avoir des biens moins
25:19 chers, etc. Mais si on avait été malin, c'est ce qu'a un peu dit Emmanuel Macron
25:23 ou d'autres, il faudrait accompagner les gens qui sont perdants. Or, à ce moment-là,
25:27 l'État s'est désengagé parce que les services publics qui ont fermé, ce n'est
25:30 pas parce que les industries ont fermé uniquement, c'est parce que l'État a mis moins de
25:33 moyens, alors qu'il aurait dû mettre plus de moyens pour protéger ses territoires.
25:36 Donc, les usines ferment, les territoires ont moins de services publics et on laisse
25:40 les gens comme ça livrer à eux-mêmes en disant "ben voilà, trouvez un boulot ou
25:43 soyez immobile ou allez vous installer ailleurs". Donc tout ça a été prévu depuis longtemps,
25:48 depuis très longtemps. Et le minimum que l'on attend d'un président, c'est d'anticiper
25:53 ces problèmes-là. Or, ça n'a pas été anticipé du tout. On est arrivé en nous
25:57 disant que c'est comme ça que fonctionne le monde, l'autre politique est un mirage,
26:02 on ne peut pas faire autre chose et donc il faut aller se développer avec des petites
26:06 PME sur des produits innovants tels le digital. On se rend compte que ce n'est pas du tout
26:10 ça.
26:11 - Quand il présente son discours, dans la première minute, il fait ce constat de la
26:15 désindustrialisation comme s'il n'avait pas été ministre de l'économie, comme
26:18 s'il n'avait jamais touché au gouvernement qui venait d'arriver.
26:20 - Et qui n'avait jamais fait d'études.
26:21 - Qui n'avait jamais fait d'études, notamment dans l'économie. Et ça me fait penser à
26:26 la phrase quand il avait dit "qui peut prédire du changement climatique". Et justement sur
26:29 le climat, ça a été très présent dans son discours, l'aspect climat, avec l'annonce
26:35 du projet de loi Industrie Verte. Comme je l'ai dit, Emmanuel Macron met en avant le
26:38 mix énergétique en mettant en avant le fait de déployer le renouvelable et le fait de
26:43 continuer à renforcer le nucléaire. Il met aussi en avant l'hydrogène, l'énergie décarbonée.
26:48 Le chef de l'État mise sur une décarbonisation des transports et de l'industrie, je le cite,
26:52 avec comme objectif affiché de prendre la tête de la course des voitures électriques.
26:57 Tu lisais, quelles filières ? Là, il l'a annoncé, véhicules électriques, batteries,
27:01 avec trois projets de giga factorise. Il annonce une autonomie de la production des batteries
27:05 en 2027 et même une capacité d'exportation dès 2030. Même temps pour l'hydrogène
27:11 ou encore le bois, avec des filières qu'il veut sécuriser à partir de l'amont de la
27:15 production jusqu'à la fin. Et dans le projet de loi figurent aussi des crédits d'impôt
27:20 pour l'industrie dite verte, par exemple. Ça peut être difficile à entendre quand
27:23 on a assisté et qu'on assiste encore à la désindustrialisation autour des matières
27:26 premières pour l'automobile, par exemple, et qu'on voit les dégâts sociaux dans nos
27:30 petites vies parce qu'on ne dit pas mais il y a des gros dégâts humains. Tout cela
27:33 en demandant une pause réglementaire des règles européennes sur l'environnement.
27:36 Pourquoi l'Union européenne aurait fait plus que tous ses voisins et qu'elle a désormais
27:40 besoin de stabilité ? Je le cite. Peux-tu nous dire là ce que tu penses de ces premières
27:45 annonces autour de la stratégie autour de l'industrie dite verte ?
27:48 Ce qui est intéressant, c'est que là, effectivement, il a dit à plusieurs reprises
27:52 cette histoire de batterie. Après, il faut que les acteurs de l'automobile et notamment
27:55 les acteurs français, parce qu'il y en a deux dont l'État est actionnaire, c'est
27:58 quand même dingue, il faut qu'ils soient raccords avec ça. C'est-à-dire que si on
28:01 fait des batteries, mais qu'il y a des batteries chinoises qui sont moins chères et qu'on
28:04 laisse nos constructeurs automobiles dont l'État est actionnaire, comme ils le font
28:07 déjà, délocaliser leurs usines et aller acheter des batteries moins chères chinoises,
28:11 à quoi ça sert ? L'important aussi, c'est ça, une politique industrielle et un plan
28:15 global, c'est vraiment de mettre en place toutes les complémentarités des industries
28:19 entre elles et notamment les industries françaises dont l'État est actionnaire. Donc ça, je
28:24 ne suis pas sûr que ce soit la tasse de thé d'Emmanuel Macron. Maintenant, nous verrons,
28:27 nous verrons dans les prochaines années, si effectivement, il arrivera à tenir son
28:31 pari. Maintenant, nous le savons, l'industrie verte n'est jamais verte à 100 % et il va
28:35 certes falloir, et c'est une bonne chose, qu'une grosse partie des industries fassent
28:39 leur transition, mais que nous ne pourrons pas tous rouler en voiture électrique. Si
28:42 nous roulons tous en voiture électrique, ce sera quand même des éléments très polluants
28:45 et que derrière, il faut aussi développer d'autres choses, d'autres éléments, comme
28:48 par exemple les transports en commun. C'est important, ça, par exemple, on a très peu
28:52 parlé ou pas parlé hier et ça, c'est très important, peut-être en arrêtant la mise
28:57 en concurrence de la SNCF et en redonnant peut-être de l'argent à la SNCF pour que ça devienne
29:00 le bras armé de la transition et faire en sorte de maîtriser notre consommation et
29:06 nos usages, en repensant un petit peu le travail et en faisant en sorte que les gens n'aient
29:11 plus besoin d'utiliser constamment leur voiture pour aller travailler. Donc ça ne peut pas
29:16 être qu'un changement de l'industrie et le reste du monde qui reste le même, c'est-à-dire
29:19 une économie où on consommerait tout le temps, on s'appuierait tout le temps sur les ressources
29:23 naturelles pour consommer et on aurait une économie de type complètement linéaire.
29:26 Il va falloir aussi maîtriser notre consommation via la rénovation des bâtiments, via les
29:30 changements de travail et via le développement des transports en commun. Mais ça, ça nécessite
29:35 de l'investissement public et l'investissement public, si on est dans une entreprise publique,
29:39 ça profite moins aux dirigeants et aux actionnaires que de saupoudrer des entreprises privées.
29:44 Je doute du contrôle que feront notre gouvernement sur les entreprises, puisqu'on leur a donné
29:48 beaucoup d'argent, on leur a exigé quelque chose parfois comme augmenter les salaires
29:51 et bizarrement, elles ont du mal à le faire. Donc ce gouvernement, il a souvent donné
29:55 et donné sans aucune contrainte. Donc il faut faire attention à ça.
29:58 Justement sur les transports publics, on n'a pas entendu beaucoup parler, même pas du
30:01 tout du rail, etc. dont l'industrie et les matières premières sont complètement absentes
30:05 en France, notamment je pense aux fonderies-fontes qui ont complètement disparu en France. Mais
30:11 je vais me faire quand même l'avocat du diable. Quand les États-Unis avaient annoncé leur
30:14 Inflation Reduction Act, donc cette politique qui consiste à soutenir les industries dites
30:18 vertes et nationales, tu disais qu'Emmanuel Macron devait faire la même chose. Est-ce
30:21 qu'il est en train de le faire ? Par exemple, il annonce par exemple que les batteries faites
30:25 ailleurs qu'en Europe ne seront pas soutenues. Par exemple, il n'y aura plus de bonus automobiles
30:30 pour une voiture dont la batterie a été fabriquée en Chine.
30:33 Si Macron se réveille et rejoint des politiques économiques beaucoup plus en faveur de la
30:37 majorité que ce qu'il a fait avant qui n'avantage qu'une minorité, c'est très bien. Après,
30:43 encore une fois, moi je demande à voir parce que nous avons quand même un gouvernement
30:46 qui est spécialiste des bodyscores, qui est spécialiste des plans relance où il n'y
30:49 a pas trop d'argent, qui est spécialiste des plans industriels qui sont des coquilles
30:52 vides. Et moi, j'ai envie de voir. Là, on prévoit des montants sur 50, de plus de 50
30:57 milliards. J'attends de voir et j'attends de voir ce que ça va financer aussi. Donc,
31:03 nous verrons. Pourquoi pas ? Voilà, maintenant, quand Emmanuel Macron fixe l'Europe comme
31:08 une espèce de… que l'Europe se protégerait des batteries d'autres pays, est-ce que
31:12 tous les pays européens sont d'accord ? Ce n'est pas encore sûr. Et puis après,
31:16 est-ce qu'il n'y a pas d'autres pays européens qui font des batteries moins chères
31:19 que la France qui, elles, pourront rentrer en compétition avec les Français ? Parce
31:23 que rappelons-le, et ça, il faut le dire, que la plupart des délocalisations, elles
31:26 se sont faites en Europe. Donc, quand vous parlez de souveraineté européenne, c'est
31:29 très joli comme mot, ça sonne bien, ça fait plaisir à tout le monde. Mais souveraineté
31:33 européenne, si vous perdez une usine pour l'ouvrir en Roumanie ou au Portugal, vous
31:36 gardez la même souveraineté européenne, sauf que vous perdez des emplois en France
31:39 et un autre pays en gagne. Quand vous avez un Roumain qui est payé deux fois moins cher
31:42 qu'un Français, vous mettez en compétition, et le marché unique a été fait pour ça,
31:47 vous mettez en compétition des Roumains avec des Français et ce n'est pas une bonne
31:49 chose pour les Français. Donc, il faut faire attention parce que l'échelle géographique
31:54 de Macron en parlant des territoires, puis après de la France, puis après de l'Europe,
31:57 c'est une échelle qui veut un peu tout et rien dire. Donc, il faut faire très attention
32:01 aux belles phrases comme ça qui sonnent vraies, mais dont le contenu finalement, quand on
32:05 creuse, on ne trouve pas grand-chose.
32:08 Vous le savez, ce programme s'inscrit dans notre grande ambition, débarquer à la télé
32:12 aux côtés des chaînes des milliardaires pour s'imposer et proposer un autre traitement
32:15 de l'information. Pour montrer qu'une chaîne de télé indépendante, financée seulement
32:20 par la force citoyenne, est possible. Le projet avance, mais certains opérateurs restent
32:24 encore réticents. Notre modèle économique, qui n'est fondé ni sur de riches actionnaires
32:28 ni sur de puissants annonceurs, serait fragile. Nous avons répondu que nous avons plus qu'une
32:32 poignée d'investisseurs ou qu'un ensemble de marques partenaires. Nous leur avons dit
32:35 qu'il y a dans ce pays des dizaines, voire des centaines de milliers de citoyens qui
32:38 pensent que le paysage audiovisuel français a besoin d'une chaîne d'info et de combat
32:42 comme Le Média. Pour le leur prouver, signez notre pétition sur unetélépourvous.lemediatv.fr
32:48 et vous pouvez faire signer vos proches. Ils ont des milliards, mais nous sommes des millions.
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