SMART DIGITAL - TECH TALK du samedi 20 mai 2023

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Samedi 20 mai 2023, SMART DIGITAL reçoit Adrien Basdevant (avocat spécialisé en droit des nouvelles technologies, Basdevant Avocats) et Jean-François Gaudy (directeur de l’Innovation Groupe, Inetum)

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00:00 Alors, Métavers, on en a beaucoup parlé, reparlé j'ai envie de dire, au moment où Mark Zuckerberg a décidé de renommer son groupe Facebook en Méta.
00:12 On s'est dit là, ça y est, il se passe quelque chose, on va rentrer dans des mondes immersifs, c'est en train de devenir une réalité.
00:19 Mais finalement, on a toujours un peu de mal à capter ce qu'on met derrière ce terme Métavers.
00:24 Alors Adrien, je disais, vous avez participé à une mission exploratoire sur ce sujet. Est-ce qu'on a une définition aujourd'hui qui fait consensus ?
00:29 Au titre du rapport exploratoire, on a préféré utiliser le pluriel, parce qu'il y a des Métavers plutôt qu'un Métavers au singulier.
00:36 Et cette difficulté de définition, on la retrouve parce que chaque entreprise qui développe son projet,
00:41 essaye d'une manière un peu marketing de nous dire par une prophétie autoréalisatrice que c'est sa manière de voir les choses qui va s'imposer à tous.
00:48 Les Métavers, nous, on les a définis comme des simulations d'espace virtuel qui sont en 3D, en temps réel, partagées et qui sont pertinentes.
00:56 C'est-à-dire que si vous sortez de cette simulation virtuelle, elle continue à tourner.
01:01 Mais alors, simulation et virtuel, ça fait deux choses assez proches.
01:05 Donc on ne simule pas du réel, on crée vraiment, on innove totalement, on crée des univers totalement virtuels. C'est ça que vous voulez nous dire ?
01:12 Oui, c'est-à-dire qu'il y a plusieurs après-façons, modalités d'accès.
01:15 Ça peut être avec certains outils de casque, de réalité virtuelle, des lunettes de réalité augmentée, des téléphones portables.
01:21 Il n'y a pas encore un outil qui s'est véritablement imposé encore aujourd'hui.
01:25 La définition qu'on a donnée, c'est celle vers laquelle on tend à aboutir.
01:29 Mais il existe, soit selon certains, aucun Métavers ou que des proto-Métavers, c'est-à-dire des projets qui sont en cours de développement.
01:36 Ça dépend de ce que vous mettez justement dans cette définition.
01:39 Et en France, on a bien vu, peut-être qu'on en parlera un peu plus tard, mais qu'il y a deux grands écosystèmes traditionnellement.
01:43 Ceux qui viennent plus des technologies immersives et toute une mouvance aussi qui se basait beaucoup plus sur les technologies de registre distribué,
01:50 les blockchains, qui essayaient aussi d'utiliser ce terme Métavers il y a quelques mois au moment d'une vague un peu plus hype.
01:56 Oui, c'est ça. On rentre tout ça dans le Web3.
01:59 Alors, on va s'intéresser à ces réalités virtuelles, ces mondes immersifs.
02:04 Est-ce qu'aujourd'hui, on voit des exemples très concrets d'utilisation en entreprise, Jean-François Gaudy ?
02:10 Alors oui, certainement. Est-ce que ce sont des Métavers ou le Métavers, en tout cas, qu'on utilise en entreprise ?
02:18 Je ne sais pas, mais en tout cas, ce sont des technologies qu'on retrouve dans le Métavers, à savoir la réalité virtuelle et le côté immersif de la réalité virtuelle,
02:27 qu'on retrouve vraiment en entreprise. Alors pourquoi ? Parce que typiquement, l'immersion qu'on peut avoir grâce à la réalité virtuelle
02:34 et en particulier grâce à des dispositifs tels que les casques de réalité virtuelle, ce qui est intéressant, c'est que ça permet vraiment de s'immerger
02:42 et de vivre pleinement la scène de manière à pouvoir la revivre.
02:46 Ce qui est intéressant dans ce cas, c'est de pouvoir former les gens à ce qu'ils vont pouvoir trouver dans la réalité plus tard dans leur entreprise
02:55 et par exemple, de les mettre en face de situations qui peuvent être complexes, de les faire répéter, en gros, de créer des simulateurs
03:03 de ce qui va se passer plus tard dans leur entreprise et qu'ils vont pouvoir répéter.
03:08 Et ça, ça existe déjà, on ne parle pas du futur, là ?
03:11 Alors ça existe et en plus, ça existe depuis longtemps. Les industriels, en fait, je pense aux constructeurs automobiles, par exemple,
03:18 ont utilisé des dispositifs qui permettaient de faire de la réalité virtuelle, en tout cas de plonger les gens à l'intérieur d'un environnement
03:27 pour pouvoir tester leur réaction, leur appétence à tel ou tel dispositif dans une voiture, par exemple, depuis longtemps.
03:36 Alors là, c'est intéressant parce que là, on est quand même dans la simulation d'événements qui ne sont pas encore arrivés
03:42 ou dans des dispositifs nouveaux. On place l'utilisateur face à un événement auquel il n'a pas forcément été préparé, puis on l'entraîne.
03:50 Mais il y a aussi, dans la réalité virtuelle, les jumeaux numériques où là, on fait quoi ? On reproduit la réalité ?
03:56 Alors, le jumeau numérique, il a pour avantage, finalement, on peut créer un jumeau numérique de quelque chose qui n'existe pas encore.
04:04 On peut créer le jumeau numérique d'une usine qui n'a pas encore été construite, ne serait-ce que pour pouvoir expérimenter dans cette usine
04:12 la faisabilité de certaines tâches, le fait qu'elle ait été conçue de manière optimum. Pourquoi pas, lorsqu'on dispose des outils suffisants pour cela,
04:23 d'immerger des personnes à l'intérieur de cette usine et leur demander de travailler comme si elles étaient dans le monde réel.
04:29 Et là, on va vers le lean. C'est-à-dire qu'en fait, on peut optimiser les mouvements, les emplacements, la manière dont les gens vont réagir dans cette usine
04:37 avant même qu'elle soit construite et donc de pouvoir optimiser la disposition par la suite de l'usine.
04:43 Et quand je parle d'usine, évidemment, vous pouvez transposer ça dans énormément de cas.
04:48 On peut imaginer, par exemple, des bâtiments publics dans lesquels on va vouloir vérifier que l'expérience pour les utilisateurs,
04:55 et je pense par exemple aux personnes handicapées, va être adéquate. Est-ce qu'on a bien prévu l'ensemble des dispositifs qui sont nécessaires ?
05:04 Donc des jumeaux, mais du futur. Est-ce que ça, le concept de jumeau numérique, c'est aujourd'hui le meilleur exemple,
05:13 peut-être le plus concret qu'on puisse donner des métavers ?
05:16 Je pense que les exemples sont assez transversaux parce qu'on peut aller sur le jumeau numérique des industries,
05:21 aussi en matière de santé, il y a des jumeaux numériques du cœur, par exemple,
05:26 où on fait des simulations pour voir ce qui se passerait dans différentes configurations.
05:30 Et à l'autre côté du spectre, dans les industries créatives et culturelles,
05:34 vous avez aussi des répliques de bâtiments, du patrimoine, de monuments qui peuvent être très intéressantes.
05:40 Notamment ce qu'on a pu analyser...
05:42 Avec Notre-Dame d'ailleurs.
05:44 Voilà, il y a une expérience qui a été faite notamment par Emissive, qui est très intéressante,
05:48 rétrospectivement depuis le XIIIe siècle.
05:51 Éternelle Notre-Dame.
05:52 Éternelle Notre-Dame, qui est très réussie.
05:54 Après, la question c'est de savoir si cet univers va être persistant et partagé,
05:57 ou est-ce que c'est juste une expérience qui est en dessous...
06:00 Parce que le concept des métavers se distingue aussi de la réalité virtuelle par ce côté persistant-partagé.
06:05 Peut-être que tous les cas d'usage n'ont pas besoin d'être persistants et partagés.
06:08 Mais ce que je voulais dire sur la culture, c'est qu'en France, c'est un de nos avantages compétitifs.
06:14 Je veux dire, macroéconomiquement, on est une des destinations les plus visitées.
06:19 Et dans un contexte où il y a économiquement, environnementalement,
06:24 et de manière aussi sanitaire, peut-être des restrictions qui peuvent arriver dans les prochaines années,
06:28 comment on peut proposer en France des expériences hybrides, culturelles,
06:32 et ça peut passer par ces répliques numériques aussi de monuments et de musées,
06:37 avec des expériences qui peuvent être assez inédites à l'intérieur.
06:41 D'ailleurs, en l'occurrence, d'un point de vue culturel, ce qui est très intéressant,
06:45 c'est de voir aussi la manière dont les artistes peuvent se saisir des outils qui composent le métavers.
06:49 Et notamment pour pouvoir créer des expériences immersives, artistiques.
06:54 Et j'ai le souvenir notamment de rencontres très intéressantes, notamment aux rencontres de Harle,
07:00 où effectivement un ensemble d'artistes présentait l'utilisation de la réalité virtuelle pour la création d'oeuvres.
07:09 Et je pense que c'est vraiment quelque chose d'extrêmement intéressant aussi à regarder.
07:13 Alors, on va s'intéresser maintenant à l'intravers. Qu'est-ce que c'est l'intravers ? Réponse en vidéo.
07:19 Au sein du Mobile World Congress, on voit beaucoup de démonstrations des futurs possibles
07:24 avec la 5G autour des mondes immersifs, mais là, ce qui est intéressant, je trouve,
07:28 sur le stand d'Innettom, c'est la découverte des intraverses.
07:31 Qu'est-ce que c'est un intraverse, Marion Latapi ?
07:33 Alors, un intraverse, c'est la solution, une plateforme qui a été développée par Innettom,
07:38 qui va permettre aux entreprises de créer leur propre univers virtuel à leur image, et ce, de manière très simple.
07:45 Donc, pour l'interne, pour des usages en interne, ça concerne quel type d'entreprise,
07:49 dans quel secteur c'est intéressant de développer son intraverse ?
07:53 Alors, les possibilités sont infinies. Donc, c'est vraiment les cas d'usage qui vont déterminer l'utilité pour les entreprises.
08:01 On a plusieurs cas d'usage aujourd'hui très concrets, par exemple, pour les industriels,
08:07 qui vont créer à l'échelle d'un site ou d'une usine, ou d'une chaîne de production,
08:13 des choses qui vont pouvoir permettre de former leurs collaborateurs dans les univers,
08:18 pour manipuler clairement les objets qui sont dans les industries.
08:22 On a aussi les universités ou les centres de formation, qui vont pouvoir proposer à leurs étudiants
08:28 de la transmission plus interactive, plus immersive, avec une pédagogie plus poussée,
08:34 pour les plonger dans un univers pédagogique particulier.
08:38 Et là, en l'occurrence, ce qu'on voit défiler derrière nous, on a Rezus qui est avec nous,
08:42 qui est en train de faire une démonstration de ce qu'il est possible d'imaginer avec les intraverses.
08:47 Qu'est-ce qu'on voit ? Qu'est-ce qui se passe ?
08:49 Alors là, ici, c'est un intraverse Inetom, qui probablement remplacera les sites Internet des entreprises dans le futur.
08:57 C'est la nouvelle vitrine d'une entreprise, c'est ça ?
09:00 Alors oui, c'est vraiment une vitrine, mais c'est plus que ça, c'est aussi un outil.
09:03 Par exemple, nous, on s'en sert pour pouvoir on-border les nouveaux collaborateurs
09:07 qui ne sont pas encore dans l'entreprise, et qu'on va pouvoir plonger virtuellement dans notre propre univers,
09:12 avant qu'ils intègrent notre société.
09:14 Voilà, un bon cas d'usage très concret. Merci beaucoup.
09:16 Merci.
09:19 Alors, les intraverses, est-ce que ça fait partie, là aussi, d'une application que vous avez pu étudier
09:27 lors de votre mission exploratoire sur les enjeux des métaverses ?
09:31 Est-ce que c'est peut-être la première application simple pour une entreprise qui veut découvrir ces nouvelles opportunités ?
09:37 Je pense que vous avez raison de souligner la chronologie, parce que quand on parle des métaverses,
09:41 souvent ce sont des choses qui vont mettre beaucoup de temps à se développer, peut-être 10, 15, 20 ans.
09:45 Ça dépend de ce à quoi on veut aboutir. Si ce sont des mondes interopérables, interconnectés,
09:50 c'est vrai qu'on est très loin du compte. Dans les cas d'application un peu plus court terme,
09:55 le tout premier cas d'application, ça pourrait être une intersection entre des réseaux sociaux et des jeux vidéo.
10:00 Le jeu vidéo qui apparaît de plus en plus comme un des arts majeurs du 21e siècle.
10:04 Et donc, c'est cette couche, en fait, d'interaction. C'est un nouveau média immersif.
10:08 Donc, ça peut passer par là, et ça peut passer aussi, peut-être, que Jean-François le décrira
10:12 d'une manière encore plus précise que moi sur un exemple type un travers.
10:16 Il y a, à mon avis, beaucoup de cas d'usage différents.
10:18 Quels exemples concrets on a aujourd'hui d'un travers, par exemple ?
10:21 Nous, ce qui nous a intéressés, c'est par exemple de prendre l'environnement de notre entreprise
10:28 pour pouvoir le présenter soit à nos clients, soit à des prospects, soit aux personnes qui nous rejoignent,
10:35 pour pouvoir les immerger justement dans notre entreprise et pour pouvoir leur présenter ce qu'on fait
10:41 de manière un petit peu différente.
10:43 D'ailleurs, ce qui est intéressant, c'est la notion de persistance qui était soulignée par Adrien tout à l'heure.
10:48 On s'est posé la question, dans un monde d'entreprise, dans un intraverse, du coup,
10:54 de savoir si on devait conserver cette notion de persistance.
10:57 Et c'est ce qu'on a décidé de faire, c'est-à-dire d'avoir ce monde de présentation de l'entreprise
11:02 qui vit tout le temps, sans s'arrêter, et dans lequel on va pouvoir, en temps réel,
11:09 retrouver des personnes qui viennent le visiter, qui s'en vont.
11:11 Parfois, elles ne sont pas là, parfois elles sont là.
11:13 Et puis, on va d'ailleurs, après, ajouter des nouvelles expériences,
11:17 comme le fait d'avoir potentiellement des avatars qui sont pilotés par l'intelligence artificielle
11:24 plutôt que dans le grand écosystème.
11:25 Et quelles organisations ça va concerner, en premier ?
11:28 Toutes les entreprises, aujourd'hui, qui peuvent se poser la question, effectivement,
11:32 de la manière dont elles veulent renouveler leur communication, mais aussi la manière dont elles...
11:38 La communication interne, externe, à la fois ?
11:40 Interne, externe, pourquoi pas ?
11:41 Et puis, la manière dont elles accueillent les nouveaux arrivants, dont elles font...
11:45 Enfin, voilà, là, il y a toute une partie qui est autour de la communication de l'entreprise
11:50 et puis de la formation.
11:51 Et donc, des ressources humaines ?
11:53 Des ressources humaines.
11:54 C'est un outil pour les RH ?
11:55 Effectivement, on travaille, nous, beaucoup avec nos ressources humaines
11:58 pour, justement, favoriser l'accueil, comme je disais, des nouveaux arrivants,
12:02 pour faire de la formation.
12:04 Mais il y a des usages dans le cadre de l'entreprise,
12:08 sont très poussés, également, sur la partie formation, mise en situation.
12:13 Formation, par exemple, aussi dans tout ce qu'on appelle les soft skills,
12:17 pour lesquels, en fait, ces technologies immersives sont particulièrement utiles.
12:21 Même si ça peut être contre-intuitif, parce qu'on se dit, alors, sur ces compétences très humaines,
12:27 on a besoin d'avoir recours à la technologie.
12:30 Pourquoi pas s'entraîner avec la technologie ?
12:33 Enfin, j'ai toujours un exemple qui me vient en tête,
12:36 qui est celui de la prise de parole, de la prise de parole en public,
12:39 devant, pourquoi pas, un public important, le faire se jeter dans le bain.
12:44 Se retrouver dans la situation du traque, face au public.
12:46 Exactement. On peut ressentir ce traque face à un public qui, pourtant, est simulé,
12:51 en réalité virtuelle.
12:53 De la même manière, d'ailleurs, que je vous invite à essayer ces expériences
12:57 de marcher sur une planche au-dessus du vide, en réalité virtuelle,
13:02 beaucoup n'y arrivent pas.
13:04 Justement, moi, je l'ai fait sur Eternel Notre-Dame.
13:07 J'étais pas très à l'aise.
13:09 On se retrouve à un moment tout en haut de la charpente.
13:12 On sait pourtant qu'on est sur un sol plat,
13:14 mais le cerveau a vraiment du mal à gérer les deux.
13:18 Donc, c'est vrai qu'on est en immersion totale.
13:21 C'est important que les entreprises s'emparent de ces technologies.
13:25 Quels sont les enjeux qui ressortent du rapport que vous avez remis sur Eternel Notre-Dame ?
13:29 Alors, le rapport est assez long et complet,
13:31 donc je ne vais pas pouvoir adresser tous les enjeux.
13:33 Il y a des enjeux, déjà, d'ordre de santé publique et environnementaux.
13:35 Il va falloir aussi développer des systèmes qui prennent en considération
13:38 la fatigue visuelle, musculaire, l'impact que peuvent avoir ces nouveaux usages,
13:43 aussi, en termes d'empreintes environnementales, écologiques.
13:47 Et puis, je pense qu'il faut se garder d'une approche solutionniste
13:51 qui viendrait dire que tous les cas d'usage sont concernés par cette technologie.
13:57 Par exemple, on a été tous très fatigués par les visioconférences,
14:01 tous ces outils Zoom ou autres, Teams.
14:04 Cela dit, on était déjà très fatigués par toutes les réunions qu'on avait au bureau.
14:08 Et les métavères ne vont peut-être pas forcément être pour l'école longue distance.
14:12 Bien sûr, si on est tous les trois architectes et en temps réel,
14:15 on a besoin de manipuler un modèle, une maquette,
14:19 là, ça peut avoir du sens d'avoir quelque chose avec de l'immersion.
14:24 Mais si c'est pour faire un call un peu plus classique, peut-être pas.
14:28 Donc, moi, je pense qu'il faut voir prudemment et se garder de cette tentation
14:32 de vouloir appliquer ça à tous les cas d'usage.
14:34 La façon dont je perçois les métavères avec Camille François et Rémi Romphard,
14:38 qui sont les deux co-rapporteurs avec qui on a rendu le rapport,
14:41 aux trois ministères, c'est une nouvelle ère esthétique.
14:44 Il y a potentiellement une nouvelle ère de créativité avec des médias immersifs
14:47 avec lesquels on peut entrer en interaction.
14:50 Et c'est pour ça que le vecteur culturel et artistique est particulièrement intéressant.
14:53 Donc, c'est là l'enjeu de la France ? C'est sur la partie culturelle ?
14:56 Je pense que l'industrie est très importante également.
14:58 Je disais ça en complément de ce que Jean-François avait très bien déjà présenté.
15:01 Je pense qu'on parle aussi d'industrie culturelle et créative, après tout.
15:05 Il y a beaucoup d'enjeux d'ordre de souveraineté et autres.
15:08 Mais ce que je veux dire, c'est qu'en termes d'ère de créativité esthétique,
15:11 il faut se rendre compte qu'on a encore du mal à anticiper les usages
15:14 parce qu'ils ne sont pas encore tous développés à grande échelle.
15:17 Mais c'est le fait de pouvoir rentrer en interaction dans un tableau,
15:20 de faire danser la danseuse de Degas.
15:22 C'est le fait de pouvoir avoir un nouveau rapport, par exemple, à des arts
15:25 auxquels on n'avait pas pensé jusqu'à présent.
15:27 Et donc, il faut être aussi prudent mais patient sur les prochaines années.
15:30 Et puis, ça veut dire qu'il faut expérimenter.
15:33 Parce que pour savoir quoi faire avec ces technologies,
15:36 comment s'en servir pour ces nouvelles expériences,
15:39 pour transmettre notre culture au monde, il faut expérimenter aussi.
15:43 - Oui, puis... - On commence par quoi, Jean-François Gody ?
15:46 Quand vous avez les clients comme ça, vous ne les avez pas en direct
15:49 parce que vous faites de l'innovation au sein même de votre groupe, mais...
15:52 - Si, si, justement. - Aussi ?
15:54 - Pour le coup, on reçoit des clients et justement, on les immerge.
15:57 - Vous les acculturez et qu'est-ce que vous leur dites pour démarrer ?
16:00 - En fait, ce qui est intéressant...
16:03 Alors, c'est vrai que nous, on a outillé le concept.
16:05 Donc, ce qui est intéressant pour nous, c'est d'abord de leur montrer
16:08 ce qui est possible, de les mettre dans des mondes qui sont assez proches
16:11 dès l'heure, c'est-à-dire le monde de l'usine, etc.
16:14 Donc, pour pouvoir leur montrer cette faculté à s'immerger,
16:17 à se préparer, mais aussi, pourquoi pas, à utiliser
16:20 ces technologies pour se mettre dans des situations
16:23 qui n'ont aucun rapport avec la réalité.
16:25 C'est quand même assez drôle de, finalement, se dire qu'on voudrait
16:28 reproduire absolument la réalité dans le virtuel, mais pourquoi pas
16:31 faire quelque chose de complètement différent ? - Oui.
16:33 - Pourquoi pas aller faire un cours sur la Lune ?
16:35 Pourquoi pas se mettre...
16:38 visiter le fin fond des océans pour des gens
16:41 qui n'ont pas le moyen de le faire facilement ?
16:44 D'ailleurs, personne ne l'a. Donc, en fait, c'est vraiment
16:47 la possibilité de faire ce genre de choses. Et ensuite, c'est de trouver les cas d'usage.
16:50 Donc, effectivement, quand nos clients viennent, souvent, ils ont des idées,
16:53 on leur montre beaucoup de possibilités de choses
16:56 qu'on a déjà implémentées, en fait, on va les mettre en situation
16:59 et à partir de là, ils se disent "Mais tiens, en fait, moi, j'ai une idée,
17:02 est-ce qu'on peut la maquetter ? Est-ce qu'on peut mettre ça en œuvre rapidement ?"
17:06 - C'est de l'investissement, mais est-ce qu'il y a de retour sur investissement ?
17:09 - Le retour sur investissement pour nos clients,
17:12 je pense qu'il est vraiment évident lorsqu'il s'agit de simulation.
17:15 Si vous imaginez ce qu'il faut pour pouvoir former
17:19 sur une énorme machine industrielle, c'est le cas actuellement
17:22 d'un de nos clients, qui a une machine industrielle qui fait
17:25 dix fois la taille de la pièce dans laquelle on se trouve aujourd'hui.
17:28 - Et pourtant, notre studio est large. - Il est immense.
17:31 Effectivement, si vous avez besoin de dix opérateurs
17:34 pour travailler sur cette machine en même temps et qu'il faut la simuler,
17:37 construire une maquette de cette machine ou utiliser la maquette
17:40 de la machine réelle, ça coûte beaucoup d'argent.
17:44 La simuler sous forme de réalité virtuelle,
17:47 alors là, c'est complètement différent et ça permet de se mettre
17:50 dans des situations où, en plus, on ne va pas mettre les gens en danger.
17:53 Et alors, je parle là de l'industrie, mais imaginons un peu
17:57 ce qu'il en est de la défense ou des pompiers,
18:00 de la police, etc.
18:04 Effectivement, ça permet de se préparer dans des conditions quasi réelles,
18:09 les plus proches possibles de la réalité, à des interventions,
18:12 quelles que le soient, vous avez parlé de la santé,
18:15 effectivement, la santé, encore une fois, la défense,
18:18 tous ces métiers dans lesquels il y a...
18:23 - Tous ces secteurs où l'expérimentation, finalement, coûte très cher.
18:26 - Exactement. - Alors, je voulais qu'on parle quand même
18:28 de ces IA génératives, parce que vous publiez, il y a un an à peine,
18:32 un rapport sur les métavers en pleine euphorie, j'ai envie de dire,
18:36 autour de ce terme, et puis, bada boum, arrive Tchadjé Pt,
18:40 les IA génératives, on a l'impression qu'on passe à autre chose.
18:43 Votre regard là-dessus ? - Chaque année, il y a un nouveau buzzword,
18:46 donc il y avait le SAS, le cloud, demain, le quantum, le quantique.
18:51 - Et pourtant, on nous dit, enfin, META, encore là, récemment,
18:54 on nous dit, attendez, l'IA, c'est une brique des métavers,
18:57 c'est même une brique essentielle de base.
18:59 - Alors, sur la possible intersection, une illustration, c'est les NERF,
19:02 N-E-R-F, c'est notamment une technique pour simplifier de deep learning
19:08 qui vous permet, à partir d'images 2D, de reconstituer des scènes 3D.
19:12 Donc, vous donnez à un modèle d'entraînement d'IA plein d'images,
19:15 et il peut vous reconstituer, par exemple, Paris, tel que c'était en 1950.
19:19 - D'accord. - Donc, c'est hyper intéressant
19:21 par rapport à, tout le monde connaît, je pense, maintenant,
19:23 Chet Jipiti avec des prompts, c'est-à-dire des données d'entrée
19:25 qui sont du texte, mais qui donnent différents types de données de sortie,
19:29 des images, là, vous pouvez passer de la 2D à la 3D.
19:31 C'est l'inverse du polaroïd. Le polaroïd, quand c'est sorti,
19:34 on vivait dans notre vie 3D en temps réel, et on avait voulu capturer
19:38 un instant précis. Et là, c'est à partir de cet instant précis,
19:42 on fait l'inverse, on passe à la 3D. Et ça, en termes de simulation,
19:47 c'est là où il y a l'intersection entre, potentiellement, des algorithmes d'IA
19:51 qui peuvent venir générer beaucoup plus rapidement du monde 3D.
19:55 Et je finirais sur cette analogie-là. Il y a 10, 15 ans, 20 ans,
20:00 c'était de moins en moins compliqué de créer un site Internet.
20:02 Au début, c'était très compliqué, personne ne savait le faire soi-même,
20:05 maintenant, tout le monde crée un blog en deux secondes.
20:07 Et dans les prochaines années, créer un espace virtuel 3D,
20:11 ça va être avec des outils no code, de plus en plus simplifiés,
20:14 et ça va être notamment rendu possible avec des algorithmes d'IA.
20:18 Même analyse sur une complémentarité ?
20:22 Comment l'IA aujourd'hui s'imbrique dans les projets de Métavers ?
20:27 Je rejoins complètement ce qui vient d'être dit par Adrien.
20:30 Sur la partie génération de la 3D, c'est un pas qui est énorme,
20:35 parce qu'en fait, on sait très bien que dans la génération d'un univers virtuel,
20:40 ce qui coûte cher, c'est justement l'assemblage de toutes ces briques 3D
20:45 et pour lesquelles on utilise beaucoup de gens qui font de la modélisation 3D, etc.
20:50 Qui vont être extrêmement assistés désormais par des IA génératives.
20:55 J'espère d'ailleurs que les IA génératives ne feront pas tout le travail toutes seules,
21:00 parce qu'à un moment, on aura quand même des gens aussi
21:03 qui viendront apporter une touche différente, quand même aussi dans ce qui est généré.
21:09 Pour l'instant, on voit qu'on a toujours besoin de l'humain, ne serait-ce que pour vérifier le travail.
21:13 Et bien le décrire aussi.
21:15 Et bien le décrire, et ça c'est primordial en IA.
21:19 Absolument, et donc du coup, ça c'est vraiment important.
21:22 Il y a une autre partie qui est intéressante également,
21:24 c'est que pour donner plus de vie aussi à ces mondes virtuels,
21:27 on peut imaginer l'IA venir supporter des avatars,
21:33 qui seront des avatars pilotés dans les mondes virtuels,
21:36 et pourquoi pas venir simuler des personnages non-joueurs,
21:41 comme on dit dans les jeux de rôle,
21:43 où effectivement on va pouvoir dialoguer avec des avatars
21:48 qui viendront vous mettre encore plus en situation.
21:51 Donc ça c'est intéressant, et d'ailleurs ça me fait toujours penser au test de Turing,
21:57 qui finalement se voulait il y a très longtemps,
22:02 dans les années 50, montrer effectivement que l'intelligence artificielle
22:07 pourrait venir tromper l'humain dans un dialogue.
22:10 Là en fait, est-ce qu'à un moment, vous saurez qui en face de vous
22:14 dans une réalité virtuelle, de cet avatar avec lequel vous êtes en train de dialoguer,
22:18 est-ce qu'il est la représentation d'un être humain derrière,
22:21 ou bien une intelligence artificielle ?
22:23 C'est ce qu'on pourrait appeler l'ère de la post-réalité.
22:26 Pas la post-vérité, mais c'est de savoir si derrière il y a un agent conversationnel
22:29 animé par une IA.
22:32 Ça ne va pas rassurer les organisations qui se disent
22:34 qu'il faut qu'on aille vers ces technologies,
22:36 mais finalement on a plein de questions,
22:38 parce que ces sujets d'intelligence artificielle posent la question de la confiance.
22:42 Comment est-ce qu'on traite cela avec les organisations
22:46 qui veulent expérimenter les métavers, les IA génératives ?
22:51 Alors moi déjà, je pense que sur la partie,
22:54 on est en train de parler de l'identité,
22:56 et du fait de s'assurer que, effectivement,
22:59 de l'identité de la personne qui est avec nous dans cette réalité virtuelle.
23:03 C'est-à-dire qu'il faut rédiger une charte ?
23:05 Je pense qu'effectivement, il y a un côté éthique,
23:07 et Adrien va certainement vouloir rebondir sur le sujet,
23:09 qui est derrière tout ça,
23:11 mais il y a aussi un côté d'outil.
23:13 Je pense que là où aujourd'hui la gestion de l'identité,
23:16 qui sont des outils à part entière dans le numérique,
23:19 qui sont très importants, doit aussi se saisir de ce sujet,
23:22 et en fait, les éditeurs de gestion d'identité
23:25 doivent s'adapter également pour pouvoir assurer l'identité
23:28 d'une personne qui est derrière un avatar,
23:30 ou d'un avatar lui-même, pour que vous puissiez être sûr
23:33 des gens avec lesquels vous êtes en train de dialoguer.