Jimmy Levacher, conseiller municipal LFI à Valence

  • l’année dernière
Après le meurtre de 3 hommes en 4 jours à Valence, quelles solutions pour ramener le calme dans les quartiers de la zone de sécurité prioritaire ? Remettre en place des éducateurs et de la police de proximité dit Jimmy Levacher.

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Transcription
00:00 Le 6/9, France Bleu Dromardèche. Partout en France sur francebleu.fr
00:04 Il est 8h moins le quart, que faut-il faire pour apaiser les quartiers de Valence-le-Haut et pour aider aussi
00:09 les habitants après les trois meurtres la semaine dernière ? On en parle avec un élu d'opposition
00:13 au conseil municipal qui est avec nous ce matin, Emmanuel Champal.
00:16 Bonjour Jimmy Levaché.
00:18 Bonjour.
00:18 Élu France Insoumise au conseil municipal de Valence. Donc vous avez assisté hier au conseil local de sécurité
00:24 et de prévention de la délinquance. Il y avait le maire, le procureur,
00:28 la préfète. Quel message vous avez voulu faire passer ?
00:32 Alors j'ai voulu me faire l'écho des citoyens qui habitent ces quartiers populaires mais également de l'ensemble des Valentinois,
00:38 à savoir une détresse qui est de plus en plus forte, une inquiétude
00:41 qu'il faut prendre en compte et de manière importante avec...
00:46 Alors on a essayé de proposer des solutions, à savoir de pérenniser la présence policière parce que c'est important,
00:52 parce que les habitants ont besoin d'être sécurisés et j'ai également fait part de leur détresse psychologique.
00:57 Alors ça peut paraître être un sujet qui n'apparaît pas de prime abord mais aujourd'hui en fait il y a beaucoup d'habitants
01:03 qui n'osent plus se déplacer dans le quartier.
01:05 C'est à dire qu'on n'ose plus aller acheter son pain, on n'ose plus emmener son enfant à l'école
01:09 et donc j'ai proposé, nous avons proposé à mon groupe politique
01:12 de mettre en place une cellule psychologique individuelle et collective pour les habitants du quartier.
01:16 Ça s'est vraiment aggravé en quelques années là ?
01:18 Ça s'est aggravé mais on paye, il faut le dire, on paye 20 ans d'erreurs politiques
01:23 à la fois droite-gauche, c'est une responsabilité partagée
01:27 mais que ce soit surtout au niveau de l'état, au niveau du département et au niveau de la ville.
01:32 L'état pourquoi ?
01:33 Il faut revenir en arrière, en 2003 Nicolas Sarkozy supprime la police de proximité.
01:37 A l'époque il disait que ça servait à rien.
01:39 2015 Patrick Labone, président du département, sucre les budgets des éducateurs de prévention de l'enfance
01:46 sur valence et dans la drôme et aujourd'hui on paye le prix de tout ça.
01:50 Et au niveau de la ville, il n'y a pas assez de présence de la municipalité dans ces quartiers
01:55 et surtout les élus, je pense à Franck Soulignac aujourd'hui qui est adjoint à la ville de Valence
02:00 et qui est premier vice-président du département, il n'a pas rétabli les effectifs de prévention spécialisée
02:05 et on paye ces erreurs parce qu'il n'y a plus de présence, il n'y a plus de vie, il n'y a plus d'adultes référents.
02:10 Valence n'a pas toujours été à droite, il y a eu aussi la gauche qui a été à la tête de cette municipalité
02:15 et ça n'allait pas beaucoup mieux finalement ?
02:17 Ça n'allait pas beaucoup mieux mais comme je le dis, c'est plus de 20 ans d'erreurs partagées.
02:22 Donc aujourd'hui il faut très clairement reprendre les choses en main.
02:25 Je lance un signal très fort à la présidente du département, il faut remettre des moyens,
02:31 justement j'y reviens, sur les éducateurs.
02:33 Un message très fort au maire de Valence, il faut qu'on investisse tous, tous les élus en fait de ces quartiers
02:41 et d'ailleurs je fais une proposition, nous avons un conseil municipal, je le dis,
02:44 nous avons un conseil municipal en juin.
02:46 Moi ce que je propose en fait c'est que le prochain conseil municipal ait lieu à la maison des syndicats, à Fontbarlette,
02:51 qu'il soit délocalisé, pourquoi ? Pour que la République soit présente partout.
02:54 Pour vous les priorités elles sont vraiment là ?
02:56 La présence...
02:57 Éducateurs, policiers aussi ?
02:59 Voilà, policiers de manière pérenne, mais policiers de proximité,
03:03 c'est-à-dire qu'on a vu au niveau de l'État, plutôt que d'aller, on va dire,
03:08 allez excusez-moi du terme, tabasser les manifestants qui revendiquaient leur droit sur la réforme des retraites par exemple,
03:15 peut-être qu'un certain nombre de policiers auraient été plus utiles justement en étant présents dans les quartiers populaires.
03:20 Jimmy Lévaché, conseiller municipal d'opposition France Insoumise à Valence,
03:26 aujourd'hui vous dites "les habitants ont peur", est-ce que certains n'osent même plus parler face à cette situation-là ?
03:34 C'est une évidence et la situation est simple pour personne, très clairement,
03:38 nous-mêmes en tant qu'élus, je veux dire Valence c'est une ville moyenne mais relativement petite, tout le monde se connaît,
03:44 et aujourd'hui prendre la parole c'est pas simple.
03:46 Vous êtes arrivé effectivement il y a quelques minutes en me disant "prendre la parole devient extrêmement difficile".
03:51 Ça devient compliqué pour tout le monde, on a des échos, même de journalistes,
03:56 qui nous disent qu'aujourd'hui ils ont du mal à signer des papiers, c'est un climat délétère, très clairement,
04:02 donc il faut qu'on soit tous soudés, préfecture, mairie, tous les services, police, etc.,
04:09 et qu'on fasse présence et qu'on essaie d'apporter des choses.
04:13 Après il y a des investissements à amener aussi, il y a des solutions de l'État,
04:16 parce qu'il y a d'autres solutions, parce qu'aujourd'hui il y a des taux de chômage qui sont très importants aussi dans ces quartiers,
04:21 et on a des exemples dans d'autres pays où la violence était autre,
04:25 où il y a des investissements massifs qui ont eu lieu,
04:27 par des emplois écologiques, par des emplois sociaux, par de la présence, de la culture,
04:32 remettre en avant les bibliothèques, etc., les piscines, etc., il faut réinvestir notre ville et ses quartiers.
04:40 - Et vous savez très bien que ça va prendre beaucoup de temps.
04:43 - C'est du moyen long terme, ça c'est clair.
04:45 - Moyen long terme, pour parler, très clairement, c'est combien ?
04:49 Vous vous dites que la situation peut s'arranger dans les 2-3 ans ? On est sur des mois, sur des années ?
04:54 - Je ne veux pas faire de démagogie parce que je n'ai pas la solution miracle,
04:57 sinon je serais président de la République à l'heure actuelle.
04:59 Il faut être très transparent, aujourd'hui c'est des choses qui peuvent prendre 5-10 ans,
05:03 je vous dis ça, mais il faut le mettre en place.
05:06 Une chose est sûre, c'est qu'il faut une volonté réelle politique, et il faut y aller.
05:10 On n'a juste pas le choix. Parce qu'on parle de Valence aujourd'hui,
05:12 mais je sais qu'il y a des villes comme Cavaillon, des villes moyennes de la typologie de Valence,
05:16 qui aujourd'hui sont confrontées à ce type de problème, et c'est quelque chose qui a tendance à se généraliser.
05:20 Et moi je mets l'accent sur quelque chose, c'est-à-dire qu'aujourd'hui,
05:22 un certain nombre de responsables politiques, voire de personnes pointent du doigt certains quartiers,
05:29 c'est quelque chose qui est en train de se répandre sur l'ensemble de la ville.
05:32 Parce qu'on voit que ça bouge, que ça se déplace, nous on a écho de différentes affaires dont on parle moins,
05:38 sur des quartiers "moins populaires", c'est l'ensemble de la ville et des villes qui sont touchées.
05:42 - Ni droite ni gauche, on l'a bien entendu, vous pointez du doigt une responsabilité véritablement collective ce matin,
05:49 Jimmy Levaché, conseiller municipal d'opposition à Valence, élu de la France Insoumise, merci à vous, passez une bonne journée.
05:55 - Merci, merci, excellente journée.
05:56 L'interview aura écouté dans quelques instants sur francebleu.fr

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